Voilà la première fic d'une petite série
de 7 sur la relation entre Taikôbô et Fugen (TaigongWang
et Puxian en VF).
Tout appartient à Ryu Fujisaki et aux
autres narrateurs de la légende... en fait, je ne sais pas
trop où sont les droits. Pas vraiment de spoilers dans ce
premier chapitre, sauf le passé de Taikôbô, qui
est raconté dès le premier tome. Et puis il faut avoir
entendu parler de Fugen... Il y aura probablement du yaoi plus tard,
mais pour l'instant, c'est encore trop discret pour se voir. :-)
Je rappelle la correspondance des noms :
Taikôbô
: TaigongWang
Fugen : Puxian
GenshiTenson : Yuanshi le
vénérable
sennin : sage immortel yôkai : démon
Taikôbô aimait ses parents, il aimait les habitants de son village. Quand ils sont morts, quelque chose en lui s'est brisé.
Et quand GenshiTenson l'a emmené pour faire de lui un immortel, il a su que s'il vivait des siècles et des siècles, il verrait encore mourir beaucoup de personnes.
Il aurait pu choisir de fermer son coeur et de ne plus jamais aimer personne ; mais cela aurait été égoïste. Cela aurait blessé les autres pour le protéger lui. Ce n'est pas la sagesse qu'on leur demande, et cela ne lui va pas.
Après avoir vu naître et grandir quelques générations, on peut, comme le font souvent les yôkai, mépriser les vies des mortels, car quoi qu'il arrive elles seront brèves, et ne plus chercher de fraternité que parmi ses semblables.
Mais on peut aussi apprendre, comme le font les sennins, à avoir la meilleure part de l'amour sans être blessé. On apprend à ne pas s'attacher. On apprend à aimer tous les êtres de façon uniforme, à ne pas aimer seulement des personnes, mais une émotion fugitive, un plaisir simple et innocent, une preuve de noblesse, un instant de bonheur, qui survivront encore et encore à travers les générations.
On apprend que les humains meurent - et même les immortels meurent un jour - et que même s'il est impossible de l'empêcher, on peut essayer de faire en sorte qu'ils meurent heureux et fiers.
Taikôbô sait cela ; et pourtant, il n'y arrive pas encore, il ne peut s'empêcher de se dire que c'est sa faute quand quelqu'un meurt prématurément, qu'il aurait pu l'empêcher.
On apprend que les humains changent, et que même s'il est normal d'aimer les gens avec qui on a beaucoup de souvenirs en commun, il est vain de s'attacher à une personnalité quand l'évolution fait partie du cycle de la vie tout autant que la naissance et la mort.
Taikôbô sait cela ; et comme les changements peuvent intervenir aussi bien pour le meilleur que pour le pire, il pense souvent qu'il est de sa responsabilité de faire en sorte qu'ils interviennent dans le meilleur sens.
Ce n'est pas étonnant qu'il se fasse traiter de manipulateur ensuite. C'est probablement le mot qui lui va le mieux, après tout. Mais même s'il infléchit sur leurs choix, cela ne l'empêche pas d'être souvent surpris, voire heureusement surpris.
On apprend que même si chaque vie prise séparément peut sembler dérisoire, elles sont toutes dignes de respect, de la même façon, et méritent d'être protégées, sans que pour autant on supprime leur liberté pour choisir leur destin à leur place, car ce serait encore égoïste.
Et Taikôbô a retenu la leçon.
Mais il y a Fugen, qui le regarde avec son sourire angélique, et qui même s'il a le même âge que lui est plus pur, plus gentil, plus parfait que n'importe lesquels de ceux qui sont censés être des sages. Fugen à qui il pense souvent comme la preuve que le monde n'est peut-être pas fait que de nuances de gris, après tout.
Essayer de comprendre les raisons d'autrui est nécessaire si on veut prévoir et influencer leurs actes ; nécessaire aussi pour ne pas les mépriser. Mais même si toutes les motivations du monde peuvent probablement être comprises, même si presque tous les chemins peuvent être justifiés, tant qu'il a la douce approbation de Fugen, il sait que celui qu'il a choisi est bon, et cela apaise son coeur.
Et quand Taikôbô pense à Fugen, il a un léger pincement au coeur qui lui dit : cette fois, je serai égoïste.
Je connais un ange. Lui, je ne le changerai pas.
Lui, je ne le laisserai pas changer.
Lui, je ne le laisserai pas mourir.