Let me be

Auteur : Sahad.

Note : Ce chapitre aura mis vraiment très très longtemps à venir, j'en suis désolé(e). Ayant lâché cette fic pendant un bout de temps, j'espère que la fin ne vous paraîtra pas bâclée.

Note 2 : réponse aux reviews :

Love2moi : Désolé(e) pour l'attente...

Doudi : Pareil que pour love2moi, je suis désolé(e) pour le temps que j'ai mis. Je suis pas sûr(e) que ce dernier chapitre réponde à toutes tes questions, mais j'espère que tu seras repue.

Momonokouki : Merci, j'espère que cette suite sera aussi plaisante que le reste.

Seveya : Tu es effectivement tenace mais c'est ce qui m'a motivé(e) à continuer. Mais tu supposes bien pour ta réponse : je te dirais rien me concernant. Hihi. Merci encore pour tout.

Chevy : Voici la suite très tardive... Désolé(e).

Goupixa : Désolé(e) pour l'attente.

Bonne lecture !

Chapitre 11 :

Kôgaiji fixait inlassablement le mur qui lui faisait face, ses yeux perçant la semi pénombre de leur cellule. Le silence régnait autour de lui, à peine troublé par la respiration lente de Gokû qui dormait... Ce silence... Pour une raison qu'il ignorait, ou ne voulait pas connaître, il lui semblait terriblement pesant. Pesant et vide...

« Sanzô... »

Son murmure avait été à peine audible. Il voulait l'entendre, cette voix grave et suave, la sienne, cette voix sûre et apaisante, la sienne... L'entendre. Le jeune rouquin se recroquevilla un peu plus dans son lit, sentant cette sensation de malaise persister, lui bouffer ventre et entrailles. Pourquoi Sanzô n'était-il pas là ? Pourquoi... ? Il ne ferma presque pas l'œil de la nuit, ne parvenant à succomber à la fatigue que quelques heures à peine avant le réveil prévu.

OoOoO

Aujourd'hui encore, Sanzô n'était pas là... Combien de temps cela allait-il durer ? Kôgaiji sécha la première heure de cours, il ne voulait pas y aller, il s'en moquait royalement, toutes ses pensées axées vers son surveillant blond et son mal. Son mal... Il avait espéré qu'il s'en était défait mais sans Sanzô... Il ne pensait plus qu'à ça. Il s'appuya contre un mur, ses bras enserrant son corps. Il se sentait si mal... Le mur était froid, l'air était gelé...

« Putain... Sanzô... Où t'es... ? »

« Oi ! » l'appela une voix.

Kôgaiji la connaissait, il le savait, mais son esprit était si embrumé qu'il ne parvenait pas à se souvenir de qui il s'agissait. Il se tourna et aperçu Ririn au grillage, non loin de lui ; elle avait glissé ses doigts entre les trous pour pouvoir se tenir et le fixait de ses yeux émeraude. Elle n'affichait pas son sourire habituel, cette expression ayant laissé place à un air inquiet et soucieux :

« Daijoubu deska (ça va)? » lança-t-elle.

« Ririn... » souffla-t-il.

« Tu as mal ? »

Le jeune rouquin lui adressa un regard fiévreux, tentant apparemment de la fixer quelques instants, avant de se laisser à un rire étrange, à la fois forcé et hystérique. Ririn se mordilla la lèvre inférieure et tressaillit, elle n'aimait pas ce rire : Kôgaiji semblait à la limite entre la lucidité et la folie. Elle avait déjà vu quelque chose comme ça mais là, elle était réellement inquiète car elle était bien plus apte à comprendre la chose que quelques années auparavant. Son vis-à-vis se laissa glisser le long du mur, riant toujours de cette manière dérangeante...

« Mal... ? » murmura-t-il comme à lui-même. « Elle me demande si j'ai mal... ? Hahahaha... »

La rouquine attendit que son interlocuteur se calme, celui-ci se plongeant tout à coup dans une sorte de profonde lassitude, fixant un point invisible dans le vide. Elle murmura alors :

« Kôgaiji... Faut que tu demandes de l'aide. Parles-en à quelqu'un, à Hakkaï... Tu peux pas rester comme ça. »

« Fous-moi la paix, sale merdeuse. » grogna l'intéressé.

Il ne se leva pas mais tourna la tête sur le côté, signe que la conversation était close. Ririn ne s'offusquait pas de ses paroles : elle savait que l'adolescent était rongé de l'intérieur, qu'il n'était pas dans son état normal. Il avait mal, elle s'en doutait, mais s'il n'en parlait pas, qui le ferait pour lui ? Elle ? La sonnerie retentit dans la cour, la rappelant en classe ; elle lança un dernier regard vers le rouquin et souffla :

« Ça ne sert à rien de souffrir tout seul dans ton coin... »

Et elle disparut. Kôgaiji resta un long moment assis à même le sol, perdu dans des pensées silencieuses, le vent soufflait doucement, se glissant dans les moindres recoins en sifflant, tel un râle d'agonie qui s'élevait et se mariait à un ciel gris peut-être bientôt pluvieux. Le jeune rouquin considéra encore plusieurs moment un point dans le vide, ne sachant pas vraiment ce qu'il devait faire : il se sentait comme happé dans un vide sidéral, ne ressentant aucune envie... Son regard se posa sur des mégots écrasés au sol. Pour une raison qui lui échappa, ce tableau lui sembla passablement touchant... C'était comme si sa vie ressemblait à présent à cela.

« Sanzô... » souffla-t-il en se recroquevillant sur lui-même.

Il était perdu, il ne savait même plus quel jour il était, ni depuis combien de temps il n'avait pas vu le blond, cette période lui semblant une éternité. Il releva péniblement la tête et fixa la cour avec une profonde lassitude, il savait parfaitement qu'il se ferait voir si jamais il restait là, mais bizarrement, cette alternative ne le dérangeait pas plus que ça, ou plutôt, il s'en moquait. Son regard balaya lentement les lieux mais il avait beau guetter le moindre recoin de ces lieux, pas une seule mèche blonde ne lui apparaissait... Il soupira et baissa à nouveau la tête, se recroquevillant un peu plus pour réchauffer son corps qui lui sembla subitement très froid. Ce genre de frisson était de plus en plus fréquent...

« Kôgaiji ? »

L'adolescent ne releva même pas la tête. On lui parlait ? Et alors ? Il ne voulait pas savoir, il n'était là pour personne, il voulait simplement qu'on le laisse tranquille et seul. Une main se posa sur son épaule :

« Eh, petit ? »

C'était Dokugakuji... Les yeux fatigués du rouquin se posèrent sur lui, comme s'il remarquait subitement que son aîné existait. Le grand brun eût une expression inquiète et posa sa main sur le front de Kôgaiji : il avait bien un peu de fièvre, mais pas au point d'être aussi mal. Dokugakuji fronça les sourcils et le détailla :

« Kôgaiji, tu te sens bien ? »

Pour toute réponse, le jeune garçon détourna la tête, ne souhaitant qu'une chose : la paix. Mais le surveillant ne l'entendait pas de cet avis et le força à le regarder, l'observant avec minutie : quelque chose n'allait pas, mais quoi ? Il ne parvenait pas à le dire et le rouquin ne semblait pas disposé à le lui dire. Il soupira :

« Bon, je t'emmène à l'infirmerie. »

Kôgaiji soupira mais n'émit aucune résistance et se laissa porter. Dokugakuji était fort, sa chaleur et son odeur étaient apaisantes... Mais ce n'étaient pas celles de Sanzô. Le jeune rouquin se renferma encore : il ne voulait que lui, il n'y avait que sa main qu'il voulait voir tendue, les autres n'existaient pas, ne comptaient pas... Son corps lui faisait mal, il avait la sensation d'une faim non apaisée, il avait envie. Juste envie... Dokugakuji le déposa sur le lit de l'infirmerie et murmura :

« Courage, gamin. Sanzô va bientôt revenir. D'accord ? »

Bientôt... Ce mot résonna dans son esprit. Bientôt... Il le verrait, il le retrouverait, il serait sauvé... Bientôt. Il fallait être patient. Juste un peu... Juste un peu plus. Il entendit vaguement le bruit de la porte se refermant : Dokugakuji était parti, il devait aller surveiller les autres. Et elle... Elle était là... Juste là... Dans sa poche. Il l'avait prise le matin même. Pourquoi ? Il ne savait pas. Mais sa présence dans sa poche le réconfortait, comme la porte menant vers une issue, une sortie, un ailleurs...

Sanzô allait revenir. Ce n'était plus qu'une question de temps. Il serait bientôt là et tout serait fini, tout ce cauchemar... Il suffisait d'attendre... Attendre un peu... Et alors tout changerait, il pourrait être libre, se sentir bien, comme avant. Mais une partie de son esprit semblait axée sur une toute autre chose, sur le petit sachet dans sa poche... Ce sachet. Il était si tentant...

« Envie d'oublier... » murmura Kôgaiji pour lui-même. « Juste une dernière fois... Un monde sans frontières... Sans rien de mauvais... Rien qu'un peu... »

OoOoO

La voiture s'arrêta devant le bâtiment, laissant descendre son passager. Le blond se redressa et passa une main dans ses cheveux ; c'était le début des beaux jours, un ciel d'un bleu superbe surplombait le monde... Il le considéra un moment, laissant la chaleur des rayons du soleil caresser sa peau.

« Oi, Sanzô ! » l'appela une voix.

L'intéressé baissa les yeux et les posa sur le brun qui approchait en souriant, comme à son habitude. Il s'arrêta à sa hauteur et son regard vert émeraude le scruta un moment comme pour jauger son état ; il hocha finalement la tête et sourit de plus belle :

« Content de te voir revenir en pleine santé, Sanzô. »

« Merci, Hakkaï. » lâcha le blond.

« Souris quand tu dis ça, sinon les gens ne te croirons pas. » rit son supérieur.

Le surveillant haussa les épaules et alla chercher un sac dans le taxi puis le hissa sur son épaule : Dokugakuji avait eu la gentillesse de lui apporter quelques affaires pendant ses soins, il le remercierait quand il le verrait... S'il y pensait. Il s'alluma une cigarette sous le regard désapprobateur de Hakkaï :

« Sanzô... Tu sors d'une cure ! N'apprendras-tu donc jamais ? »

« Hakkaï, ça fait super longtemps que je fume... Je peux pas lâcher ça comme ça. » grogna le blond.

« Ah, là, là... » soupira le psychologue. « Tiens. »

Sanzô haussa un sourcil en voyant son vis-à-vis fouiller dans ses poches et lui remettre une petite boîte dans les mains. Il le questionna du regard mais celui-ci ne lui répondant pas, il reporta son regard sur la boîte et en lut les inscriptions :

« Des patchs... ? »

« Cela t'aidera sans nul doute, n'est-ce pas ? » sourit Hakkaï, visiblement content de lui.

Le jeune surveillant préféra ne faire aucune remarque et rangea le paquet dans sa poche ; il lui servirait peut-être, mais pour le moment, il savourait sa cigarette. Une autre voix l'interpella, attirant son attention : c'était Dokugakuji, accompagné de Gojô. Sanzô hocha la tête en guise de salutation, attendant que ces derniers arrivent à sa hauteur :

« Oi. » lança-t-il finalement.

« Content de te revoir. » sourit le brun.

« Tu es venu juste pour mon départ, c'est sympa. » ricana le rouquin.

Le blond haussa un sourcil puis remarqua effectivement le sac que le jeune homme avait avec lui. Ainsi c'était aujourd'hui que Gojô changeait d'établissement, n'ayant plus sa place ici... Sanzô hésita quelques secondes encore avant de lâcher :

« C'est p'têt pas ce qu'il faudrait dire aujourd'hui mais... Joyeux anniversaire et... Bonne chance. »

« Thank ya. » sourit leur cadet en clignant de l'œil. « Mais t'en fais pas, je sais prendre soin de moi. »

« Je sais. Fais pas de conneries en sortant. » grogna Sanzô.

« J'essayerai. »

Sur ce, le jeune rouquin les salua et Dokugakuji l'emmena jusqu'à une voiture de police. Gojô avait beaucoup changé depuis son arrivée dans l'établissement, il ne fuyait plus les évènements de son passé et allait de l'avant ; il était loin d'être bête et plutôt débrouillard... Ils ne se faisaient pas de soucis pour lui : même s'il avait un casier judiciaire, ce gosse avait de l'avenir. Hakkaï invita son ami à réintégré l'endroit, ce que Sanzô accepta avec un plaisir non avouer : cet endroit était comme chez lui à présent et, contre tout ce qu'il avait pu imaginer, il s'y sentait bien. Leurs pas résonnaient dans la cour alors qu'ils discutaient : les adolescents étant en cours, il n'y avait pas de bruits autres que celui du vent qui courait dans ces lieux.

« Comment ça s'est passé ? » demanda Hakkaï.

« Bof, pas grand-chose... » répondit évasivement son interlocuteur.

« Raconte. » rit Dokugakuji, trop content de pouvoir le taquiner.

« Ben, je suis arrivé, ils m'ont ausculté, je suis passé sur le billard, je vais mieux, ils m'ont laissé sortir. » répliqua Sanzô.

« Tu nous racontes toute une saga en une phrase ! Tu nous tues le plaisir ! » protesta le grand brun.

Hakkaï rit à cette remarque, s'amusant de l'échange. Puis Dokugakuji s'arrêta brusquement et regarda vers le mur latéral de la cour, fronçant les sourcils : une gamine leur faisait de grands signes. Il lança un regard interrogateur à Hakkaï qui haussa les épaules, signe qu'il ne savait pas, et ils se rendirent près de la grille. Une fois arrivé à proximité, le psychologue demanda :

« Ririn ? Tu ne devrais pas être en cours ? »

« On s'en fout de ça ! » s'exclama la jeune fille en balayant la remarque d'un geste de la main.

« Oi, Ririn, il faut que tu parles un peu mieux, tu es un petit bout de femme, tout de même. » lui fit remarquer Dokugakuji.

« C'est pas le problème ! » s'énerva la rouquine en trépignant.

« Bon, calme-toi... » sourit gentiment Hakkaï. « Qu'est-ce qui ne va pas ? »

« Kôgaiji. » répondit Ririn du tac au tac.

« Hein ? » Sanzô sentit son corps se crisper.

« Il a besoin d'aide. » reprit la jeune fille. « Il veut pas l'admettre mais il en a besoin. Il aura du mal à s'en sortir tout seul... Aidez-le, s'il vous plaît ! »

Les trois adultes en demeurèrent cois pendant quelques minutes puis le blond agrippa Dokugakuji, lui demandant où était l'adolescent ; le brun avait du mal à le suivre mais lui indiqua l'infirmerie et le jeune surveillant partit en courant, plantant là ses deux collègues et la jeune fille. Il traversa toute la cour, manquant de déraper en tournant un peu trop vite, et pénétra dans le bâtiment ; l'infirmerie était à l'étage, il monta la volée de marches et s'arrêta quelques secondes, les muscles et les poumons en feu. Son cœur battait à tout rompre mais il se força à se relever et marcha, respirant de grandes goulées d'air. Ses pas résonnaient dans le couloir, concurrençant les battements effrénés dans sa poitrine ; petit à petit, il se rapprochait de la porte surplombée du panneau ''infirmerie''. Arrivé à la hauteur de la porte, il fut surpris de voir celle-ci s'ouvrir à la volée, et une tignasse brune en sortir en trombe, le percutant.

Il grimaça de douleur en rencontrant le sol froid mais n'émit aucun commentaire, levant simplement les yeux. Le petit brun était lui aussi tombé par terre, tête baissée, tremblant... C'était-il donc fait mal à ce point ? Sanzô haussa un sourcil puis lança :

« Gokû ? Ça va ? »

Pour toute réponse, l'adolescent se leva d'un bond et partit en courant. Le surveillant le regarda partir sans comprendre et se releva en se massant le postérieur, une grimace déformant ses traits. Se souvenant soudainement du pourquoi de son empressement, il entra précipitamment dans l'infirmerie et s'immobilisa en voyant le lit vide. Une frayeur sourde lui tordit les boyaux :

« Kôgaiji ! »

Sanzô lança un regard circulaire dans al pièce mais ne vit rien. Pourtant Gokû en sortait et son état alerta le blond : l'adolescent aux cheveux roux devait être là. Il s'avança dans la pièce et aperçu alors ce qui lui avait échappé : des cheveux ; il les voyait à peine de son angle de vue mais cela suffisait. Il se précipita, passant par-dessus le lit, et se jeta à genoux à côté du jeune garçon :

« Kôgaiji ! Kôgaiji ! »

Le jeune rouquin était allongé à même le sol, dans une position peu commune, il avait les yeux clos et le teint pâle ; son corps était froid, trop froid. Sanzô sentit la panique monter en lui, ses yeux se posant sur le garrot improvisé fait avec les draps du lit et la piqûre que l'adolescent avait du se procurer en fracassant l'armoire de l'infirmerie ; il y avait près de lui, tout ce qu'il fallait à un habitué : une cuillère, de l'eau, un briquet... Le sang du jeune surveillant ne fit qu'un tour, il pris le pouls de Kôgaiji.

Dokugakuji et Hakkaï arrivèrent en trombe et à bout de souffle à l'infirmerie, peu habitués à ce genre de pointe de vitesse ; leurs regards convergèrent vers Sanzô, une inquiétude évidente brillant dans leurs yeux. Ils n'eurent guère le temps de demander ce qu'il se passait, le blond se retournant d'un seul coup vers eux et leur hurlant d'une voix proche de la démence :

« Une ambulance !! Appelez une ambulance !! Tout de suite !!! »

Hakkaï ne se le fit pas dire deux fois, sortant immédiatement son portable et composant le numéro d'un geste rapide. Dokugakuji ne savait pas quoi faire, son corps ne voulait pas réagir, il fixait de ses yeux écarquillés la scène qui se déroulait sous ses yeux : Sanzô hurlait le nom du jeune garçon, le secouant comme il le pouvait, sa voix se brisant alors que les larmes envahissaient son visage :

« KÔGAIJI !! REVEILLE-TOI ! MERDE ! KÔGAIJI !! TU PEUX PAS FAIRE ÇA !! ALLEZ, OUVRE LES YEUX, PUTAIN !!! KÔGAIJI !!! KÔGAIJI !!!! »

Mais l'adolescent semblait demeurer sourd à ses appels, son corps remuant mollement au traitement que lui faisait subir le blond, et, plus cruel encore, son visage affichait presque un léger sourire, paisible. Les cris du jeune surveillant passaient de l'hystérie à la folie alors qu'il continuait de le secouer et de le serrer dans ses bras. Dokugakuji ne l'avait jamais vu ainsi, se battre avec autant de hargne, hurler et pleurer avec autant de désespoir dans la voix ; ces cris le clouaient sur place. Il sursauta en sentant la main de Hakkaï se poser sur son épaule, le psychologue murmura :

« L'ambulance arrive. »

Le surveillant hocha doucement la tête, signe qu'il avait bien compris, puis reporta son regard sur son cadet qui hurlait de rage et d'impuissance...

« KÔGAIJI ! KÔGAIJI ! NANDE ? KÔGAIJI ! »

Les cris de Sanzô résonnèrent pendant de longues et interminables minutes, déchirés pas les larmes et le désespoir, tremblant d'hystérie et perçants de folie, lorsque enfin se firent entendre les sirènes pleurantes de l'ambulance...

OoOoO

OoOoO

''Lundi 11 juillet,

Chère Yaone, comment vas-tu ? Je regrette de ne t'écrire que maintenant, mais je vais te relater les évènements des cinq derniers mois, soit depuis ton départ, pour me faire pardonner de ce long moment de silence : nous avons tous été passablement occupés.

J'ai beau lui parler, rien ne change. Sanzô reste muré dans son mutisme, assis sur une chaise à regarder la cour par la fenêtre... Il se déplace de temps à autre dans l'établissement, fait son travail de surveillant, mais sans plus. Je lui avais pourtant dit plusieurs fois qu'il pourrait revenir plus tard et prendre le temps de se reposer ; mais il est revenu au bout de quatre mois.

Dokugakuji s'occupe de lui et ne perd pas espoir de le faire à nouveau sourire un jour : il le force à sortir, à aller au village... C'est une bonne chose. Je n'ai pas trop de soucis à me faire de ce côté. Il m'arrive encore de repenser à ce moment, d'entendre encore et encore les cris de Sanzô... Aujourd'hui, il porte essentiellement des couleurs sombres, du noir, à la manière occidentale. Car nous avons découvert que Kôgaiji était métis par son père, celui-ci a fait une brève apparition à l'enterrement...

Kôgaiji, 17 ans, un gamin peu gâté par la vie et qui s'est battu pour survivre dans un monde ne le comprenant pas, ne l'écoutant pas. Il n'a pas choisi la vie la plus facile mais a toujours fièrement montré qu'il était vivant. Pauvre gosse, j'espère pour lui que son dernier voyage était sans douleur. Sanzô va le voir presque tous les jours au cimetière, en compagnie de Dokugakuji.

Ces quatre derniers mois ont été passablement éprouvant pour tout le monde : suite au décès de Kôgaiji, Gokû a fait une tentative de suicide, s'ouvrant les veines avec les dents. Je n'avais jamais vu ça de toute ma carrière. Nous avons pu le sauver à temps grâce à Nataku, très attaché à Gokû depuis le départ de Gojô ; le choc lui a apparemment rendu l'usage de la parole : il a hurlé à plein poumons pour nous prévenir pour Gokû. Aujourd'hui, ces deux garçons vont très bien et Nataku est une véritable pipelette ; Gokû, lui, est devenu beaucoup plus calme et semble avoir recouvré son âge biologique. Un véritable adolescent de 15 ans, posé et attentif, un sourire toujours aux lèvres quoiqu'un peu triste. Ils sont toujours ensemble et s'aident l'un et l'autre à vivre leur détention parfois un peu rude.

J'ai récemment eu des nouvelles de Gojô qui a pris soin de m'écrire. Il est bien traité et, même si la prison pour adultes est très différente d'ici, il semble s'être très vite adapté. Il paraît même qu'il se fait respecter par la plupart des autres détenus, d'après quelques collègues. Un gamin prometteur qui s'attire la sympathie des gens : des prisonniers plus anciens l'ont pris sous leur aile et le protège de temps à autres. De bons gars, paraît-il. Dans sa lettre, Gojô me demande s'il pourra réintégrer quelques temps notre établissement en tant que surveillant, le temps de se poser un peu et de pouvoir repartir sur des bases solides. Il se sent toujours proches de ceux qui sont ici... Gokû aussi m'en a fait la demande il y a quelques jours. La tragédie de Kôgaiji l'a profondément marqué, probablement autant que Sanzô. Il a énormément changé et grandi.

Ces deux-là se côtoient beaucoup aussi, ils restent parfois de longues minutes silencieux, simplement l'un en face de l'autre. Ils''

« Hakkaï ? »

L'intéressé leva les yeux de sa feuille et croisa le regard de son vis-à-vis qu'il salua chaleureusement : Dokugakuji lui avait été d'une aide précieuse au cours de ces derniers mois dont il ne se serait jamais dépêtré sans lui. Le grand brun s'avança vers lui, cigarette aux lèvres, comme à son habitude.

« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda-t-il.

« J'écris à Yaone. » répondit son supérieur. « Elle m'écrit souvent pour prendre des nouvelles et donner des siennes mais je n'ai pu répondre que maintenant. »

« Je vois... Et qu'est-ce qu'elle devient la petite ? » sourit Dokugakuji.

« Elle a repris des études. » sourit Hakkaï.

« Ah bon ? » s'étonna son homologue.

« Oui. » répliqua-t-il d'un air satisfait. « Elle souhaite devenir psychiatre, dans une maison de redressement. »

« Tiens donc. »sourit le surveillant. « Elle compte peut-être te détrôner ! »

« Non, je ne pense pas... » souffla Hakkaï. « Même si elle n'en a vu qu'un petit bout, la mort de Kôgaiji l'a beaucoup affectée, elle aussi. Elle souhaite venir en aide à ces enfants pas toujours fautifs afin que ce genre de tragédie ne se reproduise plus... »

« La doctrine Hakkaï fait son chemin, on dirait. » plaisanta Dokugakuji.

« Et Sanzô ? » s'inquiéta son vis-à-vis.

« Je l'ai laissé chez le psychiatre... » répondit le surveillant, puis il s'empressa d'ajouter. « Je sais que tu aurais voulu t'en occuper toi-même mais il fallait qu'il parle à quelqu'un d'extérieur à tout ça... »

« Je sais... » soupira Hakkaï. « Je me doute bien que ça n'aurait pas été une bonne idée si ça avait été moi... Mais bon, je suppose que tu n'es pas venu me déranger simplement pour savoir ce que j'étais en train de faire, n'est-ce pas ? »

« Effectivement. »

Le brun s'approcha encore et déposa un dossier sur le bureau. Hakkaï savait ce que cela signifiait, il esquissa un triste sourire puis, écartant la lettre pour la continuer plus tard, il prit connaissance de ce que lui apportait Dokugakuji.

« Je vois... Bien. Doku ? »

« Oui ? »

« Amène-moi ce jeune sauvage. » sourit Hakkaï.

OWARI

Sahad : En espérant que cette fin ne vous ait pas trop déçu(e)s...