Et si on imaginait tout autre chose…
Pairing : Ron / Hermione… et les autres
Rating : euh, ça risque de chauffer à un moment ou à un autre alors, par précaution : NC-17, romance, humour, het, slash...
Fic librement inspirée des tomes : I, II, III, IV, V et VI (et je suis sympa, j'aurais pu tout mettre dans le désordre !) mais ne tient pas compte de la fin du tome VI (pas drôle cette fin, alors zaaappp, on efface tout et on continue avec les mêmes !)
Disclaimer : Promis, je rendrai tous les personnages à sa propriétaire (JK Rowling pour ceux et celles qui auraient des doutes…) mais il ne faudra pas venir se plaindre s'ils ne veulent pas rentrer à la maison et sont désagréables parce qu'ils s'amusent bien plus chez moi !
Euh, franchement, je ne gagne pas un kopek en écrivant cette histoire, mais qu'est-ce que je m'amuse… Et je suis peut-être bien la seule d'ailleurs, alors… pitié !
Je tiens aussi à remercier ma beta-readeuse Zazaone qui m'est d'une aide avisée très précieuse et inestimable. Merci à toi pour ta patience et ta gentillesse ! Tout ceci ne serait pas publié sans toi
Attention : même si le slash n'est pas le thème fondamental de cette Grande Aventure, il y en aura par-ci, par-là parce que l'idée est quand même que :
Tout n'est pas gay
Chapitre 1 – Sur un air de gay-thé !
- Non mais… Non mais vraiment !
Il ne l'avait jamais vue dans un état pareil. Ses yeux lançaient des éclairs, ses joues étaient rose vif, ses boucles indisciplinées paraissaient électrisées par la colère. Le poing serré sur sa baguette, elle se retenait visiblement à grand peine de ne pas lui jeter un sort impardonnable.
- Hermione…
- TAIS-TOI, Ronald Weasley ! Je savais que tu n'avais pas plus de sensibilité qu'une cuillère à thé dans un cerveau qui frise le zéro absolu mais je pensais qu'après… qu'après tout ça, tout ce que nous avons traversé… que… Oh, et puis VA AU DIABLE !
Dans un tournoiement de cape et de jupe, Hermione fit volte-face et s'enfuit précipitamment de la Tour des Gryffondors sous un silence pesant.
Durant quelques secondes, les élèves qui avaient écouté avec grand intérêt leur discussion agitée, restèrent sans voix, puis…
- Ron, t'es vraiment qu'un crétin…
- Il faudra que tu m'expliques par quel miracle vous êtes restés amis si longtemps…
- Ron, mon vieux, si un jour j'ai besoin de me débarrasser d'une petite amie, je t'appelle, t'es imbattable ! Impayable aussi ! Bon sang, je me demande où tu vas trouver toutes ces conneries que tu débites, je n'en reviens pas…
- Arrête de te foutre de lui, Seamus, et amène-toi avant qu'il ne t'atomise…
En quelques minutes, la salle commune se retrouva aussi vide que le désert de Gobi, les Gryffondors sortant les uns après les autres non sans lancer des regards courroucés, affligés ou moqueurs à un Ron de plus en plus perplexe.
- Mais qu'est-ce que j'ai encore dit qu'il fallait pas ! s'insurgea Ron en écartant les bras d'un air désemparé tout en cherchant chez Harry un soutien inespéré.
Harry esquissa un sourire contrit et haussa les épaules.
- Comparer Hermione à un rat de bibliothèque n'est guère flatteur, tu sais.
- Mais c'est mignon, un rat. J'en ai eu un durant des années et je l'aimais beaucoup…
- Ouais. Qui s'est avéré être un psychopathe criminel doublé d'un traître…
- Ce n'est pas la première fois que je compare Hermione à un rat de bibliothèque !
- C'est la première fois que tu lui dis qu'elle finira vieille fille si elle continue à flirter avec des grimoires susceptibles d'être ses arrière-grands-pères et qu'elle va finir par sentir le vieux comme ses livres poussiéreux…
Cette fois, ce fut au tour de Ron d'exploser.
- Mais c'est la vérité, merde ! On vient à peine de rentrer à Poudlard qu'elle s'enferme déjà dans une salle obscure avec ses bouquins décrépis ! J'essayais juste de lui changer les idées, de la sortir un peu de ses révisions.
- Tu t'y prends très mal, c'est tout. Hermione n'est pas un simple pote ! C'est une fille. Avec tout ce qui va avec.
- Hé, hé, un peu que je le sais qu'Hermione est une fille, j'ai bien remarqué qu'elle avait de jolies courbes là où il fallait… Aïe !
Excédé, Harry venait de lui flanquer une petite tape sèche derrière le crâne.
- Abruti, je ne parle pas de ses formes. Je te parle de ce qui se passe dans sa tête ! Dans la tête de toutes les filles d'ailleurs ! Dès que tu touches à leur sensibilité, c'est comme marcher sur des nids de doxys. Terrain miné, mon vieux. Et quand ça explose, tu finis en quarantaine avec une tête de détraqueur !
- Oh…
- Donc, pour éclairer ta lanterne éteinte, Hermione n'est pas un copain de dortoir. Tu évites les grandes claques dans le dos façon dresseur de dragons et les allusions à leur féminité version Hagrid qui se pâme pour Olympe en s'aspergeant d'un tonneau de parfum n°5 de Calamar. Tout dans la délicatesse, la subtilité et la douceur…
Ron secoua la tête, oscillant entre la perplexité et l'irrépressible envie de rire. Mais le sérieux de son ami le dissuada d'opter pour la seconde option.
- Enfin, Harry, je ne suis pas aussi lourd-dingue que cela avec Hermione !
- J'ai droit à un joker ?
- Harry !
- Que veux-tu que je te dise ? Tu as bien vu la réaction d'Hermione ! Et je suis étonné qu'elle ne t'ait pas lancé un sort de reducto !
- Pourquoi un sort de reducto ? Que veux-tu qu'elle réduise chez moi si mon cerveau est déjà inexistant pour elle…
- Réfléchis un peu ! Et amène-toi, on a un cours de Défense contre les Forces du Mal dans cinq minutes.
Entraînant Ron par la manche, Harry se précipita dans le couloir, un sourire goguenard sur le visage. Par Merlin, qu'allait-il bien pouvoir faire de lui ? Et comment rattraper sa première bourde de la journée avec Hermione ? Les écouter se chamailler n'était déjà pas de tout repos mais les regarder s'ignorer allait lui bousiller sa rentrée scolaire.
Tiens, en parlant de Ron, avait-il enfin compris sa dernière vanne ?
- Aïe !
Ron venait de lui asséner un solide coup de poing sur l'épaule en marmonnant un « crétin sidéral ». Pas de doute, il avait compris. L'année commençait sous les meilleurs auspices finalement !
OoOoO
Maintenant qu'il venait de se disputer avec Hermione, il n'était malheureusement plus question de solliciter son aide pour son devoir de potions, aussi prit-il la dure et terrible décision de s'isoler au bout de la table pour travailler un peu.
- Tu veux qu'on parle de ton problème, Ron ?
Ron leva les yeux de son parchemin, rencontrant le regard pétillant de malice de Neville.
- Quel problème ? J'ai pas de problème ! A moins que tu n'aies les réponses à ce devoir de potions ? ajouta-t-il avec espoir.
- Non ! Enfin si, j'ai les réponses mais ce ne serait pas honnête de te les donner. Comment espères-tu devenir un Auror si tu triches pour un simple devoir scolaire ?
- Ce n'est pas tricher ! Une fois que j'aurai les réponses, je saurai comment préparer cette foutue potion, non ? Et c'est le but du devoir. La connaître. Qu'importe les moyens pour y arriver. Allez, Neville, j'ai un entraînement de Quidditch cet après-midi et je voudrais terminer au plus vite pour filer sur le terrain.
Neville ne put s'empêcher de secouer la tête, impressionné malgré lui par la logique implacable de Ron.
- Hors de question. Hermione me tuerait si elle l'apprenait et tu la connais. Elle devine tout. Non, non, je tiens à son amitié ! Ou plutôt, je préfère l'avoir avec moi que contre moi.
- Trouillard ! Tu te dégonfles devant une fille maintenant ?
- Tu peux parler toi !
- Bon, si tu ne veux pas m'aider, j'ai du boulot Neville…
- Justement, je veux t'aider mais pour tout autre chose que tes devoirs scolaires.
Neville se pencha par-dessus la table et d'un air de connivence, chuchota doucement.
- Je peux t'aider à conquérir ton Hermione.
Ron qui était déjà retourné à son parchemin bien raturé après le refus tout net de Neville, releva lentement son nez, une lueur intriguée dans son regard très bleu. Un léger sourire sur les lèvres, Neville pouvait à loisir observer les différentes humeurs passer sur le visage de son ami. La surprise, l'incrédulité puis la colère. Enfin le rouge évocateur d'une intense émotion qui marbrait ses joues jusqu'à ses oreilles, jurant merveilleusement avec le roux flamboyant de ses mèches indisciplinées.
- J'ai mal compris là, fit enfin Ron sur un ton neutre.
- Mal compris quoi ? Que je puisse t'aider ? Ou que tu puisses conquérir Hermione ? Ou les deux à la fois peut-être ?
- Te fous pas de ma gueule, Neville. J'ai passé une sale journée et me servir de ta tête comme d'un cognard ne sera pas du luxe pour me défouler. T'es volontaire ?
- Ah, Ronnie, ne commence pas à me menacer sinon je te laisse te démener comme un scroutt à pétard avec ta Vélane !
- Pas très sympa ta comparaison !
- Tu plaisantes ? Hermione est devenue un beau brin de fille !
- Je pensais surtout à moi, là !
D'un mouvement désespéré, Neville s'effondra sur la table, la tête dans ses bras, tout en murmurant d'une voix exaspérée Merlin, Merlin, Merlin, que la fée Viviane me vienne en aide ! Il est trop nul ! Décidément, le défi allait relever du miracle et il doutait déjà de mener à bien la croisade qu'il s'était lancé dans un élan d'amitié pour ce grand stupide rouquin.
- Neville ? T'es toujours là ?
- Oui ! s'écria Neville en se redressant. Ron, par pitié, écoute-moi !
- Et si on allait jusqu'au terrain de Quidditch tout en discutant ? coupa Ron en se levant.
D'un geste vif, il rassembla toutes ses affaires et les rangea dans son sac. Plus clairement, il balaya la table de son grand bras pour pousser parchemin, livre, plume et encrier directement dans son sac grand ouvert maintenu au niveau de la table. Neville écarquillait de grands yeux effarés devant cette nouvelle et innovante méthode de rangement. Les première et deuxième années qui travaillaient non loin de lui n'en revenaient pas non plus, oscillant entre rire et réprobation.
Prenant le jeune homme par l'épaule, Ron l'entraîna dans son sillage sous les regards curieux des Gryffondors. Une fois le portrait de la Grosse Dame passé, Ron se tourna vers Neville, son regard plus acéré que jamais.
- J'ai préféré qu'on s'éloigne des oreilles indiscrètes. Que veux-tu me dire concernant Hermione ?
- Voilà, j'adore Hermione…
- Quoi ?
- Attends Ron !
Mais déjà Ron avait lâché son sac et saisissait fermement Neville par le col de sa chemise pour le plaquer contre le mur avec rudesse.
- Ron mais arrête ! T'es malade ?
Neville battait des pieds dans le vide tandis que Ron continuait à le maintenir à quelques centimètres du sol, pratiquement son visage à hauteur du sien.
- Ron, arrête tes conneries et repose-moi !
- Tu touches pas à Hermione ou je te transforme en Mimbulus Mimbletonia à coups de baffes !
- Ron, lâche-moi ! Par Merlin… Ron ! Non pas que la proximité de ton corps me déplaise mais tu m'étrangles, bougre d'hippogriffe !
Un grand silence accueillit ses dernières paroles et la seconde suivante, Ron reposait Neville tout en reculant d'un pas pour le considérer avec embarras. De rouge de colère, il était passé à rouge de honte. Mais il était toujours aussi rouge, pensait Neville. C'était pitié comme le rouge jurait avec sa crinière fauve.
- Neville, tu peux me dire ce que signifie cette dernière petite phrase bizarre ?
- Par Merlin, Ron, tu ne sais donc pas que je suis gay ?
- Tu es gai ? Mais… euh, qu'est-ce qui te rend si gai ?
- En ce moment, je craque sur Grant mais tu es plutôt beau garçon toi aussi, alors n'abusons pas trop de cette intimité sinon je ne réponds plus de rien !
- …
- Ron ?
- …
- Ronald ?
- …
- Ron ? Eh, oh, y'a quelqu'un là-dedans !
- Neville…
- Yep, c'est moi.
- Neville, tu es gay !
- Je viens de te le dire. Tu ne le savais pas ? Ce n'est pas un secret pourtant. Même le professeur Binns est au courant et lui, il est pourtant sacrément évaporé dans sa tête… Eh, Ron, réagis, c'était de l'humour ! Tu aurais dû rire là…
- Mais depuis quand t'es gay ?
- Depuis toujours, je suppose, mais j'assume ma sexualité gay depuis deux ans…
Ron fronça les sourcils tout en se passant une main distraite dans ses cheveux déjà bien ébouriffés. La confusion venait de succéder à la plus sincère stupéfaction et il faisait maintenant les cent pas dans le couloir devant un Neville amusé, nonchalamment appuyé contre le mur.
- Harry le sait ?
- Je n'en ai jamais discuté avec lui mais je pense que oui. Comme tous les gars du dortoir. Enfin, je ne me suis jamais caché de quiconque. Je reste discret, c'est vrai. Je suis quelqu'un de pudique et je ne voudrais choquer personne mais ce n'est pas un secret… Ron, j'ai l'impression que cela te perturbe !
- Mais non ! Je n'ai jamais rien remarqué, c'est tout.
- Parce que tu as la sensibilité d'une cuillère à thé !
- Merde, Neville, tu ne vas pas me renvoyer cette idiotie en pleine gueule toi aussi ! Je ne suis pas une fiote, c'est tout !
Ron se mordit la lèvre, glissant un coup d'œil navré en direction de Neville. Mais celui-ci se mit à rire de bon cœur.
- Ron, la sensibilité n'est pas réservée qu'aux femmes ! Quand donc comprendras-tu que pour gagner le cœur d'une femme, il ne suffit pas de revenir d'un entraînement de Quidditch couvert de sueur et de boue ou de mesurer un mètre quatre-vingt-cinq !
- Je m'en doute bien. Je ne suis pas complètement stupide.
- Merlin soit loué, tout n'est pas perdu alors ! Viens, allons jusqu'au terrain qu'on cause un peu toi et moi.
- Mais de quoi ?
- De « Comment conquérir Hermione sans finir en chair à Sombral » ! J'ai une idée. Une foutrement bonne idée.
Mais Ron ne bougeait pas, ne donnant aucunement l'intention de suivre Neville. Il se contentait de se gratter la tête pensivement, une mine sceptique sur son visage aux traits tendus.
- Mais pourquoi ferais-tu cela pour moi, Neville ?
- Parce que tu es mon ami, c'est déjà suffisant, non ?
- Je le sais ça. Mais tu n'as aucune dette envers moi. Mon amitié t'est acquise, c'est tout.
Touché par sa sincérité spontanée, Neville ne put retenir un sourire ému. On pouvait trouver tous les défauts du monde chez Ron, il n'en restait pas moins cet ami solide et loyal qui ne vous abandonnait jamais dans l'adversité, l'épaule solide sur laquelle s'appuyer. Harry avait une chance extraordinaire d'avoir gagné son amitié et Neville espérait vraiment qu'il en avait conscience.
- Merci Ron. C'est toujours agréable de se l'entendre dire. Mais j'aime beaucoup Hermione et je serais vraiment navré qu'elle se tourne vers un autre que toi parce que tu la déçois.
- Moi ? Je la déçois ?
- Un peu ! Il y a trois ans, elle espérait que tu l'invites au Bal de Noël mais tu as oublié qu'elle était une fille. L'année dernière, elle t'entraîne dans une soirée selecte et tu finis dans les bras de Lavande, je continue ?
- Ça va, j'ai compris… marmonna Ron.
- Ce ne sont pas des reproches. Mais disons que si tu es vraiment intéressé par Hermione, mais sincèrement, enfin bref avec tout le tralala quoi, je veux bien t'aider à la séduire.
Ron esquissa une moue dubitative et haussa les épaules tout en ramassant son sac. Côte à côte, ils quittèrent le couloir pour descendre vers le hall.
- Neville, je ne voudrais pas te vexer mais tu viens de me dire que tu es gay. Depuis quand es-tu devenu un maître dans l'art de séduire le sexe prétendument faible ?
- Disons que je n'ai aucunement l'intention de te dire comment séduire Hermione en tant qu'homme. Ça, tu te débrouilleras tout seul pour réussir…
- Alors je ne comprends rien du tout, j'ai l'impression de parler avec toi par énigme comme si tu étais cette vieille folle de Trelawney.
- Ron, pour comprendre Hermione, tu dois penser comme elle. Apprendre ce qui la fait rire ou pleurer, sourire ou soupirer. Pour gagner le cœur d'Hermione, tu dois pénétrer ses pensées les plus intimes, découvrir ses secrets les plus profonds sans qu'elle ait envie de te transformer en veracrasse. Et à ton avis, Ron, avec qui Hermione pourrait partager cette intimité en dehors d'une autre fille ?
- J'ai peur de commencer à comprendre.
Ils avaient atteint le terrain de Quidditch et s'étaient arrêtés pour regarder les Gryffondors en pleine circonvolution dans les airs. Harry était déjà lancé sur son Eclair de Feu et Ron arrivait à discerner l'expression exaltée sur son visage. Rien n'aurait pu le rendre plus heureux que voler dans les airs, libre et délivré durant quelques heures de toutes les tensions et les drames qui constellaient sa vie. Et pour parfaire ce bonheur éphémère, il avait Ginny qui l'accompagnait, plus téméraire et vive que le vent.
Par delà le terrain, Ron aperçut Hermione assise dans les gradins, un livre posé sur ses genoux. Cette fille était incroyable. Même sur un terrain de Quidditch, elle ne pouvait pas abandonner ses fichus bouquins et profiter simplement du spectacle.
Neville suivit son regard et remarqua la jeune sorcière à son tour.
- Ecoute Ron, c'est très simple et très compliqué à la fois. Hermione n'a pas vraiment d'amie.
- Ginny est son amie.
- Oui mais Ginny est avec Harry maintenant. Elle n'a pas d'amie. Des copines de dortoir et c'est tout. Je le sais, je suis son ami.
- Et moi, je suis là ! fit Ron vexé. Je suis son ami aussi, non ?
- Non, toi tu es le mec qui lui rappelle qu'elle n'est pas une fille mais la camarade de classe qui lui prête ses copies du cours de Binns ! Ce n'est pas vraiment la même chose.
Contrairement à ce que Neville craignait, Ron ne se mit pas en colère. Pour la première fois, il parut oublier sa susceptibilité naturelle et médita les répliques cinglantes de son ami. Le regard voilé, la mine soucieuse, il s'était éloigné de quelques pas, foulant la pelouse de ses longues enjambées, les mains glissées dans les poches de sa cape. De temps en temps, il jetait des coups d'œil furtifs vers Hermione qui n'avait pas remarqué leur présence et son visage changeait sous le coup des émotions diverses. Perplexité, inquiétude, tendresse. Une infinie tendresse qu'il n'avait jamais laissé deviner et qui troubla Neville.
Il n'aurait jamais pensé que les sentiments de Ron envers Hermione soient si… forts. Il avait imaginé une amourette d'adolescent, l'envie de damner le pion à ce poseur de MacLaggen, d'effacer l'aura médiatique du bulgare volant, peut-être de devenir le pôle d'attraction d'Hermione qui n'en avait que pour Harry et sa quête…
Mais non, il était réellement, sincèrement amoureux d'Hermione. Brusquement, Ron se tourna vers lui, haussant les épaules avec une désinvolture feinte.
- Hermione n'est pas quelqu'un avec qui tu peux flirter. Elle reste inaccessible pour moi. Je ne sais pas comment m'y prendre avec elle. J'ai l'impression que quoique je dise, quoique je fasse, ce ne sera jamais assez bien, assez parfait, assez hermionesque !
- Allez, amène-toi, on va prendre le thé et je t'explique…
- Le thé ? Mais j'ai entraînement moi !
- Tu t'en passeras pour aujourd'hui. De toute façon, ils n'ont pas besoin de toi…
Ce disant, il lui désigna du menton Harry et Ginny qui virevoltaient sur leur balai et paraissaient seuls au monde. Ron se renfrogna, agacé.
- Et si je leur jetais un petit Locomotor Mortis ?
- Non ! Ramène tes jolies petites fesses, Ron !
- Tu sais ce qu'il te dit, mon cul ?
- Qu'il est fait pour mes mains, maintenant viens !
- T'es trop con, Neville…
- Bah ! Tu t'y feras !
Ils continuèrent à se chamailler jusqu'au château où ils s'engouffrèrent dans le hall pour se diriger vers la Grande Salle. L'heure du thé étant une institution britannique inébranlable depuis la nuit des temps, Ron ne fut guère surpris de découvrir une foule d'élèves attablés qui dégustaient leur thé et leurs petits fours avec délectation. Sans lui !
Comment avait-il pu rater pareille occasion de s'empiffrer, c'était à se demander ! Neville l'entraîna le long des tables pour finalement s'installer dans un coin. Ron prit place en face de lui, dardant son regard bleu sur son visage amusé.
- Bon, pour commencer Ron, il va falloir développer ta féminité !
- Hein ?
- Ta fé-mi-ni-té ! Ce qui en toi, te rend un peu moins troll des cavernes.
- …
- Je sais, c'est une recherche qui risque de durer des siècles mais concentre-toi un peu. Qu'est-ce que tu aimes faire ?
- En dehors de manger et jouer aux échecs ?
- Hum, hum.
- Barf…
- Je te sers un peu de thé ?
- Merci.
- Un nuage de lait ?
- Oui, je veux bien.
Ses gestes étaient légers, empreints d'une délicatesse que Ron n'avait jamais remarquée.
- Alors ?
- Je réfléchis.
- Des petits fours ?
- Avec plaisir.
- Grumf, grumf, grumf...
- Ronnie, je sais que manger et penser sont deux actions très distinctes mais que l'une ne t'empêche pas de faire l'autre…
- Ah oui, j'avais oublié.
- ... !
- Je n'en sais rien, vieux ! J'aime le Quidditch…
- Non !
- Voler sur un balai…
- Non !
- Ben, aide-moi, alors !
Neville soupira profondément.
- J'aime les plantes. Elles sont belles, douces, dangereuses, imprévisibles, envoûtantes, attachantes et à travers toutes les espèces qui existent, je puisse mon inspiration. Je crée des compositions, des bouquets, des parfums qui séduisent les femmes.
- Mais tu n'as besoin de les séduire, tu es gay.
- Oui mais elles m'apprécient énormément pour cela. Elles sont en sécurité avec moi, me confient leur moindre secret, et avec mes fleurs je leur rends le sourire lorsqu'elles ont une peine de cœur. C'est cette part de féminité qui me lie avec elles. Les fleurs.
- Boudiou !
- Je ne te le fais pas dire !
Neville trempa un morceau de cake au citron dans son thé, un sourire goguenard sur les lèvres.
- Ron, une fois qu'on aura trouvé cette part féminine en toi, on laissera courir une rumeur qui te propulsera en première place pour devenir la meilleure amie d'Hermione.
- Attends, attends, attends, j'ai mal à la tête là… Tu as dit devenir la meilleure amiE !
- Oui.
- Tu veux que je passe pour un…
- Dis-le, tu vas y arriver…
- Tu veux vraiment que je passe pour un… un…
- Oui, Ron…
- Je ne pourrais jamais.
- Bien sûr…
- Je vais être la risée de toute l'école, Neville…
- Non, tu vas devenir l'Y.M.C.A. de Poudlard.
- Le quoi ?
- Young Man Charming et Attracting ! La nouvelle icone gay qui sera tellement adulée par les filles qu'elles viendront chercher en toi compréhension, complicité et tendresse. Et parmi elles, il y aura Hermione.
- Je vais vomir…
En effet, il était devenu blême. Finalement, le rouge seyait bien plus à son teint que le blanc cireux. Lentement, Ron laissa sa tête tomber entre ses bras repliés sur la table.
- Ron, l'alcool est interdit à Poudlard alors inspire un grand coup… voilà, maintenant expire… inspire, expire, inspire, expire… Reprends-toi parce que si tu tombes dans les pommes, je te le promets, je te réanime en te faisant du bouche-à-bouche !
- T'es vraiment trop con, Neville…
- N'empêche que tu te sens déjà mieux, ma caille !
En effet, Neville avait entendu le rire dans sa voix surgir des profondeurs de ses bras. Ouf, tout n'était pas désespéré. S'il riait…
- Je vais le faire, Neville…
- QUOI !
Neville ne s'était même pas rendu compte qu'il avait crié. Tous les regards convergèrent vers eux, les observant avec perplexité et curiosité. De son côté, Ron s'était redressé et paraissait presque serein, ses mains enserrant sa tasse. Il n'avait même pas terminé sa troisième portion de cake indiquant la gravité de son état. Neville se pencha par-dessus la table et baissa la voix.
- Quoi !
- Je vais le faire. Devenir ce que tu as dit. Devenir gay. Et le reste. Bien que je ne sache pas trop comment m'y prendre.
- Ne t'inquiète de rien, Ron, je vais m'occuper de tout. De ta transformation physique, des lectures que tu vas devoir ingurgiter, de la rumeur que je vais créer, j'ai un plan d'enfer !
- Attends, quelle transformation physique, quelles lectures ?
- Oh, ne t'inquiète pas, rien de bien méchant. Laisse-moi prendre la direction des opérations. Pour l'instant, tu vas réfléchir à cette histoire de féminité, te trouver une fibre sensible qui deviendra l'appât pour prendre toutes ces donzelles dans tes filets.
- Le Quidditch, c'est définitivement non ? Ginny adore cela pourtant…
- Mais pas Hermione. Réfléchis, moi je me sauve, j'ai un rendez-vous dans dix minutes ! A plus tard !
Il était emballé, excité comme un Lutin de Cornouailles. Un magnifique challenge s'offrait à lui. Un défi incroyable ! Ron n'eut pas le temps de protester, Neville prenait déjà la poudre d'escampette, courant comme s'il avait le professeur Rogue aux trousses !
Rester seul, Ron baissa un regard soucieux sur sa tasse vide. Il n'avait jamais deviné l'homosexualité de Neville et c'était plutôt bon signe pour lui. Parce que s'il n'avait rien vu pour son ami, peut-être qu'avec un peu de chance, personne n'en saurait rien pour lui. Ou alors très peu de ses camarades l'apprendrait. Sans doute jamais les jumeaux, ni même sa mère… Seulement Neville, Hermione et lui, ce serait l'idéal. Ouais, bon, fallait pas rêver quand même.
Il était dans les emmerdes jusqu'au cou !
Merde !
Voilà ! Maintenant, si vous voulez que je continue, il va vraiment falloir que vous m'encouragiez !