Titre : Solidaires

Genre : UA pour sûr, après je ne sais pas trop…

Couples : faut voir. J'hésite entre de jolies et belles amitiés éternelles ou de jolies et belles romances bien dégoulinantes. Ou bien un truc entre les deux. Ou bien… vous verrez bien…

Disclaimer : comme s'ils pouvaient m'appartenir… !

Vraiment désolé pour le retard. J'ai eu pas mal d'interférence (CPE, grèves etc…) J'espère qu'un tel retard n'arrivera plus jamais, mais j'ai peu d'espoir… Qui vivra verra, hein ?

Je ne sais pas quand le prochain arrive. Je ne sais même plus de quoi il va parler… Il me semble vaguement que je devais faire intervenir Quatre, Wufei, Réléna, Dorothy et Zechs…

Merci à tous ceux qui m'ont laissé une review pour me motiver, j'en avais besoin. Merci à Andromeda Aries pour sa review.

Bonne lecture à tous !

Deuxième partie

Chapitre 8 :

Heero s'arrêta sur le perron de l'immeuble et chercha ses clés au fond de ses poches. Il étouffa un bâillement. Il ne pouvait pas dire que la semaine avait été très reposante. Les orphelins étaient devenus quasiment hystériques à l'approche de la rentrée. Il avait dû surveiller des enfants boudeurs, grincheux et hyperactifs. Fatiguant. Désespérant. Des boules de nerfs à gérer. Et avec, bien attendu, l'extrême obligeance de bien vouloir ramener les enfants VIVANTS à l'orphelinat, même si, à la longue, ces chieurs allaient finir par le rendre dingue.

C'était prévisible. Les enfants devenaient immanquablement de véritablement monstres dès qu'il s'agissait de reprendre l'école. Plus que tous autres enfants, ces petits orphelins préféraient les vacances à l'école. Déjà, parce qu'ils y étaient constamment la cibles des autres élèves. D'autre part, tous les enfants préféraient jouer, avoir du temps libre plutôt que de travailler à l'école. Enfin, c'est le cas pour la majorité des enfants. Mais ce qu'il ne comprenait absolument pas, c'était qu'après la rentrée, ces mêmes enfants étaient heureux de partir à l'école. Généralement parce qu'ils allaient y revoir leurs copains, copines. Mais Heero comprenait que pour les orphelins, c'était différent. Leurs copains, copines, ils vivaient avec. Pas besoin d'aller à l'école pour les voir et jouer avec. Alors quitte à choisir, ils préféraient rester à l'orphelinat entre eux que d'affronter jours après jours les moqueries des autres.

Pour Heero, ça n'avait jamais eu d'importance majeure. Il aimait bien étudier, apprendre de nouvelles choses, développer son intellect et il savait toujours quoi faire quand il avait du temps libre. Généralement, il le passait à lire ou à dessiner, à ignorer les autres et à expérimenter. Et puis, il y avait eu Duo à cette époque. A l'école ou à l'orphelinat, ils passaient la majeure partie du temps ensemble. Ca n'avait rien changé pour lui. Tant que Duo était avec lui, il se fichait bien de l'endroit où ils étaient.

Lorsqu'il avait été adopté, ça avait été plus dur. Il s'était sentit seul. Duo lui manquait. Enormément. C'était son ami. Le seul. Les sourires de Duo lui manquaient. Sa frimousse aussi. Leurs discussions. Leur planque dans les feuillages. Les moments passés avec lui à dessiner. Son odeur si particulière. Surtout quand il était trempé. Il adorait l'odeur de la pluie mélangée à celle de son ami. Il s'était sentit seul. Et il était triste. Conformément à leur pacte, il n'avait pas pleuré. Il avait retenu ses larmes. S'il avait pu parler, il aurait réclamé son ami. D'ailleurs, il l'avait souvent écrit à sa nouvelle mère, qui s'était contenté à ce moment-là de sourire tristement tout en lui caressant la tête.

«Je suis sûre qu'il est heureux là où il est. » Mais Heero s'en fichait. Même si ses nouveaux parents adoptifs semblaient bien l'aimer. Même s'ils prenaient soin de lui. Il lui manquait toujours quelque chose ou plutôt quelqu'un. Et sans lui, sans son ami, il était pas heureux. Et si Duo l'était, lui ne l'était. Enfin, pas complètement. Alors franchement, ce genre de phrases bâteaux censées être rassurantes ne le réjouissait pas du tout. Egoïste ? Non. Egocentrique ? Un tout petit peu. Comme tous les enfants à cet âge. (1) Et puis, qu'est-ce qui lui prouvait que Duo était vraiment heureux ? Comment sa nouvelle maman pouvait le savoir ? Elle ne le connaissait même pas et ne l'avait jamais vu ! Et puis la façon dont elle le regardait dans ses moments-là, dont elle lui caressait la tête, le mettait mal à l'aise. Comme si… Comme siDuo était… avec sa vieille voisine « dans un endroit merveilleux, remplit de gens merveilleux où les gens n'étaient plus malheureux… et bla bla bla bla… » Carrément flippant. Et puis, il était peut-être jeune, mais il connaissait le concept de mort, il n'avait pas donc besoin de métaphore stupide pour comprendre les choses. Et à chaque fois que sa mère lui sortait ce genre de phrase à propos de Duo, il devait bien l'avouer, mais il avait une trouille monstre !

« C'est normal qu'il te manque. » Non, c'était pas normal. Jamais personne ne lui avait manqué. Pas même ses parents. Ce qu'il n'avait jamais eu, du moins ce qu'il ne se souvenait pas d'avoir eu, ne pouvait pas lui manquer, non ? Et c'était la première fois qu'il ressentait une absence auprès de lui. Et il ne savait pas comment gérer la chose. Avec le temps, il avait su…

« Tu le reverras un jour, j'en suis persuadée. » Jamais Heero n'avait été aussi sceptique à ce sujet. A cette époque, il ne voyait vraiment pas comment. Et pourtant il avait eu envie d'y croire. Et il avait eu raison au final.

Quant à son père, il se contentait de hausser les épaules et de marmonner un « Fais-toi de nouveaux amis ! » Avec le recul, Heero pensait qu'en ce qui concernait la pédagogie, son père adoptif pouvait repasser. Aujourd'hui, cela le faisait sourire. Son père adoptif n'était pas un homme foncièrement mauvais. Il était juste pas très démonstratif, pas très chaleureux. Pudique. Son éducation japonaise y était pour beaucoup. Il avait juste une façon bien à lui d'exprimer ce qu'il ressentait. Il avait juste fallu que Heero le comprenne. Et qu'il fasse avec.

Et pour un sourd-muet qui avait dû s'adapter au système et à la société depuis son plus jeune âge, décrypter les émotions de son père adoptif n'était pasle plus insurmontable des challenges. Avec l'âge et l'expérience, Heero avait pu développer un bon sens de l'observation. La moindre expression faciale, les moindres petits gestes, tout pouvait lui donner des indices sur l'humeur des personnes de son entourage. Mais bon, il n'était pas infaillible non plus. Ça lui arrivait, et plus d'une fois, de se tromper, de commettre une erreur. Parce que les gens peuvent être bien plus compliqués qu'il n'y paraît au premier abord. Ils peuvent tricher. Mais surtout, certaines personnes avaient l'incroyable faculté de se mentir à eux-mêmes et d'y croire dur comme fer. Alors évidemment, ça brouillait pas mal les pistes. Enfin, de toute façon, Heero n'avait pas non plus envie de décrypter toutes les personnes qui l'entouraient. Seules les personnes qu'il aimait.

Heero finit par retrouver ses clés et déverrouilla la porte de sécurité de l'immeuble. Il grimpa les trois étages pour enfin rentrer chez lui et prendre une soirée de repos bien méritée. Il pénétra dans l'appartement puis appuya sur un interrupteur rouge qui alluma toutes les voyants de même couleur dispersés dans tous l'appartement avec pour premier but : signaler la présence d'une personne entrante. Les parents de Heero avaient installé ce système pour leur simplifier la vie. Ça leur évitait ainsi de parcourir toutes les pièces de l'appartement. Ne voyant personne venir à sa rencontre, Heero en déduit qu'il était seul dans l'appartement. Il soupira d'aise. Au moins, il se savait tranquille, parce que sa mère avait une fâcheuse tendance à l'assommer de questions dès qu'il rentrait pour raconter sa journée. Son père ? Ca dépendait de son humeur. Il allait enfin pouvoir avoir un moment pour lui, pour réfléchir à ce qu'il avait appris, à ce qu'il devait faire et comment le faire.

Cette semaine, il avait enfin pu faire connaissance avec les deux filles qui étaient arrivées en même temps que Duo et qui avaient l'air de très bien le connaître. Il devait bien l'avouer, il était très curieux. Curieux de connaître ses deux filles qui avaient vécu près de Duo. Curieux de savoir ce qu'il avait vécu à travers elles… Oui, très curieux. Pour essayer de le comprendre, lui et ses réactions. Parce que quand il s'agissait de Duo, son fameux sens de l'observation ne servait plus à rien. Il était parasité par ses souvenirs. Il avait encore du mal à réaliser que Duo n'était plus le même et qu'il ne le sera plus jamais. Tout comme lui. Tout le monde change en grandissant. En bien ou en mal. Oui, il avait envie de redécouvrir son ami et savoir pour quelles raisons il pouvait bien lui en vouloir.

Si une partie de lui disait de laisser tomber et d'éviter de se prendre la tête avec de pareilles bêtises, une autre partie de lui avait envie de justement se prendre le chou. Tout simplement parce qu'il connaissait la valeur de toute relation, quelles qu'elles soient. Elles étaient importantes. Alors il allait pas laisser leur amitié se détruire, même si elle datait. Il n'allait pas laisser Duo le haïr pour une raison qu'il ne connaissait pas. Et même après, pourquoi pas arranger les choses si c'était encore possible.

Heero n'était peut-être pas la personne la plus sociable de cette ville, mais il n'était plus le petit garçon solitaire. Duo ne lui échapperait pas !

Mais avant tout, il devait rassembler au maximum des informations à son sujet pour pouvoir l'aborder. Et les deux sœurs étaient des sources d'informations non négligeables. Et il avait besoin de rassembler un maximum d'information. D'en savoir plus. Pour pouvoir échafauder une stratégie pour renouer le contact. Parce qu'il était hors de question qu'il se présente à nouveau devant Duo sans aucun plan. Il n'avait pas la plus petite envie de se retrouver mis en joue par le natté ; celui-ci serait bien fichu d'appuyer sur la gâchette s'il se sentait trop acculé. A ce niveau-là, Duo était et restait une personne imprévisible, et avec le recul, Heero se demandait ce qui avait bien pu lui traverser l'esprit pour l'avoir défier de la sorte le samedi dernier. Dans le genre « Vas-y tire, tu le feras pas. » Comment avait-il pu être aussi sûr de lui ? Ce qui était certain c'est qu'il ne referait plus quelque chose d'aussi insensé.

Enfin, maintenant, maigre consolation, Duo était aveugle, ce qui devraitconsidérablement le contraindre pour les tirsà distance, mais ça ne l'empêcherait pas de lui tirer dessus à bout portant. Heero savait que le Duo qu'il connaissait ne ferait pas de mal intentionnellement, dans un acte purement gratuit. Il était à peu près sûr que ça n'avait pas changé aujourd'hui (sinon, il lui aurait tirer dessus la semaine dernière sans même sourciller…) Mais lorsqu'on se sentait acculé, comme pris au piège, on pouvait commettre des choses que l'on ne ferait pas en temps normal. Et il n'avait pas besoin de l'observer plus attentivement pour comprendre que Duo ne voulait plus avoir affaire à lui, et si Heero lui imposait sa présence, ça ne résulterait rien de bon.

Mis à part le fait de devoir l'approcher en toute sécurité et éviter toute tension, il y avait un autre problème, d'autant plus important, que Heero allait devoir surmonter : un sérieux problème de communication.

Heero ne communiquait que par les signes ou bien à travers l'écriture. Ça supposait donc que la personne en face ait toutes ses capacités visuelles ! Or, Duo était devenu complètement aveugle, d'après ce qu'il avait apprit.

Il y avait bien quelques aveugles au Centre mais il n'avait jamais cherché à communiquer avec eux plus que nécessaire. D'ailleurs leur conversation était plus généralement unilatérale ; ils posaient les questions et il répondait avec des moyens totalement rudimentaires, mais qui passaient toujours par le toucher. Cela quand il était seul face à un aveugle. Sinon, il y avait la plupart du temps une autre personne avec lui servant d'intermédiaire.

Là, Heero devait bien avouer qu'il ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Et être obliger d'utiliser un intermédiaire le gênait un peu. De toute manière, à supposer que Duo accepte finalement de lui « parler », Heero n'était pas sûr qu'il le fasse avec une autre personne dans les parages…

En tout cas, au jour d'aujourd'hui, Heero n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête en essayant de résoudre des problèmes qui pouvaient sincèrement attendre. Il avait juste envie de se détendre. Peut-être qu'il allait rendre visite à son vieux voisin. Peut-être qu'il allait simplement chatter sur le net. Ou tout simplement comater sur le sofa du salon. Ou se regarder un truc à la télé, version sous-titrée pour malentendant. Ou continuer de lire le livre que le vieux J lui avait prêté, un vieux livre relatant l'histoire de l'énergie atomique, des bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki à Tchernobyl… (2)

Heero étouffa un bâillement et décida qu'il avait vraiment pas envie de lire quoique ce soit, ce qui incluait la vision d'un quelconque film ou chatter avec ses contacts du net. Le mieux était de passer voir le vieux fou d'à côté, ça ne pouvait que le divertir.

Son voisin, un vieil homme qui se dénommait lui-même Doc J, vivait seul et avait de curieuses opinions sur tout. A force de le fréquenter, Heero avait pu aiguiser sa propre manière de réfléchir, sa manière de penser. Il s'était forgé ses propres opinions, qu'elles soient politiques, économiques ou religieuses. J lui avait appris à réfléchir par lui-même, à s'interroger sur tout, à ne jamais rien prendre pour argent comptant, à être moins scolaire dans ses réflexions, à moins se laisser manipuler par les opinions socialement recommandées et surtout par les médias. J lui avait appris à réfléchir par lui-même. Cela ne voulait pas forcément dire qu'ils étaient d'accord sur tout. Et c'était justement ça qui plaisait à Heero : débattre avec ce vieux fou. Ça devenait presque un jeu entre eux, à savoir qui aurait raison, qui aurait le dernier mot.

J lui avait aussi appris une autre chose toute aussi importante avec ses débats, à savoir rester calme en toutes circonstances et notamment lorsqu'il se retrouvait face à l'adversité. Il avait appris qu'il ne servait à rien de s'énerver pour se faire entendre (ou du moins comprendre), à gérer sa frustration de ne pouvoir communiquer normalement. La frustration était toujours là, mais il arrivait à ne pas la laisser l'envahir inutilement. De toute façon, il était obligé de garder son calme pour pouvoir écrire lisiblement sur l'ardoise que lui prêtait J pour que le vieil homme, dont la vue commençait sévèrement à baisser mais jamais il ne l'avouerait , puisse le lire

Heero lui devait beaucoup et c'était pour cette raison qu'il appréciait et respectait ce vieux loup solitaire. Enfin pas si solitaire que ça puisqu'au moins une fois par mois, il invitait de vieux amis à lui, tous aussi cinglés les uns que les autres. Ils leur arrivaient aussi de squatter pendant au moins une semaine chez J pour regarder le mondial des matchs de robotiques et ainsi critiquer ou approuver les mini-robots ramasseurs de balles rouges ou jaunes que de jeunes ingénieurs avaient construits (3). D'après ce qu'avait pu comprendre Heero, les 5 vieux fous y participaient dans leur jeunesse. Et ils avaient su évoluer avec le temps et surtout les progrès technologiques pour pouvoir estimer les efforts des ingénieurs à leur juste valeur. Leur seul regret : de pas pouvoir leur en mettre plein la vue à ces petits jeunes et que c'était pas parce que le société les considérait comme des vieux croûtons impotents qu'ils ne pouvaient plus rien leur apprendre. Ce qui faisait bien rire Heero. Surtout quand Maître O criait à l'« injustice, c'est pas parce qu'on est âgés qu'on est grabataire ! »

Heero esquissa un sourire amusé à cette pensée et récupéra ses clefs d'appartement qu'il avait jeté négligemment sur le meuble à chaussure de l'entrée. Il sortit et verrouilla derrière lui. Il traversa le large couloir pour sonner à la porte d'en face. Quelques secondes plus tard, un vieil homme avec une longue crinière blanche et avec un bouc aiguisé et une moustache de la même couleur lui ouvrit.

-Tiens ! Heero ? Quel bon vent t'amène ?

N'attendant aucune réponse dans l'immédiat, il fit un pas de côté pour le laisser passer. Heero s'engouffra alors dans l'appartement du vieil homme qu'il considérait aujourd'hui comme un mentor. Il se dirigea sans aucune hésitation vers le salon.

J n'était pas du tout un adepte du ménage et pour cause il avait été obligé d'engager une aide ménagère. Depuis le temps que Heero le connaissait, cela devait être la 10ème femme de ménage que J engageait. Il fallait dire pour leur défense que J pouvait devenir dangereusement irascible si on venait le saouler avec le ménage. Beaucoup d'aides ménagers avaient démissionné. Non seulement J détestait cordialement ranger derrière lui (il avait autre chose à penser enfin !) mais il rendrait aussi un maître de feng-shui complètement fou : son salon est un véritable capharnaüm sans respecter aucune règles élémentaires de l'art du feng-shui.

Plusieurs étagères longeaient deux murs opposés, et contrairement à ce qu'on aurait pu penser cela n'avait rien avoir avec une luxueuse et riche bibliothèque, mais plutôt une sorte de débarras attrape poussière (les aides ménagers avaient tous essayés une fois d'enlever la poussière et avaient été découragé devant l'ampleur de la tâche) où étaient entreposés pêle-mêle des livres de toutes sortes (dictionnaires, ouvrages scientifiques ou livres de sciences-fictions), des sortes de trophées (pour leur propre mondiaux de robotiques du temps de la préhistoire), ainsi que les maquettes de leurs petits robots ramasseurs de balles, et des dizaines de classeurs d'où dépassaient des feuilles volantes cornues, voire déchirées. Heero arrivait à peine à voir les photos du vieil homme du temps de sa prime jeunesse entouré de ces amis. Il restait à peine de la place au centre de la pièce pour y caller un meuble de télévision et un canapé entouré de deux fauteuils en vieux cuir élimé, le tout cernant de chaque côté une petite table basse assez rudimentaire.

Heero prit possession du plus proche fauteuil alors que J s'installa dans celui d'en face.

-Dis, ça fait un moment que je t'ai pas vu, gamin !

Heero saisit l'ardoise et la craie blanche toujours posées sur la table basse, se mit à écrire et brandit l'espèce de pierre noire.

Enfants turbulents. Difficile à tenir.

J esquissa un sourire narquois.

-Te connaissant, j'imagine que ta patience a due être mise à rude épreuve.

Heero soupira. Vu qu'ils ne pouvaient pas communiquer oralement et que Heero n'avait pas toujours envie d'écrire tous ce qu'une personne normale aurait pu dire à voix haute, il avait été obligé de montrer un minimum ses émotions. Quand une personne voulait exprimer une certaine fatigue, elle disait généralement d'un air assez las « Je suis fatigué(e) ». Heero, lui, soupirait assez bruyamment pour faire comprendre qu'il était fatigué. C'était un moyen de communication plus simple et surtout plus rapide face à une personne qui ne comprenait pas le langage des signes.

J ricana face à l'extrême expression de fatigue de son jeune voisin.

-Allez raconte ! Je suis sûr que ce sont pas des gamins hyperactifs qui t'ont autant fatigué.

Heero fronça les sourcils puis se pencha sur son ardoise.

Retour de Duo. Il me hait. Ça me tracasse. Orphelins VRAIMENT hyperactifs pour cause de rentrée imminente.

Heero leva sa craie et hésita à ajouter quelque chose. Finalement, il se ravisa et releva l'ardoise pour que J puisse le lire. Le front de celui-ci se plissa quelques instants alors qu'il réfléchissait.

-Duo ? Le gamin qui était avec toi à l'orphelinat ?

Heero acquiesça.

-Et il te hait ?

Heero haussa les épaules, autant pour dire qu'apparemment oui,Duo le haïssait, et qu'il ne savait pas pourquoi.

-C'est ça qui te tracasse ? Parce qu'il te hait ? demanda J avec une pointe d'étonnement dans la voix.

Heero hocha sensiblement la tête. Mais J y vit une légère hésitation. Il connaissait bien son petit voisin depuis qu'il était arrivé etréussissait assez bien à le décrypter.

-Il y a autre chose n'est-ce pas ?

Retenant un soupir d'exaspération, Heero opina à nouveau du chef. J fixa le jeune homme attendant que celui-ci lui donne plus d'amples explications. Heero soutint son regard, pesant le pour et le contre, à savoir s'il lui expliquait ou non ce qui l'effrayait et qui quelque part le culpabilisait. Puis, il abandonna finalement et se mit à gribouiller sa réponse.

Duo est arrivé avec deux filles. Vivaient ensemble. La plus jeune a le sida.

J lu la réponse et prit un air grave.

-Je vois. Et tu as peur que Duo soit malade.

Heero détourna le regard, cachant aussi son inquiétude. C'était une des raisons pour laquelle il ne voulait pas lâcher Duo jusqu'à ce qu'il s'explique. Si Duo était malade, Heero voulait être là pour lui, même si le natté ne voulait plus de lui pour le moment, tout comme ce dernier avait été là pour le métis quand ils étaient petits. C'était peut-être une raison profondément égoïste ou non, Heero s'en moquait bien, de ce que les gens (et Duo par extension) pouvaient bien penser. Mais quand même, tout au fond de lui, Heero culpabilisait. Il s'en voulait de se servir d'une possible maladie que Duo aurait contracté pour mener sa réconciliation à bien. Mais surtout, il s'en voulait de ne rien ressentir pour ces deux gamines. Il était triste bien sûr, surtout qu'il avait commencé à les connaître durant cette semaine et à les apprécier. Oui, il était triste. Qui ne le serait pas en apprenant qu'une enfant d'environ une dizaine d'année avait contacté une maladie mortelle ? Ce n'était pas de la pitié. Juste une certaine tristesse de savoir que ce monde était injuste parfois. Malgré tout, il savait qu'il serait bien plus dévasté s'il s'agissait de Duo.

J soupira.

-Comme dirait O, c'est injuste. Mais je suppose qu'on ne peut rien y faire. On aura beau vouloir faire avancer le monde pour un avenir meilleur, il restera toujours des abrutis pour le détruire. Comme on le dit souvent : sans le malheur, le bonheur n'existerait pas. Ce sont les moments difficiles que nous traversons qui donnent plus de valeur aux bonnes choses que nous avons. Après tout ne dit-on pas que l'on sait ce qu'on a lorsqu'on le perd…

Heero baissa la tête et laissa J partir dans son discours philosophique qu'il lui avait sortit une bonne centaine de fois. Au bout de cinq bonnes minutes, Heero releva la tête et s'aperçut que J le fixait, un air pensif collé sur le visage.

-Heero, commença-t-il. Je sais que ton amitié avec Duo a toujours été importante pour toi. Et pour lui aussi à l'époque, j'en suis persuadé. Mais il y a deux petites choses que tu dois comprendre avant.

J se pencha en avant pour appuyer ses futurs propos.

-D'une part, ton amitié avec Duo est révolue. Elle n'existe plus et n'existera plus jamais.

Heero fronça les sourcils.

-Vous avez tous les deux grandis et changé. Ça n'exclut pas que vous pouvez construire une nouvelle amitié. Mais celle que vous aviez et qu'apparemment tu idéalises ne pourra jamais revenir. Tu me suis ?

Heero hocha la tête. J avait raison quelque part même si ça l'énervait un peu. Parce qu'il aurait vraiment aimé que les choses soient simples pour une fois !

-Secondo, je te conseillerai de le laisser tranquille pendant quelque temps. Tu viens de me dire qu'il ne te considérait plus comme un ami et qu'il aurait peut-être contracté une maladie. Je crois qu'il a vraiment d'autres problèmes en tête et qu'il n'aura pas vraiment envie d'avoir affaire à toi.

J esquissa un sourire amusé.

-Surtout que je te connais. Tu lâches pas facilement l'affaire et tu peux être vraiment énervant quand tu veux quelque chose.

Heero prit une expression ennuyée. Il n'était PAS toujours aussi chiant quoi ! Il exagérait. Un peu quand même…

-Donne-lui du temps Heero ! Puis tu pourras l'approcher pour lui parler.

Heero acquiesça puis se pencha sur son ardoise.

Problème : Duo aveugle.

J lu le message et fronça les sourcils.

-Au sens propre ou au sens figuré ?

Heero griffonna : les deux.

-Je vois…

Il se frotta les tempes. Puis releva la tête avec un sourire ironique.

-Et bien… Bonne chance Heero !

A suivre…


Voilà, fini! J'attends vraiment vos impressions. Après une coupure aussi longue (oui, je sais, c'est ma faute), j'aurais vraiment besoin d'encouragement. Je ne sais pas quand l'autre chapitre arrivera, mais j'essaierais quand même d'être plus rapide. Vous me direz, c'est pas dur! (soupir)

Zib!


(1)Attention ! Quand je parle d'égocentrisme, c'est au sens psychologique du terme. Disons qu'entre 3 et 7 ans (ça dépend de certains psychologues, ils sont jamais d'accord sur rien de toute façon…) l'enfant est incapable de prendre en compte un autre point de vue que le sien. Il n'y a que lui et le monde tourne autour de lui. Mais ça s'atténue avec le temps pour presque disparaître (ça dépend des gens, y en a j'ai l'impression qu'ils sont bloqués à ce stade !). Voilà brièvement ce qu'il en est. Mais c'est toujours pareil, c'est plus compliqué qu'il n'y paraît et quand on a au moins trois versions à peu près différente de cette période, c'est pas facile… Entre Piaget, Wallon et Vygotski… Bref !

(2)Me demandez pas le titre du livre, j'en ai AUCUNE idée. Ça fait des lustres que je l'ai lu et je me souviens plus du titre. Je suis même plus sûre s'il ne traitait que cet aspect là du nucléaire… Si ça se trouve, il y avait d'autres chapitres mais ils ont du tellement me passionner que j'ai tout oublié ! LOL !

(3)Version assez réduite de ce qui se passe en réalité. Mais quand j'étais gamine, j'adorais regarder EM6 et une fois par an, ils en parlaient de ces fameux concours et c'est l'idée générale qu'il me reste de ces concours…