Voilà la suite ! Enjoy ! Et merci pour tous vos encouragements ! Ca me motive à mort !


2 : La vie du père

Cela fait de longues minutes que je viens de me réveiller. J'avoue que m'évanouir sous le choc n'avait rien de très glorieux. Ca fait très « jeune fille en détresse » à mon goût. Enfin, je préfère encore ça. Après ce que j'ai appris, c'est mon cœur qui aurait pu lâcher.

- Ca va mieux ?

Je me redresse d'un coup. Assis au pied du lit, ce gars. Potter. Harry Potter. Mon…Mon…Raah ! C'est pas vrai ! Ca n'avait rien d'un rêve ! Et merde !

- Ouais ouais, grogné-je en m'asseyant au bord du lit. Il n'y aurait pas plutôt des filles pour veiller sur moi ? Je préfèrerais. Me faire veiller par un mec, c'est pas trop mon style…

- C'est pas mon habitude non plus, répondit-il avec un sourire.

Plus par contenance qu'autre chose, je souris aussi. De longues minutes passent dans le silence. C'est bien une des premières fois où je me sens aussi mal à l'aise avec quelqu'un d'autre que ma mère. Je dois avoir un problème de conflit parental…Penser un truc pareil me fait sourire.

- Dis…commencé-je en levant les yeux vers lui. Tu…Tu y crois vraiment toi, à cette histoire de dingue ?

Il me regarde un long moment, semblant perdu dans ses pensées. Tiens ? J'ignorais que mes yeux puissent prendre une telle expression…Les yeux verts c'est pas mal en fait…

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? fait-il soudain.

- Hein ? m'étonné-je. Ah, c'est juste que je me disais que tu étais pas mal, c'est tout.

Il hausse un sourcil et se recule imperceptiblement au fond du lit. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.

- Allez, arrête de flipper ! C'est pas mon style, je t'ai déjà dit. C'est juste que si t'es vraiment mon…Mon géniteur…Enfin, vu ta gueule ça serait plausible.

Je me lève pour faire quelques pas. Mais qu'est-ce que je baragouine moi ? Je deviens vraiment très, très malade…Mon pauvre James, il est temps d'arrêter définitivement la vodka !

- Ca peut être vrai…lâche-t-il enfin.

Je me retourne vers lui. Ah non ! Ah non non non ! Je venais juste de me faire à l'idée que je pouvais être dingue, et vlà que l'autre là, il commence à me dire que c'est possible, autrement dit qu'il y croit aussi ! Etre dingue tout seul, je veux bien. Mais dès qu'on commence à être deux, c'est qu'il y a une infime possibilité pour que la chose soit vraie. D'ailleurs quand on fait une…farce, il vaut mieux toujours assurer ses arrières par un ou deux complices jouant le rôle de témoins objectifs. Les profs, ou les flics, ça finit toujours par les faire douter. Et c'est tout bénèf ! Mais là, tout de suite, ce n'est pas bon. Mais alors pas bon du tout.

- Tu me fais marcher hein ?

- Tu le sais toi-même, me dit-il calmement. Le Retourneur de temps t'as amené ici. Je l'ai déjà pris moi aussi...Pour retourner dans le passé.

Je me passe la main sur le visage. Bon sang…Tout ça est vrai. Ce mec est…vraiment…mon père ? Je ne sais pas pourquoi mais soudain, il m'apparaît beaucoup moins sympathique. C'est étrange de se dire que dans quelques années ce gars va nous laisser tomber ma mère et moi comme des vieilles chaussettes dont il a plus rien à faire…Et aller se faire tuer.

- Ca va ?

- J'ai envie de vomir, réussis-je à articuler.

- Tu veux boire un coup ?

- Non, ça va me passer. J'ai pas l'habitude de faire des bonds dans le temps.

Il sourit d'un air compatissant. Mouais. J'avoue, je le trouve plutôt sympa. Difficile de croire qu'il est mon père. Dire que je n'avais aucun souvenir de lui…Juste des photos, et encore, je les ai toutes brûlées quand maman a dit qu'elle n'avait pas besoin de moi. J'ai tout fait pour oublier. Mais qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? On a à peu près la même taille, je suis un peu plus costaud que lui et il me parait désespérément gentil. Il doit pas s'amuser à faire des sales coups à mon avis. Un bon petit fils à papa ! Super…

- Viens, me dit-il soudain en se levant et en se dirigeant vers la porte. Il faut qu'on aille voir Dumbledore.

- Le Dirlo, c'est ça ?

Il acquiesce en dévalant les escaliers en colimaçons. On débouche dans une grande pièce à tentures rouges et or, ornée d'un griffon. Des fauteuils confortables semblent tendre leurs bras pour qu'on aille s'installer dedans. Et c'est pas l'envie qui m'en manque.

- Veracrasse, dit soudain l'autre.

- Hein ? fais-je en m'approchant de la lui.

- Non, rien, me répond-t-il en me montrant la porte cachée qui pivote devant nous. C'est le mot de passe pour sortir de la salle commune.

Ben tiens ! Un mot de passe ! Comme les gamins de cinq ans pour pas qu'on entre dans leur chambre ! Maintenant que je sais que tout ça est bien réel, je commence sérieusement à flipper. Je ne suis pas chez des gens sains d'esprits. Impossible. D'ailleurs le fait que les personnages des tableaux nous suivent en chuchotant le long des couloirs, passant de cadre en cadre, indique que ma propre santé mentale est en train de se désagréger comme la pince à cheveux de Julian dans le four micro-ondes à pleine puissance.

- Dis moi, commencé-je pour ne pas penser (oui, surtout ne pas penser). Ton nom est Potter ?

- Oui.

- Mais alors si tu es…mon…

Ah flûte ! J'arrive toujours pas à le dire ! Enfin, il a l'air aussi gêné que moi ! Il passe sa main dans ses cheveux jais en bataille (comme les miens !).

- Tu veux dire pourquoi on n'a pas le même nom ? termine-t-il. Je n'en sais rien… Enfin, entre Porter et Potter, il n'y a pas une grande différence.

- Mouais…Tu as du vouloir en changer, c'est tout.

Il me regarde en coin, ne sachant que répondre. Potter. Potter. Ca ne sonne pas vraiment mieux que Porter, mais bon. James Potter. Voilà mon vrai nom. C'est pas trop mal. Mais pourquoi diable avoir changé ?

- Et Oncle Ron, où est-il ?

Je le vois ouvrir de grands yeux puis il se met à rire. Ah ! Il n'a pas les deux fossettes au coin des lèvres quand il rit. Je dois tenir ça de maman alors.

- C'est tellement bizarre ! finit-il par dire en s'arrêtant devant une gargouille. Faut que je m'habitue. Ron est en cours. Meringue au café.

- Quoi ?

- Non rien…Mot de passe, dit-il avec un sourire en me montrant du doigt un escalier en colimaçons qui venait d'apparaître dans son dos.

Ah. Encore un mot de passe. Ridicule.

- Mais son nom à lui, ce n'est pas Teasley ?

- Pour le moment c'est Weasley, m'apprend mon paternel en poussant une lourde porte. Mais peut-être qu'il a du changer aussi.

Il s'arrête, paraissant réfléchir activement. Voilà une expression que je n'ai jamais du avoir !

- Ce qui est bizarre c'est qu'Hermione s'appelle bien Granger…Alors pourquoi est-elle la seule à avoir conservé son nom ?...

Bof. Je m'en fous à dire vrai. Cette nouvelle pièce est drôlement intéressante. On se croirait dans l'antre de Merlin l'Enchanteur…ou de Frankenstein au choix. En tout cas, c'est un sacré fourbi !

- Ah Professeur, bonjour, fait la voix de ce Potter derrière moi.

- Bonjour Harry, répond une voix de vieillard assez douce. Comment vas-tu aujourd'hui ?

- Bien, merci. Je suis venu car…

- Je sais, je sais.

Je me retourne pour tomber nez à nez avec un vieil homme aux yeux bleu glace et à la longue barbe blanche. Je sursaute et fais deux pas en arrière.

- Hey ! Vas-y mollo papy ! m'exclamé-je en posant une main sur mon cœur. J'ai failli faire un infarctus !

- Allons allons ! dit-il en me regardant par-dessus ses lunettes en demi-lunes avec un petit sourire. Nous savons tous deux que vous êtes plus solide que vous ne le voulez le faire croire, mon cher James Potter.

J'hausse un sourcil. Comment il connaît mon nom celui-là ?

- On a été présenté ? lâché-je, méfiant.

- Oui, il y a longtemps, fait le vieux en rigolant. Allons, trêve de bavardages. Que venez-vous faire ici jeune homme ? Il me semble que ce n'est pas ici que vous devriez être…

- Sans blague ! ricané-je alors que mon père fronce les sourcils. Je suis venu à cause de ça.

Je lui montre le sablier. Ses yeux bleus se durcissent imperceptiblement. Mais assez pour que je puisse voir que cette babiole n'est pas n'importe quoi. Je connais bien le langage des yeux. J'ai assez fixé ceux de ma mère. Des heures durant…

- Je vois…Vous permettez ?

J'hausse les épaules et lui tend la chaîne et le pendentif. Quand on me demande quelque chose poliment, je ne peux pas dire non. C'est une de mes faiblesses. Mais comme jamais personne ne me parle autrement qu'en gueulant, certainement à cause de mon look de bad boy (et j'en suis fier !), j'ai tendance à remballer tout le monde. Et ça, il n'y a que deux personnes qui l'ont compris : Oncle Ron et tante Sarah. Les deux personnes les plus importantes de ma vie. Enfin, je pense que je peux ajouter ma mère et cette chère Julian. Mais j'ai tellement du mal à parler à ces deux là…

Devant mon silence, ce professeur toussote pour me ramener à la réalité. Je sens sur moi le regard vert de l'autre. Quoi ! C'est à cause de toi si je suis comme ça ! Alors arrête de me regarder avec ces yeux là ! Je les déteste !

- Cela est très troublant en effet…commence le vieil homme. J'avais pensé que…

Il se tût un instant puis il relève la tête vers nous :

- Harry, tu ne dois parler à personne de cela, tu entends ? Dis le bien à Monsieur Weasley et Miss Granger. Cela doit rester secret.

L'autre acquiesce gravement. Hey ! Ils sont en train de m'enterrer là si je comprends bien !

- Attendez, dis-je soudain. Vous comptez faire quoi de moi ? Me flanquer dans un placard et me balancer dans un avion direction le Zimbabwe ?

- Ce n'est pas notre intention, me rassure le vieillard. Vous comprenez bien qu'aucun de nos élèves ne doit apprendre que quelqu'un du futur est venu nous rendre visite. D'ailleurs à ce propos…

Le vieil homme se tourne vers mon père qui se tient toujours gentiment près de la porte. Il ferait un magnifique porte manteau…

- Harry, laisse nous, veux-tu ? Tu peux retourner en cours.

- Mais il…commence l'autre en me jetant un regard.

- C'est bon ! déclaré-je en faisant un geste irrité de la main. Je n'ai jamais eu besoin d'un chaperon. Et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.

Il me jette un regard qui semble partagé entre l'ennui et l'irritation. Dumbledore sourit gentiment :

- Je le ferai raccompagner à salle commune de Gryffondor, ne t'inquiète pas. Il sera là à ton retour. Je suppose que tu as beaucoup de questions à lui poser.

- Oui…Au revoir professeur.

Il semble prêt à se retourner puis, il hésite :

- A tout à l'heure James.

Je ne réponds pas. Il disparaît dans les escaliers après un dernier salut au vieux.

Il a une façon de prononcer mon prénom… Pourquoi j'ai senti ce tremblement dans sa voix ? Pourquoi est-ce que lui, il est ému ? Il n'a pas à l'être ! C'est à moi, à moi seul de ressentir de telles émotions ! Et pourquoi ? Pourquoi sa voix résonne comme ça dans mes oreilles ? J'ai l'impression de l'avoir déjà entendue…Dans mes lointains, si lointains souvenirs…Oui, c'est bien cette voix qui m'a réconforté lors de la vilaine pneumonie que j'ai pris à l'âge de deux ans et demie…J'ai encore des images…Des sons…J'ai tellement voulu les oublier. Mais cette voix…Oui cette voix me rappelle tout. Cette grande main fraîche sur mon front brûlant, la voix de ma mère inquiète, ses pleurs, et cette voix qui se voulait rassurante, ces grands bras entourant mon petit corps tremblant…Je les sens encore. Pourquoi tu es parti ? Pourquoi ? Enfoiré…

Je porte la main à ma tête. Je n'ai pas envie de me rappeler. Vraiment pas. C'est pas le moment. Pour l'instant, il faut que je sorte d'ici. Et vite. Sinon j'aurais droit à une chambre à côté de celle de ma mère à l'hôpital. Et je hais cet hôpital.

- Vous me semblez un peu pâle, mon jeune James, fait la voix de Dumbledore à mes oreilles. Asseyez-vous

- Ca va, je ne suis pas en sucre, grogné-je. Qu'est-ce que vous me voulez ?

Le petit sourire qui flottait jusqu'à présent sur ses lèvres disparaît. Et j'ignore pourquoi, je ressens soudain une certaine timidité face à ce vieillard à la barbe blanche.

- Il faut que nous nous mettions d'accord sur certains points très importants, déclare-t-il d'une voix ferme. Je veux que vous m'écoutiez avec la plus grande attention, jeune homme. Et pour cela, il me semble, qu'il serait mieux que vous soyez assis.

Sans même réfléchir, je m'exécute. Tiens ? C'était un ordre ça, où je me trompe ? Mon vieux James, tu obéis à des ordres maintenant ? Tu te ramollis.

- Bien, nous allons pouvoir discuter tranquillement. Il faut que vous compreniez quelque chose de très important : vous êtes dans votre passé. Autant dire que si vous changez quoique ce soit maintenant, le futur sera irrémédiablement changé.

- Ouais, je connais ça…grogné-je.

C'est comme ça dans tous les films du genre « Retour vers le futur » et autres salades…

- Vous ne devez dire à personne ce qu'il se passera dans l'avenir, continue-t-il sur un ton grave. Même s'ils vous posent des questions.

Il se tait un instant braquant sur moi ses yeux bleus.

- Surtout à Harry.

Je relève vivement la tête. Mon père ? ... Pour dire vrai, j'y ai pensé. Ce serait le rêve…Ma mère et mon père ensemble…Mais…

- Qu'est-ce que vous voulez que je lui dise ? ricané-je. « Salut papa, tu sais dans le futur tu vas… »

- Assez ! hurla-t-il soudain.

Je sursaute, mon cœur manquant de s'arrêter une nouvelle fois. Non mais il est malade !

- Faut vous faire soigner ! m'exclamé-je en me levant. Ca va pas ?

- Personne ne doit savoir, pas même moi ! réplique-t-il en se levant. Rendez vous compte ! Si vous dites à quelqu'un, n'importe quoi, avec qui il va se marier par exemple, il va totalement changer sa vie pour trouver cette personne et, si ça se trouve, rien ne marchera comme prévu !

- Et alors ! Si ça peut rendre le futur meilleur qu'il ne l'est !

Il me regarde un long moment puis il sourit de nouveau, toute la colère ayant disparu de son visage.

- Les choses ne marchent pas ainsi. Il n'y a qu'un seul cours du temps. Il est unique. S'il est brisé, il n'y aura ni passé, ni présent, ni avenir. Juste le néant. Nous sommes juste les instruments d'une grande roue tournant à l'infini.

Il passe à côté de moi en me tapotant le bras et s'éloigne vers un tas de vieux bouquins. Je me laisse tomber dans le fauteuil. Et merde ! Un seul futur ? Foutaise ! Cela veut dire que jamais, jamais ma mère ne pourra être heureuse ! Que jamais, jamais Tante Sarah ne pourra être tranquille ! Que mon père va mourir sans que je ne puisse rien faire, qu'Oncle Ron va sombrer dans le coma ! Non ! C'est impossible !

Je me prends la tête dans les mains. Ma vie ne changera jamais... Mes rêves d'un instant sont déjà brisés. Quel idiot je fais…Qu'est-ce que je croyais ?...Avoir une jolie maison, un père, une mère, qui sait une petite sœur ou un petit frère ? Etre…normal. Je veux juste avoir une vie normale. Et même ça, ça m'est impossible ?...Pourquoi ?

- Le nom de Potter n'est pas facile à porter, quelque soit l'époque, fait la voix du vieillard derrière moi. Tu pourras en parler avec Harry. Je suis sûr que tout n'est pas si noir.

- Ouais, et ben, rendez vous dans vingt ans, grincé-je. Vous verrez bien.

Soudain une violente douleur m'atteint à la nuque. Fulgurante. Je lâche un cri de douleur et me redresse rapidement. Le vieillard me regarde, tenant un livre dans une main et une baguette dans l'autre main.

- Mais qu'est-ce que vous m'avez fait ! m'écrié-je en m'approchant de lui à grands pas, prêt à le secouer de toutes mes forces pour lui faire cracher le morceau.

- Je ne peux pas vous laisser détruire la roue du temps par une simple erreur d'inattention, déclaré-t-il simplement en posant son livre mais en pointant sa baguette vers moi.

Instinctivement je m'arrête et porte la main à ma poche. Evidemment, il n'y a rien. Je fronce un sourcil. Pourquoi j'ai fait ça ? Je vois Dumbledore sourire.

- On dirait que de réflexes sont restés, dit-il en s'asseyant de nouveau derrière son bureau. Bien, je vais tout vous expliquer. Poudlard, les sorciers et bien sûr, l'histoire des Potter.


Je suis assis dans un fauteuil face à la cheminée de ce qu'ils appellent la salle commune. Autour de moi, il y a des tas de gars et de filles avec leurs robes noires qui me regardent en coin, en chuchotant. Bof. J'ai l'habitude. En fait, je suis tellement dans le pâté que je ne fais pas gaffe à ce qu'ils marmonnent. Le vieux m'a raconté de ces trucs…Et le pire, c'est que je ne peux même plus croire que je rêve. Non, tout ça est bien réel…

- J'en ai maaaaaarre ! hurlé-je soudain en me levant d'un bond, les faisant tous sursauter.

Ils me regardent avec des yeux ronds alors que je m'appuie contre la cheminée, le front contre les bras. Mais qu'est-ce que je fous là ! OK, ma vie était loin d'être parfaite, merdique même, mais au moins j'avais l'impression de contrôler un peu mes actions ! Alors que là, rien ! Que dalle ! J'ai remis mon existence entre les mains d'un vieux croûton qui parle à un perroquet et qui s'amuse à me lancer des sorts dans le dos ! Parce qu'il m'a vraiment lancé un sort, ce vieux schnock ! Tiens, d'ailleurs je me demande si ça a marché…

- Quoi ! fais-je hargneusement en me tournant vers tous ces hurluberlus qui ne cessent de marmonner dans mon dos. Vous avez jamais vu un beau gosse ?

Les filles lèvent les yeux au ciel alors que les gars se contentent d'hausser les épaules. Jolie façon d'accepter votre défaite les mecs ! Au moins, ils arrêtent de me regarder et je peux continuer à me triturer le crâne en silence.

- James ?

Et paf ! C'était trop beau pour être vrai ! Pas moyen d'être seul deux petites minutes ! Ok, je fais preuve d'une terrible mauvaise foi parce que ça fait plus de deux heures que je suis vissé dans ce fauteuil terriblement confortable et moelleux. Mais pour le principe !

Je me tourne vers la personne qui m'a interpellé et laisse échapper un sourire cynique :

- Tiens ? Voilà Mademoiselle qui écrit des lettres dans le futur !

Elle vire au rouge vif sous ses cheveux en broussaille.

- Tu crois que ça m'amuse ? fait-elle en serrant ses livres contre elle.

- Toi je sais pas, mais moi si, lâché-je en me laissant tomber dans le fauteuil.

- Ca m'étonnerait…

Je tourne mes yeux vers elle et lui fais mon plus beau sourire, accompagné d'un clin d'oeil :

- Je suis quelqu'un d'étonnant. Tu t'en rendras vite compte.

Et un point pour moi ! La voilà d'un joli rose ! Décidément mon vieux James, passé ou présent, t'es toujours un lover !

Les murmures se taisent alors que le bruit du tableau pivotant se fait entendre. Sans même avoir à me retourner, je sais qui vient d'entrer.

- Ah, tu es là, fait mon père en venant se placer devant moi.

- Tu vois.

- Ca te dit d'aller faire un tour dehors ?

Je le regarde quelques instant puis acquiesce. En temps normal, j'aurais préféré rester confortablement vautré tel un phoque sur ce fauteuil ( si moelleux ! ) mais là, j'ai envie de parler. De lui parler à lui. De le connaître. Après tout, c'est maintenant ou jamais.

Nous quittons la salle sous les regards intrigués de tous les bofs ici présent.

- J'ai l'habitude, lâche soudain mon père alors que nous marchons dans les couloirs, sous les chuchotements des personnages des tableaux (n'y pense pas James, n'y pense pas).

- De quoi ?

- Des regards des autres.

J'esquisse un sourire. Voilà qu'il se confie maintenant ! Ca peut être marrant. Connaître mon père…J'y ai souvent pensé. Je ne laisserai pas passer ça.

- Ah bah c'est héréditaire alors, remarqué-je en ricanant. Depuis que je suis ici, ils me regardent tous avec des billes énormes. Quoique je suis assez célèbre dans mon bahut aussi…

Il éclate de rire, s'attirant de nouveaux regards étonnés. La vache ! J'ai l'impression qu'on est deux stars défilant sur le tapis rouge à Cannes ! S'ils avaient des flashs dans les yeux, nous serions déjà aveuglés !

- Célèbre hein ? fait-il enfin en reprenant son souffle.

- Ouais. Comme toi.

Là, il y a un silence. J'ai plus craché cette phrase que prononcer à vrai dire. Il l'a bien senti. Mais père est moins con que je ne le pensais. Et ça, ça me fout en rogne. Je m'attendais à tomber sur un gars débile, sûr de lui et de ses principes, un vrai emmerdeur. Au lieu de ça, j'ai l'impression de me voir. Un type paumé, sans parents, meurtri, qui fait des conneries comme tout le monde, médiocre en cours…Et qui a sur le dos un responsabilité énorme. Ce que j'ai appris me fait peur. Oui. Pour une fois, j'ai la trouille.

- Hey Potter ! Tu te promènes ?

Nous nous retournons dans un même mouvement. Tiens ? Je réagis au nom de Potter maintenant ? Tout ça est bizarre…Je suis en train de changer. James, mon vieux James, il faut te ressaisir, et vite!

Le gars blafard qui se trouve face à nous ouvre de grands yeux. Les deux gorilles qui l'accompagnent cessent de sourire niaisement et se lancent un regard bovin. Bovin fou, bien entendu. C'est marrant…J'ai l'impression que je le connais. Et soudain le flash. Costard, cravate. Je le reconnais.

- Drago Malefoy ! m'exclamé-je en éclatant de rire. C'est quoi cette gueule de fouine ?

L'autre vire au rouge vif alors que mon père me regarde avec des yeux ronds. Mais il se reprend très vite, affichant un sourire satisfait.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive Malefoy ? Tu as des problèmes de digestion ?

- La ferme, grogna l'autre en plongeant sa main dans sa poche.

Et là, il m'arrive encore un truc bizarre. Un voyant s'allume dans ma tête : danger. Je balance mon poing dans la figure du pâle type avant qu'il n'ait le temps de ressortir sa main. Il vole littéralement en arrière, les deux autres le rattrapant. Bien fait.

- Eh ben ! Toi t'es léger ! remarqué-je avec un ton supérieur.

C'est plus fort que moi. Ce mec a quelque chose qui me revient pas :

- Viens pas m'emmerder, ajouté-je d'un ton sombre. Ou je t'envoie en enfer.

Il me regarde de ses petits yeux noirs, la main plaquée sur son nez sanguinolent. Puis avec un hurlement de rage, il se redresse et sort sa baguette de sa poche. Je vois à peine la silhouette de mon père se dresser devant moi, baguette à la main. Deux cris simultanés et un éclair aveuglant.

Ma tête bourdonne alors que je me redresse, pantelant. Un petit attroupement se forme autour de nous. Mon père semble sonné alors que Malefoy est littéralement figé. Une vraie statue ! Si j'avais un crayon, je lui barbouillerai la gueule ! Ah ! Mouvement sur la droite ! Arrivée imminente de professeurs ! J'ai un cinquième sens très développé pour repérer toute forme d'autorité. Cela me servira quand je serai

- Viens on dégage ! déclaré-je en attrapant mon père par le bras.

Ce dernier se laisse faire, visiblement perdu. Les élèves s'écartent à notre passage et nous dévalons les escaliers. Et puis, c'est là que je la vois.

Elle monte à notre rencontre. Sur sa robe de sorcier, un emblème représentant un serpent émeraude Ses cheveux sont blonds très clairs, presque blancs, et ses yeux gris semblent pétiller alors qu'elle parle avec ses amies. Elle est belle. Elle semble vivante. Elle sourit. Et deux fossettes apparaissent au coin de ses lèvres.

A suivre…


Ahaha ? Mais qui est donc cette jeune fille ? Suspense… Ceux qui ont bien lu le savent déjà et d'autres s'en doutent très certainement…Je suis si prévisible…Enfin, mon petit James a encore beaucoup d'émotions fortes à vivre ! (le pauvre !)