Ma toute première fic de Gundam Wing et sûrement pas la dernière, je peux vous l'assurer. Je suis devenue complètement accro à ce manga et surtout à Heero. J'aime tout en lui: de son physique plus qu'avantageux (ne pas baver ne pas baver devant son postérieur... trop tard !) à son caractère froid et indifférent à tout ce qui l'entoure. Je trouve que c'est un personnage très complexe mais bon... on est pas là pour parler de cette bombe sexuelle.
Disclaimers: Ben... snif... les personnages de cette fiction ne... snif... vraiment... ? ... j'ai pas le droit... ? snif... siouplé... snif... ils m'appartiennent pas... OUIN !!!
Résumé: Heero Yui est un jeune dealer de 17 ans qui s'entend très mal avec ses parents adoptifs. Il commet vols sur vols et est devenu un peu comme le petit "chouchou" du flic qui s'occupe de son cas à lui et sa bande. Mais un jour, il rencontre Duo Maxwell, adolescent de 15 ans et en tombe amoureux. Mais c'est sans compter sur les parents et le frère de ce dernier qui voient très mal le petit dernier de la famille s'enticher d'un dealer.
couples: 1x2, 3x4
bêta-lectrice: Noan
Chapitre 8,
L'après midi était déjà bien entamée lorsque Quatre et Duo s'étaient rendus au CDI du lycée pour faire quelques recherches supplémentaires en rapport avec le devoir de philosophie qu'ils avaient pour le lundi suivant. Pour dire vrai, c'était l'américain qui en avait le plus besoin, ayant manqué une partie du programme à cause de son déménagement. L'arabe s'était donc gentiment porté volontaire pour lui expliquer ce qu'il n'avait pas compris, afin qu'il ne parte pas trop désavantagé par rapport aux autres étudiants. Et puis, comme ça, ça me fera réviser, avait-il dit. Cependant, depuis près d'un quart d'heure qu'ils étaient là, Duo n'avait pas écouté un seul mot des explications du blond. Il avait l'esprit trop ailleurs pour pouvoir se concentrer sur la philosophie de Bergson, de Marx, ou encore de Kant. Et le responsable de sa rêverie n'était autre que Heero Yui.
Depuis l'heure du repas, il ne cessait de jouer et rejouer la scène des toilettes dans sa tête, cherchant des failles là où il n'y en avait pas. Le baiser et les paroles du terminal étaient tels que le natté avait encore un peu de mal à y croire. Pourtant, quand il se rappelait son erreur de la veille, un sentiment de regret lui tenaillait le cœur. Il avait été pris d'un doute, à un moment. Il avait vu le japonais arriver et l'attendre sous l'arbre, et il avait vraiment voulu venir. Mais tout à coup, les paroles d'Hilde lui étaient revenues à l'esprit. Tu ne connais pas Heero Yui. Et en effet, elle avait raison. Que savait-il de lui alors qu'il n'était ici que depuis une semaine ? Que savait-il sinon qu'il était bagarreur, indiscipliné avec les enseignants et pas facile à vivre selon Merquise ? Bien sûr, il ne s'agissait que de "on dit", mais le premier trait de caractère avait été prouvé lors de la bagarre avec Kushrenada. Quand aux autres aspects de sa personnalité, il ne voyait pas pourquoi tout le monde aurait menti...
Seulement, quand lui pensait à Heero, c'était ses deux orbes cobalt qu'il voyait, c'était ses cheveux indisciplinés qu'il imaginait, c'était sa main douce et caressante qu'il sentait se poser sur lui, c'était sa voix grave qu'il entendait, c'était son souffle chaud qu'il percevait tout contre ses lèvres. Tu ne le connais pas. Et la mise en garde de l'allemande avait de nouveau retenti, avec plus de force. Non, il ne le connaissait pas. Peut-être qu'Heero jouait avec lui ? Peut-être se moquait-il de lui ? Il avait dû voir sa réaction quand il l'avait bousculé le samedi précédent et, comprenant qu'il était la cause de son trouble, il avait certainement décidé de s'en servir contre lui. Alors il n'avait plus hésité, et après un dernier regard en direction du japonais il était parti. Non sans un pincement au coeur.
Ce matin pourtant, Heero était venu le trouver pour lui demander des réponses. Ou plutôt, une seule réponse. Et il avait répondu; non pas parce qu'Heero le lui avait demandé de vive voix mais parce que les yeux cobalt le lui avaient demandé. C'est à ce moment qu'il s'était rendu compte de la sincérité des dires du jeune homme et de son erreur, et il s'en était doublement voulu. Il avait même pensé qu'Heero lui en voudrait et qu'il devait le détester d'avoir ainsi douté de lui. Il avait voulu partir mais Heero l'avait attrapé et, avant même qu'il ait eu le temps de comprendre quoi que ce soit, il l'avait embrassé. Encore. Et c'était aussi bon que la première fois. Le japonais lui avait ensuite assuré ne pas lui en vouloir et quand Duo l'avait interrogé sur le pourquoi, l'asiatique s'était contenté de lui répondre dans sa langue maternelle. Le natté n'avait donc pas compris, mais peu lui importait: ce qu'il venait d'entendre lui avait paru la plus belle chose qu'on lui ait jamais dite. Datte kimiga suki dakara.
Un sourire naquit sur les lèvres alors que ces mots raisonnaient en lui, et dans son coeur.
" Duo, tu m'écoutes ?"
L'américain sursauta légèrement. Il avait oublié jusqu'au lieu où il se trouvait et jusqu'à la présence de Quatre à ses côtés.
" Hein, quoi ?"
Le blond leva des yeux exaspérés au plafond tandis que l'américain lui faisait un petit sourire d'excuse.
" Sorry Kitty cat, I was in my mind."
Le dit Kitty cat soupira.
" En effet, c'est ce que j'ai pu constater. Et serait-ce indiscret de te demander à quoi - ou plutôt à qui- tu pensais ?"
Les joues de Duo se colorèrent de rouge à cette remarque et Quatre lui fit un grand sourire amusé.
" Si toi tu le vois, tout le monde le saura d'ici à demain." bougonna-t-il.
" C'est plutôt que j'ai l'oeil observateur. Mais c'est vrai que tu respires le bonheur à cent kilomètres à la ronde."
" Chuuut !" les rappela à l'ordre une fille un peu plus loin en leur lançant un regard noir avant de retourner à ce qu'elle faisait.
Duo lui tira la langue et Quatre lui sourit d'un air entendu.
" Quelle preuve de maturité mon cher." plaisanta-t-il.
" Ben quoi, on est pas en démocratie ? J'ai le droit de parler et de tirer la langue si je veux."
" Sauf dans une bibliothèque: c'est le seul endroit où le silence est roi."
" Ben j'ai pas ma place ici alors, parce que je ne sais absolument pas me la fermer."
" Oui, je dois admettre que c'est vrai. Aussi bavard que ta mère."
Le natté lui lança un regard meurtrier. Il ne voulait plus jamais entendre parler du jour où il avait présenté Quatre et Hilde à ses parents - soit trois jours auparavant. Pas une seule fois sa mère n'avait laissé la parole à quelqu'un d'autre qu'à elle même, allant jusqu'à raconter des choses qui n'avaient aucun sens, juste pour le plaisir de parler.
« Elle exagère tout de même : elle me casse les pieds pour vous connaitre et, au final, qu'est-ce qu'elle a appris de vous ? Pas grand-chose, étant donné qu'elle n'a pas arrêté de raconter sa vie et celle de la famille. En fait, tout ce qu'elle voulait c'était me foutre la honte devant mes amis. Et quelle honte ! »
L'arabe lui fit un petit sourire compatissant.
« Bah, t'inquiètes pas pour ça, du moment que ça reste entre nous. »
« Je l'espère bien ! s'exclama l'américain à haute voix. Tu imagines si Heero l'apprenait ? »
« Dites, vous pourriez aller discuter ailleurs, s'il vous plait ? leur demanda l'adolescente qui travaillait à deux tables de la leur avec un petit air mielleux. Il y en a qui essaient de travailler. »
Plus qu'une demande en fait, c'était un ordre.
« Non, on ne peut pas ! lui répondit brusquement le cadet des Maxwell. Il fait froid dehors, toi t'as qu'à aller ailleurs si t'es pas contente. Pour ma part, je ne bougerai pas d'ici. »
Elle lui lança un regard courroucé qui le fit ricaner et qui obligea Quatre à regarder ailleurs pour que la fille ne voit pas son envie oppressante d'éclater de rire. Duo était vraiment un cas, il détestait se laisser marcher sur les pieds et n'hésitait pas à dire ce qu'il pensait. Finalement, agacée, la lycéenne se leva, ramassa ses affaires et s'en alla, non sans leur avoir lancé un regard assassin.
« Tu viens de te faire une ennemie, je crois. »
Le natté haussa les épaules
« Bah, qu'est-ce j'en ai à faire ? Je la connais même pas de toute façon. »
« Et pour revenir à notre sujet de départ donc ? »
« De départ ? »
« Heero Yui, je suppose. Ce n'est pas lui qui est responsable du magnifique sourire qui éclaire ton visage depuis tout à l'heure ? »
Pour toute réponse, Duo rougit.
« J'ai encore un peu de mal à y croire en fait » avoua-t-il.
« Croire à quoi ? »
« Quatre, tu sais garder un secret ? »
« J'ai bien su garder secrète l'attirance que tu ressentais pour Yui. Mais, après tout, je ne suis au courant que depuis vingt quatre heures… Sait-on jamais, l'idée pourrait me prendre d'aller le raconter à toute l'école. »
« Do that and I kill you !"
" Bon, ben finalement je vais peut-être m'abstenir d'aller le crier sur tous les toits. »
« Sage décision, Kitty cat. »
Duo se plongea un instant dans le livre de philo ouvert devant lui sans pour autant lire ce qui y était écrit.
« Alors, cette chose importante que tu voulais me dire et qui nécessite qu'elle reste secrète ? Elle concerne Heero, n'est-ce pas ? »
« Oui… En fait, je… Promets-moi que tu ne diras rien à personne Quatre, s'il te plait. Et surtout pas à mon frère parce qu'il déteste Heero d'après ce que j'ai pu comprendre. Et s'il l'apprend, non seulement il ira tout raconter à ma mère mais, surtout, il ira tuer Heero. »
« Duo, fais-moi confiance. Tu peux tout me confier, ça restera en lieu sûr avec moi. Même sous la torture je ne parlerais pas. Sauf si on me propose un bon beignet bien sûr… »
« Quatre ! »
« Je plaisante ! Mais si tu hésites à me le dire, tu sais, je ne te forcerai pas la main. C'est toi qui décides, est-ce que tu veux me faire confiance ou pas ? La décision te revient. Quoi qu'il en soit, même si tu ne me dis rien, je te promets de ne pas dire à Solo que tu caches un secret sur Heero Yui qui semble très imp… »
« Je sors avec Heero depuis ce matin ! » lâcha soudain le jeune homme.
L'arabe se tut en plein milieu de sa phrase et regarda son ami qui semblait attendre sa réaction. Réaction qui fut juste un Oh à peine murmuré.
« Quoi 'Oh' ? C'est tout ? »
« Ben qu'est-ce que tu veux que je te dise ? répondit le blond avec un sourire amusé. C'est bien… Je suis juste un peu étonné, je ne savais pas que Yui était intéressé par les garçons… Au lycée, on ne le voit entouré que de filles alors… Mais comment ça s'est fait ? »
« Et ben en fait… Je sais pas si on peut dire, à proprement parlé, qu'on sort ensemble… Il voulait me voir hier, à la sortie. Mais j'ai eu peur et j'y suis pas allé. A cause de ce que tout le monde dit sur lui, tu sais ? Je me suis dit qu'il voulait peut-être me jouer un mauvais tour… »
« Réaction logique. J'avoue que j'aurais fait la même chose à ta place. Et donc ? »
« Et donc je pensais l'éviter pour ne pas avoir à me justifier mais il m'est tombé dessus à midi… Il m'a demandé des explications, tu penses bien, et j'ai pas pu lui mentir. Parce qu'il avait l'air de vraiment vouloir savoir pourquoi je lui avais fait faux bon. Je me suis dit que, peut-être, il voulait vraiment me connaître… »
« Et tu lui a dit la vérité. »
« Exactly. »
« Et comment il a réagi ? »
Un microscopique sourire naquit sur les lèvres du châtain au souvenir de ce qu'il s'était passé ensuite.
« Il m'a pris dans ses bras et m'a dit qu'il ne voulait pas jouer avec moi, qu'il voulait juste rester avec moi depuis qu'il m'avait vu… Il m'a embrassé aussi, et il m'a dit un truc bizarre… »
Quatre sourit devant son air rêveur avant de se décider à parler.
" Je comprends que tu ne veuilles rien dire à ton frère, ni même à ta mère. Yui n'est pas ce qu'on pourrait appeler une bonne fréquentation. Ta mère deviendrait folle."
" Mais tu aurais dû le voir hier et... et tout à l'heure, Quatre. Je sais pas pourquoi, c'est la première fois de ma vie que je ressens ça, mais je me sens vraiment bien avec lui. Et je veux croire que c'est vrai, je veux croire en lui. Peu m'importe ce que tout le monde pense de lui, moi je l'aime. And fuck the world !"
" Tu as raison, fuck the world. Le plus important, c'est ce que toi tu penses, et les autres on s'en fout."
" Thank you, Quat-chan."
Le dit Quat-chan s'étonna de cette phrase.
" Pourquoi tu me remercies ? Je n'ai rien fait qui..."
" Si, le coupa aussitôt l'américain. Tu ne t'en rends peut-être pas compte mais tu m'aides vraiment beaucoup. Je peux te dire un tas de choses sans crainte que ça soit répété, ça représente beaucoup pour moi. On ne se connait que depuis une semaine et pourtant j'ai l'impression que ça fait plus longtemps."
" C'est normal, et c'est réciproque. T'es la seule personne à savoir pour... enfin, tu vois."
" Tu n'en as même pas parlé à Hilde ?"
" Eh bien... J'ose pas trop pour tout te dire. Non pas que je ne lui fais pas confiance, c'est seulement que... En fait, c'est à cause de Kushrenada. Tout le monde sait que la bande à Yui et celle de Kushrenada ne peuvent pas se voir en peinture. Et puis, je dois admettre que je ne sais pas comment elle réagirait non plus... Après tout, je suis un garçon, et lui aussi..."
" T'as jamais tenté ? Je veux dire, tu lui as jamais demandé ce qu'elle pensait de l'homosexualité, l'air de rien ?"
" Moi même je ne sais pas ce que j'en pense alors... En fait, Trowa est le seul garçon que j'ai vraiment regardé jusqu'à aujourd'hui... En général, mon regard se porte sur les filles, mais avec lui c'est différent."
" Je vois ce que tu veux dire, c'est pareil avec Heero. Sauf que je ne m'étais jamais intéressé à qui que ce soit avant. Heero est le premier tout court. Il a un je ne sais quoi qui m'attire irrémédiablement, c'est comme s'il exerçait une sorte d'attraction... Depuis que je l'ai vu la première fois, je n'arrête pas de penser à lui. Ca m'est tombé dessus comme ça, sans que je m'y attende. Si les coups de foudre existent, alors je pense que s'est ce qu'il m'est arrivé. Pourtant, je sais que ce n'est pas normal, on est tous les deux des garçons. Je suis sûr que, croyante comme elle est, ma mère me dirait que c'est contre nature. "Duo, tu es fou. C'est un pêché, Dieu ne tolère pas cette chose immonde, c'est monstrueux. Il faut te débarasser de ça le plus vite possible sinon tu n'iras pas au Paradis." C'est exatement ce qu'elle me dirait, et je sais qu'elle aura raison. Si Dieu a conçu un homme et une femme dés le départ, c'est pas pour des prunes. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à lui. Au fond, je sais bien que je ne devrais pas sortir avec lui, c'est aussi pour ça que je ne suis pas pas allé le voir hier. J'avoue n'avoir pas été totalement honnête avec lui ce matin. Mais je veux être avec lui, même si c'est mal."
" J'aimerais être avec Trowa, mais il ne s'intéresse pas aux mecs. Depuis que je le connais, je ne l'ai jamais vu sortir qu'avec des filles. Il est trop hétéro pour me remarquer."
" Qu'est-ce que t'en sais ? Tu m'as dit la même chose sur Heero et pourtant je sors avec lui - du moins, si je peux utiliser ce terme."
" Peut-être bien... Mais de toute façon, j'aurais trop peur de la réaction de mon père. Il serait capable de me tuer."
" Moi, c'est Heero qui risque le plus sa vie. Solo le massacrerait si jamais il apprenait."
" En fin de compte, je comprends mieux pourquoi on est devenus amis toi et moi. Il semblerait qu'on ait un don pour se mettre dans des situation inextricables. Et craquer pour deux des caids de l'école est sûrement la pire d'entre elles. Je commence à me demander si je ne devrais pas écrire mon testament, juste comme ça, par précaution. Et tu devrais dire à Heero de faire de même si tu veux mon avis."
" Et s'il me demande pourquoi je veux qu'il fasse son testament ?"
L'adolescent haussa les épaules.
" Dis lui la vérité, ou improvise. C'est toi qui vois, moi je dis ça pour votre bien à tous les deux."
Le natté eut un large sourire et saisit la première chose qui lui vint sous la main pour la balancer à la tête de son ami -à savoir sa trousse. Ce dernier l'arrêta au vol, un sourire amusé sur les lèvres.
" Je m'inquiète pour la vie de ton homme et voilà comment tu me remercies de te conseiller ?" feint-il de s'offusquer.
" Oh Quat-chan, c'est trop gentil à toi de t'inquièter pour moi comme tu le fais, lança l'américain sur un ton empli d'ironie. Le problème c'est que ça ressemble étrangement plus à du foutage de gueule."
" Je suis vexé là, Duo. Jamais je n'oserais, voyons. Comment peux-tu penser une chose pareille ?"
" Continue et je peux t'assurer que ce sera pas ma trousse que tu te prendras cette fois."
Quatre ricana en lui rebalançant l'objet au moment même où une voix retentissait à leurs côtés.
" Que de violence, que peut bien valoir une telle violence de ta part, Quatre ? C'est pas ton genre en tant normal."
Duo se figea à ses mots alors qu'ils se tournaient tous deux vers la nouvelle venue. Hilde avait un sourire jusqu'aux oreilles et semblait amusée par la situation.
" Et qu'est-ce qui est mon genre, alors ?" demanda le blond dans un semblant de colère.
" Ton genre c'est plutôt sage et innocent."
Puis se tournant vers le natté, les mains sur les hanches:
" Tu es en train de pervertir notre petit Quatre adoré, j'espère que tu es fier de toi."
L'américain de répondit rien, trop sonné qu'il était. Ne s'était-il pas disputé avec l'allemande à cause de Heero deux jours plus tôt ? Pourtant, cette dernière agissait envers lui comme si rien ne s'était passé.
" En tous cas, tu as l'air en forme, jolie 'tite brunette, lui dit Quatre avec un grand sourire. Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?"
" Rien de bien grave, un petit problème de famille. Mais c'est réglé maintenant."
" Tu es sûre ?"
" Oui, ne t'en fais pas."
Duo était toujours incapable de réagir. Il regardait attentivement son amie, tentant de la sonder comme il pouvait pour savoir à quoi elle pensait vraiment. Avait-elle décidé de faire comme si rien ne s'était passé ?
" Qu'est-ce que tu fais au CDI, au fait ? Je croyais que tu évitais ce lieu comme la peste ?"
" Je dois rattraper mon retard. J'ai réussi à avoir les cours par un gars de ma classe mais j'aurais besoin d'un livre de philo pour mieux étudier le sujet."
" Vous étudiez quoi en ce moment ?"
" La raison et le réel; le prof nous a donné une dissert' pour dans deux semaines en plus, sur le sujet suivant: Peut-on avoir raison tout seul ?"
" Je vois, tu te renseignes un peu plus pour mieux cerner le sujet."
" J'ai pas le trop le choix non plus."
L'adolescente soupira en jetant un coup d'oeil autour d'elle.
" Bon, je vais aller chercher ce qu'il me faut et je déserte cet endroit horrible. La bibliothécaire est épouvantable. Au moins, en perme c'est plus tranquille. A plus les garçons."
" Bye."
Elle se fraya un chemin parmi les tables et s'engouffra dans les rayons. Le natté la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse à sa vue et se tourna vers Quatre. Ce dernier l'observait fixement.
" Quoi ?" s'exclama Duo un peu trop fort.
" Elle est amoureuse de Kushrenada depuis l'école primaire, dit-il. Elle n'a fait que le défendre, tu sais."
" Elle a insulté Heero."
" Reconnais qu'il l'a pas mal amoché tout de même. Quoi qu'il en soit, je comprends sa réaction, et la tienne également... En fait, dans les deux cas, j'aurais agi de la même façon s'il s'était agi de Trowa. Et je suis certain que tu en aurais fait autant. Tous les deux, vous avez défendu la cause de la personne que vous affectionnez. C'est compréhensible, non ? C'est normal qu'elle ait pris la défense de Treize, tu ne peux pas lui en vouloir."
L'américain baissa la tête. Bien sûr, il savait que Quatre avait raison mais il était toujours en colère contre Hilde pour avoir dit toutes ces horreurs sur le japonais. Mais au fond, n'en pensait-il pas autant de Kushrenada ? Il jeta un nouveau regard vers l'endroit où la lycéenne avait disparu avant de soupirer et de se lever.
" I understand, I go to see her."
Et ignorant le sourire du blond, il suivit la brunette dans les étalages. Il la chercha quelques minutes, jetant des regards furtifs derrière les étagères, avant de la trouver dans le rayon de littérature moderne. Elle promenait son regard sur les reliures étalées devant elle, semblant chercher un ouvrage particulier. Il hésita un instant, il n'avait pas spécialement envie d'aller lui présenter ses excuses, mais il se sentait également un peu idiot. ' Vous avez tous les deux pris la défense de la personne que vous aimiez. Tu aurais réagi de la même manière à sa place.' Quatre savait ce qu'il disait, et Duo savait qu'il serait plus sage d'aller parler à l'allemande. Il décida donc de mettre sa fierté de côté et s'avança dans la rangée.
" Je croyais que tu cherchais un livre de philo ?"
Hilde se tourna vers lui, un grand sourire aux lèvres. Il y avait d'autres moyens pour attirer l'attention et engager une conversation, mais Duo se sentait tellement mal à l'aise qu'il ne savait pas quoi dire. Ou plutôt, il ne savait comment porter la conversation sur le sujet délicat de leur dispute de l'avant veille.
" C'est le cas, mais je profite d'être là pour emprunter un livre de littérature que je voulais lire depuis longtemps déjà."
" Ah, d'accord..."
Il se mordit la lèvre infèrieure et tritura le bout de sa natte, c'était une manie qu'il avait prise quand il était nerveux.
" Le voilà, je l'ai. Ca fait un moment que je voulais le lire mais comme je viens jamais ici... j'en ai pas vraiment eu l'occasion."
" Oui, je comprends..."
Elle fronça les sourcils.
" Duo, ça ne va pas ?"
" Si si, pourquoi ?"
" Je ne sais pas, je te trouve un peu... nerveux ?"
Il rougit et regarda à nouveau le sol. Il devait lui présenter des excuses et il ne trouvait pas mieux que de paraître nerveux à ses yeux. Et puis, il n'était pas nerveux d'abord. Il constata alors qu'il était en train de triturer sa natte et la lâcha brutalement comme s'il venait de se brûler à son contact. Il releva la tête et fronça les sourcils en apercevant le petit sourire en coin sur les lèvres de la brune. Elle rit devant son air renfrogné.
" Tu es trop mignon quand tu boudes, tu sais ?"
" Même pas vrai d'abord."
Elle rit d'avantage et il la suivit dans son hilarité silencieuse. Finalement, au bout de deux minutes de fou rire, le silence se réinstalla entre eux. Silence que l'allemande s'empressa de rompre.
" Tu voulais me dire quelque chose, peut-être ?"
" Hein ? Ah, euh... oui... en fait je..."
Il serra les poings. Il n'allait tout de même pas se mettre à bégayer comme une collégienne à son premier rendez-vous ? Surtout avec Hilde. Il devait se reprendre et c'était ce qu'il allait faire, de ce pas.
" Je pense qu'il faut que je te présente des excuses. Je n'aurais pas dû m'énerver après toi comme je l'ai fait l'autre jour, c'était stupide de ma part. D'autant plus que tu n'avais rien fait qui justifie un tel débordement de fureur."
Au fond de lui cependant, il ne pensait pas du tout la même chose. Sa colère était tout justifiée, elle n'aurait jamais dû parler ainsi d'Heero. Mais sa réaction avait été logique quand on y repensait, Quatre avait raison. A croire qu'il avait toujours raison. Il prit donc sur lui-même et lâcha deux petits mots.
" Forgive me."
Elle le regarda, surprise.
" Te pardonner ? Mais quoi ? Je ne vois pas ce que tu as fait de mal, tu as seulement haussé un peu le ton, je ne vois pas ce qu'il y a de grave là-dedans."
" Tu ne m'en veux pas alors ?" s'étonna-t-il.
" Bien sûr que non idiot. Pourquoi, je devrais ?"
" Ben... on s'est quand même disputés..."
" Si tu veux mon avis, j'appelle pas ça 'se diputer.' On a juste eu une petite divergence d'opinion. Et c'est grâce à ça que le monde progresse, t'es pas d'accord ? Il faut savoir se faire entendre et donner son point de vue. Et puis, d'une certaine façon, j'ai réfléchi à ce que tu avais dit... Je pense que tu n'as pas tout à fait tort. Peut-être que j'idéalise trop Treize... Je ne le connais pas plus que Yui, et toi non plus d'ailleurs. Il vaut mieux leur laisser le bénéfice du toute à tous les deux..."
Le natté resta coî sur le coup. Il ne se serait jamais attendu à ça de la part de son amie. Si encore elle lui avait dit que c'était oublié, il n'aurait pas été aussi stupéfait. Et il se sentait encore plus idiot que cinq minutes au paravant. Ridiculement idiot. Il s'était énervé pour pas grand chose et avait pris pour une dispute ce qui, aux yeux de son amie, n'en était pas une. Il avait était stupide, agissant comme un gamin. Hilde avait mûrement rationnalisé la chose alors que lui l'avait détestée durant ces deux derniers jours, pour une simple broutille. Dire qu'il voulait qu'on cesse de le prendre pour un gamin... Comment Heero pouvait-il s'intéresser à lui dans ses conditions ?
" Visiblement, tu as pris ça pour une dispute."
La voix de l'allemande le tira de ses pensées et il préféra éviter de croiser ses yeux. Mais quel crétin il faisait.
" T'en fais pas, Duo, je ne t'en veux pas. Pour moi il ne s'est rien passé et tu n'as pas besoin de t'excuser."
Il se gratta la tête à ses mots, mal à l'aise, et avoua:
" Je me sens un peu idiot pour tout te dire. J'ai fait tout un plat pour pas grand chose."
" Bah, ça peut arriver à tout le monde. Et puis ta réaction a fair ressortir ton petit côté adorable."
" Adorable ? Je ne vois pas ce qu'il y a de si mignon dans cette réaction puerile."
" Tu viens toi-même de trouver la solution. C'est justement le fait qu'elle soit puérile qui te donne cet air adorable."
" Ca m'aide pas. Je veux que ma mère et mon frère cessent de me voir comme un gamin et j'agit exactement comme tel. En fait, ils ont raison: je suis un gamin."
" Ne dis pas ça alors que tu sais toi-même que c'est faux. Il y aura toujours des choses pour lesquelles les hommes resteront d'éternels enfants. Regarde-moi, la façon dont je m'en suis prise à Yui l'autre jour le prouve. J'aurais dû lui laisser le bénéfice du doute, même si j'aime Treize. J'ai agi comme une gamine en tirant des conclusions attives sans même une preuve de ce que j'avançais. J'ai des préjugés sur lui et ça m'a suffit."
" Peut-être que tu avais raison..."
" Ou peut-être pas. J'ai été de mauvaise foi, parce que je connais la réputation de Yui... Et celle de Treize également. Ces deux là sont toujours en train de se chercher querelle, et ils sont tellement imatures qu'ils répondent à chaque fois à la provocation. Comme quoi, on est pas les seuls à agir comme des gosses. Faut pas croire, je déteste Yui, et je lui en veux pour avoir fait ça à Treize, mais je ne peux pas entièrement lui jeter la pierre. Il faut être réaliste: quand c'est pas l'un qui cherche c'est l'autre."
Duo n'aurait jamais cru qu'Hilde puisse être aussi mâture. Elle était capable de réfléchir à un sujet et de réviser son jugement comme lui aurait été incapable de le faire. Hilde était vraiment une fille super et, après tout ce qu'elle venait de lui dire, il n'arrivait plus à lui en vouloir. Il aurait aimé pouvoir en faire autant qu'elle, réviser son jugement et laisser le bénéfice du doute, pour Hilde parce qu'elle l'avait fait avec Heero, mais il ne s'en sentait ni la force ni la volonté. De plus, il aurait l'impression de trahir Heero et ses sentiments pour lui s'il le faisait.
" Et si on changeait de sujet, hein ? Ca ne sert à rien de tergiverser là-dessus. Tu as entendu la nouvelle chanson de Within Temptation ?"
---GW---
Duo n'était pas mécontent de cette discussion avec Hilde. Il avait pris conscience de nombreuses choses et en était plutôt ravi. Il avait réalisé que l'amitié de l'allemande était quelque chose de très précieux, et il avait énormément de chance qu'après ce qu'il s'était passé la jeune femme veuille toujours être son amie. Elle n'en avait pas l'air comme ça mais c'était une personne très réfléchie. Elle savait reconnaître ses erreurs. Elle lui était tellement opposée... Lui était bien trop fier pour reconnaitre aussi facilement ses torts.
" I'm back !"
Visiblement, sa mère n'était pas encore rentrée du collège où elle enseignant. Pourtant, le mercredi, elle rentrait toujours très tôt. Il haussa les épaules à la non réponse qu'il obtint, entra dans la maison, déposant son sac au pied de l'escalier, et se dirigea vers la cuisine pour aller grignoter quelque chose. Il s'empara d'un paquet de gâteaux dans le placard avant de se rendre au salon. Il alluma la télé et se posa sur le canapé, zappant les chaines avec la télécommande à la recherche d'un programme plus ou moins intéressant. Il resta là une dizaine de minutes avant de se résigner à monter dans sa chambre.
C'est en passant devant la chambre de Solo qu'il constata qu'il n'était pas seul dans la maison et, sans même prendre la peine de frapper, il ouvrit la porte.
" Tu aurais pu me dire que tu étais là !" lança-t-il sur un ton de reproche avant de tirer une grimace.
Sébastien était là aussi. Ce n'était pas que Duo n'appréciait pas le jeune homme, c'était plutôt qu'il ne supportait pas les gens qui avaient tendance à se mêler de ce qu'il ne les regardait pas. Et Sébastien était tout à fait le genre de personne à s'occuper des affaires des autres.
" Désolé de ne pas avoir une aussi grande gueule que la tienne, Dudu." plaisanta son aîné.
Le dit Dudu le fusilla du regard.
" M'appelle pas comme ça ! Et j'ai pas une grande gueule d'abord !"
Solo lui fit un sourire amusé alors que son ami ricanait.
" Si c'est pour vous foutre de ma gueule, allez vous faire voir ! J'me casse !"
Les deux terminal cessèrent aussitôt de rire et Solo fronça même les sourcils.
" Qu'est-ce que t'as en ce moment ? T'arrêtes pas de t'énerver pour un rien."
" Si t'étais une fille, on irait même jusqu'à dire que tu es enceinte."
Ses yeux lancèrent des éclairs à cette phrase et sa main se crispa sur la poignée.
" Allez vous faire foutre !"
Et il referma brutalement la porte, ne répondant même pas à son frère lorsque ce dernier le rappela. Rageant, il se rendit dans sa chambre, n'hésitant pas à claquer la porte derrière lui. Il verrouilla la porte pour être sûr de ne pas être dérangé et se laissa tomber sur son lit. Au même moment, la poignée s'enclancha mais la porte resta fermée. Il sourit, fier de lui: il était certain que Solo ne resterait pas là-dessus.
" Duo, ouvre cette porte !"
" Non !"
" Duo, ouvre cette porte maintenant !"
" Sinon quoi ? Tu vas la défoncer ? Laisse-moi rire !" ricana-t-il.
" Je te dis d'ouvrir cette porte ! Arrête de jouer les gamins, t'es invivable en ce moment !"
" Et moi je te dis d'aller voir ailleurs si j'y suis."
" Je peux savoir ce qui te prend ? Tu agis de façon étrange depuis samedi. Tu es presque tout le temps dans la lune, et quand tu ne l'es pas tu es agressif avec tout le monde."
" Peut-être que je le serais moins si vous cessiez de me prendre la tête toi et maman."
" Je te prends la tête ? Et je peux savoir ce que j'ai pu faire qui t'énerve tant ?"
" Si t'es même pas capable de t'en rendre compte, c'est que t'es qu'un pauvre crétin."
Duo pouvait parfaitement imaginer la tête que devait son frère derrière la porte.
" Très bien ! Puisque tu le prends comme ça, on réglera tout ça ce soir avec les parents."
" C'est ça, comme d'habitude quoi. Tu comptes toujours sur papa et maman pour régler nos disputes. Après tout, t'es pas du signe de balance pour rien."
" Sauf que là ça ne me concerne pas seulement, Duo. Ca concerne tout ton entourage, et les parents en premier lieu."
" Ouais, c'est ça."
Il ne reçut aucune réponse et il réalisa que son aîné était retourné dans sa chambre. Il poussa un soupir de lassitude avant de se tourner sur le côté pour observer le plâtre blanc du mur. Il avait conscience d'être désagréable avec tout le monde depuis quelque jours, mais c'était plus fort que lui. La moindre petite chose le faisait sauter en l'air.
Allongé là, il laissa ses pensées dérviver sur la conversation qu'il avait eu avec Quatre, un peu plus tôt dans la journée. Avant aujourd'hui, il ne s'était jamais interrogé plus que nécessaire sur l'homosexualité. Pour lui, c'était le genre de chose qui n'arrivait qu'aux autres et qui ne le regardait absolument pas. Ayant grandi dans une famille de Puritains, il avait toujours suivi les principes moraux rattachés à la religion. Mais c'était avant.
A présent, il était embriqué dans le problème que posait la question de l'homosexualité. Une chanson de Michel Sardou disaitune phrase du genre 'Est-ce une maladie ordinaire, un garçon qui aime un garçon' et Duo en venait à se poser exactement la même question. Qu'y avait-il de normal à aimer une personne du même sexe que soit ? Bien sûr, il n'aurait pas été jusqu'à parler de maladie, le mot était un peu fort et mal choisi. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il était malade, même s'il était certain que c'était ce que sa mère lui dirait. Selon lui, une maladie ça se guérissait. Pouvait-on vraiment le guérir ?
Il en doutait fort. Il avait le sentiment qu'Heero était imprégné en lui et que, quoi qu'il fasse, jamais il ne parviendrait à l'oublier. C'était comme si le japonais faisait parti de lui, comme s'il était sa seconde moitié. Même s'il ne le connaissait que depuis seulement quatre jours. Jamais il n'aurait cru pouvoir s'attacher autant à une personne en si peu de temps. Depuis qu'il l'avait vu pour la première fois, il concevait la présence d'Heero dans sa vie comme une nécessité. Il avait le sentiment que sans lui, plus rien ne vaudrait la peine.
Sans s'en rendre compte, il vint effleurer ses lèvres du bout des doigts, repensant au baiser qu'il avait échangé avec Heero le matin même, et il ne put s'empêcher de sourire. Heero était tellement doux avec lui qu'il se demandait si celui qu'il connaissait et celui dont il avait entendu parler étaient vraiment une seule et même personne. C'était peut-être bête à dire mais d'une certaine manière il s'en moquait pas mal. Tout ce qui comptait pour lui c'était qu'il l'aimait et peu importait ce que pouvaient penser les autres. De toute façon, comme le lui avait dit Quatre, tout le monde était persuadé que le japonais était hétérosexuel et, pourtant, il l'avait embrassé par deux fois.
Son estomac se noua à cette pensée. Combien de fois n'avait-il pas entendu ces derniers jours qu'Heero était volage, qu'il courait d'une fille à l'autre sans se soucier de leurs états d'âme ? Et s'il agissait de la même manière avec lui ? Et si une fois qu'il aurait obtenu ce qu'il voulait de lui il le laissait tomber ? Il déglutit péniblement. Non, il ne devait surtout pas penser à ça, il s'était promis de lui laisser une chance et de croire en lui. Quoi qu'il arrive... Mais c'était plus facile à dire qu'à faire.
On frappa à la porte et il se redressa en position assise.
" Duo, tu veux bien m'ouvrir s'il te plait ?" entendit-il alors dire son frère.
" Pourquoi ?" demanda-t-il d'une voix où perçait l'agacement.
" S'il te plait !"
Il soupira et d'un pas lent alla ouvrir au terminal. Il débloqua le verrou et ouvrit la porte, sans pour autant l'inviter à entrer. Il s'appuya sur le montant et le regarda, les bras croisés.
" Qu'est-ce que tu veux ?"
" Je peux entrer ?"
" Pour quoi faire ?"
" Te parler !"
" Et Sébastien ?"
" Il est parti."
" Et si je ne veux pas parler ?"
" Je pense, au contraire, que ce serait une bonne chose. On pourrait discuter calmement, sans être obligés de mettre les parents au courant."
" C'est toi qui veut aller cafter, pas moi."
" Et je n'aurais pas à le faire si tu me laisses entrer."
Le ton de Solo restait trés sérieux, et pourtant un sourire amusé était apparut sur ses lèvres. Duo ne répondit rien, se contentant de détourner la tête. Il ne pouvait pas rejeter son frère comme ça alors qu'il lui avait demandé gentiment l'autorisation d'entrer et qu'il était venu parce qu'il s'inquiétait pour lui.
" Alors, tu me laisses entrer ou bien je reste dehors ?"
Soupirant, il se dégagea et laissa le passage à son frère. L'ignorant, il alla se poser sur son lit et s'installa confortablement contre le montant. Il replia les genoux qu'il entoura de ses deux bras et regarda son frère venir s'installer sur le bord du matelas. Sans ambage, il se mit à l'observer mais resta silencieux, visiblement pas pressé d'en venir au sujet principal.
" Qu'est-ce que tu veux ?"
" Je te l'ai dit, je veux te parler."
" J'ai rien à te dire."
" Moi je pense qu'on a beaucoup à se dire."
Duo lui lança un regard noir, obligeant Solo à lever les yeux au ciel.
" Duo, tu crois pas qu'on a passé l'âge de s'engueuler pour des broutilles ? Tu es mon petit frère et, quoi que tu puisses dire, je m'inquiète pour toi. Je n'aime pas me disputer avec toi, et pourtant j'ai l'impression qu'en ce moment on ne fait que ça."
Il laissa un court instant de silence, laissant le temps à son cadet d'assimiler ce qu'il venait de lui dire pour qu'il puisse l'interrompre si jamais il en avait envie, puis reprit.
" Tu sais que tu peux tout me dire, n'est-ce pas ? Quel que soit le sujet."
Le natté en doutait fort. Il se voyait mal expliquer son problème à Solo, et surtout donner le nom de son problème. Le terminal en ferait certainement une syncope.
" Duo..."
" Y a rien, j'te dis."
" Tu crois pas que l'ambiance à la maison serait moins lourde si tu te décidais à te confier ?"
" Je te dis qu'il n'y a rien, ok ? Alors laisse-moi !" râla-t-il pour la seconde fois.
" Mes aïeux, mais qu'ai-je fait pour mériter un petit frère aussi tête à claque ?" s'exclama l'aîné en levant la tête au plafond.
Le dit petit frère s'offusqua de cette phrase et voulut envoyer une pique au jeune homme, mais ce dernier le devança.
" T'as un problème au lycée ?"
Duo serra les poings. C'était pour cette raison qu'il n'aimait pas discuter avec son frère, ce dernier ne le laisserait jamais tranquille. Du moins, pas tant qu'il n'aurait pas trouvé la solution. Cette réflexion lui fit l'effet d'une douche froide. Solo ne lâcherait pas l'affaire tant qu'il ne connaîtrait pas le fin mot de l'histoire, et cela signifiait clairement que si Duo ne disait rien il finirait pas trouver la vérité de lui-même. Il déglutit difficilement, imaginant la réaction de son frère. Il ne devait surtout pas savoir, Heero se ferait tuer. La seule solution qu'il avait était de lui avouer la vérité, mais de façon détournée.
Il leva les yeux et fixa le jeune homme assis en face de lui qui attendait une réponse à sa question. Prenant son courage à de mains, il se décida à parler.
" Tu me promets de ne rien dire aux parents ? Et surtout pas à maman, tu sais comment elle est."
" Tout dépendra. Tu n'as pas braqué une banque ?" plaisanta-t-il.
" Je suis sérieux, Solo. Je veux bien te dire ce qui me tracasse en ce moment, mais seulement à la condition que tu me promettes de..."
" J'ai compris ! Et je te promets de ne rien dire, sauf si ça te cause des problèmes."
" Tu m'aides pas là."
" Est-ce que c'est grave ?"
Duo réfléchit un instant avant de se décider à répondre.
" En soit non. C'est juste que je ne sais pas comment réagir."
Il observa son frère, étudiant les différentes possibilités qui s'offraient à lui. Que pouvait-il lui dire et que ne pouvait-il pas lui dire ?
" Disons que je fréquente quelqu'un en ce moment et que... cette personne est plus âgée que moi."
Il tira une grimace en disant cela. Ce n'était pas le fait qu'Heero soit plus âgé que lui qui le dérangeait, c'était plutôt ce que cela impliquait. Le japonais avait beaucoup d'expérience dans ce domaine, alors que lui il n'avait jamais eu de relation avec quiconque. Comment devait-il agir ?
" Attends ! T'es en train de me dire que tu sors avec une fille ? Et que c'est pour ça que t'es tout le temps de mauvaise humeur ?" le questionna Solo.
Le natté rougit quelque peu. Une fille, c'était vite dit.
" On peut dire ça comme ça..."
" Mais c'est génial, Duo. Je ne vois pas ce qui te dérange. Ca fait seulement une semaine qu'on est arrivés et t'as déjà une copine. Je sais pas comment tu fais pour attirer autant de monde à toi."
" Crois-moi, c'est pas toujours évident." grogna-t-il.
" Bon, explique-moi où il est le problème. Parce que je ne vois pas en quoi le fait qu'elle soit plus âgée que toi soit... Attends, elle est pas mariée au moins ?"
" CA VA PAS ??? Je suis quand même pas fou à ce point là."
" Relaxe, petit-frère. Je disais ça pour rire."
" Ouais, ben je goûte pas ton humour." bougonna-t-il.
Il se tut et se tritura la natte, sentant les yeux de son frère le brûler.
" Tu sais Duo, qu'elle soit plus âgée n'y change rien. On est tous passé par là: je suis passé par là, papa et maman sont passés par là, elle est passée par là. Et maintenant c'est ton tour. Dis-toi que si elle tient à toi, elle ne tiendra pas compte de ton peu d'expèrience. C'est une question de temps, après ça viendra tout seul."
Le plus jeune fixa son frère dans les yeux, se demandant un instant comment il avait compris où résidait son souci.
" Je te le dis, je suis passé par là avant toi." lui répondit-il devant sa mine interrogatrice.
Il lui secoua la tête dans un signe d'affection et se leva.
" J'imagine que pour le moment tu ne veux pas me le dire mais j'espère que tu ne seras pas trop long à me dire qui c'est."
Et sur cette dernière phrase, il sortit de sa chambre, laissant Duo seul dans sa chambre.
" Crois-moi, tu ne veux vraiment pas savoir de qui il s'agit." ne put-il s'empêcher de penser.
Il n'aurait su dire s'il se sentait soulagé ou pas de s'être confié à son frère. D'un certain côté, il avait le sentiment de s'être débarrassé d'un poids qui pesait lourdement sur ses épaules, d'autant plus que Solo avait su le conseiller. Cependant, il doûtait que ce fut une bonne idée. Désormais, son aîné ferait tout pour découvrir l'identité de la fille qui lui avait ravi son coeur. Le problème était que cette fille n'en était en fait pas une et qu'elle s'appelait Heero Yui. Si jamais Solo l'apprenait, il ne donnait pas chère de la vie du japonais. Ni même de la sienne... Il devrait alors faire face à sa mère et à ses principes car il était évident que son frère irait imédiatement le vendre à Hélène Maxwell.
Il vallait mieux pour Heero et lui qu'ils restent discrets. Et même très discrets.
---GW---
" Duo, j'me casse !"
La voix de Solo retentit jusque dans la chambre du jeune Maxwell où il était occupé à tresser sa natte. Entendant cela, le jeune homme bougonna: il voulait bien admettre qu'il était légèrement à la bourre mais Solo pourrait faire l'effort de l'attendre encore deux petites minutes supplémentaires. Il noua ses cheveux et, attrapant son sac, s'engouffra dans le couloir et dévala les escaliers à toute vitesse.
Dans la cuisine, son père lisait le journal tandis que sa mère préparait le café. Il saisit un toast dans l'assiette posée sur la table et, sans même un au revoir, partit à la poursuite de son frère. Ce dernier était presque arrivé à l'arrêt de bus lorsqu'il parvint à le rejoindre, le souffle saccadé et un point de côté le lançant.
" Tu aurais pu m'attendre !" lança-t-il avec agacement à son aîné une fois qu'il eut repris son souffle.
" Et puis quoi encore ? Je t'ai attendu 10 minutes, c'est déjà bien suffisant. Et puis, ça a été efficace: tu t'es décidé à bouger ton arrière train quand je t'ai dit que je partais. Franchement, je ne te trouve pas pressé de retrouver ta dulcinée. Tu t'en est déjà lassée ?"
Duo lui lança une oeillade assassine mais ne dit mot, jugeant préférable de se taire. S'il s'était confié à Solo, c'était pour que le terminal le laisse tranquille, pas pour qu'il ne l'embête davantage sur le sujet. Alors il devait agir comme s'il n'avait rien entendu et changer de sujet. Mais il n'eut pas besoin d'en venir là: le bus venait de s'arrêter devant eux dans un crissage aigü de pneux.
Il saisit immédiatement l'opportunité qui s'offrait à lui et, sans ajouter quoi que ce soit, grimpa dans le bus pour aller s'installer à la première place libre qu'il vit. En s'installant, il croisa le regard moqueur de son aîné, qui avait parfaitement compris qu'il ne voulait pas discuter, et détourna les yeux avec insolence. Heureusement pour lui, Solo n'insista pas et continua son avancée jusqu'au fond du véhicule où deux de ses amis, que Duo ne connaissait pas encore, semblaient l'attendre. Il soupira de soulagement et porta son attention sur les maisons qui défilaient derrière la vitre à présent que le car s'était remis en route.
Il avait eu beaucoup de mal à se lever de matin et c'était pour cette raison qu'il s'était mis en retard. Il n'avait presque pas fermé l'oeil de la nuit. Il n'avait eu de cesse de s'interroger sur le comportement qu'il allait devoir adopter à partir de maintenant. Il n'était jamais sorti avec personne avant Heero, qu'il ne connaissait que très peu, voir même pas du tout. Pour dire vrai, il ne savait même pas s'ils formaient un couple tous les deux. D'accord, ils s'étaient embrassés à deux reprises mais ça ne voulait pas forcément dire que c'était sérieux entre eux. Parce que même si l'asiatique lui avait assuré qu'il ne jouait pas avec lui, il ne lui avait pas non plus demandé clairement s'il voulait sortir avec lui.
L'américain était totalement perdu. Il ne savait plus du tout où il en était et ça le perturbait. Peut-être devrait-il parler de ces doûtes à Quatre ? Ce dernier saurait sûrement le conseiller. Du moins, il l'espérait.
" C'est pas bon de se prendre la tête de bon matin comme tu le fais."
Il sortit aussitôt de sa létargie et avisa Hilde qui venait de s'asseoir à côté de lui. Elle lui sourit de toutes ses dents et il ne put que lui renvoyer son sourire.
" Alors, qu'est-ce qui ne va pas ?"
" Rien de particulier. Je méditais sur le meilleur moyen de me débarrasser de ce qui me sert de frère." dit-il avec désinvolte.
" T'as déjà essayé l'arsenic ?"
" Aucune chance. Il verifie toujours le contenu de son assiette et de son verre depuis que le chien de notre ancienne voisine est mort empoisonné." plaisanta-t-il.
" C'est embêtant, en effet. Hmm... La noyade ?"
" Il est plus fort que moi. C'est moi qui me retrouve la tête sous la flotte à chaque fois."
" Le pousser sous une voiture ?"
" Sans commentaire."
" L'électrocution ?"
" Idem !"
" Lui foutre la frousse de sa vie ? J'ai déjà entendu parler d'une fille qui était morte de peur après que son père ait surgit devant elle sans crier gare au coin d'un couloir."
Le natté fut plus qu'amusé par cette déclaration.
" Ca risque de ne pas marcher. Après le nombre de fois où je lui ai fait le coup, tu penses bien qu'il serait mort depuis longtemps."
" C'est Superman ton frère ou quoi ?"
Ils se sourirent mutuellement d'un air complice, jusqu'à ce qu'une voix ne retentisse dans leur dos.
" Hilde, Hilde, Hilde, Hilde ! Très chère amie, tu tombes à pic. Tu vas peut-être pouvoir m'aider."
Avec lassitude, Duo se tourna vers Solo qui l'ignorait royalement, toute son attention tournée vers la brune.
" Salut Solo !"
" 'Lut à toi aussi, jolie damoiselle. Alors, es-tu prête à tendre l'oreille et à m'aider à résoudre mon problème ?"
" Je técoute !"
" Voilà ! Je me demandais si tu connaissais le nom de la fille avec qui mon adorable petit frère sort en ce moment."
Duo se raidit instantanément à ces mots, son coeur cessant irrémédiablement de battre. Sans même s'en rendre compte, il serra les poings, la colère montant crescendo en lui. Mais de quoi il se mêlait encore cet abruti ? Il ne pouvait pas s'occuper de ses fesses ? Et de quel droit il y mêlait Hilde d'ailleurs ? Il jeta un coup d'oeil à l'allemande, se sentant étrangement mal. Elle avait froncé les sourcils, l'observant avec curiosité. Finalement, elle fit face au plus âgé.
" Je regrette mais..."
" Casse-toi Solo !"
Les deux étudiants se tournèrent vers lui. Il avait prononcé cette phrase avec un mélange de froideur et de dégoût.
" Ne me dis pas qu..."
" T'es sourd ou quoi ? Je t'ai dit de te casser ! Tu pleures qu'on arrête pas de s'engueuler en ce moment mais si t'étais un peu moins con ça n'arriverait pas ! Tu comprends vraiment rien à rien ! Dans la catégorie 'Je suis con et je sais pas fermer ma grande gueule' tu détiens la palme d'or, aucun doûte la-dessus."
Il avait légèrement haussé le ton et tous les regards avaient convergés dans leur direction. Duo le remarqua tout de suite et, pris par la colère, s'exclama:
" Vous voulez peut-être vous rapprocher un peu pour pouvoir suivre notre dispute de plus près ?"
Pris en faute, tous retournèrent à leur occupation première.
" Bon, Duo tu te calmes, ok ? On est dans un bus pas à la..."
" C'est toi qui dit ça ? C'est pourtant pas moi qui vient de déblater ta vie privée devant tout le monde ! Je ne me suis jamais occupé de tes affaires alors fais en autant avec les miennes. On s'en portera mieux."
" Ecoute, je ne pouvais pas deviner qu'Hilde n'avait pas été mise au courant. C'est ton amie et je pensais que..."
" Et bien tu pensais mal, comme d'habitude !"
" J'en ai plus qu'assez que tu me parles sur ce ton, Duo ! Je te l'ai déjà dit, je suis ton frère, pas ton pote !"
" Raison de plus !"
" Stop, ça suffit !"
Hilde venait de s'immiscer dans la dispute, l'air plus qu'agacé.
" Vous n'allez pas vous disputer pour ça tout de même ? Ce n'est ni le moment ni l'endroit ! Pour répondre à ta question Solo, et bien que tu l'ais compris, je ne suis au courant de rien. Quant à toi Duo, plutôt que de prendre la mouche, respire et calme-toi. Je ne vais pas t'en vouloir parce que tu ne m'as rien dit, je suppose que tu as tes raisons. Peut-être que tu n'en as pas eu le temps ou alors tu ne te sentais pas prêt à me le dire. Quoi qu'il en soit, il est hors de question que je te fasse la gueule pour ça. Tout comme c'est inutile que vous vous disputiez ainsi. C'est ridicule !"
Mais Duo était bien trop furieux pour obéir et se calmer. Il en avait plus qu'assez qu'on se mêle de sa vie. Il en avait plus qu'assez de sa mère sur-protectrice et du fouteur de merde qui lui servait de frère. C'est pourquoi, sans un mot de plus, il se leva de sa place et, sous les regards appuyés de tous et les appels de Hilde, il descendit du bus, qui venait juste de s'arrêter devant le lycée.
Ses yeux lançaient des éclairs meurtriers, ses poings étaient fortement serrés au point qu'il s'en écorchait la peau avec ses ongles, ses lèvres étaient pincées et son avancée dans les coiloirs plus que brutale. Son animosité était tellement palpable que certains étudiants se poussaient de son chemin, de peur des réprésailles qui pourraient en résulter. Et alors qu'il avançait dans un énième couloir en direction de la classe de mathématiques où il devait retrouver Quatre, il sentit quelqu'un l'attraper par le poignet et l'obliger à se retourner.
Instantanément, sa colère retomba et il se sentit étrangement idiot alors que, devant lui, les yeux cobalts de Heero, l'observaient avec interrogation. Il se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux, son coeur faisant un triple saut périlleux dans sa poitrine. Autour d'eux, les élèves affluaient mais c'était à peine si Duo les voyait. Seul comptait Heero. Heero et ses yeux bleus, Heero et ses lèvres rouges, Heero et sa main posée sur son poignet, Heero et sa voix. Duo adorait sa voix. Elle était douce, tendre, envoûtante...
Les yeux emplis de questions, le japonais l'interrogea.
" Quelque chose ne va pas ?"
Le natté ne put répondre à la question tant il était enseveli sous un amoncellement de sentiments. Il ne se le répèterait jamais assez selon lui mais Heero était beau. Plus que beau, il était magnifique. Et il y avait cette attraction qu'il exerçait sur lui... Il n'en avait pas conscience mais Heero avait tous les pouvoirs sur lui. Duo était prêt à faire n'importe quoi pour lui, même s'il ne le connaissait que depuis quelques jours seulement.
Il sentit soudain la main du japonais glisser de son poignet jusqu'à sa main pour le tirer dans une classe vide juste à côté. Une fois seuls, il lui refit face et, d'un geste d'une tendresse infinie, vint doucement caresser sa joue avec sa main libre.
" Dis-moi pourquoi tu es en colère, Duo." demanda-t-il.
Il cligna les yeux, d'abord surpris, avant de sourire doucement.
" Je ne suis pas en colère, ça va."
" Ce n'est pas l'impression que tu m'as donnée quand je t'ai vu entrer dans le lycée il y a cinq minutes."
" C'est rien, c'est passé."
Il trouvait cette conversation suréaliste. D'une certaine manière, c'était la première fois qu'ils discutaient tous les deux, leur relation n'avait été, jusque là, basée que sur des gestes. Si relation il y avait bien entendu.
" C'est passé ?"
" Oui, je me sens mieux maintenant."
Il rougit subitement, se rendant compte de ce qu'il venait de dire. Et le sourire que lui fit le jeune homme en face de lui lui confirma qu'il avait compris le sous-entendu. Mais apparemment, il préférait s'en assurer.
" Dois-je en conclure que j'en suis le responsable ?"
S'il avait pu, l'américain se serait caché six pieds sous terre. Mais cela était totalement impossible dans la mesure où Heero lui tenait toujours la main et où il se trouvait au premier étage d'un bâtiment tout en béton.
" Je prends ça pour un oui."
La main qui caressait sa joue glissa jusqu'à son menton et le força ainsi à relever la tête. Heero avait un large sourire qui s'effaça lorsqu'il se pencha sur lui pour poser ses lèvres contre les siennes. Lorsque leurs langues se rencontrèrent, le cœur de Duo s'emballa, si bien qu'il ne sut plus comment réagir. Il était perdu dans un océan de sensations alors que la langue de Heero caressait sa jumelle avec douceur. Tout en l'embrassant, Heero déplaça la main qui tenait toujours la sienne enlacée de telle façon à entremêler leurs doigts. De son autre main, il le rapprocha pour approfondir le contact. Leurs lèvrent s'effleuraient, se touchaient, mais leurs mains se faisaient l'amour.
A bout de souffle, ils se séparèrent sans pour autant se lâcher des yeux. La main d'Heero remonta le long de son bras dans une caresse qui le fit frissonner et vint sur poser sur sa nuque. Il reposa ses lèvres sur les siennes l'espace d'une seconde puis se retira.
" Je suis en train d'en devenir dépendant, souffla-t-il. Tu es une vrai drogue, Duo."
Le seconde lui fit un petit sourire et se pencha à son tour pour lui voler un baiser. Ce fut pourtant qu'un frôlement de lèvres, il n'était pas assez expérimenté pour approfondir. Le japonais répondit à son sourire et s'éloigna quelque peu de lui.
" Tu fais quoi à midi ?"
D'abord surpris par la question, l'américain réfléchit un instant.
" Rien, je pense... Enfin, je vais allez manger bien sûr..."
" Ca te dit de venir manger avec moi ?"
Duo fut plus qu'embarassé par cette demande. Heero était-il en train de lui proposer un... un rencard ?
" Heu... je..."
Que devait-il dire ? Oui, non ? Il ne savait toujours pas ce qu'il y avait entre lui et le japonais; en sachant cela, il était difficile pour lui de prendre une décision.
" Si tu ne veux pas, je ne vais pas en faire un drame, tu sais."
" Non, c'est pas que je veux pas ! s'exclama-t-il aussitôt. C'est juste que..."
Mais il se tut. Devait-il lui dire ou pas ? Mais au même moment, la sonnerie anonçant le début des cours se fit entendre dans le bâtiment.
" C'est juste que..." l'incita à continuer Heero.
Duo secoua la tête et lui sourit.
" C'est rien, je viendrai. Dis-moi juste où tu veux que je te rejoigne."
" Tu es sûr ?"
" Oui, certain."
" Alors on se retrouve derrière le lycée à 12h, sous le chêne."
Le natté approuva d'un signe de tête avant de recevoir un second baiser qui perdura plusieurs minutes. Jusqu'à ce que l'américain se souvienne qu'il était censé se trouver en cours.
" Je devrais y aller, j'ai cours de mathématiques."
Heero ne dit rien, le laissant s'éloigner et lâcher sa main sans pour autant le lâcher du regard. Duo fit de même et c'est à taton qu'il chercha la poignet et ouvrit la porte de la salle de classe. Il fit un dernier sourire au japonais avant de refermer la porte et de prendre la direction de sa salle de classe. Les couloirs étaient vides et il regarda sa montre. Il grimaça en constatant qu'il avait presque dix minutes de retard et se mit à courir.
" Excusez-moi d'arriver en retard, professeur, j'ai eu un contretemps." dit-il à l'enseignant en entrant dans la classe quelques deux minutes plus tard.
" Ce n'est rien Mr Maxwell mais que cela ne se reproduise plus. Dépêchez-vous d'entrer et sortez vos affaires."
Obéissant, il alla s'installer à côté de Quatre qui lui avait réservé la place. Immédiatement, le blond se pencha discrètement sur lui.
" J'ai vu Hilde, elle a dit que tu étais sorti du bus furieux à cause de ton frère. Ca va mieux ?"
" T'inquiètes Kitty cat, mon contretemps est parvenu à me calmer. Je ne comprends toujours pas comment il a fait d'ailleurs..."
Le baiser qu'ils avaient échangé lui revint à l'esprit. Sa peau le brûlait là où Heero avait passé ses mains et ses lèvres avaient toujours ce goût d'interdit qu'il ressentait à chaque fois qu'ils s'embrassaient.
" Enfin si, je sais, mais j'arrive pas à m'expliquer ce pouvoir qu'il a sur moi."
" Qui pourrait croire que Heero Yui sait être tendre quand il faut, plaisanta son ami. Comme quoi il ne faut pas se fier qu'à ce qu'on voit. Quand j'ai vu que tu n'arrivais pas, je me suis doûté que tu devais être avec lui."
Il se contenta de sourire avant de regarder le professeur Johas noter des équations au tableau. Il se sentait bêtement heureux, pourtant il ressentait un sentiment de vide au fond de lui. Et il savait parfaitement d'où il venait. Il ne savait toujours pas où ils en étaient avec Heero: sotaient-il ensemble ou pas ?
" Dis Quat-chan..."
" Oui ?"
" Si quelqu'un t'embrasse à plusieurs reprises en se montrant super tendre à ton égard, est-ce que tu considèrerais que tu sors avec cette personne ?"
" Votre relation n'est pas officielle ?"
" Disons qu'Heero ne m'a rien dit à ce sujet. Il s'est juste contenté de m'embrasser, et il m'a demandé de manger avec lui à midi. Mais à côté de ça, rien ! Et je n'ai pas osé le lui demander."
" Ca doit être évident pour lui, mais visiblement ça ne l'est pas pour toi. Yui n'est pas quelqu'un de très à l'aise avec les sentiments, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. A ta place, je lui demanderais, comme ça tu sera fixé. Mais tu m'as dit hier qu'il t'avait dit ne pas vouloir jouer avec toi. Tu dois savoir lire entre les lignes. Je pense qu'il prend la chose au sérieux, mais n'hésites pas à lui poser la question. Il verra que tu as besoin d'être rassuré sur certains points et ça vous évitera de ne pas vous comprendre."
Duo ouvrit des yeux ronds.
" T'es madame Irma ?"
" Bah tu sais, j'ai l'habitude avec mes soeurs. Depuis que je suis gosse, j'en entends des vertes et des pas mûres sur leur couple."
" Pas cool."
Ils se sourirent et écoutèrent ce que disait l'enseignant. Cependant, Duo n'arrivait pas à se concentrer pleinement. A nouveau, il se tourna vers l'arabe.
" Alors d'après-toi, je devrais lui parler ?"
" C'est toi qui voit, mais ce serait une bonne chose."
" Mais je ne risque pas de l'embêter avec mes questions ?"
" Il a l'air de tenir à toi alors je ne crois pas."
" Qu'est-ce qui te fait dire ça ?"
" Eh bien... Je ne le connais pas plus que ça mais je sais que ce n'est pas son genre de jouer avec les sentiments des gens. Quand il a un problème avec quelqu'un il le dit, il n'est pas du genre à faire croire à quelqu'un qu'il l'apprécie si ce n'est pas le cas. Tout le monde dit qu'il est froid et distant, moi je dis qu'il est sincère: il ne veut pas donner de faux espoirs aux gens alors il les ignore pour leur montrer qu'ils n'ont aucune place dans sa vie. Toi, il ne t'a pas rejeté, c'est même lui qui est venu vers toi. Donc on peut dire qu'il tient à toi, même peut-être plus que tu ne le penses. Son cercle d'amis est très restreint: il y a Trowa, Wufei Chang et Réléna Peacecraft. Ce sont les seuls à qui il se montre comme il est vraiment. Et depuis récemment, à toi aussi. Ca veut dire qu'il te fait confiance, et crois-moi, au vu de la façon dont il traite énormément de gens, il ne l'accorde pas à tout le monde."
Un mouvement sur la droite du natté attira leur attention et ils relevèrent la tête pour croiser le regard exaspéré du professeur.
" Maintenant que votre discussion semble terminée, peut-être pourriez-vous songer à faire l'exercice 5 de la page 123 ?"
Les deux garçons lui firent un petit sourire d'excuse et, après avoir approuvé d'un petit oui, ils ouvrirent leur livre de mathématiques.
Après cette conversation, Duo se sentait rassuré. D'après Quatre, Heero voulait engager quelque chose de sérieux avec lui, ses craintes étaient totalement injustifiées. Cependant, pour un souci de communication, il se devait de discuter avec le japonais; et après cette conversation, il s'en sentait plus que capable.
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Sa bonne volonté ne dura cependant pas plus de quatre heures. Maintenant que le moment de rejoindre le terminal était arrivé, Duo sentait son estomac se nouer. A chaque pas qu'il faisait, il se demandait si ses jambes n'allaient pas finir par se dérober sous lui. Il se trouvait stupide, ce n'était pas la première fois qu'il allait se retrouver face à Heero, alors pourquoi était-il si anxieux ? Peut-être parce qu'à chaque fois qu'il s'était retrouvé ensemble, cela avait été le fruit du hasard ? Quelque chose qui n'était pas prévu: une bousculade au coin de la rue, une rencontre au détour d'un couloir, une même dans les toilettes. Là, c'était différent. Il savait qu'il allait le voir et les battement de son coeur redoublaient à cette pensée. Non pas parce qu'il ne voulait pas le voir, au contraire même, mais plutôt parce qu'il ne savait pas comment agir.
"Reste-toi même, Duo" lui avait dit Quatre avant qu'il ne le laisse, sauf que c'était plus facile à dire qu'à faire.
Il arriva bientôt au lieu de rendez-vous, le coeur battant à tout rompre, les jambes flageollantes. Heero n'était pas encore là et Duo ne pouvait s'empêcher de se dire que ça n'était pas plus mal. Il avait encore un peu de temps pour rassembler tout son courage et se préparer à faire face au japonais. De prime abord, il paraissait on ne peut plus calme mais il était totalement tourmenté à l'intérieur. Il cherchait un moyen d'aborder le sujet de leur relation sans énerver le jeune homme mais il ne trouvait rien. Comment pourrait-il exposer son problème au terminal ? Heero risquait de le prendre très mal et Duo ne pouvait concevoir de le perdre à cause de ses doutes. Après tout, peut-être que Quatre se trompait, peut-être n'était-il qu'une aventure de plus pour Heero, juste un nom de plus sur une longue liste où se succédaient ceux de tous ses amants ?
Deux bras s'enroulèrent soudain autour de sa taille, le faisant sursauter. Cependant, il se décrispa en reconnaissant le rire du jeune homme de ses pensées.
" Je t'ai surpris, excuse-moi. Mais c'était trop tentant."
" De me faire peur ?" feint-il de s'offusquer.
" Non, de te prendre par derrière."
Les joues du natté s'empourprèrent instantanément à ces mots et Heero, ayant dû le remarquer, sourit dans son cou avant d'y déposer un petit baiser qui le fit frissonner.
" Je veux dire dans mes bras, baka. Quoi que... Watashi wa kamaimasen yo..."
Cette dernière phrase avait été prononcée en japonais et l'américain fronça les sourcils, n'en ayant pas compris le sens.
" Ca veut dire quoi ?"
" Tu ne veux pas savoir." répondit le terminal, taquin, en le lâchant.
Duo se tourna vers lui.
" Mais si, je veux savoir. Qu'est-ce que que tu m'as dit ?"
" Je te le dis si tu m'embrasses."
Le natté resta coî un instant.
" C'est du chantage !"
Seul un sourire amusé lui répondit et Duo secoua désespérément la tête avant de demander sérieusement:
" Tu promets que si je t'embrasses tu me diras ce que veux dire ce que tu viens de me dire ?"
Heero approuva. Alors, sans plus de cérémonie, l'américain l'embrassa doucement. Immédiatement, Heero rapprocha leurs deux corps et approfondit le baiser, ses mains parcourant le dos du garçon dans ses bras.
" Oh, comme c'est mignon." fit soudain une voix, non loin d'eux.
Effrayé à l'idée qu'on les découvre, Duo se retira aussitôt des bras d'Heero et se tourna vers l'endroit d'où provenait la voix. Il avisa trois personnes en train de les observer, deux garçons et une fille, et reconnut l'un d'eux comme étant Trowa Barton.
" Qu'est-ce que vous foutez là ?"
Heero paraissait mi-exaspéré mi-énervé en disant cela. D'emblée, la fille qui accompagnait les deux garçons s'exclama.
" Je leur ai dit de ne pas venir et de vous laisser tranquille, mais tu connais Trowa et Wufei..."
" Mouais, surtout Wufei." grogna le japonais.
" Hey ! s'offusqua le chinois. Je te signale que c'était aussi l'idée de Barton."
" Quoi ? C'est même pas vrai, je voulais pas jouer les voyeurs. Je voulais juste m'assurer que tout se présentait bien pour eux."
" Qu'est-ce qui faut pas entendre, lança la blonde. Tout ce qui t'intéressait, c'était de voir le super ami super mignon."
" Mais non, je m'inquétais seulement du bien être de mon meilleur ami."
" Arrête de jouer les faux culs, Barton ! Tu trompes personne."
Et une dispute débuta entre les deux garçons sous le regard agacé de la blonde. Duo, lui, ne savait pas comment réagir. Visiblement, Heero les connaissait tous les trois, et leur soudaine apparition semblait l'irriter au plus haut point. Il grogna de mécontentement et se tourna vers le plus jeune qui regardait tour à tour les deux garçons se lancer des vanes comme on regarde une partie de ping pong. Se sentant observé, il finit par redonner toute son attention à Heero. Ce dernier, bien que blasé, l'attira à lui et, ignorant la bourrade de ses deux amis, se pencha sur lui.
" On en était où ?"
Duo rougit mais ne put protester: déjà, la langue d'Heero débutait un ballet avec la sienne.
Fin du chapitre 8.
Ca y est, il est enfin fini. Je m'excuse du retard, ce chapitre aurait dû arriver bien avant aujourd'hui. Je n'ai aucune excuse pour se retard monstre, je vous demande juste pardon. Mais bon, il aura fini par arriver. Je sais, on ne voit pas beaucoup Heero dans ce chapitre mais je vous assure que la machine est mise en place: on verra plus souvent nos deux amoureux ensemble à partir de maintenant. J'espère que ce chapitre vous aura plus, je vous fais de gros bisous. N'oubliez pas de laisser un commentaire pour dire ce que vous en avez pensé.
Un gros bisou à toi Noan surtout, merci d'avoir corrigé ce chapitre.
Datte
kimiga suki dakara:
parce que je t'aime
Sorry kitty cat, I was in my mind: désolé kitty cat, j'étais ailleurs
Do that and I kill you: fais le et je te tue
watashi wa kamaimasen yo: ça ne me dérange pas