Attention, rien ne m'appartient. Les personnages appartiennent à J.K Rowlings et l'histoire à DragonLight

Résumé: En mission dans le passé pour Dumbledore, Harry voit son amant sous un nouveau jour, celui de professeur

Ratings : R

Correctrice : AnthaRosa et Ishtar

Attention, c'est un slash: SS/

Chapitre vingt-deux : Le Paradoxe de Ton Existence

Harry se dirigea vers les cachots. Il n'avait plus le choix. Il avait suffisamment évité la conversation avec Severus. Il était déjà plus de minuit. Il avait quitté les cachots de bonne heure.

Il ne savait pas s'il devait être perturbé par ce qu'il avait appris de Remus, Drago, Ron et Albus. C'était trop en même temps. S'il avait eu un tel effet sur leurs vies, quel genre d'effet qu'il n'avait pas encore vus avait-il eu sur celle de Severus ? Certains étaient évidents, mais y avait-il autre chose ?

Il ouvrit la porte d'entrée qui menait aux quartiers qu'il partageait avec Severus. Il n'entra pas. Il regarda simplement Severus, qui, tête penchée sur une pile de copies, écrivait des commentaires. Ses cheveux tombaient en avant, cachant son visage.

Harry déglutit et entra dans la pièce, fermant la porte derrière lui. Severus n'arrêta pas de corriger ses copies. Harry s'était à moitié attendu à ce qu'il le fasse.

« Severus ? »

« Tu es revenu. Ta valise est à moitié faite. Je présume que tu es venu terminer ce que tu avais commencé ? »

« C'était stupide. Je ne pensais pas à ce que je faisais. J'ai pensé que ce serait mieux si je partais. »

« Et comment en es-tu venu à cette conclusion ? »

« J'ai pensé… » Ses raisons semblaient bien meilleures ce matin. « Ca n'a pas d'importance. Je veux te parler de ta sixième année. »

Severus posa sa plume et se tourna pour le regarder. « Que veux-tu savoir ? »

« Ne me rends-tu pas responsable de tout ce qui t'est arrivé ? Tu n'aurais jamais porté la Marque Noire si ça n'avait pas été pour moi. Tu aurais pu vivre avec ton grand-père. Tu ne serais pas devenu un espion. Et je suis sûr qu'il y a plus encore. »

« Tu as raison. Ce n'est pas tout.»

Harry inspira profondément et attendit.

« Je n'aurais pas travaillé à Poudlard si je n'étais pas devenu un espion. Je ne t'aurais jamais dit bonjour parce que je ne t'aurais jamais rencontré. Et nous ne serions pas ensemble maintenant. Ce n'est pas quelque chose que je veux perdre, Harry. »

« Ta vie aurait été meilleure ! »

Severus se leva et s'approcha de lui. Il lui prit les bras. « Je suis heureux avec la vie que j'ai maintenant, M. Potter. Et ça inclut que tu en fasses partie. » Il le libéra et Harry chancela. « Si je l'avais voulu, j'aurais pu changer les choses. Mais je ne l'ai pas fait. »

« Tu étais jeune, tu as pris des décisions -»

« Je ne parle pas de ça. J'ai pris une décision à l'âge de seize ans parce que j'ai vu le professeur que je pensais aimer embrasser un autre homme. »

Harry ne dit rien.

« Je ne t'ai pas emmené dans le château au milieu de la nuit sans but, Harry. Je savais ce que je faisais. Je savais à quoi je me condamnais. Et je l'ai fait pour pouvoir t'avoir ! »

« Tout ça me donne mal à la tête. »

Severus rit. « Je n'en suis pas surpris. »

« Que veux-tu dire ? »

« La nuit où je t'ai emmené dans les cachots, quand j'ai 'emprunté' le Retourneur de temps… »

« Tu savais que tu étais observé… » Harry se massa le front. « C'est déroutant. Tu savais ce qui allait se passer ? »

« Oui. Je savais que j'écouterais Lucius, ferais un choix que je regretterais, que je finirais par me tourner vers Albus et passerais de nombreuses années à être malheureux. Et j'ai dûfaire un choixpas toi. J'ai dû décider si je voulais vivre ça. Et c'est toi qui m'as influencé. Si je n'avais pas fait ces choses, non seulement le passé aurait changé, mais le futur aussi. Peux-tu deviner pourquoi j'ai fait ça ? »

Harry serra le poing. « Pour une stupide raison. »

Severus se retourna. Il ne le regardait plus. « Je ne pense pas que ce soit si stupide. Ce n'était pas non plus une décision intelligente. Mais je pense que j'en ai, dans une certaine mesure, profité. »

Harry passa devant lui et s'assit, passant une main dans ses cheveux. « J'ai passé l'année à apprendre des choses sur un homme auquel j'ai consacré ma vie et j'ai appris. Beaucoup. Des choses dont tu n'avais jamais parlé me furent révélées. Et je ne te comprends toujours pas ! »

« Est-ce nécessaire ? »

« Oui ! »

« Est-ce la raison pour laquelle tu as fait ta valise ? »

« Commencé seulement. »

Severus s'installa dans la chaise en face de lui. Il lui proposa un verre de brandy. « Pardon ? »

Harry prit le verre, but puis répondit. « J'ai seulement commencé. J'ai changé d'avis en plein milieu. Je ne vais nulle part. » Il leva les yeux de son verre. « Pensais-tu que je partirais ? »

« Peut-être. »

« Je ne l'aurais pas fait, tu sais. J'étais juste… C'était juste… » Harry ne savait pas comment l'exprimer.

« Un peu trop ? Tout ce qui s'est passé. Tu ne t'attendais pas à avoir un tel impact, n'est-ce pas ? »

Harry soupira. « Non. Et c'est pire que ce que j'avais imaginé. »

« Pire ? »

« Quand je suis parti, je n'avais pas l'intention d'être un pivot dans la vie de qui que ce soit. Mais tu as eu le béguin pour moi. Et Remus semblait si déprimé, mon père est venu me voir, les Maraudeurs avaient besoin de conseils, et… »

« Harry, je sais que tu m'écoutais quand Black et moi sommes venus te voir. Si ce rouleau n'avait pas été traduit - »

« Je sais. C'est pour ça que je suis allé là-bas. Mais toutes ces autres…. Choses. » Il fit un vaste mouvement de la main comme pour tout englober.

« Tu avais peut-être été envoyé pour traduire un rouleau, mais – que tu veuilles ou non l'entendre – tu as eu un effet sur la vie de nombreuses personnes. Y compris sur la mienne. »

« Je n'aurais pas dû. Ca n'aurait pas dû être possible. Je n'étais même pas encore né et… »

« Oui, tu n'étais pas né. Où est le rapport ? »

« Il est là. »

« Ne comprends-tu pas ? Ton existence, Harry, c'est… » Severus posa son verre. Il se rapprocha de Harry et mit une main sous son menton pour l'obliger à le regarder. « C'est le paradoxe de ton existence. »

Harry le regarda simplement.

« Tu devais faire toutes ces choses. Si non, alors qui sait ? Si tu n'avais pas traduit ce document, le Poudlard Express aurait été détruit et avec lui tous les élèves qui étaient à bord. Tu ne serais jamais né. Si tu n'avais pas aidé Black à apprendre à lire, alors –»

« Quoi ? »

« Black. Il n'aurait pas réussi à devenir Auror. Il a toujours dit que 'Tyler' lui avait donné le titre des livres dont il avait besoin pour réussir l'examen. La même chose avec Potter… ton père. »

« Donc ? »

« Donc, si Black et Potter n'étaient pas devenus Aurors, il n'y aurait eu aucune raison pour que tes parents se cachent. D'où… »

« Pas de gardien du secret. Sirius n'aurait jamais… Merde ! »

« Aurais-tu changé les choses, Harry ? Si nous avions pu te dire l'effet que tu avais eu sur nos vies, aurais-tu changé quelque chose ? »

Harry regarda son verre de brandy. Le liquide ambré ne contenait pas la réponse qu'il cherchait. Il entendit Severus bouger et retourner sur sa chaise.

« En fait, la seule chose qui compte est le bonheur de chacun. Si tu es bien dans ta vie. C'est ça, Severus ? »

Un grognement évasif fut sa réponse.

« Est-ce que 'je ne sais pas' est une réponse valable ? »

Cette fois-ci, Harry répondit en faisant cliqueter la bouteille contre son verre pour que Severus le resserve.

« Ce n'est pas aussi simple qu'il le paraît, hein ? Je suis certain que tu ne serais pas devenu mangemort si je ne t'y avais pas poussé ; et si j'avais pu empêcher Sirius de passer du temps à Azkaban - »

« Avec des si... Je suis certain que le clébard aurait fait quelque chose qui l'y aurait conduit. »

Harry le regarda avec des yeux noirs. « Si j'avais pu changer les choses pour que Voldemort ne s'en prenne pas à mes parents… mais…. » Harry lécha sa lèvre inférieure. « Mais qui sait ce qui aurait changé d'autre ? Le sort de Voldemort n'aurait pas rebondi ; son premier 'règne' n'aurait peut-être pas pris fin. Mes parents seraient vivants, mais Voldemort aussi. Ils auraient pu se faire tuer pour une autre raison. Je ne serais peut-être pas allé à Gryffondor. Mes amis auraient pu être différents. Je ne serais peut-être pas avec toi. » Il regarda attentivement Severus dans les yeux. « Beaucoup de choses auraient été différentes. »

« C'est vrai. »

« Alors j'avais raison, toute la question est de savoir si je suis heureux. Mais si je te disais que je n'aurais rien changé, est-ce comme si je disais que je suis content que mes parents soient morts ? »

« C'est ce que tu penses ? »

Harry mordilla sa lèvre inférieure. « Non. C'est simplement que je suis heureux avec ce que j'ai, et que je ne veux pas me lancer dans l'inconnu. Il y a suffisamment de choses que je ne connais pas encore. De plus, ça n'aurait pas pu se passer autrement. »

« Qu'est-ce qui t'en rend aussi sûr ? »

« Si j'avais changé quelque chose, qui sait si, dans le futur refait, j'aurais vécu jusqu'à l'âge de vingt cinq ans ? En fait, il n'y a aucune garantie que je serais né. C'est un autre paradoxe. Si j'avais changé quelque chose, je n'aurais peut-être pas pu retourner dans le temps. »

« J'ai toujours pensé que tu devais avoir un cerveau. »

« Je pourrais avoir tort. »

« C'est hautement probable. Tu es un Gryffondor, après tout. »

Harry soupira et s'appuya contre sa chaise.

Severus posa une main sur son avant-bras. « Pourquoi as-tu fait cela ? » La phrase était à peine audible, mais Harry entendit la curiosité et… était-ce de la douleur ?… qui étaient entrelacées dans les mots.

« Fait quoi ? »

« Avoir une aventure avec un élève ? »

Harry ne voulait pas avoir cette conversation, mais il savait qu'il le devrait tôt ou tard. « Ce n'est pas ce que j'ai fait. »

« Vraiment ? » Severus retira sa main et s'appuya contre le dos de sa chaise.

« Non. J'ai eu une aventure avec toi. Ce qui est complètement différent. »

« Comment donc ? »

« C'était toi, sans être toi. »

« Ce qui signifie ? »

Harry se pencha légèrement en avant. « Ce qui veut dire que je t'aime et que ce jeune 'toi' de seize ans m'a approché et m'a proposé quelque chose que je ne pouvais pas refuser. »

« Et qui était ? »

« La chance de te voir quand tu manquais encore d'assurance, sans ta carapace. La chance d'être le plus vieux et le plus intelligent. »

« Il est très peu probable que tu ais été un jour le plus intelligent, même si je n'avais que seize ans. »

Harry ignora le commentaire et poursuivit. « De faire partie de ta vie. Tu fais partie de la mienne depuis que j'ai onze ans. Et ça me manquait. Quand tu es venu vers moi, je t'ai voulu. Même à seize ans, je voyais en toi les choses que j'aimais chez toi, en toi. » Il regarda Severus qui contemplait le feu et buvait son verre. « Tu sembles prendre les choses plutôt bien. »

« Harry, j'ai eu énormément de temps pour oublier Tyler. Et j'ai eu beaucoup de temps pour me faire à l'idée que tu étais lui. »

« Quand t'en es-tu rendu compte ? »

« La nuit où j'ai vu ton tatouage pour la première fois. » Il se tourna pour le regarder. « Ce qui m'a perturbé le plus, une fois que j'ai compris, fut le retour de sentiments que j'avais scellés au fond de moi à seize ans. J'ai toujours comparé la relation que j'avais avec toi avec celle que j'avais eue avec Tyler. Or je ne l'avais jamais comparé à mes autres liaisons. J'ai toujours fait comme si c'était dû au problème de la relation professeur-élève. Mais j'ai continué à le faire même après que tu avais quitté Poudlard. Je suppose qu'à un certain niveau tu devais me faire penser à lui. »

« J'étais très différent quand j'ai fait faire mon tatouage. Je le sais. Je n'agissais pas du tout comme je le faisais dans le passé. Ou comme je le fais maintenant. »

« Ca doit être comme ce que tu disais. Qu'est-ce qui fait que toi, Harry Potter, tu es toujours là ? Ton essence, pour ainsi dire. »

Harry s'appuya contre le dos de la chaise. Ils ne dirent rien pendant un temps.

« Alors c'est l'une des choses que l'on accepte et que l'on oublie. Ca nous change, ça change la manière dont nous voyons les choses mais on ne s'y attarde pas. Parce que sinon, nous aurions plus de problèmes. »

« C'est le plus probable. »

Harry regarda Severus. Sa tête était levée et il avait les yeux fermés. Harry avala une gorgée, posa son verre et se leva.

« Nous venons d'arrêter d'en parler. Ca ne te dérange pas ? » Harry se pencha sur la chaise de Severus. Une main sur le bras de la chaise.

« Pas particulièrement. » Severus ouvrit les yeux et fit un sourire en coin. « J'ai du travail. Ce n'est pas parce que tu es en vacances que nous le sommes tous. Laisse-moi me lever. »

« Tu appelles ça des vacances ? »

« Pas toi ? »

« Plutôt l'enfer. Mais… »

Severus haussa un sourcil.

« Mais si ça nous conduit à ce qui est maintenant, je recommencerai. » Harry posa ses lèvres contre celles de Severus.

Severus l'embrassa une minute avant de le repousser. « J'ai vraiment des copies à corriger. »

« Il est plus de minuit. »

« Je corrige mieux à cette heure-ci. »

« Si tu penses que t'endormir sur les copies de la moitié de la classe est le mieux que tu puisses faire. »

« Qu'importe l'heure à laquelle je corrige, la moitié de la classe est nulle. C'est ce qui se passe quand tous les élèves de cette école sont des imbéciles. »

Harry sourit.

« Tu penses que c'est amusant ? Attends de voir les notes que Black a données dans ton cours d'Etude des Moldus. Je pense que la note exceptionnelle de 10 sur 10 a été donnée à un élève qui a écrit 3 mètres de parchemin sur l'utilisation des ampoules à faible intensité dans les voitures. »

« Il n'a pas fait ça. »

« Je pense qu'il a simplement donné 10 sur 10 à tout le monde. Lire n'est pas l'un de ses talents. »

Harry mit sa main dans sa poche. « Je crois que je vais avoir beaucoup de travail lundi. » Il fit quelques pas pour s'éloigner de la chaise de Severus et s'appuya contre la cheminée. « Sev ? »

Severus haussa un sourcil.

« Rien. Je voulais simplement te donner ceci. » Harry mit sa main sans sa poche et lui jeta un petit objet.

Severus le prit et regarda la petite croix grise dans sa main. Elle avait un air vaguement familier. « Qu'est-ce que c'est ? »

Harry sourit. « Contrôle. » Il se dirigea vers la chambre. « Je pense que je vais dormir. »

« Harry ? »

« Quoi ? »

« Vas-tu m'expliquer ? »

« Peut-être plus tard. »

« Sale Gryffondor impertinent. »

« Je t'aime aussi, Severus. » Harry referma la porte de la chambre derrière lui.

Severus secoua la tête. Il découvrirait le fin mot de l'histoire plus tard. Après tout, ce n'était pas comme si l'un ou l'autre partait. Ils avaient le temps. Ils étaient heureux.

End. ♦