Bien le bonjour (bonsoir) mes chers lecteurs
Tout d'abord toute mes excuse à mes gentils reviewers d'il y a 10 mois si toutefois il y en a ici à qui j'avais promis des tas de jolies choses en négligeant le fait que je suis une incurable feignasse . Et en plus maintenant avec ce foutu tome 6 ya plein de truc qui vont pas ça m'ennerveheu ! Mais il aurons ce que je leur avais promis, je ne sais pas quand mais ils l'auront
Ensuite si vous avez lu "Pourquoi faut-il que tu sois mon frère" , oubliez le parce que ça n'a rien à voir, mais alors rien du tout
Je tiens aussi à préciser que oui, je sais, ya deux trois trucs dans cette fic qui colle pas vraiment avec le bouquin mais bon on va pas chipoter pour de si insignifiant détailles quand même ...
J'ai aussi un regrettable manque de connaissance en se qui concerne les arts martiaux donc ... hum... vous verrez
Ah, oui et j'ai faillit oublier la tradition
Akikcé: C'est pas à moi , c'est à m'sieur Colfer (mais s'il sait pas quoi faire d'un grand garde du corps même avec les poumons qui marchent plus très bien je veux bien le débarrasser ...) Sauf Kriss ! Kriss l'est à moi niahaha ! Malheureusement vous n'aurez pas l'immense plaisir de la rencontrer dans ce premier chapitre, un peu de patience elle viendra dans le prochain...
Cinq chapitre sont prévus mais pitêtre plus, je ferai selon la longueur ...
Ah, que j'avertisse les amis de Haven-ville, sachez qu'il n'y a pas l'ombre d'une fée dans cette fic .
Et aussi que je remercie Kaoru, ma -readeuse
Et vous saviez que les Sig Sauer SP2022 ont un chargeur de 15 balles de 9 mm et... vous vous en foutez ?
Bon alors je crois que j'ai tout dit, bonne lecture
De l'incompatibilité des diamants et des rubis ...
S'échauffer
Quand Butler se réveilla ce matin là il eut l'impression qu'une armée de gnomes lui avait arraché la moitié du cerveau .
Comprenons-nous bien, il n'avait pas mal à la tête, non, il avait vraiment l'impression d'avoir, à certains endroits de son esprit, des plaies béantes là où il y aurait théoriquement dû avoir quelque chose d'autre.
Il s'assit dans son lit, ferma les yeux et passa sa main sur son crâne rasé pour chasser cette impression qui devait sans doute être due au rêve étrange qu'il avait fait cette nuit, un rêve plein de trolls dérouillés à coups de masse d'arme, de trains russes radioactifs, de congélateurs à poissons et de graisse de fesse de nain ...
Mais plus il essayait de se rappeler ce rêve, plus il lui échappait. D'ailleurs son impression d'avoir été mutilé de la moitié de sa mémoire commençait à disparaître remplacée par une autre sensation qui lui parut tout aussi étrange: de la fatigue !
La dernière fois de sa vie qu'il s'était réveillé fatigué après une nuit de sommeil c'était quand il avait eu les oreillons, à l'âge de six ans - ce qui faisait mine de rien plus de trente-deux ans, quoiqu'il eut l'impression, ce matin, que c'était bien plus lointain.
Oui, c'était ça: il se sentait vieux. Vieux à l'intérieur. Comme s'il avait pris 15 ans en une seule nuit .
C'était parfaitement stupide, d'ailleurs pour s'en convaincre il allait courir son petit tour du parc matinal puis, si elle était d'humeur, foutre la pâté a Juliet au ju-jitsu ou au taekwondo, comme elle préférerait, ça lui retirerait de l'esprit ces idées ridicules et ça le mettrait de bonne humeur pour toute la journée -eh oui, que voulez vous, tous les grands frères adorent faire râler leur soeurs...
■■■
Butler, assis en position du lotus dans son coin du tatami (car il y avait quand même quelque principes à respecter dans le dojo du manoir Fowl, le coin au fond à gauche quand on entre étant celui de Domovoï et celui juste à gauche de la porte celui de Juliet ...), regardait fixement un point situé loin devant lui en essayant de comprendre ce qui pouvait bien ce passer . Pourquoi ... ?
Pourquoi il s'était retrouvé essoufflé en descendant simplement les escaliers ; pourquoi en sortant il avait eu la sensation que l'air était frais alors qu'il faisait 11 °C, température très acceptable pour un homme qui avait passé près de deux année en Sibérie à démanteler des réseaux mafieux russes (Ah! la vodka, les kalachnikov... c'était l'bon temps) ; pourquoi après 200 mètre de course il avait été contraint de s'arrêter, à moitié agonisant, avec l'impression d'avoir du métal en fusion dans les poumons -surtout en bas du poumon gauche, près du coeur ; pourquoi, quand il s'était enfin résigné à rentrer en se promettant d'emprunter à Artémis tout ses bouquins de médecines pour chercher ce qu'il pouvait bien avoir, il avait sentit ses muscles le tirailler comme s'il avait fait la veille deux ou trois triathlons d'affilé ...
Il finit par admettre qu'il n'avait pas la moindre réponse à ses questions et décida donc de se tourner pour l'instant sur cet autre problème qu'était les conséquences de ... ce qui lui arrivait sur son avenir.
Si cet état perdurait Artémis n'aurait plus qu'à lui dire au revoir et merci (quoique, merci c'était pas sûr ...) . Il ne lui en voudrait pas car c'était parfaitement compréhensible que, trempant dans tant de dangereuses magouilles, il ne puisse pas se permettre de voir sa protection assurée par un garde du corps s'essoufflant en montant les escaliers.
D'ailleurs qui voudrait d'un garde du corps s'essoufflant en montant les escaliers ?
Butler frémit, s'imaginant déjà engagé à un salaire de débutant par un vieux PDG rendu paranoïaque par la faillite imminente de son entreprise ou, pire, par une starlette gagnante de la dernière émission de télé réalité débilisante qui le trimbalerai partout pour frimer .
Avec des perspectives si encourageante il préférait encore prendre une retraite anticipée. Il pourrait se le permettre avec le nombre de zéro derrière un 1 qu'il avait sur un compte bancaire suisse auquel il n'avait jamais touché. Vingt ans de salaire plus un tiers de l'héritage de ses parents (le deuxième tiers étant allé à Juliet et le troisième tiers généreusement reversé aux pauvres nécessiteux qu'était la famille Fowl...) et celui de son oncle (oui, il avait toujours été le chouchou à son tonton, et alors ?) . Mine de rien s'était presque l'équivalent du montant d'un des 29 compte en banque d'Artémis, ce qui n'était déjà pas négligeable .
Vingt ans de salaire. Oui, vingt ans de travail sans jours fériés ni congés payé -et ne parlons même pas des 35 heures ...
Il se mit à faire les comptes dans son esprit. Combien de temps avait-il vécu ? En tout ça devait faire environ 333 000 heures depuis sa naissance. Et comment il les avait dépensées ces 333 000 heures? Retirons déjà 96 000 heures de sommeil et 23 000 pour se nourrir et, comptons large, disons que ça comprend aussi les heures passée à se laver. Laissons également de coté 25 000 heures de petite enfance insouciante parce que l'enfance insouciante c'est insouciant donc ça compte pas . Ensuite il y a environ 87 000 heures d'entraînement indispensable qui ne compte pas vraiment non plus . Et enfin les heures de travail -certes il y avait plusieurs manière de considérer "travail" , disons que c'est le temps qu'il a passé a faire quelque chose qu'il était payé pour faire, que ce soit rester debout avec un air méchant devant l'estrade d'un homme politique en pleine campagne électoral ou maîtriser avec deux balles dans son chargeur un commando de terroristes fanatiques ... Là, ça allait chercher dans les 100 000 heures .
Donc qu'est ce qu'il lui restait ? 2000 heures . 2000 heures bien à lui en 38 ans d'existences. 2000 heures qu'il avait pour la plupart très judicieusement employées a emmerder Juliet et se faire emmerder par Juliet -Ah, les petites soeurs! - ou bien a rechercher la sérénité spirituel, bref, rien de très constructif ...
Mais d'abord c'était quoi faire quelque chose de constructif dans la vie ? Laisser un trace dans l'Histoire comme Jeanne d'Arc ou Jules César ? Amasser le plus d'or possible en écrasant impitoyablement tout ce qui se mettait en travers de notre chemin, aurum potestas est, comme Artémis ? Ou alors épouser une ménagère à la tête pleine de bigoudis, lui faire 1,8 marmots geignards et regarder le foot à la télé comme monsieur Dupont et tout les autres ?
Plongé dans ces problèmes existentiels il n'entendit pas la porte s'ouvrir et Juliet en fut ravie. Elle en profita donc pour s'approcher sans le moindre bruit en élaborant une stratégie d'attaque -oui, elle allait encore en prendre plein la gueule, oui elle savait qu'il n'existait que deux personnes au monde meilleures que Domovoï Butler en se qui concerne les arts martiaux et qu'elle n'en faisait pas parti, mais c'était son frère quand même donc elle avait certaines obligations ...
Butler, quand il entendit un léger bruit de tissus claquant dans l'air, eu juste le temps de se baisser pour laisser passer Juliet à quelques centimètres au dessus de lui (NdA: que tout ceux qui se demandent pourquoi il ne s'est pas plutôt mis debout d'un bond se mettent en position du lotus . Non, pas en tailleur ! En position du lotus j'ai dit ! Les talons dans l'aine opposée . Aha, on fait moins les malins ... Bien, et maintenant essayez de vous mettre debout d'un bond en évitant un coup de pieds latérale de votre soeur . Ca y est ? Z'avez compris ?) Quand elle revint à la charge, deux dixièmes de seconde plus tard, il l'attrapa par la cheville et l'envoya balader de l'autre coté du tatami puis il se leva et lissa les plis de son pantalon de karaté-gi .
- Bien dormi Juliet ?
- Gneuflrzfl, répondit Juliet le nez dans le tapis et des cheveux plein la bouche .
- Moui, moi aussi, mais j'ai fait un rêve bizarre ...
Juliet se redressa, attacha rapidement ses cheveux dans une espèce de chignon provisoire, fléchit les jambes et mit un bras comme ça, un bras comme ça dans une position qui devait sans doute être la garde ou un truc comme ça d'un art martial dont je ne saurais pas vous dire le nom.
- C'qui va t'faire bizarre, mon p'tit Dom, ça va être de bouffer le tatami sans comprendre pourquoi pas plus tard que dans cinq secondes .
- J'aimerai bien voir ça, répondit ledit Dom (NdA: étrange, j'aurais juré qu'y s'appelait Butler mais après tout il a peut-être un prénom aussi...) en se mettant à peu prés dans la même position.
Arrivé à ce stade je devrai théoriquement vous décrire une magistrale scène de combat digne de Bruce Lee mais ça allait tellement vite que je suis pas sûr d'avoir tout vu. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'on voyait une silhouette suivit d'une masse de cheveux blond -le pseudochignon n'ayant pas fait long feu-, virevoltant autours d'une autre forme nettement plus massive qui bougeait un peu moins mais quand même suffisamment pour être un plutôt floue ...
Toujours est-il qu'à un moment Juliet frappa le sternum de son frère avec le plat de la main. Du moins elle avait l'intention de le faire mais Domovoï, entraîné par l'élan de sa dernière esquive, pivota légèrement et le coup l'atteignit un peu à gauche au dessus du coeur, précisément à l'endroit où il avait ce matin constaté une certaine rugosité de sa peau.
Un éclaire de douleur l'aveugla et lui coupa le souffle. C'est tout juste s'il se rendit compte qu'il quittait le sol quand Juliet lui fit le plus basique des ushiro kiri otoshi (NdA: ça doit être un truc très technique, moi je sais pas, je vous ai déjà dit que j'y connaissait rien...) ce n'est qu'en atterrissant lourdement qu'il reprit vraiment conscience. Il mit quelques instants avant d'enregistrer qu'il était en train de bouffer le tatami sans comprendre pourquoi.
Juliet qui cru d'abord qu'il plaisantait et lui balança un petit coup de pieds dans en marmonna un truc ressemblant à "même pas drôle" mais quand roula sur le dos et fixa le plafond, la respiration haletante et manifestement douloureuse, avec sûr le visage une expression qui tenait de la surprise, de l'incompréhension et du désespoir, elle constata que c'était effectivement pas drôle du tout. Elle s'assit à côté de lui et l'observa avec anxiété pendant qu'il reprenait son souffle. Elle le connaissait suffisamment pour savoir que dans moins de deux minutes il allait se redresser, passer sa main sur son crâne et tout lui raconter -ce qui n'allait pas, pourquoi il s'était fait battre si facilement, peut-être son rêve bizarre dont il avait parlé, peut-être même son affection, contraire aux règles, pour Artémis ...
Butler se redressa, passa la main sur son crâne et se tourna vers sa soeur.
- Il faut que je te parle Juliet ...
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Juliet finit sa tresse et jeta un regard à Bagou, son fidèle panda que son frère lui avait offert pour ses trois ans.
- Non, ça ne sert à rien, j'ai pris ma décision. D'ailleurs tu n'as jamais fait tant d'histoire quand je partais pour mon enseignement auprès de Mme Ko .. Mais si c'est pareil, c'est exactement pareil...
Elle toisa un instant la peluche puis poussa un soupir résigné.
- Bon, ça va, t'as gagné ...
Elle rouvrit la valise la plus proche et y balança le pauvre panda miteux puis la referma en sautant dessus sans voir la porte s'ouvrir.
- Surtout prends tout ton temps Juliet, si tu loupe ton avion je me sentirai moins seul devant les patates à éplucher ...
Artémis puis Mr Fowl, revenu la veille, avaient pourtant assuré Juliet qu'ils ne voyaient aucun inconvénient à ce qu'elle emprunte le jet familial mais elle avait insisté, prétextant que vu son lâche abandon elle serait mal à l'aise d'accepter d'eux un tel service. C'était donc avec un billet en classe business qu'elle partait pour Los Angeles et ses rings.
Butler l'aida à descendre ses trois impressionnantes valises en essayant de pas trop montrer qu'il aurait jamais cru qu'elle étaient si lourdes -à coté de l'annonce du départ de sa soeur la révélation de sa petite faiblesse respiratoire était passée plus ou moins inaperçu et c'était très bien comme ça- et les mis dans la voiture pendant que Juliet faisait ses adieux à Edna et Georges O'Neil (bien quoi ? Vous croyez peut-être qu'entre les heures d'entraînement interminables, la cuisine, la protection rapprochée et tous les autres menus services à rendre à la famille Fowl qu'impliquait leur contrat les Butler aient encore le temps de s'occuper du ménage des 97 pièces du manoir -sans compter les dépendances- et du jardinage des 2 hectares de jardin à l'anglaise du parc ? Ça c'était le vieux couple O'Neil, avec qui les Butler partageaient la dépendance du manoir Fowl réservée aux domestiques, qui s'en occupait).
Le départ de Juliet ressemblait fort à un coup de tête puisqu'il avait été décidé seulement trois jours plus tôt à la suite d'une longue discussion avec son frère mais personne ne semblait le lui reprocher. Au contraire Edna lui avait donné des conseil pour "entamer sa véritable vie de femme" en versant une larme sur cette magnifique histoire d'amour (la pauvre commençait à se faire gâteuse et personne n'avait réussit à lui expliquer que cet Ecol Decatch qu'elle allait rejoindre en Amérique n'était pas vraiment son fiancé), Butler lui avait dit qu'il était temps pour elle de suivre la voie qu'elle se tracerai et un truc qu'elle n'avait absolument pas compris à propos de 2 000 heures pour trouver sa sérénité intérieur ou un truc comme ça (Butler aussi disait des trucs bizarre parfois, à force de lire Lao-tzeu...) et même Mr Fowl avait salué sa décision d'un discours sur la force nécessaire pour s'arracher au chaînes de la tradition (mais bon, Mr Fowl non plus n'était pas tout à fait dans son état normal depuis qu'il était sorti du coma) ... Il n'y avait qu'Artémis qui faisait un peu la tête même si il faisait tout pour que ça ne se voit pas, dignité fowlienne oblige.
Artémis qui justement se pencha à la fenêtre au moment où la voiture allait partir .
- Butler, à votre retour je vous attendrai dans mon bureau .
Puis il se tourna vers Juliet.
- N'oublie pas de m'appeler pour ..
Juliet fit un de ces adorables clins d'œil ayant le rare don de faire virer les joues blafardes d'Artémis au rose vif.
- Compte sur moi Arty .
Si Butler avait su de quoi ils parlaient, il se serait abstenu de rigoler, récoltant ainsi une violente tape sur l'occiput de sa soeur et un regard assassin de son maître ...
■■■
Dés que Butler entra dans son bureau Artémis lui tendit un bout de papier griffonné de sa belle écriture illisible (les génies écrivent mal, c'est bien connu ...) .
- Voilà, je vous ai pris rendez-vous là-bas demain à 17 h, le docteur Simon vous recevra, c'est un ami -un ami de l'éminent hématologue Francis Smith pour être exacte mais cela revient au même.
Butler fronça les sourcils, pas parce que c'était des hiéroglyphes indéchiffrables, il avait l'habitude, mais parce qu'il n'était pas sûr de saisir pourquoi Artémis lui avait pris rendez-vous au service d'imagerie médicale de la clinique la plus réputée de Dublin.
- Pour passer une IRM , répondit le garçon qui avait la fâcheuse habitude de parfois lire dans les pensées ...
- Une IRM ?
- Oui, mais on peut aussi dire "un". Cela signifie imagerie à résonance magnétique, c'est une technique qui permet d...
- Merci Artémis, je sais ce qu'est un IRM . Mais pourquoi voulez vous que j'en passe un ?
Artémis le regarda un instant en se demandant s'il n'avait vraiment pas fait le rapprochement .
- Mais ... pour vos poumons, Butler .
Butler fit une moue enfantine, ce qui était plutôt amusant chez un colosse de 2m10, et reposa le papier sur le bureau d'Artémis .
- J'irai pas .
Artémis eu l'impression de recevoir un seau d'eau sur la tête : Butler contestait une de ses décisions ! La dernière fois c'était il y a près de neuf ans quand Artémis avait voulu jouer avec son Sig Sauer alors qu'il avait 4 ans et demi, le refus du garde du corps étant dans ce cas bien compréhensible .
- Vous ... mais ... Pourquoi ?
- J'ai peur des piqûres, affirma Butler avec un grand sourire .
Artémis mis plusieurs seconde a percuter qu'il se foutait de sa gueule . De mieux en mieux .
- Butler ... je ... vous ...
Voilà qu'il perdait ses mots à présent . On flottait en plein délire !
- Vous irez faire votre IRM et puis c'est tout !
Il était a deux doigts d'ajouter "C'est qui le chef ?" mais se repris juste à temps. Décidément quelque chose ne tournait pas rond ces derniers jours .
Butler repris un air grave .
- Non Artémis, sérieusement, je n'irai pas . Je ...
Il s'interrompit, hésitant .
- Vous ? ...
- Si jamais j'ai ... je ne sais pas ... un cancer incurable ... n'importe quoi ... je ... je préfère l'ignorer ... pour l'instant . Je ne crois pas que vous puissiez comprendre qu'on préfère ne pas savoir mais ... je ne veux pas savoir .
Artémis scruta un instant les yeux de son garde du corps puis pris le papier et le froissa, le regard dans le vague.
- Je comprend ... Ou plutôt non, vous avez raison, je ne comprend pas qu'on veuille rester dans le doute ... mais si c'est votre choix ...
Il jeta la boulette dans la corbeille .
- Seulement ... je m'inquiétait ... je m'inquiète ... je ne voudrais pas ...
Butler posa une main sur l'épaule d'Artémis .
- Si jamais mon état s'aggrave je vous promet de passer tout les examens que vous voudrez et d'ingurgiter tous les traitements qu'il faudra. Mais pour le moment je ... Pour le moment ça va . Ne t'inquiètes pas, Arty .
La dernière phrase était sortie toute seule et surpris autant Artémis que Butler .
Etonnant comme une phrase d'apparence anodine fait voler en éclats de frontières établies depuis tant d'années; comme un simple mais soudain passage au tutoiement efface d'un coup des limites infranchies depuis 14 ans; comme un surnom affectueux peut révéler qu'on a depuis longtemps violé une des règles les plus élémentaires de sa profession, ne jamais éprouver d'attachement sentimental envers son principal.
Mais après tout qu'importe puisqu'il était désormais incapable d'assurer sa protection se dit Butler, donc plus de garde du corps, plus de principal ...
Il jugea que c'était le bon moment pour suggérer à Artémis quelque chose qui ne lui plaisait pas du tout.
- Hum... Artémis ... Vous devriez songer à ... me trouver un remplacent ...
Artémis fixa son serviteur en se demandant s'il n'avait pas à faire à une crise de démence passagère due à l'angoisse que sa "maladie" lui causait .
- Je n'envisage pas de me passer de vos services, Butler, articula-t-il lentement, même légèrement handicapé par votre insuffisance respiratoire vous ...
- Artémis, s'il te plais moi non plus ça ne m'enchante pas vraiment mais je me doit de penser avant tout à votre sécurité. Et je ne suis plus en état de l'assurer. Il vous faut quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui ne se fasse pas maîtriser par sa petite soeur. Si vous vous trouviez en danger sans que je puisse vous protéger je ... je ne pourrai jamais me le pardonner... Bien sûr j'aimerai rester auprès de vous. Je... Madame Ko m'arracherait mon tatouage avec les dents si elle savait à quel point tu compte pour moi Artémis ... et c'est pour ça aussi que je ne peut plus être votre garde du corps, l'amitié altère trop le jugement.
Il s'arrêta un instant, hésita puis ajouta :
- Je m'appelle Domovoï.
Artémis ouvrit la bouche, la referma, posa ses mains à plat sur son bureau.
- Bon ... je ... dans ce cas ... je suggère que... Tout d'abord sachez que vous êtes le seul élément stable de ma vie, la seul constante qui n'a encore jamais été modifiée, donc je craint que, psychologiquement parlant, je ne puisse me séparer de vous sans en être immédiatement déstabilisé, or je ne peux pas me permettre d'être psychologiquement déstabilisé, mauvais pour les affaires. Donc vous rester auprès de moi. Cependant, si vous y tenez tant, je suis disposé à engager une autre personne qui se chargera unique de ma sécurité -mais comprenez bien que pour moi personne ne pourrait vous remplacer ... Et comme tu as l'air de ne pas pouvoir te décider je t'autorise à me tutoyer ainsi qu'à m'appeler Arty... si ... si moi-même je puis vous appeler par votre prénom, Domovoï ...
Ils restèrent un moment silencieux, ne sachant pas trop s'il était décent de s'embrasser comme deux vieux amis ou s'il fallait tout de même conserver quelques distances. Artémis décida de plutôt reporter son attention sur le clavier de son ordinateur.
- Bon ... Pour ... ma sécurité ... vous avez quelqu'un à me suggérer ?
Butler se détendit un peu. Artémis faisait déjà défiler sur son écran plusieurs CV de taille relativement louable accompagnés de photo d'hommes et de quelques rares femmes à la mâchoire carrée et au regard de Terminator qui était pour la plupart des ses vieux copains de classe .
- Peut-être bien Marlann s'il ... non, c'est vrai il vient de rentrer au service du président ougandais ... Sinon il y a Drankovitch, oui, jetez un coup d'oeil à Drankovitch ...
Artémis s'exécuta et ouvrit un profil à peu près long comme l'Iliade mais indiquent en au en petites lettres rouges "définitivement indisponible" suivit, entre parenthèses, d'une date remontant à quelques mois .
- Et m ... Ivan ... Bon tant pis, regardez Zu Liang ...
Celui-là avait pris sa retraite après avoir perdu un bras.
- Et celui-ci, Turner ? proposa Artémis, vous le connaissait ?
- Pff, il s'est spécialiser en stars du show-business ...
- Cartera ?
- Aucun professionnalisme .
- Blunt ?
- Jamais ! Un vaniteux ! En plus j'ai entendu dire qu'il avait eu des problèmes avec la justice dernièrement.
- Sukani ?
- Pleine de bonne volonté mais elle aurait mieux fait de devenir prof de karaté ...
Artémis se tourna vers son pour-l'instant-garde-du-corps-qui-risque-de-le-rester-longtemps-parti-comme-on--ai .
- Faisons simple : est-ce que vous connaissez quelqu'un qui :
1°/ est vivant
2°/ est disponible
3°/ vous arrive à la cheville en ce qui concerne votre profession ?
Butler fronça les sourcilles en se mordant la lèvre inférieur (ça aide à la réflexion, c'est bien connu).
- Hmmm ... Non .
- Voilà, ça va déjà nous faire gagner du temps . Donc je chercherai moi même ce soir . Mais pour l'instant allons dîner . Qu'est ce que vous nous avez préparé ?
- Une simple salade de homard suivie de perdreaux aux raisins et de paniers de pommes de terres, puis des pêches Pénélope .
- Au risque de me répéter, Domovoï, je refuse de me passer de vos services .
■■■
Traditionnellement, qu'un Butler soit convié à la table des Fowl était un événement assez exceptionnel pour être inscrit dans le registre familial. Ce qui explique pourquoi Domovoï arrosa malencontreusement le chemisier Dior d'Angeline Fowl de Gevray Chanbertin 1923 (une excellente année) quand Artémis senior lui demanda le plus naturellement du monde :
- Pourquoi ne viendriez-vous joindre à nous mon cher Butler ?
Il y eu quelques secondes de flottement durant lesquelles Domovoï essaya maladroitement d'éponger le chemisier de Mrs Fowl en se répandent en excuses asiatiques (vous savez, ces longues excuses à base de "pitoyable vermisseau que je suis"), elle, lui assurant que non non il n'était pas un pitoyable vermisseau, que ce sont des choses qui arrive et ne vous en faites pas ce n'est rien, pendant qu'Artémis Fowl II se mordait la joue pour conserver sa dignité et qu'Artémis Fowl I, sans se soucier de sa dignité, s'étouffait de rire avec un raisin de son perdreaux... Puis le silence se fit et Butler fixa Artémis senior en attendant une petite explication ou du moins confirmation ou même un grand "Mais non, j'rigole, haha, me dites pas qu'vous y avez cru !" (cette dernière hypothèse ne lui semblais pas très probable mais vu l'étrange comportement qu'il avait adopté depuis la sortie de son coma on était sûr de rien...).
- Allez Butler, prenez une chaise et asseyez-vous, il faut que nous parlions.
Domovoï posa délicatement la bouteille sur la table pour éviter tout autre incident et s'executa avec précaution comme s'il risquait de casser la chaise.
- Artémis m'a parlé de votre souhait de plus vous occuper de lui, ce que je comprend tout à fait, d'ailleurs ça m'étonne que vous ayez réussit à le supporter si longtemps déjà ...
- Mais non ! Ce n'est pas du tout ... Arty ... témis ... Je voulais dire ...
Angeline Fowl étouffa un petit rire cristallin dans sa serviette et Domovoï se demanda si son contrat stipulait aussi, en bas, en petite lettres, une fonction de clown en plus de toutes les autres.
- Puisque vous avez l'air d'y tenir tant, continua Artémis senior qui avait l'air de bien s'amuser, je consent, dans mon immense générosité, à engager un autre garde du corps -mais seulement garde du corps. Je veux dire par là qu'après ce dîner mon palais refuserait de toute manière toute autre cuisine. Mais nous savons tous ici que votre véritable vocation est de jeter partout autours de vous des regards méchants en gardant une main dans votre veste, sur la crosse de votre Sig Sauer et on ne peut rien faire contre sa vocation. De plus ... -il redevint plus grave- de plus je n'est moi même plus de garde de corps depuis la mort de votre oncle dans l'explosion du Fowl Star ...
Domovoï sentit malgré lui sa gorge se serrer. Son père avait toujours était en mission à l'autre bout du monde et sa mère jamais particulièrement démonstrative, mais son oncle ...
- Donc, vous aurez sans doute compris où je veux en venir, étant moins aventureux que mon fils ...
Mrs Fowl éclata à nouveau de rire.
- ... disons moins aventureux qu'auparavant, maintenant que j'ai perdu une jambe, je pense être une cible à moindre risque. Donc je pense que même avec votre mystérieux problème de respiration vous pourrez surveiller sans difficulté un vieux boiteux. Cela nous permettra de ne modifier ni votre contrat ni votre salaire, il suffira juste de remplacer junior par senior. Qu'en pensez vous ?
- ... ben ... traditionnellement ...
Il regretta immédiatement d'avoir sortit ça. Pour être exact pas vraiment immédiatement mais au moment où le poing de Mr Fowl qui n'avait plus du tout l'air de s'amuser s'abattît violemment sur la table. Il se réjouit un instant de voir revenir le Mr Fowl pré-comatique puis jugea qu'il était préférable de se faire tout petit -ce qu'y n'est pas si aisé quand on mesure 2m10 ...
- "Traditionnellement"! J'aurais dû m'attendre à une tel réponse ! J'avais eu le faible espoir que la décision de votre soeur vous aurez vous aussi délivré de ces étouffantes traditions et conventions diverses qui nous empêches de vivre comme nous l'entendons ! Un Butler reste toute sa vie au service du même Fowl sauf s'il meurt ou est viré, un Fowl élève son fils dans dans le respect d'une seule et unique règle, aurum potestas est, un garde du corps ne révèle surtout pas son prénom à son "principal" et de plus ne doit absolument pas éprouver le moindre attachement sentimental pour lui, n'est-ce pas Butler, c'est vrai, ce serait dommage d'apprécier la personne avec qui on doit passer le plus claire de sa vie ! Comment avez vous pu tolérer que votre propre soeur parte mener la vie qu'elle désirait au lieu de se plier à la tradition familial et devenir demoiselle de compagnie de ma femme ? C'est bien comme ça que c'était au Moyen-Age, les garçon écuyers et les filles demoiselles de compagnie ! D'ailleurs le simple fait qu'elle, une fille est suivi le même entraînement que vous est inadmissible, vous ne trouvez pas ? Préparez donc mon armure qu'on parte en croisade contre les infidèles !
Artémis savait que parti comme ça son père en avait pour au moins une demi-heure, ce n'était pas contre Butler qu'il était fâché mais contre les traditions en générales et tout ce qu'il respectait avant son coma.
Et puisqu'il n'aimait pas les dessert il s'essuya la bouche, se leva et fila dans son bureau en donnant au passage une petite tape sur l'épaule de Butler qui se tortillait sur sa chaise en essayant de disparaître, un coup de fil à passer s'excusa-t-il .
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- Juliet ! Tout va bien? ... Oui ... mais attend, on va pouvoir agir beaucoup plus vite que prévu. Non, je t'expliquerai. Allume ton ordinateur, tu vas m'aider à choisir ma prochaine garde du corps ...
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A peu prés au même moment, à Chicago...
- Allô ? Ah, mon cher Spiro, oui, j'ai suivi votre procès avec intérêt ... hm... Tout compte fait vous ne vous en êtes pas si mal sorti ... moui, un excellent avocat ... Vous dites ? Mais bien entendu, c'est le but de notre association n'est-ce pas ... Je vois ... Avez-vous déjà une idée de ... Oh, vraiment ? ... humhum ... Bien ... Oui, je crois connaître la personne la plus indiquée pour ce travail. Mais je préfère vous prévenir que si se reproduisent avec elle -oui, c'est une femme, cela vous disconvient peut-être ? ... Oui, je préfère - donc si les même ... disons "problèmes" qu'avec Digence et Mocassin venaient à se reproduire - ce qui est hautement improbable - je préfère vous prévenir que la seule indemnisation que j'accepterai serait vos intestins découpés en lamelles, suis-je suffisamment claire ? Bien, à demain dans ce cas ...
Clara Frazetti raccrocha et esquissa un sourire dévoilant le petit rubis incrustée dans sa canine en ivoire - quand elle pensait que c'était cette garce à qui elle allait faire appelle qui lui avait casée cette dent au cours de ... rrrhaa ! Et pourtant elle était heureuse d'avoir un prétexte pour la recontacter après toute ces années. Enfin avoir la joie de lui montrer qu'à présent celle des deux qui avait le plus de pouvoir n'était pas celle qui avait 8 ceintures noires dernière dan et qui atteignait une cible mouvante à 500 mètres par temps de grands vents.
Clara reprit son téléphone portable et chercha dans son répertoire un numéro illustré par une petite tête de mort. Elle pria pour qu'elle n'en ai pas changé entre temps et appela .
- Moshi-moshi ? lui répondit une voix ensommeillée .
- C'est Clara . Tu es au Japon ? Je te réveille ?
La voix se fit nettement moins ensommeillé et plus désagréable, plus professionnelle également .
- Un contrat pour moi ?
Clara retint de justesse un "J'ose espéré que ce n'est pas à moi que vous vous adressez sur un tel ton !" en se rappelant qu'elle avait justement au bout du fil la seule personne qui pouvait se permettre de lui parler sur ce ton -et qui parlait sur ce ton à absolument tout le monde d'ailleurs.
Mais plus pour longtemps, ma chérie, plus pour longtemps, je te le promet. Je vais te montrer comme les choses ont changées depuis le jours où tu m'as envoyé ce coup de pieds dans la mâchoire ...
Clara décida que pour l'instant elle ferai mieux d'adopter la même attitude froidement professionnel.
- En effet. Je t'attend demain, 8 h, Chicago, dans mon bureau.
Et elle raccrocha en jubilant. Demain matin, enfin, elle pourrait lui donner des ordres. Vingt-cinq ans qu'elle en crevait d'envie ...
Et voilà, ça c'était l'échauffement . Rendez vous bientôt j'espère pour passer au choses sérieuses, le premier round d'un combat qui promet d'être sportif ...