Sous la soutane du moine…


Auteur : F0etus

Genre : Gensomaden Saiyuki / Shonen aï -- One Shot en quatre volets

Rating : Je pense que le NC-17 est excessif mais… D'un autre côté est-ce que tous les gens qui tomberont là par hasard auront l'esprit assez ouvert pour ne pas y voir une apologie à la polygamie ? Mdr ! NC-17 donc !

Couple : HakkaïXSanzoXGokuXGojyo

Avertissement :

Zero : Me revoilà ! Ça y est je suis étudiante et tout, et je vous reviens avec un BBB (Berk, Bof, Bateau) ! J'espère que vous allez tous bien, moi écrire ça m'a manqué comme pas permis alors je me suis laissée tenter par un ptit OS bien mièvre!

Ouno : Devrait pas y avoir de spoil, ouvert à tous les fans, même les plus récents initiés ou ignorants complets !

Deuzio : Mieux vaut se répéter que de ne pas avoir assez prévenu la catastrophe. Oyez, oyez braves gens, qu'on se le dise, ceci est un méchant OS qui met en scène une relation entre quatre hommes (que Bouddha me pardonne cet emploi pour certains cas inapproprié ), cela dit, je n'ai pas tapé dans le sex, drug and Rock n' roll. Y a juste un 'tit peu de sake, mais pas de lemon (bouhouhou :'(), pas plus que de scénario solide d'ailleurs --' ! Alors bon, c'est cliché dans une époque où l'homosexualité est sensée être reconnue comme ce qu'elle est, à savoir de l'amour, mais quand je me remémore le récent battage de cette campagne de pub dans le métro je préfère tout de même mettre les points sur les i… Je ne m'enferme pas dans les romances d'homme pour renforcer une marginalisation sur laquelle tout le monde crache, si vous avez un problème avec l'homosexualité allez vous faire pendre ! Luv U all ! -F0e-

Disclaimer : Tu penses bien lecteur, si j'étais Kazuya Minekura ou encore la présidente des studios Pierrot, y aurait pas tant de problèmes que ça !

Des bisous : À tous les gentils bérénices (nota bene : c les gens pour moi les bérénices ;x) qui me liront, à Ayame Taishou (désirez-moi) qui n'aime pas le yaoi, surtout depuis qu'il sait que des fans ont osé collé Sasu et Naru ensemble (Bwahahaha), et surtout, surtout, à tous les fans de Saiyuki qui ne se formalisent pas à l'idée qu'on prête des relations plus poussées aux quatre bishos !


Acte Premier

ou

"Le moine rit…"

¯'°º:º°'¯

- C'est quoi ton problème bonze pourri ? Qu'est-ce que tu comprends pas dans l'expression "tomber amoureux" ? C'est tomber ou amoureux ?

Il y avait des heures que l'orage couvait…

L'espace qui s'amoindrissait entre les combats, et la fatigue accumulée au cours des dernières semaines leur pesaient à tous. C'était la première fois depuis des jours qu'ils s'arrêtaient dans un village, la première fois depuis des jours qu'ils retrouvaient un semblant de civilisation et qu'ils mangeaient à leur faim. Evidemment, il avait fallu qu'il se mette pleuvoir…

- Ho, et me regarde pas comme si t'allais me descendre, t'as peut-être la rage mais c'est pas de ma faute à moi si tu marches trop droit pour tomber de cette façon…

Deuxième assaut en moins d'une minute…

Hakkaï avait noté, au sujet des personnes desquelles ont dit qu'elles ne mâchent pas leur mot, qu'elles avaient par un mystérieux coup du sort, généralement tendance à viser juste… Bigrement juste en fait, suffisamment juste pour faire se déplacer des montagnes de sérénité et envoyer valser d'une pichenette la colère d'un Goliath… Mais il avait placé la mèche en évidence trop longtemps pour ne pas s'attendre à ce qu'un jour quelqu'un l'allume.

Plongée dans un silence pénible, l'auberge ne reprit vie que lorsque la serveuse surgit des cuisines dans son court tablier vert, les bras chargés de plats brûlants.

L'homme étant de nature changeante, et, surtout plus enclin à satisfaire ses besoins primaires qu'à débattre autour de l'amour, on quitta bien vite des yeux les quatre étrangers pour revenir sur les attributs généreux de la gentille serveuse, et sur les fumets alléchants des mets qu'enfantait la porte interdite aux personnes étrangères au personnel. Faire étalage de son aptitude à chercher la merde avait beau être l'activité en vogue numéro trois dans le top cinquante du beauf moyen, passé une certaine heure on met le tout en direction assistée et l'estomac ou la queue se chargent du reste ; C'est selon, vous dirait Hakkaï.

Gojyo, affalé sur sa chaise, comme une courtisane sur sa banquette de boudoir, tira une profonde bouffée de nicotine sur l'infâme cigarette et ferma les yeux, un sourire décontracté méchamment placardé à son visage satisfait…

- Et ben alors mister Freez ? J'ai fait mouche ?

Terrorisé par l'audace sans borne du kappa, Goku n'eut que le temps d'ouvrir la bouche et de se coincer l'articulation de la mâchoire sur cette position ridicule. Bien sur il avait l'habitude ; il était le plus jeune, le plus con, le plus enclin à ne rien comprendre et aucun des trois autres ne prenaient jamais vraiment le temps de lui expliquer ce qu'il fallait dire ou ne pas dire, mais il savait toujours quand s'arrêter. Là où il différait du kappa, c'était bien dans sa peur indicible d'affronter un Sanzo après l'avoir poussé dans ses derniers retranchements. Le tabou lui, n'avait de cesse de toujours approfondir le vice comme on racle obstinément la chair sur un os.

Il y avait des choses sur lesquelles, d'un accord commun bien que muet, on savait qu'il fallait s'abstenir. Ils portaient tous les quatre en eux la douleur et le poids quotidiens de blessures, plaies aux âges et aux circonférences différentes, mais qu'ils ne s'amusaient jamais à gratter comme une cicatrice mal refermée. L'incapacité littérale de Sanzo à exprimer ses sentiments était le sujet prohibé le plus en tête de liste, juste devant sa sexualité toujours indéfinie et son flegme suspicieux face aux charmes féminins. Ces sujets n'étaient pas censurés plus pour leur caractère épineux que le périmètre de sécurité qu'imposait leur mention.

Les mains détendues, posées à plat sur ses genoux en parfait angle droit, Hakkaï se contenta de soupirer en reposant son verre de saké. Lui, la suite il la connaissait, alors il s'autorisa un sourire discret en songeant qu'il n'était pas trop tôt. Parce-que oui, Hakkaï avait beau être silencieux, pondéré et de nature effacée, ça ne l'empêchait pas de manipuler plus de quatre vingt dix pour cents de leurs rixes incessantes, et l'occasion de mener à bien le plus grand projet de son existence se présentait enfin. En réalité il n'y croyait pas tant l'occasion qui s'offrait à lui était aussi parfaite qu'inattendue. Peut-être ses intentions au premier abord semblaient-elles froides et égocentriques mais… En fait elles l'étaient profondément, quoique plutôt tendrement égoïstes…

Les mots du tabou qui avaient claqués dans l'air avec une puissance sonore si exacte et une portée sadique si justement atteinte, flottaient encore au dessus de la table comme le silence significatif des suites d'une mauvaise blague.

L'impardonnable avait était libéré de sa prison rouge ; L'intraitable démon de la frustration aveugle s'était saisi de la langue du tabou pour la énième fois depuis le début de leur voyage… A cela près que c'était la fois de trop. La fois qui changerait radicalement leur petite vie tranquille…

Mais ça, personne hormis Hakkaï n'était censé s'en douter une seule seconde.

La vérité visqueuse du secret numéro un que Gojyo venait de faire voler en éclat, cette justesse écœurante, formulation on ne peut plus explicite de ce que personne n'osait jamais dire tout haut, le tout de cette évidence trop laide pour être regardée en face s'abattit sur Sanzo...

Et pour la première fois depuis fort longtemps c'est vrai, il ne répondit rien.

Un lourd grillage à la maille serrée voila l'aurore de son regard, étouffant le mauve excessif de ses yeux déterminés comme une épaisse couche de neige. Il se leva avec une lenteur calculée, un douceur froide d'automate mutilé. Les pieds de sa chaise en métal raclèrent le carrelage terre de sienne dans une longue plainte agonisante, alors que la pression de ses genoux qui se dépliaient la repoussaient sur le sol irrégulier.

Ses épaules noueuses dans le prolongement de ses clavicules trop creuses, le mouvement de balancier de ses bras trop grands le long de ce corps trop mince et trop musclé, enfin, les longues mains brunies par le tabac entre le majeur et l'index que dissimulaient les manches trop amples de sa robe ; En cet instant, tout dans sa posture l'ornait d'une fragilité nouvelle qui arrachait de lui, comme un organe encore chaud et palpitant, la haine que trahissait inlassablement son aura.

Cette fragilité démentielle était certainement la dernière émotion que les trois autres auraient imaginé voir un jour émaner du bonze. Elle était tellement blanche qu'on aurait dit une immense et horrible nappe d'eau limpide dans le désert instable et vierge du cœur de Sanzo. Sur lui, cette tache blanche propre à l'innocence était une insulte infamante, elle était abominable et répugnante, elle apparaissait comme une malformation qui n'aurait pas dû être révélée.

Les épaules toujours droites et fières du grand moine Sanzo ployèrent tragiquement, presque avec résolution, secouées de brefs sursauts convulsifs et nerveux. Il riait le moine…

Son visage plongea vers le sol.

Le protecteur du sutra abdiquait devant toute une assemblée… L'amertume de ses yeux secs ne parvint même pas à lui offrir le justificatif touchant des larmes, le roc impitoyable qu'il était se fissurait aussi égoïstement qu'il s'était construit. Sa bouche trop fine qui ne souriait jamais blanchit en s'étirant avec chagrin, et le rideau fluide de ses cheveux blonds quitta ses oreilles pour venir dégouliner autour de son visage anguleux comme une coulée de miel homogène et sucrée.

Il ne lui fallut pas longtemps pour disparaître de la scène. De toute façon quel autre choix s'offrait à lui ? S'il ne s'était pas retiré, sans doute aurait il éclaté en sanglots, des sanglots secs et monstrueux, des sanglots à l'image de l'être qu'il était, corrompus et dépourvus de toute émotivité…

- Okay Gojyo… Qu'est-ce qui t'a pris là ? Demanda Goku, la moue de son visage espiègle partagée entre la perplexité et l'irrépréhensible inquiétude que lui inspirait l'état du moine.

- Il me fatigue, répondit le tabou sans lever les yeux vers son cadet. Sa gueule d'amour, ses silences pesants, ses remarques de merde rares et acides qui ponctuent mes phrases comme si j'avais rien compris à la vie… Je sais qu'il a raison, mais bordel, est-ce qu'il ne peut pas essayer d'adopter le point de vue d'un mec normal une fois dans sa putain de vie ?

- En fait… Non, et tu le sais très bien, intervint Hakkaï avec un sourire indulgent.

- Tu fais chier le kappa, tu tombes amoureux trois fois dans la soirée alors pourquoi t'as cherché à blesser Sanzo de cette façon là précisément ? Sérieusement tu peux me dire ? T'es un pervers, c'est de notoriété publique alors on te charrie vite fait avec ton érotomanie, Sanzo est un moine qui fume et qui boit alors si tu veux le chambrer cantonne-toi à son statut d'épave… A ce que je sache il n'a jamais fait d'allusion malsaine à ton complexe d'Œdipe mal résolu…

Pour que Goku pousse le raisonnement aussi loin, pour qu'il fasse une phrase contenant plus de trois mots, une phrase structurée qui veuille exprimer autre chose que le creux perpétuel de son estomac en retard de cinq cent ans sur le plan nutrition, il fallait vraiment qu'il soit déçu, très déçu ; Gojyo n'avait aucun besoin qu'on le lui dise plus clairement, il avait juste… merdé. C'est la seule raison pour laquelle, exceptionnellement, il ne réagit pas à la provocation du saru.

- Et bien, je vois que nous sommes tous d'accord, chantonna joyeusement Hakkaï en joignant ses deux mains.

Le demi-sang et le singe le dévisagèrent avec une sorte de moue à la fois résolue, coutumière et désorientée.

- On va jouer à un jeu, poursuivit-il avec son sourire de renard, les yeux mis clos et les jambes croisées. Allez, allez, une petite devinette avant de se coucher…

- Hakkaï, tu crois pas qu'on devrait aller voir Sanzo ? S'enquit Goku en passant une main nerveuse sur ses cervicales tendues.

- Ouais… Pour une fois le singe à pas tort…Enfin, voilà, j'ai fais n'importe quoi sur ce coup, j'ai vraiment été trop loin et… Ces derniers jours il est déjà tellement… Trop bizarre ! J'ai beau aimer le pousser à bout, je voudrais toujours pouvoir le faire si tu vois ce que je veux dire…

- Non non, soyez patients, après ce jeu vous dormirez bien mieux… Soyez obéissants, ça serait bête de m'énerver aussi non ?

- Hakkaï ta personnalité vire, ça craint… Murmura Gojyo en dévisageant son ami.

- Pose-là ta devinette qu'on en finisse, soupira le plus jeune.

Alors, Hakkaï fit une chose qu'il n'avait encore jamais fait en leur présence, pas même pour dormir, pas même en cas de situation à haute aquosité ; il retira son monocle…

Il le posa sur la table et, avec un mouvement souple ses cheveux bruns retombèrent. La longue et soyeuse mèche qui dissimulait la moitié de son visage vint délicieusement balayer la peau de son arcade sourcilière et le sommet de sa pommette droite.

Le vert de cet œil maléfique qu'une couronne de sang auréolait à jamais tranchait vivement, même derrière le voile lisse et brillant de ses cheveux sombres. Il les fixa longuement, son sourire énigmatique étiré sur la gauche, le sourcil au-dessus en parfait circonflexe. La menthe et le tilleul de son regard hypnotisait Goku tandis que Gojyo ne parvenait plus à trouver le mode d'emploi de la respiration. Hakkaï se pencha sur la table comme pour inviter les deux autres à la confidence et, lorsque leurs trois visages furent suffisamment proches, il demanda très lentement, en détachant soigneusement chaque syllabe et en laissant volontairement traîner sa langue mutine sur ses lèvres de goupil :

- A votre avis, que porte un moine sous sa robe ?

To be continued…