C'ETAIT ECRIT

Auteur : Elehyn

Disclaimer : Les lieux, personnages, ainsi que l'histoire de Harry Potter appartiennent à J. K. Rowling. Pas à moi et je ne fais pas de profits en publiant cette histoire.

Warning : Slash de rating M entre Harry Potter et Severus Snape. Langage comprenant parfois des insultes.

Cette fiction ne comprend pas les événements produits dans le tome 6 (et donc 7) comme son écriture avait été commencée avant la sortie de ce tome.

Traduction : Neville Longbottom : Neville Londubat

Le professeur Sprout : Le professeur Chourave


NdA : Coucou ! J'ai bien réfléchi à « C'était écrit » et après avoir rédigé ce chapitre, je peux vous informer maintenant que le prochain sera le dernier. Il se déroulera sur la période de juin à septembre avec passage de l'été au manoir, lemons en perspective. Le chapitre s'appellera « Aveux » et sera long (c'est sa longueur qui me fera décidée si je le coupe finalement en deux ou pas) mais c'est quand même la fin de mon histoire.

Je m'attèlerai donc ensuite à poursuivre mes autres fics une par une en commençant par « Dans l'attente du souvenir » (tout en updatant pourtant en parallèle ma nouvelle fiction, « Le parfum de la vengeance » dont vous avez pu lire récemment le premier chapitre). « Le soupirant de l'ombre » suivra ensuite. En ce qui concerne « Quand des joueurs se mettent à nu », je l'écrirais certainement en parallèle aussi mais plus tard, comme je n'ai jamais pensé que ce serait une histoire très longue.

J'espère que cet avant dernier chapitre vous plaira. Gros bisous à vous.


C'ETAIT ECRIT

Chapitre 19 : Malentendus et jalousie

« Madame Pomfrey, est-ce que c'est normal que j'ai toujours faim ? » lui demanda Harry tandis qu'il acceptait le beignet du goûter que lui tendait son ami Ron qui acquiesçait à sa question de la tête avec ferveur, ses yeux bleus semblant lui dire que son interrogation était incongrue.

« Oui, c'est parfaitement normal, » lui rétorqua l'infirmière tandis que Ron lui lançait un regard qui semblait signifier 'Tu vois !'. Puis, elle expliqua, « Il est vrai qu'après votre réveil, j'ai craint pour vous un manque d'appétit ou une certaine difficulté pour votre organisme à reprendre ses fonctions de digestion mais vous n'avez rien eu de tout cela. Vous êtes encore à un âge où votre corps a besoin d'un apport important en calories et vous devez vous en fournir d'autant plus que vos cellules doivent toujours se régénérer pour récupérer de votre traumatisme. »

« Et quand il n'y a pas eu de traumatisme particulier, Madame Pomfrey ? » demanda Hermione en souriant à la femme tout en lui montrant, d'un signe de tête, Ron qui avait un beignet dans chaque main et un dans la bouche. « Faut-il s'en inquiéter ? »

Harry éclata de rire comme le rouquin lançait un regard noir à sa petite amie.

« Je crois que pour Monsieur Weasley, il n'y a plus rien à faire et que c'est un cas désespéré » lança l'infirmière en souriant à la jeune sorcière d'un air complice.

Ron grogna et les trois personnes qui lui faisaient face s'esclaffèrent de bon cœur.

Harry était heureux de partager un moment aussi agréable avec ses amis et cela le changeait de ses séances de rattrapage de cours et de rééducation.

La veille, Minerva McGonagall était venue lui donner des cours de métamorphose et il avait éprouvé quelques difficultés à accomplir certains sortilèges. La professeure était repartie avec le sourire trois heures après son arrivée, fière des progrès de son élève mais il fallait que Harry continue de pratiquer sérieusement pour réussir totalement à maîtriser les leçons qu'il avait manquées.

Ce soir, Severus devait lui faire rattraper ses propres cours et lui avait déjà demandé de lire une quinzaine de pages de son livre. Le rythme de son rattrapage était effréné et il était heureux qu'il puisse étudier pendant qu'il faisait certains mouvements de sa rééducation.

Le lendemain serait samedi, tous les élèves étaient en vacances à partir de ce soir et lui, Harry, pourrait quitter l'infirmerie dès le lendemain comme il arrivait à présent à se tenir plus longtemps debout entre deux prises de potions énergisantes et tonifiantes. Il pourrait également faire des exercices dans les quartiers de son mari – qui étaient maintenant les leurs – sous la condition de revenir à l'infirmerie pendant plusieurs heures durant toute la durée des vacances.

Les pensées de Harry furent brusquement interrompues par des bruits provenant de la porte de l'infirmerie et semblables à ceux d'une bousculade.

Le trio vit alors entrer avec fracas Gregory Goyle et Vincent Crabbe tenant un vacillant Draco Malfoy ecchymosé et ensanglanté, suivis de Dean Thomas, Seamus Finnegan et Colin Creevey.

« Oh Merlin, que vous est-il arrivé ? » s'écria Madame Pomfrey en se précipitant vers eux. « Vous vous êtes battus ? Mettez-le là ! » ajouta-t-elle aux deux Serpentard encore valides, en pointant le lit le plus proche.

Crabbe et Goyle pouvaient toujours marcher mais ils n'étaient pas non plus très beaux à voir. Tous deux portaient en effet les stigmates de maléfices lancés sur eux. Quant aux Gryffondor, ils arboraient eux aussi un visage sanguinolent et des yeux, menton ou pommettes pourpres et enflés.

« Malfoy joue la comédie ! » lança Seamus en grimaçant tandis qu'il se tenait une épaule semblant être déboîtée.

« Vas parler aux trolls, Finnegan ! » lança le blondinet en continuant de gémir avec ostentation.

« La ferme la fouine ! » répliqua Seamus avec écœurement.

« Surveillez votre vocabulaire tous les deux ! » les rappela fermement à l'ordre l'infirmière en scannant le corps de Draco et celui de Seamus avec sa baguette tout en lançant un regard provocateur à Crabbe et Goyle qui avaient fait mine d'avancer, semblant résolus à reprendre là où ils s'étaient arrêtés. « Je vous le déconseille jeunes hommes ! » menaça-t-elle, implacable.

Serpentard comme Gryffondor se fusillaient du regard sous les gémissements bruyants de Draco qui tourna brusquement ses yeux gris vers Harry pour lui lancer un regard noir comme si l'Elu avait participé au combat qu'il venait d'avoir.

Harry haussait un sourcil dédaigneux à son encontre lorsque la porte s'ouvrit de nouveau, faisant place aux professeurs McGonagall et Snape qui avaient eu vent de la violente altercation qui s'était tenue dans le couloir du deuxième étage juste à la fin des cours.

« Vous devriez tous avoir honte ! » s'exclama la directrice des Gryffondor. « Vous battre dans les couloirs ! Cette attitude n'est pas digne de jeunes hommes de votre âge ! Vous ne savez vraiment pas vous tenir !... »

Le ton de sa voix était dur, outré et déçu. Tous baissèrent la tête sauf Malfoy qui tourna de nouveau son regard haineux vers Harry, gémissant moins fortement que tout à l'heure.

« Maintenant, vous allez me dire ce qu'il s'est passé ! » ajouta-t-elle avant de lever la main d'un geste vif pour faire taire le brouhaha haineux et défensif qui venait de suivre sa question. « Pas tous à la fois ! Thomas ! » indiqua-t-elle en regardant Dean dans les yeux.

« Et pourquoi c'est Thomas qui doit expliquer ! » s'insurgea Draco en oubliant cette fois de gémir. « Il fait partie de votre Maison et il a participé – comme les autres Gryffondor – à nous attaquer ! Et c'est eux qui ont commencé ! »

Le brouhaha revint instantanément à ces mots.

« Sale menteur la fouine ! »

« Sale Gryffondeurk ! »

« Tu vas nous le payer ! »

« Vous allez goûter de mes poings ! »

« C'est vous qui avez commencé ! »

« Silence ! »

L'intervention du maître des potions venait de suite de mettre un terme aux effusions verbales. Pourtant, sa voix n'avait pas augmenté d'une octave à par rapport à son ton doucereux habituel mais tous avait très bien perçu la menace sous-jacente que contenait son ton péremptoire.

« Monsieur Malfoy, je vous serais reconnaissante de ne pas intervenir dans mes décisions et si j'ai demandé à Monsieur Thomas de m'expliquer ce qui s'est passé entre vous tous, c'est parce qu'il semble être le plus calme d'entre vous en ce moment ! Maintenant, Monsieur Thomas, je vous prie de répondre à ma question ! » conclut-elle en se tournant vers Dean.

Ce dernier hocha affirmativement la tête et commença, « Nos deux classes sortions du cours du professeur Flitwick quand Blaise Zabini a fait une remarque déplacée sur certains d'entre nous… »

Harry, Ron et Hermione froncèrent les sourcils en entendant les trois derniers mots de leur camarade dont la voix s'était légèrement modifiée lors de leur prononciation.

« … Nous avons commencé par défendre les intéressés mais Zabini a juste ricané et est parti. C'est là que Malfoy est arrivé avec Crabbe et Goyle et ils nous ont provoqué… »

« C'est faux ! » s'écria Malfoy en se redressant sur son lit. « Tout ça, c'est à cause de Potter ! » ajouta-t-il en lançant un regard dédaigneux vers l'interpelé.

« Quoi ? » s'exclama aussitôt ce dernier, choqué tandis que tous les regards convergeaient vers lui. « Je n'ai rien fait ! Je n'ai pas bougé d'ici ! Tu es complètement fou, Malfoy ! »

« Je peux attester que Monsieur Potter n'est pas sorti de l'infirmerie » affirma Madame Pomfrey qui, par une magie indolore, remettait l'épaule de Seamus à sa place.

Les regards se tournèrent de nouveau vers le Serpentard qui contra, « Quand je dis que c'est à cause de Potter, je veux dire que nous nous sommes battus à cause de lui, à son sujet ! »

Seamus reprit aussitôt, « Ils ont insulté Harry ! Ils ont dit des choses horribles sur son compte ! Des choses que nous ne pouvions pas tolérer ! »

« Vous ne pouvez pas les tolérer parce qu'elles sont vraies, Finnegan ! » cracha Draco, fusillant le Gryffondor blond du regard.

« Balivernes ! » s'exclama immédiatement Colin les poings serrés. « Je revenais du cours de Défense quand je suis passé dans ce couloir à leur hauteur et j'ai tout entendu ! Vous ne profériez que des mensonges ! Harry n'aurait jamais agi comme vous l'en avez accusé ! Vous… ! »

« Tais-toi où je te fais avaler ton appareil photo ! » menaça Crabbe en frottant son poing droit contre sa paume gauche.

« Essaie espèce de brute ! Va donc… »

« Je ne vous répèterai pas une troisième fois de faire silence ! » siffla Snape d'un ton mauvais mais le visage impassible malgré sa patience émoussée. « Ce que je voudrais savoir c'est ce qui a été dit sur Monsieur Potter ! Draco ! »

Celui-ci s'exécuta rapidement, regardant son directeur de Maison dans les yeux, à la fois déterminé et interrogateur, « Blaise a simplement dit que Potter savait comment utiliser sournoisement les gens à sa guise et que notre communauté n'aurait pas dû le nommer le Garçon-Qui-A-Survécu mais le Crétin-Qui-Sait-Manipuler… » Devant l'insulte faite à l'Elu, Draco attendit de voir l'habituelle lueur approbatrice et sarcastique dans ses yeux noirs ou alors un petit sourire mauvais et amusé mais rien ne vint et il poursuivit aussitôt, inquiet et déçu, « … Et Crabbe, Goyle et moi-même n'avons fait qu'acquiescer à cette vérité. Personne ne peut nier que Potter vous a traîtreusement mené dans un traquenard Professeur ! »

Seamus rétorqua instantanément, « Vous voyez ! » en montrant du doigt le Serpentard blond qui fixait toujours son maître des potions avec sérieux.

De l'autre côté de l'infirmerie, Ron avait serré les poings, ses beignets oubliés. Quant à Hermione et Harry, ils avaient ouvert des yeux ronds d'incompréhension.

« Et qu'est-ce qui vous fait dire que Monsieur Potter s'est joué de moi, Monsieur Malfoy ? » demanda très lentement le professeur dont les yeux noirs restaient insondables mais glacials.

Draco sembla hésiter devant cette question et surtout devant le ton employé pour la formuler mais répliqua avec moins de conviction dans sa voix, « Parce qu'il a réussi à contracter un mariage avec vous alors que nous savons tous parfaitement bien ce que vous pensez de lui !... Et pourtant, nous avons tous également vu combien son coma avait semblé vous affecter… »

A ces mots, le maître des potions se raidit mais Malfoy poursuivit avec une vivacité et une rancœur retrouvées, « Nous avons pensé qu'il vous avait soit lancé un sortilège, soit – par un plan sordide – réussi à vous faire avaler un philtre d'amour ! »

Ce fut au tour de Harry de se raidir tandis que Ron et Hermione secouaient négativement la tête, l'un les lèvres serrées et haineux, l'autre la bouche entrouverte et incrédule.

« Parce que nous savons tous que votre attitude n'est pas naturelle ! Il y a forcément une intrigue là-dessous ! »

La voix qui lui répondit fut d'une absolue froideur et le ton était sec.

« Monsieur Malfoy, je suis… flatté… de votre inquiétude à mon égard mais je vous serais gréé à l'avenir de ne plus laisser votre imagination ou les suspicions de vos camarades et de vous-même interférer dans les couloirs de l'école… ou ailleurs au collège au sujet du contrat qui lie Monsieur Potter et ma personne. Je peux tout de même vous rassurer sur le fait qu'aucune magie n'a été pratiquée sur moi et que j'ai donné mon consentement… volontairement… à cette union. A présent que tout malentendu est écarté, je souhaiterais que vous cessiez vos investigations car mon mariage avec Monsieur Potter est de l'ordre privé et ne concerne en aucun cas votre éducation à Poudlard. Vous informerez vos camarades de Serpentard que j'aurais une petite conversation avec eux tout à l'heure, avant qu'ils rejoignent leurs domiciles pour les vacances. »

Au fur et à mesure que ces paroles avaient été distillées, tous avaient pu voir le visage pointu de Draco Malfoy blanchir et se fermer sous le choc. Il observait son directeur de Maison comme si celui-ci avait trahi les Serpentard et l'on pouvait voir que Snape l'avait également très bien perçu.

Cependant, personne n'eut l'occasion d'ajouter quoi que ce soit sur ce sujet comme trois personnes arrivaient dans l'infirmerie. Harry reconnut les docteurs Travis et Cartwright qu'il avait eu en cours le peu de temps où il avait pu suivre les leçons de médicomagie, et qui avaient contribué à sa réanimation et à ses soins après sa mort. La troisième personne qui les accompagnait était une très belle jeune femme d'une petite vingtaine d'années aux cheveux blonds et bouclés.

Avec amusement, Harry nota l'expression de tous les étudiants que Madame Pomfrey finissait de soigner et il se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire devant le désir que reflétaient les yeux gris, marrons foncés ou clairs et bleus dans les visages soudainement empourprés de Malfoy, Colin, Dean, Crabbe, Goyle et Seamus tandis que la jolie blonde passait près d'eux et se dirigeait vers le lit de Harry.

Ce dernier pensa avec ironie qu'il fallait vraiment peu de choses aux adolescents pour passer d'une querelle et un sentiment de trahison, à l'oubli le plus total devant une brusque montée d'hormones.

Cette fois-ci, Harry lança un regard à Ron et vit que le rouquin avait la bouche ouverte et fixait la nouvelle venue avec des yeux écarquillés. Hermione, quant à elle, serrait des dents et fusillaient son petit ami du regard.

Harry grimaça intérieurement en sachant d'ores et déjà que Ron passerait plus tard un sale quart d'heure puis il détailla la jeune femme.

Elle avait un visage d'un ovale parfait aux traits fins et à la bouche pulpeuse. Ses yeux en amande étaient d'un vert presque aussi soutenu que les siens et ses pommettes étaient hautes et saillantes. Elle était véritablement belle et son corps semblait magnifique.

En la contemplant de haut en bas, Harry comprit pourquoi les autres étudiants présents bavaient pratiquement devant elle mais étrangement, lui, la trouvait trop… fade. Il trouvait sa peau trop bronzée alors que ses rêves l'amenaient davantage à imaginer une étendue de peau claire, blanche comme la porcelaine. Ses yeux paraissaient manquer d'une personnalité marquée, plus aiguisée et donc plus piquante. Et il pensait que les cheveux noirs l'auraient plus avantagé. Il se revit enrouler de longues mèches noires autour de ses poignets. Des beaux cheveux fins, noirs et… gras !

Troublé, Harry sentit ses joues se colorer par l'embarras comme il recevait cette révélation comme un choc.

Cette description… c'était celle de son mari.

Harry détailla de nouveau la jeune femme, en essayant de calmer la brusque panique qui affluait dans ses veines.

Pourquoi préférait-il Snape à cette charmante créature ? Pourquoi préférait-il un homme à cette femme ? Il savait qu'il n'était pas gay ou bi pourtant, il avait déjà fait plusieurs introspections au cours des derniers mois pour comprendre son attirance envers Snape. Il en avait conclu qu'il ne ressentait cet attrait que pour lui et non pas avec les autres hommes alors pourquoi ?

Il aurait être attiré par cette femme !

Essayant de ne pas laissé paraître son tumulte intérieur, Harry jeta un bref regard à son mari et avisa que Severus semblait fâché. Il le fixait, les mâchoires serrées et une veine battait frénétiquement sur sa tempe. Ses poings étaient crispés et ses yeux lançaient des éclairs. Pourquoi était-il en colère ? Etait-ce parce que Draco et ses camarades s'étaient immiscés dans sa vie personnelle ?

Harry n'eut pas le temps d'analyser davantage la situation comme Emily Travis prit la parole pour lui dire combien elle était heureuse de le voir enfin réveillé. Son collègue, Irwin Cartwright lui tint à peu près les mêmes propos et ils lui présentèrent enfin la jeune femme qui était entrée avec eux.

« Monsieur Potter, je vous présente Miss Lisa Robinson ! Elle est actuellement en deuxième année de médicomagie et, si ça ne vous dérange pas, elle suivra votre dossier en même temps que nous pour parfaire sa formation. Ce qui vous est arrivé est en effet peu commun et ce serait un bon apprentissage pour elle » conclut le docteur Travis en le questionnant du regard.

Encore confus par ses pensées à propos de Severus, il bégaya légèrement en répondant, « N-Non, ç-ça ne me dérange pas du tout… pas du tout ! »

Un léger bruit de casse se fit entendre mais personne n'y prêta attention hormis Madame Pomfrey, le professeur McGonagall et Hermione tandis que Lisa échangeait un petit sourire avec Harry.

« Je vous remercie infiniment, Monsieur Potter, de me laisser participer à vos soins » dit-elle en le regardant droit dans les yeux avec gentillesse et reconnaissance.

« Severus, laissez-moi regarder votre main… » disait en même temps Madame Pomfrey en voyant couler le sang dans sa paume qui avait trop enserré un flacon vide qui était resté sur une table près de l'endroit où le professeur se tenait.

Celui-ci ne sembla pourtant pas voir que l'infirmière lui avait saisi la main et pointait sa baguette dessus. Il fixait toujours Harry et Lisa avec dégoût, horreur et fureur.

« J-Je vous en prie ! » répondit Harry en sentant son sourire trembler tandis que son esprit se demandait toujours pourquoi il trouvait Snape plus séduisant que l'étudiante en médicomagie.

Irwin Cartwright commença à parler des nouvelles trouvailles qu'ils avaient faites concernant la repousse des membres. Il invita Snape à se joindre à eux pour mieux entendre l'explication et le maître des potions se rapprocha hâtivement du groupe, se plaçant de telle manière qu'il excluait presque Miss Robinson.

Mais Harry n'écouta pas. Il détaillait son mari qui ne le regardait plus et Lisa qui écoutait attentivement la discussion en cours. Il lança un autre coup d'œil aux Gryffondor et Serpentard toujours présents à l'infirmerie malgré le fait qu'aucun d'entre eux ne portait plus de blessures ou d'ecchymoses et il vit qu'ils étaient toujours bouche-bée devant la jeune fille.

Alors pourquoi ne l'était-il pas ? se demandait-il, torturant son esprit avec cette question.

Au bout de cinq minutes d'intense introspection, il soupira intérieurement, soulagé. Il en aurait presque ri.

La jeune femme était certes belle mais elle n'était tout simplement pas son type. En fait, elle était trop parfaite pour lui. Sa figure était tout à fait symétrique, sans défaut… et donc sans ces petites imperfections qui faisaient le charme qu'il aimait trouver dans un visage. Son corps était superbement proportionné et, avant, il n'aurait peut-être pas refusé une aventure avec elle si elle avait flirté avec lui mais à présent qu'il était marié, il ne pensait plus qu'à Severus. L'infidélité, en effet, lui faisait horreur et, concernant les relations physiques, il était plus que satisfait avec son mari.

Et maintenant qu'il y pensait, Fleur Delacour était extrêmement belle et pourtant, contrairement à Ron, il n'avait jamais été attiré par elle alors qu'elle avait du sang de vélane. Il était donc normal qu'il ne soit pas séduit par Lisa Robinson.

Rasséréné, il commença à écouter la conversation.

« … Nous allons pouvoir voir où en est la repousse de la jambe de Monsieur Potter… si celui-ci n'est pas contre le fait que Lisa s'occupe de lui. »

Avec un grand sourire, heureux de ne plus être tourmenté, Harry déclara avec satisfaction, « Pas le moins du monde ! En fait, je serais ravi que Miss Robinson s'en charge si ça peut lui permettre d'accroître ses connaissances. »

'… et si ça peut tenir éloigné Severus de la vision de mon amputation' ajouta-t-il dans sa tête, sentant son nouveau complexe se rappeler à lui.

A ce moment-là, Harry croisa les yeux noirs et brûlants de son conjoint et réprima un sursaut. Severus le regardait comme il le faisait avant. Avant que leur relation ne commence à évoluer favorablement. Comme lorsqu'il le haïssait encore. Que lui prenait-il ? Il n'était tout même pas toujours fâché parce que toute la communauté sorcière était au courant pour leur mariage ? Par Merlin, lui, Harry n'y pouvait rien !

L'Elu soutint le regard féroce de son époux et essaya d'inclure une lueur disant 'Je suis désolé'. Peut-être que cela diminuerait sa colère s'il sentait que son conjoint regrettait également cet étalage public et tout ce que cela impliquait ? Mais Harry réprima un nouveau sursaut devant la réaction flagrante que ses excuses silencieuses avaient provoqué. Severus semblait encore plus rageur et Harry ne comprenait pas.

Pourtant, il savait combien Severus aimait l'ordre, la discipline et la discrétion. Il savait qu'obligatoirement, le maître des potions aurait exécré le fait que les journalistes et maintenant ses élèves s'immiscent dans sa vie privée. Il devait d'ailleurs fulminer de devoir aller trouver les étudiants de sa Maison pour leur expliquer succinctement certaines choses. Mais hormis des excuses et une discussion à ce sujet, Harry ne voyait pas ce qu'il pouvait faire de plus maintenant que la nouvelle avait été apprise par tous. Il se promit toutefois de lui en parler une fois qu'il rejoindrait leurs quartiers à partir de ce soir.

« Monsieur Potter, nous allons passer dans la pièce à côté pour plus de discrétion » informa Emily en invitant Irwin, Lisa et Severus à la suivre.

Harry paniqua alors et s'écria, « Non ! Pas le professeur Snape ! »

Le Survivant aurait préféré affronter la mort une fois de plus plutôt que de voir son époux détailler son moignon avec dégoût.

Harry vit son conjoint se retourner lentement vers lui, le visage impassible mais avec un petit quelque chose au fond de ses yeux noirs qui lui fit mal.

Il tenta de se rattraper, « Je euh… Pourrais-je vous voir un instant en privé, Professeur ? »

Son mari hocha la tête d'un coup sec, les lèvres pincées et précéda son élève qui marcha vers la pièce où les médecins devaient se rendre avec Harry pour analyser le degré de repousse de sa jambe. Severus referma la porte derrière lui, lança un sort d'insonorisation à la pièce et croisa les bras, tremblant de rage.

« Qu'est-ce que tout ça veut dire ? » siffla-t-il d'un ton mauvais et cassant.

« Je suis désolé Severus, » commença Harry en le regardant dans les yeux, l'expression contrite, en décidant de mentir sur certains éléments. « Je ne suis pas encore à l'aise avec mon état. Je me sens affaibli, toujours fatigué, fragile et j'ai un peu de mal à digérer tout ce qui m'est arrivé. Et si on ajoute tous les cours que j'ai à rattraper et qui me stressent, je me sens nerveux et je n'ai pas envie d'avoir tout ce monde qui me regarde. Les docteurs Travis et Cartwright sont venus pour me voir donc je ne peux pas leur refuser la visite mais je souhaiterais qu'il y ait moins de monde… si ça ne te dérange pas… »

Le visage de Severus était moins tendu que tout à l'heure mais il cracha tout de même, « Et pour Miss Robinson ? Elle, elle peut rentrée ! Et ça « ne te dérange pas du tout, du tout, qu'elle se charge de tes soins si ça peut lui permettre d'accroître ses connaissances » n'est-ce pas ? »

Harry reconnut ses propres paroles dans la réplique du maître des potions et il se vexa un peu que son mari se moque de lui et du moment de confusion où il avait légèrement bégayé et s'était répété. En cet instant, il avait l'impression de retrouver le Severus Snape du début de leur mariage, sarcastique et intransigeant, et cela ne lui plaisait pas du tout. Il se sentit commencé à trembler, nerveusement agité par son état persistant de fatigue et par le caractère parfois irascible de son époux.

« Il faut bien qu'elle apprenne ! »

« Oh bien sûr ! Et tu es évidemment tout disposé à l'aider ! »

« Oui ! »

« Mais bien entendu ! Saint Potter au grand cœur est là et vole au secours des jolies femmes en détresse alors qu'il n'est pas fichu de préparer convenablement ses cours ! »

« Qu'est-ce que tu racontes, Severus ! Je n'ai aucun souci en ce qui concerne mes études ! La seule chose sur laquelle je dois me concentrer à présent, c'est le fait de rattraper ce que j'ai manqué quand j'étais dans le coma et mon rattrapage avance très bien ! »

« Si je dois te rappeler ton niveau en potions… »

« Mes potions sont toujours correctes ! »

« Oh oui correctes !… Ce qui veut dire médiocres ! Si tu t'investissais un peu plus dans ton apprentissage au lieu de faire les yeux doux, tu arriverais peut-être… »

« Les yeux doux ? Mais de quoi parles-tu ? »

La panique s'infiltra dans les veines de Harry qui était confus. Faisait-il réellement les yeux doux lorsqu'il regardait son mari ? Il savait qu'il éprouvait de tendres sentiments à son égard mais jamais il n'aurait pensé que son penchant pour lui était aussi évident dans ses yeux et sur son visage.

« Ne fais pas l'innocent ! J'ai tout remarqué !... »

L'Elu rougit violemment. Que devait penser Severus ? Pensait-il que son amant était tombé amoureux de lui ? Harry sentit son estomac s'alourdir.

« … Et ça me dégoûte ! Je souhaite que tu stoppes cela immédiatement ! »

Cette fois-ci, Harry pâlit. Il avait l'impression qu'une chape de glace venait de l'envelopper. Severus ne voulait pas de sa tendresse, de son affection ou de son amour… s'il en avait éprouvé pour lui. Il savait qu'il n'était pas amoureux de son professeur mais le rejet clairement affiché par Severus lui faisait horriblement mal et il dût concentrer toute la force de sa volonté pour faire refluer les larmes qu'il savait n'être plus très loin.

« Je te prierai de sortir ! » dit Harry d'une voix froide mais tremblante.

« Quoi ? » s'exclama Snape, interloqué et horrifié.

« Je te demande de partir ! » répéta l'étudiant en ne le regardant plus, pointant son index sur la porte de la chambre.

Très raide et le regard haineux, le maître des potions tourna les talons et s'enfuit avec colère de la chambre et de l'infirmerie.

Immédiatement après, les deux médecins et l'étudiante entrèrent en ignorant délibérément la mine blafarde et contrariée de Harry et le départ précipité de l'homme rageur qu'ils avaient vu passer devant eux en coup de vent. Ils s'attelèrent alors à dénuder la jambe amputée du patient afin d'analyser son état.

Harry n'écouta que d'une oreille les médicomages dire que la repousse n'allait pas plus vite du fait de son réveil mais qu'apparemment, le délai était normal comme les tests qu'ils avaient faits sur des volontaires montraient une repousse tout aussi lente. Ils pouvaient véritablement estimer maintenant que Harry aurait retrouvé sa jambe entière fin juin – début juillet.

OOOoooOOOoooOOO

Toujours furieux après avoir parlé avec ses Serpentard, Severus entra dans ses quartiers et se précipita vers son armoire dans sa chambre. Il l'ouvrit à la volée et plongea sa main au cœur de ses vêtements, par-delà ses t-shirts et chemises propres, attrapant la petite boîte qui était cachée derrière.

Il ouvrit brusquement l'écrin de velours bleu nuit et sortit l'anneau d'or blanc aux motifs gravés en or jaune qu'il avait acheté pour Harry lorsque celui-ci était dans le coma. Il savait que ce symbole marital lui allait parfaitement comme il l'avait passé plusieurs fois à son annulaire gauche quand il était encore profondément endormi.

Il l'avait acheté sur une impulsion un jour où il s'était senti particulièrement démoralisé et où il avait eu envie de se fondre littéralement en Harry, d'être absorbé par lui pour lui appartenir à jamais et intégrer son monde passif.

Il savait que c'était stupide de l'avoir acheté. Il savait que c'était stupide de l'avoir gardé. Et il savait aussi que c'était stupide d'espérer le voir un jour rutiler au doigt de Harry, volontairement accepté.

Il en était d'autant plus conscient en cette fin d'après-midi devant le rejet de son mari lorsqu'il avait accusé celui-ci de faire les yeux doux à cette pimbêche d'étudiante en médicomagie.

Harry ne s'était même pas donné la peine de nier, se remémora-t-il avec souffrance en serrant très fortement l'anneau dans sa paume. Il lui avait alors brutalement ordonné de partir.

Severus ferma les paupières en tentant de respirer calmement malgré son tourment et sa douleur.

Il n'allait certainement pas laisser cette petite idiote lui voler son époux sans rien faire.

Il était pourtant horriblement conscient de n'être qu'un homme. Un homme physiquement désavantagé, à la langue acérée et de vingt ans l'aîné de son conjoint, lorsqu'elle était une très belle jeune femme, semblant douce et proche de son âge.

Et Harry était hétérosexuel.

Sans la contrainte que lui avaient imposée ce mariage et leurs unions hebdomadaires, l'Elu ne l'aurait jamais regardé. Et lui non plus d'ailleurs.

Il n'aurait jamais pensé s'unir à un sorcier si jeune, et le fils d'une de ses Némésis de surcroît. Mais maintenant qu'il l'avait fait, il était trop tard. En dépit de sa volonté, il était tombé amoureux. Follement et irrémédiablement.

Ce constat ne l'enchantait pas mais toute tentative de lutte était inutile et futile. Il avait déjà mené cette bataille et il l'avait perdu. Il savait aussi que cet amour était à sens unique et qu'il le resterait, mais il n'y pouvait rien. Ses sentiments s'étaient imposés à son cœur comme l'oxygène devait être apporté à ses poumons. C'était un fait. Un constat auquel il s'était résigné.

Il était épris, conquis, séduit par cet être qu'il avait jadis tant haï et il ne savait pas s'il lui était possible de rivaliser avec cette fille qui avait paru charmer tous les étudiants de sexe masculin à l'infirmerie.

Il avait exécré voir son mari aussi troublé par cette Miss Robinson. Tout comme les autres, il avait rougi d'envie, l'avait détaillé des pieds à la tête, lui avait souri d'un air positivement sexy et enjôleur. Et lorsqu'il avait fallu qu'il parle, il s'était mis à bégayer et à se répéter. A ce moment-là, Severus avait eu envie de le gifler, de lui hurler qu'il était à lui tout en traînant l'étudiante par ses beaux cheveux bouclés hors de la pièce, ordonnant à tous de sortir de l'infirmerie et de prendre son mari de sorte qu'il ne doute plus de la loyauté et de la fidélité qu'il devait garder uniquement pour son époux.

Il mourrait de jalousie et de douleur d'avoir été rejeté.

Harry reviendrait ce soir pour habiter avec lui dans ses quartiers. Il faudrait donc qu'il se contrôle comme il avait réussi à se maîtriser un peu plus tôt dans l'infirmerie, pour ne pas blesser Harry qui était encore trop faible. Son sang lui ordonnait pourtant de le soumettre physiquement, de le pénétrer, de se l'attacher, de se fondre en lui, de lui faire oublier les autres, de le faire ne plus penser qu'à lui, de lui faire occulter la moindre envie de partir et de le quitter lorsque l'année effective du mariage serait terminée.

Car il savait que le 2 septembre prochain, lorsqu'une année entière se serait écoulée, Harry irait trouver quelqu'un d'autre. N'importe qui d'autre. Une femme. Peut-être même cette femme. Et il la prendrait. Il la possèderait pour briser le contrat. Leur contrat. Leur mariage. Il serait alors libre de partir. Libre de le quitter, de ne plus le revoir et d'oublier qu'il avait été un jour Monsieur Harry James Potter Snape.

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Lorsque Harry entra dans les appartements qui étaient désormais les siens, Severus à sa suite, il était d'une nervosité à fleur de peau.

Le cours de rattrapage que lui avait donné son conjoint avait été catastrophique.

Le professeur lui avait constamment parlé d'une voix tranchante, l'insultant sur sa manière d'apprendre, de couper certains ingrédients, de touiller les préparations délicates et même de lire. Harry était donc très remonté contre son mari et, plus tard le soir, il se coucha dos à Severus, sans lui parler. Ce n'était pas comme cela qu'il avait prévu son arrivée dans leurs quartiers mais Severus ne lui dit jamais rien, semblant lui aussi se satisfaire de ce silence lourd et tendu.

Les vacances passèrent ainsi : La journée, Harry rattrapait peu à peu ses cours manqués tout en poursuivant sa rééducation, appréhendant le rattrapage des leçons de potions qui étaient toujours une épreuve. Et le soir, ils se couchaient en silence, dos à dos et s'endormaient pour reprendre la même routine au petit matin.

Harry avait une fois où deux tenté de renouer le dialogue. La première fois, il lui avait dit en plaisantant qu'il en était presque arrivé à avoir peur d'attraper des objets au cas où ils auraient été transformés en portoloin. Severus avait grogné pour simple réponse et, plus tard, avait laissé tombé sur son petit bureau un livre devant lui où était signalé, entre autres, un sortilège révélant si un objet avait été ensorcelé ou non. Puis, la deuxième fois, il l'avait félicité sur ses recherches qui faisaient de plus en plus parler de lui et des docteurs Cartwright et Travis. L'homme avait encore grogné sans décoller ses yeux du livre qu'il était en train de lire. Harry n'avait alors pas insisté.

L'attitude de Severus était constamment inchangée. La seule modification que Harry avait pu noter était le tremblement parfois très prononcé de ses mains et même certaine fois de son corps entier lorsque Harry était à proximité. Parfois aussi, l'Elu avait remarqué une infime lueur de désir désespéré dans ses prunelles noires, ce qui l'avait à la fois réchauffé et agacé. Car Harry commençait à se demander si les quelques mois qu'ils continueraient à passer ensemble se passeraient toujours ainsi : Snape et lui ne se parlant pas, le désir se cachant comme des braises sur un bout de charbon mais sans rien d'autre. Sans communication et sans rien de plus. Harry se surprenait de plus en plus souvent à penser qu'il souhaitait autre chose, une chose supplémentaire, mais il ne savait pas laquelle.

Un soir, il tenta une nouvelle approche. Il souhaitait dire au maître des potions qu'il ne leur restait que quatre mois et demi avant la fin de l'année effective du contrat et qu'il aurait bien voulu savoir ce que Severus comptait faire. Suivant sa réponse, Harry lui aurait peut-être avoué qu'il aimerait bien poursuivre leur relation pour voir où cela les mènerait mais il souhaitait aussi lui dire qu'il en avait assez de ce silence et préférais qu'ils échangent des confidences sur leur passé comme ils l'avaient fait si souvent autrefois.

« Severus ! » appela-t-il tandis que l'homme était encore en train de lire dans son fauteuil préféré près de la cheminée dont le feu mourait progressivement.

Snape ne releva pas les yeux mais Harry constata que ses pupilles ne suivaient plus les lignes de l'ouvrage. Il continua donc, « Il ne nous reste que quatre mois et demi avant la fin de notre mariage si… »

Mais Harry ne put aller plus loin comme Severus s'était brusquement levé sans le regarder et se hâtait vers la chambre d'où il claqua la porte avec fracas.

Le Gryffondor sursauta, ébahi. Qu'avait-il encore dit ?

Ne pouvaient-ils plus parler de leur mariage ? Snape était-il si impatient qu'il se finisse qu'il ne souhaitait pas que quelqu'un lui remémore les longs mois encore à venir ?

Brusquement furieux, Harry se leva du canapé et sortit de leurs appartements et des cachots.

Aujourd'hui était la dernière soirée des vacances et Harry savait que les Gryffondor seraient heureux de le revoir. Ils lui avaient promis une fête et le jeune homme comptait bien s'amuser et s'étourdir pour ne plus penser à la froide tension qui régnait entre son époux et lui depuis près de quinze jours. Il laisserait Hedwige l'informer qu'il dormirait dans la tour cette nuit.

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Lorsque Severus détacha le message que lui apportait la chouette de son mari, ses mains tremblaient et ses gestes étaient saccadés malgré lui. Il prit tout de même garde à ce que son involontaire brusquerie ne blesse pas la patte du volatile et il déroula le morceau de parchemin de ses doigts fébriles.

Sa bouche marquée par l'amertume se tordit brusquement, accentuant son rictus mauvais lorsqu'il lut les mots écrits visiblement à la hâte.

Severus,

Ne m'attends pas ce soir. Les Gryffondor ont organisé une petite fête en mon honneur dans notre salle commune. Je dormirai là-bas cette nuit. Bonne soirée,

Harry

Severus froissa vivement le message et le pressa entre sa paume furieuse, crachant avec dédain en répétant ses mots, « Notre salle commune ! »

Il lança la petite boule de papier avec une telle rage que Hedwige s'envola aussitôt, fuyant rapidement le maître des potions qui sifflait avec emportement, « Tu n'as plus de salle commune, Harry ! C'est ici que tu habites à présent ! Ici avec moi ! »

Plaquant ses paumes contre son visage afin de ne pas attraper tout ce qui lui passerait sous la main pour les lancer à travers la pièce, il se força à respirer de plus en plus calmement, endiguant sa colère, disciplinant son esprit.

Au bout de cinq minutes, il marcha doucement vers la cheminée et s'assit très raide sur son fauteuil. Calmement, il attrapa son livre qui trônait sur la petite table à côté de lui, l'ouvrit et en ôta le marque-page qu'il posa délicatement sur cette même table. Ses yeux plongèrent sur les lignes d'écriture, recherchèrent le passage où il s'était arrêté la dernière fois et le trouvèrent. Ils commencèrent à lire puis se fixèrent comme ses pensées revenaient insidieusement vers Harry. Ses mains se remirent à trembler et il ferma un instant les paupières pour respirer à nouveau profondément et faire le vide dans son esprit. Lorsqu'il les rouvrit, il reprit sa lecture.

Au cœur de la brume épaisse de cette froide matinée d'automne,…

Que faisait Harry maintenant ? A cette heure-ci, il était très certainement en train de s'amuser et de rire avec ses amis. Ce sale traître préférait sans doute leur compagnie à celle de son mari avec qui il ne pouvait plus rigoler ces temps-ci, avec qui il ne pouvait plus faire l'amour. Avait-il invité cette Lisa ?

Soudain, Severus se rendit compte qu'il avait une fois de plus cessé de lire et que ses doigts étaient crispés sur la couverture de cuir de l'ouvrage. Il se força donc à relâcher sa prise et respira lentement. Puis, il relut son passage.

Au cœur de la brume épaisse de cette froide matinée d'automne, Davy traversait la rue déserte et sombre lorsque…

Et si elle était là-bas avec lui, flirtaient-ils en ce moment ? En ce moment-même où lui était en train de lire ici dans les cachots ?

Severus émit un grognement guttural et tenta de se calmer en fixant les lignes.

Au cœur de la brume…

Etaient-ils en ce moment-même en train de s'embrasser ?

Avec rage, Severus se leva brusquement et poussa un cri furieux en lançant brutalement son livre qui alla s'écraser contre un mur, faisant éclater la tranche, disséminant quelques feuilles jaunies qui tombèrent lentement sur le sol.

Severus se hâta de ramasser et de réparer le vieux livre avant de se diriger rapidement vers la porte en vue d'aller trouver le petit insolent pour le faire revenir dans leurs appartements et l'enlever des griffes de la garce qui l'avait charmé lorsqu'il se figea brusquement.

Un affreux doute s'insinua dans ses veines.

Et si Harry lui avait menti ? Et s'il n'était pas vraiment allé à une petite fête dans la tour Gryffondor comme il le lui avait écrit ? Peut-être était-il ailleurs avec Lisa ? Peut-être avaient-ils rejoint un endroit plus discret pour… ?

« Non ! » éructa Severus en courant vers leur chambre et en fouillant dans les affaires de son mari.

Il ne lui fut pas difficile de trouver la carte du maraudeur et lorsque les noms lui furent révélés après qu'il eut émit les paroles qu'il fallait, il chercha le nom de son conjoint.

« Harry Potter, Harry Potter… » murmurait-il en cherchant frénétiquement des yeux et de l'index.

Un gémissement de triomphe s'échappa de ses lèvres lorsqu'il trouva le nom et il avisa que Harry se trouvait… dans la salle commune de Gryffondor avec… Ron, Hermione et ses autres camarades. Lisa n'était pas inscrite sur le parchemin.

Son cœur ralentit sa cadence dans sa poitrine et il se releva, se passant une main tremblante sur son visage en sueur. Harry le rendait fou.

Severus se rendait compte de l'exagération de sa réaction mais sa jalousie et ses suspicions étaient plus fortes que lui. Il était parfaitement conscient que cette jalousie trahissait un grand manque de confiance en lui-même mais comment aurait-il pu en être autrement quand il savait de quoi il avait l'air, que son père lui avait constamment rabâché durant son enfance et son adolescence qu'il ne possédait aucun charme physique ou intellectuel et que son mari était hétérosexuel !

Il était fou amoureux d'un homme qui aimait les femmes ! Quoi de plus tragique… et de plus pathétique ! se dit-il, les larmes aux bords des yeux. Si seulement Harry avait pu lui retourner ses sentiments, peut-être que…

D'un coup de baguette désinvolte, il remit de l'ordre dans les affaires de son époux pour qu'il ne remarque pas qu'elles avaient été fouillées puis il posa la carte sur leur lit.

Lentement, il alla préparer ses affaires pour le lendemain, s'occupa de se préparer pour la nuit et se coucha tôt, ayant vérifié la carte au préalable avant d'éteindre les bougies.

Il dormit affreusement mal cette nuit-là et ne connut aucun repos. Il était trop énervé de savoir son mari ailleurs qu'à ses côtés dans ce lit subitement trop grand et trop froid, trop irrité par sa jalousie, trop heurté par le rejet de Harry et ce qui lui semblait être une trahison, trop tourmenté par son départ approchant et par la trop belle Lisa qui incarnait tout ce qu'il n'était pas et qu'il ne serait jamais.

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Début juin, Harry pouvait dire que certaines choses avaient changé :

Susan Bones lui accordait toujours de grands sourires lorsqu'elle le voyait après qu'il l'ait remercié de lui avoir envoyé le cognard qui lui avait sauvé la vie. Ce jour-là, il lui avait fait deux bises sur les joues et lui avait offert un énorme bouquet de fleurs sous les regards fiers et heureux des autres Poufsouffle.

Dobby ne le suivait plus partout où il allait comme il l'avait fait après la fin des vacances de Pâques.

Les rumeurs quant aux motifs de son mariage dans l'école et au sein de la communauté sorcière s'étaient tues après qu'il eût donné une conférence de presse mentant sur les raisons de cette union. A la suite de celle-ci, il avait reçu des sacs entiers de courrier, certains compréhensifs, d'autres lui envoyant des beuglantes. Harry avait alors pu attester que l'acceptation de l'homosexualité dans le monde sorcier n'était pas vraiment très différente de celle qui régissait dans le monde moldu. A présent, il ne recevait plus que quelques lettres de temps à autre, les sorciers n'oubliant tout de même pas qu'il les avait sauvés deux fois de Voldemort et qu'il avait récemment failli perdre la vie.

Il avait repris le quidditch avec Ron et ne craignait plus d'attraper le vif d'or, ou certains autres objets.

Il avait rattrapé tous ses cours.

Sa rééducation était terminée tant qu'il promettait à Madame Pomfrey de passer la voir pour un scanner une fois par semaine et de poursuivre quelques exercices physiques.

Il voyait toujours ses médicomages et son mollet avait entièrement repoussé. Sa cheville était en cours de reconstitution.

Severus avait publié ses recherches en même temps que les docteurs Travis et Cartwright et avait gagné un prix pour celle-ci. En plus de son salaire, il touchait désormais une rente sur les ventes de ses créations et poursuivait l'étude du sujet pour approfondir ses trouvailles en collaboration avec les deux médicomages.

Tonks avait accouché début mai du petit Teddy Lupin et ses parents étaient heureux du fait qu'il n'ait pas été atteint par la lycanthropie de Remus.

Cependant, d'autres choses n'avaient, elles, pas changé, se dit Harry en passant à proximité de la porte de la salle de potions avec les autres Gryffondor comme ils avaient cours avec le professeur Snape après les quatrième année de Serdaigle et de Poufsouffle.

Ils pouvaient tous l'entendre cracher à travers la porte, « Nous avons réussi à créer une potion qui fait repousser les membres mais c'est dommage pour vous, Monsieur Brown, que nous n'en ayons pas encore créé une autre pour faire pousser le cerveau. »

« Ouch ! » grimaça Ron en entendant l'insulte. « Il est encore plus terrible depuis un mois et demi. Je t'en prie Harry, fais quelque chose ! Prépare-lui un petit dîner romantique et passe la deuxième vitesse ! »

Harry éclata de rire devant la mine suppliante de son ami. Il n'était pas choqué par ses paroles parce que Ron avait accepté son mariage avec Severus depuis son coma. Apparemment, une sorte de liens s'étaient créés alors entre quelques personnes y compris son mari, et Ron le taquinait souvent sur ce sujet.

Mais lorsqu'une seconde plus tard, la porte s'ouvrit et qu'ils virent les élèves s'enfuir de la classe, Harry perdit son envie de rire. Les choses ne s'étaient pas tellement arrangées entre son époux et lui et il ne savait plus quoi faire. Il craignait de faire un autre faux pas lorsqu'il pensait à faire une nouvelle tentative. Et à chaque fois que les choses paraissaient aller mieux, Severus retrouvait son aigreur une fois qu'il revenait de l'infirmerie où il avait été soigné par Lisa.

Bientôt, Severus se profila dans l'encadrement de la porte et leur siffla d'entrer, lançant un bref regard insondable à Harry.

Le cours se passa comme à l'accoutumée et Harry finit avec une heure de retenue avec Rusard comme il avait perdu son calme intérieur au bout d'une demi-heure d'insultes.

Le soir, il se retrouva de nouveau dans la salle commune de Gryffondor et, lorsque la pièce fut vide, Hermione lui dit brusquement, « Je crois qu'il est jaloux ! »

« Qui ? » lui demanda Harry, en déplaçant un cavalier sur l'échiquier.

« Ton mari ! »

Fronçant les sourcils, l'Elu releva les yeux vers elle tandis que Ron lui prenait son cavalier.

« Mais de quoi ? Il n'a aucune raison d'être jaloux ! »

« Lisa ! »

« Lisa ? » répéta-t-il en écarquillant les yeux. « Mais je ne la regarde même pas ! »

« Mais lui le croit ! Ecoute, Harry… »

Ce dernier écouta effectivement attentivement les explications de son amie, lui remémorant la première fois où il avait vu la jeune femme.

« … Et vous étiez tous en train de baver devant elle ! »

« Mais je ne bavais pas devant elle ! J'étais troublé par la raison que je viens de te raconter ! »

« Oui, j'ai bien compris mais tu devrais lui expliquer parce que lui, l'a compris autrement ! Donc va le voir ! »

« Et la partie ? » lança Ron en prenant la tour que Harry avait déplacé sans réfléchir.

« Je vais la finir avec toi ! » lui répondit la sorcière brune.

L'ai posé et faussement neutre, Ron acquiesça de la tête et affirma avec taquinerie, « File Harry ! Parce que là, ça devient sérieux ! A chaque fois, Hermione finit par perdre et comme elle insiste pour faire un jeu d'échecs déshabilleur, elle se retrouve pratiquement nue à la fin de la partie ! »

« Oh Ron ! N'importe quoi ! » s'écria sa petite amie, feignant l'outrage et en lui lançant un coussin à la figure tandis qu'il s'effondrait dans son fauteuil, hilare.

« Ca marche à chaque fois ! » dit-il en riant toujours avec Harry.

« Bonne soirée alors ! » leur dit-il en leur faisant un clin d'œil complice avant de pousser le tableau de la Grosse Dame. Et il ajouta intérieurement, « A nous deux Sev ! »

OoO

Lorsque Harry poussa la porte de leurs quartiers, il vit que Severus lisait une nouvelle fois dans son fauteuil et il lui lança tout de go, « Je me fiche complètement de Lisa ! Je ne suis même pas attiré par elle et si je t'ai paru l'être, c'est parce que quand nous l'avons vu pour la première fois, tous les autres avaient l'air tellement séduit alors que moi je ne l'étais pas que du coup, j'en étais atrocement perturbé ! Je suis hétéro, marié avec un homme et je trouvais mon homme bien plus affolant qu'elle… je pense que tu comprendras alors mon trouble ! »

A sa première constatation, les yeux de Severus avait quitté son livre et l'avait fixé. A sa deuxième, il s'était brusquement levé, faisant tomber son livre. Et à la troisième, il s'était précipité dans les bras de son époux, poussant un gémissement rauque et le serrait douloureusement fort dans ses bras.

Les paupières closes, ils savourèrent cette proximité retrouvée.

« Harry ! » gémit Severus en lui embrassant frénétiquement le cou. « S'il te plaît, redis-moi tes dernières paroles ! »

« Lesquelles ? Que tu comprendras mon trouble ? »

« Non, » lui répondit-il en embrassant ce visage adoré. « Redis-moi que je suis ton homme ! »

Harry n'en fut étrangement pas choqué mais plutôt ravi et répéta aussitôt, « Severus… mon Severus… mon Sev, tu es mon homme… tu es à moi » avant de l'embrasser à pleine bouche.

Ils s'embrassèrent à en perdre haleine et leurs mains se perdirent sur leurs corps, excitant leurs sens.

Lorsque leur baiser prit fin, Severus dévoila d'une voix éraillée, « J'aime quand tu m'appelles Sev ! Personne ne m'appelle et ne m'a jamais appelé Sev ! Il n'y a que toi ! J'aime entendre ce son dans ta bouche. Il me donne l'impression de t'appartenir comme tu m'appartiens. »

Harry frissonna sous ses paroles et sous les mains tremblantes qui le caressaient, passant sous sa chemise et son pantalon.

« Laisse-moi te toucher, Harry, je t'en prie. Tu m'as tellement manqué. Laisse-moi t'aimer… » souffla-t-il en caressant le ventre nu de son mari, ayant doucement glissé sa paume une fois de plus sous son uniforme.

Ses lèvres embrassaient amoureusement sa tempe, sa joue, sa mâchoire, son cou, revenaient vers son oreille pour en sucer délicatement le lobe.

« Sev… » gémit Harry qui était torturé par deux envies contradictoires. Une partie de lui – celle qui avait honte de sa jambe – souhaitait repousser ses avances et l'autre partie – celle qui était en feu – ne souhaitait que se plier à sa demande.

La bouche de Severus captura de nouveau la sienne en un baiser profond et mouillé, déclenchant en Harry un sentiment qui était plus qu'un simple désir et c'est ce sentiment qui le fit cesser son baiser.

« Severus, » commença-t-il en le repoussant gentiment et en fixant ses prunelles brûlantes. « Moi aussi j'ai très envie de toi mais j'ai besoin de savoir… Comment est-ce que tu vois notre relation ? Qu'attends-tu de moi ? De nous ? As-tu envie de toujours me faire la tête à cause d'un excès de jalousie ? Ne penses-tu pas que ça aurait été mieux de m'en parler avant de nous faire vivre ce silence pendant un mois et demi ? Et aussi, je veux te connaître ! Parle-moi de toi, montre-moi qui est Severus Snape en réalité. Raconte-moi qui est mon homme… »

A suivre…