Disclaimers : Shin Kidousenki Gundam Wing, personnages et produits dérivés appartiennent à Sunrise, Bandai, Sotsu Agency et aux parties associées.
Genre : Yaoi, indéfini, oneshot ?
Rating : T
Couple : y en a pas pour le moment.
Résumé : Heero veut tester sa méthode. Non ce n'est pas un nawak.
Pour qui ? Pour ma tite M, c'est pour toi ! ¤gros câlins consolateur de fin de KKM¤ J'espère que ça te plaira.
Micis ! A tous ceux qui m'ont fait un coucou dernièrement, merci à ceux qui m'ont reviewée sans se loguer : Catirella, Sea ¤o¤, larm, didilove 37, mon tit hamster, aishanu soma, babou, rena. Et à mon padawan que j'ai pas eu le temps de remercier pour sa review sur soldats.
Petit mot à Tulag : je porte plainte contre toi XDXDXD
La Méthode Heero (Mission M.)
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Bureau de Heero Yuy et Duo Maxwell, 22h12, le 24 Février AC 201.
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Heero Yuy était attiré par Duo Maxwell.
Physiquement.
Il était assez grand sans être un géant. 1m78. La même taille que lui. Parfait.
Il était petit et assez maigre adolescent – tout comme lui, 1m56, 46 kilos -, mais en grandissant il était devenu mince. Il avait tout de même pris vingt-deux centimètres et vingt-quatre kilos de chair et de muscles saillants en six ans.
Duo Maxwell était un homme maintenant et cela changeait le regard de celui qui avait grandi en même temps que lui.
Il avait un corps bien fait, harmonieux, athlétique, à la douceur inattendue aussi. Un roc imparfait et blanc sans être pâle, avec ses brisures, ses cicatrices et ses faiblesses, la colonne vertébrale, par exemple, où il était excessivement chatouilleux.
A retenir.
Heero le savait pour l'avoir soigné à maintes reprises ces dernières années, quand un médecin leur faisait défaut et cela arrivait souvent, mine de rien.
Même en période de paix on ne trouvait pas forcément de docteur… quand on était en mission.
Etre Preventer avait l'avantage d'avoir une rémunération et d'être officiellement du bon côté, sinon cela revenait au même que d'être terroriste, à l'époque.
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Six ans qu'ils travaillaient ensemble, sur Terre, à Paris. Une pensait que « deux vétérans de guerre dans la même unité officiant chacun de leur côté était ridicule ».
« Perte de temps et d'énergie ». Leurs « compétences devaient se compléter et œuvrer pour le maintien de la paix ».
Winner et Barton ne s'étant jamais engagés et Chang travaillant déjà avec Po, ne restaient que deux anciens pilotes, Duo et lui.
Cela n'avait pas été facile au début, pour l'un comme pour l'autre. Ce n'était pas parce qu'ils avaient eu l'occasion d'être en mission tous les deux qu'ils avaient été binômes.
Tous les cinq étaient individualistes à la base.
Ce n'était pas parce qu'ils s'entendaient relativement bien qu'ils étaient d'accord sur les méthodes d'investigation à appliquer.
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Duo Maxwell n'aimait pas que l'on « marche sur ses plates-bandes », comme il le disait lui-même.
Et Heero ne supportait pas que « son » plan ne soit pas respecté. Avoir travaillé quelques fois ensemble et avoir sauvé la vie de l'autre n'empêchait pas les tensions et les empoignades. Même s'ils s'étaient appréciés. Même s'ils s'appréciaient encore.
Deux personnes au caractère bien trempé travaillant ensemble presque 7/7 jours cela donnait des étincelles. Duo Maxwell était quelqu'un de foncièrement gentil mais il pouvait être très borné.
Bon, Heero aussi, il le reconnaissait. Cela pouvait lui arriver.
Mais avec le temps et les années, ils avaient appris à accorder leurs violons, apprécier leurs méthodes de travail à leur juste valeur et avoir des rapports amicaux, même s'ils ne pouvaient pas vraiment se qualifier d'amis.
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Contrairement à ce que l'on pouvait penser, la proximité n'avait pas rendu Duo excessivement tactile vis-à-vis de lui.
Adolescent il le touchait beaucoup, envahissait un petit peu son espace vital – Heero reconnaissait qu'il n'en fallait pas beaucoup pour envahir son espace vital et que même très peu, c'était beaucoup pour lui -.
Avec les années et le stress inhérent à leur position, Duo ne l'avait presque pas touché – autrement que pour les empoignades - plusieurs années durant.
Quand ils eurent fini par se comprendre – quand Une les avait menacé de les renvoyer aussi -, ils mirent bon gré, mal gré, de l'eau dans leur vin.
Ils avaient grandi aussi.
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Cela faisait deux ans qu'ils s'entendaient bien mieux, deux ans que Heero regardait Duo autrement.
Quand les conflits et les missions ne parasitaient pas son jugement – oui Heero Yuy avait appris qu'il pouvait être parasité, ignorer à ce point son environnement ne pouvait être dû qu'à un cryptage de signal ou à de l'imbécillité chronique. Son orgueil lui faisait automatiquement choisir le cryptage. – il découvrit que Duo Maxwell avait des arguments esthétiques non négligeables.
Bon, il avait un corps bien fait et des yeux fascinants quand il se mettait en colère ou quand il défendait ses convictions. Ils s'assombrissaient, passant du bleu foncé à un bleu presque violacé et c'était joli comme un vortex.
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Bien sûr qu'il avait déjà vu Duo Maxwell se mettre en colère, trop de fois pour les compter, mais il était trop occupé à ne pas l'entendre pour le voir vraiment.
Pour parler franchement, quand quelqu'un vous saoulait, vous l'ignoriez et point, vous le réduisiez en bruit de fond à défaut de le mettre en pièce.
Alors il avait des circonstances, hein ? Il n'était pas stupide ?
Une petite voix lui disait que, peut-être qu'à l'époque, il n'était pas prêt à le voir « comme ça », tout simplement.
Quand Maxwell avait cessé de crier, Yuy avait cessé d'être parasité. Et même quand il avait recommencé à crier sur lui - beaucoup moins qu'avant -, c'était déjà trop tard : quoiqu'il puisse faire, Heero ne le serait plus jamais, parasité.
¤
Heero avait appris à à peu près quinze ans qu'il aimait bien Réléna, la première jeune fille à vouloir l'approcher malgré ce qu'il était et comme elle l'aimait aussi, cela tombait bien.
A seize ans, il avait appris qu'il aimait bien être embrassé par elle parce qu'il l'aimait bien et que ses lèvres étaient douces.
A dix-sept ans il avait quitté Réléna parce qu'il l'aimait bien, justement, et que c'était peut-être un problème. Le fait qu'il mettait sa vie en danger en sortant avec elle était secondaire.
A dix-neuf ans Heero avait appris qu'il aimait les garçons tout court et avec son coéquipier qui plus est.
Alors il avait fait des recherches pour être bien sûr, pour comprendre – n'était-il pas censé être hétérosexuel ? Peut-être était-ce dû au surmenage ou à une surexposition - et… expérimenter.
Heero ne faisait pas les choses à moitié.
Oh.
Que.
Non.
Heero était naturellement prudent, méfiant (voire paranoïaque) et réservé, ce qui ne l'empêchait pas d'expérimenter avec prudence, méfiance (voire paranoïa) et réserve, quitte à faire très peur, au début.
Mais petit à petit l'oiseau avait fait son nid et l'appétit était venu en mangeant.
Heero n'avait pas changé sa nature, mais il en avait découvert beaucoup plus sur lui-même et sur les autres.
Et à la fin de son « éducation sentimentale », il ne se sentait plus comme un oisillon trop tôt hors du nid.
Non, il se sentait oiseau de proie.
¤
¤
Il avait expérimenté longtemps comme ça – deux ans quand même –. Il avait même appris à flirter.
Aujourd'hui il était parfaitement sûr de ses préférences, ne confondait plus la curiosité affective (quelqu'un l'aimait malgré tout, c'était étrange et agréable quand même. C'était ce qui s'était produit avec Réléna, mais en y réfléchissant bien, cela aurait pu parfaitement se produire avec Maxwell. Après tout il avait été le premier garçon à avoir déclaré être son ami. C'était pour cela qu'il avait pris son temps.) avec ses envies, ses désirs.
Il était à présent certain qu'il aimait les hommes, de ce qu'il aimait faire ou non avec eux. Par exemple, il préférait les pubs aux boîtes même si danser ne le dérangeait pas autant qu'il l'aurait pensé… il avait appris à s'amuser.
Il savait ce qu'il aimait faire, niveau sexuel également.
Son corps de métier l'empêchait d'obtenir beaucoup plus que des rapports satisfaisant avec un civil sans le mettre en danger (et sans avoir auparavant épluché son casier judiciaire)
Il savait également ce qu'il recherchait moralement chez un partenaire : au cours de ses expériences, il avait pu constater une chose : il ne pouvait s'empêcher de comparer ses partenaires avec Duo. La proie était plus attrayante que l'ombre. Même s'il ne le connaissait pas vraiment « moralement » Duo, même si l'équation comportait une certaine inconnue, ce qu'il connaissait déjà il le voulait quand même.
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Au début bien sûr, c'était physique « il est plus mince, il est plus grand, je me demande comment est son…. »
Puis assez rapidement, c'était devenu « il n'aurait pas dit ça, il n'aurait pas pensé ça, je me demande si…. »
Et à rire avec son partenaire du moment en pensant à « la tête de Duo si »
Heero avait fait beaucoup de recherches, avait lu, était sorti autant que son travail le permettait, mais il n'avait vraiment eu que trois hommes.
Il pensait de plus en plus au baka, faisait de plus en plus abstraction de leur animosité passée, faisait de plus en plus attention à ce qu'il disait et à comment il le disait… pour apprendre à le connaître.
Il aimait bien travailler avec lui depuis « la trêve imposée », depuis que la trêve n'en était plus une, surtout. Il l'avait compris le jour où, pour la première fois en quatre années, ils avaient mangé un sandwich ensemble dans leur bureau. Aujourd'hui, soit deux ans après le premier sandwich, c'était naturel.
¤
Avant cela ils faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour limiter le temps qu'ils passaient dans la même pièce.
Aujourd'hui ils pouvaient même se retrouver à l'extérieur, mais jamais seuls, toujours avec un tiers, collègue ou ami.
C'était devenu agréable de passer même un court instant avec lui, de lui parler sans hurler ou l'ignorer, même si les sujets de conversation étaient somme toute sommaires.
Avant il n'y avait PAS de conversation.
Et de fil en aiguille, il avait eu de plus en plus envie de lui, tout simplement. De son corps, il le savait depuis ses dix-neuf ans. De sa tête ? C'était venu avec le temps…
Il y avait une mauvaise chose : comme ils travaillaient ensemble, la situation risquait de se compliquer, s'il ne jouait pas ses cartes correctement.
Il y avait une bonne chose : comme ils s'appréciaient sans être trop proches, il n'y avait pas le facteur « renoncer à notre amitié »
Et plus les mois passaient, plus il était attiré… il voulait en avoir le cœur net.
Cela faisait six mois qu'il y réfléchissait et il en avait assez de réfléchir.
Il voulait passer à l'action, mais comment ?
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Duo Maxwell plaisait dangereusement à Heero Yuy, dangereusement oui, parce qu'il ne savait presque rien de lui.
Et Heero Yuy n'aimait pas avancer sans plan, alors il en avait un, basé sur la curiosité et aussi… sur une part de risque.
Il avait des connaissances de terrain bien sûr, connaissait son physique, son caractère, sa manière de réagir face à certaines situations.
Il savait pourquoi il avait quitté son travail de ferrailleur – ennui profond – et il ne l'avait su que parce qu'il s'était une énième fois énervé, mais cette fois-ci, à cause d'un dossier qui n'avançait pas « mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter…, pourquoi j'ai quitté » etc, etc…
Il lui connaissait quelques ami(es) – ou petites amies , Hilde Schbeiker, Howard, Winner, Barton et même Chang, à sa grande surprise, cela ne lui ressemblait pas. A côté de cela, il ne connaissait pas vraiment Chang non plus.
Mais il ne connaissait pas Duo.
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Il n'avait aucune anecdote personnelle, masculine, sexuelle ou non, à se mettre sous la dent.
Ils n'avaient pas ce genre de conversation. Il fallait dire que lui non plus ne parlait pas de ça.
Il ne savait pas s'il avait quelqu'un dans la vie…
Ils allaient finir par en parler, c'était sûr.
Dès ce soir, d'ailleurs. Ils étaient de nocturne tous les deux. Et il était en retard, comme prévu.
Le vendredi il y avait énormément de circulation, le périphérique et les autoroutes étaient bouchées.
Et en plus c'était un jour de chassé-croisé de retours et de départs en vacances scolaires…
Le jour parfait. C'était tellement rare qu'ils soient de nocturnes ou des gardes un vendredi. C'était le privilège des lieutenants. Peut-être le seul appréciable.
Ils étaient de nocturne deux vendredis par an. Autant dire qu'il avait attendu longtemps parce que c'était le premier vendredi en huit mois. Et il fallait que ce soit ce vendredi là, avec les vacances scolaires, le surplus d'embouteillage pour couvrir les douceurs.
Pour se couvrir lui.
Il avait bien préparé sa mission, la « Mission Maxwell ».
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Plutôt que de s'appesantir sur ce qu'il ne savait pas de Duo, Heero avait décidé de se focaliser sur ce qu'il savait de lui. Alors il prit le pager qu'il ne quittait jamais et relu une dernière fois les notes qu'il y avait tapé :
¤
- Duo a un caractère de cochon.
- Duo n'aime pas qu'on lui parle pendant qu'il déjeune.
- Duo est de meilleure humeur après avoir mangé ses crousti-barres. (en prendre au distributeur, on peut lui parler quand il en mange)
- Duo est d'excellente humeur après avoir bu une bière. (lui en ramener une, un soir, vendredi idéal, plus détendu même si circulation)
- Duo n'aime pas parler de sa vie privée, lui tirer les vers du nez délicatement. (pas tout le même jour, il se poserait trop de question)
- Duo est au moins aussi méfiant et paranoïaque que lui.
- Duo n'aime pas qu'on lui mente. (poser les bonnes questions pour ne pas avoir à mentir dans la réponse)
- Duo aime que l'on aille droit au but.
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Finalement il n'en connaissait pas si peu que ça sur Duo.
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Il avait tout acheté bien sûr, il n'était pas rare qu'ils boivent un peu d'alcool les jours de nocturne. Oh, pas beaucoup, mais suffisamment pour se faire un peu de bien.
Ils restaient vigilants. Et puis Une n'était pas là.
C'était Duo qui lui en avait ramené la première fois. Au distributeur on lui avait donné deux bières au lieu d'une (distributeur privé, réservé aux gradés et au haut commandement.) alors il l'avait partagée avec son collègue.
Heero n'avait pas dit non au grand étonnement de son coéquipier. Et Duo avait haussé les épaules avant de faire un petit sourire.
Heero avait appris ce jour-là et à apprécier les nocturnes, et à apprécier une petite mousse de temps en temps.
Et s'il était en bonne compagnie…
¤
Il était en train d'observer ses notes quand des pas se firent entendre dans le couloir.
Il effaça les données de son pager (trop dangereux de conserver les données) et nota mentalement l'heure à laquelle son partenaire était arrivé :
22h30.
En uniforme beige et kaki – en harmonie totale avec les fournitures de leur bureau -, son ordinateur portable à la main, qu'il posa délicatement sur son plan de travail si semblable à celui de Heero.
Beige aussi.
Mais si différent à celui de Heero.
En bordel perpétuel, ou tout du moins en bordel savamment organisé, comme Duo l'appelait.
Et force Heero devait constater qu'il l'était, organisé, car s'il lui demandait quelque chose – stylo qui se noie sous les papiers, disquettes ou CD, dossier important – il ne lui fallait pas plus de cinq secondes pour le sortir, intacte.
Sans un regard pour lui et après avoir posé manteau et portable, Duo se tourna et s'apprêta à ressortir du bureau.
Avant même que Heero ne dise un mot, Duo, comme s'il avait anticipé ce que Heero dirait, lança, exaspéré :
¤
- Je sais, je suis en retard, embouteillages de merde.
- …
- Me prends pas la tête vieux, j'ai même pas eu le temps de bouffer, je vais au distri.
- Attends.
- Quoi ?
¤
Duo Maxwell était sur le point d'exploser.
¤
- J'ai pris tes crousti-barres et de la bière.
- Sérieux ?
¤
Duo se tourna vers son vis-à-vis.
Pour court-circuiter le pourquoi, Heero enchaîne rapidement :
¤
- On a du boulot, ça t'évite de ressortir, comme ça.
- Vrai. Je ressors si je veux au fait….
¤
Un haussement de sourcil, Duo était de mauvaise humeur… pour changer.
Et il avait des circonstances… pour changer.
¤
- Je peux manger les crousti au fait.
¤
Mais Heero avait plus d'un tour dans son sac, le spandex n'étant plus à la mode.
Il sort cinq crousti-barres du tiroir de son bureau, et la bière du mini frigo blanc, à sa gauche.
¤
- … mais c'est déjà sympa d'y avoir pensé, merci.
¤
Duo montait vite mais il redescendait vite et il en fallait très peu pour lui faire plaisir, Heero avait appris cela aussi.
Duo, le regard gourmand, approcha du bureau de Heero et tendit la main.
Heero en profita pour l'effleurer discrètement.
Il lui donna trois crousti-barres chocolat, amande et miel.
Duo avait la dent sucrée.
Heero avait appris à aimer les douceurs.
¤
- Et la bière ?
- Nan, plus tard, à la pause. Tu t'en es pris une, aussi ?
- Hn.
- On la partagera tout à l'heure.
- Hn.
¤
Heero ne put s'empêcher d'être un peu déçu.
Il avait un peu hâte de mettre son plan à exécution, en même temps qu'un peu d'appréhension, aussi.
Mais ils avaient un travail à accomplir aussi. Paperasse qui ne partirait pas toute seule.
Et puis, plus ils auraient travaillé et plus il serait tard, mieux ce serait…
Heero se noya dans ses rapports sans plus se préoccuper de son séduisant coéquipier.
Sans même manger son crousti alors qu'il entendait Duo dévorer les siens.
Une odeur de chocolat se répandit dans la pièce, ajoutant aux cliquetis des claviers et au croquant délicat de la friandise.
C'était agréable de travailler le vendredi soir.
Il était 02h35 du matin quand Duo étouffa un bâillement :
¤
- 'ro, t'as soif ?
¤
C'était la manière bien à lui qu'avait Maxwell de lui dire qu'il avait soif. Lorsqu'ils prenaient leurs sandwichs ensemble, à la pause, Duo lui disait toujours «'ro, t'as pas faim ».
Il aimait bien ce « 'ro ».
Il l'aimait beaucoup en fait, ce diminutif.
Il l'aimait d'autant plus qu'il n'était venu que très tard, il n'était pas là il y a encore quelques mois.
Heero avait pu écouter défiler les « Hil, Howy, Cat', Tro, 'Fei » et même, pour la taquiner, « Rel » pour Réléna, alors qu'il la connaissait à peine.
Il avait une petite place dans le cercle très fermé de Duo Maxwell et cette petite place était agréable.
Heero était content, il allait enfin pouvoir mettre son plan à exécution.
Mais il n'allait pas changer de comportement non plus, il ne fallait pas que Maxwell le soupçonne.
Tut-tut.
Il répondit, comme chaque fois que cette situation se produisait :
¤
- Non pas vraiment.
¤
Et Duo lui répondrait quelque chose comme : « mais si, tu as soif, d'ailleurs t'as l'air desséché. Passe-m'en une, que tu boives pas seul ».
¤
- Mais si, mais si, t'as soif, d'ailleurs t'as l'air desséché. Et passe-moi ma mienne que je dessèche pas aussi.
¤
Duo tendit la main sans même regarder Heero et Heero sourit ouvertement en ouvrant le frigidaire.
Il sorti les deux bières avant d'interpeller son collègue :
¤
- Attrape.
- Thanks.
¤
Heero régla l'alarme de sa montre sur 03h02 de manière à ce qu'ils reprennent leur travail comme convenu, après leur demi-heure de pause.
Puis il mangea un barre chocolatée.
Duo sauvegarda ses données, abaissa l'écran de son portable, fit pivoter son siège de bureau noir et attrapa la bière sans difficulté.
Puis il desserra sa cravate et déboutonna les deux premiers boutons de sa chemise.
Puis il passa la grande cannette sur son front en fermant les yeux.
Heero avait aussi des raisons « pratiques » pour lesquelles il aimait bien les nocturnes.
Duo ne faisait pas cela en pleine journée, avec son supérieur hiérarchique dans le bureau d'à côté et ses subordonnées directs au même étage.
Leurs subordonnés directs étaient rarement de nocturne en même temps qu'eux. Et Heero avait fait en sorte que ce ne soit pas le cas.
Il faisait très chaud dans la pièce, même si une fin de mois de février à Paris était en général un peu frisquette.
Puis Duo leva sa bière et dit, toujours les yeux fermés.
¤
- A la tienne, vieux.
¤
Duo rejeta la tête en arrière, ouvrit sa cannette et but une gorgée, murmurant son appréciation.
Ce n'était pas une tentative du séduction, les gestes étaient trop naturels, n'étaient absolument pas langoureux.
Non, pour être séduit il fallait déjà l'être.
Heero se voyait en train de regarder fixement la pomme d'Adam de Duo bouger doucement alors qu'il avalait.
Heero en avait vu d'autres, bien sûr, mais à l'heure actuelle il ne voulait pas voir, mais toucher, être.
Là il voulait être la bière.
Mais il en avait une à la main, il pouvait toujours imaginer que cette bière fraîche était Duo.
Que c'était lui qu'il avait en bouche et son odeur qu'il avait autour de lui.
Il se demandait si Duo avait le goût de son eau de Cologne, si c'était elle ou lui qui faisait qu'il aimait son odeur.
Il se demandait son goût à lui, sous la douche.
Heero ouvrit sa cannette sans fermer les yeux, il était bien trop occupé à dévorer des yeux son collègue.
Il but sa bière avec plaisir, rafraîchissant son corps devenu trop brûlant, ses propres yeux brûlant immédiatement les effets de la bière.
Mais il ne pouvait pas ne pas regarder.
Et il devait répondre au « à la tienne ».
¤
- Hn.
¤
Et il devait le faire comme d'habitude, pour ne pas être suspect.
A côté de cela, il avait envie d'être suspect.
Il avait envie que Duo le voit lui, tel qu'il était.
Qu'il voit ce qu'il éprouvait et que cela le fasse réagir.
Il ne voulait pas se contenter de savoir, il voulait lui faire de l'effet, il voulait l'attirer.
C'était bien joli de savoir à quoi s'en tenir, mais ça ne voulait pas dire que l'on s'en tiendrait là.
¤
- Ah une bonne bière, y a que ça de vrai. Trop bon.
- Hn.
¤
Duo but encore une gorgée et se gratta la nuque doucement.
Puis il se releva doucement, décoinça sa natte de sous ses fesses et la ramena sur une de ses épaules, en la caressant distraitement.
Il but une autre gorgée.
Il était détendu.
¤
- 'Ro t'as assuré.
- Hn.
¤
Heero prit une autre gorgée et il nierait de toutes ses forces que c'était pour se donner un peu de courage.
Il sauvegarda ses données et se remémora les notes de son pager.
Il attendit quelques minutes – que Duo ait fini sa bière, entre autres et il prenait son temps pour savourer- avant de lancer à la cantonade.
¤
- Duo ?
- Hm ?
¤
Etre clair, net, précis.
Aller droit au but.
¤
- Tu es gay ?
¤
Duo en recracha sa bière blonde. Heureusement qu'il avait baissé l'écran de son portable.
Toussa très fort.
Tomba de son siège, jambes en l'air, en parfait angle droit.
Un L inversé.
Fit tomber sa cannette.
Ouvrit les yeux.
Se redressa comme il put.
Glissa sur la cannette vide.
Se rattrapa au coin de son bureau à se faire mal à la paume de la main.
Rougit des efforts fournis.
¤
Il lança un regard de fou furieux à gauche et à droite.
Quelques mèches s'étaient échappées de sa natte.
Duo Maxwell ressemblait à un chat sur lequel on avait jeté de l'eau glacée.
Heero avait observé les effets de sa question avec un plaisir chirurgical, c'était tellement comique.
Il ne s'attendait pas à vouloir éclater de rire, mais alors pas du tout.
Cela allégeait une tension qu'il n'avait pas conscience de ressentir jusque-là.
Par contre celle de Duo allait augmenter, vu les bonds qu'il avait fait…
Heero but une gorgée de sa bière, le regard indifférent à la scène.
Il savait parfaitement que s'il riait il ferait tout rater.
Mais c'était difficile.
¤
- D'où ça sort ça ?
¤
Heero haussa les épaules et répéta le discours qu'il avait minutieusement préparé et effacé bien entendu.
¤
- En six ans je ne t'ai jamais vu avec une femme.
- Ah. Et ça t'a frappé là, maintenant, tout de suite ?
- Ça ne faisait pas encore six ans et six ans c'est long, surtout pour un homme. Et tu ne te plains jamais de tes nocturnes. Alors je me suis demandé.
¤
Duo se redressa avec toute la dignité dont il était capable et se rassit, les yeux sur Heero.
Des yeux un peu incrédules.
Tant mieux, le but de la manœuvre était qu'il soit incrédule plutôt que suspicieux.
¤
- Si,si, avant je me plaignais de toi.
- Hn.
- Et tu m'as jamais vu avec un gars non plus que je sache. Et toi non plus tu fais pas de réclamation.
¤
Heero but une autre gorgée de sa bière. Il s'attendait aussi à cette réponse.
Finalement il le connaissait bien mieux qu'il ne le pensait.
Vraiment mieux.
¤
- Vrai, mais c'est plus facile de ne pas te voir avec un homme justement.
¤
Duo haussa un sourcil avant de secouer la tête.
¤
- Attends. Je t'ai jamais vu avec une femme non plus, à part Rel et ça date. Tu dois plus savoir comment ça marche. Ça veut dire que t'es gay, ptet ?
¤
Duo avait eu un petit sourire ironique, destiné à le déstabiliser.
Et non, raté.
Heero finit sa bière, puis la jeta à la poubelle, donnant le coup de grâce.
¤
- Je suis gay.
¤
Grand moment de silence.
Heero s'y attendait.
Duo n'écarquillait pas les yeux de surprise ou de dégoût.
Heero ne s'y attendait pas.
¤
- Hein ?
- Deux.
¤
Duo ne le dévisageait pas.
Heero ne s'y attendait pas.
Duo le regardait normalement.
Duo ne disait rien.
Et cela, Heero ne l'attendait pas.
Et du coup, cela l'avait étonné.
¤
- T'es gay, toi ?
- Hn.
¤
Heero n'était pas déstabilisé, mais il aurait pu l'être.
Duo haussa un sourcil pour la énième fois.
Cette fois, il croisa les bras et une leur arriva dans son regard.
Une lueur qui pouvait tout gâcher.
La suspicion.
¤
- Et tu me dis ça comme ça ?
- Tu voulais que je te le dise comment ?
- Ben…
¤
La suspicion diminua un peu.
L'étonnement revient.
Heero en profita pour avancer ses pions.
¤
- Mais ça ne répond pas à ma question. Es-tu gay ?
- Euh pourquoi, t'es intéressé ?
¤
Sourire coquin de Duo.
Duo pouvait être, quand il le voulait et même quand il ne le voulait pas, être très prévisible.
¤
- Je connais quelqu'un qui l'est.
¤
Il ne mentait pas, il n'avait pas dit non.
Et il se connaissait bien maintenant.
¤
- Tu te fous de moi ? Tu t'emmerdes dans la vie, c'est ça ?
- Non. Je connais quelqu'un qui est intéressé par toi.
- Sérieux ?
- Pourquoi je mentirais ?
¤
Duo le dévisagea ouvertement et lui dit, froidement, toute ironie disparaissant de son visage.
¤
- A toi de me le dire. Ça sonne faux ce bordel.
¤
Heero ne le dévisagea pas en retour.
Il se contenta de le regarder comme il en avait l'habitude quand ils étaient en mission.
Comme quand il voulait lui ancrer quelque chose dans la tête.
Il haussa les épaules et répondit, mettant tout le sérieux dont il était capable.
Mettant ses sentiments, sans montrer que c'était les siens.
Il était le miroir de lui-même, réfléchissant ses propres pensées.
¤
- Quelqu'un est sérieusement intéressé par toi, Maxwell. Quelqu'un qui craignait ta réaction s'il te le disait.
¤
Heero aurait bien voulu mentir, là, mais il fallait le reconnaître. Heero ne s'embarrasserait pas à avoir un plan s'il n'avait pas peur de l'échec.
¤
- Alors tu poses la question à sa place Cyra… euh cuse ? Et pourquoi ?
¤
Les yeux bleus de Prusse s'ancrèrent dans les orbes indigo.
¤
- Parce que je n'ai pas peur de toi, Maxwell et que je n'ai rien à perdre, moi.
¤
Et ce n'était pas un mensonge non plus… tant que Heero ne se dévoilait pas, il n'avait aucune raison d'avoir peur.
¤
Duo était sincèrement étonné, si étonné qu'il en décroisa les bras et fit rouler sa chaise jusqu'à arriver près de Heero.
Heero, surpris par le mouvement, recula légèrement.
Il ne s'attendait pas à ça.
¤
- Pareil. Bon c'est qui alors ?
¤
Maxwell était curieux et Heero aimait ça, là.
Il aimait beaucoup sa curiosité presque enfantine.
¤
- Je ne peux pas te le dire si tu n'es pas gay, cela ne ferait que mettre cette personne mal à l'aise inutilement.
¤
Duo sembla réfléchir, étudia Heero pendant de longues secondes.
Heero avait l'air sincère et il l'était vraiment. Il ne pouvait pas se dévoiler comme ça non plus.
L'Américain répondit ironique :
¤
- C'est vrai, où avais-je la tête. C'est quelqu'un que je connais ?
¤
Heero fit un sourire énigmatique.
¤
- A voir.
¤
Duo posa la main sur le bureau, volant la dernière barre chocolatée que Heero avait laissé intouchée près de son ordinateur.
Il déchira l'emballage, visa la poubelle comme il le pouvait et mordit à pleines dents dans le chocolat devant un Heero luttant pour pouvoir garder de sa superbe.
Son estomac venait de gargouiller.
Duo lança, entre deux mâchouillements :
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- A trop raconter de conneries, tu bouffes pas. Et tu le connais d'où, toi, l'homme mystère ?
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Heero observait la pomme d'Adam de Duo, assit en face de lui.
Duo fermait les yeux en mangeant et avait du chocolat sur les lèvres.
Heero reprit, essayant de parler sans se trahir.
Il avait envie de gémir mais il savait parfaitement qu'il ne le pouvait pas.
Maxwell était séduisant et il ne le faisait pas exprès.
Maxwell n'avait pas changé d'attitude en le sachant gay.
Mais le croyait-il ?
Il s'humecta les lèvres.
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- Si je te le dis, tu sauras qui c'est. Et pour le moment il veut rester anonyme. D'ailleurs il le restera éternellement si tu n'es pas gay.
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Heero avait le cœur qui gargouillait et l'esprit qui frémissait.
L'estomac c'était une autre paire de manche.
Duo rouvrit les yeux, croquant un autre bout de chocolat, les yeux dans ceux de son coéquipier.
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- Ha-ha ! Donc c'est quelqu'un que je connais !
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Heero resta neutre, soutenant le regard pétillant de celui qu'il convoitait.
Oh, s'il savait…
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- A voir j'ai dit. Il t'intéresse, Duo ?
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Duo avala sa bouchée et replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
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- Je saurai qui c'est de toutes façons. Et j'en sais rien s'il m'intéresse ou pas, je sais pas de qui tu parles.
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Heero avança sa chaise de manière à ce qu'il touche presque celle de Duo.
Duo continua à grignoter avec gourmandise.
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- Si je ne te le dis pas, tu ne le sauras jamais.
- Je peux te faire suivre, mettre ta ligne sur écoute…
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Duo fit reculer sa chaise, observant Heero avec un sarcasme non feint.
Heero rapprocha sa chaise, regagnant l'espace perdu.
Il répondit :
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- Tu te compliques la vie. Et, au risque de me répéter, il veut rester anonyme si tu n'es pas gay.
- Mais même si j'étais gay, ça voudrait pas dire que je sortirais avec. C'est de la connerie tout ça.
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Duo marquait un point.
Heero le lui accorda volontiers.
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- Vrai. C'est pour cela qu'il veut que je te pose des questions pour en savoir plus sur tes goûts.
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Duo croqua un autre bout de chocolat et sembla réfléchir quelques secondes.
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- Putain, j'ai l'impression d'avoir quinze ans.
- A quinze ans on n'avait pas le temps pour ça.
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Heero marquait un point.
Duo le lui accorda bon gré, mal gré.
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- Hmph.
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Heero poursuivit, fasciné par le chocolat fondu.
¤
- Il veut en savoir plus sur tes goûts… qu'on aille dans les lieux qui t'intéressent que je puisse lui raconter.
- Attends, il veut que tu lui fasses un rapport ? 'l'est louche ce gars. Je peux te dire ce que j'aime et ce sera réglé.
¤
Heero secoua la tête doucement.
¤
- Non, il veut que je vive les choses que tu aimes.
- Wow à ce point ? Et il veut que tu me testes au pieu aussi ? Il veut que je t'essaie, voir si le fourreau me convient ? Jusqu'où t'es prêt à aller, hein, Heero ?
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Duo le provoquait, cherchant à comprendre, cherchant la vérité dans cette salle à la lumière tamisée, très tamisée vu l'heure avancée.
Il cherchait la vérité dans les yeux qui l'observaient, il voulait mettre fin à cette farce d'un goût très douteux, même pour lui.
Les yeux très bleus de Heero se firent intenses, plus intenses encore.
Une détermination matinée d'interdits.
Et Duo se vit incapable de cligner des yeux, ni de manger pendant quelques secondes.
Et si… et si c'était vrai ?
¤
- Jusqu'où, Duo ? Jusqu'au bout.
¤
Le regard était si intense que Duo en cassa sa barre de chocolat restante.
Il s'empressa d'enfourner un bout, histoire d'avoir quelque chose dans la bouche.
Pour éviter de rester gueule béante.
Heero n'avait pas dit ça, mais ce qu'il avait dit l'impliquait très fortement.
Et il le savait.
Bluffait-il ?
Il ne pouvait pas insinuer ça, non ?
Qu'il pouvait l'essayer ?
Il siffla longuement.
¤
- C'est qui ce type pour toi, un ex ?
¤
Un bruit de gorge se fit entendre.
Il provenait de Heero, on aurait dit qu'il toussotait.
Duo s'aperçut que ce bruissement était un rire.
Il l'avait vu sourire, mais jusqu'à présent jamais entendu rire.
C'était…
Inattendu mais pas moche à entendre.
Duo se dit qu'il avait bu trop de bière, qu'il avait trop sniffé de chocolat et que l'atterrissage forcé sur la moquette jaune pipi n'avait pas dû lui faire trop de bien.
¤
- Pourquoi, tu es jaloux ?
¤
Cela valait le « t'es intéressé » de Duo.
Mais Duo ne lui fit pas le plaisir de rougir.
Au contraire, il rit de bon cœur ?
¤
- Tu rêves. Nan, c'est ton copain fantôme qui m'intrigue. Il avait prévu quoi à part ça ? Ah ouais, que tu « vives ce que j'aime » ?
- Oui. Et il veut que tu le connaisses. Il veut que je t'emmène dans les endroits qu'il fréquente aussi, tu le connaîtras à travers moi.
- Wow. Il en « veut » des trucs.
¤
Duo faillit se mordre la langue en croquant un autre bout de chocolat.
Il avait eu soudainement une image saisissante de connexion… de connaître l'inconnu à travers Heero.
C'était…
Beaucoup trop d'émotions en une soirée.
Plus de montagnes russes qu'il n'en avait jamais monté de sa vie.
Il recula son siège.
Heero fit un petit sourire en regardant Duo. Oh, rien d'appuyé mais Duo continuait à reculer.
¤
- Il est déterminé.
- …
¤
Heero poursuivit la conversation comme il l'avait prévu :
¤
- Bref. Si mes impressions sont bonnes et que tu es intéressé, je lui dis et tu vois le reste avec lui. Vous êtes de grands garçons après tout.
¤
L'exaspération de Duo était à présent palpable.
La méfiance aussi était revenue, à présent que l'étonnement était passé.
¤
- Et si c'est pas bon, tu me dis pas qui c'est ? Tu m'as pris pour un blaireau ou quoi ? Je gagne quoi là-dedans ?
- Au pire ? Tu te trouves quelqu'un qui te plaît et on passe du bon temps ensemble en dehors du bureau.
¤
Duo recula jusqu'à se trouver contre le mur kaki, de son côté du bureau.
Heero avança jusqu'à se trouver contre le siège de l'Américain.
¤
- Mouais Heero, mon grand copain gay, si ça se savait…
- Je n'ai rien à cacher ceci dit je ne t'en ai pas parlé pour que tu en parles, ça ne regarde que moi.
- Oh calmos je disais ça comme ça. Je suis pas con à ce point, si ?
¤
Leurs jambes s'effleuraient.
Duo en oublia le morceau de chocolat.
¤
- Si tu l'étais à ce point, il ne t'aurait même pas laissé une chance.
- Il est si bien que ça ce gars ?
- Je n'en sais rien, je ne sors pas avec. Tu me diras, il paraît qu'on se ressemble.
- Oh, un psychopathe ? Super je le connais à travers toi mais c'est un peu toi qui est gay depuis dix minutes, oula j'ai mal au crâne.
¤
Heero eut un demi-sourire.
Oui quand il avait échafaudé ce plan, il avait pensé la même chose.
Mais il avait mis plusieurs mois à le mettre au point et il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin.
Enfin bon...
Il allait droit dans le mur et il le savait.
A présent il lui fallait briser ce mur sinon...
Il resterait de l'autre côté.
¤
- C'est à peu près ça.
- Au pire c'est toi, ok. Et au mieux ?
¤
Heero s'autorisa un soupir.
Duo se passa la langue sur les lèvres pour recueillir le chocolat précieux.
Heero ne s'autorisa pas un soupir, mais il autorisa sa pression sanguine à augmenter d'un cran.
¤
- Au mieux ça se passe bien et je te donne les coordonnées de celui qui s'intéresse à toi. Et après c'est vous qui voyez.
- Et t'y gagnes quoi, toi ?
- Moi ? Je lui rends service.
- Oh comme tu es... sympa...
- Il n'a jamais rien demandé à qui que ce soit alors j'essaie de lui obtenir ce qu'il veut.
- Et…
¤
Et c'était vrai.
Heero ne pouvait compter que sur lui-même.
¤
Bi-bip, bi-bip, bi-bip.
¤
Au même moment, Duo mit le dernier bout de chocolat dans sa bouche.
Une partie était à l'intérieur et l'autre était aux portes de ses lèvres, prête à glisser dans la chaleur humide et douce.
¤
- Qu'eche-quech… Qu'est-ce que…
- La pause est terminée, cela fait dix minutes que l'on parle et si tu veux en savoir plus il faudra être d'accord.
- Ouaich mais moich che… Ouais mais moi j'ai pas fini.
¤
Un regard catégorique.
¤
- J'ai suffisamment parlé de lui sans avoir ta réponse, je ne dirai rien de plus.
¤
Heero rapprocha son visage de celui de Duo sans le quitter des yeux.
Et avant que le dernier morceau pénètre entièrement la bouche de l'Américain, il enfonça délicatement ses dents dedans, donna un rapide coup de langue au passage, effleurant les lèvres entrouvertes.
Rapide.
Efficace.
Il avala le bout de chocolat, savourant le goût de Duo, le montrant seulement très légèrement à travers son regard.
Très légèrement.
De manière à ce que Duo croie, parce que les yeux ne mentaient pas.
Heero lui avait montré très clairement qu'il pouvait être attiré par un homme.
Il aurait pu commencer par agir, mais il avait fallu d'abord préparer le terrain, lui parler.
S'il l'avait touché tout de suite, il aurait pu avoir une réaction plus radicale.
Là il était simplement bouche bée.
Et curieux.
Là, Duo allait le croire à défaut de lui faire confiance.
Là ce n'était plus une histoire à dormir debout.
Là il avait attisé sa curiosité.
Et peut-être lui aussi ?
Le regard du châtain était indéchiffrable.
Indéchiffrable… et troublé.
Paradoxal ?
Duo, tout simplement.
C'était le moment de donner le coup de grâce.
A un cheveu de ses lèvres.
¤
- Es-tu gay, Duo ?
¤
Dis-moi, oui Duo…
Es-tu d'accord, Duo ?
¤
Un soupir.
¤
- Oui… je suis gay…
¤
Ok.
¤
Heero ne fit aucun sourire victorieux, à vrai dire il était soulagé.
Il fit rapidement reculer son siège jusqu'à son propre bureau et dit :
¤
- Bon on y arrive. Il faut qu'on se remette au travail. Quand t'es libre tu m'amènes ou tu veux.
¤
Duo secoua la tête, un peu sonné.
Puis décala sa chaise du mur pour se repositionner à son poste.
Il lui en fallait plus pour être déstabilisé, quand même.
Même si… ça faisait beaucoup en une soirée.
Il fallait qu'il y repense à tête reposée.
Ce n'était pas parce qu'il avait dit oui à Heero…
Ok, si, il allait le faire, parce qu'il n'avait qu'une parole, hélas.
Et Heero le savait.
Pour le moment, il avait une question existentielle…
¤
- Euh ouais, vite fait… juste un truc, tu peux me dire s'il est mignon au moins, que je galère pas pour rien ?
¤
Heero tapa frénétiquement sur son clavier, il s'était mis en mode travail.
¤
- Si ça peut te rassurer il n'est pas plus laid qu'un autre. Il plait assez.
- Youpi… ah ouais tu as dit qu'il te ressemblait c'est ça ? Et il te ressemble comment…
- Tu le verras bien assez tôt, la balle est dans ton camp.
- Ouais Heero, la balle… est dans mon camp. Sourire… étonné et énigmatique.
¤
Heero pouvait bien avoir à peine mangé, il en avait cure.
A présent il avait des petits papillons dans l'estomac aucunement dus à des ballonnements.
Il eut un sourire d'enfant que Maxwell ne vit pas.
Il lui tardait de lui montrer son vrai sourire. Il avait au moins une chance de le faire.
¤
Mission Maxwell phase I terminée.
Kanryou…
Mission Maxwell phase II ? Mieux connaître et qui sait ?
Ryoukai…
¤
¤
OWARI…
Bon, cette fic peut vivre toute seule sans suite… mais je sens qu'on va m'en demander une suite XD.
Tite M ? Tu veux une suite à ton 2x1x2 ? Tu le trouves assez déterminé Heero ? XD.
J'espère que ça vous aura plu !
A peluche,
Mithy ¤ pause pause puis reprend pause XD ¤