Chapitre 74

Minuit venait de sonner et Harry Potter enfreignait une fois de plus le règlement de Poudlard. Bien sûr, si quelqu'un venait vérifier les lits dans la tour de Griffondor, il trouverait Harry profondément endormi, là où il était supposé être. C'était Tom qui rôdait dans les couloirs de Poudlard. Tom n'avait pas de lit dans l'école et personne ne pouvait réprimander un élève pour ne pas être dans son lit quand il n'avait pas de lit dans les dortoirs. Harry, sous son avatar de Tom, avait les couloirs pour lui tout seul si tard dans la nuit. Et tant qu'il restait loin des portraits connus pour être des oiseaux de nuit et d'un certain poltergeist qui était en ce moment dans la Grande Salle, de l'autre côté de l'école (merci pour l'info Poudlard), il pouvait avoir ce temps pour lui. Cassius le suivait sûrement mais pour le moment, il se contentait de se tenir à l'écart et d'accorder à l'adolescent la solitude qu'il recherchait. Ce dernier ne savait pas pourquoi mais il était persuadé que quelque chose approchait ou que quelque chose allait arriver.

Ces dernières semaines avaient été rudes pour lui. Il était déprimé : sa vie allait s'achever et il se sentait impuissant pour y faire face. Cassius l'avait pris à part un soir et ne l'avait pas laissé quitter la pièce avant de connaître toute l'histoire. Harry n'était pas sûr de ce qu'il s'était passé. Il blâmait un sinistre pouvoir de vampire ou peut-être une potion. Mais Cassius avait tout entendu de A à Z, y compris Bleys, le fait qu'il était l'apprenti du Seigneur des Ténèbres et le message final de Bleys sur la manière dont les choses finiraient. C'est le commentaire final de Cassius qui avait semblé le plus l'aider : « Maître Harry, je vais te répéter quelque chose que quelqu'un m'a dit il y a très longtemps, bien avant que je ne rejoigne la cour de ton père : ce n'est pas le temps qu'il te reste sur cette terre, mais comment tu utilises ce temps, qui compte à la fin. C'est normal de se sentir triste, en colère ou bouleversé en faisant face à l'idée de ta propre mortalité, surtout à un âge aussi jeune, mais la mort vient pour nous tous, même les vampires. Utilise le temps qu'il te reste pour t'amuser et laisser une bonne empreinte sur le monde. Pourquoi exister autrement ? Agis comme si tu avais tout le temps du monde et tu te surprendras peut-être toi-même. »

Il avait fallu quatre ou cinq jours avant qu'il ne commence à penser à ce qu'il ferait s'il avait tout le temps devant lui. Il s'était même assis pour faire une liste de tous les endroits qu'il verrait et de toutes les choses qu'il ferait un jour dans un carnet. Il avait écrit des idées sur la manière dont sa carrière se déroulerait, y compris les écoles où il irait après Poudlard et les sujets qu'il étudierait. Il avait choisi Le Fantôme de l'Opéra comme première comédie musicale qu'il irait voir, puis en avait noté d'autres comme Les misérables, Jésus Christ Superstar, Sweeney Todd, Miss Saigon, Évita et The Scarlet Pimpernel. Il avait écrit tout ses vœux pour l'avenir, y compris rendre visite à Tante Pétunia et Oncle Remus. Il doutait vivre assez longtemps pour le voir mais il avait le sentiment que Remus et Pétunia se marieraient un jour puis gâteraient les enfants éventuels de Dudley. Il avait même décrit ce que ce serait d'être un oncle (bien que techniquement, il ne soit qu'un cousin) et la manière dont il gâterait les enfants de Dudley avec des sorties et des voyages, entre ses propres productions. Il avait même osé rêvé un peu de ce que serait sa propre famille avec une femme qu'il n'avait pas encore imaginée et des enfants qui appelleraient Pétunia « mamie ».

Il avait utilisé la magie pour cacher ces secrets, de sorte que personne ne puisse lire ce qu'il avait souhaité puis il avait fait la paix avec l'idée qu'il ne verrait peut-être pas ce futur. S'il se produisait, super, mais si ça n'arrivait pas… et bien… Il gardait également ces idées enfermées pour éviter d'y penser. Il avait aussi décidé qu'il s'amuserait autant que possible tant qu'il serait de ce monde, avant que les problèmes ne le rattrapent. Ça lui avait presque pris une semaine pour se raisonner. Pourquoi s'amuser alors que les choses étaient si terrifiantes ? Pourquoi s'embêter à se sortir de l'apathie ?


Hermione l'avait aidé de sa manière habituelle : elle l'avait pris en embuscade. Elle avait essayé de lui parler seul à seul pendant plusieurs jours avant d'enfin réussir à l'attraper. Elle l'avait attendu après le dîner un soir et, avec l'aide de Cassius, elle l'avait traîné dans la Salle sur Demande. Il avait protesté un peu quand elle avait agrippé sa robe. Mais elle l'avait traîné dans les couloirs, Cassius sur les talons. Ce dernier n'avait rien fait pour aider Harry à s'échapper, malgré les regards désespérés que l'adolescent lui adressait. Il l'avait bien sortit des griffes de son amie mais ça n'avait été que pour le jeter sur ses propres épaules et le porter le long des couloirs, avec Hermione les suivant, le visage déterminé. Harry n'était pas sûr qu'il pardonnerait au vampire sa participation dans les événements de la soirée. Il était supposé le protéger (ostensiblement) mais il semblait qu'il n'agissait comme garde du corps que quand il estimait que la situation le nécessitait. Autrement, il faisait des bruits scandalisés quand il considérait que Harry faisait quelque chose qu'il estimait ne pas être convenable et il traquait le professeur de Potions pour s'amuser. Hermione les avait suivis jusqu'à la Salle sur Demande et elle était venue se planter face à Harry, là où ce dernier était tombé quand Cassius l'avait déposé sur un canapé couvert d'un nombre de coussins excessif. Le visage sombre, Hermione avait posé ses mains sur ses hanches. « Maintenant Harry… Est-ce que je dois appeler ou écrire à ta Tante Pétunia pour lui dire que Poudlard est un environnement terrible pour toi ? »

« Un environnement terrible ? » avait-il demandé, toujours perplexe quant à ce qui venait de lui arriver.

« Harry… Contrairement à ce que tout le monde croit, je ne suis pas complètement aveugle. Tu faisais des choses amusantes, avant. Tu jouais aux échecs, tu filais en douce et le QUIDDITCH ! » Elle avait accentué ce dernier mot et s'était laissée tomber sur un tabouret devant lui. « Tu ne joues plus au quidditch. Harry, tu ne te plais pas ici. Tu allais beaucoup mieux à Saint Jude. Ici, tu sembles juste tout faire machinalement et, certains jours, même pas ça. Je ne peux m'empêcher de me demander si Saint Jude ou une autre école ne serait pas mieux pour toi. Ta célébrité, ou le fait d'être loin de la maison, ou ton adoption, c'est peut-être trop pour toi. Ne crois pas que nous n'avons pas remarqué que tu ne manges pas vraiment ou que tu ne dors... »

« Je l'ai plus que remarqué » avait grommelé Cassius dans un coin. Il avait sa pose habituelle de vampire désapprobateur : les bras croisés et les sourcils froncés.

« Oui, merci Cassius. Tu ne manges pas beaucoup. Et je peux voir que tu ne dors pas bien. Et tu ne fais pas les choses que tu aimes. Même tes notes s'effritent en deçà de leurs niveaux habituels. Et NE dis pas que tu vas bien. »

Harry avait fermé la bouche. Il avait été sur le point de le dire. Hermione le connaissait trop bien. C'était mieux de ne pas l'énerver encore plus.

« Je m'inquiète pour toi, Harry. Je suis contente que tu sois revenu à Poudlard mais si c'est un mauvais endroit pour toi, peut-être que tu devrais en trouver un meilleur. Un endroit où tu pourras être heureux. » Elle lui avait pris les mains. La pression de ses doigts l'avait fait se détendre. Il avait senti ses propres mains se fermer et se rouvrir plusieurs fois autours de celles de son amie. Elle n'avait pas bougé et avait attendu qu'il décide ce qu'il voulait. Il avait pris quelques profondes inspirations, s'était répété les mots d'Hermione plusieurs fois dans sa tête et avait soupiré.

« Hermione… Je peux avoir un câlin ? » avait-il enfin demandé d'une voix rauque. Hermione l'avait rejoint sur le canapé et l'avait pris dans ses bras. Il avait posé son front contre son épaule pendant quelques minutes mais il savait que le câlin avait duré longtemps. « Merci d'être une amie aussi géniale » avait-il fini par dire en se reculant. Elle l'avait laissé s'éloigner mais avait repris sa main et l'avait serrée. « Tu as raison, avait-il dit quelques minutes plus tard. Je ne suis pas vraiment heureux ici mais ce n'est que pour un an. Je pensais que je pourrais le faire mais c'est tout… inutile » avait-il admis.

« De quoi as-tu besoin, Harry ? Comment puis-je t'aider ? » avait-elle demandé.

« Je ne suis pas sûr... » Il avait haussé les épaules et s'était appuyé contre le canapé, attirant son amie vers lui.

« Je pense savoir ce dont tu as besoin, maintenant » avait-elle dit doucement, comme si c'était un secret. Harry l'avait regardé avec curiosité. « De t'amuser un peu... »

« Je ne pense pas que... » Un coussin l'avait heurté au visage et il l'avait entendu rire. « Tu réalises que ça veut dire que c'est la guerre ? » avait-il répliqué en prenant un autre coussin pour attaquer son amie.

« Rends-toi devant mon courroux ! » Hermione lui avait rapidement lancé trois coussins pendant qu'Harry grimpait sur le canapé pour les éviter, prenant ainsi de la hauteur.

« Le Survivant ne se rend jamais ! » Il s'était immobilisé en s'entendant et Hermione avait gagné quand son dernier coussin avait réussi à le faire tomber. Il avait basculé par-dessus le dossier du canapé et était tombé par terre. Il n'avait pas bougé, fixant le plafond en clignant des yeux.

« Harry, ça va ? » Hermione s'était penchée par-dessus le dossier pour l'observer.

« Le Survivant ne se rend jamais, avait-il répété. Mi… Je pense que ça va aller » avait-il ajouté après quelques minutes. « Je pense que je vais bien aller… Au moins jusqu'à Noël où je serai puni à vie, avait-il admis. Tante Pétunia n'est pas impressionnée par mon comportement de cet été. »

« Et bien, tu sais ce que ça veut dire, Skywalker ? » avait demandé Hermione en repoussant ses cheveux de devant son visage. Elle avait transpiré un peu pendant leur bataille d'oreillers et ses cheveux restaient collés à son front.

« Quoi ? »

« Nous demandons à Cassius s'il serait d'accord d'infiltrer les cuisines pour voir s'ils ont ta glace préférée. » Un pop provenant du coin de la pièce avait montré que Poudlard les avait entendus et avait fourni de la glace. Il y avait menthe chocolat, ainsi que de la vanille et des coulis.

« Comment peux-tu aimer ce parfum ennuyeux ? » avait demandé Harry quand il s'était avancé pour inspecter la table.

« Ennuyeux ! Retire ça ! » La bataille de polochon reprit pendant cinq brèves minutes avant que Cassius ne les enjoigne à cesser, déclarant qu'il renverrait la glace dans les cuisines s'ils ne se conduisaient pas un peu mieux. Harry avait eu un reniflement moqueur mais ils s'étaient calmés assez longtemps pour se servir en glace et se laisser tomber sur le canapé. Ils avaient discuté de diverses théories sur Star Wars comme « et si Vader avait attrapé Luke sur Hoth ? » et « Et si Yoda avait déjà été mort quand Luke était arrivé du Dagobah ? » En entendant la dernière hypothèse de Harry, « Et si Vader avait découvert Luke quand il était petit ? », Hermione avait sorti une plume et du parchemin. Harry l'avait laissée écrire pendant vingt minutes avant de demander de la vraie nourriture à Cassius. Il n'avait pas beaucoup mangé au dîner et la glace ne passait pas bien du tout.

Les deux amis avaient passé le reste de la soirée ensemble, bien après le couvre-feu. Hermione avait écrit une histoire dans laquelle Luke avait perdu sa Tante Beru et son Oncle Owen quand il avait cinq ans. Par un jeu de hasard, il avait été transféré dans un orphelinat une semaine avant que Lord Vader fasse une visite d'État pour les caméras et la propagande de l'Empire. Elle avait même laissé Harry la lire avant qu'ils ne se faufilent dans les couloirs et la Tour de Griffondor, à deux heures du matin, gloussant et évitant Miss Teigne qui chassait.


Depuis cette soirée avec Hermione, son humeur s'était un peu améliorée. Il vivait toujours au jour le jour, quelque fois c'était même heure par heure, mais il allait mieux. Il allait voler quand il se sentait un peu déprimé et permettait à Cassius de lui rappeler de manger s'il se laissait aller et ignorait le monde. Cassius s'était révélé être d'une grande aide, rappelant à son jeune protégé le vœu qu'il avait fait d'apprécier sa vie. Cassius était toujours là pour lui suggérer des méthodes pour gérer ses émotions et venait même courir avec lui à l'aube. Son premier jogging s'avéra être absolument horrible pour Harry étant donné qu'il avait négligé la course depuis que l'école avait repris. Mais il commençait à regagner un peu d'endurance, malgré le froid. Le temps devenait glacial le matin mais une tasse de thé l'attendait toujours quand il revenait de ses séances d'exercice.

La plupart du temps, Hermione était à ses côtés pour lui offrir son soutient (bien qu'elle ai décliné de le rejoindre pour ses sessions sportives). Tous les deux avaient lancé un club Star Wars pour les élèves de Poudlard. Pour le moment, seuls les Nés de Mol dus et les Demi-Sangs les avaient rejoints mais le groupe se réunissait une fois par semaine pour discuter de leurs scènes préférées dans les films ainsi que des livres. Certains élèves avaient des romans de Star Wars et d'autres écrivaient leurs propres histoires. Harry avait découvert d'autres élèves avec qui il pouvait réciter des scènes complètes. Justin pouvait faire une imitation convaincante de Yoda, ce qui avait laissé perplexes plusieurs Sang-Purs qui passaient à proximité. « Pas le club que vous recherchez » avait déclaré Hermione en bougeant la main comme Obi-Wan Kenobi. Les Sang-Purs avaient eu l'air encore plus confus et tout le club avait ri pendant cinq bonnes minutes, rejouant la scène plusieurs fois. Ça faisait du bien d'avoir des amis qui aimaient ce qu'il aimait et qui ne trouvaient pas étrange qu'il connaisse le monde Moldu. Tout n'était pas parfait et il se sentait parfois mal mais, dans l'ensemble, les choses s'amélioraient.

Pour le moment, il profitait juste de la solitude des couloirs vides et essayait de déterminer ce qu'il voulait faire. Il avait l'impression que tout s'améliorait et se détériorait en même temps. Le message de Robinson était agaçant, étant donné qu'il n'y avait pas eu plus de détail et qu'il n'avait rien reçu d'autre.

Le fait que le Seigneur des Ténèbres ne l'ai pas appelé depuis plusieurs semaines l'inquiétait également. Il voulait aller le voir et savoir ce qui se passait. Mais d'un autre côté, il était facile de se faire prendre s'il ne faisait pas attention. Il ne savait jamais où il mettait les pieds quand il allait voir le Seigneur des Ténèbres. Ça pouvait facilement être quelque chose qu'il ne voulait pas voir ou expérimenter et, d'après le dernier message de Robinson, il y avait des partisans qui n'étaient pas satisfaits de leur maître ou de la direction que prenaient les choses.

Harry s'arrêta en haut des escaliers, ne sachant pas vraiment quoi faire. Etait-il fatigué ? Non, pas vraiment. Peut-être qu'une tasse de thé… Il descendit en direction des cuisines et espéra ne pas réveiller qui que ce soit. Il était juste après minuit et il espérait que les elfes de maison ne se lèveraient pas pour l'aider. Il pouvait faire bouillir de l'eau tout seul. Au milieu des escaliers, une petite porte éclairée de torches s'ouvrit. Il semblait que Poudlard lui créait un raccourci. Un rapide trajet l'emmena directement dans les cuisines où le feu était allumé sous la cuisinière. Il trouva facilement la bouilloire, la remplit d'eau et la mit sur le feu. Pendant qu'il attendait, une petite équipe d'elfes apparut, lui souriant. « Pouvons-nous aider Harry Potter ? »

« Je suis désolé, je ne voulais réveiller personne. »

« Non, non, Harry Potter. Nous sommes l'équipe de nuit. Nous travaillons toute la nuit et quelques elfes travaillent le jour. Nous préparons les pâtisseries et nous nettoyons les couloirs quand les sorciers ne sont pas là. » Le chef des elfes de maison jeta un coup d'œil à la cuisinière et sourit à Harry. « Harry Potter veut du thé ! » Ce qui se passa ensuite fut étonnant. Un elfe de maison poussa Harry vers la table correspondant à celle des Gryffondors, un autre se précipita dans une autre salle, un troisième rassembla la vaisselle et le plus vieux (celui qui avait parlé à Harry) fit bouillir l'eau. En deux minutes, Harry avait une tasse fumante devant lui et une assiette de biscuits entre les mains. Le plus vieil elfe lui tapota simplement le bras en passant et Harry s'assit alors que la moitié des elfes se mirent à travailler dans la cuisine. Les autres disparurent, probablement pour travailler dans les couloirs. Harry prit un biscuit. Quelques calories ne lui feraient pas de mal. Après trois gâteaux et autant de tasse de thé, le jeune homme remercia les elfes plusieurs fois et quitta la cuisine.

« Maître Harry » Cassius sembla s'extraire de la pierre et le rejoignit dans le couloir.

« Bonsoir Cassius » répondit doucement l'adolescent en marchant dans le noir.

« Peut-être qu'il serait temps que vous alliez vous coucher ? » demanda le vampire. Harry acquiesça au bout de quelques secondes.

« Bonne idée. Je pense que le thé que les elfes m'ont donné me rend un peu somnolent. » Cassius acquiesça et accompagna Harry à son dortoir. Pendant le laps de temps qu'il leur fallut pour arriver, Harry soupçonna qu'il y avait plus que du thé dans sa tasse. Il se changea et se laissa tomber entre ses draps, grommelant un « bonne nuit » ensommeillé alors que Cassius tirait les tentures autours de lui. A travers l'interstice, il aperçut Cassius frapper dans la main d'un elfe de maison. C'est une conspiration pensa-t-il avant de s'endormir.

Il s'avéra que le thé était juste un mélange spécial pour aider à dormir. Aucune conspiration n'avait eu lieu si ce n'est que Cassius avait suggéré aux elfes quel thé servir au jeune Maître Harry. A présent un thé attendait Harry toutes les nuits, juste après qu'il avait fermé ses livres. Habituellement, Cassius s'assurait qu'il y en ait assez pour ses amis et, quelques fois, il y avait même des biscuits. Cela finit par être une transition agréable entre les devoirs et le sommeil, rassemblés autours du feu en se demandant comment obtenir les recettes des elfes pour les partager avec sa tante. Il avait le sentiment que Dudley aimerait les biscuits.

Peu à peu, au lieu de parcourir les couloirs à cause de son insomnie, il devint plus facile pour lui de s'endormir après un peu de temps au lit. Plusieurs jours passèrent comme cela et le premier octobre arriva surprenant Harry. Ce jour-là, une annonce surprise eut lieu au petit déjeuner.

Minerva McGonagall se leva et s'éclaircit la gorge. Les élèves interrompirent leur repas et la regardèrent. « Merci pour votre attention. Je souhaite annoncer plusieurs activités pour le mois d'Octobre, qui nous mèneront à notre premier bal masqué annuel. Vous trouverez dans votre salle commune les détails et la fiche d'inscription pour notre premier concours de talents ainsi que pour un club de sport. Les équipes sportives seront composées de joueurs de toutes les Maisons et ne compteront pas pour la Coupe des Quatre Maisons. Ce ne sont que des équipes de loisir. Si vous avez des questions, vos directeurs de maisons vous aideront. »

Des voix résonnèrent dans toutes la salle les élèves étaient excités par le concours de talents et les équipes de sport. Dean Thomas commença immédiatement à s'agiter pour une équipe de football et se précipita vers le tableau pour vérifier si ce sport était proposé. Harry l'espérait. Il avait fait quelques matchs à saint Jude et avait aimé jouer. Peut-être qu'il rejoindrait une équipe et ferait un peu plus de sport. Il le mentionna à Hermione qui acquiesça. Puis elle lui suggéra :

« Je pense que tu devrais t'inscrire au concours de talent. » Elle écrivait sur un morceau de parchemin en parlant. Est-ce qu'elle arrêtait jamais d'étudier ?

« Oh, vraiment ? » répondit-il en grignotant un toast. « Pourquoi ? »

« Tu pourrais faire un soliloque » répondit distraitement Hermione. Elle était tellement plongée dans son livre que Harry était inquiet qu'elle n'en réémerge jamais. Un coup d'œil à la page lui fit cligner des yeux. Heu… il n'avait aucune idée de ce dont c'était supposer parler. Où avait disparu son parchemin ?

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »

« Pourquoi pas ? Demanda Neville Ils seront beaucoup à juste faire les clowns sur scène. D'après ce que j'ai entendu, tu es un bon acteur. » Harry lança un coup d'œil à Hermione mais elle était toujours plongée dans son livre et l'ignorait.

« On exagère mes talents » répondit-il en secouant la tête.

« Ce sera amusant, rétorqua Neville. Je pense que je vais peut-être faire un truc avec des plantes... » Neville se perdit dans ses pensées et Harry finit son toast. Il prit son sac et se dirigea en classe, soulagé d'échapper à ses amis. Il avait le sentiment qu'il allait encore en entendre parler.

Il avait raison. Tout le monde semblait très excité par le concours de talents. Le Professeur Flitwick avait même dû retirer des points après avoir été interrompu plus de cinq fois par des élèves posant des questions sur les sortilèges qu'ils pourraient utiliser pour leurs diverses démonstrations. Il les avait avertis que la classe était la classe et ils avaient continué à poser des questions sur d'autres sorts. Après avoir été interrompu si souvent, il les avait informés que les heures où il était à son bureau étaient suffisantes pour leurs besoins mais qu'ils devaient se concentrer sur la leçon pour le moment.

Par contre, personne ne fit un bruit dans la classe du Professeur Snape. Ce dernier croisa à peine leur regard quand il entra dans la pièce à grand pas. Le cours commença avec un simple avertissement que toute discussion sur autre chose que la potion du jour entraînerait des retenues pour le reste de l'année. Tout le monde le prit au sérieux et il n'y eut pas un murmure pendant toute la leçon. Harry n'avait jamais été aussi content de partir pour son heure de repos avant le déjeuner.

Il sortit et se lança un sort de chaleur en s'asseyant sous un arbre. Le soleil avait toujours aidé son humeur et il se découvrait vouloir plus profiter de l'extérieur. De plus, c'était aussi loin que possible de la bibliothèque. Il savait qu'Hermione y hantait en ce moment les étagères.

Il sursauta quand il s'aperçut que Cassius était assis à côté de lui. « Est-ce que le soleil n'est pas mauvais pour les vampires ? » demanda Harry.

« Est-ce qu'il est interdit de s'asseoir par terre ? » rétorqua ce dernier en haussant un sourcil.

« Non. »

« Alors, très bien. » Cassius mit ses mains derrière sa tête et s'appuya contre l'arbre. Ils restèrent assis en silence un moment. Harry écouta les oiseaux puis il sortit un de ses livres pour lire son prochain cours. Il trouvait que lire en avance l'aidait à mieux comprendre les cours. Skye lui avait appris ce truc à Saint Jude quand il essayait de rattraper les autres élèves. Il continuait de l'utiliser à Poudlard, maintenant qu'il essayait faire remonter ses notes. Il laissa sa main jouer dans l'herbe pendant qu'il lisait puis s'arrêta quand il sentit un parchemin sous ses doigts. Il vit une lettre qui lui était adressée.

« Une lettre de votre père, l'informa Cassius. Vous avez raté votre chouette. Elle n'était pas très contente que vous l'ignoriez quand elle est venue vous la remettre. »

« Merci Cassius. J'irai la voir avec des gourmandises plus tard. J'étais vraiment concentré sur ma lecture. » Il posa son livre.

« C'est vrai… C'est bien de vous voir être plus vous-même ces jours-ci. »

« Je ne suis pas encore à cent pour cent mais je commence à me sentir mieux » confia-t-il en prenant la lettre. Il brisa le sceau. Une belle écriture inscrite à l'encre bleue traversait la feuille.

Cher fils,

J'espère que tu vas bien et que la vie à l'école est tout ce que tu voulais qu'elle soit. Je suis toujours incertain quant à ton retour chez les sorciers, mais si c'est ce que tu veux…

J'ai eu des contacts avec presque tous ceux que tu as rencontrés à ta fête d'anniversaire cet été et je peux te dire humblement que tu me rends très fier de ton comportement et des résultats de ces rencontres. Presque tout le monde a demandé à te revoir pour discuter de leur communauté magique et nous y a invité. Mon enfant, je prépare ta grande tournée avec beaucoup d'excitation. J'ai parlé à ta tante et à ton conseiller et ils ont convenu qu'une pause d'un an après que tu ais fini Poudlard te ferait du bien. Je suis impatient de te montrer le vaste monde – si tu le souhaites, bien sûr. Nous commencerons en passant l'été en France… les endroits que je dois te montrer à Paris ! Je suis sûr qu tu adoreras.

Bien sûr, nous devrons passer par les bureaux des dignitaires quand nous arriverons dans leur pays mais, parfois, avoir un ami dans le pays peut aider. Ils peuvent t'emmener dans des lieux auxquels tu n'aurais pas pensé par toi-même… et ils t'empêchent de tomber dans les pièges à touristes. J'ai passé près d'une décennie à Paris il y a quelques années. C'est un endroit délicieux.

Cassius me dit que tu as un peu de mal à dormir. S'il te plaît, va voir l'infirmière. Si le problème persiste, je t'enverrai ton médecin. C'est la même chose pour ton appétit, mon enfant. Tu dois prendre soin de toi. Je sais que tu pourrais trouver cela difficile mais utilise les ressources qui sont autour de toi : Cassius, l'infirmière, tes amis. Beaucoup de personnes tiennent à toi.

Je voulais te faire savoir que je serai présent pour le premier bal masqué de ton école. Cassius m'a informé de cet événement à venir et je ne pouvais pas laisser passer la chance de voir Poudlard. J'ai reçu une invitation mais je ne suis pas sûr quant à l'hôte… Sais-tu qui m'a envoyé l'invitation ? Quoiqu'il en soit, j'ai répondu que je serai là. Cela me donnera l'occasion de voir comment va mon fils.

Avec amour,

Ton père, Vlad.

Harry fixa la lettre quelques minutes avant de la replier et de la ranger dans son enveloppe. Une visite de son père adoptif alors qu'il était à l'école ? Qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? Teeeellleeement de choses, et tu le sais, Potter, lui répondit son esprit dans un murmure.

« Que dit votre père ? » La voix de Cassius le tira de ses pensées.

« Oh… Quelque chose à propos d'une grande tournée, des dignitaires et il viendra au bal... » Harry rassembla ses livres et les fourra dans son sac. « Je suppose que je vais devoir réfléchir à ce que je vais porter... » grommela-t-il.

« Oh… Laissez-moi vous aider ? Peut-être un costume tiré de ce livre qui a été adapté en comédie musicale ? » intervint Cassius

Harry s'arrêta et le regarda. « Lequel ? » Il ne put s'empêcher de rire devant le visage inexpressif du vampire.

« Attendez, il y en a plus d'un ? » demanda ce dernier avec confusion.

« Tu as quel âge déjà ? » demanda l'adolescent en s'éloignant. « Tu as sûrement vu une comédie musicale ou deux ? »

« Moi ? Voir une comédie musicale ? Des hommes et des femmes se tournant autours et se chantant dessus ? » Il eut un frisson théâtral. « Ce n'est pas pour moi, Maître Harry… Jamais. » Harry rit et grimpa la colline vers l'école, écoutant Cassius grommeler sur le fait qu'il ne mettrait jamais les pieds dans un théâtre pour un tel spectacle. Harry réfléchit à la suggestion de baser son costume sur une comédie musicale et eut un grand sourire. « Je n'aime pas cet air, Maître Harry... » déclara Cassius d'un ton suspicieux.

« Je sais ce que je vais choisir et je pense qu'Hermione sera peut-être intéressée par ça.

Cassius s'appuya contre le mur de pierre du couloir et étudia son protégé. « Oh ? Racontez ? »

« Nan… Je veux voir si elle est d'accord d'abord ou si elle a une autre idée. Je vais la chercher. » Harry fit signe de la main à Cassius et se glissa dans un des passages secret que Poudlard créait pour lui. Il arriva directement devant la bibliothèque. Il y trouva Hermione cachée derrière plusieurs piles de livres, sa plume grattait le parchemin devant elle. Ses cheveux étaient bouclés et en désordres, ce qui voulait dire qu'elle y avait passé ses mains en lisant.

« Hey, Mi » appela doucement Harry en se laissant tomber sur le siège à côté d'elle.

« Hey, toi. Ça va ? »

« Bien merci. Est-ce que tu as une idée de ce que tu vas porter pour le bal ? »

« Ugh… Pas encore. J'ai pensé à quelques trucs mais honnêtement… Je ne me suis pas décidée. Quelques unes de mes idées sont strictement moldues et je ne me vois pas passer la moitié de la soirée à expliquer à la plupart des élèves ce que je suis supposée être. D'autant qu'ils ne comprendraient toujours pas parce qu'ils n'ont pas le bagage culturel. » Elle se tut quelques instants. « C'est extrêmement frustrant d'être coincée entre deux mondes. »

« Est-ce que tu as pensé à inviter Viktor ? » demanda Harry en sortant ses livres. Il poussa quelques-uns de ceux de son amie pour avoir de la place pour travailler.

« Hum. Je pense que tu as un plan en tête » dit Hermione, les yeux pleins de malice.

« Un plan ? » Harry ne put s'empêcher de lui sourire. « Qu'est-ce qui t'a donné cette idée ? »

« Dis-moi ! » siffla Hermione dans un murmure. « Toute aide que tu peux m'apporter serait extrêmement bienvenue. Je patauge un peu » admit-elle.

Harry sourit, ramena un morceau de parchemin vers lui et y écrit le nom d'un livre qu'il savait qu'Hermione connaissait. Elle lut le titre avec un froncement de sourcil confus puis le serra dans ses bras.

« Parfait ! Attends… Pourquoi tu as besoin de Viktor ? »

« Je ne peux pas jouer deux personnes différentes, Hermione. En plus, je veux quelqu'un avec toi toute la soirée. Je vais être occupé... »

« Si tu penses que tu vas te servir de cette idée pour terroriser les gens, Harry James Potter... »

« Laisse-moi vivre un peu ! » Ils furent rapidement jetés hors de la bibliothèque pour avoir fait trop de bruit. Cassius ne put s'empêcher de ricaner devant l'indignation d'Hermione d'avoir été expulsée de la bibliothèque et bannie pour le week-end. Harry se demanda comment le vampire les avait trouvés et pourquoi il ne le laissait pas tranquille.

« Laissez-moi un peu de mystère » répondit-il aux suppliques répétées de l'adolescent pour savoir comment il faisait. « En plus, vous avez d'autres problèmes à régler... »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Laissez-moi un peu de mystère. »


Harry s'éveilla dans un sursaut et soupira. Ça faisait un moment que Voldemort ne l'avait pas appelé. Il avait espéré que ce dernier avait réalisé 1) que Harry était jeune et avait besoin de sommeil, 2) que Harry devait se glisser hors de l'école et 3) que les appels au milieu de la nuit rendait tout cela difficile. « J'arrive, j'arrive » grommela l'adolescent dans sa barbe. Il bailla et s'étira en sortant du lit. « Il va m'attendre » bougonna-t-il en allant dans la salle de bain. C'était vraiment le milieu de la nuit. Juste après deux heures du matin, d'après ce que lui disait son Tempus. « Ugh. » Harry ne voulait vraiment pas être réveillé à cette heure.

Il se passa de l'eau sur le visage et une main dans les cheveux. Il retourna dans le dortoir et chercha des vêtements dans sa malle. Son cerveau fatigué le rattrapa. Où était Cassius ? « Cassius ? » appela-t-il dans un murmure. Le vampire n'apparut pas. Harry haussa les épaules. Peut-être qu'il avait enfin réussi à coincer Snape dans un coin. Harry frissonna et ne permit pas à ses pensées d'aller plus loin. Il ne voulait pas savoir ce que le vampire trafiquait quand il dormait. Il ne voulait vraiment pas savoir. Bienheureux les ignorants.

Il rassembla tout ce dont il avait besoin et descendit silencieusement les escaliers avant de se glisser hors de la Tour des Gryffondors. Poudlard lui facilitait les choses et lui créa un passage secret qui le conduisit directement hors du château et qui s'ouvrait près du portail. Il invoqua son déguisement de Tom et mit ses robes de Mangemort. Il mit son masque et alla voir Voldemort.

Il dut s'arrêter en arrivant. Il n'y avait personne. Il ne voyait aucun Mangemort. Il entra et vit des couloirs sombres. Il étendit sa magie et découvrit que Voldemort était le seul occupant de la maison. Il monta l'escalier vers les chambres. Tout était noir et silencieux. Harry essaya de comprendre ce qui se passait et déploya une fois de plus sa magie. Hum. Il ne détectait aucune menace. Du moins, il n'en détectait aucune à l'aide de sa magie. Il alla vers la chambre de Voldemort et frappa à la porte. Un faible « Entrez » lui parvint. Harry s'exécuta. La pièce était faiblement éclairée mais il pouvait toujours distinguer assez clairement la silhouette dans le lit.

« Monsieur ? » demanda-t-il, confus.

« Mon enfant ! » La voix semblait heureuse et Harry s'avança pour voir la personne dans le lit. Ce n'était pas le Voldemort qu'il connaissait. Il semblait… malade. Vidé.

« Bonjour, Monsieur. »

« Mon enfant… que fais-tu là ? » Voldemort s'assit dans le lit pour lui faire face.

« Vous m'avez appelé, monsieur » répondit l'adolescent toujours confus.

« Vraiment ? » Voldemort semblait s'adresser à lui-même plus qu'à Harry. « Oui, c'est vrai. Je pensais à toi. Je dois t'avoir appelé. De quoi s'agissait-il ? » Harry ferma les yeux. J'ai fait ça, pensa-t-il. J'ai ruiné son esprit.

« Est-ce que tu te souviens de l'été dernier ? » demanda soudain Voldemort.

« Quand vous m'avez proposé des cours ? Oui, Monsieur, je m'en souviens. »

« Est-ce que tu te souviens que je te punissais ? » demanda-t-il doucement, comme s'il avait peur d'entendre la réponse. Harry le regarda. Il sentit la colère le piquer à la mention de ces punitions qui relevaient plus de vraies séances de torture.

« Oui. »

Voldemort tressaillit en entendant la réponse de l'adolescent. « Tu as parfaitement le droit d'être en colère contre moi, affirma-t-il, surprenant l'adolescent. Je… regrette ce que je t'ai fait. La manière dont je t'ai traité, continua-t-il en prenant la main de Harry. Je m'excuse de t'avoir blessé… Mon esprit n'est pas ce qu'il était, n'est-ce pas ? »

« J'ai peur que non, monsieur. » Voldemort ne dit rien pendant un long moment, se contentant de tenir la main du jeune homme. Le silence s'installa entre eux, uniquement perturbé par les craquements de la vieille maison. Il faisait frais de la chambre. Bien sûr, c'était début octobre et le temps devenait de plus en plus froid, surtout la nuit. « Voulez-vous que j'allume un feu, monsieur ? »

« Un feu ? Oui, s'il te plaît… Ce serait agréable. J'ai essayé… plus tôt... » La voix de Voldemort s'estompa. Harry regarda la cheminée et vit les bûches posées n'importe comment dans le foyer. Il les réarrangea avec sa magie. Une pensée plus tard et le pièce n'était plus aussi sombre grâce au feu qui crépitait dans l'âtre. Quelques craquements et bruits secs firent sursauter Voldemort.

« Monsieur ? » Harry rapprocha sa chaise pour qu'elle soit perpendiculaire au lit. « Je vais essayer quelque chose pour aider votre tête. Pouvez-vous vous appuyer contre les oreillers ? » Voldemort obéit à la demande et soupira en fermant les yeux. Harry entra dans son esprit. Il déglutit difficilement en regardant autours de lui. C'était pire qu'avant pensa-t-il en étudiant les trous et les espaces qu'il avait déjà vus. Certains des bords semblaient noircis et parfois irrités comme s'ils s'infectaient. Il a mal. Harry appela sa magie et essaya de décrire ce qu'il voulait faire. La réponse manquait d'enthousiasme, comme si Harry perdait son temps et son énergie sur une cause désespérée. S'il te plaît. Il regarda plusieurs endroits s'illuminer autours de lui. Certaines des inflammations disparurent sous ses yeux mais la plupart des zones noires demeurèrent.

Il ouvrit les yeux pour découvrir Voldemort en train de l'étudier. « Tu as fait quelque chose, constata doucement ce dernier. Je me sens… plus lucide. »

« Oui… Je ne sais pas si ça va beaucoup aider mais ça vous fera peut-être vous sentir mieux. »

« Merci, mon enfant. » Voldemort ferma les yeux et Harry le sentit s'endormir. Il se leva doucement. Ok, Destin… Qu'est-ce que j'attends pour lui ? Harry attendait toujours de tout achever, y compris la prophétie. Il était fatigué.

Il mit une barrière de protection autours du feu pour que la maison ne brûle pas si la magie de Voldemort devenait chaotique puis il partit. C'était déjà l'aube. Combien de temps avait-il passé dans la tête de Voldemort ? Il retourna à l'école et parcourut le passage secret jusqu'à la salle commune des Gryffondors, extatique de se souvenir que demain – enfin, aujourd'hui – était samedi. Il pourrait dormir un peu et ne pas subir son était habituel de zombi. Il s'arrêta juste à l'extérieur de la pièce et s'assura que ses robes ne soient pas celle des Mangemort. Il se faufila à l'intérieur et dans son lit, soupira alors qu'il se détendait. C'était l'heure de dormir. Dormir était bien.

« Maître Harry ? » L'adolescent était sûr qu'il venait juste de fermer les yeux. « Maître Harry ? Vous devez vous réveiller maintenant » l'appela la voix de Cassius à côté de son lit.

« Non » grommela Harry et il se tourna sur le côté. Il ne quitterait pas son lit.

« Vous avez un rendez-vous et devez vous lever. S'il vous plaît, ne me faites pas vous habiller. Je sais que vous n'aimez pas ça. » Le jeune homme ouvrit un œil et lança un regard noir à Cassius.

« Je n'ai pas de rendez-vous » argumenta Harry en s'emmitouflant dans ses couvertures.

« Si, vous en avez un. Voilà le petit-déjeuner » La voix du vampire devint chantante comme si la nourriture ferait quitter son lit à Harry.

« Il y a du café ? » grommela le jeune homme.

« Bien sûr » Cassius semblait offensé. « Pour qui me prenez-vous ? Un idiot ? » Il se tut une seconde et ajouta. « Ne répondez pas. »

Harry eut un reniflement amusé et s'assit. Il cligna des yeux plusieurs fois. « Je ne me lève que parce qu'il y a du café. » Il bailla, s'étira et sortit du lit. « J'ai le temps de prendre une douche ? »

« Oui. » Cassius semblait amusé. Harry haussa un sourcil mais, quand aucun autre commentaire ne vint, il rassembla ses affaires et alla dans la salle de bain. Il prit une douche froide pour se réveiller et s'habilla. Il lutta contre ses cheveux puis abandonna le peigne à Cassius. Ce dernier fut capable de dompter les cheveux de l'adolescent. De la magie vampirique. Ce devait être de la magie vampirique. Harry suivit le vampire dans les escaliers et hors du dortoir.

« Alors, où allons-nous ? » demanda-t-il. Il était enfin suffisamment réveillé pour être curieux.

« À un rendez-vous. Suivez-moi. » Bien. Sois mystérieux. Je m'en fiche. Peut-être que je pourrais faire une sieste plus tard. Une sieste serait géniale.

« Nous y voilà. Je vais vous laisser maintenant, Maître Harry. Votre rendez-vous est là. Vous n'aurez pas besoin de moi. » Sur ces mots, Cassius se détourna et disparut.

« Les vampires sont bizarres » commenta Harry dans le vide. Il se fichait que Cassius l'entende ou non. Les vampires étaient bizarres. Harry décida qu'il n'y avait rien qu'il puisse faire à part honorer le rendez-vous que Cassius avait pris pour lui. Il frappa à la porte et entra dans la pièce.

« Bonjour Harry. » La voix était familière, chaude et tellement bienvenue.