Disclaimer Tous ces petits bishos ne sont malheureusement pas à moi

Genre : Lettre de Duo à Heero.

J'espère que ça vous plaira. Micii Mithynette :p

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L'empereur des mouches.

Prison d'Etat – Sank – AC 203

J'ai cessé de compter les jours, qu'est-ce que ça change de toutes façons ?

L'impression d'être ici depuis la nuit des temps m'étreint les tripes.

Hier, ils m'ont autorisés à écrire une lettre. Comme ça, sans raison.

Il paraît même que tu pourras me répondre. Nous verrons bien.

J'ai réfléchi des millions de fois à ce que je pourrais te dire si, d'une manière ou d'une autre, ils me donnaient l'occasion de te parler. Et m'y voilà. Enfin, j'en ai le droit.

Mais je n'ose pas. Je n'ose pas tout te dire. Y a-t-il des choses que tu veux garder secrètes ?

Ai-je le droit de te parler à cœur ouvert ? De tout ? De rien ? Je n'en sais rien. Tu me le diras, si tu choisis de me répondre. Je ne t'en voudrais pas, si tu ne le fais pas.

Parfois je me dis que c'est le fait de t'avoir connu qui fait de cet exil une torture.

Peut-être, peut-être que si tu n'existais pas, l'isolement me semblerait plus doux.

Les autres me manquent aussi. Mais les autres ne sont pas toi.

Je m'interroge. De quoi pourrais-je te parler ? De ma vie ici ? T'intéresse-t-elle ?

Elle doit ressembler à la tienne, entre ces quatre murs. La cellule est confortable, bien plus que certaines de nos planques, même s'il y fait un peu froid l'hiver. Il y fait surtout froid parce que tu n'y es pas. Mais je m'égare.

Encore aujourd'hui, je reste perplexe. Jamais je n'aurais cru finir ici, dans cette prison, à quelques mètres de toi, si ça se trouve. Si près, et pourtant si loin.

Qui l'aurait cru ?

Qui aurait cru que nous finirions ainsi ?

Qui aurait cru qu'il fallait 'montrer l'exemple' ?

Nous étions les rois, invincibles, indéfectibles…

Et c'est la Loi qui nous a vaincu.

Nous nous croyions au dessus d'elle. Nous nous sommes trompés, n'est-ce pas ?

Nous devions forcément être pardonnés, puisque nous avions ramené la Paix. Ça tombait sous le sens. Mais non, même Réléna n'a rien eu à redire. Nous étions des terroristes, et les terroristes doivent finir en prison. A perpétuité. Je n'en reviens toujours pas.

Dire qu'ils sont venus nous chercher directement après l'affaire de la môme de Treize…

On a même pas eu le temps de se retrouver. On a pas eu assez de temps.

Même pendant le procès, ils nous ont tenus à l'écart les uns des autres.

Bordel ! Même Quatre… Même Quatre a pas pu s'en sortir, lui, le diplomate.

Mais tu sais tout ça aussi bien que moi, non ? Peut-être te sens-tu responsable ?

Penses-tu que nous méritions vraiment ce qu'il nous arrive, qu'on paye le juste prix pour nos actes ?

Quand on se couche avec des chiens, on se lève avec des puces, hein ?

Ici la vie est calme et tranquille, puisqu'on n'a même pas le droit de sortir de notre cellule, mis à part pour notre promenade hebdomadaire de deux heures dans cette cour, carrée, elle aussi.

Je pourrais m'enfuir, les exécuter un par un, tous ces gardes, mais je ne le fais pas. Je t'attends, ne sachant pas de quoi sont faites tes pensées…

Je t'attends, mais je reste sur mes gardes. Celui qui est trop endormi doit prendre garde à la fourmi.

Riras-tu, mon soldat, si je te dis que le Dieu de la Mort n'est plus.

Ici, je suis devenu Empereur.

Je suis… L'Empereur des mouches.

Car il ne reste rien. Rien d'autre qu'une ration de nourriture trois fois par jours, une couche, et un peu de lecture. Je m'ennuie, sans toi, mais je ne cherche de poux à personne. J'ai bien fait, puisque aujourd'hui on m'autorise à t'écrire. Après tout, on ne prend pas les mouches avec du vinaigre.

Le miel est doux mais l'abeille pique. Que dois-je faire, Heero ? Dois-je la laisser me piquer, ou piquer à mon tour ? Moi qui ai tué la plupart de nos ennemis, moi l'assassin. Ils sont tombés comme des mouches, et maintenant je paye. Est-ce cela, la justice ?

Tu dois certainement te demander… quelle mouche me pique. C'est vrai, je délire sûrement. Mais j'espère que tu sauras me comprendre. Je devrais sans doute me sentir coupable, mais je n'y arrive pas. Chaque guerre compte son lot de victimes, parfois nécessaires. Je n'estime pas avoir outrepassé les droits qu'on m'accordait, à ce moment là. Je sais que tu as une autre vision, et que certaines victimes viennent te hanter, mais tu n'es pas plus responsable que moi.

J'aimerais te dire plus, mais je n'ose en prendre le droit. Je sais qu'ils liront cette lettre avant de te la remettre, et je refuse que des yeux mal venus entrent dans un univers que tu veux garder secret. J'espère Heero, que tu liras tous les mots que je n'écris pas.

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A suivre (si ça vous plait)