Les personnages que vous reconnaissez sont tous empruntés à l'univers de J. K. Rowling. L'intrigue et les personnages originaux appartiennent à Miranda Flairgold. Ceci est une traduction de l'histoire intitulée A second chance at life.
Version 2 du chapitre 1 : 3 février 2007


Chapitre 1

L'homme armé d'un revolver avançait silencieusement à travers la maison, ses bottes aux semelles spéciales ne faisant aucun bruit sur le sol. Le garçon devait être quelque part ; la femme avait dit qu'il était là. L'homme poussa doucement la porte de l'épaule et s'élança à l'intérieur de la pièce ; il n'y avait personne. Un mince panneau, entrouvert, et une volée de marches qui descendait dans la cave, les lumières allumées. En bas, alors. Caché ? Savait-il qu'il était là ? Une embuscade ? Le professionnel décida que c'était improbable, sa cible n'avait que seize ans ; trop jeune pour avoir la moindre expérience des attaques surprises. L'homme commença à descendre lentement les escaliers, l'arme pointée en avant ; le garçon devait être en train de faire la lessive, c'était dans la cave que les moldus faisaient cela, non ?

Mais en-dessous, Harry Potter était en train de l'attendre, et il avait prévu une embuscade. Même avec le sortilège de silence, il avait entendu le doloris que l'homme avait utilisé sur sa tante, et il avait perçu le cliquetis du revolver que l'on arme et le bruissement de pas étouffés. Le pistolet de son oncle se trouvait dans un vieux buffet, dans le sous-sol, et s'il utilisait sa magie le ministère le saurait. L'arme à feu alors, il savait s'en servir, il avait regardé Oncle Vernon donner des cours à Dudley. Il se cacha sous l'escalier, et attendit.

L'assassin balaya la cave du regard et descendit la dernière marche ; au même moment une balle le frappa au milieu de la poitrine.

L'homme était étendu sur le sol, dans une mare de sang ; le garçon tira un couteau d'un étui dissimulé sur son bras, et en posa la pointe près de l'œil du blessé. Le mourant leva les yeux et rencontra la brûlure perçante d'un regard émeraude.

« Pour qui travaillez-vous ? Quelle est votre mission ? Vous feriez mieux de me répondre si vous voulez une mort rapide. Mais si vous préférez que je vous arrache les yeux, vous pouvez toujours vous taire. »


La chouette postale plongea dans le brouillard en direction d'une vieille ferme. Le soleil commençait à briller à travers les nuages, et les plumes de l'oiseau luisaient blanches dans les rayons de l'aube. Une fenêtre était grande ouverte, prête à l'accueillir ; les gens à l'intérieur étaient debouts depuis plusieurs heures.

« Là-bas ! Là-bas, c'est elle ! » cria Hermione en se levant précipitamment de sa chaise pour arracher la lettre attachée aux pattes de la chouette lapone. L'oiseau hulula son indignation et s'installa sur un perchoir vacant.

« Eh bien ? Qu'est-ce qu'il dit ? » demanda Ronald Weasley en se penchant pour lire par-dessus l'épaule d'Hermione.

« Calme-toi Ron, laisse-la d'abord ouvrir le parchemin, et lis-le à voix haute veux-tu ? » intervint Ginny. Tous les cinq, les jumeaux, Ron, Hermione et elle, avaient attendu ce message avec impatience. Après le mariage de Bill et de Fleur, Harry était retourné quelque temps chez son oncle et sa tante, pendant que les autres restaient au Terrier.

« D'accord, d'accord, voilà. » dit Hermione en dépliant la lettre.

Salut à tous,

S'il-vous-plaît, d'abord, attendez d'avoir tout lu avant de vous mettre en colère ; j'ai pas mal de choses à vous dire. Il y a eu un changement de plan. Pendant que j'étais chez elle, un homme est entré et a stupéfié ma tante. Ensuite il a sorti un revolver et a essayé de me tuer. J'avais le pistolet de mon oncle, je l'avais « emprunté » pour voir si les balles peuvent traverser les boucliers magiques. Je suppose que j'ai juste tiré plus vite que lui. Je vais bien, il est mort dans la cave (c'est là que j'étais quand il m'a trouvé). Quand j'ai vu qu'il allait mourir, j'ai pris mon couteau (merci pour ce cadeau, Fred, George) et j'ai menacé de lui arracher les yeux s'il ne me parlait pas de sa mission et de son patron.

Bon, les mauvaises nouvelles d'abord : Voldemort a lancé un contrat, ouvert à tout tueur qui veut m'abattre. Apparemment la récompense est assez impressionnante, parce que l'homme a mentionné qu'il y en avait plusieurs autres, il est juste arrivé le premier.

Bonne nouvelle : c'est le seul qui ait découvert comment me trouver, pour l'instant.

Mauvaise nouvelle : il y a d'autres récompenses pour la tête de ceux à qui je parle ou avec qui je traîne, sans nom, juste tous ceux que je contacte.

Ron, Hermione, je vous ai déjà dit que je ne retournerai pas à Poudlard, ce n'est pas négotiable. Quand j'ai appris pour les assassins, je me suis caché (ne me demandez pas où). J'ai trouvé un endroit où me planquer quelque temps, il faut que je termine mon éducation, vous le savez bien, je n'ai tout simplement pas assez d'expérience pour me coltiner les Mangemorts. C'est la dernière lettre que je vous enverrai avant plusieurs mois. N'essayez pas de me contacter, c'est pratiquement certain que toute la correspondance de votre famille, envoi et réception, est interceptée et contrôlée. Si vous m'écrivez, ils vous tueront aussi, et Poudlard, comme nous avons pu nous en rendre compte, n'est pas un lieu très sûr. Mieux vaut qu'ils pensent que vous n'avez aucune idée de l'endroit où je me trouve, c'est pour ça que je ne vous dis rien. Si vous ne savez rien, ils ne peuvent pas vous le faire avouer sous la torture ou avec des potions de vérité. Je vous contacterai dès que j'aurai trouvé un moyen suffisamment sûr pour le faire. Ginny, occupe-toi d'Hedwig pour moi s'il-te-plaît. Tout le monde sait qu'elle m'appartient et on ne peut pas dire qu'elle soit passe-partout.

Quand vous retournez à l'école, si Drago Malefoy est encore là, gardez un oeil sur lui. Mais je ne pense pas qu'il soit vraiment un problème. Je m'esplique : quand Dumbledore s'est retrouvé encerclé par les Mangemorts, Drago était supposé le tuer, mais il ne l'a pas fait. Malefoy a reculé, il n'y arrivait pas. On lui a donné l'ordre, mais il a refusé de lancer le sort. Il n'a pas tenté non plus de protéger Dumbledore de Rogue, pas avec un loup-garou déchaîné et plusieurs Mangemorts derrière lui, mais il ne voulait pas le faire lui-même. Ça donne pas mal à réfléchir, n'est-ce pas ? Il faut que je vous dise autre chose : il ne travaille pour les Mangemorts que parce que Voldemort a menacé de tuer son père et sa mère. Si quelqu'un vous avait laissé le choix, entre faire rentrer des mangemorts à Poudlard, ou regarder votre famille se faire tuer, qu'est-ce que vous auriez fait ?

Je suis vraiment désolé de vous faire ça les gars, je sais que nous étions supposés le faire ensemble, mais je n'ai pas vraiment le choix. D'ici à ce que vous receviez cette lettre, il y a de fortes chances que j'aie déjà quitté l'Angleterre.

Ne vous inquiétez pas trop pour moi ; j'ai quelques plans de secours vous savez. Dans l'enveloppe vous trouverez quinze petites fioles, elles sont remplies de cette merveilleuse potion Felix felicis. Il y en a une pour chacun des Weasleys, y compris Fleur, ainsi que Neville, Remus, Hermione, et Luna. Donnez les autres fioles à ceux qui d'après vous en ont le plus besoin. Je les ai préparées aux alentours de Noël, je ne l'ai dit à personne parce que je n'étais pas sûr que cela marcherait, mes préparations sont un peu différentes de la potion de chance habituelle. J'ai concocté ma propre version, qui prend moins de temps. Oui, Hermione, je les ai vraiment faites, ce satané livre n'a rien à faire dedans, tu sais, je suis en fait assez doué en potions, le livre a juste rendu les choses plus faciles. Gardez-les sur vous à tout moment, si jamais vous avez des ennuis, buvez-les.

Bonne chance à tous, nous nous reverrons, c'est promis.

Bonne chance à tous,

Harry Potter.

« Oh Harry, tu n'avais pas à faire ça ! » pleura Hermione, tordant si bien la lettre qu'elle en déchira un morceau.

« Mais, mais, il-l ne peut pas partir comme ça ! » bégaya Ron avec incrédulité. Les autres se turent un moment.

« Ron, il vient de le faire. » répondit finalement George. Puis il saisit deux des fioles et en lança une à son jumeau.

« Fais-lui confiance, Ron » dit Fred, glissant le récipient dans une de ses poches.

« Il s'en sortira. » ajouta George.

« C'est un gars solide, Harry. » termina Fred. Les jumeaux transplanèrent.


Harry regarda Hedwig s'éloigner dans le ciel. Ginny prendrait soin d'elle.

Contrairement à ce qu'il avait écrit dans la lettre, il se trouvait encore en Angleterre, toujours chez son oncle et sa tante en fait. Mais si la lettre était interceptée, comme il le pensait, ils commenceraient par chercher hors des frontières, et peut-être cela permettrait-il à ses amis d'être juste un peu plus en sécurité. Il avait enterré le tueur dans le jardin, dans une fosse si profonde que jamais personne ne le retrouverait, le sol s'étant ouvert devant lui, mais le Ministère n'avait rien dit sur ce cas de magie accidentelle. Ils avaient probablement d'autres chats à fouetter.

Il avait été honnête en disant qu'il ne pensait pas être prêt à affronter les Mangemorts. Son combat contre Rogue le lui avait montré, et Rogue était une des personnes qu'il voulait éliminer à tout prix.

Ce dont il avait besoin, c'était de temps, de temps pour s'entraîner, de temps pour apprendre. Et des sources compétentes pour se former. Et Harry Potter avait une idée sur le sujet. Initialement, il avait pensé à un Retourneur de Temps, pour retourner en arrière et étudier jusqu'à revenir dans le présent. Mais les retourneurs n'étaient pas en libre service, et ceux qu'il avait vus avaient été détruits. Il existait pourtant un endroit qui pourrait lui offrir toutes les ressources dont il aurait besoin. Et aussi, s'il le désirait avec assez de force, du temps.

La Salle sur Demande.

Le jour où il obtint son permis, une heure après avoir passé l'épreuve, Harry transplana jusqu'à la cabane hurlante, et de là emprunta le tunnel menant au saule cogneur. Après l'examen, il avait fait un arrêt au Chemin de Traverse, où il avait acheté ce qui lui semblait être un excellent animal de compagnie, pour remplacer Hedwig et l'aider dans un domaine spécifique où la Salle sur demande risquait de se révéler limitée, le fourchelangue. La dite créature était un serpent de trois pieds de long, douée de pouvoirs magiques, un cobra noir avec des marques argentées. Elle déclara s'appeler Sygra.

S'introduire dans l'école fut étonnamment aisé ; sa cape d'invisibilité lui suffit. Il traversa précipitamment les couloirs jusqu'à la Salle sur Demande, et s'arrêta. Un sort de sommeil le débarrassa pour quelques heures du seul portrait environnant ; le silence environnant lui indiqua qu'aucun autre être vivant n'était présent dans les parages. Il utilisa un sortilège d'attraction pour forcer l'un des blocs de pierre à se déloger du mur, puis il enleva l'une de ses deux montres, la plaça derrière, et remit tout en place. Il entra ensuite dans la Salle.

Harry demanda une chaise et elle apparut. Il s'assit et observa son autre montre ; les deux avaient été réglées exactement sur la même heure. Tout ce qui lui restait à faire, c'était de se concentrer sur ce qu'il voulait, et d'attendre.

Je t'en prie, je t'en prie, j'ai besoin de temps, j'ai besoin que le temps s'arrête dans cette salle. Harry pensa de toutes ses forces à ce qu'il désirait voir se produire ; il voulait que le temps s'écoule normalement à l'intérieur, mais que la chambre soit retranchée du reste du monde, pour que lorsqu'il la quitte ce soit toujours le même jour, la même heure, la même minute, que lorsqu'il y était entré.

Finalement Harry cessa de répéter son souhait, et commença à travailler, demandant un manuel sur les sortilèges muets pendant qu'il s'installait pour lire.

Deux heures plus tard, la montre se mit à sonner. Harry posa son livre, saisit le bracelet, et quitta la pièce. Il descella le bloc de pierre et sortit l'autre montre, en espérant qu'elle affichait toujours l'heure à laquelle il était allé dans la chambre. C'était le cas et elle marchait encore parfaitement. Le soulagement envahit Harry, la Salle sur Demande pouvait arrêter le temps, il pourrait donc apprendre ce dont il avait besoin et ressortir à la minute même où il était entré.

La Salle lui procurait également tout ce qui lui était nécessaire. Il avait essayé de plonger immédiatement dans les magies défensives et offensives, mais s'était aperçu que ses connaissances de bases n'étaient pas assez solides. Après avoir passé plusieurs heures à parcourir un livre de sortilèges rares, et découvert qu'il ne parvenait à en lancer aucun, Harry referma l'ouvrage et se rassit dans son fauteuil. Ce qui avait commencé comme une promenade de quelques semaines ou un mois ressemblait de plus en plus à une utopie. Il avait besoin de temps, et, bien qu'il peinât à le reconnaître, il lui fallait partir des principes généraux de la magie avant d'espérer atteindre ce niveau. Il n'arrivait toujours pas à réaliser ses sorts sans incantation, et il devait impérativement apprendre ; il était temps de tout recommencer au début.

Harry se concentra et imagina des livres qui lui expliquent comment la magie fonctionne et les différents moyens de la pratiquer ; en quelques secondes une pile se forma. Il ouvrit le premier volume et grogna aussitôt ; cela lui prendrait une éternité. Se remettant en tête les pouvoirs que Dumbledore, Voldemort et Rogue semblaient tous capables de manipuler, il se mit à lire.

Et découvrit que le livre était si assommant qu'après quelques heures il ne se rappelait plus rien de sa lecture. Prendre des notes n'arrangea pas la situation. Harry demanda alors un manuel de potions et le feuilleta pour retrouver le chapitre sur les filtres de mémoire.

Le Mélange Mnémonique pouvait augmenter celle-ci plusieurs heures après ingestion. Mais cette préparation était dangereuse en elle-même, la consommation d'une dose plus élevée que prescrite, ou d'un trop grand nombre de prises pour une seule période de vingt-quatre heures, risquaient de provoquer dans le cerveau des dommages irréversibles.

Harry parcourut la recette ; elle était extrêmement compliquée, mais nécessitait peu de temps. Et la Salle fournirait les ingrédients. Il lui faudrait cependant être très consciencieux en faisant ses dosages. C'était une bonne solution, en attendant il pouvait répéter ses sortilèges, et s'entraîner avec le couteau que les jumeaux lui avaient offert. Encore une autre discipline à laquelle il ne connaissait rien. Il avait besoin de prendre l'avantage, et si cela signifiait qu'il devait apprendre à se battre de manière moldue, il le ferait.


Harry avala une autre dose du Mélange Mnémonique, grimaçant à son goût infâme. Il but également un filtre destiné à augmenter sa rapidité de lecture, et un autre sa capacité d'assimilation. Depuis trois mois il vivait dans la Salle sur Demande, trois mois sans entendre le son d'une autre voix humaine – il se parlait à lui-même en préparant ses potions, cela l'aidait à supporter le silence. Sygra, son cobra noir aux délicats motifs argentés, était là pour discuter avec lui, et ils étaient devenus bons amis. Elle était d'une grande assistance pour proposer des choses auxquelles il n'aurait jamais pensé autrement ; les deux filtres étaient un exemple de sa contribution à l'entraînement.

Il avait rajouté les deux autres décoctions quand elle lui avait fait remarquer que le Mélange Mnémonique seul ne pouvait être que d'une aide limitée. L'Infusion d'Assimilation, en particulier, était très utile. Les livres décrivant le fonctionnement de la magie publiaient tous des explications différentes, et Harry avait l'impression que l'enseignement traditionnel faisait fausse route. Il y avait autant de façons de pratiquer la magie que de pratiquants, semblaient penser les auteurs. Il avait passé plusieurs semaines à rechercher la plus efficace pour lui. Il avait ainsi découvert que les incantations orales servaient essentiellement à aider l'esprit à se concentrer sur un résultat spécifique, et que les mouvements de baguette tombaient dans la même catégorie. Harry avait supprimé ces manipulations, elles étaient distrayantes et dans son cas inutiles. Et même, bien qu'elles soient salutaires pour certaines personnes, pour d'autres elles embrouillaient le cerveau et détournaient l'attention du sort qu'ils essayaient de jeter. Il faisait partie de ce second groupe. En trois mois, il n'avait toujours pas commencé à travailler la magie de duel stricto sensu. Il avait prévu de le faire, avant de se rappeler que ce qui avait été réellement utile, c'étaient les connaissances d'Hermione en matière de sorts divers, et le sortilège d'assèchement réalisé par Dumbledore ; il s'était toujours concentré sur les effets les plus visibles, laissant de côté des centaines d'autres incantations. Il apprenait celles-ci à présent. Ainsi que l'art de préparer ses propres potions. Et ce jour-là il travaillait sur la médimagie.

Il avait mémorisé l'anatomie générale des muscles et des os chez l'homme et la plupart des mammifères, et il demandait désormais à la Salle de lui fournir des animaux blessés, s'entraînant à les soigner. Le petit chien qui était allongé sur la table devant lui avait une patte cassée. Il existait un sort permettant à son utilisateur de voir le squelette à travers la peau. Harry l'avait lancé et pouvait diagnostiquer une fracture simple, aisée à réparer. De telles blessures ne lui prenaient pas plus de quelques minutes à présent, au début il devait maintenir le sortilège pendant une demi-heure.

Son emploi du temps quotidien comportait le petit-déjeuner (fourni, comme le reste, par la Salle), l'ingestion des diverses potions, et le travail sur les théories magiques. Il avait souvent besoin d'une infusion d'assimilation extra-forte pour l'aider à affronter ces dernières, mais leur étude avait payé et il estimait que sa compréhension de la magie était bien meilleure désormais. L'une des matières avec lesquelles il avait le plus de difficultés était la métamorphose, mais il avait découvert dans l'un de ses livres un concept qui s'était révélé être l'une des notions les plus utiles qu'il ait apprises pendant toute sa scolarité à Poudlard.

Le sortilège de lévitation par exemple permettait de soulever un objet. Selon le manuel, ce charme était plus facile à exécuter si l'on pensait à tout ce qui était en jeu dans ce mouvement. La gravité tirait vers le sol, la magie s'y opposait, et l'air se réorganisait autour de l'objet pour remplir le vide. Une réflexion attentive sur les conséquences physiques d'un sort, ou, pour les potions et la métamorphose, sur ses effets chimiques et biologiques, les rendait plus aisés.

Depuis qu'il avait appris ce procédé, Harry avait repensé à tous les sortilèges qu'il connaissait, et ce que la magie accomplissait concrètement quand il les lançait. Il lui suffisait de répéter ces transformations une ou deux fois, et son esprit semblait comprendre leur fonctionnement, et tout devenait plus simple. Etait-ce ainsi qu'Hermione réussissait ses incantations avec autant de facilité ? Si jamais – non, quand il la reverrait, il le lui demanderait.

Penser à ses amis lui fit prendre conscience qu'il n'avait encore rien prévu. Il lui fallait plus que cette Salle, il lui fallait acquérir de l'expérience et suivre l'entraînement d'autres professeurs. Poudlard, avait-il décidé, était hors de question. Durmstrang et Beauxbatons n'étaient pas non plus envisageables. Quelles autres écoles existait-il ?

Bon, la Salle saurait sûrement. Harry pensa à quel point il avait besoin de connaître les collèges sorciers. Un endroit, plus spécifiquement, avec un programme exigeant, en-dehors de l'Europe, où il pourrait étudier sans être un tel phénomène de foire, la célébrité provoquant des interférences. Un endroit où l'on enseignait la magie noire aussi bien que l'auto-défense, un endroit où il pourrait apprendre ce qu'il fallait pour savoir se battre, et pour vivre une fois que la guerre serait terminée. Il n'avait pas songé à ce dernier point avant tout récemment, mais il comptait bien le creuser.

Une pile de livres apparut sur la table en face de lui. Harry ouvrit le premier et commença à lire tout en prenant des notes. Après plusieurs heures, il avait terminé sa recherche.

L'Académie Magique de la Montagne Akren semblait être un choix judicieux. Elle était dissimulée au coeur du Canada. Son créateur, un mercenaire retiré des affaires qui n'avait apprécié ni l'éducation qu'il avait reçue, ni la manière qu'avaient les autres établissements d'enseigner, avait fondé son propre institut, aidé de deux des membres de sa proche famille, aux environs de 1200. Ils avaient choisi une large région du Canada, à l'époque dépourvue d'occupants humains, et l'avaient recopiée, littéralement. Les conditions météorologiques y étaient les mêmes que dans la contrée initiale, mais on pouvait traverser l'endroit et ne jamais trouver l'école. Une route passait ainsi en plein milieu de la propriété, sans pour autant exister sur les terres de l'Académie. Ils avaient dupliqué tout ce qui se trouvait dans la région d'origine, et avaient séparé leur propre version du reste du monde. L'endroit était incartable et introuvable. Il était voué à accueillir tous les humanoïdes – y compris les vampires et les loups-garous. Les étudiants devaient cependant découvrir les coordonnées de l'établissement par eux-mêmes, ce qui expliquait ses effectifs réduits - pour la plupart des personnes dont les parents y étaient allés. Elle donnait des cours sur presque tout, mais n'hésitait pas à déclarer ouvertement qu'elle ne croyait pas en la magie noire, et qu'elle enseignait toutes les matières sans se préoccuper de leur légalité. Si les étudiants se battaient entre eux, les professeurs les laissaient terminer sans intervenir ; si vous étiez blessés, vous deviez vous soigner par vous-mêmes ou demander à un ami de le faire. Il y avait un médecin - en dernier recours. Plus draconienne que toutes les autres académies, elle enseignait des disciplines des deux types : avec ou sans magie. Préparant ses étudiants à vivre dans le monde magique aussi bien que moldu. L'éducation ne commençait cependant qu'à l'âge de quinze ans ; avant cela, les étudiants allaient ailleurs. Des chasseurs de talents étaient supposés se rendre dans les autres écoles pour rencontrer les élèves et leur faire passer des tests. Mais Poudlard ne figurait pas sur la liste des collèges visités par les recruteurs, pas plus que Beauxbatons ou Durmstrang. D'après les guides, cela s'expliquait par le refus, chez la plupart des parents, que leurs enfants apprennent l'existence d'un établissement aussi exigeant, d'autant plus qu'il enseignait la magie noire. L'Académie de la Montagne Akren pouvait se vanter d'avoir produit les chercheurs ayant créé près de la moitié des sortilèges et potions existants, inventé la magimentie et la vraie nécromancie, ainsi que la majorité des assassins sorciers d'élite. Parmi les anciens étudiants, il fallait encore compter la plus grande partie des plus riches praticiens de magie encore en vie, et presque tous les plus puissants vampires sorciers (tous les vampires ne possédant pas de pouvoirs magiques).

Les cours semblaient comporter ce que recherchait Harry ; parmi les matières que les étudiants pouvaient apprendre, il y avait : l'animagie, la filimagie, la magie runique, la sanguimagie, les créatures magiques, les formes de vie non magiques, les sciences moldues telles que la biologie, la physique et la chimie, l'alchimie (la forme la plus avancée de la préparation de potions), la création de sortilèges, le combat, la politique, le combat non magique, la spiritumagie, l'équitation, la navigation par les astres, la fabrication de baguettes, le travail du métal, la pétrimagie, la lecture des auras, la divination, la sociologie moldue, les langues (l'école en proposait trente-sept différentes), et bien d'autres choses encore.

Ce qui intéressait le plus Harry, c'était que les professeurs ne faisaient pas l'appel, ils se reposaient sur la volonté qu'avaient les étudiants d'apprendre. Les élèves étaient répartis selon leur niveau dans chaque matière spécifiquement, et l'âge n'avait pas d'importance ; vous pouviez trouver des personnes de quinze ou dix-huit ans dans la même classe. La limite d'âge était de vingt-et-un ans ; passé votre vingt-et-unième anniversaire, il fallait quitter l'Académie. Les étudiants mangeaient quand ils le désiraient, suivaient pour dormir des horaires qu'ils se fixaient eux-mêmes, sans couvre-feu, chacun possédait sa propre chambre, et il fallait passer un test pour entrer dans la plupart des classes. En ce qui concernait la métamorphose, un contrôle décidait du niveau où vous étiez placés. Mais les matières qui n'étaient enseignées nulle part ailleurs qu'à Akren, telles que la spiritumagie, ne comportaient pas d'examen d'entrée.

Et les élèves étaient autorisés à amener n'importe quelle espèce, Sygra, son serpent, pourrait l'accompagner.

C'était certes intimidant, mais aussi apparemment idéal. Harry avait dix-sept ans ; s'il le fallait, il pouvait rester à l'Académie plusieurs années, sortir dès qu'il le désirait et revenir en cours plus tard, sans être questionné. Il pouvait détruire Voldemort et les morceaux du puzzle qui lui servaient d'âme, au fur et à mesure où il les trouverait.

Mais s'il devait aller quelque part, Harry savait qu'il lui faudrait trouver un déguisement adéquat, conservable, au besoin, plusieurs années.