Merci encore à tous les reviewers ! Désolée d'avoir beaucoup tardé sur cette suite j'ai eu des pépins avec récemment... mais tout va bienc réparé ! Et voilà donc un court chapitre 3 ! Le calme avant la tempête...


Chapitre III

Remords

Sirius était rentré chez lui, dans sa petite maison à Portsmouth. Furieux, il se prit un verre de xérès et s'écroula sur son fauteuil. Il y avait des moments où il préférait être un chien et vivre une vie de chien… tranquille, pas d'inquiétude, personne qui vous recherche, une petite caresse le matin pour attaquer la journée, qui se terminait avec le bol de croquettes et la douceur d'un panier. Juste vivre. Sans soucis. Il soupira et commença à lire la Gazette du sorcier de ce matin, déposée devant sa porte. Il lut les premières lignes avant de jeter le journal par terre : que des mauvaises nouvelles, comme d'habitude en quelque sorte… Il commençait à s'en vouloir d'avoir provoqué Remus, de s'être battu avec lui. Ça ne lui été jamais arrivé, sauf ces soirs de pleine lune où Remus n'arrivait pas à se contrôler. Mais jamais les Maraudeurs ne s'étaient battus entre eux jusqu'à aujourd'hui. Sirius ne savait même plus pourquoi ils s'étaient jetés l'un sur l'autre. Peut-être un besoin de se lâcher, de décompresser, d'effacer ce brouillard qui planait sur leur amitié… Sirius ne croyait pas une seconde que quiconque dans les Maraudeurs pouvait être un traître, et il savait que c'était la même chose pour Remus, même s'il doutait, et Sirius regrettait de s'être emporté ainsi… Seulement voilà Remus n'était pas au courant de la ruse utilisée par les Potter avec le sortilège Fidelitas et cela risquait de le monter contre lui. Il aurait tant voulu lui expliquer, lui avouer qu'il n'était plus le Gardien du Secret de l'emplacement de la maison des Potter mais que Peter avait prit la relève, un coup de bluff en quelque sorte… Peter était plutôt craintif et jamais Voldemort ne se douterait qu'il était le seul à pouvoir dire où habitait désormais James et Lily. Bien sûr, auparavant, quelqu'un avait du dire au Seigneur des Ténèbres où ils habitaient et c'était ce qui les avaient contraints à déménager et à utiliser le Fidelitas. Mais peu de personnes savaient à l'époque où les Potter logeaient… Et pourtant, quelqu'un avait trahi James et Lily. Mais qui ? Plus Sirius réfléchissait, plus il pensait que Remus n'était pas coupable. Jamais il n'aurait fait ça, jamais un Maraudeur ne ferait ça, avec tout ce qu'ils avaient vécu, supporté et fait ensemble… Et pourtant…

Sirius se leva. Il aurait fait n'importe quoi pour pouvoir dire à Remus : « je suis désolé », pour pouvoir s'excuser, et à nouveau le considérer comme l'un de ses meilleurs amis… Mais il était tard, et connaissant Remus, il dormait depuis longtemps, pensa-t-il en souriant. Il opta donc pour la solution « dodo » d'autant plus qu'il était épuisé par l'affrontement et dans un état plutôt lamentable. Il éteignit la lampe de sa chambre et tomba encore tout habillé sur son lit, trop fatigué pour résister aux bras de Morphée…


Le lendemain matin, vers neuf heures, James se réveilla avec l'atroce sensation que quelque chose n'allait pas. Pas du tout. Il ouvrit les yeux, chercha la présence de Lily à ses côtés et ne la trouva pas. Il se leva en sursaut, mit un vieux peignoir et courut dans le couloir de l'étage de sa maison, vers la chambre du bébé. Ouvrant la porte en grand, il s'avança vers le berceau. Son cœur faillit s'arrêter lorsqu'il se rendit compte que son fils avait disparu… Il descendit quatre à quatre les escaliers. Personne, ni dans le salon ni dans la cuisine, rien… juste un mot sur la table à manger. Il déplia le bout de papier, les mains tremblantes.

Je suis partie en vitesse chez Frank et Alice avec Harry après avoir reçu un hibou en urgence ce matin. Tu dormais encore je n'ai pas voulu te déranger. Rejoins-moi chez eux dès que tu peux. On a retrouvé Peter.

Lily.

James fila s'habiller, à moitié inquiet pour Peter et en même temps soulagé. Deux minutes plus tard, il prit son balai dans un placard, puis fouilla dans un tiroir fermé à clé pour y retrouver sa bonne vieille cape d'invisibilité, soigneusement pliée au fond dudit tiroir. Il trouva un sort pour qu'elle tienne en place et enfourcha son balai. La cape était suffisamment grande pour le recouvrir tout entier, le balai avec. Il s'envola rapidement et monta assez haut, avant de filer vers le nord, vers Manchester où habitaient le couple Londubat, des membres de l'Ordre ayant eux aussi un bébé de l'âge de Harry.

Il arriva vers la fin de la matinée au domicile d'Alice et Frank. Il frappa à la porte de leur maison, un joli petit pavillon fleuri dans un village non loin de Manchester. Quelques secondes plus tard, un homme brun, l'air sympathique, des yeux bleus rêveurs, ouvrit la porte en souriant.

-James ! On se demandait si tu n'avais pas décidé d'hiberner…

-Désolé Frank. Je me suis réveillé tard et avec ces vents contraires…

-Je comprends, vieux. Entre, je t'en prie.

James entra dans la maison et suivit Frank jusqu'au salon où quatre personnes discutaient vivement. La première était Lily, toujours aussi fraîche et jolie, même un dimanche matin, pensa James avec un sourire. À côté d'elle se tenait Alice Londubat, son joli visage rond et lunatique tourné vers son amie d'enfance. En face, vautré sur un fauteuil en chintz, Sirius était en grande conversation avec…
-Peter !

James courut vers son ami et l'étreignit comme un frère.

-Hé ho, calme-toi, je vais bien…

-Tu peux pas savoir à quel point nous étions inquiets… Si jamais ils t'avaient eu…

Peter Pettigrow, un jeune homme blond maigrelet, se rassit dans le canapé, bientôt rejoint par James et Frank.

-Eh bien, raconte, Peter… On attendait plus que James…

Et Peter commença son récit. D'après lui, lors de la dernière mission dont Maugrey l'avait acquitté, il avait suivi un Mangemort, Rodolphus Lestrange, jusque chez lui. Et puis tout avait mal tourné : Peter s'était retrouvé embarqué dans une aventure pas possible. Rodolphus l'avait surpris, caché derrière une poubelle, l'espionnant patiemment. Il avait failli le donner à Voldemort mais c'était sans compter le fait que Peter était incroyablement rapide et avait réussi à s'enfuir alors que Rodolphus l'avait ligoté dans son salon. Il aurait pu transplaner mais, même s'il avait honte à l'avouer, il avait encore beaucoup de mal avec cette pratique… aussi avait-il décidé de se rendre à Manchester, la ville la plus proche où on pourrait l'accueillir, par la voie moldue. Il avait donc volé une voiture dans un parking souterrain et grâce à un sortilège l'avait fait démarrer. Il aurait pu maintenir sa route jusqu'à Manchester ainsi : cela faisait une semaine qu'il aurait du rentrer, car suivre Rodolphus avait prit du temps, il devait donc filer plein gaz vers le sud. Mais sa voiture avait calé et Peter n'avait pas réussi à la faire redémarrer : il avait donc fallu chercher un billet de train. Pas de chance : il tomba au moment de la grève des trains et dut attendre cinq jours un train libre pour Manchester. Une longue journée et une nuit de route sur les rails, et, épuisé, il avait atteint la ville et roulé en vélo jusque chez les Londubat.

-Pff… Quelle histoire, soupira Sirius avec un léger sourire. Tu n'avais pas de balai ?

-Lestrange me l'avait prit.

-Tss… Et dire qu'on te croyait mort, Peter.

-Désolé de vous avoir fait peur, répondit-il en riant. Je hais les trains moldus, au fait. Le Poudlard Express était nettement plus accueillant.

-Je veux bien te croire, lui dit Alice. L'autre jour, je devais aller voir ma mère dans les environs de Londres. Pour ne pas me faire remarquer, j'ai pris le train… Eh bien je ne recommencerai plus.

Ils rirent tous de bon cœur et continuèrent à bavarder gaiement.

-Au fait, demanda Lily, où est Neville ?

-Chez sa grand-mère. J'ai pensé que ces derniers temps, avec le déménagement et tout ça… Je vais lui laisser une petite semaine, histoire qu'il décompresse. Ça me déchire, Lily, mais j'ai peur qu'on nous attaque, tu comprends…

-Oui. Mais je préfère que Harry reste auprès de nous. Il est plus en sécurité dans la maison de Londres que chez ses grands-parents.

James eut un regard réprobateur mais ne dit rien. Il savait que Lily préférait garder Harry avec elle plutôt que de le confier aux parents de James : la solution avait déjà été envisagée. Mais Lily ne cessait de dire qu'elle ne faisait confiance à personne en ces temps de guerre, et bien que cela ait profondément vexé son mari, elle n'avait pas voulu revenir sur sa décision.

-Vous voulez rester à manger ? Demanda Alice. Ça nous ferait du bien un peu de compagnie. À part Alastor qui vient nous voir de temps en temps, il n'y a personne dans ce trou.

-J'accepte, répondit Sirius avec un grand sourire. Tu as toujours de l'hydromel de chez Jerkins & Cie, Frank ? Non, je plaisantais, ajouta-t-il en voyant le regard perplexe de Frank.

Il éclata d'un rire joyeux, se rappelant une soirée mémorable chez les Londubat où ils avaient tous fini complètement saouls, y compris Remus, qui d'ailleurs avait bien failli faire un coma éthylique. Frank lui rendit son sourire.

-J'en ai toujours mais il serait préférable de ne pas le sortir, tu ne crois pas ?

-Je pense aussi, dit James en riant. Et puis, l'alcool a toujours été mauvais pour les animaux, Patmol, chuchota-t-il à Sirius.

Ce dernier se força à rire en foudroyant James du regard, du genre « toi si je t'attrapes… ».

-Au fait, où est Remus ? demanda Frank. Je lui avait pourtant envoyé un hibou.

-Je ne sais pas, dit James. Euh, à ce propos, Sirius, j'aimerai que tu éclaircisses quelques petites choses, lança-t-il avec un regard plutôt répréhensif.

-Je ne penses pas que ce soit le moment idéal, James.

-Au contraire. C'est certainement pour ça que Remus n'est pas venu, je voudrais que tu m'expliques ce qui s'est passé hier soir.

-Il n'y a rien à expliquer. On s'est, heu, foutus sur la gueule, c'est tout.

Peter les regarda d'un air intrigué. Frank et Alice restèrent silencieux et tournèrent leurs yeux vers James.

-Qu'est-ce qui s'est passé, au juste ? demanda Peter, rompant le silence.

-Rien d'important, trancha Sirius.

Mais James ne l'entendait pas de cette oreille et raconta comment il avait surpris ses amis en train de se battre comme des Moldus dans la rue.

-Eh bien, vous êtes devenus fous ? lâcha enfin Peter. Qu'est-ce qui vous a pris ?

-Rien d'important, te dis-je !

-Arrête Sirius, on ne s'est jamais battus entre nous ! Enfin, pas comme ça !

-James, on en parlera plus tard, tu veux ? Je ferais mes excuses à Remus, si ça peut te faire plaisir.

En réalité, c'était plus Sirius qui serait soulagé de s'excuser…

-Bon. Si tu insistes… Je supposes que vous aviez une bonne raison…

Sirius se retint de dire : « C'est toi et Lily, la bonne raison. », mais il se tut.

-À table, lança soudain la voix cristalline d'Alice qui s'était entre-temps éclipsée avec Lily dans la cuisine.

Tous se levèrent et de joyeux bavardages reprirent. Sirius espérait que la sonnette d'entrée allait sonner et que Remus se déciderait à venir, mais il n'en fut rien, et cela ne fit qu'augmenter son sentiment de culpabilité. Il mangea en silence. Il fut bien obligé de rire lorsque le chat des Londubat, Nyxie, vint se lover sur ses genoux en plein milieu du repas et trouva l'endroit si confortable qu'il refusa de descendre. Tout le monde se mit à rire et Sirius termina le déjeuner avec un chat sur les genoux, ce qui, d'ailleurs, commençait sérieusement à réveiller ses instincts d'Animagus… James et Peter pouffaient de rire dès qu'ils apercevaient ce pauvre Sirius jeter des regards énervés sur le chat.

Enfin, après une durée qui lui sembla interminable, il put se lever et suivre les autres dans le salon. Remus n'était toujours pas venu, il se demandait si leur « petite altercation » d'hier au soir était pour lui plus importante que d'avoir retrouvé Peter… Mais alors qu'il n'y croyait plus, la sonnerie de la porte d'entrée retentit. Frank alla ouvrir, et la porte laissa entrer un Remus qui de toute évidence avait très mal dormi. Il portait encore la marque du coup que Sirius lui avait donné au-dessus de l'œil mais il avait du faire disparaître la coupure… Il souhaita le bonjour à l'assemblée et comme James courut vers Peter qui souriait de toutes ses dents.

-Eh bien, ce n'était pas la pleine lune hier soir il me semble ? Tu en fais une tête.

-Bah, ce n'est rien, Peter. Laisse tomber. Je suis bien content de t'avoir retrouvé…

-Moi aussi, je dois avouer que je me suis longtemps demandé si j'arriverais à revenir.

Il se mit à rire.

-L'important c'est qu'on soit tous là…

Tous opinèrent du chef. L'allégresse générale se ressentait dans la pièce mais Remus évitait soigneusement le regard de Sirius.

Vers la fin de la journée, après une sortie entre amis au bowling moldu de la ville, ils se retrouvèrent seuls derrière la porte de l'établissement, attendant les autres qui avaient un peu de mal avec l'argent moldu. Sirius inspira profondément et se tourna vers son vieil ami.

-Remus, je… non, vraiment, je me suis conduit comme un idiot. Excuse-moi.

Surpris, l'intéressé se retourna et regarda Sirius dans les yeux.

-Je ne sais pas que penser, Patmol. Je crois que moi aussi j'ai été trop méfiant…

-C'est compréhensible. Tu n'as rien à te reprocher.

-Si, moi aussi je te demande pardon.

Ils eurent un sourire gêné, puis se serrèrent la main.

-On est vraiment bêtes, Lunard. Sérieux, des vrais gamins.

-Je crois aussi, répondit Remus en riant. Bon, alors, on oublie ça ? On sera plus utiles à l'Ordre du Phénix si on redevient comme avant, vieux.

-Sûr, ajouta Sirius, soulagé.

Il était heureux d'avoir recollé les morceaux, libéré d'un énorme poids. Ce soir-là, il rentra chez lui sans se douter que le pire était à venir…