Merci mille fois pour vos compliments et vos encouragements! Je suis très touchée!

Je poste aujourd'hui le dernier chapitre. Ce fut une fic courte, écrite pour m'amuser (je m'amuse à faire souffrir Remus, je suis comme ça, moi...) mais j'espère qu'elle vous plaira quand même!


Chapitre 3

Toutes les supplications et exhortations du monde n'avaient eu aucune influence sur Remus. Il restait fermement décidé à servir de cobaye dans l'expérience qu'allait tenter les chercheurs.

Le directeur de recherches d'Hermione était Horace Slughorn, son ancien professeur à Poudlard durant sa sixième et sa septième année. Après avoir quitté Poudlard, il n'avait pu se résoudre à prendre sa retraite et il avait accepté un poste à l'Institut. Il se réjouissait que Remus se soit porté volontaire. S'il espérait sincèrement guérir la lycanthropie, il comptait aussi en tirer gloire. Il ne serait pas un Serpentard, sans cela... Il félicita Remus de son courage et lui fit aménager une chambre dans une des pièces de l'IEP.

Hermione ne quittait plus guère son laboratoire. Son côté scientifique savait bien que les tests sur un loup-garou vivant étaient indispensables. Son côté sentimental avait peur des conséquences pour Remus. Elle multipliait les expériences préalables pour limiter les risques, mais son angoisse montait chaque jour un peu plus. S'ils commettaient la moindre erreur, Remus mourrait.

La date fatidique fut fixée: quelques jours avant la prochaine pleine lune. Horace Slughorn était très confiant, contrairement à Hermione.

Elle se chargea d'expliquer à Remus ce qui l'attendait.

« Nous allons t'injecter du sang de loup-garou, en très petite dose. Si cela produit le même effet que dans nos tests précédents, ton ADN va se modifier, se réécrire totalement. »

« Et un nouveau Remus surgira? » plaisanta-t-il.

Hermione s'obligea à sourire.

« Nous espérons plutôt l'ancien Remus. Celui que tu étais avant d'être mordu. Cela a bien marché sur les chauves-souris et les singes, et ils n'ont pas semblé trop souffrir pendant la transformation. J'espère qu'il en sera de même pour toi. »

« Ne t'inquiète pas. »

Hermione se mordit les lèvres pour ne pas crier: « Bien sûr que je m'inquiète, espèce d'inconscient! Je suis ta femme! » Elle devait garder son sang-froid, dans son intérêt à elle, et à lui également.

Slughorn fit son entrée. Il portait une seringue.

« Vous êtes prêt, monsieur Lupin? Pas de doute de dernière minute? »

« Aucun doute, pour le bien de la science. »

« Excellent! Je voudrais que tout le monde ait votre état d'esprit. »

Hermione marmonna quelque chose d'indistinct et se détourna pour ne pas voir l'injection.

Puis elle scruta le visage de Remus. Slughorn faisait de même. Remus parut gêné d'être fixé ainsi.

« Eh bien quoi? »

« Tu ne sens rien? » questionna Hermione.

« Non. »

Les minutes passèrent. Remus ne ressentait rien de particulier. Hermione luttait contre le désappointement. Slughorn pointa sa baguette sur Remus et jeta un sort de diagnostic; celui-ci ne révéla rien.

« Il faut attendre », dit Hermione.

« Je suis partisan de lui injecter une nouvelle dose de sang contaminé », répliqua son directeur.

« C'est un grand risque! Si la dose est trop forte... »

Slughorn se tourna vers l'homme allongé.

« Qu'en dites-vous? »

Remus n'hésita pas:

« Je suis déjà allé trop loin pour reculer. Faites une autre injection. »

« Remus! » cria Hermione, désespérée.

Il tourna vers elle son regard serein.

« Tout se passera bien, je le sens. J'ai un grand espoir en moi. »

Hermione baissa la tête, et ne dit rien d'autre quand Horace Slughorn prit la deuxième seringue.

La nouvelle dose de sang de loup-garou parut ne pas faire plus d'effet que la première. Slughorn pinça les lèvres de dépit.

« Nous avons fait une erreur dans la procédure. Il faut tout reprendre à zéro. »

« Je suis désolé... », commença Remus.

Soudain il ferma les yeux et s'écroula en arrière sur le lit. Frénétique, Hermione se précipita pour chercher le pouls à son poignet. Le coeur battait à un rythme élevé, ce qui la terrifia. La respiration semblait normale, toutefois.

Slughorn renouvela le sort de diagnostic.

« Les molécules de sang éclatent, comme prévu. Cette fois la transformation est en cours. »

Le visage de Remus se crispa sous la douleur. Il se mit à gémir et à se débattre dans d'incontrôlables convulsions.

« Il souffre! Dit Hermione avec affolement. Donnez-lui quelque chose! »

« C'est impossible. Toute substance étrangère entraverait le processus. »

Le raisonnement était implacable. Hermione serra les poings, et ses ongles labourèrent férocement ses paumes. Slughorn ajouta, plus gentiment:

« L'épreuve est pénible, mais il survivra. Tous les cobayes ont survécu. Soyez courageuse. Je repasserai dans un moment. »

Il sortit. Tout ce que pouvait faire Hermione, hormis noter les réactions de son mari, était de s'asseoir et d'attendre.

Elle savait ce qui se passait. Les changements étaient radicaux dans le corps de Remus. Le choc sanguin transformait les cellules infectées par les gènes de la lycanthropie. La souffrance que Remus endurait n'était pas surprenante, mais n'en était pas plus supportable pour autant. Par chance, Remus avait perdu conscience et n'en garderait aucun souvenir.

C'était l'idée d'Hermione. C'était elle qui avait déclenché tout ça. La culpabilité la rongeait. Elle aurait tout donné pour le soulager, pour souffrir à sa place.

Elle s'allongea près de lui dans le lit et le prit dans ses bras. Au début, il ne sembla pas s'en rendre compte, puis ses convulsions se calmèrent. Il continua à gémir et à trembler, mais sa douleur était moins flagrante.

Hermione le berça. « Je suis là, Remus. Je suis là. Tiens bon, je t'en prie, mon amour. » Ses propres mots la surprirent, ouis elle ne cessa de les redire. « Mon amour. Remus, mon amour. »

Horace Slughorn revint. Il regarda sa jeune étudiante sans faire de commentaires. Le sort de diagnostic lui dit que le processus se déroulait selon ses espérances.

Hermione le laissa repartir sans un mot, posa la tête contre les cheveux de Remus et ferma les yeux. Elle attendait.

HPHPHPHP

Remus dormait. Hermione vérifia qu'il s'agissait bien d'un sommeil naturel et non d'un coma. Il dormit une dizaine d'heures, avant d'ouvrir les yeux. Il fut surpris de se découvrir dans les bras de Hermione.

« Comment te sens-tu? » demanda-t-elle aussitôt.

« Epuisé. Comme si j'avais couru un marathon. »

Hermione esquissa un sourire.

« Dis-moi où en est l'expérience? » demanda Remus.

Hermione, retrouvant son efficacité, lui préleva un peu de sang dans le pli du coude. Elle appela Padma, qui emporta le tube au laboratoire. Hermione, angoissée, se mordilla la lèvre.

« J'espère que tout ça n'a pas été fait en vain. Franchement, je ne recommencerai pas. »

Remus, les traits tirés et les yeux mi-clos, trouva la force de rire.

« C'est à moi d'en décider, non? »

« Oh non! S'exclama Hermione, soudain furieuse. J'ai aussi mon mot à dire! Si cette fois ne marche pas, tu ne seras pas le cobaye des tentatives suivantes, tu peux me croire. Je suis ta femme! »

Remus la regarda, interloqué.

« Je croyais que tu voulais faire avancer la recherche sur la lycanthropie, par-dessus tout. »

« Sûrement pas à ton détriment! »

Remus tendit la main et la posa contre sa joue. Elle s'abandonna contre lui, et ils se regardèrent au fond des yeux. Hermione, la première, se pencha et déposa un baiser léger sur ses lèvres.

Ce moment précieux fut interrompu par l'irruption de Horace Slughorn. Excité, il agita le flacon rempli du liquide rouge.

« Grande nouvelle! Votre formule sanguine est différente, monsieur Lupin! »

Hermione sauta hors du lit.

« L'ADN s'est modifié? »

« Absolument! »

Remus n'osait y croire.

« Est-ce que je suis guéri? »

Il y eut un moment de gêne. Avant que son directeur ne se lance dans une interminable explication, Hermione prit les devants.

« Nous n'en savons rien. Il faut attendre la prochaine pleine lune. Nous verrons bien si tu deviens loup-garou ou non. »

Remus se rembrunit. Hermione ajouta, optimiste:

« Mais ton ADN s'est modifié, c'est très bon signe! »

« Votre femme a raison, dit Slughorn. Toutefois, ne crions pas victoire trop tôt. Vous allez rester ici jusqu'à la fin de la période critique, sous surveillance. »

Remus voulut protester mais renonça.

« Comme vous voulez », dit-il, résigné.

Horace Slughorn hocha la tête avec satisfaction et se tourna vers Hermione.

« Puis-je vous dire quelques mots? »

Elle le suivit dans le couloir. Slughorn prit un air grave.

« Naturellement, vous comprenez que nous devrons être très prudents lors de la pleine lune. Il est très possible que la transformation ait lieu quand même. J'isolerai Remus dans une pièce spéciale où il ne fera de mal à personne. »

Hermione n'en crut pas ses oreilles.

« Si je vous suis bien, vous avez l'intention de le boucler dans une cage, au cas où! »

« N'exagérons rien. Ecoutez, je sais que vous aimez follement votre époux, mais jusqu'à preuve du contraire, il reste un loup-garou. »

Vous aimez follement votre époux.

Hermione resta muette, comme pétrifiée. Horace Slughorn lui adressa un sourire encourageant et disparut dans le couloir.

HPHPHPHP

Dire que Remus s'inquiétait était un doux euphémisme. Il n'avait jamais été si angoissé de sa vie. Dans quelques heures, la nuit tomberait, éclairée par la pleine lune.

Le moment de vérité.

Il saurait alors s'il avait eu raison d'espérer. Mais s'il échouait, tout espoir serait détruit. Il doutait d'avoir le courage de revivre cette épreuve. La douleur avait été terrible, et il en gardait quelques séquelles. Il se sentait si faible qu'il ignorait s'il supporterait la transformation en loup-garou.

Il y avait pire que la souffrance: l'épreuve que cela représentait pour Hermione de le voir dans cet état. Il voyait bien que l'angoisse la rendait folle, et qu'elle contenait difficilement ses larmes.

Slughorn l'avait installé dans une petite pièce sans fenêtre dont il avait fait ôter les meubles. Il l'avait prévenu que la porte serait verrouillée jusqu'au lendemain matin. Remus savait qu'il ne pourrait ainsi faire de mal à personne, s'il se transformait, et cela le rassurait un peu.

Hermione émit encore des réserves.

« Il n'y aura personne non plus si tu as besoin d'aide. »

« Tout ira bien, dit-il sereinement. Tu le constateras toi-même demain matin. »

« Espèce de Griffondor têtu... »

Hermione fit quelques pas pour s'éloigner, puis revint en arrière et donna un fougueux baiser à Remus.

Avant qu'il n'ait pu réagir, elle était repartie.

Remus entra dans la pièce qui lui était réservée, vérifia qu'il y avait eau et nourriture, et alla s'asseoir sur le sac de couchage. Il entendit la porte se verrouiller derrière lui.

Il se demanda dans quel état il serait à l'ouverture demain matin.

HPHPHPHP

Hermione se tenait à côté de son directeur de recherches quand il lança Alohomora sur la porte. Qu'y avait-il de l'autre côté?

Remus endormi, épuisé par sa transformation en loup-garou, le corps couvert de ses propres griffures, ses vêtements déchirés sur le sol? Ou Remus... mort?

La porte tourna et révéla Remus, assis tranquillement, les bras croisés.

« Bonjour », dit-il avec un grand sourire.

Hermione bondit vers lui, soulagée.

« Tu vas bien? Merci Seigneur! » dit-elle en l'étreignant brièvement.

Elle palpa inconsciemment les vêtements intacts, et parut presque incrédule.

« Aucune transformation, dit Remus, radieux. Je n'arrivais pas à y croire! »

« Félicitation, monsieur Lupin, dit Slughorn. Je crois pouvoir vous déclarer guéri! »

Remus prit une profonde inspiration avant de hocher la tête. Folle de joie, Hermione lui sauta au cou. Il la serra dans ses bras, et elle réalisa qu'il pleurait. Il avait souffert de la lycanthropie pendant plus de trente ans. Il était enfin libéré.

Horace Slughorn toucha légèrement le bras de Remus.

« Je vous attends au labo pour un examen médical, monsieur Lupin. Prenez votre temps. »

Il laissa seuls les deux époux.

« J'ai de la peine à réaliser », dit Hermione, la joue contre l'épaule de Remus.

« Et moi donc... franchement, c'était une expérience horrible. Mais je ne me suis jamais senti autant aimé. »

Hermione ne fuit pas le regard qui la cherchait. Elle se contenta de faire un petit sourire qui donna un charme mutin à sa physionomie. Remus caressa les boucles satinées, puis la peau blanche et douce comme un lys.

« Tu m'as ensorcelé. Je t'appartiens, corps et âme. »

Dans les yeux si merveilleusement expressifs de sa femme, Remus lut qu'elle le croyait et, mieux encore, qu'elle répondait à son amour.

Heureux comme il ne l'avait jamais été, Remus sentit que sa vie venait de prendre un cours inattendu, pour le meilleur.

HPHPHPHP

Un mois plus tard, Remus prononça un discours de remerciement lors de la cérémonie qui vit remettre l'Ordre de Merlin à Nymphadora Tonks. Il évoqua son épouse décédée avec pudeur et émotion. Les témoins l'applaudirent chaleureusement. Il fit un salut un peu gêné et descendit de l'estrade. Plusieurs personnes vinrent le féliciter, non tant pour l'hommage rendu à Tonks que pour sa guérison spectaculaire. Remus avait fait la couverture de la Gazette du Sorcier et des revues sur les innovations magiques. Il croulait sous les propositions d'emploi; et il savait déjà laquelle il accepterait.

Il marcha vers Minerva McGonagall. La digne sorcière était désormais à la tête de Poudlard. Elle posa un regard presque maternel sur Remus, son ancien Griffondor.

« Très beau discours, mon jeune ami. »

Il retint un sourire. Il savait que Minerva le voyait toujours comme un garçon de quinze ans, aux doigts tachés d'encre.

« Merci beaucoup, Minerva. Je me demandais... Votre proposition tient toujours? »

« Le poste de Défense contre les Forces du Mal? Absolument. »

« Alors je l'accepte. »

« Merveilleux! »

L'année où il avait enseigné avait été la plus enrichissante de son existence. Il se réjouissait de reprendre ce métier.

« Naturellement, poursuivit Minerva, Hermione pourra vivre avec vous et utiliser notre réseau de cheminées pour se rendre à Londres. »

Elle fit une pause et, d'une voix un peu incertaine, demanda:

« Tout va bien avec Hermione? Elle ne s'est pas formalisée de votre intervention d'aujourd'hui? »

« Pas du tout », la rassura Remus.

Il regarda en direction de sa femme, en grande conversation avec Harry Potter. Il les vit rire tous les deux.

« Je garderai toujours un tendre souvenir de Nymphadora, mais je ne la pleurerai plus. J'ai épousé Hermione et je lui dois tout mon amour. Elle en est parfaitement digne, et elle sait ce qu'elle représente pour moi. »

« Il était temps », dit soudain une voix brusque.

Severus Snape s'était approché sans un bruit. Il darda un regard flegmatique sur Remus.

« Ai-je bien deviné en pensant que nous serons de nouveau collègues? »

« Tu as bien deviné, Severus. »

« Tant mieux pour les élèves qui auront enfin un professeur décent. Tant pis pour moi qui vais devoir te supporter. Au moins suis-je débarrassé de la corvée de potion Tue-loup. »

Remus esquissa un sourire. Voilà toutes les félicitations qu'il recevrait de Severus pour sa guérison! Il fronça soudain les sourcils.

« Que signifie ta réflexion: il était temps? »

« Cela signifie qu'il y a déjà bien longtemps que tu aurais dû cesser ce culte excessif de ton épouse. Et réaliser que miss Granger est bien supérieure à Nymphadora Tonks, malgré tout le respect que je dois à sa mémoire... »

Remus soutint calmement le regard sombre.

« Tu as raison. J'aurais dû le réaliser il y a longtemps. C'est à présent chose faite. »

Snape hocha la tête.

« Parfait. »

Il ne dit plus rien. Remus reporta le regard sur Hermione, toujours en discussion avec Harry. Elle avait un air tranquille et serein. Elle lui avait dit qu'elle était heureuse et il la croyait. Elle avait relégué Ron dans ses souvenirs, comme il avait fait avec Tonks.

Ils s'étaient mariés il y a plusieurs mois, mais leur vraie union commençait maintenant.

FIN