Auteur : Sen

Auteur : Sen

Disclaimer : Les persos ne sont malheureusement toujours pas à moi… Pour l'instant n.n !

Musiques :

Drabble 1 : "Q.I" de Mylène Farmer

Drabble 2 : "No" de Shakira

Drabble 3 : "You got me" de Emma Daumas et Eskobar

Drabble 4 : "When I'm gone" de Eminem

Drabble 5 : "Oops ! I dit it again" de Britney Spears

Drabble 6 : "Dirty little secret" de The All American Rejects

Drabble 7 : "Thanks for the memories" de Fall Out Boy

x°x°x

Aoko : Encore un de ces écrits de pervertion dont tu as le secret…

Sen : Eeeet… Ouais n.n ! Mais je sais que mes lecteurs m'approuvent toujours !

Aoko : Bande de fanatiques !

x°x°x

Il avait toujours aimé ça, ou peut-être s'y était-il habitué en tout cas, par la force des choses. Le destin lui avait peu laissé le choix dans ce domaine, ainsi que la vie en générale. C'était une loi éternelle, s'habituer aux choses, aux contradictions, s'y plier pour devenir plus fort, pour survivre. Tout simplement. C'est pour ça, qu'inconsciemment, il y avait pris goût, il s'était même mis à guetter ces instants, à les espérer tout bas, entre les parois d'acier, lui qui avait à présent si peu de besoins. Les humains réalisaient-ils combien le simple fait de manger et de dormir leur procurait un but, aussi minime soit-il, dans la vie ? Bien peu lui semblait-il. Privé de cela, il se demandait bien quelle était sa place à présent parmi eux, oui, un court instant, il s'était demandé ce qu'il faisait là, au milieu des autres.

La différence. Le contraste. La douleur de se sentir à part. Suis-je vraiment semblable à toi ? Me parles-tu vraiment comme un égal ?

Ca se voyait. La peur dans le regard des gens. Il avait appris très vite à passer pour un dingue aimant se vêtir d'une armure. La vérité est toujours dur à entendre, et encore plus à accepter, comme se faire à l'idée, qu'elle, il ne la verrait plus jamais. Plus jamais son sourire. Plus jamais son rire. L'étreinte maternelle était perdue pour toujours. Plus jamais tu ne seras bercé petit garçon. On le voyait comme un adulte à présent, du fait de sa grande taille, qui aurait pu s'imaginer son âge véritable ? Il les laissait croire, se baigner dans leur ignorance. Il vaut mieux parfois, s'abstenir de faire affronter la réalité aux autres. Pour les préserver ainsi que soi. Car non, cette lueur de crainte, de peur, puis de pitié, quand enfin ils comprenaient, lui il ne la supportait pas. Il détestait cette barrière qui pouvait se créer si facilement entre lui et les autres, il la haïssait de tout son être, y déversant tout son non besoin de se nourrir et de sommeiller, de mener une vie normale. Oh que oui, il la détestait.

Mais lui, il ne le détestait pas. Ce garçon sur qui il aurait tellement pu se défouler, qu'il aurait pu tellement insulter en sachant qu'il ne se défendrait même pas. Non, il ne le détestait pas, pas du tout. Il n'y avait que lui qui le « voyait », qui regardait avec un sourire le petit enfant qu'il était, malgré tout, resté. Alors, s'il ne possédait de besoins aucun, si cette raison de vivre primaire et propre aux autres lui manquait, il la reporta sur lui, automatiquement. Et en fin de compte, cela avait déjà été le cas quand elle était morte, il s'était aussitôt accroché à lui, tellement plus fort que lui, lui semblait-il. Parce que c'était son frère, il ne pouvait pas lui en vouloir. Parce que c'était lui qu'il observait toutes les nuits. Parce que c'était lui qui dormait d'un sommeil agité sur lequel il tentait de veiller malgré son jeune âge. Parce que c'était lui qui lui demandait pardon. Parce que c'était lui. Juste lui. Et peu à peu, il avait aimé le contempler, le satisfaire, se faire protecteur juste un temps, le temps d'une lune. Pouvoir le protéger, ce jeune homme qui voulait tellement se faire passer pour invincible.

OoO

La nuit. Son refuge. Son unique refuge. Le seul endroit où pendant toutes ces années, il avait pu se laisser aller à tout, à la douleur, au désespoir, et à la joie parfois. Quand le soleil brillait haut dans le ciel, il n'avait pas le temps de penser à tout ça, il y avait trop de choses à faire, trop d'actes à accomplir pour se préoccuper de lui-même, d'eux. Les deux frères Elric à la recherche de la pierre philosophale, voilà ce qu'ils étaient dans ces moments-là, ces deux alchimistes ne cessant de marcher, de lutter et de combattre les obstacles sur leur route. Il avait toujours été étonné par la faculté étonnante de son grand frère à dissimuler sa tristesse et ses peurs le jour. Au soleil, Edward était confiant et combattant, et pourtant, le soir venu, il redevenait un adolescent terrifié par l'adversité dans son sommeil. Durant ces instants, ils étaient frères, rien de plus, pas de plus grand ou de plus petit, juste frères se consolant et pansant leurs blessures communes. Au matin, ils n'en parlaient même pas. Au fur et à mesure, Alphonse avait fini par dissocier ces deux périodes, appartenant presque à deux mondes différents, et dont il serait trop risqué de créer un lien, pour leur sauvegarde.

Et cette astuce avait porté ses fruits au bout du compte, même s'ils avaient été bien amers à avaler. Ah, comment décrire cette impression ? Quand il ouvrit les yeux et qu'il fouilla dans ses souvenirs pour finalement ne tâter sur le néant… Qui était donc cette jeune fille à la peau mate penchée au-dessus de lui ? Pourquoi pleurait-elle ? Il fallait la consoler ! Il s'était redressé machinalement, se surprenant à trouver ses membres gourds, presque endoloris d'avoir peu servi, puis il s'était aperçu qu'il était nu. Rougissant, il avait regardé autour de lui, cette immense salle si peu familière pour lui, et enfin, ses yeux marron s'étaient posés sur le cercle aux arabesques si complexes dessiné sur le sol brillant. Le manque. Le vide. Pourquoi un creux dans le ventre ? Pourquoi ce nœud noué dans la gorge ? Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi son cœur s'était mis à battre soudainement plus vite, et face à ce désarroi, il avait appelé la seule personne capable, selon lui, de lui fournir des réponses, la seule qui lui restait, sa raison de vivre. Sa si précieuse raison de vivre.

« Edward ? »

« Edward… »

L'écho venant de la jeune fille en larmes. Oui, c'était le nom qu'elle ne cessait de répéter entre ses mains, ses épaules agitées de soubresauts incontrôlables. La peur le saisit, avant la panique, quelque part, il sut que quelque chose était arrivée à son aîné, quelque chose d'inéluctable, quelque chose d'horrible, et qu'au fond il n'avait pas envie d'apprendre. Pourtant, c'est avec toute idée de pudeur éteinte qu'il saisit les épaules de celle aux cheveux bruns pour la secouer, avec douceur, certes, mais aussi avec une fermeté non feinte, une douleur inexplicable au fond des yeux.

« Où est mon frère ? »

Toi qui m'es si cher, pourquoi m'a-t-on privé de ta présence ? Quel péché avons-nous bien pu commettre, si ce n'est celui d'aimer celle qui nous a engendrés ? Pourquoi nous séparer alors qu'elle nous avait déjà été retirée ? Alors que nous étions si près du but, comment cela se fait-il que je me retrouve ici, sans toi à mes côtés, toi, mon seul repère, le seul point fixe dans mon univers…

Et le soir venu, installé dans une chambre d'auberge, vêtu d'habits qu'on lui avait offert, il pleura.

OoO

Il continua à l'aimer et à attendre sa venue avec impatience. Pas pour tenter de se souvenir de ce qu'il avait définitivement oublié, non, ça il n'avait aucun espoir de jamais le récupérer. Quand on lui racontait, il lui semblait que c'était une vie vécue par un autre, une vie où lui, n'avait pas sa place, et ne pouvait être ce protagoniste dont on ne lui tarissait pas d'éloges. Il avait vu l'armure, mais ne parvenait pas à se faire à l'idée qu'il avait passé des années dedans. Quand il la touchait, un frisson le parcourait, un soupçon électrique qui, quelque part, lui faisait peur, il reculait aussitôt sa main, ne cherchant pas à pousser l'expérience plus loin. Les souvenirs qu'il ne possédait pas lui démontraient tout de même que jouer avec le feu n'avait rien eu de glorifiant. Non, la nuit, s'il l'attendait, c'était pour autre chose. Une chose qu'il avait découverte au fur et à mesures des jours s'écoulant depuis son « réveil ». Les songes qui s'offraient à lui à la faveur nocturne, étaient, il le savait, peu habituels à ceux qu'il avait fait autrefois. Et dans ces rêves, avant toute autre chose, il le voyait, à travers les yeux d'un autre sûrement, mais il le voyait tout de même. De plus, en plus de le contempler à loisir, il pouvait lui parler, le regarder se retourner, lui sourire et lui répondre. Et rien ne pouvait lui procurait plus de choix, à lui qui souffrait tellement de son absence.

L'envie qu'il avait de le serrer dans ses bras n'était pourtant pas satisfaite. Pourquoi ? Parce qu'il le savait, le corps dans lequel il logeait durant ces quelques heures n'était pas le sien, ce n'était pas lui qui décidait subitement de se lever pour marcher dans une quelconque direction, ni d'aller dans telle pièce. Ses paroles ne lui appartenaient pas. Quand il discutait avec son frère, les mots que laissait échapper sa bouche lui étaient totalement inconnus, de même que les dessins qu'il traçait sur le papier en sa compagnie, représentant des machines étranges et ailées. Des oiseaux d'acier lui semblait-il. Cela lui suffisait quand même. Son seul souhait était d'être avec lui, d'avoir la joie de le regarder évoluer au quotidien, et de pouvoir partager ce dernier avec lui. Sentir sa présence. Oui, c'était tout. Enfin… Oui, c'était tout… N'est-ce pas ? Le regarder grandir, même si cela l'avait choqué de le découvrir beaucoup plus vieux que dans son dernier souvenir, était tout ce qui lui importait. Ses cheveux avaient poussés, et lui rappelaient ceux de son père, même s'il se fit la promesse de ne jamais lui dire, de peur qu'il ne les coupe par simple colère. Il se rappela alors qu'il ne pouvait rien lui dire. Ses traits s'étaient affinés, perdant leur rondeur enfantine, même s'il n'en demeurait pas moins petit, mais ça non plus il se dit qu'il ne lui avouerait jamais. Alors, il se la rappelait encore, cette douloureuse pensée. Le voir sans satisfaire ses envies lui procura peu à peu plus de douleur qu'il ne s'y attendait, et il se mit à s'accrocher à ses rêves avec l'énergie du désespoir, allant jusqu'à copier l'apparence de son aîné, de crainte de ne pouvoir s'en rappeler si son soudain pouvoir disparaissait.

Au fond, plus il avait la possibilité de le voir, plus il avait peur de le perdre, et plus il redoublait d'ardeur dans ses entraînements, usant et abusant de la moindre parcelle de savoir qui lui semblait un tant soit peu précieuse pour l'aider à le retrouver. Il découvrit qu'il avait le pouvoir de décomposer son âme dans le métal, et curieusement, si étrange que cela pouvait paraître, ce deuxième don le fascina, lui rappelant les prothèses métalliques de son frère, et il lui plut. Et alors, il se demanda ce qu'aurait bien pu en dire Edward, si tout ceci ne l'aurait pas intrigué, si ce n'est dégoûté, s'il ne se saurait pas moquer de lui. Son aîné était un pur scientifique, encore l'histoire de l'âme pouvant s'ancrer dans les armures, il y croirait peut-être, mais le pouvoir à travers les rêves, ça, jamais. Alphonse se rendit compte qu'il mourrait d'envie de lui parler. Bientôt, les rêves devinrent des cauchemars, et il réapprit à apprécier la contemplation du paysage nocturne. Est-ce pour cela que les courts instants où il s'autorisa à rêver, sans prendre de somnifères, réveillèrent « ça » en lui ? Il ne le sait toujours pas, et préfère ne pas le savoir… Sinon il devrait émettre la possibilité que ce qu'il ressentit à l'époque ne venait pas de lui, mais de celui dont il empruntait légèrement le corps.

OoO

Être à ses côtés, l'écouter et plaisanter avec lui, lui donner des claques dans le dos et le tirer du lit le matin. A tout cela il aspirait, c'était son souhait le plus cher : retrouver son frère et vivre avec lui jusqu'à… Ah, ça il ne savait pas. Ce qu'il savait, c'était que ce vœu, il l'avait toujours eu, il faisait partie intégrante de sa personne depuis son réveil. Le retrouver. Je veux revenir à toi. Franchir la ligne, franchir ce qui nous sépare… Cette soudaine sensation au creux de son cœur était-elle si nouvelle que ça ? N'en avait-il pas déjà goûté la saveur ? Non, non il ne le pensait pas et en était même persuadé. Alphonse était un garçon timide, pas de ceux à courir à droite et à gauche pour lorgner les jolis visages, et à vrai dire, il pensait peu aux amourettes qu'un adolescent de son âge aurait dû avoir, sa tâche occupant entièrement ses pensées. Il donnait principalement priorité à sa famille qui lui avait tellement fait défaut au cours de ces dernières années. Sa mère était morte. Son père et son frère disparus au même titre. Pour le premier à vrai dire, il avait l'habitude, cette absence n'avait rien d'étrange pour lui. Le cas du deuxième était tout autre. Depuis sa naissance, Edward ne l'avait jamais quitté d'une semelle. Ce n'était pas qu'il soit un protecteur excessif, mais… Il était là, c'est tout. Il avait toujours été là. Pour l'embêter tout comme pour le rassurer. Pour le faire rire tout comme pour le gronder. Il était là, et jusqu'à maintenant, c'est tout ce qui avait compté pour le plus jeune, sa présence. Elle avait toujours plus compté que celle de n'importe quelle fille susceptible de s'intéresser à lui, et puis, venant de la rase campagne, il y avait peu de présence féminine dans leur vie autre que celle de leur mère et de Winry. Certes, il se souvenait parfaitement de leurs nombreuses disputes concernant la main de cette dernière, pourtant, derrière ces chamailleries, il avait toujours été évident pour lui que s'il avait eu à choisir, Ed aurait été le premier. Et au fond, si la provocation de son frère envers lui sur le sujet « Winry » marchait si bien, c'est parce qu'il avait peur de le perdre.

Cette soudaine flamme qui s'était brusquement réveillée, y était-elle étrangère ? Une rougeur passa sur ses joues sans qu'il put l'en empêcher. Aimer son frère, ça, oui, pas de soucis pour ça jusqu'à il y a quelques temps, mais c'est quand ce verbe change sans crier gare de sens que tout part et s'entremêle pour former un nœud des plus complexes à défaire. Comment poser le doigt sur le réel problème dans cette histoire ? Le fait qu'ils ne se voyaient pas ? Que chaque jour passant, l'espoir d'apercevoir son sourire s'atténuait encore un peu plus ? Que c'était son frère ? Qu'il n'avait pas le droit ? Que le caractère de cochon d'Ed faisait que même le pape aurait fini par sortir un revolver de sa manche pour le faire taire (et encore, cela aurait sûrement raté) ? N'y avait-il pas une erreur ? Ne reportait-il pas son manque d'amour accumulé sur la personne qu'il recherchait depuis tellement de temps pour se simplifier la vie, et Dieu sait pourtant combien cet acte lui compliquait ? Pourquoi se serait-il mis un beau matin à considérer son grand frère d'un autre œil ? Qu'est-ce qui aurait bien pu l'influencer dans ce sens ? Qui l'aurait incité ? Quelle parole aurait bien glissé à son oreille ? Il n'en avait aucune idée. Cherchant et se ressassant ses pensées dans sa tête à longueur de journée, il voulait percer ce mystère trop inattendu pour être inexplicable, savoir comment, savoir pourquoi… Pourquoi lui et pourquoi moi ? Pourquoi pas lui et pourquoi pas moi ? Pourquoi ? Et puis, l'illumination. Il avait trouvé. Ce ne pouvait provenir que de lui, aucun doute possible. Lui dont le corps était sien la nuit. Lui qui l'accueillait en son sein. Le jeune homme partageant le quotidien de son aîné était… Amoureux de lui.

Alphonse en devint malade de jalousie.

OoO

La seule solution possible qui s'était offerte à ses yeux avait été l'exil, purement et simplement. Quitter la foule, et pas seulement elle, mais tout ceux qui lui étaient chers. Winry, Izumi… Il sentait leurs regards sur lui de plus en plus interrogateurs, en particulier le matin où il avait particulièrement du mal à leur masquer son trouble nocturne et où chaque photo d'Ed qu'il croisait suffisait à lui faire piquer un fard. Le pire avait été quand Roy Mustang, qui passait de temps en temps s'enquérir de ses nouvelles, l'avait pris à part un jour pour lui parler de la puberté. La tête qu'il avait affichée au dîner avait arraché un rire général de la part de tous. Winry avait tenté de le sortir en l'emmenant faire des courses avec elle, en lui faisant rencontrer des amies, déclarant que la gêne d'Alphonse était tout simplement dû à un manque de vie sociale. Le résultat n'en avait été plus que désastreux, le cadet des frères Elric déclarant qu'il ne supporterait plus une minute de plus d'entendre un gloussement de poule à un kilomètre à la ronde, apparemment il ne s'était pas approprié que le physique de son aîné. Ou peut-être n'aimait-il vraiment pas les individus de sexe féminin. Il prit sa décision en peu de temps et fit sa valise en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. De plus, ses recherches l'amenaient de plus en plus souvent à revenir là où tout s'était arrêté en même temps que commencé pour lui. Là où vivait Rose, celle la même pleurant sur lui quand ses yeux s'étaient ouverts. Il était partie depuis un mois quand la mort de son maître lui parvint. Il resta un mois de plus, le domaine sentimental ne trouvant plus d'intérêt pour lui que dans tout ce qui concernait Edward Elric.

Une pensée effrayante lui avait traversé l'esprit. Edward serait-il capable de lui faire le sale coup de mourir avant qu'ils ne soient réunis ? Il s'attendait à tout de sa part, et pour cela avait encore plus redoublé d'ardeur dans son travail. Puis, il y avait eu l'explosion, l'événement qui avait tout chamboulé et qui avait, après tellement de jours et tellement de nuits à espérer et désespérer, offert au plus jeune des deux frères une raison d'avoir si longuement cherché. L'arrivée soudaine des armures en plein dans la ville, détruisant tout sur leur passage après être survenus de cette lumière violacée venue du sol. Alphonse avait immédiatement saisi l'occasion au vol. Pour lui, une arrivée si singulière ne pouvait être qu'un indice de plus pour accéder à son aîné qui, tout comme ces corps de métal, avait disparu d'une manière des plus étranges, tout comme l'était leur venue en ces lieux. Le pouvoir de diviser son âme autant qu'il lui plaisait pour l'emprisonner dans l'acier se révéla des plus utiles, l'entraînement qu'il s'était imposé à lui-même pour le maîtriser portant ses fruits. Oui, pendant des soirées entières, avec l'enveloppe grisâtre qu'il avait occupé quatre ans durant, il s'était exercé à transmettre un peu de lui entre ses parois de fer, s'étonnant de pouvoir dialoguer avec lui-même, chose assez inquiétante d'ailleurs… Pourtant, le fait de pouvoir sauver les habitants de la ville grâce à ce don lui prouvait que cela en valait bien la peine. Après avoir combattu ses adversaires en leur administrant à chacun une bonne dose de lui-même, il leva ses iris couleur de châtaigne vers l'ouverture qui se créa dans le ciel. Sa couleur violette réveillait de vieux souvenirs en lui, plus douloureux qu'il n'aurait aimé se l'avouer. Une nuit de pluie où leur destin à tous deux avait été scellé, une semblable lueur avait surgi entre les quatre murs de la grange, il se rappelait encore combien elle était aveuglante et l'empêchait de distinguer clairement les traits d'Edward.

Le déclic se fit en lui automatiquement. La lumière. Edward. Je veux te revoir.

Des ailes semblèrent lui pousser alors qu'il courait vers l'armure la plus proche pour s'y agripper avec l'énergie du désespoir, ignorant les membres pointus qui lui meurtrissaient la peau à travers ses vêtements à cause de leur rudesse.

Je veux te revoir. Je veux être près de toi. Ne plus jamais être séparés…

« Al ! Tu vas partir toi aussi ! »

Un point entraînant le bas de son corps vers la terre. Alphonse tenta de s'accrocher plus fort, mais trop tard, déjà elle le tirait, se révélant plus lourde qu'il ne le pensait. Trop tard. La brèche se referma malgré son regard suppliant.

OoO

Le désir de Rose de garder au moins le dernier des deux Eric échoua cependant, et ce peu de temps après cet événement déterminant dans la vie du plus jeune. Les choses, en effet, s'accélérèrent plus vite pour lui dans les jours à venir qu'en trois années de travail intensif, et c'est avec l'étonnement de ne pas se trouver dans un rêve cette fois-ci qu'Al accueillit son grand frère, soudain hésitant dans la conduite à adopter. Vrai, il ne pouvait pas être choqué par son aspect, l'ayant vu régulièrement lors de ses songes, mais l'effet qu'il produisait sur lui à présent qu'il le voyait dans le contexte du réel, lui, avait des raisons de l'effrayer. Il avait toujours cru que les sentiments particuliers qu'il éprouvait pour lui depuis quelques temps étaient simplement dû au propriètaire du corps dans lequel il se réfugiait ces nombreuses nuits, basant sa jalousie sur le simple fait qu'il ne pouvait, à la différence de l'autre, parler à Ed et rire avec lui, cela ne devait être que cela. Il était en train de réaliser que non, pour la simple et bonne raison que même le dévorer des yeux tout entier et entendre sa voix ne lui suffisait pas. De plus, il faillit perdre la tête quand son frère lui-même lui ordonna de rester dans ce monde pendant qu'il s'exilait pour le reste de sa vie dans l'autre. Sur le coup, il n'essaya pas de chercher de raisons quant à son état, ni de se l'expliquer, le plus important avait été de rejoindre Ed, même s'il fallait ignorer son souhait pour cela, après tout, Alphonse pouvait être tout auss têtu que lui. C'était pour lui une évidence, une fois réunis, plus rien ne devait les séparer, même pas eux-mêmes. Il ne laisserait pas son aîné créer une barrière entre eux, et au diable les bonnes causes !

Cependant, maintenant qu'il y repensait alors que tout était terminé, cela lui apparaissait d'une manière tellement évidente qu'il se demandait comment il avait pour ne pas le remarquer plus tôt. Il faut dire qu'Alphonse Elric avait toujours été plus ou moins doué pour se voiler la face et ne pas regarder les choses en face. Il devait tout de même admettre qu'il surpassait de très loin les autres fois où il avait eu cette fâcheuse habitude. Dans un soupire, il s'adossa contre le mur qui glaça son dos à travers sa mince chemise de nuit. Aveuglé trop longtemps par sa propre honte, lever le voile sur ses prétendues incertitudes lui avait fait un coup au cœur, plus mortel qu'il n'aurait pu l'imaginer. La douleur s'était incrustée en un temps record dans tout son être, faisant brûler chacun de ses sens et le tourmantant sans cesse. Oui, voir l'objet de ses pensées chaque jour passant, alors qu'il n'avait aspiré qu'à cela trois années durant, était une véritable torture, et des plus délicieuses malheureusement. Il se trouvait pathétique et jouissait en même temps de pouvoir goûter à ce qu'il avait voulu avoir depuis si longtemps. Le contempler. Discuter avec lui de tout et de rien. Ses éclats de rire. L'étincelle dans ses yeux. Il se rendait compte à quel point tout ceci lui avait manqué et avait été autrefois vital à son existence. Comment avait-il pu rester debout sans lui pour le soutenir ? Il se le demandait chaque seconde passée en sa présence, et encore plus lorsqu'un courant électrique le traversait lors du moindre contact entre eux. Une claque sympathique sur l'épaule. Une main ébouriffant ses cheveux ou prenant la sienne. Al ne s'en lassait jamais, et il lui semblait qu'Ed non plus. Une fois ses souvenirs retrouvés, le besoin d'avoir une partie de son corps à proximité pour l'effleurer, bien sûr par le plus grand des hasards, était crucial pour lui. Les deux frères avaient l'impression de vouloir rattraper le temps perdu, et il était bien obligé d'avouer qu'il se passait rarement de journée sans qu'il finisse adossé à lui, dos contre dos, ou son dos contre son torse, assis nonchalemment entre ses jambes, à lire, ou tout simplement la tête posée sur ses genoux, s'endormant pendant qu'il bouquinait ou lui racontait quelque chose. Dans ces cas-là, Ed lui mettait un petit coup sur la tête, frustré de perdre son auditoire, s'ensuivait une bagarre où tous les coups étaient permis, même les chatouillis, et où ils finisaient, à bout de forces, par aller se coucher.

Ou alors, désireux de ne pas le réveiller, Ed faisait en sorte de ne pas le sortir de son sommeil. Et au matin, un Alphonse se réveillait, étonné de se trouver allongé auprès de son frère, qui lui ronflait comme un bienheureux, se demandant pourquoi il ne l'avait pas déposé dans sa chambre. Flemme ou envie de passer la nuit en sa compagnie ? A cette question s'ensuivait une belle teinte rouge sur ses joues et, sans pouvoir s'en empêcher, il l'observait en train de dormir paisiblement, honte encore présente mais néanmoins surpassée par le désir…

OoO

Dehors, la nuit, sombre monde peuplé d'étoiles qu'il avait toujours aimé contempler encore et encore à sa guise, veillant ainsi sur le sommeil de celui qu'il aimait le plus au monde, rêvant d'un amour impossible qu'il ne pouvait pourtant s'empêcher de convoiter. A l'intérieur, lui, adossé contre le mur, le visage baissé, écoutant sa seule respiration dans le couloir noir de l'appartement. Alphonse Elric ressassait tout ce qui jusqu'alors avait constitué son existence. Espérer. Désirer. Vouloir posséder. Mais dans le silence. Toujours garder ses pensées secrètes, sans jamais les divulguer, oh grand jamais ! Ses joues, teintées d'une couleur rouge face aux pensées précédentes, allèrent encore plus vers la voie du homard bouilli. Qu'auraient-ils tous dit, s'il leur avait révélé le pourquoi de son attitude si étrange de ce dernier mois, Winry, Roy, Izumi… Un sentiment de nostalgie monta en lui en même temps que la gêne. Tous ces souvenirs qu'il avait récupérés, jamais il ne pourrait en parler avec eux, jamais ils ne sauraient… Pour eux, il deviendrait comme Edward, une étoile filante qui serait passée trop vite dans le court de leur existence. Car c'est ainsi qu'il l'avait perçu, son frère. Une étoile filante. Un peu trop brillante et un peu trop attractive. A tel point qu'il l'avait suivi sans une once d'hésitation. Quel était l'intérêt de se retrouver ici si c'était pour taire à jamais ce qui le rongeait ? Non, il ne pouvait pas. Cela faisait trop longtemps. Trop de douleurs surmontées. Trop de chagrins vécus. Silencieusement, il avala sa salive et fit un pas vers la chambre de celui occupant ses pensées depuis maintenant des années et des années… Sa main se posa d'elle-même sur la poignée. Il se demanda s'il dormait. Sûrement. Ce n'était pas le genre d'Edward de rêvasser la nuit. Allait-il se mettre en colère s'il le réveillait ? Sûrement aussi. Mais qu'importe. Il en avait assez des règles de conduite précises à tenir. De toutes les règles en général. Il pénétra dans l'antre et plissa les yeux. Il avait oublié qu'Ed dormait toujours dans le noir complet.

« … Nii san ? »

Il y eut une exclamation étouffée et un bruit de confusion générale dans le lit dont les ressorts se mirent à grincer étrangement. Il entendit la couverture glisser et être tirée rapidement.

« Al ? Mais qu'est-ce que tu fous là ? »

Il le savait. Venir ici à une heure pareille était une idée digne du plus grand crétin de toute l'Allemagne. Lui en somme.

« Dé… Désolé… »

Il tenta un malheureux pas en arrière pour s'écarter tout en agitant ses mains devant lui.

« Je n'arrivais pas à dormir en fait et euh… »

Il réalisa alors qu'Edward non plus, puisqu'il l'avait trouvé parfaitement réveillé à en juger par le ton de sa voix qui n'avait rien d'un ours sortant de son hibernation, comme tous les matins.

« Oh… C'est rien. Tu peux entrer si tu veux. »

« Merci. Je peux m'asseoir… Euh… »

La pénombre de la pièce laissait deviner peu d'endroits où se poser tellement de feuilles et de crayons jonchaient le sol. A vrai dire, il n'y avait que le lit qui ressemblait un tant soit peu à quelque chose d'ordonné, et encore… Il y eut un silence, puis encore une avalanche de bruits feutrés indiquant que l'aîné se déplaçait dans le lit, laissant un peu de place à son cadet.

« Oui, bien sûr, enfin… Ferme la porte s'il te plait. »

Le plus jeune s'exécuta, les enfermant dans l'obscurité la plus totale, et marcha à tâtons jusqu'au lit où il se laissa tomber.

« Ca ne te dérange pas d'être dans le noir ? »

Le ton d'Edward était… Timide ? Alphonse haussa un sourcil. C'était la première fois que sa voix, plutôt énergique et volontaire, lui paraissait soudainement autant… Diminuée…

« Non, non… Ca ne va pas Nii-san ? »

« Mais si ! Pourquoi ça n'irait pas ? »

« Je… Je ne sais pas… Tu sembles nerveux. »

Il y eut un grognement. Edward n'aimait pas être pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Surtout si c'était quelque chose de gênant.

« Alors… Tu voulais me parler, non ? Ou alors tu es venu juste comme ça ? »

« Ben euh… Je peux partir si tu veux. »

« Mais non, voyons, reste ! T'es pas obligé d'avoir de raisons précises pour venir, je demandais c'est tout… »

Le garçon aux cheveux bruns baissa la tête dans un soupire. Il avait souvent l'impression d'embêter son aîné, ou en tout cas c'était ce qu'il sentait dans son ton. Nul doute qu'il avait dérangé Edward dans Dieu sait quelle activité.

« Désolé… Je ferais mieux de partir… »

Ses pieds nus foulèrent le sol à nouveau alors qu'il se redressait, aussitôt retenu par une main ferme qui lui agrippa sans scrupule le poignet pour le retenir. Les ressorts gémirent un peu plus alors qu'il se retrouvait à nouveau sur les draps, les yeux agrandis par la surprise. Son regard se tourna vers son frère qu'il distingua à moitié grâce à la lumière filtrant par les volets fermés. Une nuit de pleine lune certainement. La main chaude autour de sa peau était moite et le visage de celui qu'il contemplait rouge comme il ne l'avait jamais vu. Lentement, ses yeux se posèrent sur le tas de couverture qu'il avait ramené précipitamment contre lui. Et alors, il comprit, rougissant à son tour à n'en plus finir. Cela faisait longtemps, songea t-il. Il n'avait surpris qu'une seule fois son frère dans un tel moment, et encore, n'avait pas entièrement compris ce jour-là. Enfermé dans son armure, Alphonse n'avait, en réalité, que peu découvert les joies de la puberté. En fait, même une fois dans son corps d'humain, il ne s'était pas beaucoup amusé à découvrir ses « nouvelles fonctions », tellement il était préoccupé par la tâche de retrouver son frère. Ce dernier détourna les yeux, trouvant un nouvel intérêt au mur à côté de lui.

« Euh… Tu sais, Ed… J'peux te laisser… Enfin, je veux dire… »

« Non, laisse. »

L'aîné soupira et tenta d'avoir à nouveau un peu de dignité dans sa position.

« Ca devait arriver un jour ou l'autre, pas vrai ? »

Al haussa un sourcil, sentant un frisson le parcourir. Non, il avait mal compris.

« Je veux dire, se retrouver une situation pareille… Deux hommes qui vivent ensemble… C'est courant ce genre de truc. »

Ils ne se regardaient plus, n'osant pas affronter l'autre.

« Oui, tu as raison… »

« Dis, Al… »

L'ainsi nommé tourna la tête vers son grand frère en haussant un sourcil, se retenant de ne pas trop descendre son regard là où cela aurait été indécent.

« On n'a jamais vraiment parlé de ton corps depuis qu'on est de nouveau ensemble. »

« … Euh… »

Il le sentit s'approcher de lui un peu plus, traînant tout de même son amas de couverture contre lui. Leurs genoux s'effleurèrent.

« Enfin, entre frères, on devrait parler de ce genre de choses sans problèmes, quoi. Normalement, les garçons le font sans se gêner, mais… Vu notre quotidien, à part Roy qui me racontait ses rendez-vous amoureux, j'ai jamais vraiment pu, et toi… »

« Toi » était à cet instant trop occupé à se contrôler pour penser à répondre.

« J'imagine qu'après avoir retrouvé ton corps, t'as dû remarquer tous ces… Changements. Et qu'il n'y avait pas beaucoup de personne à qui en discuter. »

Dans un soupire, il l'entendit s'allonger sur le lit et contempler le plafond de ses yeux dorés. Sans vraiment pouvoir s'en empêcher, il l'observa à la dérobée, détaillant chaque parcelle de peau qui lui était offerte et dont il profitait bien trop. Devait-il sauter sur l'occasion ? Ne plus fuir… Se jeter à l'eau et tout avouer ?

« Nii-san… »

Passablement gêné par ce qu'il venait de dire, Edward le fixa, n'osant pas ajouter quoi que ce soit sans que le plus jeune ait parlé.

« C'est… C'est vrai. Je veux dire… En parler. C'est plutôt gênant… Mais… »

« Mais ? »

« Ca ne me dérange pas de parler de ces choses-là avec toi, si tu me le proposes. C'est vrai que je n'ai jamais eu l'occasion de… Enfin de… »

Il se passa la langue sur les lèvres, ne sachant pas très bien comment l'expliquer sans bafouiller ou sans piquer un fard. Il parlait de sexe avec celui qu'il aurait aimé dévorer entier sans aucun scrupule, et c'était loin d'être commode.

« De ? »

« De… Tester ? »

Un ange passa.

« Tu n'as jamais … ? »

« Si ! Si, un peu quand même… Mais… Ce n'était pas vraiment ce qui me préoccupait le plus… Une ou deux fois peut-être, mais… Je n'étais pas habitué… Enfin, tu vois… »

Il était sûr que non, mais il ne voyait pas comment le formuler autrement.

« Je comprends. »

Il le fixa avec un regard étonné, ne s'attendant pas à cette réponse.

« Avec ce qu'on a vécu… C'est normal. »

Depuis ce jour où il l'avait surpris par hasard, Al avait toujours fait très attention à ne pas recommencer, se disant qu'il touchait là à quelque chose de privé, n'appartenant qu'à son frère. Le sujet n'avait jamais été évoqué entre eux, jusqu'à maintenant. Il se demandait à présent si un évènement semblable ne s'était pas reproduit, c'était tout simplement parce que son frère, trop occupé à sa recherche de la pierre philosophale, n'avait jamais eu la tête à ça non plus. Il était étrange de penser qu'ils avaient la maturité des adultes, mais étaient bien loin de la plupart des adolescents au niveau émotionnel.

« Dis… Ca te dérange si… Si on en profite tous les deux ? »

« Qu… Quouak… Quouah… Quoiii ? »

Edward eut un sourire en coin, comme pour le rassurer.

« Ben… Je vais pas rester comme ça quand même… Et puis c'est l'occasion pour toi de « tester » justement, non ? »

Un souffle lui manqua. Puis, avec précaution, il s'allongea à côté de son aîné, plus que troublé.

« C'est… C'est vrai… »

Il entendit le tissu qu'avait pris Edward être jeté à l'autre bout du lit et ne se risqua pas à jeter un coup d'œil sur celui à côté de lui, se contentant de l'écouter soulever le bas de sa chemise de nuit. Le bruit qu'elle fit en passant sur sa peau fut un véritable supplice. Une respiration un peu plus saccadée s'ensuivit, il ne lui restait plus qu'à en faire de même. Machinalement, il reproduisit les mêmes gestes que le blond, prenant entre ses doigts maladroits son intimité. Pourtant, la petite montée d'adrénaline refusait de faire le reste, et ce n'était pas étonnant vu la situation. A quoi pensait Edward pour pouvoir le faire sans se gêner à côté de lui ? Le rouge lui monta aux joues et il détourna la tête, espérant qu'il ne remarque pas son expression de vierge effarouchée. Inconsciemment, il se laissa guider par le rythme peu ordonné du souffle de son aîné, accélérant ses gestes quand celui-ci se faisait trop pressant, puis les ralentissant en même temps que lui. Il dut retenir son propre gémissement quand l'autre poussa le sien. Arriva un autre moment où il n'y eut plus aucun son dans la chambre, autre que sa propre respiration, hachée certes, mais pas au point de se libérer comme venait de le faire l'autre.

« A… Al ? Tu dors ? »

« N… Non… »

Edward se retourna vers le plus jeune, à bout de souffle. La tête de ce dernier rejetée sur le côté ne lui laissait entrevoir que ses longs cheveux bruns qu'il n'avait pas encore daigné faire couper. Le mince faisceau de lumière tombant par la fenêtre venait caresser son ventre se soulevant régulièrement selon le bon vouloir de sa main. Cependant, le cadet des frères Elric avait peu d'expérience dans ce domaine, et n'était pas vraiment en état de se laisser aller à ses émotions quand elles concernaient son propre frère qui était à ce moment précis à côté de lui.

« Dé… Désolé… Je… »

Il s'apprêta à retirer sa main quand un poids inconnu vint s'appuyer sur son ventre. Dans une exclamation de surprise, il braqua ses yeux vers son aîné qui s'installait le plus confortablement possible sur lui. Les joues d'Edward étaient cramoisies, mais une étrange lueur brillait au fond de ses prunelles qu'il avait rivé dans les siennes. Ils se contemplèrent, sans mot aucun, pendant une minute. Ce n'est qu'à la fin de celle-ci qu'il réalisa qu'il avait cessé toute activité sur son membre avec sa main. Quand son frère posa la sienne dessus, à travers le tissu.

OoO

« Nii… Nii-sa… » Tenta-t-il en vague protestation où la volonté n'y était pas, il faut le dire. Protestation qui fut, de toute façon, immédiatement stoppée par un doigt posée avec une douceur inhabituelle sur ses lèvres.

« Eh… Je t'aide, c'est tout. »

S'il avait voulu répliquer quelque chose à cette explication, il aurait eu bien du mal, et peut-être est-ce pour cela qu'il ne le tenta pas, trop absorbé par les émotions déferlant sur lui à une vitesse incalculable. La chaleur de son frère à califourchon sur lui. Ses jambes encadrant son corps, comme pour l'empêcher de s'enfuir, même si tout désir de le faire s'envolait au fil des secondes. La sensation de ses doigts à travers son vêtement, englobant son intimité dans un geste possessif. Peu à peu, il n'essaya plus de chercher à capter le regard du blond ni à opposer une quelconque résistance, vaine de toute manière. Laissant ses yeux marron s'égarer sur la surface incertaine et sombre du plafond, plus rien n'existait dans son univers que les agréables fourmillements naissant dans son bas-ventre. Edward dut deviner son assentiment silencieux car il sentit ses muscles se détendre sur lui et sa paume augmenter encore un peu sa pression, faisant s'échapper de sa bouche un léger soupire.

« C'est en quelques sortes… Pour me faire pardonner… »

Et avant que son petit frère ne cherche à répliquer, il s'empressa de mettre ses phalanges en action, décrivant le plus doucement du monde de petits cercles, appuyant le bout de ses doigts sur le coton pour que ce dernier frôle mieux la peau sensible et blanche du brun. Ce dernier ferma les yeux et plaqua violemment sa main droite sur sa bouche afin de faire taire un gémissement apparemment trop bruyant pour être émis sans honte. Un frémissement parcourut l'ensemble de son corps, s'arrêtant au point culminant. Alphonse ne réalisait même pas l'effet il pouvait produire. C'était… Consternant. Dans une bouffée de chaleur surgie de nulle part, le plus âgé plaqua un peu plus son bassin sur le ventre de l'autre, s'allongeant à moitié sur lui sans s'en apercevoir. Suivant le mouvement, les ondulations procurées par son poignet se firent plus rapides, et s'il avait eu quelques réticences à le toucher au début, ces dernières disparurent bien vite. En moins de temps qu'il ne lui en fallut pour le réaliser, la barrière de tissu ne fut plus un simple objet destiné à préserver un peu de pudeur dans ce qui était en train de se produire, mais servant bel et bien à accentué le plaisir qu'il lui procurait. Edward était avant tout quelqu'un d'entreprenant, surtout quand il se laissait guider par son côté impulsif, et c'est celui-ci qui lui ordonna d'utiliser la matière soyeuse de la chemise de nuit à des fins autrement moins innocentes qu'à l'origine. Habiles, ses doigts d'acier se mirent à la frotter lentement, méthodiquement, contre le membre encore étranger au vrai plaisir. Prenant tout son temps, il fit monter et descendre sa paume, ne cessant jamais l'activité de ses doigts. Bientôt, le plus jeune se détendit sous ses gestes apprivoiseurs, allant jusqu'à soulever et reposer ses hanches en même temps que lui et, malgré la pénombre, il percevait sans peine la couleur écarlate de ses joues, de même que l'incroyable effort qu'il devait accomplir pour contenir ses halètements, allant de plus en plus vers les gémissements.

Les sourcils d'Edward se froncèrent. Il fallait passer à la vitesse supérieure s'il ne voulait pas rester toute la nuit dans cette position. Le corps cambré, chaud à en mourir, plaqué contre le sien, ne lui laissait aucun doute quant à l'état de celui qu'il torturait en douceur. La seule question était de savoir pourquoi ses caresses n'aboutissaient pas. Se redressant souplement, il fit en même temps coulisser quelques centimètres de tissu, révélant à l'air froid de la nuit le bout de l'appareil génétique de son cadet. D'un geste vif, il saisit sa main dans la sienne, appuyant brusquement son pouce de métal froid sur la partie à la peau fine et tellement sensible. Alphonse avait beau gagné tous leurs combats au corps à corps, il ne s'en trouvait pas moins en position d'infériorité à cet instant, et opposa peu de résistance à ce qui arriva, ne s'apercevant que sa main s'était faite appuyée avec force sur les draps que lorsqu'un long gémissement s'échappa de sa bouche, résonnant dans la pièce. A bout de souffle, il tenta d'émerger des délicieuses vapeurs dans laquelle les soins prodigués par son frère l'avaient plongé. Trop tard malheureusement.

« J'y crois pas… »

Et si, le fait était là. Dur comme fer, c'est le cas de le dire.

« Al, t'as une libido en béton, et j'exagère pas quand je dis ça. »

Ledit Al tenta de se redresser dans un élan de bonne volonté, à moitié sonné par les vagues de désir déferlant sur lui, pour prendre conscience de l'ampleur de sa « libido en béton », et, sûrement, pour s'excuser encore une fois de l'insatisfaction qu'il procurait à son aîné. Aîné qui ne lui en laissa pourtant pas le temps, frustré dans son orgueil à ne pas réussir à le faire venir ou profitant de l'occasion pour justement aller plus loin qu'il ne le pensait au départ ? Toujours est-il que la simple partie de masturbation entre frères prenait une allure des plus inquiétantes… Ou intéressantes. Deux poids atterrirent sur les épaules d'Alphonse qui se retrouva plaqué contre le matelas. Un grognement s'éleva, mécontent d'être privé de la main enserrant son membre et dont il ne percevait plus la présence. Succéda encore une fois la honte et l'humiliation qui firent que pendant une bonne minute il se débattit pour échapper à l'emprise du jeune homme, mais le cœur n'y était pas. Resserrant sa prise, Edward se pencha vers lui, leurs fronts à quelques millimètres l'un de l'autre.

« Calme-toi ! »

Se disant que s'énerver n'était peut-être la meilleure solution, il s'adoucit, murmurant :

« Ce serait trop bête… De s'arrêter là. Tu comprends ? Je veux simplement… T'aider. Et te faire plaisir… »

Peu à peu, son cadet se détendit sous lui, n'essayant plus de lui échapper. La voix d'Ed dans la pénombre, légèrement rauque malgré la tendresse qu'il mettait dedans pour l'apaiser était étrangement agréable, voire apaisante.

« Je veux qu'on finisse ce qu'on a commencé… »

Ses mains quittèrent ses épaules, prodiguant de rassurantes caresses sur son poitrail à travers son vêtement. Ses yeux se fermèrent. Les doigts vinrent jouer avec la bordure du col, se risquant à effleurer quelques parcelles d'épiderme, le faisant délicieusement trembler. Le poids sur son ventre ne fut plus un fardeau synonyme de peur et d'appréhension, mais quelque chose de chaud, réveillant un besoin en lui. Un besoin d'affection. Un besoin de combler ce qui lui avait manqué si longtemps. Bercé par les sensations qu'éveillaient en lui les gestes de son frère, il ne perçut pas le bruit naissant. Trop plongé dans son monde d'endorphines, il ne prêta pas attention au tissu se tendant sur sa peau. Ce ne fut que lorsque sa chemise fut déchiré jusqu'au niveau de son nombril et qu'Edward, perdant patience, se redressa légèrement pour tout finir d'un coup, qu'il émergea brusquement dans un couinement étouffé, surpris par l'air froid nocturne. Ses frissons cessèrent cependant bien rapidement lorsque la masse chauffante revint prendre sa place sur son bassin, lui arrachant une nouvelle plainte, mais de plaisir cette fois.

OoO

« Détends-toi, Al… »

Il ne savait pas vraiment pourquoi il lui disait ces paroles. Ce n'était pas comme ça qu'il allait réussir ce vers quoi il s'était fixé. Pourtant, il connaissait son frère. Son amour pour les chats n'était pas sans explication. Alphonse était comme eux, et pour le faire venir à lui, il fallait se montrer patient et non brutal. Y aller à son rythme. Dans le fond, peut-être parlait-il également pour lui-même, car, malgré son assurance apparente, Edward était bien loin de penser qu'il maîtrisait parfaitement la situation qui, selon lui, dérapait de plus en plus au fur et à mesure des minutes. Cependant, les halètements du plus jeune lui laissaient supposer que jusqu'à présent, il s'y prenait plutôt bien. Avec précaution, il se recula sur le corps de celui-ci sans pour autant s'en détacher totalement, afin que ce dernier ne prenne pas froid par sa simple faute. Lentement, avec agilité, ses mains suivirent le mouvement douloureusement ralenti qu'il s'imposait. Passant sur le torse, s'égarant sur la peau qui se soulevait fébrilement, se perdant dans les lignes des muscles dont suintaient quelques transpirations, elles se perdirent dans la région des tétons qu'elles effleurèrent avec lascivité. Un sourire de profonde satisfaction fut réprimé en les sentant se tendre sous les paumes et devenir durs, s'autorisant néanmoins à donner une petite chiquenaude provocatrice sur l'un d'eux. Un soupire entre la plainte et la réprobation lui répondit, auquel succéda bien vite les doux halètements qui comblaient le silence de la pièce depuis cinq minutes déjà. Elles descendirent ensuite sur ses flancs. Le brun frissonna violemment et mordit sa main refermée en poing, semblant étouffer quelques paroles.

« N'essaie pas de te retenir… »

Edward accompagna son rassurant chuchotement par de minutieux gestes consistant à amener ses mains sur les hanches de son petit frère, lui prodiguant un massage dans l'espoir de le détendre. Réduisant sa voix tout en affirmant ses mouvements, il rampa vers lui pour mieux se faire entendre, observant chacune de ses réactions.

« Pense juste à ce que je fais… Ne réfléchis pas… Ne pense pas… »

Peu à peu, l'espace occupé par ses doigts se réduit de telle sorte qu'il ne tarda pas à arriver jusqu'à la zone sensible, pointant vers lui. Patients, ses doigts allèrent avec progression jusqu'au membre rougi. Puis, à lui aussi, ils témoignèrent mille caresses, le massant avec délicatesse, appuyant avec une douce fermeté sur la chaire ferme et laissant courir leurs phalanges dessus. Les halètements cédèrent place à de vifs gémissements, ne jugeant plus nécessaire de se contenir, la tête d'Alphonse s'était rejeté en arrière alors qu'il s'agrippait avec force aux draps autour de lui. L'excitation provoquée par son frère était si grande qu'il ne croyait pas pouvoir ressentir davantage de plaisir pour le reste de son existence. Bien heureusement, il se trompa. Une sensation humide se fit sentir sur l'extrémité de son sexe. Dans un bref éclair de lucidité, il s'aperçut qu'Ed n'était plus au-dessus de lui, mais revenu vers le point clé de son corps, s'étant octroyé le droit d'y poser sa langue. Mais sa soudaine clairvoyance fut aussitôt emportée par un tourbillon de désir et de vagues de chaleur. Avec application, son aîné léchait ce qui jusqu'ici n'avait connu que sa propre main.

« E… Ed… Edo… »

La voix plaintive tira l'ainsi nommé de la tâche qu'il était en train d'exécuter. Alors qu'il s'apprêtait à le prendre entièrement, il décida avec magnanimité qu'accéder à sa requête était plus judicieux pour les évènements à venir. Se redressant, il glissa sur son corps pour arriver jusqu'à sa hauteur. Un bras frémissant le saisit avec force par les épaules. Ses yeux s'agrandirent alors qu'il se retrouvait plaqué contre l'autre, la température émanant de lui le réchauffant à un point inimaginable. Un souffle pressé contre son oreille lui indiqua qu'Alphonse venait d'enfouir son visage dans son cou. En réalité, pour ce dernier, aller plus loin aurait été se servir de son grand frère. Il voulait lui dire. Lui dire maintenant pour ne pas avoir l'impression plus tard de l'avoir utilisé.

« Al ? »

Le doute s'immisçait peu à peu dans l'esprit du blond. Avait-il quelque chose de mal ? S'y était-il mal pris ? Il le sentait tremblant et hésitant. Peut-être n'aurait-il pas dû croire que le plus jeune se laisserait toucher si facilement.

« Ah !! »

C'était lui qui avait crié. Les ongles d'Alphonse s'enfoncèrent dans son épaule tandis que son autre main venait s'accrocher fermement à sa chemise de nuit, tirant dessus sans remord. Un bruit de craquement s'ensuivit, et il comprit que lui non plus ne finirait pas la nuit habillé. S'emparant des pans de tissu sans une once d'hésitation, le cadet s'empressa de le dévêtir, y allant sans suivre la moindre logique contrairement à lui. Morceau par morceau, il fut extrait de ce qui restait pour empêcher leurs deux enveloppes charnelles d'entrer en contact. Alors qu'il se remettait de la douleur en respirant bruyamment pour reprendre son souffle, Edward sentit à son tour la langue du jeune homme qu'il surplombait passer sur la plaie laissée par la marque des dents, la pansant méthodiquement. Vinrent les lèvres, humides et quémandeuses, embrassant sa blessure, puis allant juste à côté, baisant la peau offerte, encore et encore, jusqu'au cou où il en profita pour humer avec délice son odeur avant d'aller taquiner le lobe de son oreille. Ses mains, loin de rester inactives, rattrapaient le temps perdu à être restées sans rien faire, caressant le dos, se posant au creux des reins, effleurant du bout des doigts la colonne vertébrale, et allant même jusqu'à se risquer plus bas, dans la courbure des fesses. Edward, ne sachant pas s'il rêvait ou était réveillé, saisi sa chance au vol et appuya un peu plus son corps contre le sien dans un grognement quasi bestial, lui interdisant toute chance de bouger à sa guise, l'écrasant contre le matelas. Pour toute réponse, il eut droit à des griffures un peu plus fortes et à une nouvelle morsure, à l'oreille cette fois. Il se risqua à un léger va et viens, se frottant contre lui, amenant sa propre intimité contre celle sur laquelle il avait prodigué tant de soins. Une plainte furieuse.

« Un vrai chaton… » Murmura t-il dans le cou du brun, amusé par la situation.

OoO

Grave erreur.

A sa provocation répondit une main s'enfouissant sans délicatesse dans ses cheveux pour saisir l'élastique qui les retenait en une queue de cheval. Ne faisant preuve d'aucune douceur, le cadet tira dessus, ignorant les protestations de son propriétaire, et l'envoya voltiger dans un coin de la pièce, engouffrant ensuite violemment ses doigts entre les mèches soyeuses et dorés tout en lui infligeant une nouvelle morsure au cou, lui soutirant un nouveau cri. De son côté, le plus vieux commençait à enrager, frustré de ne plus avoir le parfait contrôle de la situation qu'il détenait quelques minutes auparavant. Il était grand temps de calmer le fauve qui habitait son frère, jugea t-il. Et faisant preuve d'autant de délicatesse que lui, il saisit fermement sa nuque, l'encerclant de sa main pour l'attirer à lui malgré ses tentatives désespérées de rester accroché à son corps. Ses lèvres allèrent jusqu'aux siennes qu'il embrassa voracement. Le brun cessa immédiatement tout mouvement, les yeux écarquillés alors que l'autre en profitait pour coller leurs deux membres ensemble dans un coup de rein habile, allant même jusqu'à aller donner un petit coup de langue sur la sienne. Reprenant ses esprits, Alphonse prit ses épaules entre ses mains pour le repousser. Le regard d'Ed brillait dans le noir, semblable à des yeux félins. Ce n'était pas un regard de pervers en manque de son addiction. Il le fixait avec calme, même s'il pouvait clairement percevoir contre lui toute l'excitation qui le tiraillait. Ce n'était pas un regard de quelqu'un de profiteur. Il pouvait sentir jusqu'à lui toute sa chaleur et toute sa force. Edward aurait pu lui faire bien plus de mal qu'il ne lui en avait procuré s'il l'avait voulu. Alors, il saisit violemment son visage entre ses paumes, ne se souciant même pas de le griffer ou non, et l'embrassa à son tour, lui rendant son coup. Un gémissement satisfait parvint jusqu'à lui et il alla embêter sa langue avec la sienne. Elles se touchèrent, se rencontrèrent, s'apprivoisant et se combattant. La sensation était délicieusement humide et chaude et il ne s'en lassait pas, de plus, il ne pouvait oublier le point culminant appuyé avec force contre le sien, chauffant au fur et à mesure que leur baiser s'intensifiait. Une demi-seconde, il se détacha encore une fois, accrochant ses yeux dans ceux de l'autre avec provocation.

« Un chaton, hein ? »

Et reprenant tout de suite possession de sa bouche, il enroula ses jambes autour de son buste, croisant ses pieds sur ses fesses, le poussant contre lui. Un couinement étouffé fut gémit sur ses lèvres et, l'emprisonnant de ses bras, il bougea contre lui, faisant des vagues avec son bassin pour frôler le sien, effleurant son torse dont les tétons dressés éveillèrent mille frissons en lui. Leurs deux intimités, dures comme jamais, s'entrechoquaient à un rythme qui allait en s'accélérant, les amenant au point de non-retour. Déjà, il sentait des gouttes allant humidifier son ventre. Caressant son dos, ses mains glissèrent jusqu'au creux formé par leurs deux corps pour témoigner une même attention à son torse. Brusquement, elles furent saisies par une autre, de fer, qui se referma sur elles, les amenant au-dessus de sa tête, plaquées contre le mur glacial. Au même moment le baiser fut rompu. Haletant, les yeux étincelant de désir, il les plongea dans ceux où l'envie était tout aussi apparente. Son frère eut un sourire carnassier, le jaugeant avec un petit regard supérieur.

« Dis Al…. Ca fait quand même dix minutes là… Je vais finir par croire que tu le fais exprès… »

Puis, descendant son visage vers lui, il souffla, leurs yeux toujours rivés dans ceux de l'autre, leurs lèvres séparées par quelques millimètres.

« Montre-moi que tu n'es pas qu'un chaton… »

Et, sans prévenir, il glissa brièvement sur lui, passa sa main libre sous ses abducteurs pour les soulever et remonta aussitôt.

Un hurlement de douleur déchira la nuit noire.

Des larmes coulant à n'en plus finir sur ses joues, Al serrait si fort son frère contre lui qu'il avait l'impression d'étouffer entre la souffrance provoquée par la pénétration et le plaisir tout aussi grand que lui procurait la sensation de leurs deux corps l'un contre l'autre. L'idée de se dégager et de finir cette affaire, qui était allée bien trop loin, par les coups ne lui vint même pas à l'esprit. Non, la seule pensée persistante tenait sur des bases bien fragiles tenues uniquement par ses cinq sens. Edward était en lui, et il venait sûrement de le faire souffrir physiquement plus qu'il ne l'avait jamais fait, mais le fait était là, bien présent. Edward était en lui, et s'il s'était permis de lui donner cette douleur, cela devait être pour une bonne raison. Edward l'aimait. Face à cette évidence, il pleura de plus belle. Le salaud… Il allait le payer. Et très cher. Le combat engagé entre les draps touchait à son terme, il le savait, mais il ne lui ferait pas l'honneur de s'être fait dominé. Pas totalement en tout cas. Serrant les dents, il resserra sa prise sur lui, battant des paupières pour faire cesser ses larmes. Il inspira longuement et s'aperçut que l'aîné ne bougeait plus, probablement pour l'habituer à sa présence. Ses sourcils se froncèrent. Il ne savait pas s'il devait accepter cette faveur ou la considérer comme de la pitié. Toujours est-il qu'il ferma les yeux et articula lentement.

« Bouge. »

Premier coup de hanche. Nouveau cri néanmoins rapidement tut par un jeune adolescent se mordant les lèvres pour l'arrêter. L'autre fit une courte pause pour qu'il se remette. Aucune parole, aucun des deux ne voulant céder le terrain. Vint le deuxième. Puis le troisième. Peu à peu, Alphonse redécouvrit tout ce qui lui avait procuré tellement de plaisir cette nuit, et cette fois-ci amplifié mille fois, se laissant envahir par un univers ardent, rempli de désir et de sensations balayant toute pensée hors de l'acte. Il ne voulait plus réfléchir à ce qui était en train de se passer, à leurs comportements si particuliers. Ils auraient tout le temps après. Le plus important était sa peau contre la sienne, si douce, ses longs cheveux glissant sous ses doigts, ses mains caressant son visage, y retraçant ses traits, sa voix murmurant son nom entre les gémissements et les soupires, encore et encore, ne s'en lassant jamais, et par-dessus tout, son omniprésence. Il était curieux de penser que son frère, en une soirée, lui avait offert autant de jouissance que l'inverse. Dans un cri à l'unisson, ils s'assouvirent, s'embrassant une dernière fois. Le plus jeune eut un soupire et contempla le jeune homme lui faisant face, semblant s'éveiller d'un lointain songe. Au fond des magnifiques iris, il décela tout l'amour qu'il lui portait, puis une pointe d'inquiétude qu'il ne comprit que lorsque sa vision s'obscurcit et que tout ne fut plus que ténèbres, sans pourtant une dernière pensée fugace avant de l'envahir et le faire sombrer. Il avait fui. Encore une fois.

OoO

La lumière du jour se chargea de le réveiller. Emergeant d'un monde de songes et d'oublis, il essaya de se redresser, pour se recoucher aussitôt, une main en visière devant ses yeux éblouis par le soleil déjà bien haut dans le ciel. Les volets de la fenêtre avaient été ouverts, signe qu'Edward s'était déjà levé. Comme une confirmation, une main passa sur son front, y repoussant quelques mèches éparses. Son regard se posa sur le jeune homme assis à côté de lui. Alphonse rougit instantanément en s'apercevant que ce dernier l'observait fixement, sentant s'éveiller au creux de son corps une douleur peu coutumière. Un sourire s'afficha sur les lèvres du blond en voyant son cadet aussi gêné.

« Il est un peu tard pour se dire bonjour je crois… »

Devant la mine interrogative qu'il afficha il se crut obligé d'ajouter :

« Il est quatre heures de l'après-midi. »

« Ah… »

Cependant, l'heure tardive ne semblait pas interloquer plus que ça le plus jeune des frères Elric qui avait soudain baissé les yeux, balayant les draps du regard pour ne pas croiser celui de l'autre. En vérité, il avait honte. Honte de quoi ? Ah, s'il le savait… Peut-être de son comportement de la veille, il se demandait comment il avait fait pour agir d'une telle manière, d'une façon aussi… Bestiale ? Il se savait en manque, mais pas à ce point-là, et n'aurait jamais cru que la simple mise en contact avec son frère put provoquer un tel… Cataclysme intérieur. Pourquoi ce rapport, simple quoiqu'étrange au début, s'était-il transformé en véritable lutte, en besoin de domination ? Pourquoi avaient-ils ressenti le besoin de ne pas se soumettre à l'autre ?

Parce que c'était comme ça qu'ils étaient, même lui, avec sa nature douce et extérieurement passive. Toujours ce besoin de vaincre, incrusté dans la branche de leur famille, de passer outre les interdits et de se battre. Cela justifiait-il tout cependant ? Il avait souhaité tout avouer à son frère avant l'acte, et il ne l'avait pas fait, préférant la rage et l'ardeur, n'était-ce pas une fuite en soi ?

« Eh, Al… »

« Pardon… »

Edward le regarda longuement, le doute perçant au fond de ses prunelles.

« Pardon pour quoi ? »

« Et bien… Pour cette nuit. »

Un grognement lui répondit, suivi d'un soupire alors qu'il levait ses yeux vers le plafond.

« Al ! Tu n'as pas à te sentir coupable pour ce qui c'est passé, je le suis autant que toi, si ce n'est plus ! »

« Mais… Mais moi… »

Fâché que la conversation prenne une telle tournure, il glissa un doigt sous le menton de son frère, le forçant à le regarder dans les yeux. Des larmes perlaient au coin de ses cils, et ça, ça ne pouvait que l'effrayer, pris soudain de remord pour ce qu'il avait fait la veille.

« Mais ? »

« Mais moi… Je me suis servi de toi… »

« … Quoi ? »

Incrédule, il l'observa. Son frère ne savait pas mentir, et n'était pas en train d'essayer de le faire. Une douleur commença à poindre dans sa poitrine. Aurait-il osé… ?

« C'était juste pour… Le plaisir… Que tu as fait ça ? »

« Non ! »

Le brun s'était brusquement redressé. Il le vit grimacer légèrement, sans nul doute à cause de la douleur qu'il lui avait fait subir, et s'avancer vers lui, ne se souciant même pas de sa nudité.

« Non, je ne pourrai jamais faire une chose pareille ! »

« Mais… Mais alors, c'est quoi le problème Al ? »

Il s'aperçut qu'il tremblait, et en plus de ça, des gouttes d'eau commençaient à glisser dangereusement sur son visage qu'il baissa, des pans de cheveux l'encadrant.

« Je… J'te l'ai pas dit… »

Perdant patience, il le saisit par les épaules, le secouant presque.

« Dit quoi ?? »

« Ben… »

Le cadet avait redressé la tête. A présent, le regard d'or et celui de bronze s'affrontaient, ou plutôt s'accrochaient désespérément l'un à l'autre.

« Ben… Dit que je t'aimais… »

Ses yeux s'écarquillèrent, il le contempla, complètement éberlué. Après la nuit qu'ils venaient de passer, Al apparaissait soudain totalement opposé à l'image qu'il lui avait montré, manifestement plus fleur bleue qu'il ne l'avait imaginé. Finalement, il eut un soupire de soulagement et sourit. Au fond, il avait cru que son frère lui réservait quelque chose de bien pire que ce qu'il lui avait avoué.

« Al… »

Il l'attira contre lui. Ca faisait du bien. Il aimait sentir sa chaleur tout contre lui, à même sa peau. C'était presque sécurisant, lui prouvait qu'il avait un rôle dans cette vie. Protéger son frère. Il avait mis tellement de temps pour lui rendre son corps, tellement de temps pour ensuite le voir à l'intérieur. Il ne voulait plus jamais le perdre, ne plus jamais avoir à le chercher.

« On a pas forcément besoin de dire les choses pour qu'elles se sachent. »

Son petit frère leva ses yeux brillant de larmes qu'il essuya délicatement avec son pouce vers lui.

« A… Ah ? »

« Puisque j'te le dis ! T'avais pas besoin de me dire « j'ai mal » quand on l'a fait cette nuit ! »

Un long silence s'ensuivit où ils purent entendre une mouche voler.

« … Ed… »

L'atmosphère changea en une fraction de seconde. L'aura entourant Alphonse avait quelque chose de beaucoup moins innocent et mignon.

« Espèce de crétin… J'ai encore mal, tu sais ?? »

« Euh… Désolé… Mais tu sais, c'était pas prémédité hein… »

« Je vais te montrer ce que ça fait des actions pas prémédités !! »

Un poids s'abattit sur son torse et il tomba à la renverse, basculant parterre avec la personne qu'il aimait le plus au monde sur lui et bien décidé à lui montrer son affection.

x°x°x

Aoko : Espèce d'âme souillééééée !

Sen : Hihihihi n.n

x°x°x

Réponses aux reviews !

Reviews pour le drabble 6 :

Kimvy : Ravie que ça t'ai plu, j'espère que tu aimeras ce drabble aussi n.n ! Ah, comment ne pas aimer l'elricest ?

Ichigo-loveuse : Je suis passée sur le site et j'ai adoré, merci pour l'adresse n.n !

Natsue77 : Oh mon dieu, une folle du volant… Remarque, je ne dois pas être mieux, héhéhé… J'espère que t'as eu ton bac en tout cas n.n !

Poppycat : Nyah ! Toi ça fait dix mille ans que j'attends la suite de tes fics ! En tout cas je suis contente que mon dernier drabble t'ai plu n.n ! Et oui, pour une fois Winry est quelqu'un de sensible et d'un tant soit peu normal XD ! Tout à fait d'accord avec toi, le fangirlisme ne s'invente pas u.u !

Mickaelle : Comme tu peux le voir, Aoko s'est parfaitement remis depuis le temps ! Sinon pour la musique, aucune idée, je l'avais entendu dans un AMV sur youtube oô ! C'est vrai, de toute la série FMA, le seul amour qui saute vraiment aux yeux c'est celui entre les deux frères alors faut vraiment être bigleux pour pas le voir XD !

Ptite new : Vive le elricest ! Vive mes drabbles n.n ! Mouhahahaha ! Merci pour ta review n.n !

Sally : Tu es quelqu'un de stratégique, c'est bien, laisser Al à Ed pour les filmer ensuite, quelle bonne idée n.n ! Sinon, je suis ravie que tous mes drabbles te plaisent n.n ! J'espère que j'aurai encore l'occasion de te satisfaire !

Reviews pour le drabble 5 :

Sakura hime : Ah ce drabble doit être celui où j'ai le plus ris pendant son écriture ! Ravie qu'il t'ai déstressé en tout cas ! Et j'espère que tu as eu ton brevet n.n !

Hikari no namida : Comme quoi les grands esprits se rencontrent n.n ! J'espère que tu as aimé aussi ce drabble n.n !

Tigrou19 : Huhuhu… Il faut te convertir au elricest, c'est tellement bien ! J'espère que tu as aimé le sixième drabble et le septième également n.n !

Review pour le drabble 3 :

Greeny : J'ai toujours eu envie de faire un EnvyxEd, même si ce n'est pas mon couple préféré, j'ai toujours trouvé une belle musique pour, mais je n'ai malheureusement jamais trouvé les paroles ni le téléchargement, mais je vais m'efforcer d'arranger ça n.n !

Reviews pour le drabble 1 :

Aya-chan : Contente que mon premier drabble t'ai plu ! J'espère que tu as lu les autres et que tu les as tout autant apprécié n.n !

Mams'ailes : Merci pour tes compliments et pour ta review, je suis ravie qu'ils te plaisent n.n !

Merci à tous pour vos reviews n.n !