Fey : Hellooo ! Comment se passe cette mi-août ? Bien, j'espère ! Je vous souhaite pleins de belles rencontres amoureuses i tout i tout !!!
Shaolan : tu serais pas en train de faire la lèche à tes lecteurs ?
Fey en sueur : mais non voyons, pourquoi je ferais ça ?
Shaolan : parce que trois mois sans rien poster… T'as cru que les vacances commençaient en avril ou quoi ?
Fey : tu sais quoi, je savais pas comment finir cette fic mais là… Tu viens de me donner une idée, je dirai même l'idée du siècle !
Shaolan inquiet : et c'est quoi ?
Fey : bah, c'est un secret. Sache seulement que la fin du monde à côté, ce sera rien pour toi Mouhahaha !
Shaolan : TT
Fey : Bref, je vous laisse enfin lire ce chapitre et ne vous inquiétez pas pour la suite, j'ai déjà 9 pages de taper, si je sèche pour l'écriture je pourrai toujours vous offrir ça à la fin du mois ah ah ah
Shaolan : je sais pas ce qu'elle a depuis la Japan Expo mais elle est encore plus pas trop bien dans sa tête.
Fey : ah ,les "Free Hugs"… rêveuse Ah, les bishies bave
Bonne lecture !
Chapitre 26 : Liens
« Je vous remercie de cet appel. Vous pouvez d'ors et déjà vous apprêter à remplir le poste que vous convoitiez… Ce n'est qu'une juste récompense… Mes salutations à votre femme. »
Soucieux, il mit fin à la conversation téléphonique puis se rapprocha de la baie vitrée qui donnait sur le quartier des ambassades de Pékin. L'épaule gauche appuyée contre la vitre, il plongea dans une réflexion solitaire que son compagnon, installé sur l'un des fauteuils aussi écru que le reste de la pièce, se permit de rompre au bout d'une interminable minute écoulée au rythme des tic-tacs de la pendule, accrochée au-dessus de la fausse cheminée.
- Vous m'avez l'air tourmenté, mon ami.
Li se détacha de la vitre et, s'approchant de la table ronde sur laquelle étaient déposés de petits récipients, il se versa l'alcool qu'il but cul sec. Il reposa ensuite son verre et, passant un doigt entre le col de sa chemise et le nœud de sa cravate, défit lentement celle-ci.
Etrange comme il se sentait soudain oppressé par ce même air qui lui permettait pourtant de respirer. En fait, plus l'issue de cette quête approchait, plus les craintes se faisaient ressentir. Tout ce qu'il avait planifié durant près de quinze années allait enfin s'accomplir. En cette dernière ligne droite, la moindre erreur serait fatale et pas seulement pour lui.
- Ils ont obtenu leurs visas, lâcha-t-il en déboutonnant graduellement les boutons de ses manches.
Pelotonné aux pieds de Nichols, le chat au pelage caramel - qui jusqu'à maintenant s'était tenu au silence, comme un espion à l'affût de la moindre information - miaula. Le vieil homme le saisit puis, le ramenant sur ses cuisses, lui caressa affectueusement la tête.
- Ta maîtresse te manquerait-elle ? Ne t'inquiète donc pas ; tous ici, nous attendons avec impatience son arrivée.
- Pour quelle raison vous êtes-vous encombré de cet animal ?
- Il peut nous servir.
- Il peut servir, répéta Li à voix basse.
Même un chat inoffensif était voué à servir leurs desseins.
- Li ! l'interpella-t-il plus ardemment après une énième et vaine tentative.
- Oui ?
- Vous n'avez pas répondu à ma question.
- Quelle est-elle ?
- Qui, selon vous, incarne la panthère de la légende ?
- Tenez-vous tant à disserter sur un sujet qui a été la cause de nombreuses querelles ?
Un sourire énigmatique s'esquissa sur les lèvres du vieil homme.
- Quel rôle saurait être plus gratifiant que celui d' « ombre » du Loup Gris ? Je vais vous avouer un secret que je n'ai jamais révélé à quiconque... (Piqué par la curiosité, Li s'installa en vis-à-vis de Nichols.) Vous savez que ma place ici n'est pas ce que l'on pourrait qualifier de légitime. Je n'ai ni le sang des ancêtres de Khan comme vous, ni celui de ses compagnons comme Erdman. Ma place parmi vous, je la tiens du remariage de ma mère avec l'ancien Grand Maître. Et mon accès à ce poste à mon demi-frère… Sans cela, jamais je n'aurais été introduit dans ce cercle privé. Par le passé, plus je m'introduisais dans le Céleste Empire et faisais face aux critiques de ceux qui m'écartaient parce que je n'étais pas « légitime », plus je rêvais d'être révélé comme étant l'Ombre du Loup, celui qui agirait secrètement dans le but de nous conduire à l'avènement du Khan. Si la mort de mon demi-frère a été une douloureuse épreuve, je finis par y voir là un signe du destin. Dès lors, je n'ai eu de cesse d'œuvrer pour notre futur chef, priant chaque jour pour que la mort ne m'emporte pas avant son couronnement. Aujourd'hui, voir enfin le jeune maître en son fief... Je peux affirmer que nul homme ne se réjouie plus que moi de cette venue.
- En vous autoproclamant l'« Ombre » du Loup, vous vous exposez aux foudres des fidèles.
- Oh ! Je ne l'ignore pas. Mais au plus profond de moi, je ne peux penser autrement. Voilà pourquoi j'œuvrerai uniquement pour le seul véritable chef à mes yeux, et cela jusqu'à mon dernier souffle. Oui, le symbole que j'ai tant vénéré a pris corps et rien ni personne ne m'ôtera celui qui a mes yeux est un dieu.
- Vous n'êtes pas le seul à le considérer ainsi.
- Je l'espère bien. Je supporte mal le fait de savoir que certains ne voient dans le retour du jeune maître qu'un moyen de se hisser au pouvoir, se moquant du symbole de la réunification. (Il se releva.) Et à ce propos, je ne saurais trop vous conseiller de garder un œil sur le Mendosus. Sa rancune envers vous le ronge, jour après jour.
- Je resterai sur mes gardes. Bonne nuit, Grand Maitre.
- Bonne soirée, Li.
Emportant le chat avec lui, Nichols referma la porte.
Seul, Li se fit un devoir de trinquer à leur future victoire ou défaite, selon qu'il se plaçait dans un camp ou l'autre. Il se rapprocha de la chaine hi-fi qu'il avait éteinte à l'arrivée du vieil homme. Lentement les notes envahirent la pièce, se répercutant contre les parois insonorisées et revenant l'entourer pour mieux le perdre dans ses souvenirs. Il porta la main dans sa poche et en ressortit un vieux cliché froissé qu'il gardait toujours sur lui, à l'abri des regards.
« Je te promets qu'à chaque aube tu entendras ces mots que je t'ai murmurés sur l'autel… Epoux et père, je ne fuirai aucun de ces rôles et les remplirai au mieux pour que tu n'aies jamais à regretter notre union. »
Des mots ; rien que des mots qui se perdent fatalement sur le fleuve de nos existences, constamment agité par les remous de nos erreurs. Ces mots qui cognent encore et toujours, accablaient sa conscience sans que jamais il ne fût soulagé. La Mort paraitrait de loin plus charitable si seulement elle consentait à lui ravir le souffle de la vie, en échange d'un semblant de repos. Toutefois, oserait-il lui tendre la main si elle se présentait ? Oserait-il seulement mourir sans avoir pu expliquer à l'unique femme de sa vie les raisons pour lesquelles il avait si honteusement souillé sa parole ?
Il considéra une dernière fois la vieille photo puis la chiffonna. Tant pis pour « nous », murmura-t-il en éteignant cette chanson qui reliait autrefois deux cœurs. Tant pis pour l'homme qu'il était devenu en son âme et conscience, tant pis pour ce nomade sans foyer chaleureux où reposer, sans proches aimants à ses côtés, condamné à errer tel un fantôme sur cette terre, et tel un damné au royaume de Lucifer ?
OoO
Les uns après les autres, ils récupérèrent leurs bagages et se frayèrent un chemin, parmi les autres voyageurs, en direction de la sortie. Après des heures à parcourir les airs, la troupe de jeunes gens se trouvait enfin sur le sol de Pékin, ce qui n'était pas pour déplaire à une certaine personne que l'avion ne séduisait pas et ne séduirait sans doute jamais.
- Franchement, avoir les pieds sur terre c'est ce qu'il a de mieux ! déclara Meilin enthousiaste au moment où une voix d'hôtesse annonçait le prochain vol.
- Tu es bien une digne représentante de ton élément, releva Sakura amusée.
- Parfaitement ! Je suis la Terre, je vis la Terre, je mange la Terre et je reposerai en Terre ! Alors à bas les avions et l'air !
- Rassure-toi sur un autre fait : ta connerie n'a pas foutu le camp en plein vol, ironisa Shaolan.
Vexée, Meilin hâta le pas, rejoignant Ben et Tomoyo plongés dans une profonde discussion, sérieuse semble-t-il si l'on se fiait à leurs traits graves.
- C'est ton gribouillage raté qui t'a rendu aussi mordant ? s'enquit la japonaise.
- De quoi tu parles ?
- De ce que tu écrivais pendant le vol.
- Tu ne dormais pas ? s'étonna-t-il, se rappelant qu'elle n'avait pas daigné soulever les paupières durant tout le voyage. Il en avait naturellement conclut qu'elle manquait de sommeil, mais pas qu'elle le surveillait traîtreusement d'un œil. Les femmes et leur curiosité, je vous jure, songea-t-il.
- Disons que ta nervosité n'était pas faite pour me détendre, en plus de celle de Mei, derrière nous.
- Désolé, dit-il en passant un bras autour de ses épaules.
- C'était quoi ? (Il fronça le sourcil.) Je parle de ce que tu écrivais. Ne fais pas semblant de ne pas comprendre.
- Ah, ça ! Rien de neuf. Je cherche toujours l'inconnu de mon équation.
- Tu ne peux pas me clarifier le problème sans devoir débiter ton jargon ?
Il sourit.
- Je réfléchissais juste au fait que de toutes les équipes, il a fallu que nous soyons liés de près ou de loin au Céleste Empire. Et chacun de nous à un différent degré s'est vu moralement ou physiquement mis à l'épreuve en endurant des tragédies orchestrées par cette société. Coïncidences ? Non. Mais dans ce cas, pourquoi ? Si seul Eriol devait être testé pour devenir Khan, pourquoi se sont-ils autant acharnés sur nous ?
- Pour qu'Eriol souffre en nous voyons souffrir.
- Si c'était seulement pour cette raison, pourquoi avoir gardé Toya avec eux alors qu'il est le fils de ceux qui les ont traqués avant de mourir ? Ils t'ont gardée en vie mais t'ont séparée de ton frère, pourquoi ?
- Tu réfléchis trop.
- Du tout. Je ne réfléchis pas assez... Sinon, je serais capable de deviner où me mène mon père.
- Hé ! T'es pas non plus un voyant.
- Oui, mais j'ai tout de même hérité de l'intuition des femmes de ma famille. Avec quatre sœurs, je ne pouvais pas faire autrement que de me fier à mon sixième sens. Ca évitait de me retrouver devant des cinglées qui n'étaient pas dans leurs bons jours.
- C'est ça ton intuition ? railla-t-elle. C'est juste l'instinct de survie.
- C'est pareil pour moi.
- Je sais que c'est délicat à aborder mais ta mère... Comment a-t-elle pris tout ça ? Je veux dire en ce qui concerne le départ de son mari et celui de son fils.
S'écartant d'elle, il prit, de sa propre initiative, le bagage de la japonaise qu'il tira de son autre main. Sakura, qui s'était immobilisée pendant que Shaolan s'emparait de sa valise, le regarda s'éloigner en soupirant avant de courir après lui.
- Parler de ça dans un aéroport, c'est pas le mieux, tenta-t-il de plaisanter une fois qu'elle fut parvenue à ses côtés.
- Désolée, je me suis dit que tu hurlerais moins dans un aéroport bondé...
- C'est comme m'avouer que tu crains que je te frappe ! rétorqua-t-il froissé.
- Bah, vu que tu montes facilement sur tes grands chevaux quand il s'agit de ta famille, je préfère agir avec prudence.
- Je vois... Mais tu sais, y'a vraiment rien que je pourrais...
- Ton père, coupa-t-elle.
- Quoi, mon père ? Tu veux connaître sa date de naissance, s'il préfère les cerises ou les fraises ou bien le jour de son départ de la maison ? Sur ce dernier point ce serait amusant d'en parler ?
- Tu recommences à être sarcastique, là !
- Excuse-moi, se calma-t-il. Mais je ne vois vraiment pas ce qu'il y a d'intéressant à parler de ce type.
- Il ne peut pas avoir foncièrement changé. Et puis, on ne quitte pas sa famille du jour au lendemain pour une société, même si elle promet le pouvoir ou je ne sais quoi d'autre.
- La preuve, si.
- Shaolan !
Il s'arrêta brusquement, Sakura en fit de même.
- Y'a rien qui retient un homme s'il a décidé de partir ! Et je t'assure que l'argent et le pouvoir seront bien plus attrayants à ses yeux qu'une femme et des enfants. Voilà la vérité et c'est celle que j'ai comprise grâce à mon cher "papa". Ecoute, Sakura, reprit-il plus doucereux afin qu'elle renonce à cette mine froissée qu'elle affichait, je n'ai pas de réponses à te donner parce que moi-même je les cherche. Et puis, je n'ai plus de temps à perdre sur ce sujet. Mon meilleur ami a besoin de moi et c'est lui que je suis déterminé à sauver, pas mon père.
- Et ta mère dans tout ça ? Elle a forcement une petite idée sur le pourquoi du départ de son...
Subitement, il lâcha les poignets des deux bagages qu'il tenait.
- Shaolan ?
Voyant qu'il ne réagissait pas, Sakura passa une main devant ses yeux. Sans plus de résultats, elle suivit la direction de son regard et tomba sur une brune élancée, vêtue d'une toilette chinoise, qui se tenait près d'un panneau, la main en visière, visiblement à la recherche de quelqu'un.
- Tu la connais ?
- Allons-y, décréta-t-il en saisissant son poignet.
- Mais attends ! Nos va...
- Hey, les retardataires que faites-vous ? les interpella Meilin, attirant davantage l'attention sur le couple.
- Et merde ! pesta-t-il lorsque les yeux de la jeune femme se posèrent sur lui.
Le trouble fit place à la jalousie chez la japonaise ; pourquoi diable Shaolan s'était-il figé à la vue de cette femme pour ensuite souhaiter fuir les lieux, tel un voleur ? Bridant sa colère, elle considéra cette étrangère qui, abandonnant son poste, avançait vers eux d'un pas furieux pendant que Shaolan se repliait derrière elle.
- Regardez-moi ce scélérat ! fulmina la chinoise, sans se préoccuper des gens aux alentours qui les scrutaient avec intérêt.
- Qui t'oses appeler scélérat, hein ? répliqua-t-il, en tentant de maintenir un soupçon de fermeté dans sa voix.
- Celui qui n'a même pas le courage d'affronter une femme qu'il a déçu ! répliqua-t-elle.
- Une femme que tu as..., commença Sakura avant de se retourner sur le jeune homme. Ne me dis pas que c'est une de tes ex !
- Ca va pas, non ! objecta-t-il, dégoûté. Elle, cette asperge...
Une violente claque ramena un semblant de silence, alors que dans la foule les mauvaises langues murmuraient que de nos jours les gens n'avaient vraiment plus honte de laver leur linge sale en public.
- Si l'Amérique t'a ôté toute notion de politesse envers tes aînés, je vais te les ré-inculquer, sale petit frère !
- C'est ta... ? s'étonna Sakura qui n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Shaolan pestait à nouveau contre sa sœur.
- Et toi ? Ton mari ne t'a toujours pas appris à te conduire correctement en public ?
- Je vais t'arracher la langue et la faire cuire pour notre diner, si tu persistes dans ton insolence, fils indigne !
- Essaie pour...
Sitôt, elle lui empoigna le bras et le traina avec elle.
- Mais ça va pas ! Lâche-moi, Shefa !
- Et te permettre de voyager dans le pays, sans venir me voir ? Tu peux rêver ! Tes vacances vont se passer à la maison, et pas ailleurs ! En plus, j'ai réuni tout le monde. Futie et les autres doivent être impatientes de t'embrasser.
- De me corriger, oui, marmonna-t-il.
- Si tu préfères. Hâtons-nous, je ne tiens pas à rater le dîner.
- Mais c'est pas encore l'heure !
- Si le soleil se couche, c'est l'heure de manger pour moi !
- Mais t'es cin…
- Tais-toi et suis !
Les yeux écarquillés, le petit groupe avait du mal à réagir devant cette hallucinante situation. Shaolan, l'homme que nul ne se risquait à provoquer en le rabaissant, était en ce moment même sous le joug d'une femme qui osait tout, même lui dicter sa conduite - situation impensable pour ceux qui le connaissaient - devant un parterre de témoins.
- Alors, là ! lâcha Meilin. Si j'avais su... Shaolan dans la peau d'un petit frère trouillard. C'est trop tordant !
- Moi, ça me fait penser à la quatrième dimension, renchérit Sakura. Manque plus qu'un revenant ou deux et je pourrai hurler de peur.
- Il vaut mieux les rejoindre avant qu'on ne perde leur trace, proposa Ben.
Néanmoins, son inquiétude se révéla sans fondement ; Shefa les attendait, souriante, devant un moyen de transport pour le moins tape-à-l'œil.
- Je ne sais pas pour vous mais je me sens pas très à l'aise, tout à coup, murmura Sakura.
- C'est à cause des gens qui nous dévisagent ou l'idée de savoir que ce que tu portes fera pâle figure devant ta future belle famille ? demanda Tomoyo.
- On s'en fout des gens et de nos fringues pourries ! s'exclama Meilin. C'est pas tous les jours qu'on monte dans un carrosse !
Et la chinoise, après avoir remercié leur désormais hôte, s'introduit dans la limousine. Ben lui emboîta le pas, puis Tomoyo, après un « courage » dédié à son amie, suivit le rang. Ouais, courage, pensa Sakura en regardant Shefa qui la toisa, une fois ses ordres - concernant les bagages - donnés au chauffeur.
- Sakura Kinomoto, je me trompe ?
- Non, c'est bien moi.
- Je vous voyais autrement, avoua-t-elle, plus comme moi ou ma mère, et pas... (Elle l'étudia d'un œil citrique.) Disons que vous ne semblez pas très résistante. Ce n'est pas bien grave, une amourette reste une amourette, non ?
Sur ce, Shefa s'introduit dans la voiture, sans un regard de plus pour la japonaise dont l'humeur venait de virer à la grisaille. Et rien par la suite ne permit d'y ramener un semblant d'éclaircie, pas même l'ambiance bon enfant qui régnait autour d'elle. Si elle n'avait pas été la petite amie de Shaolan, Shefa lui aurait-elle sourit aussi sincèrement, comme elle le faisait avec les autres ? Certainement oui.
Dépitée, Sakura avait hâte de se retrouver seule avec Shaolan, même si cela signifiait arriver plus vite chez les Li - elle trouverait bien une excuse pour fuir les présentations - car le regard inquisiteur de Shefa, en plus de ses piques (à première vue innocentes), concouraient à rendre le parcours interminable et insupportable. Quoique ce n'était pas uniquement la faute de Shefa.
En effet, la circulation, loin d'être fluide, les éternisait sur les routes surchargées de Pékin. Shaolan en fit judicieusement la remarque - c'est vrai quoi, on aurait pu prendre le métro, ça aurait été plus vite, avait-il songé - mais Shefa n'entendait pas se faire dicter quoi que ce fût par un petit frère qui avait déserté le foyer familial pour de stupides raisons - en réalité, elle n'avait trouvé que ce moyen pour mettre les nerfs de son frère à vif. Petite vengeance, pensa-t-elle alors que son œil scrutait toujours la japonaise qui cherchait à éviter la confrontation visuelle. Pas très courageuse, la petite. C'est décevant.
Une fois hors de la ville, la domination des buildings se fit moindre au profit de modestes immeubles de vingt étages, puis progressivement à des quartiers moins bruyants où les maisons régnaient en maître, au milieu de la végétation.
- Je me demande pourquoi une gosse de riche telle que toi est venue se terrer ici, persifla Shaolan.
- C'est moins pollué et j'ai besoin de tranquillité, surtout dans mon état, répondit Shefa, ignorant la pique de son frère.
- Ton état ? T'es malade ? C'est vrai qu'à force de frapper tout ce qui te passe sous la main, fallait bien qu'un jour Dieu te punisse.
- Ton manque de tact ainsi que ta lenteur d'esprit me feront toujours rire, rétorqua-t-elle.
Autour d'eux, Ben, Meilin, Tomoyo et Sakura subissaient gênés la dispute entre le benjamin et l'aînée de la famille Li. (Nda : me souviens plus si c'est bien Shefa, l'aînée… bon, si quelqu'un sait, qu'il le dise )
- Eh ! Insulte pas mon intelligence qui est bien supérieure à la ti...
Elle lui porta un coup sur la tête.
- Je prie les dieux de toutes les religions pour qu'ils ne me donnent pas un fils tel que toi.
- Tu veux dire que... ?
A cet instant, la voiture s'arrêta après une longue heure de trajet.
- J'attends un enfant, oui. Donc, aie l'amabilité de me ménager.
- C'est toi qui ne me ménages jamais ! Bon, reprit-il calmement, félicitation pour cette grossesse. Et fais attention, t'es plus seule dans le bateau, ajouta-t-il en évitant de la regarder dans les yeux.
- Merci, petit frère, sourit-elle devant cette timidité qu'elle ne lui avait plus vue depuis son enfance.
Et tour à tour, ils la félicitèrent avant de sortir de la limousine. Une fois le pied dehors, ils comprirent la raison pour laquelle Shefa avait opté pour ce coin : le calme ainsi que la sérénité qui s'en dégageait contrastait totalement avec l'agitation et le stress qui régnait en ville. Ici, elle était certaine de vivre sa grossesse dans la plus grande quiétude.
Toutefois, contrairement à leur moyen de transport plus que tapageur, la façade de la maison se révéla beaucoup plus modeste, même si la taille de l'habitat en faisait une des plus imposantes dans les entours. Mais une fois qu'ils passèrent le portail et qu'ils traversèrent le jardin typiquement japonais, le doute quant à la fortune des propriétaires ne fut plus permis. Rouge et or s'étalaient sur les murs intérieurs ; couleurs chaudes et royales, elles imposaient leur éclat aux visiteurs qui, après cette entrée en matière, s'attardaient sur les vases, magnifiquement peints et couverts de fioritures, ainsi que sur les quelques sabres reposant dans des cercueils de verre, éparpillés ici et là. Les lampes douces et tamisées étaient confinées dans des sortes de boîtes chinoises, suspendues aux plafonds.
Alors qu'ils se déchaussaient dans le vestibule, une femme vint à leur rencontre et s'inclina devant Shefa :
« Les sœurs de Madame attendent dans le salon.
- Servez-nous du thé, je vous prie.
- Bien madame »
Tour à tour, les invités suivirent la maîtresse de maison. A l'arrière, Sakura fut subitement prise de panique. Elle saisit la main de Shaolan. Celui-ci la dévisagea, intrigué.
- Je ne veux pas les voir, murmura-t-elle.
- Je sais que Shefa s'est montrée un peu taquine envers toi, mais ça ira. Mes sœurs ne mordent pas, je t'assure.
- Je ne veux pas les voir, s'entêta-t-elle.
- Pourquoi ?
- Parce qu'elles me détestent.
- Qui t'as mis ça dans la tête ? l'interrogea-t-il étonné.
- Euh... Je le sens.
- C'est pas comme si ton intuition fonctionnait, plaisanta-t-il.
- Shaolan, je t'en prie.
- Désolé, Sakura, mais je ne vois pas ce que je peux faire.
- Partons d'ici.
- Tu m'aimes si peu pour vouloir ma mort ? Si je fuis d'ici, il n'y aura plus un seul jour où je me sentirai pas traqué par ces folles. (Souriant, il lui écarta une mèche de cheveux.) Tu sais, ça m'étonne de toi.
- Quoi ?
- Que tu veuilles fuir comme ça. C'est pas toi, ça. (Il l'enlaça.) Où est passé l'emmerdeuse qui veut toujours tout savoir de moi, quitte à me faire enrager ? Ne me dites pas que la petite japonaise d'à peine un mètre soixante…
- Un mètre soixante-trois, rectifia-t-elle.
- … Soixante-trois, concéda-t-il, au lieu de craindre le terrible loup que je suis, craint des vieilles chinoises.
- Elles te tueraient si elles t'enten...
Soudain, Sakura se raidit.
- Et effectivement, j'ai entendu !
Shaolan fit volte-face. Un sourire crispé sur les lèvres, il s'inclina devant la femme qui se trouvait à l'entrée. Vêtue, tout comme sa fille, d'une robe chinoise d'un bleu foncé, elle ne portait rien de fantaisiste et de coloré qui eût pu rendre son allure moins stricte. Même son chignon semblait avoir été soigneusement étudié afin de rendre son visage encore plus austère qu'il ne devait être en temps normal.
- Mère, vous êtes si radieuse.
Délaissant son fils et son piteux rattrapage, Yelan Li posa les yeux sur Sakura qu'elle examina longuement puis, manifestement insatisfaite, passa entre eux sans mot dire et emprunta le couloir que sa fille ainsi que ses invités avaient précédemment emprunté.
- Je la voyais moins sévère, se lamenta Sakura.
- C'est juste un style qu'elle se donne, mais en privé c'est une femme adorable. Par contre, les avoir comparées, elle et ses filles, à de vieilles femmes… Je ne pouvais pas espérer meilleure déclaration pour mon retour.
Soupirant, il traîna des pieds en direction de cette pièce où tous les attendaient.
Et moi, c'est bien ma veine d'être tombée amoureuse d'un fils à maman, surprotégée par quatre sœurs, songea Sakura, déprimée.
OoO
Les retrouvailles supposées être agitées le furent moins du fait de la présence de Yelan qui tempéra ses filles. Les formules de politesse furent rapidement adressées, les présentations tout aussi vite expédiées et une demi-heure plus tard, Yelan se leva puis, d'une voix sèche, ordonna à son fils de l'escorter jusqu'à sa chambre. Shaolan conscient qu'il ne pourrait pas retarder plus longtemps cette discussion s'excusa auprès de ses amis et suivit sa mère, sous l'œil craintif de Sakura.
Ils montèrent à l'étage et, parcourant le couloir, aboutirent au bout de celui-ci. Yelan ouvrit la derrière porte et pénétra dans cette chambre que Shefa lui destinait les fois où elle venait lui rendre visite.
Sur le seuil, Shaolan étudia cette pièce. Celle-ci, loin d'être aussi égayée que les autres, souffrait d'une terrible morosité malgré l'éclairage de la lampe. Les volets demeuraient toujours tirés, refusant ainsi l'accès à la lumière du soleil ainsi qu'à sa chaleur, le lit ainsi que les deux fauteuils, éloignés l'un de l'autre étaient tout ce qu'il y avait de plus simple, tout comme la commode et l'armoire. Et curieusement, il en vint à observer plus attentivement sa mère. De son sourire radieux, il ne restait plus rien, excepté un sourire sans joie ; de ses iris autrefois illuminés par la fougue, il ne demeurait qu'une pâle ombre de vitalité ; de cette femme qu'il avait toujours vue aussi solide qu'un chêne face à la fureur d'une tempête, il ne restait plus qu'un être frêle que le poids de la tristesse, cachée aux yeux de ses enfants, avait rendu aussi maussade que cette chambre dont elle avait pris possession.
Yelan fit glisser le fouloir de son cou. Avec un pincement au cœur, Shaolan la vit ensuite regarder le tissu entre ses doigts avant de le poser délicatement sur son lit. Il serra les poings ainsi que les dents afin de maintenir ce qu'il avait toujours tenu à garder en lui. Car en voyant ce que son départ avait causé chez sa mère, il craignait de provoquer chez elle un chagrin de plus, en avouant ce qui le rongeait depuis son départ.
- Qu'il est malheureux de constater que de nos jours une mère est obligée de se déplacer pour voir son fils, déclara-t-elle enfin, brisant le silence qui s'était installé.
- Mère, vous n'étiez pas censée...
- Quitter Hong Kong pour Pékin ? termina-t-elle. Crois-tu qu'à mon âge ces sorties soient justifiées ?
- Je...
- Mais cela t'importe peu, n'est-ce pas ? l'interrompit-elle. Courir à l'aventure, ne pas donner de nouvelles, te moquer de ce que ta mort m'apporterait comme énième fardeau... Tout ceci, c'est toi, Shaolan. Un monstre d'égoïsme que seule l'idée d'une vindicte pousse à avancer, mais loin des siens. (Déconfit, il baissa la tête.) As-tu seulement pensé à ces journées passées à me demander quel malheur allait s'abattre sur toi ? As-tu songé, ne serait-ce qu'un moment, à ces nuits où je suis demeurée éveillée à prier pour que tu cesses de rabâcher le passé et que tu puisses trouver et accepter le bonheur ? As-tu réalisé quel pouvait être ma douleur en imaginant tes nuits pleines de cauchemars ou en t'imaginant seul en train de pleurer en silence ? Tu m'as fermé la porte de ta vie et de ton cœur, sans te soucier de ce que je pouvais ressentir ! Je suis pourtant ta mère, Shaolan… Une mère qui s'est sentie impuissante et indigne !
- Ne dites pas cela...
- Et pourtant j'ose le dire ! Indigne pour ne pas avoir su te consoler, indigne pour ne pas t'avoir appris que courir après un fantôme ne t'apportera rien que désarroi...
Soupirant, elle s'affala sur le fauteuil.
- Je suis fatiguée... si fatiguée de cette vie.
- Arrêtez vos bêtises, opposa-t-il en s'agenouillant devant elle.
- Moi dire des bêtises ? Où est donc passée ton éducation ?
- Elle est ici, en moi, assura-t-il en prenant sa main pour la poser sur son cœur, tout comme ce que vous m'avez inculqué. Je n'ai aucune excuse à fournir pour mon départ et mon silence. Et même s'il y en avait une, elle ne m'excuserait pas. Je suis impardonnable pour vous avoir causé autant de peine... Mais dire que vous êtes fatiguée alors qu'il n'y a personne au monde qui soit plus résistant que vous, mère... Vous êtes une femme qui n'a rien à envier à ses filles. Vous êtes l'image que je me fais d'une bonne mère et d'une parfaite épouse.
- Alors dis-moi ce que tu fais avec cette japonaise.
Il releva brusquement la tête.
- Ne me dites pas que vous avez manœuvré cette discussion pour l'amener là ?
- Seul Dieu le sait, rétorqua-t-elle.
J'avais oublié qu'elle savante manipulatrice elle était, se dit-il face à la malice qu'il lisait dans les yeux de sa mère.
- Sakura est parfaite.
- Pour un homme sans trop de prétentions, je te l'accorde.
- Mère ! s'écria-t-il, fâché. Depuis quand jugez-vous les gens sans leur avoir donné une chance ?
- Peut-être depuis le départ de mon mari et de mon fils.
Il voulut rétorquer mais s'en abstint ; que dire alors que les torts étaient de son coté ?
- J'ignore ce qui vous déplait chez elle, dit-il finalement, mais il n'y a rien à lui reprocher, si ce n'est sa grande naïveté, sa croyance en l'être humain ou sa trop grande gentillesse qui peut agacer. En fait, c'est moi qui ne suis pas assez digne d'elle. Je n'ai pas eu à me battre pour l'obtenir et même lorsque je l'ai trahie, c'est elle qui a dû batailler pour que je revienne à elle... Sa force de caractère est aussi grande que la vôtre. Que vous l'ayez prise en grippe, c'est votre droit, mais ne songez pas un instant à l'éloigner de moi.
- Est-ce une menace de ta part ?
- Non, je n'oserais pas. Je vous préviens seulement qu'elle ne se laissera pas critiquer sans réagir. Ne vous fiez pas aux apparences si vous ne désirez pas en faire les frais.
- Nous verrons.
Soupirant, il posa sa tête sur les genoux maternels.
- Me pardonnerez-vous mon comportement ?
- N'est-ce pas toi qui affirmais être impardonnable ?
- Oui, mais j'ai besoin de votre pardon. J'en ai besoin pour oser revenir sur mes pas et les rejoindre aux vôtres, mère.
- Ta peine te pèse-t-elle encore ?
- Peser ? Si seulement ce n'était que cela… si seulement…
Devinant son désir de s'épancher, elle déposa un baiser sur le sommet de son crâne. Si son fils n'avait pas changé, elle avait une petite chance d'obtenir ses confessions en usant de plus de tendresse, ce qu'elle faisait rarement avec ses filles qui avaient toujours été moins sujette à la solitude et au secret, contrairement à Shaolan.
Je dois garder ça pour moi. Je le dois vraiment… mais je ne peux pas, pensa-t-il, le cœur serré.
- Dis-moi ce qui te tracasse, l'invita-t-elle affectueuse. Tu es mon unique garçon et le seul homme qui soit resté dans ma vie, et contrairement à mes peines de cœur, mon chagrin ne disparaitra pas si je sais que mon fils ne connaît pas le bonheur. Si tu cherches la paix, ce n'est pas en restant confiné dans ta peine que tu y parviendras.
- Ma peine… Elle pèse si lourdement que j'étouffe sous son poids.
- Pourquoi ? demanda-t-elle en lui caressant les cheveux.
- Pourquoi ? Parce que vous souffrez et que j'en suis la cause.
Surprise par cet aveu, elle releva le visage de son fils qui détourna aussitôt les yeux.
- Shaolan ? Tu pleures ? Pourquoi ? dit-elle la voix tremblante d'émotion. Pourquoi penser ainsi ?
- Parce que je sais que mon père s'est éloigné par ma faute. Rien ne l'obligeait à fuir sa famille, même en s'embarquant dans cette société. Ce qui l'a éloigné, c'est moi et seulement moi ! Parce que ce feu que je maîtrise n'a rien d'un bienfait. Qui y'a-t-il de plus diabolique que de maîtriser un tel élément ? En s'éloignant, il m'a poussé à m'éloigner de vous, pour votre bien. Je suis coupable de votre peine, mère... Je suis désolé, tellement désolé...
L'enfant, pourtant devenu homme, plongea son visage dans les genoux de la mère, qui gardienne de ces aveux, se pencha sur lui pour mieux l'envelopper de son affection.
- Et durant tout ce temps, tu as gardé ceci pour toi… Tu n'es qu'un idiot. Un idiot, tout comme ton père... Le feu est comme toute chose sur cette terre : il est aussi bénéfique que maléfique. Tu es intuitif et tu as de l'esprit. Mais des qualités, il faut toujours des défauts, sans quoi l'équilibre n'est pas. Accepte cette part d'ombre en toi, comme tu te complimentes de cette part de lumière. Et si cette dernière plie sous l'obscurité, cherche ton opposé. Toi, le yang, quel est donc le yin qui amènera l'équilibre et apportera une renaissance en toi, faisant oublier la mort qui pèse sur ton élément ? Ne réponds pas, le coupa-t-elle. Sais-tu que les mots servent les hommes et leurs mensonges, le silence sert le cœur et sa sincérité ?
- Le plus sage en ce monde est celui qui entend ce qui est sourd et non pas celui qui entend ce qui est bruyant.
- Une citation de ton père.
- Une citation parmi d'autres que je n'aurais pas dû oublier.
Fermant les yeux, Shaolan se laissa bercer par la voix de sa mère qui s'était mise à chanter une très ancienne chanson qui relatait le parcours d'un loup solitaire en quête d'une famille. Et au fur et à mesure que les paroles lui revenaient en mémoire, il comprit que cette légende n'était autre que celle que lui avait contée Sakura.
OoO
Ronchonnant contre le décalage horaire qui n'était pas pour l'aider, Ben descendait les escaliers lorsqu'il aperçut Shaolan qui se chaussait dans le vestibule. Intriguée, il s'approcha.
- Où vas-tu ?
- Au temple Baiyun Guan.
- On n'était pas censés y aller tous ?
- Si, mais par ma faute on a légèrement dévié du planning. Je te laisse étudier nos prochaines destinations.
- Et si tu trouvais un de nos ennemis là-bas ?
- Je ne suis pas aussi malchanceux que ça.
- J'espère.
Il le salua de la main et sortit, sans même remarquer la jeune fille qui écoutait depuis le haut des escaliers.
La vue de la limousine le fit soupirer ; décidément Shefa manquait de modestie. Il nota la seconde voiture - celle de sa mère - beaucoup plus discrète. Il ouvrit la portière à l'avant.
- Direction Pékin, ordonna-t-il au chauffeur qu'il avait prévenu depuis la veille.
- Madame Li va...
- Vous tuer si vous ne conduisez pas son fils chéri là où il vous le demande, sourit-il.
Marmonnant, le chauffeur s'exécuta ; décidément la famille Li ne comptait aucun membre tolérant dans ses rangs.
Une fois parvenu aux portes de la ville, il s'engouffra dans le métro. Finalement, il avait opté pour cette approche. Il ne tenait pas à expliquer à sa mère le pourquoi de son excursion. Il pouvait toujours acheter quelques cadeaux et l'explication de sa virée en ville passerait sans problème.
Percevant le bruit de la rame, il dévala les escaliers et pénétra en trombe dans le wagon, bousculant une femme âgée. Les regards critiques se posèrent sur lui et il dut s'incliner pour s'excuser. La tension retombant, il s'adossa contre les portes. La tête renversée en arrière, il ferma les yeux.
Quel est le lien entre moi, Sakura, Mei et Eriol ? songea-t-il. Parce que ça ne peut être que ça. Les parents d'Eriol savaient pour le Khan, la mère de Sakura connaissait l'histoire du Loup gris donc implicitement celle du Khan, et ma mère ne cessait de nous chanter la même histoire. Mais en ce qui concerne Mei… Imaginons que ce soit aussi le cas pour elle. Alors, nous avons tous les trois un lien avec les Khan. Mais à quel degré et est-ce que ça a une importance dans les plans des deux sociétés ? (Il soupira.) Partons du principe qu'il n'y a pas de coïncidences possibles dans cette affaire… Après la mort de Chris, Rachel s'éloigne du groupe en prenant l'identité de Tanya et c'est Sakura qui les remplace. A ce moment-là, les quatre éléments sont réunis. Logiquement, c'est une force pour la Clow Read qui a tout intérêt à nous garder ensemble et pas à envoyer Eriol directement dans les bras du Céleste Empire. Et pourtant, c'est ce qu'ils on fait. C'est donc que même si Eriol est le Dragon Rouge, il n'est pas encore un véritable danger. Ensuite, il est peu probable que ces deux sociétés ignorent qu'on a quitté New York pour Pékin et ils doivent forcément deviner notre destination finale, pourtant elles ne font rien pour nous en empêcher. Pourquoi ? Si on était un danger pour le Céleste Empire, ils auraient tôt eu fait de nous tuer. En ce qui concerne la Clow Read, si elle craignait qu'on tombe entre les mains de l'ennemi, Kakei nous aurait enfermés… Pourquoi cette inaction de leur part ? C'est donc qu'ils attendant qu'on soit à nouveau réunis. Mais pourquoi nous séparer à New York, pour nous rassembler dans un autre pays ?
« Station de Nanlishilu » annonça une voix en chinois puis en anglais. Se relevant brusquement - il était parvenu à trouver une place assise entre temps -, Shaolan sortit à la hâte du wagon, attirant une fois de plus l'attention sur lui. Il se dirigea ensuite vers un plan et l'étudia attentivement avant de sortir du métro et de se diriger vers l'ouest. Quinze minutes de marche plus tard, il se retrouva enfin devant un imposant portique, construit à l'image des façades traditionnelle chinoises - avec son lot de fioritures et de plaques de cuivre ornés de symboles, et de rouge et bleu.
Après s'être acquitté des droits l'entrée, il passa les portes sans s'attarder sur les sculptures aux motifs floraux ou sur le singe, en bas relief, qui semblait pourtant le regarder avec malice. Il traversa la cour et parvint devant un pont, méticuleusement sculpté, menant à la seconde cour, entouré d'arbres dont les ombres s'étiraient sur le sol carrelé et sans tâche.
Bien vite, il dû se rendre à l'évidence : ce n'était que cours et pavillons autour de lui. Jamais il ne parviendrait à retrouver la stèle du moine Qui, en flânant tel un touriste. Il considéra deux hommes, vêtus de bleu marine et arborant un chignon au sommet du crâne. Des moines taoïstes, pensa-t-il. Ils pourront m'aider. Il s'avançait à eux quand une voix l'interpella. Il se retourna et vit un vieil homme, habillé de blanc, sa barbe caressé par le vent. Il lui offrit un sourire qui accentua la gentillesse de ses traits. Si tout dans ce temple renvoyait à la sérénité, cet homme paraissait encore plus serein que cet environnement.
- Vous avez l'air perdu, mon garçon.
- Je cherche la sépulture du moine Qui.
- Un autre curieux qui repartira bredouille, dit-il sur un ton plaisant. Il n'y a rien à apprendre sur ce moine. C'était un homme simple et sage qui n'aspirait qu'à la paix.
- Et que savez-vous sur Clow Read ?
Le moine se renfrogna.
- Qui êtes-vous ?
- Juste un étudiant.
- Il n'y a rien pour vous, ici.
- Mais... !
L'homme s'éloigna.
- J'aurai peut-être dû jouer le rôle d'un réalisateur. Ca aurait paru plus crédible.
Shaolan considéra les entours et poussa un soupir. Il ne lui restait plus qu'à opter pour le plan B : se débrouiller seul, comme toujours.
OoO
- Où comptez-vous fuir ?
- Je ne fuis pas, répondit-elle agacée en chaussant sa ballerine.
- Oh, je croyais. Où allez-vous, alors ?
- Ca ne vous concerne pas.
- Si vous briguez le rôle de bru, vous aurez à apprendre quelques leçons de politesse.
Son pied gauche enfin dans sa chaussure, elle fit face à Yelan qui la toisait.
- Mes parents m'ont déjà appris tout ce qu'il avait à savoir dans ce domaine. Je n'ai pas voulu vous offenser, mais je le répète, ça ne vous concerne pas.
- Vous allez rejoindre un ami à vous ?
- C'est un sous-entendu ?
- Il n'y en a aucun. Mais je trouve étrange que dès le départ de mon fils, vous vouliez sortir alors que vous ne connaissez sûrement pas cette ville. J'en conclus donc que soit un ami vous attend quelque part, soit vous aimez les nouvelles rencontres. Je doute que Shaolan soit heureux d'apprendre cela.
- Oh, mais dites-lui ! Ce sera un bon moyen d'attiser sa jalousie pour une fois. Quant à espérer me voir disparaître de votre vie, je pense que vous allez devoir vous habituer à ma présence. Et si vous êtes décidée comme vos filles à me juger sans raison, ne vous gênez pas ! Les Li sont bien tous pareils ! Et vu que j'ai pu supporter les défauts - nombreux je peux vous le dire - du fils, je saurai bien m'accommoder de ceux de ses sœurs et de sa mère.
- Vous êtes insolentes, l'accusa-t-elle en croisant les bras.
- Vous l'avez été beaucoup plus, en sous-entendant que j'étais du genre à courir après plusieurs lièvres. A plus tard !
Violemment, elle referma la porte derrière elle.
- Que j'aimerais assister à une dispute entre les deux tourtereaux, soupira une voix.
- Un orage, à coté, doit paraître bien fade, ajouta une seconde.
- Et si nous en causions une, de dispute ? proposa une troisième.
- Et que nous la filmions pour la garder en souvenir, renchérit Shefa.
- Quel âge avez-vous pour faire ce genre de proposition ? les réprimanda Yelan en se retournant. Nul ne provoquera de dispute entre ces deux là… du moins pas maintenant.
Cette dernière phrase fit glousser les jeunes femmes.
Et pendant qu'un plan mûrissait à son insu, Sakura roulait en direction de ce temple où elle était certaine de retrouver Shaolan, parti cinq minutes plus tôt.
OoO
Elle fut étonnée de découvrir que le temple était implanté dans un quartier paisible, loin de l'effervescence du centre ville. Elle s'attendait surtout à y voir une foule de visiteurs étrangers mais il n'y avait que quelques fidèles, pour la plupart des chinois.
Une fois à l'intérieur, elle tenta de se renseigner. Serviable, un moine la guida à l'emplacement d'un mémorial puis, s'inclinant, retourna sur ses pas.
- Et ensuite ? se demanda-t-elle tout en s'approchant du monument.
Pas de traces de Shaolan et rien sur ce mémorial qui ait pu la renseigner sur un éventuel lien entre le moine Qui et Clow Read.
- Que cherchez-vous donc ?
Abandonnant son examen sur la stèle, elle se retourna subitement. Devant elle, un vieil homme, sourcil froncé, l'observait.
Il va me croire folle, songea-t-elle.
- En fait… Je recherche des informations sur le moine Qui et sur un certain Clow Read, bredouilla-t-elle. Si vous connaissez, j'aime...
- Partez.
- Attendez ! Je...
- Aucun Clow Read ne figure parmi les personnalités ou divinités que nous vénérons.
- Vous en avez déjà entendu parler, n'est-ce pas ?
- Partez !
- J'ai besoin de réponses pour...
- Je suis désolé, opposa-t-il fermement, je n'ai rien à vous apprendre.
Il lui tourna le dos.
- Dites-moi seulement si Clow Read a séjourné ici, à la même époque que le moine Qui !
- Je vous ai dit de quitter ce lieu. Ecoutez mademoiselle...
- Sakura. Sakura Kinomoto.
Surprit, il la dévisagea.
- Kinomoto, vous dites ?
- Pourquoi ? Vous avez connu quelqu'un qui portait le même nom ?
Il la dévisagea puis marmonna dans sa barbe - elle cru entendre une prière - avant de lui faire signe de la suivre.
- Pourquoi ? s'étonna-t-elle. Il y a à peine une minute, vous vouliez que je parte et maintenant...
Le vieil homme poursuivit sa marche, à pas comptés. Sachant qu'elle ne pouvait pas laisser cette occasion passer, elle lui emboîta le pas. Ils traversèrent maints pavillons perdus au milieu de la végétation avant de s'arrêter devant une porte.
- Veuillez ouvrir. Derrière se trouvent les secrets de l'Ancêtre Qui.
Sans la moindre méfiance, Sakura poussa la porte. La salle était plongée dans la pénombre. Elle avança d'un pas à la lueur de ce filet de lumière qui éclairait son chemin. Mais soudain, un brusque coup dans son dos la fit tomber de l'avant pendant que la porte se refermait derrière elle, la condamnant.
Elle se releva et, tâtonnant, tenta de trouver la poignée. Soudain, l'éclairage - les bougies des flambeaux - se fit, dévoilant une salle vide. Un bruit, à l'étage, attira son attention. « Il est impossible d'ouvrir la porte de l'intérieur. Si vous êtes réellement celle que vous prétendez être, vous ne mourrez pas. »
- Ouvrez cette porte ! hurla-t-elle paniquée alors que des hommes sautaient de leur perchoir.
- Pas avant que vous les ayez combattus.
Surprise, elle aperçut le vieil homme au balcon. Comment était-il parvenu à entrer dans cette salle, en un laps de temps aussi court ? Il y avait donc une autre sortie ?
- Nous sommes dans un temple et vous êtes des moines, argua-t-elle, l'idée de vous battre n'est-elle pas proscrite ?
- Toute personne se proclamant être un Kinomoto et qui se renseigne sur l'Ancêtre Qui et Clow Read doit mourir en ce lieu reclus, loin de la paix de notre temple.
Se mordant la lèvre, Sakura se reprocha sa témérité. Pourquoi ne s'était-elle pas tenue aux sages conseils de Tomoyo ? Et si mon pendentif se met à réagir ? paniqua-t-elle ; le souvenir de ce qui s'était déroulé avec les hommes du Céleste Empire dans le studio de Mike, était encore vivace dans sa mémoire. Allait-il une nouvelle fois s'illuminer et les irradier pour mieux les pousser vers les ténèbres de la mort ?
Sans crier garde, ils débutèrent les assauts ; des attaques qu'elle évita tant bien que mal. Une lame lui entailla le bras. Grimaçant, elle réagit instinctivement. L'écran d'eau qu'elle créa fit reculer ses adversaires, sauf un qui fonça, tête la première, dans ce mur, surprenant Sakura qui relâcha sa concentration. Il bondit sur elle et tous deux se retrouvèrent au sol. A cheval sur elle, son agresseur s'apprêtait à l'étrangler lorsqu'une vive lumière éblouit la salle. Brutalement, l'homme fut projeté loin d'elle.
Et dans un vacarme assourdissant, la porte éclata tandis que sur les murs (tapissées de rouge), loin de s'ébranler, se couvrirent progressivement d'écritures dorées ainsi que de dessins. « Fabuleux ! » lâcha le vieux moine depuis son poste d'observation. Face à ce trésor dévoilé, il ne savait où poser les yeux.
« Sakura ! »
Devant les débris de la porte se tenait Shaolan, à la fois déconcerté et inquiet. Déboussolée, elle tenta de se redresser mais elle renonça.
- Ne bouge pas ! conseilla-t-il en accourant à elle. Mais, bon Dieu, qu'est-ce que tu fais ici ?
Se rendant compte que la dernière chose à faire était de chercher une explication à sa présence dans le temple, il scruta durement les hommes autour d'eux. Curieusement ceux-ci s'écartèrent.
Serrant Sakura contre lui, il surveilla d'un œil méfiant le vieux moine qui avançait vers eux. Ce dernier s'arrêta et s'inclina, aussitôt imité par les autres.
- Qu'est-ce que tout ça veut signifie ? s'enquit Shaolan.
- Nous rendons hommages à la descendante du Vénérable Clow Read.
Les yeux écarquillés, Shaolan dévisagea Sakura qui perdit connaissance dans ses bras.
A suivre…
Hyper gros remerciement à ShaKaan, Princesse d'Argent, SiaAhn Sacham, Akeri la malicieuse, Asahi Shin'ju, Lady serpy'e, Yunika18, Dama Angelique Malfoy et Kasha-chan !! Fey, va faire un p'tit copier-coller et reviens (Shaolan : c'est ça le parfait exemple de la flemmardise, mais dite vous que malgré ce gros défaut elle est sincère dans ses paroles. Fey : oh, t'es chou o) Sans vous je sais pas ce que je serais devenue, mdr (cherchez pas les filles, un jour peut-être je vous dédierai un monument à votre gloireXD). Je sais pas si je vous ai répondu à toutes... je devrais répondre dès que je reçois la review mais des fois... en bref, faut pas remettre à plus tard ce que je peux faire dans la minute. Mais j'essayerai de vous rendre la pareille, les filles, parce que vous le valez bien ! (comment ça ? Vous étiez les filles de la pub l'Oréal ? Je peux avoir un autographe, stiouplait o) Mdr
Soeurette : t'as vu j'ai réussi ENFIN à publié un chapitre ! C'est pas beau ça ? Là, je suis en train de voir si je peux trouver un boyfriend à Meilin, comme tu me l'as demandé. Donne-moi juste le temps de trouver qui ferait le parait lover. Et si je faisais une émission bachelor pour Meilin ? Mdr
Bisous pleins et encore merci à tous ceux qui lisent et ceux qui me laissent des reviews plein de menaces et tout i tout XD Ja ne ! comme on dit.