Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas etc…

Genre : OOC, UA, aventure, romance, fantastique

Couples : faut lire.

Oui… je sais… j'avais promis de ne plus écrire jusqu'à la fin de mes examens… mais j'ai pas résisté.

Bonne lecture !


Les Chevaliers Dragons : Livre III

Chapitre I : Mal-être

Un an et demi était passé depuis la disparition de Lady Une. Dès lors, une ère de paix et de prospérité s'était installée sur le Royaume. Les Hauts Seigneurs de Sanc avaient veillé au bien-être de leur peuple ainsi qu'à la reconstruction des villes et villages laissés à l'abandon après la vague de terreur qu'avaient engendrées les troupes de Treize. Les soldats royaux, sous les ordres du nouveau Comandant en chef Lucrézia Noin, avaient quadrillé la totalité du pays à la recherche des derniers dissidents. Beaucoup d'anciens hommes de mains de Lady Une avaient été retrouvé, jugé et exécuté. Le sentiment d'insécurité avait alors disparu au sein de la population laissant la place à une impression de douce euphorie.

Une seule chose semblait encore intriguer les habitants de Sanc ; l'absence du Seigneur Maxwell. Plusieurs rumeurs couraient de villes en villes à ce sujet. On le disait en voyage à l'étranger pour des négociations diplomatiques ou envoyé en mission par leur souverain. Certains soutenaient même qu'il s'était épris d'une jeune et belle princesse étrangère et qu'il parlementait afin d'obtenir sa main. Tous ignoraient l'exacte réalité et les rares personnes mises au secret avaient laissé les rumeurs se propager sans jamais en démentir aucune. La population n'avait qu'une seule certitude, leur roi attendait le retour du jeune chevalier pour fixer la date de son mariage, car il était d'usage que tous les Hauts Seigneurs soient présents à la cérémonie afin de montrer leur allégeance à la nouvelle souveraine.

En attendant le retour du jeune élu, les Terres Sud bénéficiaient de la protection de deux chevaliers-dragons ; les Seigneurs Yui et Barton. Les deux jeunes hommes se relayaient à Samarra et en assuraient la régence durant l'absence de leur ami.

Rien ne paraissait perturber les longues journées de ce beau mois d'août, sauf peut-être les nombreuses caravanes de marchandises qui faisaient route vers Hotan, la grande capitale du fief de l'ouest.


Hotan était connu par delà les frontières pour son grand marché qui, une fois par mois, regroupait à lui seul les produits les plus rares et les plus insolites. Il n'était donc pas surprenant depuis quelques jours de voir défiler dans la région, les commerçants les plus réputés du Royaume et parmi eux les Maganacs. Ce qui était toutefois plus inhabituel c'était le chevalier qui escortait le convoi ; le Haut Seigneur Chang en personne.

Wufei revenait d'un court séjour au sanctuaire de Nataku et avait croisé sur son chemin la caravane des Maganacs. Il avait eu la bonne surprise d'y trouver Rashid et lui avait proposé de poursuivre leur voyage ensemble.

« Que me vaut le plaisir de vous rencontrer hors de votre cité ? », interrogea l'homme du désert avec bonne humeur.

« J'avais quelques recherches à effectuer pour Quatre mais une missive de Mei Lan m'a fait écourter mon séjour. »

« Une mauvaise nouvelle ? »

« Non. Elle m'informait simplement du retour de Zechs. »

« Il était en formation auprès d'un ancien commandant des armées royales. »

« C'est exact. »

« Depuis combien de temps était-il absent ? »

« Plusieurs mois. », répondit le jeune homme. « Maître Hau et lui ont quitté Hotan dès les premiers jours d'automne. »

« Son retour est une excellente nouvelle. Je serai heureux de le revoir moi aussi. », poursuivit le chef des Maganacs en observant le représentant de Nataku.

Wufei acquiesça silencieusement sans montrer une quelconque trace d'anxiété. Rashid trouva cela étrange car il savait que Zechs et lui étaient liés. Il l'aurait cru plus empressé. Puis il se rappela à qui il avait affaire. Wufei était loin d'être quelqu'un de démonstratif, surtout en public. Il aurait dû s'en souvenir. Rashid laissa l'héritier du clan Chang à sa réflexion silencieuse sans plus l'interroger à ce sujet.

Pendant ce temps, et contrairement aux apparences, le jeune élu bouillonnait littéralement d'impatience. Il aurait donné n'importe quoi pour franchir au plus vite la distance qui le séparait encore de sa cité et revoir enfin son compagnon.


Leur vie commune avait malheureusement été courte et semée d'embûches. Les premiers temps, Zechs avait essayé de faire bonne figure afin de rassurer son entourage. Mais malgré toute sa bonne volonté et la présence de Wufei à ses côtés, il avait peu à peu perdu toute joie de vivre. Il s'était senti inutile et totalement perdu face à sa cécité. Au bout de plusieurs mois, même le babillage incessant de Chun, le fils de Mei Lan, n'avait plus réussi à lui soutirer le moindre sourire. Le jeune chevalier avait tenté en vain de l'aider, allant jusqu'à penser qu'ils avaient peut-être fait une erreur en quittant la capitale. C'était déjà difficile pour Zechs d'accepter de vivre avec son handicape mais en plus il s'était retrouvé dans un environnement étranger, loin de l'endroit qu'il considérait comme son foyer.

Au plus dure de la crise, Wufei avait hésité à lui proposer de retourner sur les terres de Quatre. Mais il avait craint que ses paroles soient mal interprétées et que le soldat en déduise qu'il ne voulait plus de lui à ses côtés. L'héritier du Clan Chang avait fini par parler de ses doutes à Mei Lan. La jeune prêtresse l'avait écouté sans le juger, comprenant et partageant ses inquiétudes. Elle lui avait alors suggéré d'attendre encore un peu avant d'en parler à Zechs, espérant qu'une solution leurs viendrait à l'esprit. Le jeune chevalier avait accepté sans rechigner car malgré les moments difficiles qu'ils traversaient, il ne souhaitait pas voir son amant s'en aller loin de lui.

Au bout d'une semaine, la réponse à ses questions vint elle-même frapper à sa porte.

Wufei se souvenait très bien de cette après-midi là. Zechs était installé dans les jardins du palais tandis que le jeune seigneur essayait désespérément de se concentrer sur les différents projets d'aménagement des rizières que ses conseillers lui avaient soumis. Il était à peine trois heures lorsqu'un des serviteurs vint l'informer qu'un voyageur demandait audience. N'arrivant de toute évidence pas à focaliser son attention sur les nombreux papiers qui jonchaient sa table de travail, Wufei accepta de bonne grâce cette interruption. Quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'il vit apparaître son ancien professeur de combat, Maître Hau.

Dépassant largement le mètre quatre-vingt-dix, cet ancien officier de l'armée royale possédait une carrure impressionnante de par ses épaules larges et ses muscles sculptés comme dans de la roche. Un crâne complètement rasé, une mâchoire carrée et des yeux noirs qui pouvaient à eux seuls vous transpercer de part en part, renforçaient cette image inébranlable que dégageait Maître Hau. Pendant plus de vingt ans, il avait bataillé auprès de l'ancien souverain comme Commandant en chef des armées royales (1). Grâce à sa force et à son esprit tactique hors du commun, jamais les troupes de Sanc n'essuyèrent de défaites. Encore à ce jour, ses exploits étaient parmi les plus racontés à travers le pays.

Après cette longue période de guerres, il avait toutefois renoncé à son commandement pour se consacrer à la formation de jeune prodige. L'héritier du Clan Chang avait été le dernier garçon à avoir profité de son enseignement. C'est en grande partie grâce à lui que Wufei était devenu l'homme que tous respectaient aujourd'hui.

« Je suis très heureux de vous revoir Maître Hau. », dit le chevalier en saluant respectueusement son ancien mentor.

« Moi aussi Wufei. Cela faisait bien longtemps que nous ne nous étions pas vu. », répondit l'ancien guerrier. « Comment va mon élève préféré ? »

« Je vais bien, je vous remercie de votre sollicitude. »

Les deux hommes prirent place dans les fauteuils de bois sombre qui meublaient le bureau de Wufei et se firent servir du thé tout en poursuivant leur conversation. Petit à petit, le ton de leur entretien devint plus sérieux et Maître Hau se mit à aborder un sujet plus épineux.

« J'ai appris que l'ancien Commandant des armées royales avaient pris ses quartiers ici. »

« C'est exact. Suite à sa capture par Lady Une et aux sévices qu'elle lui a infligé, il a dû renoncer à son poste. »

« Et comment assume-t-il ce changement ? »

Wufei sembla hésiter à aborder ce sujet. Il avait toute confiance en son ancien mentor mais il s'agissait d'une partie de sa vie qu'il souhaitait protéger. Le guerrier sentit l'incertitude de son ancien élève et décida de prendre les devants.

« Tu peux parler librement avec moi. », poursuivit Maître Hau. « Ton… attirance pour lui est presque aussi ancienne que ton entraînement à mes côtés. »

« Nous n'avions pas ce genre de… »

L'homme de guerre fit un geste de la main pour l'interrompre.

« Tu étais juste trop jeune pour t'en rendre compte. Ce que tu pensais être du respect ou de l'admiration a pris une toute autre dimension lorsque tu as atteint l'âge adulte. Crois en un vieux sage. », plaisanta Maître Hau avant de reprendre son sérieux. « Il n'arrive pas à faire le deuil de son ancienne vie, n'est-ce pas ? »

Le jeune seigneur acquiesça.

« Je pourrais peut-être lui venir en aide. Me permettrais-tu de m'entretenir avec lui ? »

« Bien sûr. Ma maison est la vôtre. »

« Je te remercie. », répondit Maître Hau en se relevant.

Le palais réservé au Seigneur de l'Ouest et à son entourage, était en fait une multitude de bâtiments inspirés de l'architecture asiatique. Un grand mur d'enceinte protégeait la propriété seigneuriale du reste d'Hotan, ne laissant à la vue des habitants que la teinte rouge des tuiles de terre cuite qui décoraient les toits des différents pavillons. Parmi toutes ses bâtisses, une seule constituait en réalité la demeure de Wufei. Placée au centre de cette « ville dans la ville », elle était la seule à posséder un jardin intérieur afin de fournir une oasis de repos ainsi qu'une intimité parfaite au chevalier-dragon.

Toute les essences les plus rares d'arbres et de fleurs en décoraient les moindres recoins. L'atmosphère y était des plus reposante en ce début d'automne. Les feuilles des arbres centenaires s'étaient parées de couleurs chatoyantes et l'air encore chaud pour la saison transportait le parfum enivrant des plantes exotiques.

Wufei et Maître Hau trouvèrent Zechs assis sous l'avant-toi de la demeure familiale. Pour toutes personnes ignorant son handicape, le soldat aurait pu paraître perdu dans la contemplation de végétation environnante mais pour son compagnon, l'inactivité de Zechs prouvait malheureusement qu'il ressassait encore de sombres pensées.

Le blond perçut rapidement les pas des deux hommes sur le parquet de bois. Lorsque ces derniers furent à sa hauteur, Wufei lui présenta son ancien professeur. Tout d'abord surpris, Zechs ne put cacher une expression de curiosité bien légitime. Le chevalier de Nataku connaissait suffisamment son amant pour savoir que le simple nom de Maître Hau titillerait son intérêt. Il fut heureux de constater qu'il avait raison et que Zechs n'avait pas tout à fait perdu de son entrain.

Après un début de conversation assez banal, Maître Hau demanda à s'entretenir en privé avec le soldat. Wufei les laissa donc en tête à tête, espérant que son ancien professeur réussirait là où lui avait échoué. Les deux hommes discutèrent jusqu'à la tombée de la nuit et lorsque leur discussion prit fin, l'homme de guerre retourna voir son ancien élève.

« Je suis désolé de t'avoir fait attendre. »

« Il n'y a aucun mal. », lui assura Wufei. « Aurai-je le plaisir de profiter de votre présence pendant quelques jours ? »

« Malheureusement non. Il me faut repartir. », répondit Maître Hau. « D'ailleurs je dois te parler à ce sujet. »

L'élu de Nataku acquiesça en silence bien qu'une pensée soit déjà entrain de se former dans son esprit.

« J'ai proposé à Zechs de m'accompagner. »

« Qu'a-t-il répondu ? »

« Il a accepté. »

Wufei acquiesça une nouvelle fois.

« J'ai d'ailleurs été surpris d'apprendre que tu lui avais déjà parlé de cette possibilité. »

« Pas tout à fait. Je lui ai juste expliqué qu'il existait un homme qui pourrait peut-être l'aider à travailler ses dons pour le combat afin de palier à sa cécité. Mais je savais aussi que vous ne preniez que ceux que vous jugiez digne de votre enseignement. »

« C'est exact. Je n'avais d'ailleurs pas l'intention de former un nouvel élève. »

« Alors pourquoi le lui avoir proposé ? »

« Il est doué. », expliqua Maître Hau. « Son potentiel est impressionnant et sa volonté de vivre, bien que chancelante, est non moins présente et transparaît dans ses paroles. Je comprends pourquoi notre souverain l'avait nommé comme son bras droit. »

« C'est quelqu'un d'exceptionnel. J'espère que vous saurez l'aider. »

« Je ne peux que lui offrir mon expérience. Il n'y a que lui qui puisse combattre son mal-être et ainsi vaincre ses démons. »

« J'ai confiance en lui. Il saura faire face. »

« J'espère que tu es dans le vrai. Sinon cet entraînement le brisera complètement. », répondit Maître Hau avant de se lever et de prendre congé.

« J'aurais encore une question à vous poser si vous le permettez. »

« Quelle est-elle ? »

« Qui vous a parlé de Zechs ? »

Maître Hau accepta de bonne grâce d'y répondre.

« C'est Mei Lan. »

Face à cette réponse, un léger sourire apparut sur les traits du chevalier.

« Je m'en doutais. »

Wufei raccompagna son ancien Maître jusqu'à l'entrée de sa demeure, où il eut la surprise de voir Zechs prêt au départ, un simple sac de voyage posé sur ses épaules et un grand bâton de bois dans sa main droite.

Wufei s'approcha de son amant, un peu indécis quant à l'attitude qu'il devait adopter. D'un côté, il ne souhaitait pas voir Zechs le quitter mais de l'autre, il savait que cette séparation serait peut-être la seule chose qui lui redonnerait l'envie de se battre.

« Je suis désolé de partir ainsi. », dit le soldat en sentant le malaise qui habitait Wufei.

« Ne le sois pas. Je peux comprendre tes raisons. »

Ils restèrent en face l'un de l'autre pendant quelques minutes avant que Zechs ne fasse mine de s'en aller. Mais la main de Wufei sur son manteau de voyage l'en empêcha.

« Fais attention. », murmura-t-il. « Maître Hau est loin d'être homme à ménager ses élèves. »

« Je ne te décevrai pas. », dit gravement le soldat.

Wufei, tout d'abord surpris par cette phrase, ne put empêcher une vague de colère de l'envahir. Pour se calmer, il inspira profondément avant de resserrer ses doigts sur l'étoffe du vêtement de son compagnon. Lentement, il se rapprocha de Zechs et c'est en détachant chaque mot qu'il lui répondit.

« Ecoute-moi bien. Je peux accepter le fait que tu aies besoin de temps pour te reconstruire, je peux accepter que tu sois obligé de me quitter pour le faire mais jamais, tu m'entends, JAMAIS tu ne me décevras. », gronda Wufei. « Mets-toi bien ça dans la tête ! »

Zechs posa sa main sur celle de son compagnon et acquiesça doucement. Les deux hommes restèrent ainsi quelques secondes avant que le soldat ne brise le contact et ne se détourne pour rejoindre Maître Hau.

Dès lors, les mois s'écoulèrent paisiblement. Le jeune chevalier n'avait eu aucune nouvelle de Zechs. Bien qu'un peu inquiet, cela ne l'étonna pas outre mesure. Il connaissait bien son ancien mentor et savait qu'il ne souffrait aucune ingérence dans les entraînements qu'il dispensait.

Pendant que son compagnon réapprenait à vivre, Wufei reprit peu à peu ses marques en tant que Seigneur de l'Ouest. Son peuple n'avait heureusement pas souffert de ses longues absences et cela grâce à Mei Lan. La jeune femme avait su l'épauler d'une main de maître sans jamais montrer la moindre faiblesse face au lourd fardeau qu'il lui avait laissé. Parmi toutes les nobles de la cour, elle était la seule personne à posséder l'entière confiance de Wufei. Mais il n'y avait rien d'étonnant à cela car ils avaient grandi ensemble, lui en tant qu'héritier du puissant Clan Chang et elle comme aspirante à la fonction de prêtresse du dieu dragon.

Wufei se souvenait parfaitement de leur première rencontre…


Les parents de Mei Lan avaient été assassiné par les hommes de Treize. Orpheline à l'âge de six ans, elle avait survécu grâce à la bienveillance d'une vieille femme de son village qui l'avait présentée à l'ancienne prêtresse de Nataku ; la grand-mère de Wufei. La représentante du dieu avait accepté de la prendre sous son aile et de la former aux cérémoniales et aux devoirs qui incombaient aux serviteurs du dragon, tout comme une dizaine d'autres aspirants.

C'est lors d'une visite à sa grand-mère que l'héritier du Clan Chang aperçut pour la première Mei Lan. La fillette tentait vainement de porter une vasque presque aussi grande qu'elle. Mais le poids de la céramique ainsi que sa fragile constitution la faisait chancelée dangereusement et malgré sa détermination la fillette finit par se prendre les pieds dans le bas de sa robe. Si Wufei ne l'avait pas rattrapée, elle se serait affalée sur le sol à l'instar de la coupe qu'elle transportait et qui s'était brisée en milliers d'éclats.

« Tu devrais faire plus attention. », dit le futur Seigneur de l'Ouest sur un ton inhabituellement sérieux pour son âge.

La jeune enfant releva sa tête et scruta son « sauveur » de ses iris noirs. Elle fut surprise de voir devant elle un garçon d'environ huit ans, vêtu d'un pantalon et d'une tunique d'un rouge sombre. De petits dragons avaient été brodés au fil d'or sur ses manches ainsi que sur son col Mao. Il avait les cheveux aussi sombre que les siens et peut-être aussi long mais elle ne pouvait pas en être sûr car ils étaient attachés en une petite queue de cheval.

Elle était si concentrée à le dévisagée qu'elle ne remarqua pas l'air un peu décontenancé qu'affichait Wufei devant l'expression béate qu'offrait la fillette. Le jeune garçon finit par hausser un sourcil avant de se détourner pour poursuivre son chemin. Il en fut toutefois empêché par une menotte agrippée à la manche de son vêtement.

« Attends ! », s'exclama Mei Lan d'une petite voix.

« Que veux-tu ? »

La fillette sembla hésiter à poser la question et continua d'observer le jeune garçon.

« Si tu n'as rien à me dire, je vais m'en aller. »

« Je… je voudrais savoir si… si tu es mon grand frère ? »

« Ton grand frère ? En voilà une drôle de question. Nous ne nous connaissons pas, comment pourrais-je être ton grand frère ! », répondit-il un peu froidement.

Dès que ces mots furent prononcés, les yeux de la fillette s'emplir de larmes.

Quelque peu gêné par cette réaction, Wufei la scruta sans réagir. Il ne comprenait pas ce que voulait cette fillette avec ses questions bizarres.

Deux larmes s'échappèrent et vinrent glisser sur les joues rondes de Mei Lan. Devant un tel spectacle Wufei soupira, tout comme son père faisait lorsque quelque chose le perturbait, et finit par s'agenouiller pour se mettre à la même hauteur que la fillette.

« Pourquoi me demandes-tu si je suis ton frère ? », interrogea-t-il en essuyant à l'aide de sa manche, les quelques larmes qui barbouillaient le visage de la jeune enfant.

« Parce que maman m'a dit un jour que si j'étais sage, peut-être que j'aurais un frère avec qui jouer et que quand il sera grand, il me protègera. », répondit la gamine en reniflant. « Tu es grand et tu m'as protégé… donc tu peux être mon frère. »

Wufei resta muet devant le raisonnement enfantin de la fillette.

« Et pis… tu as les même cheveux que moi. », poursuivit-elle en attrapant l'une des mèches noires qui s'échappaient du cordon de cuire. « Dis ?… tu veux pas être mon grand frère ? Je suis toute seule ici. Les autres enfants ne veulent pas jouer avec moi. »

« Ils te maltraitent ? », s'inquiéta le garçon.

« Non mais ils ne veulent pas être mes amis parce que je suis trop petite. », répondit Mei Lan en reniflant une nouvelle fois. « Et pis… ma maman et mon papa me manquent. Je voudrais qu'ils soient là. Mais c'est pas possible parce qu'ils sont partis au ciel. »

Les lèvres de la fillette se mirent à trembler et les sanglots redoublèrent. Wufei ne sut pas vraiment pourquoi mais la détresse de Mei Lan le toucha.

« D'accord. »

La fillette releva son regard embué de larmes vers Wufei.

« Je serais ton grand frère. »

« C'est vrai ? »

« Oui. »

Un merveilleux sourire naquit sur le visage de la fillette.

Dès lors, les deux enfants se côtoyèrent régulièrement. Au fur et à mesure des années qui passèrent, leur lien d'amitié se renforça et se transforma en un sentiment identique à celui qui unit en général les membres d'une même famille.

Wufei apprit l'art de la guerre et Mei Lan fut initiée au culte de Nataku.

Ils restèrent unis, dans les bons moments… comme dans les mauvais.

Lors du massacre du Clan Chang, la jeune femme fut la seule survivante. Suite à cette tragédie, la présence de Mei Lan à ses côtés empêcha Wufei de sombrer dans la folie que la douleur avait fait naître en lui. Ils eurent tous les deux besoin de beaucoup de temps pour se remettre de cette épreuve. La jeune femme trouva un certain équilibre auprès de l'homme qui devint par la suite son époux, tandis que Wufei retrouva Zechs et ses compagnons.

Mais le destin était cruel.

Lors de leur affrontement contre Treize, le mari de Mei Lan fut tué, la laissant à nouveau seule.

Wufei se souvenait parfaitement de cette journée où il avait dû lui annoncer que l'une des seules personnes qu'elle chérissait venait de trouver la mort. La prêtresse avait d'abord nié violement cette vérité, criant, pleurant et frappant de ses poings le torse du chevalier. Elle voulait savoir pourquoi on lui avait enlevé l'homme qu'elle aimait ? Elle qui avait donné tellement à Nataku, pourquoi n'avait-il pas protégé son époux ?

A bout de force, elle avait fini par s'évanouir et sa frêle silhouette avait glissé sur le sol, sa robe rouge l'entourant telle une corolle de sang. Wufei fit venir immédiatement un médecin au chevet de la jeune femme. Mei Lan délira plusieurs jours sous les affres d'une violente fièvre. A son réveil, ce qu'elle espérait n'être qu'un cauchemar vint à nouveau la frapper de plein fouet. Mais un espoir fit renaître sa foi dans l'avenir lorsque le médecin, qui l'avait veillée, lui apprit qu'elle était enceinte. Elle se mit à chérir ardemment ce dernier souvenir qui la liait à son amour et finit par donner naissance à un merveilleux petit garçon.

Ce ne fut que quelques années plus tard que Wufei proposa à Mei Lan d'adopter son fils afin d'en faire son héritier. Au début, il avait quelque peu craint sa réaction. Il ne voulait pas qu'elle se sente obligée d'accéder à sa requête. Mais ça n'avait pas été le cas, bien au contraire. La prêtresse prit cela comme un grand honneur et accepta sans hésiter.

Dès lors le petit Chun, que Wufei considérait depuis sa naissance comme son propre fils, le devint officiellement.


Depuis cette époque, Chun avait bien grandi et il demeurait avec Mei Lan, Zechs et ses frères d'armes l'une des rares choses qui embellissaient la vie de Wufei.

C'est la tête emplie de tous ces souvenirs que le Haut Seigneur passa les portes de la cité de Hotan… tout compte fait le voyage s'était révélé plus rapide que prévu.

Lorsque qu'il pénétra dans sa demeure, le jeune chevalier se rendit immédiatement dans les jardins. Il espérait y trouver Zechs sachant que cet endroit était son lieu favori parmi tous les possibilités qu'offraient le palais seigneurial. Arrivé sous l'avant-toi qui délimitait la demeure familiale des jardins, Wufei se figea.

Debout au centre de la végétation, se tenait son amant. Sous la lumière déclinante de cette journée d'août, l'ancien Commandant des armées de Sanc était en plein entraînement. Armé d'un long bâton de la taille d'un adulte, le soldat effectuait des mouvements vifs, puissants et réguliers. Ce simple bout de bois qui, dans les mains d'un autre n'aurait présenté aucun intérêt, s'était transformé en une parfaite arme de combat.

Vêtu entièrement de noir, le soldat avait attaché ses longs cheveux blonds pour ne pas être gêné. Ils avaient un peu poussé depuis son départ de Hotan et lui arrivaient à présent jusqu'au bas du dos. Les yeux de Zechs étaient clos et son expression respirait le calme et la concentration. Cela faisait longtemps que Wufei ne l'avait vu avec une telle aura de paix.

C'est à ce moment précis que le soldat stoppa ses mouvements. Malgré son occupation, il semblait avoir perçu la présence du chevalier. Un sourire naquit sur le visage du blond. Mais contrairement à ce que Wufei aurait pu croire, Zechs ne se dirigea pas dans sa direction mais vers un arbre où était posé un bâton identique à celui qu'il utilisait pour s'entraîner.

Zechs s'en saisit et se retourna à nouveau vers Wufei. Avant que ce dernier ne puisse prononcer une seule parole, le soldat lui lança l'un des bâtons, puis il se mit en position de combat. Le chevalier rattrapa l'arme avec souplesse s'attendant plutôt à quelques paroles chaleureuses plutôt qu'à une confrontation.

Un peu amusé par cette étrange tradition qu'ils entretenaient, l'élu de Nataku releva le défi.

Il s'approcha de Zechs et se mit à son tour en position. Dès qu'il fut prêt, le soldat attaqua les hostilités en frappant son compagnon sans aucune hésitation. Ses coups étaient extrêmement puissants et d'une précision effarante pour quelqu'un qui ne possédait plus la capacité de voir. Pendant les premières minutes, l'élu de Nataku ne fit que parer les attaques du blond, juste pour s'assurer que son ami maîtrisait effectivement la situation et qu'il ne risquait pas de le blesser en prenant entièrement part au combat. Puis, Wufei se mit petit à petit à contre-attaquer. Ses offensives furent d'abord rares et sans réelle violence mais face à la force employée par le soldat, l'héritier du Clan Chang finit par comprendre qu'en face de lui se tenait un guerrier à part entière.

Une sorte d'euphorie gagna doucement le chevalier. Il retrouvait enfin les sensations que leurs anciens affrontements avaient toujours fait naître en lui ; la montée d'adrénaline et l'excitation.

Wufei finit par ne plus retenir ses coups.

Leurs armes s'entrechoquèrent avec force et ils purent sentir le bois vibrer sous leurs doigts. Les mouvements se firent de plus en plus vifs et leurs attaques de plus en plus violentes. Ils perdirent toute notion de l'environnement qui les entourait, ils n'étaient concentrés que sur une seule chose : leur combat.

A un certain moment, leurs bâtons se croisèrent et les deux hommes se retrouvèrent face à face. Ils étaient si près l'un de l'autre que le jeune chevalier pouvait sentir le souffle rapide de son amant caresser sa peau. Lentement, il releva légèrement son regard vers le visage de Zechs. Ce dernier affichait un sourire rayonnant autant dû à leur combat qu'au plaisir de sentir à nouveau la présence de Wufei près de lui.

Les visages finirent par se rapprocher petit à petit, tandis que le sourire de l'ancien Commandant disparaissait doucement pour laisser la place à une expression plus sérieuse. Leurs lèvres se frôlèrent et Wufei ressentit une décharge électrique remonter le long de sa colonne vertébrale. Son désir pour Zechs se réveilla à ce contact et le submergea totalement. Sa bouche s'entrouvrit et sa langue vint caresser avec un mélange d'empressement et de supplication les lèvres offertes du blond. Ce dernier ne se fit pas prier bien longtemps pour répondre à cette implicite requête. Une fièvre finit par envahir leurs corps tandis que leur baiser se faisait plus affamé.

Wufei était sur le point de lâcher son arme afin franchir les quelques centimètres qui le séparaient encore du corps chaud de son amant, lorsqu'il se fit brutalement repousser par Zechs. Le chevalier fit quelques pas en arrière pour conserver son équilibre avant de fixer le soldat sans comprendre sa réaction.

« Mais qu'est-ce que… », commença-t-il avant d'être interrompu par l'un de ses serviteurs qui vint le prévenir qu'un messager était arrivé avec une missive à lui remettre en personne.

« Désolé d'avoir était aussi brusque mais je ne l'avais pas senti venir assez vite. », expliqua Zechs lorsque le domestique fut parti. « Je sais à quel point tu souhaites protéger ta vie personnelle. »

Wufei observa son amant quelques instants. Ce dernier semblait attendre sa réaction, craignant certainement qu'il ne se fâche face à son geste.

« Tes excuses ne sont pas suffisantes. », répondit le Seigneur de l'Ouest avant de se rapprocher à nouveau du soldat.

Ce ne fut qu'une fois en face de lui que l'élu de Nataku précisa sa pensée d'une voix chaude.

« Tu vas devoir trouver un moyen de me faire oublier cet outrage. »

A ces mots, Zechs retrouva son sourire.

« Je ne vis que pour vous plaire Mon Seigneur. »

Leurs lèvres se frôlèrent à nouveau.

« Je vous appartiens corps et âme. »

« Voilà des paroles douces à mon oreille. », plaisanta Wufei avant de se séparer de son compagnon. Car il sentait bien que s'ils poursuivaient dans cette voie, jamais il ne verrait ce fameux messager.

« Maître Hau a fini ton initiation ? »

« Oui. », répondit Zechs. « Il m'a appris beaucoup et je peux désormais reprendre ma vie de soldat.

A ces mots, Wufei se tendit. Il ne doutait pas des capacités de Zechs. Non, ce qui l'effrayait c'était la possibilité de le voir le quitter pour retourner auprès de Quatre.

« Comptes-tu rester auprès de moi ? »

« Si je suis toujours le bienvenu, oui. »

« Tu es ici chez toi. », répondit avec franchise le jeune chevalier.

« Je te remercie. »

Les deux hommes déposèrent leurs armes avant de se diriger vers la bâtisse. Wufei avait un messager à rencontrer… un coursier qui venait des Terres de Shinigami.


(1) pour ceux qui sont un peu perdus, sous le règne du père de Quatre, il y a eu trois Commandants des armées : Maître Hau puis Treize et enfin Zechs. Lorsque Quatre a succédé à son père, il a conservé Zechs comme chef de ses troupes mais il a dû ensuite nommer Lucrézia Noin lorsque le soldat renonça à son poste à cause de sa cécité.

A suivre...