Titre : Missing Memories.

Auteur : BadAngel666.

Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, je fais juste mu muse avec le temps de quelques lignes, tout est à JKR, y compris l'univers magique. Je revendique quand même les deux petits intervenants que j'ai ajoutés, Gabriel et Pierre.

Rating : ... euh... Si on disait R pour le premier chapitre et un peu plus corsé pour la suite, hein ?

Résumé : Post Poudlard. La guerre est terminée depuis deux ans, et Harry a vaincu Voldemort. Malheureusement les séquelles de la guerre sont toujours présentes. En effet il est amnésique et il ne lui reste aucun souvenir de sa vie. Mal à l'aise à Londres et incapable de faire sa vie comme il le voulait, il s'est exilé à Paris où il étudie la Médicomagie à l'université. Que se passerait-il s'il tombait par hasard sur un certain jeune homme blond et que cela éveillait certains échos en lui ?

Avertissements : pas pour ce chapitre (tiens c'est rare ça...), sinon que cette fic parle d'amour et autres entre deux hommes... Homophobes, vous avez dû faire une mauvaise manœuvre...

Avertissement de Zoo : d'après elle il faut prévoir un sceau, ou bien une bassine... Enfin un récipient quelconque. Non pas pour recueillir la bave mais les protestations de votre estomac à la lecture de certains passages (traduction : vous risquez de sérieuse nausées... TT). Voilà, je pense qu'il fallait le dire, après tout, peut être que votre estomac est moins sensible que le sien.

Note de l'auteur :

Bonjour à tous !

J'ai grand plaisir à vous présenter ma dernière création, dont l'idée m'a été suggérée par Zoomalfoy... Au départ ceci ne devait être qu'un simple one shot et c'est devenu plus long... J'espère que cette petite histoire vous plaira autant que ça m'a plu de l'écrire.

Bonne lecture !


Part. 1 :

Oublie moi...


De l'extérieur et pour n'importe quel passant, cet immeuble n'était qu'un vieil hôtel miteux et abandonné...

De l'extérieur, personne ne pouvait voir les luxueux appartements appartenant à des personnes riches et aimant la discrétion...

De l'extérieur, on ne pouvait voir les étincelles magiques sortant des baguettes de ces étranges propriétaires...

De l'extérieur, personne n'aurait pu croire que ce jeune homme qui vivait au dernier étage était un homme exceptionnel, un héros, un sauveur...

Personne n'aurait pu non plus croire ou savoir que son souvenir le plus ancien remontait à peine à deux ans en arrière, lorsque par une nuit froide il s'était réveillé dans un hôpital et avait paniqué en réalisant que même le nom qui était écrit sur sa feuille de soins lui était inconnu.

Le jeune homme avait à présent vingt ans, il paraissait toujours plus jeune aux yeux des autres, peut-être à cause de son habileté à s'étonner et à s'émouvoir de chaque chose, peut-être aussi parce que pour lui tout semblait nouveau, neuf...

On lui avait dit qu'il s'appelait Harry Potter et qu'il était un sorcier célèbre...

Il avait accepté sans peine le fait d'être doté de pouvoirs magiques, il en avait même eu une petite démonstration involontaire en s'éveillant, un homme avait tenté de l'approcher et il l'avait repoussé grâce à un bouclier invisible.

Quant à sa soi disant célébrité...

Une jeune femme lui avait longuement raconté son histoire, ses combats cotre un sorcier nommé Voldemort, ses études dans une école appelée Poudlard...

Rien ne l'avait fait réagir, pas même le nom d'un homme qu'il était sensé avoir idéalisé, son parrain: Sirius Black...

Il s'était juste demandé s'il était vraiment possible qu'une mère ait appelé son fils ainsi, comme une étoile. Puis il s'était reproché sa propre stupidité.

Lorsqu'il avait commencé à recevoir des visites, il s'était rendu compte qu'il avait beaucoup d'amis et qu'ils semblaient très peinés de voir qu'il les avait tous oubliés. Ron l'avait serré contre lui en lui jurant de l'aider autant que possible, Molly l'avait forcé à avaler une marmite entière de soupe de poulet "maison" et les autres avaient fait dans le simplicité et s'étaient tout simplement présentés.

Cependant, son amnésie avait duré, et au bout de quelques semaines plus aucune raison physique ne le forçait à rester enfermé dans cette chambre qui était la seule dont il se souvenait. Il avait donc dû sortir de l'hôpital, affronter le monde...

Et si avant cela il avait réussi à se convaincre qu'il n'était pas vraiment célèbre, il avait déchanté dès qu'il avait posé un pied hors de l'hôpital. Une horde de journalistes armés de plumes et d'appareils photos s'étaient jettée sur lui. Il n'avait réussi à répondre à aucune question, et pour cause, il ne se rappelait de rien.

Hermione l'avait emmené chez elle et Ron où il avait vécu en reclus des semaines durant, très déprimé de ne pouvoir rien ressentir en voyant des photos de lui avec ses amis, sur un balais ou encore dans un parc.

Rien.

Le néant.

Les journaux l'avaient porté aux nues, affirmant que le Survivant était au mieux de sa forme, même si aucun reporter n'avait pu l'interroger car il ne se montrait à aucune des soirées officielles auxquelles il était convié. Une seule lui avait suffi, ce soir-là il avait été applaudi et félicité tant et tant que cela l'avait rendu malade.

Ce chemin de croix qu'il avait effectué seul dans sa tête l'avait amené à vouloir fuir ce monde qui n'était plus le sien. Ses amis avaient tenté de le convaincre de rester à Londres avec eux, d'intégrer l'Académie des Aurors, de faire quelque chose de sa vie... Mais il lui avait semblé que cette vie qu'il avait "avant" était celle d'un autre, celle de Harry "Survivant" Potter, un garçon qu'il ne connaissait pas, qui n'était pas lui...

Lui était "personne"...

Comprenant cela, Ron et Hermione lui avaient déniché cet appartement à Paris, un autre pays pour un autre départ, disait la jeune femme.

Il avait souri en lui disant que pour lui c'était juste un départ simple, il voulait se trouver, tout simplement...

Ainsi, il avait emménagé là, dans ce pays dont il lui avait fallu apprendre à parler la langue et où il avait enfin pu apprendre à être lui. Là on ne lui demandait pas de raconter comment il avait réussi à devenir le vainqueur d'un combat sanglant, mais juste son nom et ce qu'il aimait dans la vie...

Ce qui en somme se réduisait à peu de choses...

Les hommes, le cinéma et la médecine magique.

Les hommes... Il s'était très vite aperçu qu'il était attiré par eux plus que par les femmes, il rêvait d'ailleurs très souvent d'un amant mystérieux à la peau pâle, aux yeux semblables à un ciel d'orage et aux cheveux couleur de la lune. Il s'était souvent demandé si un tel homme existait quelque part, mais cela semblait impossible.

Il avait rencontré un homme en arrivant à Paris, un photographe de mode Moldu qui s'appelait Pierre. Leur amitié avait évolué et depuis peu ils sortaient officiellement ensemble, Pierre se disait patient et attendait que Harry soit prêt à aller plus loin dans leurs rapports intimes, Harry n'osait pas lui avouer qu'il le désirait moins que son fantasme. Pourtant Pierre était la gentillesse incarnée et le charme français personnifié avec sa haute taille, ses cheveux bruns et ses traits à la fois fin et virils. Il avait montré à Harry les plus beaux lieux de Paris, l'avait entraîné dans d'épuisantes séances de lèche vitrine et l'avait couvert d'attentions.

Harry l'aimait beaucoup.

Mais il trouvait que quelque chose lui manquait, et ce n'était pas Pierre.

La médecine magique était ce qui passionnait le plus le jeune homme, il trouvait fascinant le fait de pouvoir soigner avec simplement un sort ou une potion. Il était l'un des meilleurs éléments de son université et ses professeurs s'étonnaient sans cesse de sa faculté à exécuter certains sorts sans l'aide de sa baguette qu'il oubliait périodiquement chez lui tant elle lui était devenue inutile.

Il venait d'être retenu pour faire son internat dans le meilleur hôpital magique de France et voyait enfin son rêve devenir réalité.

Quant au cinéma...

Il avait découvert les films grâce à Gabriel, son "meilleur ami français" comme il l'appelait.

Gabriel et lui s'étaient rencontrés à l'Université, ils suivaient le même cursus et avaient très vite décidé qu'il leur serait profitable d'étudier ensemble.

Le jeune français était de ceux que l'on ne pouvait se permettre d'ignorer, de taille moyenne et de constitution fragile, il avait la grâce d'un ange et cette aura de mystère était encore renforcée par ses particularités physiques, telles que sa chevelure totalement blanche qui lui arrivait au milieu du dos et ses yeux d'un vert très clair, hypnotiques et bienveillants. Lorsque Gabriel lui souriait, Harry se sentait toujours mieux.

Leur relation était amicale uniquement, Harry avait toujours été intrigué par le fait que son ami repousse les avances de tout le monde mais n'avait jamais osé lui demander pourquoi il le faisait.

Ce soir là, Gabriel devait justement passer le chercher pour qu'ils assouvissent ensemble leur passion commune: le cinéma.

Généralement ils allaient voir un film avec une bonne intrigue, peu leur importaient les critiques.

Gabriel choisissait toujours, et Harry s'en remettait à lui, même s'il connaissait ses propres goûts à présent, il trouvait reposant qu'on prenne certaines décisions pour lui.

oOo

"- Oh, allez, Harry... C'est juste un tout petit détour. Je te promets que ça ne prendra pas plus de dix minutes." supplia Gabriel.

Le brun soupira de désespoir, ils étaient déjà en retard et ils risquaient de manquer leur séance.

"- Franchement, tu aurais pu t'y prendre avant..." tenta-t-il.

Mais son ami revint à la charge.

"- Puisque je te dis que j'ai dû traverser toute la ville pour amener les cours de sortilèges à Sarah. La pauvre est alitée et je me suis senti obligé de lui faire à manger."

"- C'est une chose, mais ne me dis pas que tu es à ce point en manque que..." protesta à nouveau Harry.

Mais il fut encore une fois coupé dans son argumentation.

"- Mais c'est quasiment vital! S'il te plaît, Harry..."

Le jeune homme détestait cette façon que Gabriel avait de lui faire des yeux de cocker abandonné, il cédait à chaque fois devant ce regard.

"- Bon, allons-y. Mais tu m'en devras une."

Un sourire et une bise plus tard ils passaient devant le cinéma sans s'y arrêter.

Gabriel était arrivé en retard par cheminette et avait dit d'un ton désespéré à Harry qu'il n'avait plus de thé chez lui et qu'il devait absolument en acheter, car c'était une question de vie ou de mort... Harry s'était toujours amusé de la passion dévorante qui unissait son ami et une théière, mais avait du admettre que cette boisson pouvait se révéler délicieuse lorsqu'elle était bien préparée. Gabriel avait plusieurs fois tenté de le traîner jusqu'à sa boutique favorite mais il avait jusque là trouvé le moyen d'éviter d'y aller.

Mais s'il avait été plus observateur il aurait sans doute été plus que sceptique sur les raisons qui poussaient Gabriel à le faire pénétrer dans cet antre du thé.

Mariage Frères, c'était le nom de la boutique de renommée mondiale, Harry avait subi un exposé détaillé sur la fabrication du thé et sur les diverses variétés disponibles ainsi que sur l'histoire hors du commun des fondateurs de la prestigieuse enseigne.

La première chose qui frappa le jeune homme en entrant dans le magasin fut l'odeur qui semblait imprégner jusqu'aux murs lambrissés... Une sorte de mélanger aromatique agréable et dérangeant à la fois, il connaissait cette odeur sans pouvoir se remémorer où il avait bien pu la sentir.

Gabriel se dirigea droit vers le comptoir afin de demander à l'un des vendeurs de lui préparer des sachets de ses parfums favoris tandis que son ami faisait le tour de la boutique, admirant les boiseries et le cadre intime qu'elles conféraient malgré la taille respectable de l'endroit.

La seconde chose et bien la plus étrange qui choqua Harry fut un jeune homme...

Il avait pu sentir avant même de le voir sa magie. Cet homme était un sorcier, il en était certain. Il était en train de montrer à une cliente les nouveaux arrivages, ainsi Harry put l'observer à loisir. Il ressemblait à un ange, pas vraiment comme Gabriel, mais une autre sorte d'anges... Grand et mince, on devinait sous ses vêtements un corps athlétique et vigoureux. Ses cheveux d'un blond argenté étaient attachés sur sa nuque mais quelques mèches s'étaient échappées et voletaient devant ses yeux gris lumineux. Un visage fin aux traits angéliques, une peau pâle...

Où avait-il déjà vu ces traits?

"- Harry, tu vas bien?" fit la voix de Gabriel près de lui.

Sa bouche sèche ne put articuler aucun mot, il hocha simplement la tête.

"- Tu es sûr? Tu es tout pâle, on dirait que tu viens de voir un fantôme..."

Sa tête tournait, son coeur battait vite... Trop vite.

Un fantôme...

Une violente douleur lui vrilla le crâne et la dernière chose qu'il vit avant de s'effondrer fut deux orbes grises agrandies par la surprise...

oOo

"- Je ne veux rien savoir." disait une voix à l'intonation froide.

"- Mais enfin, vous ne pouvez pas nier que..." tenta l'interlocuteur que Harry identifia comme étant Gabriel.

Mais la voix froide le coupa.

"- Je n'en ai rien à cirer, compris? Vous l'avez amené ici, vous m'en débarrassez!"

Harry avait jusque là gardé les yeux fermés, il sentait encore le monde tourner. Mais il avait la très nette impression que cet inconnu parlait de lui. Avec précautions il entrouvrit ses paupières et vit près de lui l'homme qu'il avait remarqué avant d'être pris d'un malaise. Plus que jamais il ressemblait à un ange, ses cheveux s'étaient défaits et retombaient en vagues souples sur ses épaules et il avait retiré veste et cravate, laissant entrevoir le haut de son torse pâle.

Malgré sa position allongée le brun sentit sa tête se remettre à tourner et laissa échapper un gémissement plaintif. Cela attira l'attention des deux hommes sur lui. Le visage de l'inconnu était à présent de marbre, aucune émotion de paraissait, et Harry se surprit à regretter son regard un peu surpris qu'il avait intercepté plus tôt, à moins que tout cela n'ait été qu'un rêve de plus.

"- Harry! Tu te sens mieux?" s'enquit Gabriel en s'agenouillant près de lui.

"- Euh... Oui, ça va. Désolé. Où suis-je?" demanda-t-il en regardant le décor.

Mêmes lambris que dans la boutique, sauf que c'était une grande pièce meublée de nombreuses tables. Lui même était étendu sur une banquette.

"- Nous t'avons porté jusqu'au salon de thé qui se trouve au dessus de la boutique. Monsieur Malfoy a été assez aimable pour m'aider, tu étais trop lourd pour une petite pièce comme moi." plaisanta son ami.

Harry reporta une nouvelle fois son regard vert sur le jeune homme blond, qui regardait fixement ses mains.

Il se leva et s'approcha de lui en titubant légèrement.

"- Merci, Monsieur Malfoy." dit-il simplement en souriant et en tendant sa main.

Les yeux gris du blond se posèrent sur cette main dorée, il hésita une fraction de seconde avant de la serrer.

"- Ce n'était rien, Potter, tâchez juste de ne plus vous évanouir près de moi, je ne suis pas Médicomage." répondit-il froidement.

Cependant moins froidement que lorsqu'il avait parlé à Gabriel, Harry le remarqua.

"- Allez viens, on y va." fit Gabriel en lui passant un bras autour des épaules et en l'entraînant vers les escaliers. "Au revoir et encore merci, Monsieur."

Les deux amis commencèrent à descendre les marches doucement et Harry, ne résistant pas à la tentation, regarda en arrière et ce qu'il vit le bouleversa. L'homme qui venait de lui signifier si froidement son congé, celui dont le visage semblait être sculpté dans l'albâtre, le fixait avec au fond de ses yeux d'un gris étonnant une douleur immense, et une larme avait glissé le long de sa joue pâle.

Tétanisé, il ne put que se laisser entraîner vers la sortie.

oOo

L'immeuble où il habitait ne se trouvait qu'à deux rues de là, et Harry ne sut dire combien de temps Gabriel mit pour le ramener. Tout ce qu'il savait, lui, c'était que son coeur lui faisait mal, très mal...

Pourquoi la douleur de cet inconnu aux yeux de glace le touchait-elle autant?

Pourquoi s'était-il évanoui lorsqu'il avait croisé son regard?

Pourquoi lui semblait-il connaître cet homme étrange?

Il devait savoir.

"- Gabriel?" appela-t-il depuis son lit.

Son ami lui préparait un thé léger dans la cuisine.

Il arriva avec une tasse fumante dans les mains.

"- Oui?"

"- Qui était cet homme chez Mariage Frères tout à l'heure?"

"- Oh... C'est Draco Malfoy. Il est depuis peu le nouveau propriétaire de cette boutique."

"- C'est un sorcier."

"- Oui, il est anglais aussi. Je ne sais pas grand chose sur lui, sauf qu'il est arrivé sans un sou en France et que le décès de l'un de ses cousins lui a permis d'acheter le magasin. Mais pourquoi me demandes-tu ça?"

"- C'est juste que... J'ai l'impression de le connaître, c'est tout."

Gabriel resta pensif quelques minutes.

"- C'est étrange... Tu n'as jamais eu avant cette impression, pas vrai?" demanda-t-il finalement.

"- Non. Même pas avec les Weasley, ni avec Hermione, rien du tout jusqu'à ce soir." répondit faiblement le brun.

"- Tu sais, il est tout à fait possible que tu l'aies connu, il vient d'Angleterre est c'est un sorcier, si ça se trouve vous étiez ensemble à Poudlard. Tu devrais peut-être retourner le voir." suggéra le jeune français.

"- Peut-être..." murmura Harry. "Mais au fait, est-ce qu'il ta dit quelque chose à mon sujet pendant que j'étais inconscient?"

Gabriel haussa les épaules.

"- Rien de bien éloquent, juste que tu étais très lourd. Cet homme est un rustre mais à mon avis il peut t'aider. Tu iras le voir dans deux ou trois jours quand tu seras sur pieds."

"- Deux ou trois jours?"

"- Tu viens de subir un choc, Harry, tu dois te reposer au calme pendant quelques jours, je passerai chaque soir pour te faire bosser tes cours, de toutes façons tu as déjà pas mal d'avance."

Harry soupira, même s'il savait que son ami avait raison, il se sentait plus excité que jamais par ce qui venait de lui arriver.

"- Et interdiction de te vautrer dans la luxure avec ton petit ami." ironisa Gabriel.

Ce qui fit rougir Harry.

Personne ne savait qu'il repoussait les avances de plus en plus pressantes de Pierre.

Le jeune français se mit à rire joyeusement, son rire étant communicatif il finit par gagner Harry qui à son tour se moqua de lui-même.

Et puis il serait bien temps de penser aux autres le lendemain, cette soirée allait se terminer autour d'une tasse de thé entre amis et finalement ça n'était pas plus mal...

oOo

A la vue de la grisaille qui avait pris possession de la ville, Harry se sentit plus déprimé que jamais... Il avait parfois l'impression que tout ce gris lui gagnait le coeur et l'âme. Dans ces moments là il aimait se préparer un chocolat chaud et s'enrouler dans sa couette verte (sa préférée) devant un bon feu de cheminée.

Ce jour-là ne fit pas exception, il alla donc s'installer avec sa tasse fumante devant l'âtre à même le sol.

L'inaction aussi lui pesait terriblement, mais il était forcé de rester chez lui encore quelques jours d'après Gabriel qui lui trouvait une mine de déterré.

Déjà deux journées avaient passé depuis son malaise.

Deux saletés de journées durant lesquelles il n'avait pu chasser ce blond de ses pensées.

Deux jours qui avaient vu son répondeur saturer de messages vocaux de Pierre...

Il ne pouvait pas se décider à répondre à son petit ami, pas alors qu'il pensait à un autre...

Une idée avait fait son chemin cependant. Si ce Malfoy, comme l'avait si bien dit Gabriel, était anglais, ils pouvaient effectivement avoir étudié ensemble...

Par conséquent, Hermione et Ron devaient le connaître aussi, ou du moins en avoir entendu parler. Parce qu'il doutait que cet homme puisse passer inaperçu, que ce soit dans la rue ou dans une école.

Il posa alors sa tasse et fit apparaître devant lui un parchemin et une plume afin de demander à ses amis ce qu'ils savaient de Draco Malfoy.

Puis il alla prendre une douche et s'habilla. Il n'avait pas tellement envie d'attendre une réponse et puis l'air frais lui ferait du bien au moral. Un jean délavé, un col roulé blanc et sa longue veste en cuir enfilés, il sortit de son appartement en claquant la porte, il ne craignait pas les voleurs et se souciait encore moins de sa tasse qu'il avait laissée par terre près de la couette.

Comme si cela avait été décidé ainsi, ses pas le menèrent droit vers cette boutique où travaillait Draco Malfoy. Il en poussa la porte et fut à nouveau saisi par cette odeur d'herbes de toutes sortes... Mais où avait-il déjà senti cela?

Des questions il s'en posait tant...

Il décida qu'au lieu de ne rien faire, il valait mieux qu'il monte au salon de thé à l'étage, là où il s'était réveillé quelques soirs plus tôt. Il pourrait réfléchir en paix...

Mas apparemment le sort ne voyait pas les choses ainsi et aussitôt qu'il eut un pied sur la dernière marche il entendit une voix qu'il ne connaissait que trop bien l'interpeller.

"- Honey!"

C'était Pierre...

Harry plaqua un sourire peu convainquant sur son visage et s'approcha de la table où son petit ami était installé. Ce dernier se leva et le serra dans ses bras, peu soucieux des gens qui les entouraient, tellement peu soucieux même qu'il saisit Harry par le nuque et plaqua ses lèvres sur les siennes en un baiser qui se voulait langoureux...

Lorsqu'il lâcha Harry, celui-ci était rouge de confusion.

"- Assieds-toi, voyons, je viens juste d'arriver et je n'ai pas encore commandé." dit Pierre d'une voix douce.

Harry prit place en face de lui, il n'avait pas envie de se retrouver dans la même position que la fois où Pierre avait laissé sa main se balader un peu trop haut et trop précisément sur sa cuisse dans un restaurant huppé. Ce jour-là il avait failli mourir de honte.

Afin de faire passer sa gêne, il posa la première question qui lui venait à l'esprit.

"- Qu'est-ce que tu fais ici? Ce n'est pas ton quartier pourtant..."

"- En fait je suis là pour le boulot. J'ai des photos à faire et le cadre est idéal dans cette salle, donc je dois rencontrer le patron, je l'attends d'ailleurs."

Pierre était un photographe de mode très en vue, et n'importe qui aurait été honoré de travailler avec lui, que ce soit en tant que mannequin ou en tant que propriétaire de local, et ce qui ne gâtait rien, c'était que ses émissaires payaient rubis sur l'ongle.

"- Si c'est pour le travail je devrais peut-être te laisser alors." dit Harry en esquissant un geste pour se lever.

Pierre le retint en prenant sa main.

"- Mais non, Honey, au contraire, je veux que tu sois là." fit-il en le regardant avec une immense tendresse dans ses yeux ambrés. "Tiens, voilà le patron... Hey, mais il est jeune!"

Harry se retourna pour voir avancer Draco Malfoy en personne vers leur table. Il était vêtu plus simplement que la fois précédente, avec un pantalon gris anthracite et un pull noir à col roulé. Le brun vit ses sourcils se froncer lorsqu'il le reconnut et ses yeux lancer des éclairs sur la main de Pierre et la sienne qui étaient toujours enlacées sur la table. Il retira ses doigts de l'emprise de son petit ami et se leva en même temps que lui.

Pierre sourit franchement en se présentant.

"- Monsieur Malfoy, je suis Pierre Delormes, je vous attendais. Et voici mon ami, Harry Potter. Honey, c'est Monsieur Malfoy, le propriétaire de cet endroit."

Malfoy serra la main tendue du photographe, son visage redevenu aussi lisse et inexpressif que le marbre. Harry en conçut un certain malaise, il se demandait s'il n'avait pas rêvée cette expression de tristesse le soir de leur rencontre. Après tout, peut-être reportait-il sur cet homme son désir de retrouver ses souvenirs enfuis.

Il décida de repousser ses doutes jusqu'à réception de la réponse de ses amis.

Les trois hommes prirent place autour de la table et un serveur vint prendre leurs commandes. Le blond leur conseilla le thé à la menthe. Pierre avec son sens de la contradiction se décida pour une tasse de café tandis que Harry acquiesça. Leurs commandes arrivèrent très vite et le patron, toujours serviable malgré sa froideur, servit le brun et ajouta dans sa tasse la moitié d'un sucre.

Harry écouta son petit ami exposer son projet avec de grands gestes, ses yeux braillaient et il se dit que décidément, Pierre pouvait être fort charmant lorsqu'il lui en prenait l'envie, le reste du temps il adorait pourrir la vie des gens et les provoquer, car d'après ses propres dires, seuls les gens saouls ou choqués pouvaient avoir une réaction honnête. Peut-être y avait-il une part de vérité là-dedans, et tout en sirotant son thé il se demanda quelle serait la réaction de Draco Malfoy s'il lui demandait franchement d'où il venait et s'ils se connaissaient déjà.

Peut-être cette idée était-elle la meilleure qu'il ait eue...

Ce ne fut que lorsqu'il eut terminé sa tasse qu'il se rendit compte d'un détail, anodin certes, mais tout de même étrange... Le blond avait lui-même sucré son thé, et il y avait mis un demi sucre... Comment savait-il que Harry ne supportait pas les boissons trop sucrées.

Personne à part Harry lui même ne le savait.

Pas même Pierre, qui le connaissait depuis son arrivée en France, ni Gabriel qui était son meilleur ami.

Et ce genre de détails insignifiants était de ceux qui en disaient le plus sur les relations entre les gens.

Et si finalement cet homme n'était pas un simple rêve?

Et si cette larme sur sa joue avait un lien avec lui?

Si seulement il pouvait se souvenir...

Mais rien, seulement ce sentiment que quelque chose dans son esprit essayait de remonter à la surface sans trouver d'issue.

Une main caressant sa joue le tira de ses pensées.

"- Ca va, Darling? Tu n'as pas l'air en forme." remarqua Pierre.

Harry hocha la tête et jeta un coup d'oeil en coin à Malfoy. Ce dernier regardait ses mains blanches comme si elles étaient la chose la plus fascinante qu'il eut jamais observée.

"- Euh... Je... je vais bien, Pierre, je t'assure." balbutia-t-il finalement.

Mais apparemment son petit ami était plus observateur qu'il ne le laissait paraître.

"- Je ne crois pas. Je vais te ramener chez toi et te mettre au lit, Gabriel m'a dit que tu n'étais pas très bien ces temps-ci... C'est ta tête, n'est-ce pas?" Harry acquiesça. "C'est dit, on rentre." Il se tourna vers Malfoy qui à présent les observait d'un air neutre. "Monsieur Malfoy, je dois écourter notre rendez-vous, Harry souffre d'amnésie et ces derniers temps il semblerait que son esprit lui joue des tours."

"- Je crois être au courant de ses malaises, mais il semble avoir pour habitude de les avoir ici. Je ne vous retiens pas. Je vous dis donc à demain, et s'il vous plaît, n'amenez pas trop de matériel, nous n'avons que très peu de place à vous accorder pour le ranger."

Et sur ces derniers mots le blond se leva et s'en alla sans un regard en arrière.

Sa voix avait tranché, coupante comme un rasoir, et encore une fois Harry se dit que ce ton ne lui était pas inconnu.

Décidément, il lui fallait des réponses.

Il se promit de revenir sans Pierre parler à Draco Malfoy.

oOo

"- Voyons, chaton, tu as l'air épuisé, il faut que tu t'allonges." dit la voix suppliante de Pierre depuis la chambre.

Ce n'était pas la première fois que son petit ami mettait les pieds chez lui, mais étrangement, ce soir sa présence le dérangeait. D'habitude il laissait Pierre le prendre dans ses bras pour dormir, bien que ces derniers temps ce dernier laisse un peu trop ses mains se promener sur son corps. Mais au fond Harry savait bien que leur relation ne pouvait pas en rester au stade des baisers. Et il savait au fond de lui qu'il n'était plus vierge.

Il aurait tant aimé se souvenir de son premier amant, celui qui l'avait initié aux plaisirs physiques.

Cet homme avait-il été son premier amour aussi?

"- Je vais prendre une douche!" cria-t-il à Pierre en s'enfermant dans la salle de bains.

"- Tu veux que je viennes te donner un coup de main?" demanda celui-ci depuis la chambre.

"- Non."

Encore une raison qui le poussait à se refuser à Pierre: son corps.

Il n'en avait pas honte, il voulait simplement le garder pour lui, tout simplement. Ce corps qui semblait marqué par des épreuves dont pourtant il n'avait aucun souvenir, juste cette ligne blanche qui barrait sa poitrine, comme une très ancienne marque d'arme blanche. Il y avait aussi ce tatouage qu'il voyait chaque jour sur son omoplate: un lion et un serpents enlacés, comme deux symboles unifiés.

Il aurait pu enlever ce tatouage par la magie mais il s'y était refusé, espérant qu'un jour il se rappellerait pourquoi il se l'était fait faire.

La tenue la plus légère que lui avait vue son petit ami était un tee shirt et un boxer, tenue dans laquelle il dormait.

Peut être serait-il bientôt temps que cela change...

Il prit une douche rapide et se vêtit pour la nuit.

Pierre était déjà couché entre les draps et l'attendait sagement. Harry le rejoignit en souriant, il appréciait vraiment ces moments où il le serrait dans ses bras et lui donnait l'illusion qu'il avait vraiment une belle vie.

Malheureusement le jour arrivait trop vite et au matin le lit était froid et déserté, seul un petit mot lui disait qu'il n'avait pas rêvé.

"- Tu es bizarre ces temps-ci. Tu n'as répondu à aucun de mes messages et il a fallu qu'on se croise par hasard pour que tu daignes te souvenir de mon existence. Dis moi ce qui ne va pas, Harry..."

Les yeux de Pierre étaient la chose la plus fascinante chez lui, ils avaient été la première chose à attirer Harry. Leur couleur variait tout le temps entre l'ambre et le vert, selon son humeur ou ses désirs... Lorsqu'il le regardait parfois ils devenaient presque noirs, brûlants... Dans ces moments là, Harry se sentait exister.

Et à présent il semblait inquiet, et Harry se sentit coupable.

Coupable de se faire des films sur un beau blond rencontré par hasard...

Coupable de cacher autant de choses à celui qu'il était censé aimer...

Coupable de ne pas l'aimer tant que cela finalement...

Alors il lui sourit avec toute la douceur dont il était capable.

"- Je suis désolé, en ce moment ma santé laisse un peu à désirer. Mais je vais me rattraper." dit-il finalement avant de sceller leurs lèvres.

Pierre répondit avec ardeur au baiser et laissa dériver ses mains comme il le faisait tout le temps.

Et Harry le laissa faire.

Il ne s'était certes pas donné entièrement à lui mais ne refusait guère certaines satisfactions mutuelles, telles que la masturbation, dont Pierre était un fervent adepte, et cela était devenu leur façon de se dire bonne nuit, un peu comme certains font l'amour.

Et comme ils se caressaient doucement, que leurs mains s'égaraient et que leurs souffles se mêlaient, Harry ne put s'empêcher de jouir avec au bord des lèvres un prénom peu commun, un prénom nouveau et à la fois si familier...

Draco...

oOo

"- Je vous avais dit de ne prendre que le minimum de matériel!" tempêtait le blond.

"- Mais enfin, Monsieur Malfoy, ceci est le minimum..." tenta le photographe.

"- Je veux que ce soir en partant vous emportiez tout ce fatras avec vous, et je me fiche de savoir où vous allez le mettre." conclus le propriétaire d'un ton sans appel.

Pierre soupira...

Décidément cette journée n'était pas de celles que l'on pouvait appeler "productives" et loin s'en fallait. Il semblait que tout le monde sauf lui s'était levé du pied gauche, ou alors était-ce seulement les anglais qui étaient lunatiques... Déjà Harry lui avait fait une crise parce qu'il était entré dans la salle de bains alors qu'il s'y trouvait.

Il admettait qu'il avait calculé son coup mais delà à jouer les vierges effarouchées...

Il comprenait de moins en moins son petit ami, de toutes façons, ce garçon si timide et peu sûr de lui qu'il avait rencontré l'an passé le déconcertait au plus haut point. Déjà par son lieu de résidence, ce vieil immeuble avait l'air prêt à s'effondrer à tout moment, et les voisins étaient des plus bruyants... Il y avait aussi son goût étrange pour les animaux domestiques, il possédait une chouette des neiges qui en plus ne semblait pas apprécier l'ami de son maître...

Et enfin, le plus étrange: le sexe.

Pierre était un bel homme, il ne disait jamais cela de lui même mais simplement pour répéter ce que les autres disaient de lui. Et jusqu'à présent pas un de ses amants ne s'était refusé aussi longtemps... Il avait craint au départ un complexe de taille chez Harry mais avait été très vite rassuré, mais son refus à tout simplement être nu devant lui le déstabilisait complètement.

Heureusement pour lui, Pierre réussissait à se satisfaire avec d'autres personnes, car s'il adorait Harry, il ne pouvait supporter cette frustration continuelle qu'il lui imposait et les biens minces caresses qu'il lui permettait.

Mais il s'accrochait encore un peu... Après tout il s'était donné trois mois de délai pour le faire céder, et ils n'étaient ensemble que depuis deux mois...

En attendant, une proie bien tentante était dans son viseur...

Il connaissait bien le genre d'homme... Et d'après lui, Draco Malfoy était de ceux qui ne se refusent aucun plaisir. Un homme à l'apparence aussi froide devait bien prendre du bon temps...

Et d'après ce qu'il savait, ce genre d'hommes n'était pas du style à se préoccuper des petits amis, ce qui arrangeait bien les papiers du photographe, car il n'aurait nullement à baratiner et serait assuré d'une totale discrétion.

De plus, le beau blond ne semblait pas apprécier Harry...

En somme, l'affaire se présentait bien, il n'avait plus qu'à attendre une ouverture.

oOo

L'ennui gagnait rapidement le jeune homme...

Il n'avait eu aucun mal à suivre ses cours, il les avait même trouvé quelque peu assommants, vu qu'il avait étudié de lui même les jours précédents...

Bien heureusement son professeur avait remarqué sa distraction et l'avait cuisiné sur certains sortilèges qui auraient dû lui donner du fil à retordre, mais il avait été enchanté du défi et avait pris un plaisir sadique à démontrer ses capacités à cet homme acariâtre qu'était Stern.

Etrangement cet homme sévère et froid lui donnait une impression de confort... Il était le seul étudiant à ressentir cela, les autres étant morts de trouille ou simplement tétanisés par la seule mention de son nom. Ce qui ne le faisait passer que pour un garçon excentrique.

Bien sûr tous connaissaient plus ou moins le passé de Harry Potter et les raisons qui l'avaient poussé à quitter son pays, mais ils lui laissaient le loisir d'être lui même, ils comprenaient très bien le poids qu'il avait sur les épaules en tant que "sauveur". Il y avait bien quelques petits malins qui le narguaient mais ils n'insistaient généralement pas quand il commençait à s'énerver...

C'était généralement dans ces moments là qu'il appréciait pleinement le fait d'être une légende vivante, même s'il ignorait comment il avait p parvenir à ce statut.

Il avait donc passé une journée habituelle et à peine ensoleillée par une joute verbale avec son professeur favori...

Et il s'ennuyait à nouveau en étudiant son devoir du lendemain.

Un grattement contre le carreau de la fenêtre le tira de ses pensées, c'était Hedwige qui revenait avec un parchemin, certainement la réponse de ses amis...

Il lui ouvrit et récupéra son courrier.

La lettre était de la main de Hermione...

"Cher Harry,

Je suis heureuse d'avoir eu de tes nouvelles, même si c'est pour une raison comme Draco Malfoy...

Je dois dire que Ron et moi avons été très surpris de lire tes questions à son propos, vu le personnage il est presque étonnant qu'il soit encore en vie...

Mais vu que tu ne te souviens pas de lui je vais tenter de la façon la plus neutre possible de te décrire cet homme...

Draco Malfoy est avant tout un riche et puissant sorcier, il descend d'une longue lignée de Sang Purs, comme il se plaît tant à le rappeler. Tu le connais, c'est vrai, votre première rencontre remonte avant même ta première rentrée à Poudlard, tu l'as détesté dès le premier regard, d'après tes dires, car il critiquait tout ce qui n'était pas lui et les riches.

Après cette rencontre tu as refusé de devenir son ami lors de notre premier voyage vers l'école et depuis cet incident vous vous êtes toujours employés à vous pourrir la vie, c'est bête à dire mais au fond je crois que vous vous ressemblez un peu trop pour être autre chose que des rivaux.

Je ne sais pas tout, même si je m'emploie à apprendre autant de choses qu'il est humainement possible de le faire, mais j'ai toujours eu l'impression que tu le détestais trop fort.

Pourtant il n'était qu'un Serpentard vicieux...

Comme je te l'ai déjà expliqué Gryffondor et Serpentard sont les deux maisons ennemies de Poudlard et à vous deux vous avez incarné cette opposition et sur tous les plans, y compris le Quidditch, il tenait le même poste que toi dans son équipe et les matches ont toujours été très violents entre les deux maisons.

Mais il y a une chose que je ne m'explique pas encore, et je crois que cela tu devras aller le lui demander directement...

Toute cette agressivité entre vous a complètement cessé dès la septième année, avec la guerre et les camps divisés, à l'époque je me disais que ce serait un moyen de plus pour vous affronter, mais rien de tout cela n'est arrivé, au contraire vous ne vous êtes quasiment pas insultés cette année là, et pourtant Merlin sait que vous passiez du temps à vous mépriser...

D'après ce que je sais son rôle dans cette guerre est resté très trouble, il a été jugé devant le Magenmagot, et peu de personnes ont assisté à l'audience qui se tenait à huis clos... Tout ce qui en est sorti fut que Malfoy avait produit certaines preuves attestant de son adhésion à l'Ordre du Phoenix et avec l'appui de Dumbledore il a été acquitté.

Cependant les richesses de sa famille ont été confisquées à cause des crimes de ses parents et il s'est retrouvé sans rien. Comme personne ne voulait lui donner de travail il s'est exilé.

Voilà tout ce que je sais à son sujet...

Tu dis qu'il est à Paris?

Je te conseille de rester très prudent avec lui, car même si tu ne te souviens pas de tes paroles, je peux te les rappeler. Tu disais souvent en le regardant: "on n'a jamais vu un lion et un serpent faire la paix". Pour toi ces mots devaient avoir une signification spéciale parce que lorsque tu les disais, tu avais les yeux brillants.

J'espère que ce que j'ai dit pourra t'aider.

J'espère avoir bientôt de tes nouvelles, et qui sait peut-être une visite, tu nous manque énormément.

Avec toute mon amitié,

Hermione."

Lorsqu'il eut terminé sa lecture Harry remarqua qu'il tremblait et que ses mains étaient crispées sur le parchemin. Son coeur battait vite dans sa poitrine et il ne savait même pas pourquoi...

La seule chose qui était importante était que Draco Malfoy et lui se connaissaient depuis presque dix ans... Dix années de haine d'après Hermione...

Cela expliquait sans doute ces regards froids et ce ton glacial, mas e aucun cas cette tristesse et ce détail de sucre...

Il se sentit un peu ridicule d'avoir imaginé tant de chose, alors que cet homme se fichait de ce qui pouvait bien lui arriver... Et la culpabilité revint en force, il n'avait même pas pensé à Pierre dans toute cette affaire... Pierre qui était si bon pour lui, qui lui avait donné son coeur.

Et lui, stupide Gryffondor, ne pensait qu'à d'autres aventures.

C'était décidé, il allait passer à autre chose qu'à Draco Malfoy...

... Dès qu'il lui aurait parlé.

oOo

La nuit était tombée depuis longtemps lorsque le rideau métallique s'abaissa devant les portes vitrées de la boutique.

Les éclairages de la ville donnaient en ce début de mois de décembre un air de fête aux rues de la capitale française et même lorsque le soleil n'était plus qu'un souvenir, on y voyait comme en plein jour.

Cependant Harry ne pensait pas à ces fêtes, il n'y pensais jamais, à vrai dire il se sentait toujours très déprimé à Noël, comme s'il était en train d'oublier quelque chose d'important, une promesse faite ou un cadeau à offrir à un être cher. Pourtant parmi ses proches aucun n'avait su lui dire ce qu'il oubliait, eux mêmes ne le sachant pas et le Survivant ne pouvait pas compter sur la brume de ses souvenirs pour l'aider.

Alors depuis deux années, ses Noëls se résumaient à un feu de cheminée accompagné d'un vin chaud, ou de plusieurs selon l'humeur, il se disait que s'il plongeait dans l'inconscience il n'aurait plus mal au coeur.

Et cette année encore il tentait de ne pas voir ces illuminations magnifiques qui donnaient le sourire à tous et éclairaient les yeux des enfants de milliers d'étoiles.

Un bruit de serrure tira le jeune homme de ses pensées moroses...

Draco Malfoy se trouvait à quelques mètres de lui et fermait son magasin. Harry se permit de l'observer un instant. Il était sublime...

Tout les deux devaient faire à peu près la même taille, peut-être le blond était-il un peu plus grand que lui, mais il était aussi plus fin, presque angélique, sa peau était si blanche et dans le froid de cette nuit de décembre ses joues se coloraient légèrement de rose.

Lorsqu'il le vit commencer à s'en aller Harry se décida à s'avancer vers lui, il devait absolument lui parler.

"- Monsieur Malfoy!" appella-t-il.

L'autre se figea.

Harry le rejoignit et ils se regardèrent, le regard acier était suspicieux.

"- Potter." grinça-t-il.

"- Je voudrais vous parler." dit Harry malgré sa gêne soudaine.

Il avait du mal à se comprendre lui-même en présence de cet homme.

"- Je ne crois pas qu'il y ait matière à parler." rétorqua le blond.

"- Je sais que nous nous connaissons, même si je ne garde aucun souvenir de ce qu'a été ma vie avant... Ce que vous savez... Euh... Je voudrais que vous me parliez de cette époque de ma vie."

Première expression franche sur ce visage de marbre: le choc.

Deuxième expression: la colère.

Les yeux gris s'étrécirent jusqu'à n'être plus que deux fentes brûlantes de colère.

"- Tu te fous de ma gueule, Potter, hein?"

Peu habitué à ce genre de réactions, le brun ne sut que répondre. Mais Malfoy reprenait déjà.

"- J'ai passé la plus grande partie de ma scolarité à te haïr et à te pourrir la vie et tu as fait pareil pour moi. Point barre! Tu m'as rendu un fier service en tuant Voldemort, et un plus grand encore en oubliant mon existence. Voilà, content?"

Et il s'en alla d'un pas rapide.

Quelque chose, une impulsion ou il ne savait quoi... Poussa Harry à le rattraper. Il se saisit du poignet du blond et le força à lui faire face.

Et la troisième expression sur ce visage que l'on jurerait incapable d'exprimer quoi que ce soit fut la tristesse.

Une tristesse presque poignante, des yeux noyés et un regard fatigué.

"- Malfoy..." souffla Harry en avançant sa main libre vers cette joue pâle.

Le blond repoussa sa main et s'arracha à sa poigne.

"- Oublie moi... Encore." dit-il d'une vois rauque avant de tourner une nouvelle fois les talons.

Mais cette fois Harry ne songea même pas à l'arrêter...


A suivre...
Mea Culpa pour cette fin de chapitre un peu tristounette...

Je sais que le sujet de l'amnésie a déjà été traité et ce plusieurs fois... Mais vu que ce n'est pas moi qui ai imposé le sujet, je n'ai que les mots... J'espère que ce premier chapitre vous a plu, quant à me dire si j'ai bien rendu le sujet, à vous, c'est le petit bouton un peu plus bas...

Que ce soient critiques ou mots d'amour, j'accepte tout...

Bisous !

Bady