Chapitre 5

Bonjour à tous. Voici le cinquième et dernier chapitre de ma petite fic. Un gros gros merci à tous mes lecteurs, en particulier ceux qui ont bien voulu m'écrire une petite critique. J'espère que cette histoire aura plu au plus grand nombre possible d'entre vous. C'était ma première expérience en récit de genre romantique. J'ai bien aimé la préparer, même si j'aurais voulu pouvoir envoyer plus régulièrement les chapitres. Ma prochaine fic, si prochaine il y a et si j'arrive au bout, sera sans doute plus sombre, plus mystérieuse. Enfin, on verra.

Quelques petits messages perso à présent.

Arminas : merci pour les encouragements très réguliers que tu a bien voulu m'écrire. Et non, je ne suis pas un fan de foot (je l'ai été, mais ça date de l'époque de Platini alors…). J'ai employé le mot saison en considérant que le tournoi avait eu lieu en été, et mon histoire à l'automne.

Yue-redmoon : désolé, mais si, c'est bel et bien le dernier chapitre. Je voulais faire court pour ma première fic romance. Donc, j'ai réduit le scénario. J'espère que ce dernier chap, un peu plus long, te plaira quand même. Et merci pour le petit mot.

In.IFZ : ach, comme tu l'aura remarqué, je suis encore en retard. Je manque à tous mes devoirs. Mais il faut dire que je n'ai guère de temps à moi. Trop de boulot, trop de boulot…Faudra que je pense à tout écrire d'un coup avant de commencer à envoyer pour maitriser le flux. A plus.

Mahiro : content de voir que ma petite histoire te plait. Merci.

Algent : Toi aussi, merci des compliments. En espérant que la fin ne soit pas trop gnangnant (c'est une de mes grandes craintes).

Le Mutant : Merci pour le compliment sur la mise en forme et l'écriture. J'y suis très sensible.

Tafolpamadlaine : Sympa ton petit mot sur le chap trois. J'espère que le dénouement te plaira et que mon petit couple du moment te séduira jusqu'au bout.

Et maintenant, place au dénouement de cette histoire.

« Bon, et bien je suppose que cette fois-ci, c'est rapé. Vu l'heure qu'il est, elle ne viendra certainement plus. »

Désabusé, le jeune homme se baissa en soupirant pour attraper le sac qu'il avait posé sur la pierre voisine. Il avait pourtant attendu ici tout l'après-midi, comme le lui avait conseillé Kurenaï ,dans cette petite clairière au centre de laquelle trônait une simple pierre en guise de monument aux héros morts de Konoha. Il avait été patient. Une attitude rare pour un garçon de son caractère. Habituellement, il n'avait que faire de ce que les autres gens pensaient de lui. Il avait passé trop de temps, dans son enfance, à être haï, détesté, méprisé. Il en fallait beaucoup pour le toucher. Il n'en était pas pour autant devenu insensible. Au contraire, il savait se montrer chaleureux et reconnaissant envers ceux qui lui témoignaient de l'amitié, de l'estime, ou tout simplement de l'attention. Simplement, il ne cherchait plus à tout prix à se faire aimer, ou même remarquer par les autres. Et quand quelqu'un lui tournait le dos, il ne s'escrimait pas à le retenir.

Cette fois-ci, pourtant, il avait fait une exception. Parce qu'il avait été troublé. Troublé par une lettre toute simple qu'il avait reçu deux jours auparavant dans sa boite, mais dont il n'avait pas compris le contenu. Il n'en avait en fait retenu que les dernières lignes, dans lesquelles Hinata s'excusait platement et lui annonçait qu'elle ne se présenterait plus jamais devant lui. Pour quelle raison ? Il l'ignorait. Il ne se souvenait pas avoir fait de mal à sa camarade. Et n'avait jamais eu de rancune contre elle non plus. C'est cette raison qui l'avait poussé à demander à Kurenaï la permission de parler à la jeune Hyuga pendant la pause de midi. Et la réponse de la junnin l'avait étonné plus encore.

« Comme tu t'en doutes, je ne peux pas te permettre de lui parler tant que la séance d'entraînement n'est pas terminée, avait objecté la ninja de haut rang. En revanche, je peux lui faire passer un message quand nous auront fini de travailler. De fait, tu n'as qu'à fixer un lieu de rendez-vous où elle pourra te rejoindre en fin d'après-midi. Cependant, j'aimerais quand même te mettre en garde. A dire vrai, ton histoire de lettre m'inquiète un peu. Je comprends que tu ne veuilles pas m'en dire davantage. Ce souci de discrétion t'honore même. Mais j'ai peur que la situation soit un peu plus compliquée que tu ne l'imagines. Surtout pour toi.

- He… vous voulez dire quoi, là ? avait demandé Naruto en se demandant s'il devait être vexé.

- Vois-tu, Naruto, avait repris Kurenaï en souriant un peu, Hinata n'est vraiment pas bien dans sa peau en ce moment. Je dirais même qu'elle déprime sévèrement, au point d'être incapable de mettre un pied devant l'autre pendant les exercices. Ce qui, comme tu le sais mieux que n'importe lequel de tes camarades pour avoir risqué ta vie au cours de terribles combats, n'est vraiment pas une bonne chose pour une ninja. Or, vu ce que tu viens de me dire, je crois que votre relation pourrait bien être l'une des causes de ce malaise.

-Notre… notre relation , l'avait coupé Naruto, abasourdi, voyant pointer un malentendu à l'horizon. Mais… Hinata et moi nous n'avons aucune… relation. Je vous assure. On est juste… on est juste des camarades de promo, c'est tout. On n'est même pas dans la même équipe.

- De ton point de vue, peut-être, avait alors répondu Kurenaï en souriant à nouveau, plus tristement cette fois-ci. Mais, vois-tu, j'ai dans l'idée qu'Hinata a une autre façon de voir les choses. Je ne sais pas où en sont vos rapports, ni ce qu'elle a pu te dire sur ce qu'elle ressent pour toi. Je vais peut-être même faire une boulette, mais je préfère que les choses soient claires dans ton esprit. Aussi surprenant que cela puisse te paraître, Hinata éprouve une grande admiration pour toi, et sans doute aussi beaucoup d'amitié. Mais ce sont des choses difficiles à assumer, et encore plus à exprimer, pour une jeune fille aussi timide. Sans compter que son éducation a essentiellement porté sur la guerre et les arts ou sciences nécessaires à la direction d'un clan, et non sur la façon de mener des rapports humains dans l'intimité ou la sphère amicale. Elle ignore tant de choses à ce sujet, et elle se sent si intimidée face à toi. Dans ces conditions, dis-toi bien que, si Hinata a fait l'effort d'une lettre, c'est qu'elle avait des choses importantes, peut-être même graves, du moins à ses yeux, à t'écrire. T'en parler sera sans doute une épreuve émotionnellement et psychologiquement difficile pour elle, si tant est qu'elle trouve le cran de répondre à ton invitation. De fait, il est inutile, je suppose, de te dire à quel point il faudra te montrer patient et attentionné si elle accepte de te rencontrer. Hinata est encore assez fragile du cœur, après son combat contre son cousin Neji. J'espère que je me suis bien fait comprendre. »

Toujours assis sur son banc, Naruto se remémorait cette conversation pour la dixième fois, peut-être, en quelques heures, sans vraiment comprendre ce que Kurenaï avait voulu signifier. Hinata et lui n'entretenaient aucune relation particulière. Bien sûr, la petit Hyuga n'était pas une inconnue pour lui. Le jeune homme avait même été sincèrement touché par les encouragements que lui avait prodigués sa camarade avant son combat contre Neji, lors de la phase finale du tournoi d'accession au rang de Chunnin. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'héritière du byakugan, qui était sans doute la fille la plus réservée et la moins volubile du village, avait su trouver, à cette occasion, les seuls mots capable de lui redonner courage et confiance, alors qu'il était paralysé par l'enjeu de la rencontre et la force de son adversaire. C'était un geste que Naruto s'était promis de ne jamais oublier.

Mais il fallait pourtant admettre qu'à l'exception de ce jour si particulier, Hinata et lui n'avaient jamais eu l'occasion de se parler plus de quelques secondes de rang. A dire vrai, il ignorait même tout d'elle, ou presque. Il ne l'avait vu très longtemps que comme une fille bizarre, à la limite du sinistre, et pour tout dire un peu faiblarde. Comme la majorité des membres de sa promotion, il n'avait découvert la force cachée et le talent d'Hinata qu'à l'occasion du terrible combat qui avait opposé la jeune fille à son impitoyable cousin. Comment, dans ces conditions, imaginer qu'Hinata puisse lui accorder une importance si grande que l'imaginait Kurenaï ? De plus, Naruto n'était pas sûr de mériter l'admiration de sa condisciple. Hinata, en effet, était loin d'être aussi médiocre qu'elle le croyait elle-même. En taï-jitsu, par exemple, elle surpassait même l'enfant renard, qui ne l'emportait finalement que grâce au pouvoir du démon enfermé en lui. Un « détail » que, dieu merci, Hinata ignorait.

Tout à sa réflexion, Naruto mit plusieurs secondes à s'apercevoir qu'il n'était plus seul dans la clairière. Il ne la vit qu'au moment où il se redressa pour mettre son sac sur l'épaule. Depuis combien de temps la jeune fille était-elle arrivée ? Mystère. Elle restait là, immobile, une main posée sur un tronc d'arbre, visiblement très mal à l'aise, les yeux baissés.

Sans trop savoir ce qu'il devait faire, Naruto se leva. Il avait encore en mémoire les avertissements de Kurenaï. Il allait devoir faire preuve de délicatesse. Et, bien qu'assez obtus, le jeune homme était suffisamment lucide pour savoir que ce n'était pas là sa principale qualité.

« Salut Hinata, lança-t-il d'une voix aussi chaleureuse que possible. Je suis content que tu ais réussi à te libérer pour venir »

La jeune fille ne répondit rien. Elle restait là, sans bouger, donnant l'impression de ne pas savoir, elle non plus, comment réagir.

« Tu… tu dois être fatigué après ta première journée d'entraînement, tenta Naruto. Et… heu… tu as sûrement envie de t'asseoir un peu », poursuivit-il en désignant du doigt le banc sur lequel il ait passé une bonne partie de l'après-midi.

Hinata ne répondit rien. Simplement, elle acquiesça d'un signe de tête. Elle s'approcha, timidement, à pas discrets, et finit par se poser à l'autre bout du banc. Naruto l'imita. Le silence se fit, aucun des deux adolescents ne semblant savoir par où commencer. Etrangement, Hinata se mit à parler la première.

« Je… je suis désolé, Naruto kun, murmura-t-elle, les yeux toujours rivés au sol. Je… je m'excuse… je ne savais pas que… enfin… je ne voulais pas… je n'ai jamais voulu te faire de mal… je… je suis sincère…»

Incapable de continuer, Hinata porta la main à sa bouche. Elle paraissait presque paniquée, et peinait à garder sa contenance. La sentant au bord de la fuite, Naruto voulu la rassurer.

« Mais ça, j'en suis sûr, Hinata, répondit le jeune ninja. Tu t'es toujours montré gentille et serviable avec moi. Comme avec tout le monde, d'ailleurs. Tu es une chouette fille, Hinata, et ça, je le pense vraiment. »

Sur le coup, Hinata crû avoir mal entendu. Elle releva timidement la tête, stupéfaite. Naruto s'était approché d'elle, sans qu'elle le remarque, et lui tendait un mouchoir. Elle regarda l'objet sans réagir.

« Heu… tu peux y aller, il est propre », précisa le jeune homme.

Alors seulement, Hinata se rendit compte que des larmes coulaient le long de sa joue. Elle pleurait à présent, alors qu'elle s'était promis de ne pas se laisser aller. Et le geste de Naruto n'était pas de nature à apaiser son chagrin. Bien au contraire. Car Hinata était certaine d'une chose : le jeune homme n'avait rien compris à la lettre qu'elle lui avait écrite. Comment expliquer autrement qu'il soit si prévenant avec elle ? La petite Hyuga avait rêvé des années durant que Naruto se montre un jour attentionné et tendre à son égard. Pourquoi fallait-il que cela se réalise, ou presque, dans un moment aussi triste, fruit d'un terrible malentendu ?

Le frôlement du tissu sur sa joue la fit sursauter. Naruto s'était encore rapproché, et essuyait à présent les larmes de la jeune apprentie. Ses gestes étaient hésitants, un peu maladroits, mais tellement doux. Hinata se laissait faire, sans bouger, sans oser regarder encore le visage de son camarade. Après quelques minutes, ses larmes cessèrent de couler. Alors seulement, Hinata leva les yeux. Et Naruto sourit. Le visage du jeune ninja était si posé, si calme, et son regard si attentionné, que l'héritière du byakugan ne put s'empêcher de se sentir soulagée. Pourtant, elle n'avait encore rien avoué à son ami. Mais Naruto avait toujours eu cette influence sur elle. Inexplicablement, elle se sentait triste quand il semblait triste, heureuse quand il semblait heureux, confiante quand il semblait confiant.

Voyant la jeune fille un peu rassurée, Naruto reprit la parole.

« Hinata, lui demanda-t-il, ça va mieux ?

- O… ça va, oui… merci, souffla l'apprentie ninja.

- Je suis désolé, s'excusa le jeune homme. Je ne voulais pas te faire de peine ou te blesser. Mais… j'étais inquiet, tu sais.

- Inquiet ? »

La voix d'Hinata exprimait une sincère surprise. Mais son visage se renfrogna lorsqu'elle vit Naruto sortir un carré de papier de la poche de sa veste.

« J'ai reçu cette lettre dans ma boîte avant-hier, fit-il en guise d'explication. C'est la lettre que tu m'as écrite. Et… heu… j'avoue que je n'ai pas vraiment compris ce que tu voulais me dire. »

La jeune fille ne répondit pas. Au contraire, elle tourna la tête. Naruto s'en trouva attristé.

« Excuse-moi, Hinata, je ne voulais pas te vexer. Mais tu sais, je ne… je n'ai jamais été très intelligent. Enfin, en tout cas, c'est ce qu'on dit », ajouta-t-il, dans l'espoir de faire sourire sa camarade. En vain.

« Hinata, insista-t-il, tu as écrit que tu ne voulais plus me voir. Je ne comprends pas pourquoi. Je n'ai pas l'impression de t'avoir fait du mal… ou de m'être mal conduit avec toi. Mais, comme je te l'ai dit, je ne suis pas très intelligent. Alors, si j'ai fait quelque chose…

- Je ne te reproche rien », Naruto.

Le jeune garçon fut stoppé net, boche bée. La réplique d'Hinata avait jaillie brusquement, avec force. Avec conviction.

«Je… je ne te reproche rien, Naruto, répéta la jeune ninja, d'une voix plus douce, plus triste aussi.

- Mais alors… pourquoi ? hésita l'intéressé.

- C'est… c'est moi qui t'ai fait du mal, répondit Hinata. Je… je vois bien que tu ne l'a pas compris, mais… »

L'apprentie n'alla pas plus loin. Et baissa à nouveau les yeux. Naruto soupira.

« Bon, alors, y'a plus de doute possible, constata-t-il. Je suis bel et bien complètement idiot.

- Quoi ? Mais non…»

Hinata s'était exclamé presque malgré elle. Mais Naruto ne la laissa pas poursuivre.

« Ben si, je dois bien l'être. Parce que, tu vois, Hinata, franchement, je ne vois pas quel mal tu as pu me faire. Surtout si tu veux parler… des lunettes. Tu sais, ces lunettes de plongée que je portais avant de gagner mon bandeau. Tu en parles beaucoup dans ta lettre.»

La jeune Hyuga pâlit d'un coup.

« Dis moi, Hinata, insista Naruto, ces lunettes… est-ce que c'est toi qui me les a offert ? »

Depuis le début de la conversation, Hinata redoutait cette question plus que n'importe quelle autre. Mais elle ne pouvait éviter d'y répondre. Après tout, n'était-elle pas explicitement venue pour cela ? Pourtant, c'était si dur…

« Hinata ? »

La voix de Naruto tira la jeune fille de ses pensées.

« S'il te plaît, Hinata. Dis moi si c'est toi.

- Ou… oui, c'est moi, finit-elle par avouer, presque craintivement. Tu… tu dois… vraiment… je ne savais pas… je ne pensais pas que tu… Je n'aurais pas dû faire ça… »

Etrangement, Naruto ne réagit pas sur le moment. Il se contentait de regarder sa camarade s'efforcer de s'excuser en bafouillant, sans y parvenir.

« Je… je m'excuse, finit par achever Hinata. Vraiment, je suis désolé.

- Ah bon ? Moi pas. »

Sur le coup, Hinata cru avoir mal compris. Ce n'était pas possible. Il y avait forcément une erreur. A moins que Naruto n'ai choisi de lui reprocher son geste par une réplique ironique. Décontenancée, la petite Hyuga leva les yeux sur le visage de son camarade. Elle s'attendait à y lire la colère, la tristesse ou le ressentiment. Mais non. Il n'y avait rien de tout cela. Au contraire. Le visage de Naruto était étonnement calme et serein.

«Je… je ne comprends pas, murmura la jeune fille.

- Ben comme ça on est deux, sourit Naruto.

- Comment… comment ça ? » bredouilla Hinata, gênée.

Naruto eu un temps d'arrêt, cherchant ses mots, pour clarifier une situation qui lui semblait de plus en plus ubuesque.

« Hinata, reprit-il, je sais bien que je ne suis pas très calé là-dessus, mais… il me semble que, quand on fait un cadeau à quelqu'un, on n'a pas à venir s'excuser ensuite, non ? Et on n'a pas non plus à être désolé. Moi, ça m'a fait super plaisir de recevoir ces lunettes. Surtout que je m'y attendait franchement pas, surtout ce jour-là. Alors, quand je t'entends t'excuser… ben, je ne comprends pas trop ce qui se passe.»

Naruto plongea son regard dans celui de sa camarade, interdite, guettant une réponse.

« Mais alors… tu n'es vraiment pas fâché contre moi ? osa timidement l'héritière du byakugan.

- Fâché ? »

Naruto détourna son regard. D'un seul coup, son visage s'assombrit, et une ombre voila le cœur de la petite Hyuga. Le jeune ninja se leva, fit quelques pas, s'arrêta un instant, le dos tourné, avant de reprendre la parole.

« Hinata, demanda-t-il. Si je te raconte quelque chose… quelque chose de très personnel, peux-tu me promettre de garder le secret ?

- Bien sûr, Naruto », répondit la jeune fille, étonné du ton brusquement si sérieux de son condisciple.

Naruto sembla hésiter un instant, puis se résoudre avec peine.

« Et bien voilà, reprit-il. Tu te souviens du jour où tu m'as offert ces lunettes, j'imagine. C'était le jour de la fête des morts. Vous vous étiez tous réunis, toi, Kiba, et tous les autres, dans la cours de l'académie pour vous montrer vos cadeaux. Mais moi, tu vois, je n'avais rien reçu. Comme tous les ans en fait. Pas de famille, pas de maître, donc, pas de cadeau. Et pas d'ami non plus, donc, pas de réconfort. Peut-être que tu vas trouver ça ridicule, mais ma vie, à l'époque, n'était pas facile. J'étais seul, tout le temps tout seul. Il y a pire, sans doute. Mais c'est dur de vivre ça quand on n'est qu'un enfant et qu'en plus, on ne comprend rien à rien. »

Naruto s'arrêta, comme pour se remémorer des instants particulièrement pénibles.

« Tu sais, Hinata, ça me fait vraiment bizarre de te raconter ça. C'est la première fois que j'en parle. Et j'espère bien que c'est la dernière. Enfin, quoiqu'il en soit, j'étais quand même venu à l'académie, ce jour-là. Mais je me suis fait rembarer. Comme d'habitude. Je suis monté à l'étage, et, de là-haut, je vous ai tous vu échanger vos cadeaux. Et là, tu vois, tu peux pas imaginer à quel point ça m'a fait mal. Ce moment-là a sans doute été le plus pénible de ma vie. C'était si dur que j'ai craqué. Je n'en pouvais plus d'être seul, d'être repoussé. Alors, j'ai… j'ai pris la décision d'en finir. D'en finir définitivement. »

La petite Hyuga n'était pas sûre de savoir ce que voulait dire son camarade. Lorsqu'elle comprit, elle prit peur et se leva brusquement.

« Naruto, s'écria-t-elle d'un ton effrayé. Tu n'as pas essayé de…

- Et pourtant si, c'est exactement ça, lui confirma-t-il. J'imagine que tu dois être un peu déçue, toi qui me croyais si fort et si courageux. Mais je suppose que tout le monde a ses limites et ses moments de faiblesse.

- Naruto, murmura Hinata qui ne savait plus que dire, soufflée par cette révélation.

« Je suis rentré chez moi une fois la nuit tombée, reprit le jeune ninja, d'une voix parfaitement froide. J'étais résolu à mourir. Mais avant de passer à l'acte, je voulais que tout le monde sache. Je voulais dire à tout le monde ce que je n'avais jamais pu dire à qui que ce soit. Alors, j'ai écrit une lettre. Une longue lettre. J'ai travaillé toute la nuit pour ça. Et au petit matin, je suis passé à l'académie. Je pensais qu'après ma mort, le professeur Iruka viderait certainement mon casier. C'était donc l'endroit idéal pour la déposer. La suite, tu la connais plus ou moins.

- Les lunettes, ne put que murmurer Hinata.

- Ben oui, reprit Naruto, toujours aussi sérieux. Je les ai trouvées dans mon casier au moment où j'ai voulu déposer ma lettre d'adieux. C'était le premier cadeau que je recevais de toute ma vie. »

Le silence se fit entre les deux adolescents. Naruto se retourna, et fit quelques pas en direction de sa camarade avant de plonger à nouveau son regard dans les yeux blancs de l'héritière des Hyuga.

« Ces lunettes, ça n'était qu'un tout petit cadeau, acheva-t-il. Alors, la plupart des gens pourraient trouver que je suis ridicule d'y attacher tant d'importance. Mais si je ne les avais pas trouvées ce matin-là dans mon casier, je serais mort à l'heure qu'il est. Tu m'as dis, il y a quelques mois, que je t'avais montré l'exemple et permis de devenir plus forte. Mais toi, tu as fais bien plus que ça pour moi. Tu m'as sauvé la vie, Hinata. Sans t'en rendre compte, peut-être, mais ça ne change rien pour moi. Alors je ne veux plus jamais t'entendre dire que tu m'as fait du mal ce jour-là. Et si quelqu'un s'avise de te reprocher quoi que ce soit à ce sujet, je te jure que je le lui ferais regretter personnellement. »

Incapable d'en dire davantage, Naruto s'arrêta de parler. Stupéfaite, Hinata ne revenait pas de ce qu'elle venait d'entendre. La conversation avait pris un tour si différent de ce qu'elle avait imaginé, qu'elle ne savait plus quoi dire, ni que penser. Les choses lui avaient pourtant semblé si désespérément clair. Tout n'était-il donc qu'un malentendu ? S'était-elle à ce point trompé sur toute la ligne ? Hinata se sentait certes soulagé, mais son trouble persistait, au point qu'elle ne se rendait toujours pas vraiment compte que l'homme qu'elle aimait venait de lui apprendre qu'elle lui avait sauvé la vie. Son camarade la tira une fois encore de ses pensées.

« Je ne sais pas ce que tu pensais avoir à te reprocher à mon égard, Hinata, mais je crois que tu peux laisser ça de côté, vraiment.

- Pourtant… pourtant, Sakura m'avait dit… », bredouilla Hinata, trop confuse pour poursuivre.

Ce fut au tour de Naruto de s'étonner.

« Qu'est-ce que Sakura a à voir avec tout ça , demanda-t-il à son amie. Pourquoi est-ce que tu parles d'elle ?

- Et bien… J'ai parlé avec Sakura le dernier jour de la fête des morts. Et… elle m'a dit qu'elle avait été te voir. Elle m'a dit aussi que tu lui avais parlé du cadeau…

- C'est vrai qu'on en a parlé, se souvint Naruto. C'est pour ça que tu m'en veux ? Tu aurais préféré que je ne lui en parle pas ? C'est vrai que je n'ai pas été très discret sur ce coup là…

- Non, non, ça n'a rien à voir. Simplement… »

Hinata se tût. Après réflexion, elle n'était plus aussi sûre de ce que Sakura lui avait dit ce matin-là. Et cela la gênait horriblement.

« C'est quelque chose que Sakura t'a dit, c'est ça ? Qu'est-ce qu'elle a bien pu te raconter pour te mettre dans un état pareil ?

« Elle m'a dit… elle m'a dit que tu croyais que les lunettes et les autres cadeaux que je t'ai offert venaient… enfin qu'ils venaient de tes parents. Elle m'a dit que tu croyais que tes parents étaient obligés de se cacher pour une raison ou pour une autre, mais qu'ils ne t'avaient pas oublié et qu'ils voulaient que tu te sentes moins seul.

- Mais… mais elle délire ma parole, s'exclama Naruto, complètement abasourdi. Ou alors c'est moi qui ne sais plus parler. Je n'ai jamais dit un truc pareil. Jamais de la vie. Elle a tout confondu.

- Comment ça ? demanda faiblement Hinata.

- On a beaucoup parlé elle et moi, ce matin-là. Elle m'a demandé si je savais des choses sur mes parents, et si je me souvenais d'eux. J'ai répondu que non, mais que, quand j'étais très jeune, je rêvais souvent qu'un jour ils reviendraient me chercher les bras chargés de cadeaux. Et c'est tout. Cela peut paraître curieux, mais je n'ai jamais pensé que ce que je recevais à chaque fête des morts pouvaient venir d'eux. Mais c'est toujours comme ça avec Sakura. Comme elle n'arrête jamais de parler, elle finit par tout mélanger. »

Hinata porta sa main à sa bouche. Effectivement, le récit de Naruto différait très largement de ce qu'avait raconté Sakura. Du coup, Hinata commença à ressentir une étrange impression, mélange inédit de honte et de soulagement.

« Mais bon, reprit Naruto, je ne vois toujours pas pourquoi je suis sensé t'en vouloir dans cette histoire.

- Et bien, j'ai... j'ai eu très peur de t'avoir fait espérer des choses impossibles, répondit Hinata, confuse. J'ai eu peur… que tu me haïsses en découvrant la vérité. Je pensais que tu serais en colère, très en colère… et que tu souffrirais terriblement en découvrant que ça ne venait que de moi, et pas de tes parents.»

Ce fut au tour de Naruto de rester bouche bée. Il fixa sa camarade, l'air complètement ahuri. Hinata ne soutint pas ce regard. Elle baissa les yeux. L'héritière du byakugan se sentait stupide, tellement stupide. Elle avait honte de s'être montré aussi bête devant Naruto. Il devait la trouver vraiment cruche de s'être mis dans un tel état pour si peu de chose. Mais n'était-ce pas là, après tout, qu'un moindre mal ? Au moins ne la détestait-il pas.

« Pardon de t'avoir inquiété, finit-elle par souffler. Tu… tu dois me trouver complètement idiote à présent.

- Non, pas du tout, se hâta de corriger le garçon. Ce n'est pas ça du tout, je t'assure. Simplement… »

Naruto s'arrêta, et son visage s'assombrit à nouveau. Hinata s'en inquiéta.

« Naruto, qu'est-ce qu'il y a ? » lui demanda-t-elle.

Le jeune homme ferma les yeux un instant, puis les rouvrit en souriant.

« C'est juste que jamais je n'aurais cru possible que quelqu'un se fasse autant de soucis pour moi, surtout à cette époque, reprit-il. C'est moi qui ai été idiot. Et c'est moi qui te dois des excuses. J'avais quelqu'un qui veillait sur moi, et je ne m'en étais pas aperçu. »

Une dernière fois, Naruto plongea ses yeux dans ceux de son amie. Et Hinata put y lire quelque chose qu'elle n'y avait jamais vu encore : une infinie tendresse.

« Merci pour tout, Hinata, murmura-t-il. Merci de tout mon cœur. »

Hinata aurait voulu pouvoir répondre. Elle n'en eu pas le loisir. L'instant suivant, Naruto la serrait contre lui. Il l'avait happé si vite qu'elle n'avait pas eu le temps de s'en rendre compte. Il l'étreignait avec fougue, dans un geste irréfléchi, presque passionné. C'était fort. Si fort qu'Hinata failli en perdre le souffle. Complètement dépassée par la situation, elle qui avait rêvé des années durant de cet instant, ne put que murmurer le nom de l'homme qu'elle aimait à présent encore plus que jamais.

« Naruto »

Immédiatement, Naruto sembla reprendre le contrôle de lui-même. Il relâcha son étreinte et fit un petit pas en arrière, l'air contrit.

« Je… excuse-moi, regretta-t-il. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je n'aurais pas dû…

- Ce n'est rien, Naruto, répondit Hinata. J'ai juste… j'ai juste été un peu surprise, c'est tout. »

A nouveau, le silence se fit entre les deux adolescents. La nuit était presque tombée sans qu'ils ne s'en rendent bien compte. Mais il fallut le hululement d'une chouette pour qu'ils retournent tous les deux à la réalité. Naruto réagit le premier.

« Il est tard, fit-il remarquer. Tes parents vont s'inquiéter. Tu veux que je te raccompagne ?

- Je veux bien, merci », répondit Hinata, encore un peu sous le choc.

Les deux ninja se mirent en route, lentement. Plutôt que de couper par le centre-ville, ils choisirent sans se consulter de passer par le sentier qui contournait le village, comme pour prolonger encore un peu la soirée. Ils cheminaient ensemble, sans parler, profitant juste de la présence de l'autre, eux qui étaient tellement habitués à rentrer seuls chez eux chaque soir. Le fond de l'air était doux, agréable. Quand ils arrivèrent en vue de l'impressionnant manoir des Hyuga, Hinata s'arrêta, à regret.

« Je te remercie de m'avoir accompagné, Naruto, commença-t-elle. A partir d'ici, je ne risque plus rien.

- Je comprends, acquiesça Naruto. De toutes façons, il ne faut mieux pas que tes parents s'aperçoivent que j'étais avec toi, j'imagine. »

Le ton attristé de Naruto n'échappa pas à l'héritière du byakugan. Elle s'en désola. Ils venaient de vivre, tous les deux, un moment si particulier de leur maigre histoire commune. Elle s'était sentie trop heureuse pour laisser la soirée se terminer d'une telle façon. Elle ne pouvait pas laisser ce garçon se croire rejeté une fois de plus. Elle ne voulait pas le voir triste. Elle voulait le voir sourire comme il lui avait souri ce soir, avec cet air tendre et attentionné. Elle voulait qu'il la regarde comme il l'avait fait avant de la serrer contre lui. Elle voulait qu'il la prenne encore. Elle le désirait, lui, et tout de suite, plus que tout au monde. L'idée qu'il puisse partir maintenant lui était intolérable. Alors, elle se lança.

« Il faudrait mieux que mes parents ne s'aperçoivent de rien, en effet, fit-elle remarquer. Tu as vu l'heure à laquelle tu me ramènes ? Si mon père l'apprenait, il se poserait se sérieuses questions sur nous, et tu aurais droit à un interrogatoire très serré, je pense.

- Eh, s'écria Naruto, voyant où Hinata voulait en venir, je n'ai rien fait du tout. On rentre juste un peu tard, c'est tout.

- Rien du tout ? poursuivit Hinata, gênée, mais trop engagée pour reculer. Je te rappelle quand même que tu m'as prise dans tes bras.

- Quoi ? s'écria Naruto en se tordant le visage. Mais… mais c'était sans mauvaise intention… Je ne l'ai pas fait exprès… enfin… je sais que c'était pas la chose à faire… Vraiment, je suis désolé Hinata.

A ce moment, Hinata sut exactement ce qu'elle voulait répondre au jeune homme. Elle doutait simplement d'en avoir l'audace. Seuls le souvenir de cette étreinte, sa première étreinte, et la force de ce désir fou qui grandissait en elle de seconde en seconde, lui donnèrent la force d'aller jusqu'au bout.

- Ah bon ? répondit-elle en baissant les yeux. Moi pas. »

Lancé l'instant dans une folle série de mimiques d'excuses, Naruto s'arrêta net. Il n'était pas bien sûr d'avoir entendu ce que son amie venait de lui dire. Elle devait plaisanter, sûrement. Encore que ce type de plaisanterie n'était pas tout à fait le genre d'Hinata. Et ce ton qu'elle avait employé, étrangement emprunt de malice et de timidité tout à la fois. A son tour très gêné, il contre-attaqua sans être sûr de bien répondre.

« Tu devrais faire attention à ce que tu dis Hinata, lui conseilla-t-il. Sinon, tu risques de me donner envie de recommencer. »

Le silence se fit entre les deux adolescents. Pas longtemps. La réponse d'Hinata siffla dans la nuit, tandis que la jeune fille relevait la tête.

« Je relève le défi, Naruto kun ».

Naruto n'en revenait pas. Hinata était sérieuse. Le jeune homme senti son ventre se creuser et une boule se former au milieu de son estomac. C'était une sensation étrange, qu'il n'avait jamais expérimenté. Il se sentait fondre et commençait à trembler de tous ces membres. Il se rapprocha d'elle. Elle l'attendait, il en était sûr. Et lui savait qu'il en avait envie, terriblement envie. Il voulait la sentir contre lui une fois encore, et lui donner tout ce que son cœur meurtri n'avait jamais eu le loisir d'offrir à qui que ce soit. Sans trop comprendre ce qui lui arrivait, il mis ses mains autour des épaules de la jeune Hyuga, puis les fit glisser lentement le long de ses bras, descendant jusqu'à la taille de la jeune fille, pour finir par les passer dans son dos et l'attirer contre elle.

Lentement, comme pour faire durer cet instant délicieux, Hinata se laissa aller contre le corps du garçon et posa sa tête contre sa poitrine. Elle tremblait aussi. Elle passa ses bras par-dessus ceux de Naruto et l'enlaça à son tour. Leur seconde étreinte était aussi tendre et délicate que la première avait été fougueuse et irréfléchie. Aucun des deux adolescents ne savait exactement ce qu'ils étaient en train de faire. Mais cela leur semblait la chose la plus évidente du monde. La plus délicieuse aussi. Pour elle comme pour lui, ce qui se passerait ensuite n'avait plus aucune importance.

Fin