Merci à toutes d'avoir lu cette fic' jusqu'au bout et surtout d'avoir patienté UN AN (yep, postage du premier chapitre en septembre 2005 …) pour en connaître la fin ! Biz à toutes !

Note : Caveat lector ! Soyez attentives, parce que je fais de fréquents va-et-vient entre les deux univers.

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35 – Atlantis, Infirmerie, AU

Enfin. Après tout ce temps, John allait enfin prendre possession de ce qui lui appartenait de plein droit. Il se tenait juste au dessus de Rodney, ses mains déchirant les vêtements qui le séparaient de son objectif final.

Tuer Beckett l'avait mis, disons, en condition. Il sentait l'adrénaline se diffuser dans ses veines, lui apportant ce qu'il fallait d'euphorie pour rendre ce qui allait suivre encore plus satisfaisant.

Rodney le fixait, yeux écarquillés et bouche ouverte. Hum, une invitation ? Pourquoi pas. John se baissa et prit possession des lèvres qui s'offraient à lui. Il n'y eut aucune réaction de la part de Rodney, aucune résistance. Dommage, il n'aurait pas été contre un peu de sport, mais bon … John continua à goûter et à explorer.

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Rodney aurait aimé pouvoir pleurer, vraiment, mais cette fois il ne restait vraiment plus suffisamment d'eau dans son organisme pour ça et comme il avait une fois encore perdu ses perfusions, Carson ne … non. Carson ne ferait rien. Carson et son accent à couper au couteau, Carson et son petit sourire timide, Carson … Carson était mort.

Bien sûr, son cerveau essayait de dire à Rodney que ce n'était pas son Carson, que son médecin vaudou préféré était certainement sain et sauf sur son Atlantis mais rien n'y faisait, Rodney ne voyait que la tâche brune près du lit, il ne se rappelait que de la voix de Carson, ferme, pleine de courage, demandant à Sheppard de le lâcher. Et maintenant, Carson était mort.

Et tout ça pour quoi ? Pour rien, parce que Sheppard allait faire ce qu'il voulait depuis le début et ce, sans risquer la colère de Weir qui serait plus que ravie d'avoir trouvé un autre moyen de mater Rodney. Carson était mort pour rien … Rien ne pourrait sauver Rodney maintenant.

Il fixait l'homme qui avait terminé de déchirer ses vêtements et s'acharnait maintenant sur son corps, mordant, pinçant, prenant ce qu'il y avait à prendre … non, il ne pouvait rien faire.

Lui le grand Génie de deux galaxies réunies avait perdu la partie. Il ferma les yeux et pensa à John, Adieu John, désolé de te laisser seu- …

Rodney ! Bats toi !

Hu ? Rodney cligna des yeux. Il avait entendu … John ? Non, John n'était pas là, il était en sécurité, ailleurs, pas ici, il ne serait pas le témoin de ce qui arrivait à Rodney, il ne verrait pas …

NON ! Je ne verrais rien de tout ça, parce que rien ne va arriver, tu m'entends ! Bats toi Rodney ! Bats toi, pour Carson, pour moi … pour nous …

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Atlantis, Infirmerie, Notre réalité

« …-urgie s'est bien passée, il a perdu pas mal de sang mais rien de … Ah, Major, vous nous rejoignez enfin. »

John ouvrit les yeux. Deux visages inquiets étaient penchés sur lui. Weir et Beckett. Huhu, les bons ?

Le visage d'Elisabeth arborait un sourire soulagé.

« John ! Vous pouvez dire que vous nous avez fait une jolie frousse. »

Oui, oui, oui, il avait eu un peu peur lui aussi, merci.

« Ne vous en faites pas Major » ajouta Beckett, « vous serez sur pied en un rien de temps. » Le médecin lui tapota gentiment l'épaule. Sourire d'Elisabeth, tapotage Carsonien, Yep, il était chez lui. John relâcha un soupir de soulagement … enfin, ils étaient rentrés et … OHNON !

« Rodney ! »

Carson qui avait senti le Major se raidir avait prévu et coup et l'empêcha de se propulser hors de son lit.

« Calmez vous Major. Nous avons trouvé une solution pour que … pour que les choses s'arrangent sur Atlantis, enfin, l'autre Atlantis. Rodney, euh, l'autre, celui qui est ici, va repartir chez lui, sur Atlantis, et nous allons j'en suis sûr, récupérer notre Rodney. »

John aurait voulu y croire, vraiment, mais il avait été là-bas, il savait ce que son double voulait, il savait aussi que Weir ne ferait pas grand-chose pour l'arrêter, tant que cela n'empêchait pas Rodney de fournir ses lumières sur la technologie Ancienne. Tant qu'il ne l'abîmait pas trop … OHMONDIEU … Il fallait qu'il y retourne MAINTENANT !

Il essaya de se lever mais une fois encore Carson l'en empêcha.

« Beckett … »

John avait presque grogné le nom.

« Major, vous ne bougerez pas de ce lit tant que je ne l'aurais pas décidé ! Si vous tentez de faire un nouveau … voyage, je ne suis pas sûr que vous arriverez en vie de l'autre côté et je ne vois pas en quoi un Sheppard décédé pourrait être très utile à Rodney. Vous voulez l'aider ? Soit, alors faites en sorte d'aller mieux pour pouvoir … » Carson marqua un arrêt avant de reprendre d'une vois un peu plus douce « … être là pour lui lorsqu'il reviendra. Il aura besoin de vous. »

John se laissa tomber sur le lit, les yeux fixés sur le plafond.

Carson avait raison, il n'y avait rien qu'il puisse faire pour Rodney, rien … John sentit une piqûre sur son avant bras et leva les yeux vers le médecin.

« C'est juste un léger sédatif. Vous avez besoin de vous reposer, ne vous … »

John n'entendit pas la fin de la phrase de Carson …

il rêvait.

Les murs étaient couverts de tapisseries aux allures médiévales et aux couleurs chatoyantes représentants des scènes … des scènes … John s'approcha du mur. Il écarquilla les yeux lorsqu'il découvrit que ce qu'il avait pris pour les animaux mythiques terriens, licornes et autres dragons, étaient en fait des wraith. Des wraith et des Anciens. Des scènes de leur vie quotidienne, des scènes de bataille, des scènes de mort … Une histoire racontée sur dix mille ans, une histoire racontée sur dix mille murs … Ceux d'Atlantis.

John marcha un moment, arpentant les couloirs déserts, le vent faisant flotter les tapisseries, jusqu'à ce qu'il arrive devant une porte, elle s'ouvrit devant lui.

John entendit des coups de feu, des voix, deux hommes qui se disputaient, puis un autre coup de feu et le silence. Il frissonna et continua d'avancer.

La scène était étrange, comme si elle passait devant ses yeux au ralenti, les images sautaient, se suivant sans logique, certaines repassant en boucle.

John vit Carson tomber … une, deux, cinq fois.

John vit son double déchirer les vêtements de Rodney … encore, et encore.

Et John ne pouvait rien faire, il n'était qu'un observateur. Il avait essayé de frapper l'homme penché sur Rodney mais sa main était juste passée au travers, il avait essayé de toucher Rodney mais la même chose s'était produite, alors il avait tenter de l'effleurer, laissant sa paume à quelques centimètres de son visage, espérant sentir quelque chose, n'importe quoi, son souffle, sa chaleur. Rien … il était impuissant.

Et maintenant John était assis par terre, près du lit, des larmes de rage coulait sur ses joues, il ne pouvait rien faire, rien, rien, …

Johnnnnn …

John releva la tête … qu'est-ce que … ?

Si désoléééé, …

Rodney ! C'était Rodney. John se leva d'un bond et se pencha sur Rodney qui restait immobile pendant que son double ravageait son corps, et probablement aussi son âme (40).

« Rodney … »

Sa voix avait un ton étrange, comme si elle résonnait non pas dans la pièce mais dans sa propre tête.

« Rodney ! Bats toi ! »

Et le visage de Rodney changea. La grimace de terreur fut remplaceé par de la surprise, puis du désespoir.

Tout ce passait comme si John pouvait entendre Rodney. Il l'entendait lui dire adieu, soulagé que l'homme qu'il aime ne sache pas ce qui s'était passé.

Et John hurla.

« NON ! Je ne verrais rien de tout ça, parce que rien ne va arriver, tu m'entends ! Bats toi Rodney ! Bats toi, pour Carson, pour moi … pour nous … »

Ses paroles rebondissaient à l'intérieur de sa tête comme une balle dans une partie de squash, utilisant son pauvre cerveau comme salle de jeu. John savait qu'il ne pourrait pas tenir très longtemps, mais il fallait qu'il y arrive, ou sinon il perdrait Rodney pour de bon.

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Atlantis, Infirmerie, AU

Se battre … John voulait que Rodney se batte … non c'était ridicule, John n'était pas là …

Si, je suis là, je suis avec toi, à tes côtés, Rodney, je t'en prie, il faut que tu te …

Battes ?

Oui, c'est ça, tu dois réagir ! Mon dieu Rodney, je ne veux pas te perdre …

Se battre … John voulait qu'il se batte, John … son John.

Rodney tâtonna autour de lui espérant trouver quelque chose, n'importe quoi qu'il puisse utiliser comme une arme quand sa main toucha quelque chose … Et Rodney sourit. Il avait trouvé son arme. Sa main se referma sur l'objet. Rodney eut une pensée pour celui qui allait lui permettre de se défendre.

Merci Carson …

… et il passa à l'attaque.

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Atlantis, Infirmerie, Notre réalité

Clélia était épuisée. Plus nerveusement que physiquement en fait … les évènements des dernières heures l'avaient franchement ébranlée : trouver ce soldat égorgé, puis cet ingénieur, mort, le crâné défoncé et enfin, l'arrivée fracassante du major Sheppard, en sang !

Le problème c'était qu'ils tournaient avec un effectif réduit. Après tout, lorsqu'ils étaient venus ici, ils ne pensaient pas avoir besoin d'un support médical constant, juste une petite infirmerie, mais leur infirmerie prenait de plus en plus la forme d'un hôpital de campagne. Ils n'étaient que huit infirmiers. Et d'ailleurs, à bien y penser, il y avait plus de « docteurs » sur Atlantis que d'infirmiers. Nombreux étaient ceux qui étaient issus du monde médical, mais la plupart étaient chercheurs comme le docteur Beckett, pas des « médecins de terrain ».

Clélia se leva, se servit une tasse de café bien chaud et allait se rasseoir lorsque le bipbip du moniteur cardiaque auquel était relié le Major Sheppard s'emballa.

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Carson essayait de travailler sur le rapport qu'Elisabeth lui avait demandé de rédiger à propos de ce qui c'était passé avec le Major Sheppard bis, lorsque la porte de son bureau s'ouvrit, laissant entrer une Clélia manifestement inquiète.

« Docteur ! Venez vite c'est le Major Sheppard … »

Carson se précipita derrière elle. Le docteur Téli se trouvait déjà près de Sheppard.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Carson.

« Il est tachycarde. Pouls à 120 … » (41)

Un bip sonore résonna soudain dans la pièce.

« Merde ! On est en train de le perdre ! »

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John était épuisé, après avoir parlé à Rodney – encore que John soit persuadé qu'ils n'avaient tous les deux prononcé aucune parole – il s'était tout simplement laissé retomber près du lit pour attendre.

Attendre que Rodney tienne sa promesse.

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Atlantis, Infirmerie, AU

John regardait le corps devant lui, un corps qui portait ses marques. Il caressa la morsure qu'il avait laissée juste à la base du cou, sa main descendit sur le torse et caressa la longue estafilade qu'il venait de créer avec ses ongles, juste près de l'un des mamelons … ses marques, sa propriété. John gloussa. Il avait toujours aimé les images de cowboys marquant le bétail mais il n'aurait jamais imaginé pouvoir en faire autant lui aussi.

Ok, il avait assez joué, il était temps de passer aux choses sérieuses et pour ça, il fallait qu'ils changent de position.

John saisit Rodney par les épaules pour le retourner sur le ventre lorsqu'il ressentit une violente brûlure au thorax. Il poussa un cri et lâcha Rodney. John baissa les yeux vers sa poitrine.

Un petit tube transparent dépassait de son corps.

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La main de Rodney était toujours fermement ancrée sur le cathéter. Il ne laissa pas le temps à Sheppard de comprendre ce qui lui était arrivé, il retira d'un mouvement brusque l'aiguille de la perfusion et commença à le frapper, un peu à l'aveuglette.

Malheureusement pour lui, la douleur ne fit qu'amplifier la rage de Sheppard.

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Poignardé … cette petite salope l'avait poignardé avec l'aiguille de sa perfusion ! Et ça faisait un mal de chien. La douleur ne s'arrangea pas lorsque Rodney arracha l'aiguille et se mit en devoir de le frapper avec.

John vit rouge, il attrapa le poignet de Rodney et le retourna, le cri qui s'échappa de la gorge de ce dernier résonna comme une douce musique à ses oreilles … Oh oui, il allait le faire crier, hurler même …

John retourna violemment Rodney sur le ventre, les cris de Rodney redoublèrent, et soudain, John sentit une autre douleur, plus intense encore. Non c'était impossible … Il porta la main à son estomac.

Elle était rouge de sang.

Il resta un moment à la fixer, incapable de comprendre ce qui venait de se passer. Il s'effondra sur le sol, essayant de reprendre le contrôle de sa respiration, le contrôle de son corps mais la douleur était trop forte. Une paire de Dockers entra dans son champ de vision ...

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Atlantis, Infirmerie, Notre réalité

John était fier de Rodney. Malgré tout ce qu'il avait subi, il avait trouvé la force et le courage de frapper Sheppard, et surtout, il avait fait preuve de cette incroyable ingéniosité qui le caractérisait. Utiliser la perfusion comme une arme avait été un coup de génie. Malheureusement, malgré quelques coups bien portés, Rodney avait été trop faible pour mettre son assaillant hors d'état de nuire et il semblerait en fin de compte, que ses prédictions allaient se réaliser : à moins d'un miracle, John allait bel et bien être le témoin du viol de l'homme qu'il aimait.

Sauf que le miracle se produisit.

John vit soudain Sheppard s'arquebouter et porter la main à son estomac puis glisser vers le sol. John connaissait ce genre de blessure, il en avait déjà vu de semblable : une balle lui avait traversé le corps de part en part. Mais qui ? Comment ?

John tourna les yeux vers la porte. Un homme se tenait là, un 9mn à la main.

Sumner.

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Marshall Sumner ne quittait pas Sheppard des yeux. Il le fixait, heureux de voir la vie s'échapper peu à peu, le visage devenant plus blanc, presque crayeux. Du sang apparut sur les lèvres du Major, suivi de petites bulles d'oxygène lorsque ce dernier essaya de parler. Sheppard tenta de se redresser, ses gestes lents et sans coordination. Les gestes d'un mourrant. Marshall le fixa jusqu'à ce qu'il le voit s'effondrer complètement, sa tête heurta le sol de l'infirmerie avec un bruit mat.

Marshall se désintéressa de Sheppard et s'agenouilla près du corps qui se trouvait près du mur. Carson. Mort. Le Colonel soupira et ferma les yeux du médecin, puis il se leva et se dirigea vers le lit.

McKay était allongé là, nu, ses vêtements en lambeaux tout autour de lui. Marshall vérifia son pouls. Il était en vie. Il le retourna doucement et laissa échapper un juron en voyant l'étendue des dégâts.

McKay était couvert de marques, griffures, morsures, ecchymoses, formant un étrange canevas entrelacé de filets de sang. Marshall soupira et actionna son communicateur.

Il était temps que toute cette folie cesse pour de bon.

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Atlantis, Infirmerie, Notre réalité

John revint à lui dans un vacarme épouvantable. Des cris fusaient autour de lui, ou plutôt des instructions, aucune vraiment compréhensibles. Il écouta un moment et finit par comprendre pourquoi ce qui se disait autour de lui ressemblait à une langue étrangère. Il s'agissait de vocabulaire médical.

Huuuuu, en fait, tout ce qu'il aurait aimé pour le moment c'était une bonne dose d'aspirine parce que sa pauvre tête lui faisait un mal de chien. Il essaya de bouger ladite tête et émit un petit gémissement de douleur. Ok, ce n'était pas une super bonne idée et …

« CARSON ! Il est conscient … »

Conscient … ouais, ça, ça restait à voir.

« Major ? Major, est-ce que vous pouvez ouvrir les yeux ? »

S'il gardait les yeux fermés, est-ce qu'il le laisserait dormir ?

« Major ? »

Apparemment, non.

John ouvrit donc les yeux mais lorsqu'il essaya de parler, les choses se compliquèrent un peu.

« Du calme Major, nous avons du vous intuber. Vous allez prendre une large inspiration et à trois vous expirerez, ok. 1-2 et 3 ! »

John expira et se mit à tousser ce qui n'arrangea pas son mal de crâne.

Carson vint s'installer près de lui.

« Vous nous avez fait une sacrée peur mais tout va bien aller maintenant, ne vous en faites pas. »

Non, tout n'allait pas bien aller, rien n'irait plus jamais parce que Rodney … John ferma les yeux. Il fut pris de nausées en pensant à ce qui allait, non, à ce qui était arrivé à Rodney.

Carson lui parlait, lui expliquant ce qui c'était passé mais John ne l'écoutait pas, son esprit tourné vers ce qu'il avait perdu, vers Rodney …

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Atlantis, Bureau d'Elisabeth Weir, Notre réalité

Elisabeth soupira. Un soupir de soulagement. Enfin, presque parce que tout n'était pas tout à fait rentré dans l'ordre.

Carson avait réussi à sauver Sheppard, tout d'abord en réparant les dégâts suite à une blessure par balle à l'estomac, ensuite en le ramenant tout bonnement d'entre les morts, John ayant eu un arrêt cardiaque. Selon Carson, les effets cumulés du passage entre les deux univers, couplés avec l'état physique qu Major – Elisabeth feuilleta le rapport médical, celui-ci faisait état de plusieurs côtes fracturées et de nombreux hématomes un peu partout sur le corps, en plus, évidemment de la blessure à l'estomac – avaient du fatiguer son organisme au point que celui-ci avait en quelque sorte lâché. Comme un élastique sur lequel on aurait un peu trop tiré, avait précisé Carson lors de son débriefing.

Pour le moment, John était à l'infirmerie dormant du sommeil du juste. Il restait donc à régler le problème de Rodney. Selon Carson, ce dernier était toujours en état de choc mais à part cela, il allait bien.

Elisabeth sourit. Oui, Rodney allait bien surtout depuis qu'il passait son temps avec Teyla. Enfin … ce Rodney allait bien, pour ce qui était du leur, c'était la grande inconnue.

Le docteur Zelenka avait travaillé sur le miroir quantique mais n'était pas parvenu à grand-chose.

Elisabeth soupira … non décidément, elle ne se sentait pas si soulagée que cela.

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John ouvrit un œil. Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui. Personne à gauche, personne à droite. Parfait. Il pouvait mettre son plan à exécution.

Il se leva et se dirigea vers le bureau de Carson. Il savait que ce dernier était parti se reposer dans ses quartiers et ne serait pas de retour avant un bon moment, largement le temps qu'il lui fallait pour mener à bien son plan d'évasion.

John ouvrit quelque tiroirs et finit par trouver ce qu'il cherchait : des vêtements de rechange.

Sortir de l'infirmerie ne posa pas de problème particulier ce qui le gênait d'ailleurs un peu : ces gens n'avaient ils aucun sens du danger ? Son double aurait pu à tout moment revenir sur Atlantis et qu'auraient-ils faits ?

Il en toucherait deux mots à Carson en temps voulu, parce que pour le moment, ce qui importait c'était Rodney.

John entra dans le laboratoire de recherche. Il savait, grâce à Carson, que le docteur Zelenka travaillait sur ce foutu miroir quantique et il avait besoin de la télécommande.

Et en effet, Zelenka était là, penché sur son ordinateur, le miroir pas loin de la table et sur la table, la fameuse télécommande.

John se glissa derrière Zelenka et mit son bras autour du cou du Tchèque. Il serra, juste un peu, de manière à ce que ce dernier perde connaissance. Il ne fallut pas longtemps. John vit les yeux, d'abord écarquillés, de surprise puis de terreur, se fermer.

John prit la télécommande et quitta le laboratoire. Prochaine destination : la cellule de l'aile Est.

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John entra dans la pièce où se trouvait la cellule. Il n'avait rencontré personne en chemin. Il allait vraiment devoir avoir une petite discussion sur la « Sécurité » avec Bates et Elisabeth.

John entra dans la cellule. Son plan était simple. Il retournait là-bas, récupérait Rodney et revenait avec lui. En attendant, son double restait enfermé ici. Un plan parfait …

John ferma les yeux et appuya sur la télécommande.

Il rouvrit les yeux. Il était toujours là … Il regarda la télécommande et refit le geste qui l'avait transporté la première fois. Toujours rien. Que se passait-il ? Se pourrait-il que Zelenka ait abîmé le mécanisme

John essaya encore et encore, jusqu'à ce qu'il se rende à l'évidence.

L'objet ne fonctionnait plus.

Cette fois, il avait vraiment perdu Rodney.

Il se laissa tomber sur le sol de la cellule, fixant la télécommande toujours dans ses mains. C'est dans cette position que les Marines le retrouvèrent quelques heures plus tard.

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Quelques jours plus tard …

Atlantis, Salle de la Porte des Etoiles, AU

Rodney fixait la Porte.

La cérémonie avait été émouvante. C'était le premier enterrement officiel avec garde d'honneur auquel il assistait. Non, pas un enterrement. Carson n'avait pas été enterré. On l'avait juste confié aux étoiles. Oui, c'était ça, il avait été confié aux étoiles. Une partie du cerveau de Rodney, la partie « génie-incontesté-de-deux-galaxies », trouva l'idée du plus haut ridicule, le corps de Carson avait juste été démolécularisé, mais l'autre partie, celle qui pleurait juste un ami, trouva l'idée merveilleuse … ainsi, il pourrait penser à lui à chaque fois qu'il passerait la Porte. Penser à celui qui était mort en voulant lui sauver la vie.

« Docteur. »

Rodney se retourna. Le Colonel Sumner se tenait là, un drapeau à la main. Un drapeau bleu. Rodney sourit. Un drapeau écossais. Il se rappelait de la réaction de Carson lorsque l'intendance lui avait présenté son uniforme avec un patch aux couleurs de la Grande-Bretagne. Il avait regardé le patch un moment et avait annoncé qu'il devait y avoir une petite erreur puisqu'il était écossais. Le pauvre intendant avait du s'arracher les cheveux … ces malheureux américains ne distinguait pas un allemand d'un italien, alors un anglais d'un écossais ! Il avait cherché ce pays pendant des jours sur Internet avant d'oser venir voir Carson … il avait eu le sens de l'humour puisqu'il n'en n'avait pas voulu à Carson, au contraire, ce dernier avait eu la joie de découvrir un superbe patch aux couleurs de l'Ecosse sur son uniforme !

Rodney tendit la main et prit le drapeau.

« Merci. »

Sumner lui offrit un petit salut tout militaire en réponse.

« Je crois que Rodney aimera l'avoir. »

« Oui. »

Sumner fixait la Porte puis il trouva finalement le courage de parler.

« Je ne suis pas sûr que sans Carson, ou vous, j'aurais eu le courage d'agir. Je … » il émit un petit rire triste. « Je suis comme qui dirait programmé pour obéir et Weir était le responsable de cette expédition. »

Rodney hocha la tête. Il ignorait si leur Sumner, disparu prématurément, aurait agi de la sorte quoiqu'il en soit, il lui était plus que reconnaissant de ce revirement de conscience … il lui devait la vie.

Lorsque Rodney s'était réveillé à l'infirmerie, Sumner lui avait appris qu'il y avait eu quelques petits changements sur Atlantis. Rodney aurait quant à lui plus volontiers parlé d'insurrection. Sumner avait démis Weir de ses fonctions et pris le contrôle de la base. Il parlait de nommer le docteur Zelenka responsable de l'expédition. Pauvre Zelenka qui paraissait avoir peur de son ombre, leader d'Atlantis !

« Vous êtes prêt ? »

Est-ce qu'il était prêt ? Rodney sourit. Il serra la télécommande dans sa main.

Oh que oui, il était prêt.

Prêt à retrouver Atlantis.

A retrouver John.

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Atlantis, Salle de la Porte des Etoiles, Notre réalité

Rodney fixait la Porte.

Il venait ici tous les jours. Sur Atlantis, il n'avait pas accès à cette salle, Weir avait peur qu'il essaye de s'échapper. Il soupira. Pourquoi fallait-il qu'il pense à elle, qu'il pense à tout ça, il serait bien temps lorsqu'il … il déglutit péniblement, sentant une boule se former au creux de son estomac.

Il n'avait pas envie de partir mais il n'avait pas non plus le choix, cette Cité n'était pas la sienne. Il était un imposteur, un voleur de vie. Il était responsable de ce qui était arrivé à son double. Le Major n'avait rien dit mais chaque fois que son regard se posait sur Rodney, ce dernier pouvait voir qu'il savait ce qui était arrivé. Et puis Rodney connaissait Sheppard, son Sheppard, il savait sa folie, et son obsession. Lui.

Rodney soupira. Ici, il avait retrouvé un peu de joie de vivre, un nouveau souffle. Tout quitter pour retrouver la noirceur, la souffrance … Bien sûr, il allait aider à changer les choses, grâce à la thérapie génique, mais il ne pouvait s'empêcher d'espérer.

« Rodney ? »

Il se tourna et sourit. Teyla se tenait là. Resplendissante, magnifique. Vivante.

« Teyla … »

L'athosienne s'approcha de lui et ils regardèrent un moment la Porte en silence.

« La Cité des Ancêtres … mon peuple en parle avec vénération, entre légende et réalité. Un mythe. Je n'aurais jamais cru pouvoir m'y rendre un jour. »

« Je comprends. Pour moi aussi … je veux dire, c'était comme un rêve devenu réalité … Jusqu'à ce qu'il tourne au cauchemar. »

Teyla hocha la tête.

« Athos a été détruite … je ne pense pas que mon peuple retournera là-bas avant de longues années. Lorsque les wraith rencontrent une résistance … » Elle arrêta de parler manifestement émue.

« Oui, oui, je comprends … ils ne laissent pas grand-chose derrière eux. »

« Non, juste … »

« … des cauchemars ? »

Teyla sourit à Rodney.

« Oui. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas continuer à se battre. »

Rodney hocha la tête puis reconcentra son regard sur la Porte.

« Se battre … pour quoi ? Vous avez votre peuple, vos amis, je … » il s'interrompit et ferma les yeux. Il ne voulait pas regarder Teyla, il se sentait si pathétique si … quelque chose toucha sa joue. Il ouvrit les yeux, surpris.

Teyla était tout près de lui, elle caressait son visage, puis elle approcha le sien et elle l'embrassa.

« Vous devez vivre parce que vous pouvez aider les athosiens, les libérer du joug de leur oppresseur. »

Rodney fixait Teyla et il vit dans ses yeux la même flamme, la même ardeur que dans ceux de sa défunte épouse et peut-être même … le même amour.

Il se pencha vers elle et lui rendit son baiser.

Elle avait raison, il devait aider les athosiens, le peuple de la femme qu'il avait aimé, et il devait aider son propre peuple. C'est ce que voudrait Teyla, sa Teyla. Elle serait fière de lui.

Et peut-être que Teyla, cette autre Teyla, leader du peuple Athosien, guerrière accomplie serait fière de lui, elle aussi.

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Teyla n'avait pas franchement réfléchi. Elle avait juste senti la détresse de Rodney et … non. Elle se mentait à elle-même. Elle l'avait embrassé parce qu'elle ressentait quelque chose pour lui. Et ce n'était pas de la pitié.

Elle lui sourit et tendit une fois encore ses lèvres. Soudain, tout s'arrêta et Rodney la repoussa presque brusquement. Teyla ouvrit les yeux, surprise par sa réaction.

« Rodney ? »

Ce dernier clignait des yeux et ouvrait et fermait la bouche mais aucun son n'en sortait. Il fit plusieurs pas en arrière, fixant Teyla comme s'il ne la reconnaissait pas.

« Vous … vous … vous m'avez embrassé ? »

Teyla fronça les sourcils. Que lui arrivait-il ?

Autour d'eux les gardes commençaient aux aussi à trouver le comportement de Rodney un peu étrange.

« Vous m'avez embrassé … sur la bouche ! »

Rodney finit par tomber par terre, sur les fesses. Teyla s'agenouilla devant lui et … Par les Ancêtres ! Elle avait enfin compris ce qui arrivait.

« Docteur McKay ? »

Rodney hocha la tête presque timidement. Teyla lui sourit.

« Bon retour sur Atlantis Docteur. »

oO Epilogue Oo

John regardait l'océan. Il se sentait vidé. Oh bien sûr, il se remettait doucement de ses mésaventures avec la version diabolique du personnel militaire d'Atlantis bis mais surtout il se sentait coupable … coupable d'avoir laissé Rodney là-bas.

Zelenka avait été incapable de dire avec précision pourquoi cette foutue télécommande n'avait pas fonctionné et il l'avait complètement démontée dans l'espoir d'en savoir plus. Elisabeth avait décidé que tant qu'ils n'en sauraient pas davantage, personne ne devrait chercher à actionner le miroir.

Le miroir … c'était étrange, pour John c'était surtout la télécommande qui était importante pas ce foutu miroir pourtant, Zelenka lui avait bien dit que c'était lui qui permettait le passage. John avait alors cru qu'il avait été trop loin de celui-ci pour que la télécommande fonctionne mais Zelenka lui avait dit que la portée du miroir n'était pas en cause, en fait, sa seule présence sur Atlantis suffisait à son fonctionnement. Quant à la « télécommande » c'était juste un activateur ainsi qu'un sélectionneur. Des milliers d'univers disponibles … mais un seul qui intéressait John, celui où il avait laissé Rodney.

John soupira. Il allait s'étendre sur son lit lorsque quelqu'un sonna à la porte. Il détestait cette sonnerie. Une espèce de dong résonnant comme une grande orgue.

John hésita un moment avant de se relever et d'aller ouvrir. Il aurait mieux fait de suivre son instinct parce que devant lui se tenait la dernière personne au monde qu'il voulait voir.

« Docteur McKay ? Euh, je suis désolé mais … »

John se retourna et saisit sa veste qui se trouvait sur la table de travail. Il ne pouvait pas rester dans la même pièce que McKay, c'était au-dessus de ses forces. Chaque fois qu'il entendait cette voix, qu'il croisait ce regard, chaque fois, c'était Rodney qu'il entendait, ses yeux bleus qu'il voyait … Rodney pas McKay.

« … je dois y aller, une urg-… » Il se retourna et se retrouva nez à nez avec McKay. Il allait lui demander ce que nondedieudemerde il pensait qu'il faisait lorsque la plus étrange des choses se produisit.

McKay l'embrassa. Tendrement. John se dégagea.

« Que … ? »

Rodney posa son index sur les lèvres de John puis lui sourit et se lança dans un autre baiser. Celui-ci était différent plus enhardi. Cette fois John ferma les yeux et se laissa faire. Il voulait y croire, il voulait croire que c'était Rodney qui l'embrassait, que c'était lui qu'il tenait dans ses bras … Ses yeux s'ouvrirent brusquement. Il se dégagea une fois encore de l'étreinte de McKay. McKay ou … Non, ça ne pouvait pas être vrai !

Il eut vite sa réponse.

Les yeux bleus qui le fixaient étaient emplis de désir. Le même désir qu'il avait vu dans les yeux de Rodney lorsqu'ils avaient été tous les deux les invités de Carson sur Atlantis bis.

« Rodney ? »

Rodney ne répondit pas. Il se contenta de prendre le visage de John dans ses mains, de l'attirer à lui et de l'embrasser une fois encore.

Et cette fois John répondit au baiser.

Ce dernier dura une éternité … le temps qu'il fallait pour goûter, pour découvrir, pour s'enivrer de l'autre ; une éternité … le temps qu'il fallait pour prendre conscience qu'ils étaient enfin réunis, sains et saufs.

Fin ! (Comme diraient les adoratrices de la FFDH : A MOI LE POT DE NUT' !)

Note 1 : oui, je sais, il manque les vraies papouilles et tout et tout, j'écrirais un petit addendum à mon retour … Biz à toutes !

Note 2 : il reste bien des questions en suspens : pourquoi la télécommande n'a-t-elle pas fonctionnée ? que sont devenus evilweir et evilford ? McKaybis va t-il revoir Teyla ? Et bien, j'ai les réponses, LOL. Yep, la suite est déjà commencée mais ne sera publiée que lorsque je l'aurais finie (ça, c'est la bonne résolution de la rentrée : ne publier que des fics' finies ou aux trois quart finies).

(40) Bah quoi, moi aussi j'aime bien les mouettes … LOL.

(41) Complètement au pif, vieux souvenir de la série Urgence.