Un trésor dans votre maison

Les Blas-blas de Xérès : Bonjour à tous ! Me revoilà (après une longue absence) avec un nouvel OS intitulé « Un trésor dans votre maison. » J'en vois déjà trois ou quatre qui commence à se dire « hé mais c'est pas le titre de l'émission sur la sixième chaîne, là ? Où les types vident leurs greniers pour mettre leurs vieilleries aux enchères ? ». Bah si. C'est précisément cette émission qui m'a inspirée. J'étais tranquillement sur mon canap' un dimanche en train de lézarder devant M6 et je me suis dit : « Et comment ça se passe quand un type vient estimer vos affaires mais que vous ne voulez pas les vendre. Parce que là, ils sont contents, ils récupèrent du blé, mais quand on tient à ses affaires et qu'on vous les prend de force à un prix cassé … » Et ça a donné ça ! Bien entendu, c'est un DraMione … Bonne lecture )

Disclaimer : Rien ne m'appartient à part l'histoire, le reste est à J.K Rowling et je remercie également la psychiatre et comportementaliste Elizabeth Kübler-Ross (décédée en 2004) pour ses 7 étapes du deuil, que j'utilise dans l'histoire.

Un trésor dans votre maison

Hermione Granger reposa la pile de dossiers qu'elle venait de trier sur son bureau en acajou, au Département des saisies et des recouvrements du Ministère de la Magie. Si on lui avait dit à sa sortie de Poudlard, que six ans plus tard elle ne serait pas Auror sur le terrain mais fonctionnaire tranquille, elle aurait ri. Ou pas. Après la chute de Voldemort lors de sa septième année, elle avait commencé des études supérieures pour devenir Auror. Mais avant la fin de sa formation, le Ministère avait supprimé ces postes pour les remplacer par une simple police, moins couteuse. Et pour cause, en seulement trois ans après la dernière guerre, tous les anciens partisans du Seigneur des Ténèbres s'étaient rendus, suicidés, avaient été tués ou emprisonnés. Bref, les Aurors étaient réduits à des tâches administratives ou à corriger quelques voleurs comme Mondingus Fletcher, qui tentaient de survivre dans un monde désormais paisible. Elle avait donc décidé de changer d'orientation et faute de mieux, avait opté pour une formation en Histoire de l'art sorcier, puis avait passé son diplôme d'expert en œuvres d'art.

Et voilà qu'à vingt-quatre ans, elle se retrouvait à estimer des objets de familles condamnées à payer ce qu'ils devaient à la société. Il s'agissait principalement de familles de Mangemorts, qui avaient pu échapper à la prison en payant des amendes pharaoniques, ou de plaisantins condamnés pour détournement d'artéfacts moldus (les peines encourues avaient augmenté ces dernières années, au grand dam d'Arthur Weasley) ou autres délits. Et cerise sur le gâteau, elle avait été obligée d'embaucher un stagiaire. Un petit jeune de 19 ans, frais émoulu de Poudlard, qui passait son temps à tout expliquer, à faire étalage de ses connaissances et qui répondait au doux nom de Théophane Courgenouil.

Lorsqu'il était arrivé pour son premier jour de travail, Hermione avait eu du mal à se retenir de rire. Il avait tout pour plaire. Le nom pourri, le physique disgracieux, l'intelligence Nutella (plus on en a, plus on l'étale) et l'humour inexistant. Elle se souvint avoir aussitôt pensé que ce type là n'aurait pas d'autre choix que de mourir puceau.

« Hermione, j'ai reçu un dossier ce matin. Il est noté que tu dois t'en occuper personnellement. C'est ton ami Harry qui te l'envoie du Service judiciaire », fit la voix nasillarde du jeune homme, la tirant de ses pensées.

Hermione soupira et se leva pour aller récupérer le dossier que son stagiaire lui tendait depuis son propre bureau. Elle prit la chemise bleue et l'ouvrit. Une petite note était collée sur la première page et elle reconnut instantanément l'écriture d'Harry Potter.

Hé hé hé hé … (note le rire sardonique)
Je crois que ce dossier là va te plaire, Mione !

Affectueusement, Harry.

Hermione fronça les sourcils et décolla la note, qui était collée sur le nom et l'adresse de la famille à visiter. Sa bouche s'ouvrit lentement, toute grande, et lorsqu'elle ne put pas l'ouvrir plus, elle se mit à hurler : « Nooooon, je le crois pas ! »

Théophane Courgenouil leva la tête de son travail, intrigué. « Qu'y a-t-il ? »

« C'est… c'est … je n'arrive pas à le croire, c'est énorme ! »

« Oui, eh bien ? », fit Théophane d'un air pincé.

« Nous allons estimer les biens du manoir Malfoy ! Le jugement a été prononcé. Lucius Malfoy n'échappe pas à la prison mais ils doivent également payer une amende de cent mille Gallions. Le compte bancaire a été saisi et il ne leur manque que 20 000 Gallions à récupérer avec les objets de la maison. » Hermione se mit à sautiller sur place en tournant sur elle-même, tout en poussant des petits cris aigus.

« Je peux savoir ce qui te met dans un tel état d'excitation ? », demanda Théophane, en lui jetant un regard hautain et désapprobateur.

« Draco Malfoy m'a fait vivre un véritable enfer durant toute ma scolarité à Poudlard. Je vais enfin pouvoir me venger. Et la seule et unique fois où je suis entrée dans son Manoir (elle décida d'omettre la partie torture infligée par Bellatrix), j'ai pu apercevoir de magnifiques objets d'arts. Je suis certaine qu'il en reste encore de plus beaux dans des pièces secrètes. Ah ah ah, je vais dépouiller ce type et après je vais le forcer à se coucher par terre et je lui mettrai mon pied dans-

« Merci, c'est inutile de terminer cette phrase », l'interrompit le stagiaire avec un air dégoûté. « Je croyais qu'il ne fallait pas voir notre métier comme un moyen de vengeance personnelle. C'est toi qui l'as dit quand j'ai été trop content d'aller visiter ce type qui n'avait pas payé ses impôts, le mois dernier … »

Hermione pinça les lèvres. « Ce n'est pas une affaire personnelle. Mon intérêt est purement professionnel et je suis ravie d'avoir la chance d'estimer des objets, qui ont sans nul doute une très grande valeur ! »

« Et la partie où tu le forces à se coucher par terre et où tu lui mets ton pied dans le-

« Si tu veux vraiment que je te signe une lettre de recommandations après ce stage, tais-toi et retournes à ton boulot », grommela Hermione, en commençant à feuilleter le dossier Malfoy.

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A quatorze heures précises, Hermione et Théophane transplanaient jusqu'au Manoir Malfoy, carnets de comptes, appareils de photographie et plumes à la main. Malgré tous ses efforts, Hermione n'avait pas réussi à faire disparaître son large sourire narquois, même lorsque son patron lui annonça au déjeuner qu'il partait en vacances et lui déléguait ses dossiers en cours.

Elle emprunta le chemin de graviers jusqu'au porche, non sans se rappeler que la dernière fois qu'elle avait posé les pieds ici, elle était prisonnière des Rafleurs et craignait pour sa vie. Elle prit une grande inspiration et saisit le heurtoir en forme de tête de serpent. Le heurtoir retomba sur la porte et le bruit qu'il fit à l'intérieur du Manoir sembla se répercuter sur tous les murs de l'immense bâtisse. Quelques secondes plus tard, la grande porte s'ouvrit, dévoilant un jeune homme épuisé et abattu. Les cheveux blonds de Draco Malfoy étaient trop longs et lui tombaient devant les yeux, sa chemise blanche était froissée et dépassait de son pantalon. Son apparence générale n'avait plus rien de chic et de hautain. Draco Malfoy semblait s'être levé du mauvais pied. Rectification, il semblait s'être levé du mauvais pied tous les jours, ces six dernières années. Il leva les yeux sur les deux visiteurs et reconnut Hermione.

« Bonjour, Mr Malfoy ! », fit Hermione d'une voix beaucoup trop guillerette et chantante, étant donné la situation. « Nous venons pour estimer vos objets de valeur en vue du recouvrement ! »

Malfoy ouvrit grand la bouche, tandis que son regard incrédule passait d'Hermione à son stagiaire, du stagiaire à Hermione et ainsi de suite, jusqu'à ce que …

« Bonjour Mr Malfoy », fit le jeune homme d'un ton beaucoup plus professionnel que son aînée. « Je me présente. Théophane Courgenouil, stagiaire et assistant de Melle Granger. » Il tendit une main en direction de Malfoy, qui la regarda bêtement sans la prendre.

« Pardon ? Vous êtes ? », lâcha-t-il en observant le stagiaire.

Théophane parut vexé. « Théophane Courgenouil, je suis le stag-

Draco n'attendit pas la fin de sa phrase et se tourna vers Hermione.

« Et dire que tu trouvais que j'avais un prénom ridicule », cracha-t-il à l'attention de l'ex-Gryffondor.

« Est-ce que nous pouvons entrer, Mr Malfoy ? », lança sèchement Théophane, piqué au vif. « Nous avons du travail. »

Hermione et Draco continuaient de se fixer. Elle, ravie à l'idée de pouvoir se servir dans cette grande maison, aux dépends d'un type qu'elle détestait et lui, furieux de se trouver à nouveau en face d'elle, après toutes ces années.

« Je n'arrive pas à croire qu'ils t'aient envoyée, toi. J'aurais préféré n'importe qui sauf toi. Et Potter et Weasmoche, bien entendu », marmonna Draco en secouant la tête.

« Je n'aurais raté ça pour rien au monde, Malfoy … », répondit Hermione sur le même ton.

Enfin, Draco Malfoy s'effaça pour les laisser entrer. Le hall était majestueux, comme dans les souvenirs d'Hermione, à un détail près : il était à présent jonché de cartons remplis d'affaires.

« Qu'est-ce que c'est que ce foutoir, Malfoy ? Où sont tes elfes ? », railla-t-elle.

« Ma mère déménage, elle quitte le pays pour rejoindre son nouveau mari… En Argentine », cracha-t-il, comme si l'Argentine était la destination la plus stupide au monde. Du moins, elle devait l'être à ses yeux.

« Tu ne pars pas avec elle ? », fit Hermione d'une voix déçue. « On serait débarrassés ! »

Draco serra les poings. « Il est hors de question que je parte, c'est ma maison. »

« Oui, c'est vrai. Tu as de la chance, d'ailleurs, on va te la laisser prête à décorer, il n'y aura plus que les murs, tu pourras enfin apporter un peu de modernité à ce tas de-

« Attention à toi, Granger », gronda Malfoy en faisant un pas menaçant dans sa direction. « Je pourrais très bien te réduire en poussière. »

À ces mots, Théophane sortit aussitôt son carnet et se mit à griffonner furieusement quelques lignes.

« Qu'est-ce qu'il fait, celui-là ? », aboya Draco en lui jetant un regard furieux.

« Je note vos paroles, Monsieur Malfoy. Vous venez de commettre un outrage envers un fonctionnaire du Ministère, à la prochaine incartade nous nous verrons dans l'obligation de porter plainte contre vous, conformément au décret n°5347-9 du code citoyen magique. »

Hermione sourit de toutes ses dents. « Eh oui, mon bon Malfoy … il est pire que moi … En tous cas, ces cartons, ça ne va pas le faire, il va falloir me vider tout ça, histoire de s'assurer que ta maman ne tente pas de quitter le pays avec les objets les plus sympathiques … »

« Tu peux perdre ton temps, si ça te chante. À part ses vêtements et affaires très personnelles, elle ne prend rien. » Il détourna les yeux et sa bouche se tordit en un rictus méprisant. « Son nouveau mec est un … Moldu. »

Hermione haussa un sourcil. « Tu m'étonnes. Elle n'allait pas faire la même erreur deux fois. »

« Qu'est-ce que tu as dit ? », s'égosilla Malfoy, faisant sursauter Théophane. « Répète un peu pour voir et je t'arracherai la langue ! » Théophane s'apprêtait à gribouiller de nouveau sur son carnet et Draco se tourna vers lui. « ET TOI, SI TU NOTES ENCORE UN SEUL TRUC LA-DEDANS, JE T'OUVRE EN DEUX ET JE BOUFFE TON FOIE AVEC DES OIGNONS ! »

Théophane se figea et lança un regard hésitant à Hermione, qui lui fit signe de laisser tomber. « C'est bon, Malfoy. On jettera juste un coup d'œil aux affaires de ta mère. On fait juste notre boulot, ok ? »

Malfoy sembla se dégonfler comme un ballon crevé. « Vous n'avez qu'à commencer par le salon et la salle à manger et ensuite, je vous mènerai aux chambres et au coffre. Si vous avez besoin de moi, je suis … » Il se tut, regarda autour de lui comme un enfant perdu et soupira. « … pas loin. » Il désigna la double porte qui menait au salon/salle à manger. « Par là. »

« Merci, je sais, je suis déjà venue », lâcha Hermione sèchement, pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas oublié sa dernière visite. « Viens, Théophane, nous avons du travail. »

Ils pénétrèrent dans la salle à manger et Théophane referma doucement les deux portes derrière eux.

« Ca m'étonnerait pas qu'il nous fasse les sept, celui là … », murmura-t-il, boudeur.

« Pardon ? Les quoi ? », demanda Hermione en posant ses affaires sur un guéridon.

« Tu as déjà dû entendre parler des sept étapes du deuil, tout de même ? », fit Théophane, agacé.

« Moui, vaguement », répondit Hermione, tandis que son nez s'allongeait façon Pinocchio.

Théophane soupira. « Les sept étapes du deuil d'Elizabeth Kübler-Ross. C'était une psychologue moldue. Elle avait discerné sept étapes entre la disparition d'un être aimé et le moment où on guérit de ce deuil. Et bien, il arrive que certaines personnes aient ce genre de comportement avec les objets. Ce sont des gens extrêmement matérialistes, généralement, ou alors des gens dont la vie va mal et la moindre goutte d'eau fait déborder la Pensine … »

« Et quelles sont-elles, ces étapes ? », demanda Hermione, intéressée. La psychologie n'avait jamais été son domaine de prédilection.

« Le choc, le déni, la colère/le marchandage, la tristesse, la résignation, l'acceptation et la reconstruction », récita le stagiaire, ravi de ne pas se faire rembarrer pour une fois qu'il expliquait quelque chose.

« Je vois … on verra ce qu'il va faire mais connaissant Malfoy, il faut forcément s'attendre à des réactions pas banales… »

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« Tu notes, Théophane ? Un service à thé en argent, origine Angleterre, début du XXème siècle. Je dirais environ 200 gallions. Le poinçon est net et il est en excellent état, il grimpera très vite lors des enchères », déclara Hermione en tenant précautionneusement la théière par l'anse, avant de la retourner pour l'observer sous tous les angles.

« C'est fait. Très jolie pièce. J'ajoute aussi le drageoir qui est sur le buffet. C'est de l'argent et du cristal de Baccarat. Je le mets à 400 Gallions. Pour une telle pièce, ceci dit, c'est donné », marmonna Théophane, plus pour lui-même que pour Hermione.

« C'est vrai qu'il est magnifique », approuva Hermione. « C'est pas toi, qui t'étais presque battu avec un acquéreur pour ce genre d'objets ? A la vente aux enchères de juin dernier… »

« Si, si », grommela Théophane, qui n'aimait pas qu'on lui rappelle son humiliation d'avoir perdu un objet similaire qu'il avait tenté d'obtenir, en vain. « L'homme a proposé plus d'un mois de mon salaire de stagiaire, je n'ai pas pu faire mieux … Mais celui-là, je jure de le récupérer, il sera parfait sur le guéridon du salon, chez mes parents. »

« Si tu le dis … », marmonna Hermione, qui observait à présent un vase affreux de style pré-colombien. « Ca, je laisse tomber, c'est absolument moche. »

« Qu'est-ce que c'est ? », fit Théophane en se tordant le cou pour observer la pièce.

« Un vase. Hideux. Pour ma part, je n'en voudrai même pas pour nettoyer la litière de Pattenrond… »

Elle laissa le vase pour s'intéresser au service de verres à liqueurs en cristal émaillé d'or. Elle débarrassa le plateau des verres et de la carafe et le retourna à la recherche d'une date. Elle haussa un sourcil approbateur en voyant les chiffres 1901 gravés dans l'argent. « Tu notes : service à liqueurs, cristal émaillé or, 1901. Estimation : 250 Gallions. »

À peine avait-elle achevé sa phrase que la porte du salon s'ouvrit avec fracas.

1. Le Choc

« 250 GALLIONS ? TU TE FOUS DE MOI, GRANGER ? A QUOI TU JOUES ? », beugla Malfoy en se ruant dans sa direction, avant de lui arracher le plateau des mains. « CE SERVICE a été offert à MON ARRIERE GRAND-PÈRE par le MINISTRE DE LA MAGIE en PERSONNE ! Sa valeur suffirait à elle-seule à faire sortir mon père de prison ! »

« Visiblement non, Malfoy, sinon ce serait déjà fait … », fit Hermione d'un ton plus calme, en lui reprenant le plateau pour y reposer les verres et la carafe dessus. « Écoute, tu ne devrais pas assister à ça. Ce sont tes affaires et je comprends que tu y accordes plus de valeur qu'elles n'en ont réellement… »

Elle connaissait le discours par cœur, elle le servait souvent aux familles qui n'aimaient pas voir un prix attribué aux objets qu'ils aimaient plus que de raison …

« Alors monte au moins jusqu'à 400, Granger ! Sois raisonnable ! Je t'ai vue l'observer, tu es impressionnée par cet objet », s'écria Malfoy d'une voix légèrement rauque.

« Les prix monteront lors des enchères, Malfoy. Je ne suis ici que pour donner une estimation. Mais l'estimation peut parfois être bien inférieure au prix d'achat. »

« Mais dans ce cas, vous ne serez pas obligés de tout vendre… », fit Malfoy avec une pointe d'espoir.

« Il faut également ajouter notre commission, Mr Malfoy, ainsi que celle du commissaire-priseur, les frais de dossier, le salaire de l'huissier … Mais évidemment, ce qu'il reste après ça vous revient de droit … », récita Théophane sans se démonter.

« Merci, Théophile », aboya Malfoy en le fusillant du regard. « Si j'ai besoin d'un code citoyen sur pattes, je vous sonnerai. »

« C'est Théophane », protesta le jeune stagiaire d'une voix à peine audible.

« Je peux monter à 300 Gallions, Malfoy, mais pas plus … Si l'estimation est trop élevée, cela freine les acheteurs lors de la vente », expliqua Hermione pour le calmer un peu.

Le regard de Malfoy passa d'Hermione à son service à liqueurs, puis de nouveau à Hermione. Il soupira. « Tu dois prendre ton pied, pas vrai. »

Plus que tu ne peux l'imaginer, Malfoy, pensa Hermione en se retenant de sourire.

« Mais non », mentit-elle en levant les yeux au ciel. « Je fais mon travail, c'est tout. »

Elle continua par un ensemble de deux carafes en cristal taillé (300 Gallions), un sabre de Chine du XVIIIème (250 Gallions), un service de table en porcelaine de Limoges à décor polychrome chinois (550 Gallions), un bronze de Dubucand représentant un chien à l'arrêt (1500 Gallions) et un buffet bas de la fin du XVIIIème siècle (650 Gallions).

« Je ne vois rien de plus ici, on ne va quand même pas prendre ton canapé et ta table, sinon tu serais forcé de manger par terre … », commença Hermione avant de faire semblant de réfléchir. « Même si l'idée n'est pas désagréable, nous ne sommes pas des monstres … »

Malfoy se renfrogna et elle s'adressa précipitamment à son stagiaire pour couper court à toute dispute supplémentaire. « Théophane, combien pour le salon ? »

Le stagiaire fit un rapide calcul mental et répondit. « 4150 Gallions pour cette pièce. »

Hermione fronça les sourcils. « Bizarre, je m'attendais à mieux ici. Tu ne nous aurais pas caché des choses, par hasard, Malfoy ? »

Les épaules de Malfoy tombèrent misérablement et dans un murmure, il dit : « Beaucoup de choses ont été brisées, lorsque le Seigneur des Ténèbres a établi son quartier général ici. Tout ce qu'il reste, c'est ce qu'on a pu sauver en l'enfermant au grenier. Nous avons sorti ces objets après la guerre pour les remettre en place. »

L'espace d'une seconde, Hermione se sentit mal de lui prendre le peu qu'il lui restait. Mais ce sentiment ne dura qu'une (toute petite) seconde.

« Ouais, bah fallait pas fricoter avec le Côté Obscur, Malfoy. Ce n'est jamais bon pour les affaires. Passons aux chambres. »

Elle passa d'un pas décidé devant lui et sortit du salon pour revenir dans le hall. Elle se posta au pied des escaliers et lui demanda d'un signe du menton s'il fallait qu'elle monte à l'étage. Il répondit d'un hochement de tête empli de lassitude. Arrivée sur le palier, elle se retrouva confrontée à un immense couloir bardé de portes. Par où commencer ?

« Où se trouve la chambre de tes parents, Malfoy ? »

« Au fond à gauche. La dernière du couloir », maugréa le blond derrière elle.

En entrant, Hermione ne put s'empêcher de retenir son souffle. Elle avait rarement vu une chambre aussi luxueuse. Des tapisseries anciennes couvraient les murs et elle sentit le regard glacé des ancêtres Malfoy dardés sur elle, méprisants et hostiles. Elle déglutit et fit mine de ne pas les remarquer. Théophane entra à son tour, suivi de Malfoy, qui traînait les pieds comme un adolescent au réveil. Hermione se dirigea vers une commode et entreprit d'ouvrir chaque tiroir pour en fouiller le contenu. Et ne fut pas déçue. Dans le premier tiroir se trouvait une boîte à bijoux richement décorée et pleine à craquer.

« Je croyais que ta mère emportait ses affaires avec elle ? », demanda Hermione en se tournant vers Malfoy, les yeux dans le vague.

« La plupart des bijoux appartiennent au clan Malfoy, ils ne peuvent pas sortir d'ici. Sauf lorsqu'ils sont portés par un Malfoy. Et de toute manière, elle n'en voudrait pas. »

Hermione se dit que si elle avait pu avoir la chance de porter l'un de ses trucs, elle ne s'en séparerait jamais. Même pour partir en Argentine avec un Moldu …

Elle reprit son travail, estimant tour à tour une broche en forme de fleurs en or, argent, diamants et perles fines (600 Gallions), un collier en or gris et son pendentif en diamants (800 Gallions) et un lot de bracelets serpents en or et diamants (2000 Gallions). Elle parvint ensuite à dénicher une bague marguerite en or, émeraudes et diamants absolument étonnante. Elle la saisit entre ses doigts et se tourna vers la fenêtre pour l'admirer à la lumière du soleil. Alors qu'elle sentait une douleur terrible lui déchirer l'annulaire, Malfoy poussa un hurlement et tendit la main dans sa direction.

« LÂCHE-ÇA, GRANGER ! », hurla-t-il, trop tard.

Hermione poussa un cri de douleur et serra sa main contre elle. « Malfoy, qu'est-ce que c'est que ce truc ? » Elle baissa les yeux et vit la moitié de sa main couverte de sang. La magnifique bague s'était enfilée d'elle-même sur son annulaire gauche et de minuscules crocs acérés à l'intérieur de l'anneau s'étaient plantés dans son doigt, faisant couler le sang. Elle vit Théophane sortir en courant de la pièce, la main sur la bouche et pensa, entre deux hurlements de douleur, que ce type était vraiment une mauviette. Elle sortit sa baguette et hurla plusieurs « Finite Incantatem », ce qui s'avéra aussi inutile que de demander gentiment à la bague de la lâcher …

Malfoy accourut, grimaçant, et sortit sa propre baguette. Hermione recula et pointa la sienne sur la gorge du blond. « Range ta baguette tout de suite, Malfoy. »

« Seul un Malfoy peut te libérer de cette bague. Ne fais pas l'idiote, Granger. À moins que tu ne préfères la garder …. »

Hermione se mordit la lèvre et le mot Tétanos vint flotter dans son subconscient. « Ok, ok, enlève-moi ça tout de suite. »

Il murmura un sort qu'elle ne connaissait pas et de l'autre main, fit glisser la bague hors de son doigt. Hermione retint un hurlement de douleur lorsque les petits crocs se retirèrent de sa chair et qu'un nouvel afflux de sang se répandit sur ses doigts. Malfoy pointa de nouveau sa baguette sur la main d'Hermione et murmura « Vulnera Samento », refermant aussitôt la plaie et faisant disparaître le sang répandu.

Hermione retira sa main et remua les doigts avec une grimace. Puis furieuse, elle leva les yeux vers le blond. « Mais par les balloches de Merlin, Malfoy, que fait cette horreur parmi les autres bijoux ? »

Malfoy parut gêné. « Eh bien … c'est l'alliance que portent les femmes qui épousent un Malfoy. La bague est placée sur leur doigt au début de la cérémonie et les crocs se rétractent d'eux-mêmes à la fin, lorsque les vœux ont été échangés. »

Hermione ouvrit grand la bouche. « Mais … mais c'est immonde ! C'est ainsi que vous dominez vos femmes, dans cette famille ? Vous n'êtes que des porcs… »

« Je n'ai jamais approuvé cette méthode », se défendit Malfoy en la fusillant du regard. « De plus, si tu n'avais pas essayé de l'enfiler … »

« JE N'AI PAS ESSAYE DE L'ENFILER, MALFOY ! Elle a sauté à mon doigt, cette espèce de foutue cannibale ! »

« Quoi ? », fit-il en ouvrant des yeux ronds. « C'est impossible, tu mens. »

« Franchement, pourquoi je mentirais sur un truc pareil ? C'est un objet ensorcelé, Malfoy. Je pourrais t'envoyer le Service de détournement de l'artisanat moldu au cul pour ça ! »

2. Le déni

Les yeux de Malfoy allèrent de la bague à Hermione, d'Hermione à la bague, comme s'il devenait fou. Puis il se détourna et se laissa tomber sur le lit, la tête dans les mains en murmurant. « Non, non, non, non, non, non, impossible, non, non, non, non … »

Théophane entrouvrit la porte, vit qu'il n'y avait plus de sang et entra. Hermione, qui regardait étrangement Malfoy prostré sur le lit, se tourna vers son stagiaire et lui jeta un regard moqueur. « Alors, Frère Courage, la vue du sang vous insupporte ? »

Théophane ne répondit pas et reprit dignement son carnet et sa plume, qu'il avait laissés tomber dans sa fuite. Puis, il s'approcha d'Hermione et jeta un regard en direction de Malfoy.

« Le déni … », dit-il doucement.

« Quoi ? », fit Hermione, distraite par le spectacle de Malfoy marmonnant dans son coin.

« Tout à l'heure on a eu droit au choc, et maintenant le déni », expliqua-t-il tandis qu'Hermione levait les yeux au ciel.

« Merci, Dr Freud. Si tu le veux bien, on va reprendre le travail. On n'a pas toute la nuit … »

Alors qu'ils terminaient d'inspecter la chambre des maîtres avec une console en acajou et placage de style Louis XVI (2500 Gallions), Malfoy cessa de marmonner dans sa barbe et se mit à tourner la bague carnivore entre ses doigts. Il jetait sans cesse des regards mauvais en direction d'Hermione, qui commençait à se vexer. Après tout, s'il ne voulait pas qu'on tombe dessus, il aurait dû la mettre ailleurs, pensa-t-elle en caressant machinalement son doigt meurtri. Et ce n'est quand même pas ma faute, si cette chose horrible m'a mordue !

Théophane et Hermione sortirent de la chambre pour passer dans la suivante. Il s'agissait d'un bureau, probablement celui de Lucius Malfoy. La vue d'une canne noire à pommeau en argent représentant une tête de serpent lui confirma cette hypothèse. Hermione s'avança vers la canne et l'effleura de ses doigts. Lucius Malfoy avait beau être un fantastique connard, elle avait toujours adoré ce système de canne faisant fourreau pour baguette magique. C'était élégant, pratique, aristocratique à souhait. Et à chaque fois qu'elle avait vu l'homme se battre et dégainer sa baguette, elle avait toujours senti un petit frisson lui parcourir l'échine. Oui, la canne-fourreau, c'était classe.

3. La colère/le marchandage

« Ne touche pas à ça, Granger, je te l'interdis », gronda Malfoy d'une voix sourde. Hermione sursauta. Elle ne l'avait pas entendu entrer et surtout, le ton de sa voix avait changé. Finies les litanies de « Non, non, non, non » de tout à l'heure, il semblait à présent furieux et … oui, dangereux. Hermione fit un pas en arrière et leva la main qui avait caressé la canne vers le plafond.

« C'est bon, Malfoy, on se calme », dit-elle d'une voix apaisante en espérant qu'il ne la verrait pas trembler.

« Mr Malfoy, restez en arrière, je vous prie », fit Théophane d'une voix peu assurée. Le Serpentard l'ignora superbement.

« Il fallait forcément que ça soit toi, hein ? Comme si ma vie ne pouvait pas être plus MERDIQUE ! », s'égosilla-t-il en balayant d'une main un tas de parchemins entassés sur le bureau. Hermione recula de nouveau et sortit sa baguette de sa poche.

« Dernier avertissement, Malfoy. Si tu continues, je te jetterai un sort dont tu te souviendras. »

Malfoy se figea et la regarda droit dans les yeux. Hermione eut l'impression que les flammes de l'enfer dansaient au fond de ses pupilles argentées. Il y a deux minutes, il ressemblait à une loque et maintenant il la terrifiait. C'est ce côté bipolaire qu'Hermione avait toujours détesté chez Malfoy. Détesté car impossible à contrôler.

« Sale Sang-de-Bourbe », cracha Malfoy, tandis que Théophane poussait un cri offensé en entendant l'insulte.

Hermione et Malfoy s'affrontèrent du regard. Hermione accusa le coup. Elle n'avait pas entendu ces mots depuis plus de six ans. Et n'avait jamais pensé les entendre à nouveau un jour.

« Décidément, tu n'as pas changé, Malfoy », gronda-t-elle, sa baguette toujours pointée sur le torse du Serpentard. « Toujours le même petit con arrogant. »

« Et toi, Granger, toujours à venir envahir ma vie, polluer l'air que je respire … Pourquoi est-ce que je ne serai jamais débarrassé de toi ? Mais qui veut donc me punir à ce point ? »

« Arrête ton mélodrame, Malfoy. Une fois l'estimation terminée, je passerai la porte de ce manoir et j'espère bien ne plus jamais te revoir. »

Malfoy gloussa, devant l'air ébahi d'Hermione. Gloussement qui se transforma en rire froid, à vous glacer les sangs. « Rien n'est moins, sûr, Granger. Rien n'est moins sûr. »

Il tourna les talons et claqua la porte du bureau derrière lui, faisant trembler les portraits accrochés aux murs. Hermione s'autorisa enfin à respirer profondément. Théophane lui aussi, sembla se détendre.

« Et c'était comme ça souvent, quand vous étiez à Poudlard ensemble ? », demanda-t-il en déboutonnant le col de sa chemise.

Hermione fixa la porte close d'un regard sinistre. La façon dont il avait ri avant de partir l'avait déboussolée. « Tous les jours … Chaque jour pendant sept ans, j'ai dû prouver au monde que je méritais ma place à l'école des Sorciers, pendant que Malfoy s'acharnait à me rappeler que je n'étais qu'une erreur de la nature. »

« Fabuleux », marmonna Théophane en reprenant son carnet et sa plume.

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Draco Malfoy dévala les escaliers, les poings et les mâchoires serrés. Pourquoi elle ? Pourquoi fallait-il que ce soit elle ? Il traversa le salon, la salle à manger, passa une porte dissimulée derrière une tenture et arpenta un long couloir. Au bout du couloir, une pièce remplie de vieux manuscrits. L'endroit était sombre, poussiéreux et sans fenêtres. Il régnait dans la pièce une atmosphère lourde et humide, à mi-chemin entre une cave et une bibliothèque ancienne.

Le Serpentard se dirigea vers une étagère, chercha quelques minutes puis sortit un livre à reliure en cuir, qu'il laissa tomber sur un guéridon, unique meuble de la pièce. Il murmura un « Lumos » pour pouvoir lire sans s'arracher les yeux et se mit à tourner les pages, d'un geste fébrile. La bague carnivore, encore tachée du sang d'Hermione, était serrée dans sa main. Il sembla trouver son bonheur et posa son doigt sur les lignes qui l'intéressaient. Avant de pousser un hurlement de rage. Il déchira la page qu'il venait de lire et donna un violent coup de pied dans le guéridon, qui se renversa bruyamment, projetant le livre à terre.

« MERDE ! »

Il passa la main dans ses cheveux et se laissa tomber sur le sol de pierre froide. Le sort semblait s'acharner contre lui. Depuis qu'il était entré à Poudlard à l'âge de onze ans, rien ne s'était passé comme prévu. Tout avait toujours foiré depuis que Potter et ses deux chiens-chiens étaient entrés dans sa vie. Aujourd'hui encore, Miss Je-Sais-Tout Granger anéantissait ce qu'il lui restait d'années à vivre.

Il aurait donné n'importe quoi pour remonter le temps et l'empêcher d'ouvrir cette boîte. Il était prêt à vendre son âme au Diable pour pouvoir effacer la dernière heure et tout recommencer. Il supplia en silence, espérant qu'un démon ou esprit quelconque entendrait son appel, en vain. Personne ne l'entendait. Il était foutu.

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Hermione, les lèvres pincées, écrivait la brève description d'une paire de fauteuils d'époque Louis XV (2500 Gallions) sur son carnet, mais le cœur n'y était pas. La réaction de Malfoy, un peu plus tôt, lui trottait dans la tête. Il avait agi bizarrement depuis l'incident de la bague, comme si elle avait provoqué une espèce de cataclysme en enfilant ce bijou. Pourtant, c'était plutôt elle qui risquait de mourir d'un staphylocoque et qui aurait dû s'inquiéter … Elle se fit une note mentale de vérifier si ses vaccins étaient à jour en rentrant. Il manquerait plus qu'elle attrape une saleté, à cause de Malfoy.

En parlant du loup, il revint dans la pièce alors que Théophane estimait un bureau de pente en frêne mouluré du début XIX° à 1800 Gallions. L'ambiance redevint aussitôt électrique dans la pièce mais Hermione mit un point d'honneur à tourner le dos au Serpentard et à l'ignorer.

4. La tristesse

Malfoy ne sembla pas s'offusquer de son indifférence. Il s'assit sur l'un des fauteuils Louis XV et se passa une main sur le visage en soufflant. Il semblait de nouveau exténué et Hermione détendit légèrement ses muscles crispés par le stress. Il semblait s'être calmé, il n'y avait donc plus aucune raison de s'inquiéter. Pour le moment du moins.

Elle manipulait un magnifique encrier en bronze et marbre surmonté d'une sculpture représentant un aigle en vol (1000 Gallions), lorsqu'un bruit étrange sortit de la gorge de Draco Malfoy. Un bruit tellement étrange qu'Hermione se retourna aussitôt vers lui. Draco Malfoy, héritier de Lucius Malfoy, leader de la maison Serpentard pendant 7 ans et insensible notoire, venait de lâcher un sanglot.

Le premier réflexe d'Hermione fut de demander à son stagiaire de sortir. Déjà parce que Malfoy serait moins agressif en réalisant que les témoins étaient moins nombreux mais aussi parce qu'Hermione voulait profiter de ce bonheur seule.

Lorsque Théophane eut refermé la porte derrière lui, Hermione posa son carne, sa plume et croisa les bras sur sa poitrine.

« Quoi ? », fit Malfoy d'une voix éraillée. « Ca te choque ? Que je m'effondre alors que ma vie s'apprête à être dispersée aux quatre vents ? Emportée par des inconnus ? Estimée par une personne qui n'a manifestement aucune idée de leur valeur réelle ? Une personne comme toi… » Il avait craché le dernier mot comme si c'était une insulte.

Hermione esquissa un rictus. « Non, Malfoy. Au contraire, je trouve admirable qu'il reste encore quelque chose d'assez humain en toi pour te faire pleurer. Non, je ne suis pas choquée. J'apprécie seulement … l'instant. »

5. La résignation

Elle s'était attendue à ce qu'il réagisse violemment mais il n'en fit rien. Il rit à nouveau, de ce rire froid et étrange qui l'avait déjà secoué tout à l'heure. « Tu ne sais rien … », cracha-t-il en détournant son regard.

« Non, bien sûr … et je n'ai jamais dit que j'avais envie de savoir. Je me fiche de ce qui peut t'arriver, Malfoy. Quoi qu'il se passe pour toi, tu le mérites. Je dirai même, et passe moi l'expression, bien fait pour ta tronche. »

Il éclata littéralement de rire. Hermione était complètement décontenancée. Ce type pouvait passer du rire aux larmes en quelques secondes. Le pire, c'est qu'elle ne comprenait pas ce qu'il y avait de si drôle et cela l'énervait.

« Dans ce cas, toi aussi, bien fait pour ta tronche », marmonna-t-il lorsqu'il se fut calmé.

« De quoi, moi aussi ? », s'écria Hermione, qui n'aimait pas du tout la tournure que prenait la conversation.

« Rien, laisse tomber », acheva Malfoy avant de se murer dans le silence.

Hermione déglutit. Non, elle n'aimait pas ça du tout …

6. L'acceptation

Elle reprit son travail en silence, mais sentait le regard brûlant de Malfoy dans son dos. Qu'avait-il bien voulu dire par « toi aussi » ? Ce type était vraiment bizarre. Elle pensait avoir fait le tour de cette pièce lorsque Malfoy se leva et se dirigea vers une armoire.

« J'ai déjà regardé là-dedans, Malfoy, je n'ai rien vu de suffisamment précieux pour l'ajouter à ma liste », dit-elle d'un ton las.

Elle fronça les sourcils en le voyant sourire et lever les yeux au ciel. Il plongea le bras au fond de l'armoire et Hermione entendit un cliquetis métallique. Un panneau sauta et révéla une cachette, remplie de livres avec couverture en cuir.

« Je vois … », fit Hermione, dubitative. « Tu aurais pu ne rien me dire et garder ces objets pour toi, puisqu'ils étaient cachés. Je ne comprends pas … »

Le sourire de Malfoy devint narquois lorsqu'il sortit les six livres de leur cachette et les lui tendit.

« Disons que je me fiche de leur contenu, mais je sais qu'ils ont énormément de valeur et que tu seras prête à donner beaucoup d'argent, dont une partie me reviendra, pour les obtenir. Du coup, savoir que toi aussi, tu vas cracher du pognon me console quelque peu … »

« Pourquoi es-tu si sûr que je vais en vouloir ? », railla Hermione en secouant la tête. Elle prit les livres et ouvrit le premier de la pile.

Le Grand Dictionnaire Historique, de Louis MORERI. Imprimé à Bâle, Suisse. 1731-1732

Hermione faillit laisser tomber les volumes tant la surprise était grande. Comment Malfoy aurait-il pu savoir qu'elle adorait l'Histoire, et pas seulement l'Histoire de la Magie ? Elle aurait effectivement pu tuer pour obtenir ces livres. Surtout une édition d'époque.

« Mais … attends, comment est-ce que … mais … »

« Je le savais, attends toi à cramer tes économies, Granger ... », fit Malfoy, narquois.

« Comment pouvais-tu savoir que –

Malfoy leva les yeux au ciel. « Ce sont des bouquins d'histoire, des vieilleries. Mais pour une fille capable d'écouter le Professeur Binns déblatérer pendant deux heures sans dormir, de lire cinquante fois l'Histoire de Poudlard et de passer sa vie avec Mme Pince dans sa vieille bibliothèque moisie, ces trucs là sont une vraie mine d'or…. »

Mais Hermione ne l'écoutait plus. Elle s'était assise au bureau de Lucius Malfoy et feuilletait soigneusement les pages de l'encyclopédie avec une joie non dissimulée.

« Alors, combien pour ceci, Mademoiselle l'expert ? », railla Malfoy.

Hermione secoua la tête, à peine capable de parler. « Je dirais … environ 1000 Gallions pour les six. »

« Sans blague », s'esclaffa le Serpentard. « Alors mon service à liqueurs ne valait rien, en revanche on te donne dix pages rongées par les mites et on en tire de suite 1000 balles … »

Hermione le fusilla du regard. « Ils ne sont pas rongés par les mites. Ils sont magnifiques et contiennent des informations passionnantes sur le monde d'autrefois. »

« Oui, oui, on sait… », se moqua le blond avant de se rasseoir sur son fauteuil.

Hermione embarrassée d'être prise en flagrant délit de mode « rat de bibliothèque », se racla la gorge et se releva en époussetant sa robe. « Bref, d'autres choses que tu voudrais me dévoiler ici ? », demanda-t-elle sèchement.

Malfoy sourit et secoua la tête.

« Bien, passons à la suite dans ce cas. »

Il soupira. C'était tellement simple de la faire tourner en bourrique. Elle partait au quart de tour, aussi vite que lorsqu'elle avait 13 ans …

Ils sortirent du bureau et Hermione fit un rapide tour d'horizon des autres pièces de l'étage. Rien à signaler ici, mis à part deux miroirs de style Louis XV dont Hermione refusa de s'approcher après que Malfoy lui ai dit qu'ils tuaient tous ceux qui n'étaient pas de la famille et qui osaient s'y refléter dedans. Elle n'eut pas le cran de fouiller sa chambre non plus. L'idée de tomber nez à nez avec les caleçons et le lit de Malfoy lui donnait la nausée. De plus, ils atteignaient déjà les 16 350 Gallions, elle décida donc de terminer ses recherches dans les cuisines, où ils rejoignirent Théophane.

Grand bien lui en prit. En quelques minutes, elle atteignait les 20 000 Gallions tant attendus, grâce à quatre bouteilles de Château Margaux Pavillon Rouge d'une valeur de 3000 Gallions et une bouteille de Château Mouton-Rothschild de 1982 (700 Gallions).

En notant les noms des bouteilles, Hermione envia un instant ces gens qui pouvaient se permettre de boire du vin à 9 Gallions le centilitre … Cela l'horripilait. Malfoy dut sentir son agacement, car il s'avança vers les rangées de bouteilles, saisit trois flûtes en cristal sur le présentoir et une bouteille de Moet et Chandon de 1969 et fit sauter le bouchon en liège.

« Qu'est-ce que tu fais ? », le rabroua Hermione, qui rangeait déjà ses affaires dans son sac pour partir.

« Je suis toujours tout seul, ici, et ça me ferait mal de voir cette bouteille se perdre. Disons que c'est pour célébrer tous les objets ensorcelés ou extrêmement rares que j'ai réussi à sauver de vos sales pattes … »

Hermione soupira. « Pas pendant le service, désolée. »

« Techniquement », commença Théophane, qui lorgnait le champagne avec avidité. « Nous ne sommes plus en service, nous avons terminé. »

Hermione lui jeta un regard mauvais, mais il l'ignora. L'appel des bulles était le plus fort.

« Très bien, juste un peu alors… », dit-elle à l'attention de Malfoy. « Et tu bois d'abord, je ne voudrais pas que tu nous empoisonnes maintenant, alors que nous avons réussi à sortir sains et saufs de cette journée… »

Malfoy s'exécuta puis lui tendit une coupe, dans laquelle elle trempa les lèvres prudemment. Elle n'avait jamais bu d'aussi bon champagne, mais elle se garda bien de le dire à Malfoy.

« Alors, quand est-ce que mes objets seront vendus ? », demanda-t-il nonchalamment en sirotant son champagne.

« A la fin de la semaine prochaine, jeudi à 15h plus précisément », répondit le stagiaire, qui semblait trouver Malfoy bien plus sympathique depuis qu'il avait goûté à son breuvage.

« C'est noté », répondit le Serpentard avec un sourire.

« Tu comptes venir ? », maugréa Hermione, que l'idée ne semblait pas enchanter.

« Et comment ! Je ne vais pas rater ça. Et de toutes façons, il faudra nous revoir tous les deux … », dit-il d'un ton mystérieux. Il sortit de la poche de son pantalon, la bague carnivore et la fit doucement tourner entre ses doigts.

Hermione jeta un regard méfiant à la bague, comme si celle-ci allait l'attaquer pour lui arracher les phalanges.

« Non, merci, Malfoy, moins je te vois, mieux je me porte. »

« Pareil pour moi, crois-moi … Mais c'est pas comme si on avait le choix, tu crois pas ? »

Hermione vida sa coupe de champagne, la posa durement sur le comptoir et le fusilla du regard.

« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? J'en ai ma claque de tes énigmes. »

« Tu verras en temps voulu. Bon, ce n'est pas que je ne vous aime pas, mais maintenant, j'aimerais que vous vous tiriez de chez moi. »

Hermione ramassa vivement ses affaires, le salua d'un « Mufle ! » et sortit des cuisines, Théophane sur les talons.

Malfoy ne les raccompagna pas. Il fixait la bague magique dans sa main, les sourcils froncés. Foutu destin...

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7. La reconstruction

Quatre jours plus tard, Hermione était à son bureau. C'était bientôt la fin de la journée, elle prenait un peu d'avance sur sa paperasse, Théophane était déjà parti … Bref, une journée de bureau calme à mourir. Elle n'aurait jamais imaginé regretter ce calme. Et pourtant ...

Un hibou entra dans la pièce, une lettre épaisse accrochée à la patte. Elle décrocha la missive, donna une petite croquette à la viande à l'animal et le regarda s'envoler à nouveau. Elle lut son nom sur l'enveloppe mais ne reconnut pas l'écriture. L'enveloppe contenait un petit objet rond et lourd, ainsi que plusieurs feuillets, semblait-il.

Hermione prit un coupe-papier, et déchira soigneusement le haut de l'enveloppe, puis la renversa pour en faire tomber l'objet rond. Elle poussa un cri et bondit hors de sa chaise en voyant la bague carnivore rouler sur le sous-main de son bureau.

« Mais … Mais ! »

Elle secoua encore l'enveloppe pour vérifier qu'aucun autre piège maléfique ne se trouvait à l'intérieur et déplia la lettre qu'elle contenait.

Chère Granger, (ou plutôt devrais-je t'appeler Hermione, mais c'est peut-être encore trop tôt)

Figure-toi que ton destin a l'air tout aussi pourri que le mien ... Tu connais l'histoire de cette bague, mais comme tu aimes bien les manuscrits poussiéreux, voici une page d'un manuscrit familial qui concerne justement ce bijou. Amuse-toi bien …

Sans aucune affection,

Draco Malfoy

Hermione saisit la seconde page, un parchemin tiré d'un livre authentique et que Malfoy semblait avoir arrachée sans ménagement. Un croquis de la bague se tenait en haut de la page et il n'y avait pas de doutes, il s'agissait bien de la bague avide de chair fraîche, symbole de la domination masculine des Malfoys. Son estomac sembla se tordre douloureusement tandis qu'elle commençait sa lecture. Les faits relatés par Malfoy (bague, doigt, crocs, sang, cérémonie, vœux) y figuraient bien, mais un petit encadré entouré par Malfoy, visiblement, fit trembler ses genoux. Elle fut forcée de s'asseoir tant les mots inscrits sur le papier la faisaient frémir d'horreur.

Parfois, il arrive que la bague elle-même choisisse l'épouse. Dans ce cas précis, le membre de la famille Malfoy n'aura pas d'autre choix que d'épouser cette femme et cette femme ne pourra connaître d'autre homme, car leurs destins et leurs sangs sont désormais scellés pour l'éternité.

Hermione crut qu'elle allait vomir. Elle relut dix fois le passage et remarqua alors une petite note, rajoutée par Malfoy en bas de page.

Lève les yeux. DM.

Hermione releva aussitôt la tête et poussa un cri d'effroi en voyant Malfoy dans l'encadrement de la porte. Ce petit enfoiré avait prévu son coup.

« Salut Granger », ricana-t-il en voyant sa mine terrorisée. Il lui adressa un clin d'œil effronté. « Quels étaient tes mots exacts, ce jour-là ? Ah oui, ça me revient ... Bien fait pour ta tronche, Malfoy. Alors voici, ma réponse : Toi-même, Granger... »

Les Blas-blas de Xérès : Et voilà, c'est terminé ! J'aime bien la fin, Hermione horrifiée de comprendre qu'elle est forcée de passer sa vie avec Malfoy. Personnellement, je veux bien prendre sa place, hein, mais bon, cette fille ne sait pas ce qui est bon pour elle, visiblement !

J'espère que ça vous aura plu ! Si vous voulez jeter un œil sur les objets mentionnés, ça se passe sur le site , normalement les noms d'objets sont ceux utilisés sur le site. Mes objets préférés sont le drageoir , le service à liqueurs et la broche fleurs en or, argent, diamant et perles. Pour les prix, désolée, mais j'avais vraiment la flemme de faire la véritable conversion en Gallions, donc j'ai souvent pris le tarif sur le site Moi et les maths, ça fait deux !

J'ai hâte de lire vos réactions alors n'hésitez pas à laisser une review !

A bientôt et gros bisous !

Xérès !