Auteur : Stairway To Hell
Rating : M
Genre : Romace/Humour
Avertissement : c'est un salsh, donc relations homosexuelles, alors s'il vous plait, juste pas de commentaires homophobes, ce n'est pas dur si on n'aime pas de faire page précédente !
Pairing : Harry/Drago
Disclamer : Les personnages sont à JK Rowling et c'est tout.
Remercîments : Je sais qu'en général, on remercie des gens que l'on connait précisément, mais pas moi ! Je remercie Maurice Richard, la légende du Québec,(ainsi que son représentant cinématographique, j'ai nommé Roy Dupuis) qui m'a fait profondément aimer le hockey. Je remercie les joueurs de la LNH. Je remercie les petits garçons dans ma rue qui courent derrière des pucks de hockey à l'année longue en brandissant des mini-bâtons de hockey, même si j'ai plus l'air de vous haïr quand on se bouscule, je vous suis reconnaissante. Voilà !
Note de l'auteur : Je me lance dans une autre production (en même temps que SubEcst, oui oui). Je voulais absolument ma fic comique à moi aussi et comme dans un élan d'inspiration j'ai écrit ce long chapitre, je me suis décidé à le publier. Il risque d'être updaté plus rarement que SubEcst, mais il faut comprendre que les chapitres sont beaucoup plus longs et l'histoire est faite sans feuille de route. De plus, je m'essaye à l'écriture de "focalisation interne" et je me suis vraiment laissée aller, même si c'est ma première fic du genre.
Résumé : UA. HPDM. Harry Potter, 16 ans, entre en dernière année à Poudlard. Après des années de mésentente entre lui et Drago Malefoy, comment survivre au fait de le fréquenter en dehors de la patinoire ?
Aimes-tu le hockey autant que moi ?
Chapitre 1 : Le début de la fin
De tout ce que j'ai connu jusqu'à présent, je dirais qu'il y a deux façons fondamentales, et diamétralement opposées, de commencer une journée.
D'abord, on peut vivre une expérience idéale, qui n'existe quasiment que sur papier : au lieu d'être arraché traitement du sommeil, ce dernier semble quitter notre corps avant même que le réveille-matin n'ait sonné, on cligne des yeux et immédiatement on se sent frais et dispos. Un bref regard à notre cadran nous fait réaliser qu'il nous reste encore de longues minutes avant que le devoir ne nous appelle. On entend son père dans la cuisine qui prépare son café et met les voiles en essayant de ne réveiller personne. Quelques minutes passent, mais qu'importe, on en a encore pour plus ou moins une heure, alors on se cale dans ton oreiller paisiblement, con-for-ta-ble-ment. Puis notre mère se lève, déjà là, il y a un peu plus d'animation, mais toujours rien pour s'en faire. Finalement, le petit appel strident du réveil se fait entendre, on se lève et si on est chanceux – ou rapide – on a la joie de couper sa mère, cette femme délicieuse, qui a le plaisir de nous rappeler notre retard.
Bien sûr! La seconde façon de procéder – la mienne – est la pire. Oublions tout ce qui est dit avant le poétique « petit appel strident». Voilà la deuxième façon d'entamer une journée.
J'entends le braillement strident de ma maudite radio, mais tout ce que je trouve à faire, évidemment, c'est l'éteindre du plat de ma main. Ce n'est pas comme si j'allais me lever. Seigneur non ! En sortant mon bras de sous les couvertures, j'ai tout juste pu sentir le froid mordant de l'extérieur – mon présent ennemi – et j'ai tôt fait de ramener tout membre téméraire dans mon cocon douillet. Bien enfoui sous mon igloo de drap, je ne tarde pas à me rendormir. L'espace d'un instant, je me demande même pourquoi j'avais réglé l'alarme ce matin.
Oh non !
—Harry, tu vas être en retard ! C'est la première journée d'école, debout !
Merde ! Je l'avais oublié celle-là !
Traître de mois d'août ! Il fait beau jusqu'au 31, même en soirée, il fait chaud et pesant, on se balade en short et en t-shirt qu'on a encore l'impression d'être tout en sueur et que nos vêtements nous collent à la peau. Puis arrivent le 1er septembre et le soleil se fait la malle plus vite que Lance Armstrong après sont maillot jaune.
C'est chiant, dehors il pleut comme vache qui pisse et je sens très bien – après m'être défait de ma demi-tonne de couverture – qu'il fait déjà un brin plus frisquet. Comme si vivre dans le pays le plus arrosé du monde n'était pas suffisant, en plus, à Londres, les températures ne grimpe jamais à nous faire rêver d'être dans le Sud. Merci qui ? Mais merci la Mer du Nord !
Et me revoilà en train de perdre mon temps à accuser la Mer du Nord de m'avoir fait passer un été pourri de chez pourri ! Comme si je n'étais pas capable de faire ça tout seul !
J'en mets un peu. Mais vraiment juste un peu. Parce que ce n'était pas aussi pénible que je laisse imaginer. Au début c'était plutôt bien, même. J'ai passé mes premières journées de vacancier à me faire griller la pilule chez Hermione, l'amie la plus formidable qui soit dans le monde – elle a une piscine. Bon! il n'y a pas que la piscine, Hermione est gentille, honnête, fidèle, intelligente, un peu casse-pied parce que très perfectionniste, mais dans le groupe on le gère assez bien maintenant. Et puis elle sort avec Ron – mon frère de cœur –, alors j'avais même mon rouquin pour jouer et patauger. Eux deux, ce sont mes meilleurs amis, il n'y a rien que je ferais pour l'un que je ne ferai pas pour l'autre… Et ce que je ferais pour eux ne se limite qu'à la grandeur de ce qu'ils pourraient me demander. Bien sûr, je connais Ron depuis que je sais dire «tache de rousseur » et c'est un garçon, alors on se comprend souvent beaucoup mieux tous les deux, mais nous sommes un triplet inséparable. Hermione est comme une petite sœur et Ronny comme mon frère jumeau.
Quoique ces temps-ci j'aurais plutôt envie de l'appeler faux-frère, ce crétin. Il est monté dans le nord du pays pour rendre visite à mémé Weasley –la légende raconte qu'apparemment elle serait la seule qui ne serait pas rousse de la famille, mais ça je demande à le voir. Et oui ! Je me sens immensément délaissé. J'ai tellement l'habitude de passer tout mon temps avec lui que le voir partir, le 1er août m'a un peu chamboulé. Je n'y ai pas cru jusqu'à ce que j'appelle chez lui pour aller patiner et que je tombe sur le répondeur. Ce fut un traumatisme de se faire envoyer paître par un recordman. Hermione, de son côté, était partie en République dominicaine, mais c'est moins dur à supporter, elle part en vacance tous les étés, elle. Aucun faux-espoirs venant d'elle.
J'ai donc dû me résoudre, les quatre dernières semaines, à beaucoup voir Seamus et Dean – deux clowns que je connais depuis la maternelle – et j'ai fait morfler les gamins du quartier qui jouaient au hockey dans la rue. Avec toute franchise, j'ai adoré, mais plutôt crever que d'aller dire aux autres que j'ai sympathisé avec des mômes de neuf ans.
—HARRY ? Quoi ! Tu es encore couché ? Debout, vite ! Je ne vais pas commencer à faire le taxi si tôt dans le trimestre, non plus.
Maman. Elle a beau hurler, se plaindre et s'activer comme une névrosée sur les amphétamines, je sais qu'elle aime bien venir faire sa marâtre le matin. Sentir à quel point elle m'est indispensable. Que sans elle, je serais perdu. Parfois, on penserait presque qu'elle s'imagine que si elle n'était pas là, je ne saurais pas respirer correctement.
Ceci dit, je sais que maintenant que j'ai seize ans – depuis le 31 juillet – elle commence à réaliser que je deviens un homme et que je ne vais pas rester à la maison indéfiniment. On a eu un merveilleux conseil de famille à ce sujet d'ailleurs, le 1er août au souper – le 31 je n'étais pas en état, vous comprenez – et je peux vous jurer que je ne pensais pas qu'elle tenait tant à moi. Je ne veux pas dire par là que je me sens mal aimé – très loin de là – mais quand ses yeux se sont remplis d'eau et qu'elle a commencé à renifler, j'ai réalisé que malgré ses discours, elle n'attendait peut-être par vraiment impatiemment mon départ de la maison. On se fait bien mener en bateau nous les jeunes, les adultes sont toujours là à geindre : «J'ai tellement hâte que tu t'en ailles, enfin moins de ménage, de lavage, plus d'assiette qui traîne sur le comptoir au lieu d'être dans le lave-vaisselle ou de vieux cœur de pomme sur le tapis du salon ». Pour tout dire, maintenant je sais qu'ils n'en pensent pas un mot.
—Harry ! Lève !
Tortionnaire ! Hitler !
Moi, je vais être le dernier à pleurer en tout cas quand je partirai d'ici.
N'empêche, je vais activer la machine, parce que le bus ne m'attendra pas et que je ne suis pas encore sorti de l'auberge. J'enjambe le foutoir qu'il y a par terre – j'ai vraiment laissé s'empiler n'importe quoi pendant deux mois et je n'ai pas trop envie de ranger maintenant. J'ai des haut-le-cœur rien qu'à imaginer tomber sur un truc qui pue, genre aliment périssable de la famille des vieux yogourts biologiques.
En pensant à cela, j'ai l'impression que l'air est plus pur en dehors de ma chambre. Beurk !
Dans la salle de bain, je n'ai qu'à enlever mon boxer et sauter dans la douche… Bon, mon saut tire plutôt sur un long et pénible étirement de la jambe, mais qu'importe, c'était une image.
Au moins l'eau n'est pas trop froide, je me positionne sous le jet et rêvasse un peu avant de commencer à me laver. J'ai vraiment perdu l'habitude d'être stresser par mon horaire et combat de toute mes force la paresse de mes gestes.
Retard le premier jour, c'est loser !
On frappe – martèle – à la porte. J'ose à peine croire que c'est sa voix ô combien délicieuse qui m'invite si gentiment à sortir. Un vrai rayon de soleil :
—Harry ! Je n'ai pas de temps à perdre. Sort !
—Une minute !
Je rince à grand coup d'eau fraîche l'écume de savon et ressort de la cabine. Je m'apprête à prendre un linge sur le porte-serviettes, mais il n'y en a déjà plus. Un vieux tapon humide est tassé dans un coin. Quelle plaie ! Il est vraiment moche ce vendredi ! Je noue le torchon dégoulinant sur mes hanches – et croyez-moi, je grimace – puis ouvre enfin à ma mère qui fait le pied de grue.
Elle m'aime ma maman, et moi aussi je l'aime, mais là on dirait plutôt qu'elle voudrait m'assommer à coup de faire à repasser. Elle entre dans la salle de bain en me bousculant un peu avec son gros panier d'osier.
—Dire que je poireaute juste pour toi.
—Arrête, tu vas me faire culpabiliser, j'ironise en filant dans ma chambre.
Je mets tout au plus deux minutes à m'habiller, c'est beau l'invention de l'uniforme. Bon c'est sûr, la vie en blanc est bleu manque un peu de charme, mais je bénis toujours le vieux conservateur de Dumbledore quand j'arrive devant ma penderie et n'ai qu'à tendre le bras pour choisir mes habits. En temps normal, je peux passer une demi-heure facile à me gratouiller le menton devant mes tiroirs et mes supports, avec le sentiment profond de n'avoir rien à me mettre.
J'entends ma mère passer devant ma porte de chambre et descendre les escaliers. Parfait ! D'habitude, elle me demande de lui descendre les poubelles de tout l'étage, ensuite, je dois généralement tout vider dans les deux sacs verts et là, elle me demande de les déposer au chemin. La honte ! C'est tellement humiliant de se trimballer deux sacs de merde puant devant les autres crétins qui arrivent à l'arrêt de bus avec un bon quinze minutes d'avance. Mais aujourd'hui, il en est autrement !
—Salut ! je dis à ma maman en entrant dans la cuisine.
—Salut, ça va ?
Elle s'en fout, elle s'occupe de mon sandwich d'une main et de son agenda de l'autre, je veux bien que les femmes puissent faire deux choses à la fois, mais de là à les faire bien toutes les deux…
—Il est quelle heure ? me demande-t-elle.
—Pas loin de huit heures et quart. Hé dit, je pourrais prendre l'auto, ce matin ?
Elle lève la tête assez brusquement pour me lancer un regard explicite.
Pourriture de société ! C'est une autre des nombreuses choses qui a pourri mon bel été, tiens ! J'ai à peine pu conduire, avec tous les moments de libre que j'avais, c'est tout de même un comble ! Mes parents n'avaient jamais le temps de me laisser faire et j'ai touché la pédale un grand maximum de trois fois. Ron par contre, lui, il pourrait passer son permis dès aujourd'hui, si le Code n'obligeait pas d'avoir dix-huit ans. Hermione aussi doit être excellente, tout du moins pour l'examen théorique, parce qu'elle a toujours été moins performante en pratique.
C'est vraiment infernal ! Cette année encore, on va devoir demander aux frères de Ron, Percy de nous conduire partout. À moins bien sûr que les jumeaux ne parviennent à avoir leur permis. Dans ce cas, si on arrive à embarquer George et Fred, ce serait toujours pas trop mal, moins pire qu'avec Percy, c'est certain, avec qui jamais rien n'est gratuit. Encore que, se faire trimbaler dans un abominable, vieux, laid, puant Station-wagon – rebaptiser «la voiture de la honte » – c'est trop humiliant. Quand je pense que pour eux, c'est le seul moyen de locomotions, j'en ai des frissons. Un vrai en plus, avec l'espèce de carrosserie en imitation douteuse de bois et tout.
Je jette un coup d'œil à l'afficheur du four.
Comme je n'ai rien de plus constructif à faire, je commence à faire des allé-venu dans le hall. C'est l'un des principes pour éviter la sortie des ordures : toujours avoir l'air occupé. Même si c'est à se curer le nez !
Heureusement – Malheureusement ? –, je trouve rapidement une activité. Je viens de surprendre mon reflet dans le miroir et, mon Dieu, quel catastrophe ! Je ne pensais pas avoir l'air aussi ébouriffé et mal apprêté. J'aplatie mes cheveux sur mon crâne à deux mains – d'ici cinq minutes ce sera à refaire, de toute façon –, rajuste mon col de chemise qui était rabattu à la mode Compte Dracula, défais les deux premiers boutons au passage et donne du leste à ma cravate.
Mieux.
—Tu es très beau, me signale ma mère.
Ce genre de remarque me tire toujours une grimace.
—Merci, fais-je tout de même, l'arrachant presque d'entre mes dents.
—Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit, encore ? elle maugrée.
—Rien… Tu es ma mère, tu ne comptes pas, c'est tout.
Je savais que j'aurais dû ne rien dire. Je déteste quand elle fait ça. Elle lève les yeux au ciel, c'est saoulant. C'est comme dire à une fille et sa mère qu'elles ont l'air de sœurs. Maman est au paradis et fifille en plein cauchemar. Ce genre de phrase est maudit par tous les adolescents de la planète, ce n'est pas que moi qui l'invente ! Ron aussi fait une drôle de tête quand sa mère lui dit qu'il est beau – surtout quand il a rendez-vous avec Hermione.
Enfin bon ! Elle a clos la conversation et je retourne à ma contemplation. Mince ! Mes cheveux sont encore tout emmêlés !
—Je vais prendre une douche. Bonne journée, loulou.
Elle me plaque un baiser sonore sur la joue, d'habitude c'est sur le front, mais là je suis debout, elle ne se rend pas. Il n'empêche, j'adore quand elle le fait. Puis en dehors du «loulou », je la trouve vraiment géniale.
—Tu ne m'amènes vraiment pas ? je pleurniche.
—Je vais être en retard.
—C'est bon, je vais prendre le bus.
J'attrape son restant de jus d'orange et le cale d'un trait avant de le mettre dans le lave-vaisselle.
—Papa est là ? je hurle comme elle est à l'étage.
—Non, il est parti plus tôt ce matin, il avait un meeting avec les fournisseurs japonais. Il te souhaite bonne chance pour ce soir, il aurait voulu être là.
—Ouais.
Mon père est comptable agréé. J'avoue que dit comme ça, c'est vraiment nul, mais il fait tellement pour les autres, il gère ses affaires comme sa vie, honnêtement. Il travaille pour une imprimerie qui possède des bureaux partout à l'échelle mondiale et dont il est vice-président, c'est pourquoi, lui, ma mère et moi, on peut se permettre de vivre si aisément. C'est bien, mais le mieux c'est qu'il participe beaucoup dans tous les projets de la ville. Grâce à lui, les enfants on enfin une garderie et il a fait installer une pataugeoire et des jeux d'eau dans le parc. Il tient aussi les comptes de pas mal de nos amis, pro bono. Mon papa, c'est quelqu'un de profondément gentil et je ne dis pas ça uniquement parce que c'est mon géniteur.
—HARRY ! m'avertit ma mère pour que je n'oublie pas de partir.
—OUI ! BYE !
Je sors de la maison au pas de course. L'arrêt est juste au coin de la rue, mais tous les chauffeurs de bus ne s'arrêtent pas parce qu'un zouave court derrière eux.
Je piétine allègrement les belles pelouses fraîchement coupées de mes voisins, dans le seul but d'une économie de temps, bien sûr. Au bout de la rue, je vois les autres étudiants avec qui je partage mon arrêt. Ceux qui étaient en septième l'année dernière n'y sont plus et il y a deux nouvelles qui les ont remplacés. Elles ont l'air…jeunes ! C'est vraiment bizarre de les voir là, elles qui font leur entrée alors que j'entame ma dernière année. Ah ! Le Cycle de la Vie !
Installée sur le banc inondé, il y a la Folle. Je ne veux pas faire ma mauvaise langue, mais c'est le genre de fille plutôt extrémiste qui s'habille et se maquille d'une façon, disons, peu commune. Elle ne semble pas avoir deux onces de jugeote en plus de vivre dans un autre monde, ses écouteurs soudés aux oreilles.
Enfin, Théodore Nott, un fils d'ambassadeur – Suisse, il me semble – qui ne s'est jamais senti à sa place parmi nous. Il a toujours son air supérieur, agaçant au possible, et n'a pas vraiment su se faire apprécier à Valleyfield Park.
Quand l'autobus arrive, je suis en train de traverser la rue pour les rejoindre. Tant mieux, je n'avais aucune envie d'attendre dehors à la pluie, surtout que les imperméables c'est pas beau. Je suis le premier à mettre un pied dans le bus et mon premier regard va à la chauffeuse. C'est la même vieille emmerdeuse que j'ai depuis le premier jour. Je lui fais mon sourire flamboyant et elle répond par un rictus défaitiste de son cru. C'est con à dire, mais c'est vraiment jouissif de savoir que je peux gâcher sa journée juste en souriant.
Après ces chaleureuses retrouvailles, je trottine jusqu'au fond du bus et m'affale sur l'avant dernier banc, ne manquant pas de bousculer Dean et tirer les cheveux blond-roux de Seamus au passage. Bien sûr, c'est deux excités ne comptent pas une seconde avant de me rendre la pareille et s'entame une grande lutte de pouvoir pour savoir qui est devenu le Roi Du Fond Du Car durant l'été. On se tiraille comme des gosses un bon dix minutes, puis l'euphorie du moment commence à s'estomper et Dean finit par rasseoir Seamus qui enjambait déjà le dossier de mon siège risquant de nous faire sortir.
—C'est bon de vous revoir, dis-je quand même avec entrain.
—Pour nous aussi.
—Ouais bon, on s'est vu il y a trois jours quand même, soulève Seamus.
Qu'est-ce que je disais ? Mauvais perdant, va !
Non, mais Seamus on lui pardonne, quand même, d'être con parce que ce n'est pas de sa faute si à la base il est arrivé avec des fondations de merde. A savoir, il vient de Cardwell, lui, la ville voisine, là d'où vienne tous les bourgeois hautains qui fréquentent Poudlard. Cardwell et Valleyfield Park, la ville où j'habite, entretenaient une vieille rivalité entre la classe riche et la classe moyenne. Il y a vingt ans – et encore –, ce genre guerre pouvait se comprendre, mais aujourd'hui, Valleyfield prend de l'expansion et c'est ici que les parvenus font bâtir leur grosses maisons. Si la tension n'est toujours pas tombée entre les deux villes, c'est parce que les jeunes de Cardwell ont la tête tellement enflée que nous avons comme devoir de les leur exploser.
Seamus avait déménagé à Valleyfield vers l'âge de huit ans, il se souvient à peine de son enfance là-bas, mais a gardé son espèce de répartie cinglante. On l'appelle parfois le «Cardwellois » pour l'embêter, mais les jeunes de Cardwell le traite comme n'importe lequel d'entre nous. Puis on y tient à notre Seam' national, de toute façon.
—Retourne d'où tu viens, vipère, je m'exclame.
—Pour te laisser seul à ton pauvre sort alors que tu as tellement besoin de moi ? Jamais de la vie, voyons ! Comment ferais-tu pour t'essuyer proprement ?
—Je ne sais pas, avec ton visage peut-être.
Sans en prendre part, Dean est très attentif à notre petite joute et bien que Seamus et moi combattions les fous-rire, lui ne se gène pas.
Le ton monte et la chauffeuse nous donne plusieurs avertissements, mais on n'en fait toujours qu'à notre tête alors elle finit par la mettre en veilleuse.
O
Après un long trajet d'une vingtaine de minutes, on finit par arriver en vue de la polyvalente. Non pas qu'un désir mal contenu me brûle de retrouver les quatre murs de l'école, mais je dois dire que cette routine me manquait un peu.
Dean, Seamus et moi sortons en bon dernier, adressant un chœur enjoué d'«Au revoir !» à notre chère conductrice.
L'école n'est qu'à quelques mètres de l'arrêt où nous descendons alors nous nous empressons d'aller nous mettre à l'abri, comme le ciel se fait plus sombre et qu'il y a un éclair.
Notre bande s'agrandit au fur et à mesure que les autobus viennent déverser les élèves en quantité industrielle. Je salue gentiment les quelques connaissances qui passent sans s'arrêter, pressées de revoir leurs propres amis. Les jumelles arrivent en grande pompe, elles me sautent au coup et me couvrent de bisous avant d'enchaîner avec Seamus et Dean. Quelques-uns de mes anciens coéquipiers s'arrêtent pour nous faire la conversation, ils parlent des camps d'entraînement qu'ils ont commencés et de leurs craintes de ne pas être retenu. Personnellement, je ne m'inquiète pas pour ça parce que le Coach m'a nommé capitaine de la première formation et que j'ai de très grosses chances – pour ne pas dire que je suis assuré – d'être pris.
Soudainement, je pense l'apercevoir. Je suis presque sûr que c'est elle. Je plonge dans la foule, remontant le flot de personnes à contre courant pour me saisir d'une autre pauvre victime de mon manque affectif. Je serre Hermione dans mes bras en la faisant décoller et, une fois qu'elle arrive à prendre une goulée d'air, elle éclate de rire. Ses bras de femmelette essaient de trouver la force de m'étreindre aussi, mais pour la peine, c'est manqué.
—Harry ! Pose-moi par terre, c'est gênant ! Non mais quel athlète !
Je la fais glisser au sol et ramène aux copains une jeune femme toute bronzée au sourire plus que ravit.
—Hermione tu es superbe ! s'exclame Padma en l'embrassant.
—La République dominicaine t'a vraiment réussi, enchaîna Parvati. J'en connais un qui ne pourra pas garder les mains dans ses poches.
Hermione a la décence de rougir devant moi, mais elle coule à ses deux amies un sourire complice qui ne m'échappe pad. Image mentale vraiment traumatisante. J'ai eu le malheur de faire un tour chez Ron l'année passée par un bel après-midi de janvier…je me souviendrais toujours de frapper à sa porte de chambre à l'avenir. Brrr…
Ensuite, Hermione se lance dans une conversation à propos de ses vacances et de celles des jumelles, pas que ça ne m'intéresse pas, mais je suis resté à Valleyfield la brumeuse et elles m'emmerdent avec leur soleil à profusion. Puis je suis très distrait à la base, je trépigne parce qu'il ne manque plus que lui ! Je suis incapable de ne pas me tortiller sur place, je n'ai vraiment pas l'habitude d'être si longuement séparé de mon meilleur ami.
C'est alors qu'une chevelure rousse flamboyante intercepte mon regard. Un visage, couvert de taches de son, qui dépasse – et de loin – tous les autres d'une bonne tête. Son sourire en banane de con. Je vous le donne en mille, c'est Ron qui arrive.
Je me précipite sur lui avant qu'Hermione ne le voie – quoiqu'elle ait dû l'avoir remarqué, elle aussi. Ron ouvre juste les bras et se braque en me voyant venir et je le percute d'une force qui aurait jeté par terre tous les autres – Mais pas Ronny ! Je me pends bien entendu à son cou, broyant consciencieusement chacun des os de sa colonne vertébrale pendant qu'il se marre en me tapotant le dos. Il repassera pour les retrouvailles émouvantes.
—Grand con ! L'an prochain tu m'amènes avec toi chez Mémé Weasley ! Dis-le ou je ne te lâche plus jamais, j'exige en lui gueulant dessus.
—Promis juré. De toute façon je ne survivrais pas à un autre été à Paisley ! C'est vraiment un trou à vieux.
Il repassera aussi pour les grandes déclarations.
Non mais heureusement qu'il m'a avant de passer devant Hermione avec ce genre de phrase !
Quand on arrive près des autres – après qu'il m'ait encore dit que j'avais grandi…je l'emmerde ce grand vantard – Hermione vient l'enlacer en roucoulant amoureusement et ils s'embrassent les yeux fermés, dans les bras l'un de l'autre.
Et j'ai un pincement au cœur.
Pas parce qu'ils sont ensemble ou que Ron ne la préfère à moi ou qu'Hermione ne le préfère à moi, mais je commence à en avoir sérieusement ma claque d'être célibataire. Surtout en voyant ça. Il ne faudrait pas croire que je suis jaloux de l'un de ses deux là, je suis le type le plus heureux du monde qu'ils finissent enfin ensemble. Depuis le temps ! C'est juste que mon tous est venu, il me semble.
Comme on se les gèle tous, on décide d'entrer à Poudlard. J'attends gentiment que Ron ait lâché la bouche d'Hermione – parce que j'ai besoin de lui pour qu'on prenne un casier avec moi – quand une remarque ô combien nécessaire nous arrête.
—Le petit couple est toujours ensemble, formidable ! Le miséreux et la parvenu, quel genre de sale bâtard cela peut-il bien donner ?
Malefoy…
Un autre genre de bâtard. Le genre effroyablement sexy, malheureusement. Belle gueule Malefoy. On a beau se voiler la face autant qu'on le veut, par orgueil ou par jalousie, mais même moi je jetterais la pierre au premier qui arriverait en me disant qu'il n'est pas tout bonnement superbe. Avant, quand il avait environ six ou sept ans, il avait le visage pointu et des dents proéminentes ; sa morphologie lui avait value le surnom de « fouine » dont nous avions joyeusement abusé. Malheureusement, comme tous les gamins, il a perdu ses dents de lait et aujourd'hui il n'a plus que son visage anguleux, parfaitement symétrique.
Bien entendu, vu sa remarque, on se doute que je ne passe pas mon temps à saliver devant cet apollon. Il est pour ainsi dire, mon pire ennemi. Et comme la nature est bien faite, ce beau mâle au sang bleu plein les veines est un bon Dieu de con ! Un vrai enfoiré qui dès qu'il ouvre la bouche, détruit toute l'image de perfection divine qu'il renvoie. Au début, une fois le choc initial passé, on se dit qu'en fait, ça le rend plus humain, plus comme nous. Grossière erreur, à la longue on finit par ce rendre compte qu'il n'est vraiment qu'un poseur, vaniteux et on se lasse.
En général, c'est à moi qu'il s'en prend, il a du mal à accepter qu'il y ait des parvenus dont la fortune équivaut à celle de sa famille à Valleyfield et encore plus que ces derniers n'aient pas envie de devenir ses amis. Ce qui est mon cas. Je ne comprends d'ailleurs pas bien pourquoi il ne m'a toujours rien craché au visage. J'étais si habitué à ses giclées d'acide nitrique en plein dans les yeux. Il se contente de me fixer, le mépris absent de son regard.
Ah ! Il réagit. Il est…surpris ?
—Potter ? Bon sang, où est passé le gros lard empaffé de l'année dernière ?
Hein ?
Je sers les dents et les poings pour ne rien faire de tout ce qui me vient à l'esprit. J'ai tellement l'habitude de jeter mes gants que j'ai horreur des joutes verbales et préfère de loin les bagarres plus triviales. Je déteste vraiment ce fumier.
—Continue comme ça, Potter, et un jour, tu passeras peut-être par la porte pour entrer dans l'école au lieu d'emprunter le hangar. Bien sûr il te reste quelques progrès, mais la boulimie ne fait pas de miracle non plus.
La ribambelle d'élèves qui accompagne Malefoy ne se gênent pas, en me dévisageant, et rigolent élégamment – bande de bourges ! – c'est vraiment ridicule. Ils finissent par mettre les voiles avec leur commandant, ils passent par le vestiaire des garçons pour ne pas nous croiser et pouffent encore à cause de ses blagues. Je les regarde s'éloigner, ils poussent les premières années et se marrent. En fait, c'est un gros rassemblement de raclures finies, bébés et attardés.
—Grosse enflure, grince Ron entre ses dents, Hermione toujours dans ses bras.
—Laisse, chuchote-t-elle. Puis il n'a pas tout à fait tort. Tu as beaucoup changé, Harry, tu as fondu. Cette année, tu vas faire un malheur.
Je rougis bêtement. C'est moi le gars qui ne sait pas prendre un compliment. Pour en rajouter, Ron siffle, les deux doigts dans la bouche, en faisant se retourner tout le monde. Pour m'emmerder, il me fait des clins d'œil, en tendant son bras vers mes fesses, et me poursuit alors que je hurle au pervers en entrant dans l'école.
Je suis célèbre à Poudlard pour faire le clown a peu près…tout le temps. Forcément, il y en qui aime et d'autre pas, mais tant pis, ceux qui me trouvent exaspérant ne sont pas obligés d'être mes amis non plus. Le collège, c'est notre quartier général depuis la première année et comme on n'y a pas accès pendant les deux mois d'été, la rentrée c'est notre pèlerinage en terre sainte et on fait ça en grand. Poudlard est comme une énorme maison, avec une grosse famille, dans laquelle même Malefoy a une place ! C'est le frangin chiant pour lequel on crée des alliances inter-fraternel afin de l'abattre. Et pour être honnête, s'il devait partir, il me manquerait quelque chose à l'école. Au moins, il est loyal dans sa rivalité.
Je me dirige vers le bureau des surveillants, pour aller chercher un casier et me mettre avec Ron, j'ai manqué la répartition exprès pour ne pas être mis avec n'importe qui.
—Hé, Ron ! Tu te mets avec moi ? je m'égosille joyeusement.
—Ah non ! Je suis avec Nev', me répond-t-il le plus formellement du monde.
Oh !
Le choc !
Quel coup bas !
Je pivote pour confronter Neville du regard. Ce trouillard est sur le point de se pisser dessus tant il redoute être le centre d'attention, il est rouge comme une pomme mûre et baragouine des excuses dans une langue que je pense, il soit le seul à comprendre. C'est lui qui va me remplacer ? Ron veut remplir son cota de bonne action pour l'année ou quoi ?
—On est ensemble depuis cinq ans, fais-je valoir. Plus que ça, même, si on compte la petite école.
—Justement, ça fait plus de cinq ans que je retrouve mes devoirs piétinés par tes bottes en hiver et rouler en boule dans un recoin du casier quand ils ne sont pas déchirer pour te servir de signet dans tes lectures.
—J'arrive pas à le croire, je souffle, les yeux comme des ronds de flan. T'as entendu, Hermione ? Tu as vue avec quel genre de gars volatile tu sors ? Il te quittera pour la première qui se fichera de lui et le laissera l'oublier alors que toi, tu prends le soin de marquer de souvenir tout ce qui lui appartient.
Hermione sourit en lançant un regard solidaire à son petit ami qui rit de bon cœur. Neville semble sur le point de s'enfoncer dans le sol de honte tellement il est mal à l'aise et je le laisse filer avant qu'il ne tourne de l'œil. Pendant ce temps, Seamus me console ironiquement en fusillant Ron du regard. Les autres élèves qui font la queue ont l'air amusés par le spectacle et nous laisse délirer, au gré de mon humeur.
Enfin ! Il y a aussi l'adjointe de direction McGonagall et elle, elle, me trouve légèrement moins drôle que la moyenne des gens. Allez savoir pourquoi.
—Potter ! me rappelle-t-elle à l'ordre. Qui sera votre compagnon de casier ?
Ah oui ! C'est vrai. On rigole, on rigole, mais je suis un orphelin au cœur brisé lâchement abandonné…quelle personne saine d'esprit voudrait se mettre avec moi ?
—Hé Indy, j'interpelle une tête connue. Tu veux te mettre en ménage avec moi ?
Il hausse un sourcil et je pointe discrètement vers McGonagall.
—Oh ! réalise-t-il. Tu ne te mets pas avec Weasley ?
—Non, durant le divorce il a gardé ma dignité et moi les enfants. Alors, tu veux ?
—D'accord, mais qu'aucun de tes morveux ne m'appelle jamais beau-papa.
Je promets valeureusement, il est drôle Indy, puis McGo nous inscrit ensemble et on va déposer nos affaires.
Indy, c'est le diminutif d'Indiana. Au début, on trouvait tous que ça sonnait un peu fille, puis on a apprit qu'en fait, son père était un vrai fan d'Indiana Jones… Il a donc trouvé des lassos, des chapeaux d'explorateur est des serpents en plastique dans ces sacs de sport pendant un moment. Il est en concentration sport comme moi et c'est de Poudlard que je le connais, je ne l'ai jamais vu se prendre la tête avec quelqu'un, ce gars-là est un vrai trésor. Il a les yeux vairons en plus, c'est assez bizarre (le gauche est vert et le est droit brun tirant sur le merisier) et toutes les filles s'entendent pour dire que ça fait son charme. Je suis assez d'accord.
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J'ai math avec Hermione et Lavande – pas une amie personnelle, mais elle traîne avec les jumelles et 'Mione. Quand nous arrivons, le titulaire n'est pas encore arrivé et la plupart des places sont encore libres. J'arrive à trainer les deux filles avec moi dans le fond de la classe et ça n'a pas été facile parce qu'elles sont toutes les deux du genre première rangée, mais je finirai par en faire quelque chose.
Un jeune prof entre finalement. Il a les yeux clairs, des lunettes à fines branches grises, les cheveux châtains clairs coupés en brosse et doit avoisiner certainement les cinquante mètres. Il est assez comique à regarder, si grand et si maigre que ce qu'il aurait pu avoir d'imposant est automatiquement annulé. Il me semble très nerveux, jetant des regards vifs à tous les élèves sans en tenir un seul. Je ne suis pas convaincu, de prime abord. Puis bon, je lui garde tout de même une petite rancœur. Il est le remplaçant de Remus, mon oncle, qui enseignait jusqu'à l'année passée les mathématiques pour les élèves forts – mon groupe. C'est un peu pour être avec lui que j'ai fait tous ces efforts. Il est parti l'an dernier parce que les parents se plaignaient d'avoir un professeur anglican dans une école catholique. Maintenant il enseigne dans une école laïc, mais mes parents n'ont pas voulu me changer pour si peu.
Bref, ce prof a tout intérêt à être bon.
Il allait ouvrir la bouche quand un grognement mécontent se fait entendre. Tout le monde tourne la tête pour voir d'où ça vient.
Merde !
—Tu parle d'un calvaire, je siffle entre mes dents. On a Malefoy !
Lavande glousse en acquiesçant, tant mieux, c'est mieux de bouder avec l'accord et la compréhension de quelqu'un. Le prof se racle la gorge pour nous rappeler à l'ordre.
—Bonjour, je m'appelle Pascal Préville. J'ai fait un plan de classe, (il sort une feuille de son agenda) je vous aurais bien laissé dans votre position initiale, mais pour apprendre vos noms, ma méthode est plus facile. Alors si vous vouliez changer rapidement.
On reste tous sous le choc un moment. Ce gars-là à un débit de mot à la seconde phénoménal ! Je ne sais même pas comment il fait pour ne pas s'empêtrer dans ses mots à la vitesse à laquelle il parle.
Le grattement de chaise d'Hermione nous fait tous redescendre sur terre et tout le monde se lève.
J'y mets moins de cœur que les autres. Avec des noms comme Lavande Brown, Hermione Granger et Harry Potter, je n'ai pas une chance de me retrouver près de mes amies. Je jette un œil à la feuille, tous les autres sont déjà assis. Au moins je suis encore au fond, je me console en voyant mon post-it loin du bureau du prof. Je lève les yeux et qui vois-je ? Malefoy !
Deuxième coup d'œil au foutu papier…Hé merde ! Je suis vraiment à côté de Malefoy ! Et lui, il me regarde, sans bouger, assis au bout de sa colonne comme s'il ne savait pas. Je n'ai pas envie de me taper la fouine toute l'année ! C'est vraiment trop injuste.
—Harry Potter, m'appelle Pascal, le doigt sur l'autocollant à mon nom. Au fond, à côté Drago Malefoy.
Un rire timide s'élève dans la classe. C'était prévisible. C'est toujours follement drôle de mettre Harry Potter et Drago Malefoy dans une boîte fermée et de secouer un peu. Non mais vraiment ! Nos deux noms dans une phrase jurent déjà atrocement ! Faut-il absolument qu'on soit dans la même classe ?
Pascal – qui ne s'arrange définitivement pas pour que je l'aime – me pousse doucement en direction de mon bureau et je fais le reste du chemin comme Jésus sur son chemin de croix. Et j'exagère à peine. Je m'assois. On n'échange pas même un regard, mais on éloigne nos bureaux d'un geste tout à fait synchrone. En voilà d'autre que ça fait rigoler.
Maudit cours de math pourri !
Préville – je ne l'aime officiellement pas – se lance dans un monologue, toujours à la vitesse de l'éclair, qui intéresse plus ou moins tout le monde. Ceux que ça n'intéresse pas, ce sont Malefoy, son pote Zabini et son autre pote Théodore Nott, celui de l'arrêt. Et bien sûr, en bon emmerdeur, il ne se contente pas de ne pas écouter. Il me fait profiter de son inattention en fredonnant je ne sais pas quelle chanson en tapotant l'air sur son cahier avec son stylo.
D'ici la fin de l'année, c'est promis : JE-LE-BUTE !
Le prof a décidé de ne commencer vraiment les cours que lundi, donc il a parlé de son plan de classe de l'année, les matières à voir, le plan du Ministère de l'éducation, l'examen de fin d'année et il a fini en répondant aux questions plutôt impertinente des élèves.
Quand la cloche sonne, Malefoy est le premier dehors, avec ses amis et je rejoins les miennes. Hermione commence fort, elle est déjà au bureau du prof pour avoir des approfondissements…elle me désespère ! Elle finit tout de même par clore la conversation et on s'en va. On voit partout sur son visage qu'elle l'aime à mort, même s'il n'est qu'un jeune prof de vingt-cinq ans qui vient d'avoir son diplôme universitaire.
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—TU ES ASSIS À CÔTÉ DE QUI ?
Ron explose de rire, avec Seamus qui a tendance à le faire trop souvent aujourd'hui, je trouve… ou du moins trop souvent à mes dépends.
—Qu'est-ce que tu vas faire ? compatit Dean.
—Rien. Du moment qu'il n'essaie pas de me poignarder dans le dos avec la pointe de son compas, je pense que ça devrait aller. Je m'étais habitué à le croiser depuis le temps, mais de là à l'avoir dans mes cours…
On finit par se lever et on quitte la cafétéria pour amener Hermione à son cours d'histoire. Non pas qu'elle ait besoin de toute une escorte de joueur de hockey, mais Ron ne veut décidément pas la laisser une seule seconde et je suis très supporteur de mon ami Ronny alors on les accompagne. Bien sûr, comme lui et Hermione se polissent les amygdales à tout bout de champs, c'est avec Seamus et Dean que je discute.
—Vous devriez y aller, remarque Hermione alors que la cloche nous annonce qu'il reste cinq minutes. Vous êtes en français(1) avec Flitwick, n'est-ce pas ?
—Tu le connais ?
—Oui. Je me suis laissée dire que si l'on arrivait à se le mettre dans la poche dès le début de l'année, on avait toutes les chances de passer les oraux pendant les examens.
—Excellent !
Très bon point pour moi, je suis nul en français. Bon ! Pas vraiment. J'ai des problèmes quand il s'agit de parler et d'écouter, parce qu'en lecture et en écriture je me débrouille largement mieux.
—On compte sur notre bon ami Harry pour nous mettre en relation avec Flit', donc, sourit Seamus en m'attrapant par le bras.
—Pff ! Comme si on était ami, je lui réponds avec une grimace de répugnance.
Il me pousse devant lui et m'attrape par les épaules pour me guider dans les escaliers en malaxant mes pauvres omoplates alors que je hurle de douleur. Dean nous emboîte le pas et Ron aussi, après son millionième baiser à sa copine.
Finalement, on arrive et je salue le prof avec mon indécrottable sourire de lèche-botte puissance mille. Comme tous les profs ou presque, il répond à ma flatterie un peu intimidé, mais il est presque inscrit en lettre de feu dans le ciel que je suis d'ors et déjà son chouchou #1.
Les gars s'installent au fond de la classe. Déjà, c'est un peu moins bon pour mon image, mais c'est vrai que j'ai rarement été avec eux dans un cours et qu'il faut bien que j'en profite. J'ai une place de choix, Ron à ma gauche, Dean en diagonale à gauche et Seamus juste devant – je ne sais d'ailleurs pas ce qui lui a pris de se mettre là. A peine la cloche sonne-t-elle que Flitwick s'est lancé dans son monologue – en français… – et moi et les gars commençons déjà à faire des blagues sous les yeux de toute la classe. On a quelques fans, les filles du premier rang, Parvati, Lavande, Amélie Quirion, Pénélope Lorlei et Elizabeth Summers qui n'en peuvent plus des plaisanteries de Ron qui ne captent absolument rien et imite stupidement le prof. Et à l'opposé, Pansy Parkinson, Vincent Crabbe et Ernie McMillan nous lorgnent comme si nous étions des attardés mentaux et qu'on méritait la pendaison.
Finalement, Ron s'endort sur son bureau sous les hurlements de rire de Seamus qu'il étouffe à deux mains.
—Vous venez au stade ce soir ? je demande aux deux autres.
Ils échangent un regard interloqué et je comprends que ça n'en a pas l'air.
—Non désolé, je ne pourrais pas, me dit Dean. J'y serais allé avec toi, mais mon frère à son tout dernier match de basket de l'été.
—Ah, je fais pas content du tout. Seamus, tu viens, toi ?
—Mais bien sûr ! Une fois que Dean ne peut pas venir, on se retourne vers Seamus alors que le matin même on le traitait de Cardwellois !
—Seam' ?
—Non, je ne peux pas. Mon frère m'amène faire un tour en ville, comme il vient d'avoir sa nouvelle décapotable, j'aurais été stupide de dire non.
—Je ne comprends pas, je m'emporte. Depuis des années, on se retrouve après la rentrée pour aller regarder le camp d'entraînement des midget AAA(2) et là vous vous faîtes tous des plans.
Dean et Seamus deviennent tout chose en me regardant un peu confus, mais ce n'est pas pour me radoucir.
—Bien justement, s'excuse Seamus. Vu qu'on le fait depuis des siècles, on s'est dit que pour une fois on pouvait se faire autre chose. On est vieux et…
Je hoche la tête en le coupant un peu fâché. Je sais que c'est puéril et que j'ai l'air d'un môme gâté pourri, mais je n'aime pas le changement, surtout quand c'est pour me retrouver tout seul. En plus, on est à un cheveu de monter en midget AAA(2) nous-mêmes, ce sont tous des vrais cons !
Flitwick met enfin un point final à son exposé et je me tire de la classe alors que Ron émerge tout doucement de son coma.
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Hermione attend devant le casier de Ron avec une autre fille, je ne me souviens pas de l'avoir jamais vu. Je passe devant elles sans rien dire, je suis encore un peu à cran de toute façon et je ne voudrais pas que ça leur tombe dessus. Hermione ne vient jamais de toute façon.
—Hé, Harry ! Qu'est-ce que tu fais ? Tu tire une tête de six pieds de long.
Indy lance son cartable dans le milieu de notre case et prends son agenda sur la tablette. Chouette, il est bordélique aussi !
—J'ai rien. J'avais des projets pour ce soir et ils viennent de tomber à l'eau.
Pour qu'on comprenne que je suis bien en colère, je balance même un coup dans la porte en métal qui fait un bruit de l'enfer.
—Oui, je vois. Pas cool, me dit Indy avec son petit sourire contrit. Avec les gars ont va au Palace pour patiner, tu veux venir ?
C'est teeeeellement adorable !
Quel beau geste ! Je sais qu'il m'invite simplement parce que pour le moment je dois faire affreusement pitié – à force de travailler ce genre de mimique, elle me vienne naturellement – et je ne le trouve que plus sympathique.
—Non, laisse. De toute façon demain, j'ai un camp.
—Tu es sûr ?
—Oui. Bon ! À tout à l'heure.
Il m'envoie la main et il s'en va. Je soupire et embarque mes affaires avant de rejoindre les lâches qui me servent d'amis à la cafet'.
La copine d'Hermione est assise avec eux. Seamus me voit arrivé et glisse sur le banc avec son plateau-repas pour me faire une place.
—Qu'est-ce qui se passe ? me questionne Ron, les sourcils froncés.
J'ai même pas envie de lui poser la question.
—Je suppose que ce soir tu vas chez Hermione et que tu ne viens pas voir jouer les midget AAA(2).
A voir comment il me dévisage, l'idée ne l'avait probablement même pas effleuré.
Je me sens vraiment con et mal-aimé.
—Tu vas voir quoi ?
L'amie d'Hermione… J'avais presque oublié qu'elle était là.
—C'est Hannah Abbot, elle est dans mon cours d'histoire, on a fait le programme performance ensemble quand il a été lancé, il y a deux ans.
Oh grand Dieu, deux Hermione ! Dont une qui semble m'avoir dans l'œil ! Non mais vraiment ! Elle me contemple avec gourmandise, comme un gros chat se pourlèche les babines devant un plat de crème. Je force un sourire puis détourne le regard.
Merde ! En plus, je n'ai pas envie que Ron et Hermione me regardent avec leurs petits yeux piteux devant tout le monde. D'autant que tout le monde pense bien que ce n'est pas la fin du monde. Ils ont raison et je le sais, c'est juste que…
Ma journée est gâchée !
—Qui est-ce que tu vas voir ? insiste Abbot.
—Personne. C'est sans importance, je rumine.
—Je veux bien y aller avec toi.
Qu'est-ce que c'est que cette fille ? Quand est-ce que les écolières sont devenues si entreprenantes ?
—Non merci, dis-je en tentant de sonner le plus catégorique possible.
Dean et Seamus me font de gros yeux. Quelle bande d'emmerdeurs !
Je me lève et part en cours d'anglais(1), les autres avaient déjà fini de manger de toute façon, ils me rattraperont.
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Ma chance me ferait presque mourir de rire. Ma prof d'anglais n'est nul autre que McGonagall, l'une des plus antipathique adjointes de direction du pays…minimum. C'est le comble ! La seule classe qu'Hermione, Ron et moi avons ensemble, et nous sommes dispersés à travers la classe.
De plus, comme si ce n'était pas suffisant, la fille assise à côté de moi dégage une aura pour le moins hostile. Quoique fascinante, je dois admettre. Elle a les cheveux longs et noirs, plus encore que les miens, et son maquillage mets en valeur le cuivre de sa peau et la pâleur de ses yeux. Ce genre de personnage à l'allure affirmé et volontaire ne passe généralement pas inaperçu et il est difficile de s'empêcher de dévisager.
Interpellée par le brouhaha derrière moi, elle se retourne et nos regards se croisent.
—Salut, je balbutie, blanchissant.
—Hé !
Son sourire, contre toute attente, est chaleureux et je sens toutes mes barrières tomber.
—D'où tu viens, tu es nouvelle à Poudlard ?
—Sunnyriver et toi ?
—Valleyfield Park.
Elle me paraît songeuse un moment, puis elle pivote complètement vers moi, intéressée. Je semble avoir piqué son attention et m'en enorgueilli.
—Tu joues au hockey ? J'ai l'impression de t'y avoir vu. Ils sont reconnus pour être fort.
—Oui, je joue. Je suis dans l'équipe depuis cinq ans. Harry Potter, je me présente.
—Mr Potter ! Miss Boisclair !
Je hoche la tête et me replace pour faire face au tableau noir. Aucune envie de me mettre McGo à dos, déjà que ce matin elle avait l'air de m'avoir dans le collimateur. Je-ne-sais-trop-quoi Boisclair, elle, soupire et grogne sans bouger d'un poil, l'air plus agacée que coupable. Elle est vraiment classe cette fille !
—Dîtes-moi que je rêve ! Potter ?
Je lève vivement la tête et tombe nez-à-nez avec Malefoy. Non mais il est là aussi ? Qu'est-ce qui m'arrive aujourd'hui ? Je suis mal réveillé ? C'est un cauchemar ?
—Malefoy, susurre Boisclair d'un ton acide.
—Bailey Boisclair, une autre belle surprise.
Mon regard va de l'un à l'autre. Aïe ! C'est vraiment loin d'être l'amour fou entre eux deux. Plus rien d'engageant dans le regard de Boisclair ou de séducteur dans celui de Malefoy. Moi qui pensais que toutes les filles craquaient pour lui et qu'il aimait faire craquer toutes les filles.
McGonagall se racle la gorge en nous regardant et Malefoy fait volte-face, Boisclair aussi. Je laisse voguer mon regard un peu aux alentours, l'ambiance est vraiment mauvaise dans le coin. Je lorgne en direction de ma voisine, elle a les bras croisés et la tête appuyée dessus. Le temps passe trop lentement et ma concentration prend tranquillement le fossé. Je me mets en équilibre sur les pattes arrières de ma chaise et peux voir Ron et Hermione qui converse discrètement. Ronny semble mettre Hermione dans une situation qu'elle désapprouve, répondant de façon laconique, fuyant le regard d'eau de Lover boy.
—Je suis jaloux ! je soupire bruyamment et Boisclair relève la tête.
L'un de ses écouteurs tombe sur le bureau dans un «Toc ! » sonore.
—Tu t'ennuies ? me demande-t-elle.
—Ouais ! Qu'est-ce que tu écoutes ?
Elle me fait un sourire doucereux et éteint son baladeur, caché dans son pupitre.
—Je ne te connais pas encore assez pour te faire ce genre de confidences.
Ah ? Je pouffe un peu quand même, si ce n'est pas de la franchise ? En tout cas, je suis curieux de le savoir, maintenant.
—Tu t'intéresse au hockey ? je la questionne.
Bon ! Quoi encore ? Il fallait bien que je réengage la conversation et c'est un sujet comme un autre, le sport.
—Beurk ! Non, tu plaisantes ?
Euh…Pardon ? C'est elle tout à l'heure qui m'a… Schizo ?
Elle éclate de rire, ce qui nous vaut une œillade meurtrière de McGonagall.
—Mon ex jouait pour l'équipe de Blacksquare et j'ai assisté à plusieurs matchs l'année passée. Il avait hâte de se rendre jusqu'en final parce qu'il voulait gagner la coupe et il parlait sans arrêt des Gryffondor de Valleyfield, vous et les Serpentard, bien sûr ! C'est d'ailleurs contre eux qu'il a perdus en demi-finale.
—Oui, depuis des années, la coupe se dispute entre Cardwell et Valleyfield, même quand les recrues des autres équipes sont bonnes.
Boisclair hoche la tête pensivement.
—Et d'où connais-tu Malefoy ?
—Pareil. Du hockey et de mon ex. Malefoy était le capitaine de Cardwell l'an passé et Marc s'était trouvé malin d'aller lui dire ses quatre vérités en face avec ses coéquipiers en fin de match.
—Tu étais là ? je m'exclame tout excité. C'est ce jour-là que la Bataille de Blacksquare a éclaté, non ?
—Oui, j'y étais. La police est arrivée et les joueurs de Cardwell ont dû passer au poste pour éviter les émeutes. Tout dégénère tellement vite dans cette ville !
—Bref, Malefoy ne t'aime pas trop parce que tu sortais avec le type qui a voulu lui refaire le portrait.
Bailey acquiesce en jetant un coup d'œil à Malefoy.
Nous continuons à discuter encore longuement, jusqu'à ce que la cloche sonne et elle s'en va en me saluant très brièvement. C'est drôle ! Plus je lui parle et plus l'image que je me faisais d'elle s'effrite, laissant place à un être entouré de mystère. Dommage qu'elle habite si loin.
Malefoy la suit du regard en grimaçant alors qu'elle s'éloigne, à mon avis, ce que l'ex de Bailey lui a dit devait l'avoir profondément marqué. J'avais presque oublié que c'était son équipe qui avait été mêlé à la Bataille de Blacksquare. Une histoire pour le moins sordide, une très mauvaise publicité pour la ligue mineure et je suis certain que nous ne savons pas tout encore.
En allant retrouver la bande avant le dernier cours, je me rends compte que mon moral est revenu. Tant mieux ! Après tous les gars ont raison, à douze ans, on aimait aller voir les grands jouer en rêvant devenir aussi bons qu'eux, à seize, on sort, on s'amuse parce qu'on est enfin grands et que la vie nous appelle.
Je viens détendre l'atmosphère avec Seamus. Le pauvre, rongé par les remords, a été ébranlé par mon attitude. J'oublie souvent de le ménager ce petit être fragile.
Après une balade dans les couloirs avec Seam' et Dean, notre couple préféré nous ayant abandonné, je les dépose devant une classe puis me mets à la recherche de mon propre cours.
Je suis complètement perdu. Je n'ai aucune idée d'où peut être ma salle de classe… Je fais de nombreux aller-retour sans la voir et passe par un moment panique quand la cloche sonne mon retard. Je suis vraiment mal, là.
Je finis par arrêter un professeur qui m'indique que je ne suis pas du tout dans la bonne aile, qu'en fait, les locaux de 500 à 589 sont bien à cet étage et dans cette aile, mais que de 590 à 599, ils sont dans l'aile Ouest.
Elle est vraiment mal faite, cette école ! Pourquoi faire des couloirs inaccessibles, hein !
J'arrive en retard et me retrouve seul devant toute la classe avec Severus Rogue !
J'ai faillit faire une syncope en passant le pas de la porte.
L'année précédente, c'était lui qui m'avait donné le cour de biologie et j'ai réussi à passer cette classe de justesse avec une note de soixante pourcent à tout casser et cela grâce à un examen régional corrigé par d'autres professeurs. Ce type n'est vraiment qu'une grosse raclure ! Dans ma tête, je l'appelle en générale le «Connard graisseux » – à comprendre qu'il n'est pas du genre à se doucher très souvent et certainement le vendredi soir pour qu'il soit sûr qu'on ne le sache pas. Il me haït viscéralement, sans raison…enfin ! Oui, pour une raison. Quand il était jeune, mon parrain et mon père lui ont fait des misères et, dans sa tête, ceci doit certainement justifier cela.
Je le déteste !
Sans oublier que – parce que non, ce n'est pas tout – c'est un adjoint de direction, il a la responsabilité des cinquièmes années, et donc il peut distribuer des retenues sans avoir à se justifier auprès de quiconque.
Je suis tellement obnubilé par l'image de ce monstre qu'il doit se reprendre à trois fois à m'appeler avant que je ne réagisse.
—Mr Potter ? Voulez-vous bien aller vous asseoir ou faudra-t-il déjà que je vous envoie au Relais(3) ?
—Non non, j'y vais.
Incroyable ! Je n'ai même pas pu lui répondre comme je le fais d'habitude. Ah le connard, il sait ménager ses effets ! Je suis certain qu'il se prépare à me recevoir dans sa classe depuis qu'il a vu mon nom sur sa liste d'élève.
Je suis presque arrivé à ma place quand mon corps se refroidit d'un coup. J'hallucine vraiment : c'est Malefoy. Il est assis au bureau juste à côté du mien…nous formons un binôme…moi et Malefoy, nous sommes un duo ! Et il me fusille du regard, droit comme un «i », la mâchoire tellement serrée qu'on voit la crispation de ses muscles sous sa peau très fine.
Je traîne de la patte, mais finis quand même pas atteindre ma chaise. Je la vérifie minutieusement – il pourrait avoir mis quelque chose dessus – et m'y affale rageusement.
—C'est une blague ? je grogne tout bas.
—Elle est hilarante, rajoute mon collègue en faisant grincer sa chaise comme il la décalait.
Le Connard graisseux coupe alors court à notre échange et présente la matière à toute la classe via rétroprojecteur, puis il fait la liste du matériel dont nous aurons besoin au cours du trimestre.
Tout au long du cours, je n'échange pas un regard avec Malefoy. Lui, il est complètement absorbé, ou alors il feint pour ne pas penser à l'absurdité de cette journée. Je tente d'échanger un regard avec Hermione, mais elle prend des notes et boit les paroles qui sortent de la bouche décharné de Rogue.
Je sais qu'il l'a dit très ironiquement tout à l'heure, mais Malefoy a raison, ce n'est pas drôle du tout.
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La journée touche à sa fin et je dirais que ce n'est pas trop tôt. Au vestiaire, Indy m'a encore proposé d'aller au Palace avec lui, mais cette fois je lui ai affirmé que je n'avais plus envie que de rentrer chez moi. Après une dernière période avec Malefoy à mes côtés, je suis vraiment d'humeur à aller me tapir dans ma chambre pour écouter de la musique jusqu'à m'endormir. Il a vraiment un effet néfaste sur moi, Malefoy !
Quand mon autobus arrive enfin, je sers Hermione dans mes bras et salut Ron de la même façon. Les jumelles Patil s'amusent à me chambrer, mais comme je les aime quand même, je leur fais la bise avant de partir. Je n'ai même pas la force d'emmerder la chauffeuse et je vais m'effondrer dans le dernier banc.
—Dis, Harry, tu n'es plus fâché parce qu'on ne vient pas jouer ce soir, hein ? Tu étais sérieux quand tu nous as dit que c'était cool tout à l'heure, n'est-ce pas ?
—Ouais, sûre, j'affirme.
—Je trouve que tu as l'air encore en pétard !
—Mais non, Dean. J'ai eu une dernière classe difficile et je suis crevé, rien à voir avec vous deux. Mais maintenant que j'y pense, c'est très bien que vous ayez des projets pour ce soir, mais soyez en forme demain. Hors de question que je me retrouve dans une équipe de pauvres glands !
Ils me promettent tous les deux en riant qu'ils seront très sages. Ils poussent même en jurant d'être au lit à sept heures.
Ils continuent à rigoler tranquillement, sûrement par respect pour ma pauvre personne presque à bout, et me souhaitent une bonne soirée quand je descends.
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—Je suis rentré ! Il y a quelqu'un ?
Je tends l'oreille, mais n'entends rien. Les voitures n'étaient pas dans le garage alors je ne me fais pas trop d'illusion. Maman va revenir de la clinique vers six heures et papa juste pour souper et bavarder un peu, prendre des nouvelles de ma belle rentrée. Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est un peu chiant d'être tout seul comme ça dans une si grande maison.
Je vais dans le réfrigérateur et me sers un petit encas : une bouteille d'eau et un yoghourt bio, avisant la montagne de fruits que ma mère a entassée entre les tomates, les concombres et les salades. J'avais d'abord cru que, comme d'habitude, le régime de ma mère ne tiendrait pas, mais je m'étais trompé, on ne mange plus que du putain de biologique dans cette maison. La première cuillérée me lève le cœur, je ne sais pas pourquoi j'insiste, c'est pâteux et gélatineux, il y a des morceaux ; je déteste. Je noie le goût dans un demi-litre d'eau très rapidement et je jette le gobelet de plastique encore plein.
Je monte dans ma chambre, mets un CD dans mon lecteur et me vautre dans mon lit. Cette première journée était vraiment merdique et j'attends demain avec impatience.
À suivre...
(1) Comme on est "supposément" en Angleterre, j'ai inversé les cours d'anglais et de français. À savoir, c'est anglais langue d'enseignement et français langue seconde.
(2) Midget AAA : se prononce Mid-jet trois A et non Mid-jet Ah-Ah-Ah. C'est le plus haut niveau de la ligue de hockey, avant le professionnel, je pense.
(3) "Le Relai" : c'est la salle d'expulsion et/ ou de retenue. Dans toute les écoles, cette salle à un surnom (ex : la mienne s'appelle le "cinq quatre-vingt" parce qu'elle porte le numéro 580), j'ai inventé celui-là pour familiarisé les personnages avec leur habitat ;P.
STH