Merci à Kelidril, Lilli-Puce, Lisianne Black, Miss Lisa Black pour leur review très encourageante. Voici le nouveau chapitre. Bonne lecture.
Chapitre 7
Je me retournais…
Un homme, d'une trentaine d'années se tenait face à moi. De longs cheveux gris, sales, et emmêlés encadraient son visage ridé, dénué de toute beauté. Il avait de petits yeux gris acier qui lui donnaient un regard perçant…un regard de félin.
Je n'avais aucune idée de qui il s'agissait. Peut-être un professeur ! Le seul moyen de le savoir était de lui demander…
-« Puis-je savoir qui vous êtes ? » lui répliquais-je en cachant au mieux l'amertume de ma voix.
-« Petite insolente. » gronda t-il en faisant un pas vers moi, « Vous n'aviez qu'à écouter le discours de Dumbledore en début d'année. Peut-être auriez-vous retenu mon nom. »
Je fis un pas en arrière lorsqu'il s'approcha. Visiblement, il croyait que je me moquais de lui…et que j'étais là depuis le début de l'année. Je me devais donc de lui montrer son erreur…tout en restant polie !
-« Ce doit être un malentendu, Mr. Je suis la nouvelle élève, Samantha DiMaggio. Je suis arrivée hier, et personne n'a jugé utile de me présenter au personnel de cette école. » expliquais-je.
-« Dans ce cas…Je suis Mr Rusard, le concierge de cette école. » répondit-il dans un grognement, « Et je me dois d'interdire aux élèves de sortir de l'enceinte de Poudlard en dehors des sorties à Pré au Lard. »
Voilà à quoi ressemblait ce fameux Rusard ! Il était déjà aussi laid ! Intérieurement, je le plaignais. D'après les livres, il avait un très mauvais caractère et un respect sans faille pour le règlement…ce n'était pas moi qui allais dire le contraire ! Je sentais qu'il n'allait pas tarder à me mettre des bâtons dans les roues. Heureusement que je savais bien mentir !
-« Le professeur Dumbledore m'a autorisée à me rendre à Pré au Lard pour acheter les fournitures dont j'avais besoin pour ma scolarité. » déclarais-je avec un sourire qui paraissait des plus aimables.
-« Montrez-moi le mot » dit-il.
Je commençais à m'impatienter. Il devenait plus qu'agaçant. Je comprenais pourquoi les élèves ne l'aimaient pas !
-« Le directeur n'a pas jugé nécessaire de me donner un mot. » répliquais-je, toujours sur le même ton poli, « mais vous pouvez toujours aller lui demander. »
Il essaya de me sonder du regard, comme pour déceler un mensonge. Je ne cillais pas. Rien ne pouvait trahir l'expression neutre que j'avais adoptée. J'étais sûre de moi. Il fronça les sourcils, me regardant de façon insistante. Je restais calme.
-« Bien, je vais vous ouvrir la grille. » dit-il en sortant un trousseau de clés de la poche de son pantalon, « Mais soyez certaine que je vais de ce pas voir le directeur. »
-« Je n'y vois aucun inconvénients, Mr Rusard. »
Il me regarda d'un air méfiant, comme si j'étais le diable en personne. Il n'était pas loin de la vérité ! Il enleva donc le cadenas et ouvrit une des grilles, libérant ainsi le passage. Je n'attendis pas plus longtemps et paissais les portes de Poudlard. J'étais dehors !
Le concierge referma rapidement la grille derrière moi, comme pour empêcher une quelconque brindille de passer les limites de l'école. Il était vraiment fou ! Mais cela ne retint pas mon attention bien longtemps. Je ne comptais pas m'éterniser ici. Je tournais donc les talons, et me mis en marche, suivant le chemin qui se dessinait à mes pieds.
J'avançais. Mes pas me guidaient. Mon esprit était ailleurs. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire. A vrai dire, j'étais partie sur un coup de tête. Ma spontanéité me tuera, tôt ou tard ! Mais pas maintenant !
Je me mis à contempler le paysage qui s'offrait à moi. Une immense vallée verdoyante, peuplée de pins, chênes et autres arbres odorants. Un petit village se dessinait dans le creux de cette vallée. C'était Pré au lard.
D'où j'étais, les maisons semblaient minuscules. Cependant, une, plus imposante que les autres, se distinguait du village. Elle était sombre. Ce devait être la cabane hurlante, cette fameuse demeure qui servait de couverture au loup garou de l'école. Un endroit à éviter les nuits de pleine lune !
Je m'arrêtais devant une intersection. Le chemin se séparait en deux. L'un menait droit dans le village, l'autre se perdait dans les montagnes. Je ne voulais voir personne. Je décidais donc de suivre le petit sentier étroit et accidenté qui s'écartait des habitations. Une petite randonnée ne pouvait me faire de mal !
Le chemin rocailleux était limité de chaque coté, par des fossés peu profonds, bordés de fleurs aux couleurs vives. Je suivais le sentier, profitant de cette liberté retrouvée…dont j'ignorais encore la durée.
Une heure plus tard, j'arrivais devant un grand lac. Il n'était pas aussi grand que celui de Poudlard, mais de bonne taille. Un petit ruisseau, qui prenait sûrement sa source dans les hautes montagnes, l'alimentait. L'eau était d'un bleu, et d'une clarté…inégalable. Ce paysage était magnifique !
Je posais mon sac à terre et m'assis dans l'herbe. Tout était calme. C'était si reposant…si serein. J'étais loin d toute civilisation dans ce monde. Plus de sirènes de police, plus le klaxon des voitures. Plus de cris, d'insultes, de pleurs…ni de rires. Rien…
En y réfléchissant, j'étais à des kilomètres de Londres, et peut –être même de tous villages moldus. A part Poudlard et Pré au lard, il n'y avait rien. J'étais belle et bien coincée. Aucune issue ! Je ne pouvais parcourir des centaines de kilomètres pour rejoindre Londres. Je ne pouvais vivre dans les montagnes comme un ermite. Je ne pouvais quitter Poudlard…
Cette dernière pensée me fit sourire. J'étais dans ce monde, par la volonté d'une quelconque divinité ou autre, et vraisemblablement, il ou elle n'avait pas choisi cet endroit par hasard. A croire qu'il connaissait mes réactions à l'avance…ou bien qu'il me connaissait, tout simplement. Il était conscient qu'ici, je ne pouvais fuir.
Fallait-il encore que je me batte ? Oui…la réponse était évidente. Depuis que j'étais arrivée à Suncity, je n'avais cessé de ma battre, pour ne pas être piétinée par les autres. Même si a plusieurs reprises, je fus tentée de tout abandonner, et de fuir, je n'avais rien lâché pour autant. Mais ma résistance commençait à faiblir. J'étais fatiguée, lasse…voire ennuyée de cette vie.
Ce monde était-il sensé me changer…ou était-ce moi qui devait changer ce monde. Je n'en savais rien, du moins, pas pour le moment. La vie ici me semblait tellement étrangère…et lointaine. Il fut un temps ou je savais rire, pleurer, m'amuser ! Mais il y avait si longtemps…
Je me souvenais parfaitement de ma première année à l'école primaire. J'étais arrivée à Suncity quelques semaines auparavant. Cette année là fut une phase de transition. La première journée d'école, j'étais restée à l'écart des autres. Tous semblaient se connaître ! Moi, j'étais une étrangère, tout comme ici.
Pendant la récréation, des filles et des garçons un peu plus âgés étaient venus me voir. Je me fis racketter pour la première fois ! Ils me prirent les bonbons que j'avais, ainsi qu'une petite boîte rose en forme d'ourson, que ma mère m'avait acheté pour y ranger mes images. Cela me fit pleurer toute la journée !
Evidemment, ce n'étaient que des futilités, des choses sans grande importance. Mais à l'époque, je n'avais que six ans. Et pour une enfant de six ans, c'est dur ! Mais je n'avais pas encore affronté le plus dur.
Ce fut ma mère qui vint me chercher à la sortie de l'école. Déjà à ce moment là, j'aurais dû me douter que quelque chose n'allait pas. Ce ne fut qu'arrivé à la maison que je compris. Craig, qui, à l'époque, n'avait que seize ans, était rentré plus tôt que prévu. Je le découvris dans la salle de bain, en train de se passer de l'eau sur le visage, le nez en sang, et l'arcade sourcilière ouverte.
Je me rendis compte alors que rien ne serait plus jamais comme avant ! Craig m'avait prise dans ses bras. Ses jolis yeux bleus s'étaient embués…Il avait pleuré !
Je que ressentis à cet instant reste encore indescriptible. J'étais comme anéantie. Il avait choisi mon épaule pour déverser toute la souffrance qu'il ressentait. C'était plus que ce que je pouvais supporter. J'avais pleuré !
Je sentis mon cœur se serrer. Ces souvenirs étaient si pesants ! Je m'allongeais dans l'herbe de la plaine, savourant l'odeur sucrée des fleurs, la caresse de la brise sur mon visage, et le calme de la vallée. Sans m'en rendre compte, je m'assoupis.
Lorsque j'ouvris les yeux, le soleil commençait à disparaître à l'horizon. Seuls quelques rayons éclairaient encore la vallée. Le vent s'était levé, plus froid que l'après midi passé. Je frissonnais. La brise passait entre les mailles de mon pull.
Après m'être étirée, je me levais. Le ciel s'assombrissait de plus en plus. La nuit n'allait pas tarder à tomber. Et je n'avais toujours aucune idée de ce que je devais faire. Je ne pouvais faire demi-tour…pas à cette heure ci. Il fallait que je me trouve un abri, juste pour la nuit. Au cas où…Je pris mon sac, et me mis en route, essayant de trouver mon chemin dans la pénombre grandissante.
Il y avait un petit sentier, qui semblait longer le bord du lac. Je le suivis. Je n'avais fais à peine quelques pas, qu'un craquement sonore, qui résonna en plusieurs échos, vint troubler le silence de la vallée.
Je regardais aux alentours. Une silhouette se dessina non loin de moi. Mais j'avais du mal à voir de qui il s'agissait. La personne était plutôt grande…Peut-être était-ce Lupin qui prenait son rôle de préfet trop à cœur et qu était venu, une fois de plus, me dissuader d'aller plus loin ? Ou peut-être était-ce Rusard qui avait finalement découvert que je lui avais menti ?
Ou…ou peut-être avais-je totalement faux ? J'avais faux sur toute la ligne. Ce n'étais ni Lupin, ni Rusard…La silhouette s'était approchée, et je pouvais nettement la distinguer. C'était McGonagall.
Elle n'était plus qu'à deux mètres de moi lorsqu'elle s'arrêta. Elle me fixa un instant, comme pour s'assurer que je n'étais pas un mirage, puis, elle prit la parole. Je m'attendais à une série de punitions, à un sermon ou autres moralités…mais sûrement pas à ce qu'elle me dit.
-« Je crois qu'il est l'heure de rentrer, Miss DiMaggio ! » déclara t-elle calmement.
J'aurais pu protester, résister, fuir…Je me contentais d'acquiesçait d'un signe de tête. A l'évidence, je n'avais nul part où aller, et passer la nuit dehors au mois d'octobre ne me tentais guère. Une rare fois dans ma vie, je devais mettre ma fierté dans ma poche et suivre docilement le « troupeau ». Il y avait un début à tout…
Je m'avançais vers elle. Elle me souriait gentiment. Il n'y avait aucune trace de colère sur son visage, ce qui me laissait perplexe. McGonagall était réputée pour être un professeur sévère ! Et pourtant…
-« Veuillez vous tenir à moi. » me dit-elle en me tendant son bras, « Nous allons transplaner jusqu'à Poudlard. »
Je m'agrippais ferment à sa cape et tint mon sac de mon autre main. J'angoissais légèrement à l'idée de transplaner. Mais je n'avais pas envie de rentrer à pied. Il y avait plus d'une heure de marche.
Soudain, tout ce qui se trouvait autour de moi se mit à défiler. Les images ne devinrent qu'un mélange de couleurs, impossible à distinguer. Je fermais les yeux. Je sentais mon corps, compressé en tous sens…ma tête qui était sur le point d'éclater, puis…
Mes pieds heurtèrent le sol, et je tombais à genou sous le choc. J'ouvris les yeux. Un grand portail en fer forgé s'élevait devant moi. Nous étions devant les grilles de Poudlard. Je me relevais, à coté de la directrice des Gryffondors qui, elle, n'était pas tombée.
Les deux grilles s'ouvrirent, libérant ainsi le passage, sans que McGonagall ait eu le besoin de tourner la poignée. Elle s'engagea dans le petit sentier et je la suivis, sans dire un mot. Je trouvais son silence plutôt étrange. Peut-être était-ce Dumbledore qui allait me faire une leçon de morale ?
Ce ne fut que lorsque nous arrivâmes dans le hall du château qu'elle sembla retrouver l'usage de la parole.
-« Avez-vous faim, Miss DiMaggio ? » me demanda t-elle.
-« Non. » répondis-je simplement.
-« Bien. Dans ce cas, vous pouvez rejoindre immédiatement votre salle commune. Le couvre-feu est passé depuis un bon quart d'heure. » répliqua t-elle.
J'approuvais d'un signe de tête.
-« Passez une bonne nuit, Miss. » ajouta t-elle alors qu'elle se dirigeait vers la grande.
Je lui répondis par un inaudible « merci », puis je me dirigeais vers la tour. J'étais surprise de la tournure des choses. Je m'attendais à être punies, ou tout au moins grondée. Et là…rien !
Lorsque j'arrivais devant l'entrée de la tour, je fus confrontée à un problème qui me gâchait la vie depuis que j'étais arrivée ici. Je ne me souvenais plus du mot de passe ! Il était inutile de tenter une négociation avec cette stupide femme : elle était aussi bornée qu'un âne…Sans vouloir faire d'offenses aux ânes !
Je me résignais donc à m'asseoir sur les marches de l'escalier, espérant qu'un élève peu soucieux du règlement daigne rentrer rapidement. A vrai dire, le sol n'était pas très confortable, et je n'avais aucune envie de dormir dans ce couloir, pleins de courants d'air.
C'est alors que le bruit de pas, résonnant depuis l'étage inférieur, me retira de mes pensées. Je levais la tête et vis qu'un homme d'environ soixante-dix ans montait l'escalier. Il avait de long cheveux gris, parmi lesquels subsistaient encore quelques touffes de cheveux bruns et son visage était aussi abîmé que celui de Maugrey Fol-œil dans vingt ans.
Je pouvais distinguer deux petits yeux marron, dissimulés par d'épais sourcils grisonnant qui ressortaient étrangement sur sa peau matte. Il portait une longue cape noire, très usée dans le bas, qui couvrait le reste de ses vêtements. Un petit cliquetis suivait le rythme de ses pas. Il s'aidait d'une canne, taillée dans un bois sombre, et dont la poignée sculptée dans l'argent représentait un flocon de neige.
Il paraissait faible et fatigué. Et la façon chaotique dont il marchait et se mouvait ne faisait que renforcer cette impression. Il arriva en haut de l'escalier et s'arrêta en face de moi. Je le regardais, essayant de deviner ce qui allait se passer par la suite. Il restait neutre.
-« Pourquoi n'êtes-vous pas dans votre dortoir, Miss. » me demanda t-il à peine plus fort qu'un murmure.
Sa voix était grave et enrouée, comme s'il n'avait pas parlé depuis longtemps. Lorsqu'il avait prononcé ces mots, sa lèvres supérieure s'était légèrement retroussée, découvrant ses dents de devant, cassées et jaunies.
-« J'ai oublié le mot de passe de la tour. » répondis-je avec un air désolé.
Le coin de ses lèvres s'étira en un rictus qui devait être un sourire. Il n'y avait rien de moqueur dans ce sourire. C'était…de la compassion. Il me tendit une main décharnée, ridée, dont les longs ongles noirs les rendaient encore plus fines. Je pris sa main, sans un commentaire. Il me releva avec une force plus que surprenante pour un homme de cet âge.
Puis, il se dirigea vers le tableau qui barrait l'entrée de la tour, le bruit de sa canne résonnant dans le silence de la nuit. Je le suivais, me demandant qui il était et ce qu'il comptait faire. J'eus la réponse à une des deux questions la seconde suivante.
-« Veuillez m'excuser de vous déranger à une heure si tardive, Mrs, mais je souhaiterai régler un léger problème. » déclara t-il en s'adressant à la grosse femme du tableau.
Celle-ci ne semblait pas ennuyée, ni même agacée. Elle avait pris un air solennel. Pourquoi ? Je ne le savais pas encore !
-« Votre présence n'est que bienvenue. » répondit-elle poliment, « Que puis-je faire pour vous aider ? »
-« Voilà…Cette jeune fille qui se tient à mes cotés à…disons…quelques problèmes avec le mot de passe actuel. » dit-il en prenant soin de bien chercher ses mots, « J'aimerai donc, qu'à l'avenir, vous la laissiez passer sans le lui demander. »
-« Je n'y vois aucun inconvénients, professeur. » répondit-elle en prenant néanmoins une petite mou vexée.
-« Bien, je vous remercie. » termina t-il avec une petit signe de tête en guise de salutation.
Il se retourna vers moi et afficha de nouveau ce sourire bienveillant.
-« Votre petit problème est réglé maintenant. » me fit-il remarquer.
-« Oui…heu…merci, Mr. » bégayais-je.
Son sourire se fit un peu plus large, une trace d'amusement dans les yeux.
-« Bonne nuit, Miss DiMaggio. » dit-il.
Sans ajouter un mot, il tourna les talons et continua sa route de son pas claudiquant. Je le suivais des yeux, jusqu'à ce qu'il disparut à l'angle du couloir. Cet homme, dont j'ignorais l'identité, était assez étrange. Mais agréable aussi, et ce, malgré les apparences.
Je sortis de mes rêveries et me tournais pour faire face à la grosse dame. Elle arborait un air méprisant, voire dégoûté. Décidemment, elle n'avait toujours pas avalé ma remarque de la veille. Cela m'amusait…
Le tableau s'ouvrit et je puis enfin pénétrer dans la tour de Gryffondor. A mon grand étonnement, il ne restait que peu d'élèves dans la salle commune. Et, comme si le sort s'acharnait contre moi, les quatre maraudeurs comptaient parmi le peu d'élèves encore présents…Sans oublier une petite partie de leur fan club qui ne devait pas les lâcher d'une semelle.
La soirée s'annonçait...pathétique ! Mais là encore, je me trompais…
À suivre...