Titre : If I could…

( mais si, mais si, il y a une raison au titre, c'est expliqué à la fin si vous avez envie de le savoir ;p )

Base : Gundam Wing

Auteur : Brisby n'en retard

Couple : 1+4 ; 4+1 ; mais surtout 1+2+1

Genre : …surprise ;p

Rating : K+ ( au cas où, je ne comprends pas bien ce nouveau rating ;p )

Disclaimer : ils ne sont pas à moi, grand bien leur fasse.

Note : c'est une fic-cadeau pour l'anniversaire de Yami, mon 'tit chaton na moi :-) Mais comme si je n'étais pas en retard de plus d'un mois ce ne serait plus moi, la cadeau est très en retard. Je n'ai pas du tout suivit les quelques indications que tu m'avais données chaton, j'espère qu'elle te conviendra quand même :-( ( mode stressée « on » )

Note 2 : je suis vraiment désolée du retard ( presque deux semaines . ), pour une fois je pensais pourtant être dans les temps pourtant. J'ai essayé de prévenir ceux qui m'avaient laissé leur mail du retard, mais finalement, j'en ai eu encore plus que prévu .

Enfin bref, merci beaucoup à Anya-chan d'avoir pris du temps sur ses révisions pour bêtalecter cette fic et qui comme d'habitude a fait un super travail Merci mille fois ma belle.

(Courez lire ses fics, elles sont vraiment bien. Je le sais, je les ai longuement bêtalectées :-) donc c'est un avis purement objectif ;-) )

If I could…

Deuxième partie

Dans une grande chambre sans fenêtres, juste éclairée par des écrans affichant différents diagrammes, trois personnes se tenaient immobiles.

La première d'entre elles était allongée dans un grand lit, sa respiration rythmée par un électrocardiographe qui bipait d'un rythme monotone à ses côtés. Six poches de liquide étaient reliées à elle par des perfusions plantées dans ses bras, sa longue natte slalomant entre les tubes. Quelques autres fils étaient placés à d'autres endroits de son corps, enregistrant toutes sortes de données.

Quatre câbles électriques, plus gros que les autres, étaient plantés à la base de sa nuque, reliés à différentes unités centrales.

La deuxième personne était assise sur le lit. Une de ses mains, gantées jusqu'au coude d'où sortaient des dizaines de fils électriques était posée sur le torse de l'endormi. L'autre glissait lentement contre le torse de la troisième personne.

La troisième personne qui justement, l'embrassait longuement, assise sur ses genoux. Ses cheveux blonds étaient encore humides ainsi que ses vêtements.

Clic.

Quatre baissa les yeux pour voir qu'Heero n'avait baladé ses mains sur son corps que pour y chercher son revolver. Et qu'il le tenait maintenant appuyé contre son ventre, cran de sécurité enlevé.

Il releva la tête pour soutenir le regard glacé que lui lançaient les perles cobalt.

- Qu'est-ce que je suis censé comprendre à ça ?

Le Japonais le fixa, sarcastique.

- Que tu n'as plus d'arme peut-être ?

- J'en ai peut-être d'autres.

- Je n'en ai pas senti.

Le blond le regarda un sourire aux lèvres.

- Et bien peut-être que je me suis aussi amélioré dans la dissimulation d'armes.

Le brun lui répondit en détachant chacun de ses mots lourdement

- Quatre, éloigne-toi de moi…

Loin de se laisser impressionner, le jeune homme se serra encore plus contre lui.

- Non, c'est complètement hors de question.

Il passa lentement la main dans les cheveux bruns et se pencha pour embrasser la peau fine de son cou. Il remonta à son oreille et lui chuchota langoureusement ses mots.

- Ca fait dix mois Heero… Dix… Tu ne peux pas me demander de te lâcher quand ça fait autant de temps que tu me manques… Quand ça fait autant de mois que je n'ai pu toucher ton corps que dans mes rêves…

Ses mains commencèrent à s'égarer, cherchant à passer sous le débardeur du brun.

Le coup de feux résonna dans toute la pièce.

Quatre écarquilla les yeux et stoppa tout mouvement. Il inclina légèrement la tête pour voir le trou qu'avait fait la balle à travers ses vêtements.

- Eloigne-toi Quatre… Je ne le dirais pas une troisième fois.

Le blond s'éloigna à contrecœur et descendit de ses genoux pour s'asseoir sur le lit.

- Sympa pour mes vêtements. Juste pour savoir, tu traites tous tes amants comme ça ou je suis le seul à avoir eu un deuxième avertissement ?

Le Japonais maugréa et détourna les yeux.

- Tu sais bien que je n'ai eu qu'un seul amant.

Quatre ne put retenir un grand sourire.

- Je sais. Mais je crois que je ne me lasse pas de te l'entende dire.

Heero ne répondit pas, ne le regardant toujours pas.

- Pourquoi es-tu parti ?

Surpris par la question, le brun tourna les yeux vers lui et s'aperçut que Quatre le regardait très sérieusement.

- Tu ne l'as toujours pas compris ?

Sa main toujours posée sur le torse du natté se crispa.

- C'est à cause de moi que… Qu'il…

- Ne raconte pas n'importe quoi !

Le blond s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule dans un geste apaisant.

- Ce n'est pas de ta faute Heero. Duo… Duo traversait une mauvaise passe. C'est pour ça qu'il…

Le Japonais se dégagea brutalement, se levant du lit. Il arracha son deuxième gant et le jeta violemment à terre.

- Et ce n'est peut-être pas de ma faute s'il s'est trouvé dans cette mauvaise passe ! Aux dernières nouvelles je ne l'ai pas trop soutenu ! J'ai même grandement contribué à son état ! Et tu m'y as aidé toi aussi !

Quatre resta sans voix devant la rage du brun. Celui-ci s'était pris la tête à deux mains, essayant de se calmer. Il prit une profonde inspiration et regarda l'Arabe.

- Tu le savais ?

Quatre le regarda sans comprendre. Le Japonais s'approcha rapidement de lui, le saisissant par les épaules.

- Tu le savais Quatre ?

- Qu… Quoi ?

Heero resserra sa prise sur ses épaules.

- Tu es empathe bordel ! Tu aurais pu sans problème savoir qu'il n'allait pas bien.

Le blond resta sans voix tandis qu'il continuait de le secouer par les épaules.

- Tu étais au courant !

- N… Non ! Bien sur que non !

Le brun le lâcha, s'éloignant à nouveau de lui pour marcher de long en large dans la pièce.

- Pourquoi… ? Tu es empathe… Tu aurais dû le savoir…

Quatre baissa la tête.

- Je… Je m'étais complètement fermé à Duo.

Heero s'arrêta de marcher.

- Tu quoi ?

- Je me suis fermé à ce qu'il pouvait ressentir. Quoi ? J'aurais dû rester conscient de tous ses sentiments ? Putain mais Heero tu le savais bien toi aussi qu'on le faisait souffrir !

Il passa nerveusement sa main dans ses cheveux blonds.

- Tu l'as laissé te regarder t'éloigner de lui ! Tu croyais que ça lui faisait quoi ? Bien avant que tu mettes avec moi il en souffrait déjà ! Et moi je devais faire quoi ? Rester conscient de tout ce qu'il ressentait ? Alors que la seule chose dont j'avais envie quand je vous voyais c'était de te sauter dessus et que tu me fasses l'amour jusqu'à épuisement ! J'étais censé ressentir toute sa peine alors que la seule chose que je désirais c'était de te garder pour moi ?

Quatre sentait sa gorge se serrer de plus en plus, au fur et à mesure qu'il parlait. Le Japonais gardait le regard détourné.

- Putain mais non Heero ! J'en avais ma claque de penser aux autres avant de penser à moi ! J'étais si bien… Je me sens si bien avec toi Heero… J'ai envoyé mon empathie se faire voir à l'autre bout de la galaxie ! Je ne vais pas m'en priver si je peux la contrôler un tant soi peu.

Le brun ne le regardait toujours pas.

- Quatre, tu as…

- Non ! Alors là je te jure Heero que si tu me fais ne serait-ce qu'un seul reproche je vais vraiment m'énerver ! Parce que j'ai été assez cool comme amant. Je n'ai jamais rien dis quand nos rendez-vous étaient annulés à la dernière minute ! Je me suis toujours arrangé pour être libre quand toi tu l'étais et je ne t'ai jamais demandé l'inverse ! Je t'ai jamais fais chier sur le fait que je mourais d'envie qu'on fasse des choses comme les vrais couples ! Et j'ai gardé le secret de notre liaison jusqu'au bout ! Et pourtant, vu comme je suis dingue de toi, n'importe qui à ma place aurait craqué et aurait tout été dire à Duo !

Il s'arrêta essoufflé, le fixant de toute sa rage.

- Putain mais il faut que je fasse quoi pour obtenir un peu de considération ? Il faut que je me taillade les veines moi aussi pour que tu me donnes un peu d'attention ?

- Ca n'y changerait rien Quatre.

Le blond se prit la tête à deux mains, essayant de retrouver son calme.

- Ca a bien tout changé pour lui.

Heero leva enfin la tête et laissa son regard parcourir le corps endormi de l'Américain.

- Oui mais… c'est Duo.

Quatre le regarda le natté avec toute la rage dont il était capable.

- Et alors ? Tu le places au-dessus de tout maintenant ? Tu ne le traitais pas comme ça il y moins d'un an.

Le Japonais se tourna vers lui et le fixa calmement.

- C'est faux. Il n'y a toujours eu que Duo.

Les points du blond se crispèrent sur les draps blancs.

- N…Non ! Tu essayes de jouer à quoi là ? A celui qui a été le petit-ami parfait ? Celui qui même s'il a été infidèle n'a jamais été amoureux que de son copain ? Tu essayes de tromper qui ? Tu l'as dis toi-même Heero, je suis empathe. J'ai ressenti tes sentiments, je sais que Duo a toujours eu une certaine place dans ta vie mais je sais aussi qu'à un moment j'ai pris plus de place.

- Et tu l'as aussi dis toi-même Quatre, tu as contrôlé ton empathie pour ne plus ressentir que ce qui t'arrangeais. Je sais que j'ai ressenti quelque chose pour toi, mais j'ai aussi compris qu'il n'y a jamais eu que Duo. Et que tout le reste s'effaçait devant lui.

Le blond sentit des larmes lui couler sur les joues.

- C'est faux…

- Non c'est vrai. Et tu le sais Quatre. Si tu avais vraiment dépassé la place que prenait Duo pour moi, pourquoi est-ce que je ne l'ai pas quitté pour toi ?

- Parce que tu… savais qu'il n'allait pas bien.

- Tu sais bien que je ne me rendu compte que très tard qu'il allait mal.

Les larmes continuaient de rouler sur les joues de l'Arabe, mais il n'y avait plus aucune rage dans ses yeux.

- Tu es injuste… Si injuste…

Heero ne répondit pas.

- Ca fait dix mois que je ne fais que te chercher…

- Tu aurais dû comprendre que si je suis parti sans te prévenir sans te laisser aucun indice, c'est que je ne voulais pas que tu me retrouves.

- Et toi tu aurais dû comprendre que j'aurais remué ciel, terre et colonies pour te retrouver.

Le Japonais soupira.

- Pour moi c'était une évidence. Je pensais que ça l'était aussi pour toi. Si je pars, sans te prévenir, et avec Duo, c'est que nous deux c'est fini.

Le blond serra les poings.

- C'est un manque de tact ou de la cruauté Heero ?

Le brun se rapprocha de lui et passa doucement sa main dans la chevelure blonde.

- Je ne cherche pas à te blesser. Tu devrais le savoir pourtant que je ne sais pas manier les mots.

Quatre inspira profondément et se leva, se dégageant ainsi de la caresse du Japonais.

- Et alors quoi ? Tu lui as construit un monde virtuel ? Je… Je ne comprends même pas le sens de tous ces diagrammes !

Heero retourna s'asseoir sur le lit et se mit à caresser doucement la joue du natté.

- Peu de temps après que Duo soit tombé dans le coma, j'ai fais de recherches sur le net. Je suis tombé sur la thèse d'un médecin. D'après lui les gens pouvaient faire des sortes de rêves pendant leur coma. Et on pouvait décrypter une partie de leurs songes en reliant des parties de leur cerveau et en traduisant les messages qu'ils envoyaient par un courant électrique. A partir de là on pouvait reconstituer ce dont la personne rêvait.

Le blond regarda les quatre câbles plantés à la base du cou de Duo.

- Et donc, tu as testé cette technique sur lui…

- J'ai repris les travaux de cet homme depuis le début d'abord. Ca me semblait être quelque chose de possible et j'ai essayé.

Quatre regarda les courbes qui se dessinaient indéfiniment sur certains écrans.

- Et tu as réussi…

- Oui.

- Mais c'est quoi tous ces programmes de réalité virtuelle ?

Heero ne répondit pas tout de suite, fixant le visage endormi de l'Américain.

- Selon toi, pourquoi je me suis amusé à pouvoir avoir ses rêves sur écran ?

Le blond ne répondit pas.

- Duo est vivant. Il n'est pas mort, son cœur bat toujours, ses poumons inspirent et expirent, tous ses autres organes fonctionnent, et son cerveau aussi. Mais il n'ouvrira plus jamais les yeux. Parce qu'il n'en a pas envie. Ce monde ne lui apporte rien… à part la souffrance. Alors il ne se réveillera plus.

Il replaça doucement une mèche de cheveux châtains derrière l'oreille du natté.

- Mais il n'est pas mort. Et le seul endroit où il vit maintenant c'est…

Son doigt se posa sur le front de l'Américain.

- …dans ses rêves.

Quatre regarda les six claviers posés au sol.

- Donc… Comme tu avais réussi à avoir ses rêves, tu as décidé de les modifier.

- Un rêve peut être un cauchemar. Je ne voulais pas qu'il en ait. Duo a déjà trop souffert. Alors j'ai inversé le courant électrique. Il n'allait plus de Duo aux câbles, mais des câbles à Duo. J'ai modifié ses rêves pour qu'il vive là-bas la meilleure vie possible à ses yeux.

- Et tu nous as tous mis dedans. Tu as créé des programmes à partir de nos caractères et tu nous as tous mis dans ses rêves. Même Kurt… Même les gens qu'il a connu par le passé.

Le regard du brun se perdit dans le vague.

- Oui. Mais une fois que je l'ai fait… Il ne me restait plus rien à faire, à part de surveiller que tout se passait bien. Et comme je suis égoïste, ça ne m'a pas suffit.

Les yeux de Quatre dérivèrent vers ses gants qui jonchaient au sol.

- Tu as cherché à rentrer dans cette réalité virtuelle.

- C'est assez insupportable comme idée de savoir que la personne que vous aimez vit juste à côté de vous, mais que vous ne pouvez pas vivre avec elle, même s'il y a un moyen.

Quatre baissa la tête, parlant à mi-voix, plus pour lui que pour se faire entendre.

- Ne m'en parle pas…

Heero continua comme s'il n'avait rien entendu.

- Alors, comme j'avais pas mal de temps devant moi, j'ai cherché à rejoindre ce monde.

- Et encore une fois tu as réussi.

Heero ne répondit pas.

- Le casque que tu portais quand je suis arrivé te permet de voir comme si tu étais là-bas ?

Le brun saisit le casque et le retourna.

- C'est un simple programme de réalité virtuelle. Un mécanisme dans le casque s'adapte à mes yeux pour qu'il n'y ait pas d'espace entre ce que je vois vraiment et les images qui me sont transmises.

- Et les gants ?

Le Japonais regarda les gants à terre ainsi que les nombreux fils électriques à côté.

- Il me faut une base pour pouvoir bouger comme je le voudrais là-bas. Au début j'avais relié tout mon corps par le même système mais j'ai réussi à mes limiter aux bras. L'ordinateur reconstitue le reste. Il faut que je fasse quelques mouvements avant de rentrer dans la réalité virtuelle parce que pour le logiciel je ne suis pas une donnée maniable comme les bases de données.

Le blond parcourut du regard le corps de l'Américain.

- Et Duo n'en a pas besoin lui ?

- Je te l'ai dit, le logiciel a été construit autour de lui. Il est sa base, il est logiquement dedans.

Un sourire méprisant se dessina sur les lèvres de l'Arabe.

- En tous cas tu ne t'es pas trop foulé pour garder un semblant de réalité. Je ne veux pas savoir comment tu t'es débrouillé pour les personnes du passé de Duo…

- J'ai fais des recherches dans les archives cléricales et pour Solo je me suis inspiré de ce que Duo m'avait dit sur lui.

Quatre leva les yeux au ciel.

- J'avais dit que je ne voulais pas savoir mais bon… Mais déjà, moi et Trowa ? Tu as été pêché où cette idée de couple ? Je veux bien croire qu'on ait quelques points communs mais aux dernières nouvelles, il est tout ce qu'il y a de plus hétéro. Ou alors il faudra que je demande à Hilde de qui elle a eu son bébé.

- J'ai mes raisons.

- Passons, après tout je m'en fous. En fait, le truc que je trouve le plus ridicule c'est Kurt. Je n'aurais pas su que c'était lui, je ne l'aurais jamais reconnu. Tu as fait fort dans l'imagination là.

Le regard du brun s'assombrit.

- Ce gamin était la pire des choses courtes sur pattes qui courent dans une maison. Si tu crois que je ne le sais pas… Il a fait les pires saloperies imaginables à Duo. Si tu savais à quel point le vocabulaire injurieux et surtout en termes homosexuels est grand chez les mômes de huit ans de nos jours.

- Pourquoi l'avoir gardé alors ?

Heero sentit une rage sourde monter en lui au fur et à mesure qu'il parlait de l'enfant.

- Duo s'était attaché à cette peste. Je ne comprends vraiment pas pourquoi. Il m'avait dit que c'était parce qu'il lui rappelait un peu Solo. Le problème étant que le gamin a tout de suite remarqué que Duo finissait par tout lui céder et il a décidé de le pomper jusqu'au bout.

Quatre vit le regard du Japonais devenir de plus en plus sombre tandis que ses mains se crispaient sur les draps.

- Il n'avait pas été question d'adoption à un moment ?

- Si, Duo en avait très envie je crois. Mais moi je ne pouvais pas voir ce gosse et comme j'avais déjà du mal à gérer ma relation avec toi, j'ai du me montrer assez réticent à sa proposition parce qu'il n'en a plus jamais parlé.

Le blond remarqua que son regard semblait se voiler.

- Mais pourquoi tu l'as quand même mis dedans si tu déteste à ce point ce gamin ?

- Duo l'adorait… Si je voulais lui créer le meilleur monde possible, il devait en faire partie.

Un sourire presque méprisant étira les lèvres du brun.

- Mais il n'a de Kurt que l'apparence. Je n'allais pas non plus recréer un programme à l'image de ce mioche insupportable. Pourtant quoi que j'en fasse je crois que je détesterais toujours ce qui peut me rappeler ce gamin. Alors j'en ai fais le plus gros programme de sauvegarde de cette réalité virtuelle, pour être sûr que je ne l'efface pas dans un accès de rage.

Son regard se porta sur Duo.

- Parce que malgré tout c'est quelqu'un qui compte pour Duo. Et puis en étant un programme aussi important, son champ d'action dans la réalité virtuelle est limité, il n'interagit donc presque jamais avec moi. C'est une maigre consolation que je m'offre pour tout ce qu'il a pu faire.

Quatre ne répondit pas et regarda une dernière fois la multitude de câbles électriques, les écrans qui diffusaient des courbes ou des données qui défilaient, les gants par terre et le casque que tenait Heero. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres.

- Et bien, j'ai du mal à le croire. Ca fit dix mois que je te cherche essuyant déception sur déception et toi tu construisais tranquille un parfais paradis pour ton pauvre petit Duo. Qui avait pourtant décidé de son propre chef de vous séparer définitivement en se tailladant les veines.

Heero ne réagit pas au venin du blond.

- Il a souffert Quatre. Je l'ai fait énormément souffrir.

L'Arabe leva les bras au ciel.

- C'est vrai que ma vie, surtout depuis que je te connais est vraiment une partie de plaisir. Bordel réveille-toi un peu ! Tout le monde souffre dans sa vie. Si tu fais tout ça c'est parce que tu culpabilises !

Le brun ne réagit toujours pas à l'animosité de Quatre et continua de fixer le natté calmement.

- Peut-être que je m'en veux oui. Sûrement même. Parce que je ne sais pas pourquoi je lui ai fait ça. Pourquoi je l'ai trompé si depuis le début il était le seul à importer pour moi. Par peur sans doute, puisque je l'ai fui. Mais peur de quoi ?

Le blond roula des yeux.

- Tu m'excuseras mais si tu cherches mon aide pour obtenir tes réponses, tu t'es un peu trompé de porte.

Le Japonais ne répondit pas et caressa une dernière fois les cheveux châtains avant de se lever, gardant les yeux fixés sur lui.

- Il a souffert Quatre.

- Mais oui, ton pauvre petit Duo a beaucoup souffert et bizarrement plus tu m'en parles, moins je me sens coupable.

- Il savait que je le trompais.

Le jeune homme s'apprêtait à répondre quand il stoppa et se tourna vers le Japonais.

- Il quoi ?

Le brun le fixa calmement, on pouvait toutefois voir la douleur au fond de ses yeux.

- Il savait que j'avais un amant. Pas depuis le début, mais pas longtemps après. Une ou deux semaines je crois, sur presque deux ans d'infidélité ça ne revient pas à grand chose.

Quatre le regarda fixement, bouche entre-ouverte.

- Mais… Et toi ? Tu savais qu'il était au courant ?

Heero baissa les yeux.

- Non. Je ne l'ai appris que… la dernière fois où je lui ai parlé.

Il y eut un long silence pendant lequel Quatre le fixait yeux grands ouverts.

- Mais je… Pourquoi ? Par qui ? Et… Et quand ?

Heero soupira longuement.

- Il n'a eut besoin de personne pour s'en rendre compte Quatre… Je crois que j'aurais pu m'en apercevoir un millier de fois en fait… Avec du recul je crois que ça aurait dû me sauter aux yeux qu'il savait… Tiens un des meilleurs exemples. Tu te souviens du soir de l'accident de Kurt ?

Le blond acquiesça.

- Si je me souviens bien, Duo l'avait rencontré par hasard dans la rue. Le gamin avait encore une fois fugué non ? Et puis quand il a voulu le raisonner pour qu'ils rentrent à l'orphelinat, il y a eut…

Il ne finit pas sa phrase, voyant le regard du brun devenir de plus en plus sombre.

- Il y a eut un problème oui. Le mioche s'est violemment dégagé et a couru vers la route. Duo n'en a jamais parlé mais d'après les témoins le gosse lui faisait une sorte de chantage, profitant de l'endroit dangereux où il était. Mais ce gamin n'a pas vu le camion qui arrivait à pleine vitesse. Ou alors il pensait peut-être qu'il l'éviterait.

- Le camionneur s'était endormi au volant non

Heero hocha la tête.

- Il est mort sur le coup. Duo est resté au moins une heure sur ce boulevard. Il avait appelé la gérante de l'orphelinat à la demande des ambulanciers mais n'avait cherché à joindre personne d'autre. C'est elle qui a fini par le convaincre de joindre quelqu'un. Et il a choisi de prévenir Wu Fei. Lequel a accouru tu penses…

Il eut une moue dédaigneuse.

- C'est lui ensuite qui m'a appelé de chez lui, presque trois heures après et il n'a pu le faire qu'une fois que Duo se soit endormi. Il avait refusé toute la soirée de m'appeler, c'est Wu Fei qui me l'a apprit ensuite. Il lui a tout le temps répété qu'il ne voulait pas me déranger, que j'avais une réunion ce soir-là et qu'il pouvait attendre que j'aie fini.

Quatre eut une sorte de nausée en comprenant le vrai sens des mots du natté. Le regard du brun se perdait sur la petite table à côté du lit où étaient posés divers gadgets électroniques et quelques restes de repas. La table rencontra le mur opposé dans un grand bruit, se brisant en tombant au sol.

- Il adorait ce gosse ! Il l'adorait ! Et il l'a vu claquer sous ses yeux ! Mais il a quand même répété toute la soirée qu'il ne voulait pas m'appeler pour ne pas me déranger ! Alors qu'il savait très bien ce que je faisais réellement ! Bordel Quatre… ça devient presque du masochisme…

Le blond ne répondit pas.

- Je crois que même avant que je ne sache qu'il était au courant je ne me suis jamais pardonné d'avoir passé cette soirée avec toi pendant que lui était en train de vivre cet enfer.

Quatre sentit une douleur sourde monter en lui à ces souvenirs.

- J'avais compris ça, la nuit où il y a eut cet accident… Ca a été notre dernière nuit ensemble. Tu m'avais dit que tu voulais t'occuper un peu de Duo jusqu'à ce qu'il reprenne pied, mais finalement… On ne s'est plus jamais vu en tant qu'amants.

Le Japonais ne répondit pas tout de suite.

- Pendant un mois je n'ai fait que m'occuper de lui… A ma manière bien sur, mais même si je pensais à toi de temps en temps, depuis ces deux années où je le trompais, c'était la première fois… C'était la première fois où je ne m'occupais plus que de lui. C'est là je crois où j'ai commencé à comprendre mes sentiments. Parce que n'avoir plus que lui en tête, m'apaisait comme rien ne l'avait jamais fait.

Le blond serra les poings mais ne répondit rien. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire amer mais sans aucune haine.

- Et est-ce que tu sais pourquoi il a fait ça ? Parce que franchement… T'avoir à ses petits soins pendant plus d'un mois… Je ne vois pas ce qui a bien pu le pousser à se trancher les veines.

Heero regarda longuement le corps allongé du natté avant de se remettre à parler.

- Même en restant tout le temps à ses côtés, je m'absentais de temps en temps pour aller faire des courses, aller chercher n'importe quoi. Je lui proposais toujours de m'accompagner mais il refusait toujours. Il me souriait doucement et me disait qu'il préférait rester à la maison. Un jour j'étais parti chercher une babiole quelconque, une ampoule je crois… Mais il ne restait plus le modèle qu'il me fallait alors je l'ai appelé pour savoir si d'autres étaient compatibles. Je crois que ses mots résonneront toujours dans mon crâne.

Quatre le regarda silencieusement tandis que le brun semblait avoir de plus en plus de mal à parler.

- Il ne paraissait… pas comprendre… Et il m'a… demandé où j'étais. Je n'ai pas compris sa question alors… Je lui ai donné le nom du magasin. Il y a eu un blanc et il m'a demandé… Il m'a dit… « tu es vraiment parti acheter cette ampoule ? ».

Les yeux du blond s'écarquillèrent pendant que le poing d'Heero percuta le mur dans un grand bruit.

- Pendant tout ce temps depuis l'accident… ! Il a cru qu'à chaque fois que je partais c'était pour… ! Pour… Pour continuer de le tromper… Pour retrouver mon amant…

Le silence n'était entrecoupé que de la respiration saccadée du brun qui redevenait peu à peu calme.

- Mais je ne l'avais pas encore compris… J'ai juste compris que quelque chose n'allait pas. Et lorsqu'il a raccroché j'ai filé à la maison… Mais le temps que j'y arrive… Je l'ai retrouvé baignant dans son sang sur le carrelage de la salle de bain… Et il me regardait… Il me regardait avec son sourire… Ce sourire si spécial…Qu'il ne montrait qu'à moi…

Quatre tiqua à ces mots.

- Il te regardait ? Mais je croyais qu'il était sans connaissance quand tu l'avais trouvé ?

Un sourire presque méprisant étira les lèvres du Japonais.

- Hm, ça c'est la version officielle… Il s'est passé au moins un quart d'heure avant qu'il ne perde connaissance et au moins dix minutes avant que je n'appelle les urgences…

Le blond ne répondit pas, se contentant de le regarder fixement.

- Non il était bien conscient quand je suis arrivé, il pouvait même encore bien bouger… C'est lui qui m'a empêché d'arrêter l'écoulement de sang. Je ne me souviens plus très bien mais je crois que je me suis beaucoup énervé contre lui… Mais son sourire ne le quittait pas et il m'a finalement dit… Il m'a dit que s'il y avait une chose qu'il détestait… Qu'il haïssait plus que tout… C'était d'être une gêne pour les personnes qu'il aimait. Il s'est ensuite longuement excusé et m'a dit que c'était bon… Qu'il ne fallait pas que je m'inquiète…Qu'il ne me prendrait plus mon temps… Que je n'aurais bientôt même plus à me soucier de lui… Et que je pouvais aller te rejoindre…

Quatre bloqua net sur ses derniers mots.

- Quoi ?

Le Japonais resta sans dire mot.

- Attends, attends… Il savait que tu avais un amant mais il savait aussi qui c'était ? Il savait que c'était avec moi que tu le trompais !

Heero hocha la tête lentement.

- Mais… Mais c'est complètement dément ! Je l'ai vu des milliers de fois pendant ces deux années et je… Et il savait !

- Désolé de t'apprendre que même si tu ne lui as jamais dit que tu étais mon amant, ça n'a rien changé.

Le blond sentit une sorte de nausée l'envahir.

- Et il s'est tranché les veines pour…

- Pour ne plus nous gêner, oui.

Un lourd silence s'installa dans la pièce.

- Il a même rit de mon air ahuri… Et il m'a dit que je ne savais absolument pas mentir… Et que toi tu rayonnais dès que je me trouvais dans les parages. Donc en somme qu'on n'était pas très discret.

Il se mit à rire doucement d'un rire sans joie.

- Et je crois… je crois que c'est au moment où j'ai vraiment réalisé pourquoi il s'était fait ça, que j'ai vraiment compris quels étaient mes sentiments pour lui. Jusqu'à où allait mon attachement. Et pourquoi, quelque part, je l'avais trompé. Est-ce que tu peux imaginer à quel point c'est horrible de réaliser tes sentiments pour quelqu'un quand celui-ci est en train de mourir dans tes bras ? Quand cette personne s'est tuée parce qu'elle a cru que c'était la meilleure chose à faire pour toi ? Quand tu la vois te fixer d'un regard plein d'amour et te dire une dernière fois qu'elle t'aime ?

Quatre ne répondit pas.

- Je l'ai supplié… Je lui ai dit tout ce que j'avais sur le cœur. Des choses que j'ignorais moi-même, deux secondes avant qu'elles ne franchissent mes lèvres. Toutes les choses qui me passaient par la tête. N'importe quoi… Pourvu qu'il comprenne … Je voulais juste qu'il comprenne… Qu'il comprenne en même temps que moi ce qui se passait dans ma tête…

Il s'arrêta de parler un moment.

- Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes de monologue que je me suis rendu compte qu'il avait perdu connaissance. Après ses derniers mots sûrement. Mais là encore je n'ai pas tout de suite réagit… Je l'ai gardé serré contre moi pendant encore presque dix minutes avant d'appeler enfin les urgences. Et la suite tu la connais… Ils ont réussi à le maintenir en vie, mais il ne s'est jamais plus réveillé… Et je ne sais toujours pas s'il a entendu ce que je lui ai dit…

- Et deux semaines après tu disparaissais avec lui…

Il acquiesça silencieusement puis releva la tête vers Quatre, douleur et haine se mélangeant dans ses yeux.

- Alors s'il te plaît… Ne dis plus qu'il a autant souffert qu'un autre…

Le blond se sentit menacé par l'aura hostile qui émanait du Japonais. Lequel récupéra son casque, enfila ses gants, les rebranchant comme il fallait et alla s'asseoir sur le grand lit.

- Je te demanderais de partir maintenant Quatre.

L'Arabe ne souffla mot et alla chercher son imperméable toujours posé au sol. Il regarda la porte et se dirigea vers le brun assis sur le lit. Il sembla vouloir dire quelque chose mais se ravisa. Il se pencha lentement et l'embrassa doucement. Heero ne répondit pas au baiser, comme le blond s'y attendait. Il lui sourit quand même et fit demi-tour, se dirigeant vers la porte. Le Japonais le saisit par le bras, l'arrêtant.

- Ce n'est pas que je ne t'ai pas aimé Quatre… Ni que je ne ressens plus rien pour toi… Mais…

Heero ne trouvant pas ses mots, le blond se retourna et posa ses doigts sur ses lèvres.

- C'est bon… Ne t'inquiète pas… Je ne veux pas plus te prendre de ton temps… Va le rejoindre.

Il lui fit lâcher son bras et s'éloigna d'eux tandis que le brun écarquillait les yeux. Le blond ne s'était sans doute pas rendu compte que son ton et ses mots étaient étonnements proches de ceux qu'avait utilisé Duo avant de tomber dans le coma. Un sourire discret étira ses lèvres.

- Excuse-moi Quatre… Excuse-moi de ne pouvoir aimer que lui… Et adieu.

Le blond se retourna pour répondre mais il fût aveuglé par une forte lumière.


L'homme en imperméable mouillé tomba au sol. Regardant autour de lui il reconnu la pièce où il avait été éblouit par la forte lumière. La lumière étant bien moins forte, maintenant il pouvait voir autour de lui. Il aperçut alors juste au-dessus de lui, descendu du plafond, un casque. Il se releva pour l'examiner et reconnu le même style de casque qu'Heero portait pour entrer dans sa réalité virtuelle.

Il enleva sa capuche et ébouriffa ses cheveux blonds pour les sécher un peu. Il eut un sourire triste.

- Ca m'étonnais aussi que j'ai pu accéder si facilement à cette pièce où tu te trouvais avec Duo et tout le matériel…

Examinant la pièce il aperçut une caméra à côté d'un des néons. Il sourit et leva la main en signe d'au revoir.

- Merci… Merci d'avoir pris la peine de tout m'expliquer et de ne pas simplement m'avoir envoyé voir ailleurs.

Il ne savait pas si la caméra prenait aussi les sons mais de toutes manières, Heero pouvait lire sur ses lèvres. Et il tenait à le remercier.

Même si finalement le brun avait joué un jeu la plupart du temps. Même s'il ne l'avait même pas véritablement surpris lors de son arrivée… Même s'il ne l'avait même pas véritablement embrassé… Juste un rêve… Une illusion…

Mais après tout, les contacts qu'Heero avait avec Duo ne se réduisaient plus qu'à ça. Alors ça devait avoir autant de signification pour le Japonais… Alors pourquoi n'en donnerait-il pas autant lui aussi.

Après un dernier sourire moins triste que les précédents, il se tourna vers la caméra et un « je t'aime » muet franchit ses lèvres. Les lumières se tamisèrent peu à peu et la porte par où il était rentré s'ouvrit automatiquement. Le blond se retourna et sortit de la pièce. Il refit tout le chemin qu'il avait fait en sens inverse et sortit au bout d'une dizaine de minutes de hangar désaffecté.

Il pleuvait toujours mais la nuit était complètement tombée. La voiture était toujours devant l'entré à l'attendre. Le chauffeur en sortit et ouvrit la portière arrière. Quatre y entra et s'installa sur la banquette arrière.

- Vous avez trouvé ce que vous cherchiez Monsieur ?

Le blond tourna lentement son regard vers son chauffeur qui allumait déjà le contact de la voiture.

- Oui et non… Pas ce à quoi je m'attendais… Je ne sais même pas si je suis content d'avoir trouvé ça…

Le chauffeur ne fit aucun commentaire et démarra.

- Nous rentrons ?

Quatre regarda fatigué les gouttes qui coulaient sur la fenêtre.

- Oui…

De longues minutes s'écoulèrent sans un bruit avant qu'il ne se rende compte qu'il faisait très sombre.

- Combien de temps suis-je resté absent ?

- Environ dix heures monsieur.

Il eut tout d'abord du mal à assimiler l'information. Dix heures ? Mais… sa discussion avec Heero lui avait parut durer à peine une petite heure… Et le monde virtuel qu'il avait créé pour Duo semblait s'écouler de la même façon, alors pourquoi pas celle où il s'était trouvé ?

Une idée folle lui traversa la tête et le fit sourire.

L'idée folle que Heero ne devait jamais avoir reçu d'autre personne que lui.

L'idée folle qu'il avait pourtant souhaité lui parler.

L'idée folle qu'il avait passé du temps pour créer cette réalité virtuelle où ils avaient pu parler.

L'idée folle qu'il s'était arrangé pour stopper un moment la réalité virtuelle de Duo pour pouvoir faire tout ça.

Parce que dans son idée folle Heero n'avait pas tout inventé et l'avait laissé voir un fragment de cette vie qu'il avait avec Duo.

Une idée folle qu'il trouva tellement à son goût et si réconfortante finalement qu'il décida de la garder.


Duo se déshabillait avant de se glisser sous les couvertures. Son regard malicieux se posa sur le corps de son petit-ami mais il se rendit compte que celui-ci regardait fixement le plafond, l'air préoccupé.

- Tu penses encore à ton stagiaire qui a effacé tous tes dossiers ?

Heero garda le regard fixé sur le plafond.

- Hm…

Duo enleva très sensuellement ses chaussettes à rayures.

- Mais c'est un vrai boulet ce mec. Comment il a fait son compte ?

Le brun se tourna et le regarda.

- Non ce n'est pas un boulet. Il s'est retrouvé là où il ne fallait pas c'est tout.

Le châtain arrêta un instant de se battre contre son t-shirt pour le fixer.

- Bon… ok… Si tu le défends c'est que c'est sûrement quelqu'un de bien.

Il pointa le doigt sur le Japonais en signe de défis.

- Mais je te préviens, s'il fait encore une fois un coup comme ça et que tu es encore obligé d'aller réparer ses conneries je m'en vais lui faire comprendre son erreur.

Heero sourit.

- Ce n'est pas la peine, il a changé de secteur après cet incident. Je ne le reverrais plus je pense.

Le natté s'était enfin débarrassé de son t-shirt et il le regardait.

- Pourquoi ça te rend triste ?

Le brun se trouva assez désemparé par sa réflexion.

- Triste ?

Duo se glissa sous la couette et se rapprocha de lui.

- Oui, tu as l'air triste.

Le Japonais laissa son regard se perdre dans le vague.

- C'est quelqu'un de bien… Vraiment.

Il sentit un corps qui se collait contre lui.

- Je vais finir par être jaloux tu sais.

Il haussa un sourcil devant le grand sourire de l'Américain.

- Il n'y aurait vraiment pas de quoi.

Il se l'attira un peu plus vers lui et l'embrassa.

- Au fait tu sais de quoi nous a parlé Solo pendant que tu étais parti ?

Le Japonais se retint de lever les yeux au ciel.

- Non.

Duo s'écarta un peu de lui pour se mettre sur les genoux.

- Tu as entendu parler des moriganes ?

Le brun secoua la tête.

- Elles viennent de la mythologie celte. Ce sont des femmes…Enfin est-ce qu'on peut dire des femmes ? Je sais pas trop parce qu'en fait… Ce sont plutôt des serpents… Oui enfin… Des espèces de gros serpents. Des bons monstres quoi. Bref, c'est une caste de sorcières qui tuent et se nourrissent de la chaire des hommes puissants. Ah oui, j'ai oublié. Parce qu'en fait, pour les approcher ces hommes, les femmes… Mais c'est pas vraiment des femmes hein ? Puisque ce sont des gros serpents en fait… Bon, on va dire les moriganes, ce sera plus simple. Les moriganes donc se déguisent en créatures attirantes pour la personne qu'elles souhaitent manger. Non pas « elles », enfin tu m'as compris. Et donc les créatures se débrouillent pour devenir attirantes aux yeux de leurs proies et ensuite elles redeviennent l'espèce de gros serpent là… (1)

- Duo ?

L'Américain arrêta son monologue pour le regarder.

- Hm ?

- Tu veux en venir où ?

Il le regarda un moment sans comprendre.

- Nulle part pourquoi ?

Heero leva les yeux au ciel.

- Je raconte mal c'est ça ?

Le brun soupira.

- Tu t'arrêtes trop sur les détails… Et en définitif j'ai rien compris à ton histoire. A part que tu étais peut-être une morigane.

Le châtain allait répondre quelque chose quand il fut basculé en arrière et se retrouvé bloqué sous le Japonais qui l'embrassait. Il tenta tout de même de parler entre les baisers.

- Sweet heart… C'est soit la flatterie la plus basse que j'ai jamais entendu… Soit tu te flattes toi-même… Soit tu me prends pour un serpent…

Il se cambra sous les mains qui parcouraient habilement son corps.

- Ou alors ça peut aussi supposer que tu cherches à me manger.

Le natté sourit à pleines dents.

- Je dois avouer que par moment tu es tellement appétissant que j'aimerais bien te dévorer tout entier.

Tout en parlant il mordilla doucement le cou du brun. Lequel continuait de parcourir son corps de sa bouche et de ses mains. Il fit lentement glisser le boxer noir le long des jambes du châtain. Celui-ci se redressa jusqu'à être assis pour prendre un tant soi peu le contrôle de leur étreinte. Mais après à peine quelques minutes il se retrouva à nouveau plaqué contre le matelas. Il opposa quelques faibles résistances pour la forme mais il se délectait tellement sous les caresses du brun que les résistances se firent de plus en plus faible. Heero se redressa à son tour pour l'embrasser mais dû faire face à un long bâillement. Deux perles violettes le regardèrent comme un enfant pris en faute.

- Si tu t'ennuies, tu peux le dire aussi.

Il se détacha de lui pour s'allonger un peu plus loin. Mais le natté se recolla vite à lui.

- Mais non Heero… Je suis juste un peu fatigué. Roh, tu sais pourtant bien que je ne m'ennuie jamais dans ces moments là.

Le brun ne répondit pas.

- Tu n'es pas vraiment vexé ? Sweet heart, je suis juste crevé.

- Une des choses que je ne comprends pas chez toi, c'est comment tu peux bâiller quand…

Sa main se resserra sur une partie du corps de l'Américain.

- …quand d'autres parties de ton corps paraissent, elles, bien réveillées.

Duo se serra un peu plus contre lui, sa respiration s'accélérant légèrement.

- C'est pourtant simple à comprendre. Il suffit que tu te retrouves dans le lit avec ton petit-ami, diablement sexy au passage, qui t'as allumé toute la soirée, avec donc une folle envie de te jeter sur lui, tout en aillant très mal dormis la nuit précédente. Tu vois c'est simple, mais si tu as besoin d'être dans le même état pour comprendre, tu veilles ce soir, tu cours partout toute la journée et on voit ça demain.

Heero le lâcha pour le serrer contre lui d'une main et lui lever le menton de l'autre.

- Pourquoi tu as mal dormis la nuit dernière ?

Le châtain leva les yeux au ciel en se rendant compte de ce qu'il avait laissé échapper.

- Juste des cauchemars, t'inquiète pas pour ça.

Le Japonais lui caressa doucement la joue.

- Quoi comme cauchemars ?

L'Américain baissa les yeux.

- Rien de grave.

- Quoi comme cauchemars Duo ?

Il évita encore un moment son regard avant de répondre.

- Des trucs débiles je…

Heero soupira.

- Tu as rêvé que je te trompais ?

Duo écarquilla les yeux, surpris, puis se mit à rire, mal à l'aise.

- Oui, tu vois c'est complètement débile. J'ai même rêvé que c'était Quatre ton amant alors tu vois un peu le niveau du cauchemar. Il vaut mieux que j'évite d'en parler à Trowa.

Le Japonais semblait presque ne pas l'écouter, traçant des petits cercles avec le pouce sur son dos.

- Et tu en as vraiment conscience que c'est complètement débile ?

Le natté hésita un moment, puis laissa tomber son numéro qui ne trompait absolument pas Heero de toute façon.

- Mais oui je le sais… Mais c'était tellement réel. Ca avait l'air tellement…

Il se calla contre l'épaule du brun.

- Et puis il y avait d'autres choses… Il manquait des personnes… Je ne sais plus très bien qui, mais je sais que quand je pensais à Solo, ou à Kurt ça me rendait triste… Ca me faisait comme un trou, un manque…

Il se tut, laissant les mains du Japonais le calmer par ses caresses apaisantes.

- Et ça t'as angoissé longtemps ?

Duo laissa un long moment passé avant de répondre.

- Une bonne partie de la nuit, ça c'est estompé au matin.

- Tu sais pourquoi ?

L'Américain se mit à rire et releva la tête.

- Oui je sais pourquoi. Parce qu'au matin tu t'es réveillé et avant même de prononcer un mot tu m'as serré contre toi et tu es resté comme ça un long moment.

Le Japonais caressa doucement les cheveux châtains.

- Mais c'est passé maintenant. C'était juste un cauchemar.

- Duo tu…

Il plaça un doigt sur ses lèvres, l'empêchant de parler.

- C'est bon, ne t'inquiète pour ça. Ca va aller, je ne veux pas te faire perdre ton temps avec ça…

Heero tiqua sur les mots, ceux-ci étant si semblables à ceux qu'il avait prononcés avant de tomber dans le coma. Une douleur sourde monta en lui. Il se pencha vers l'Américain pour l'embrasser longuement et le serra ensuite contre lui. Le natté ne comprit pas bien ce qu'il se passait mais l'émotion dans cette étreinte était tellement forte qu'il y répondit machinalement. Le brun s'approcha d'une de ses oreilles.

- Tu ne seras jamais une gêne Duo… Jamais. Tout ce qui touche à toi prend une valeur particulière et au-dessus de tout. Et rien de tout ça ne me gênera jamais.

Le natté ne comprit pas bien où le Japonais était allé chercher tout ça ni quand il avait avoué qu'il ne voulait surtout pas être une gêne. Mais il se sentit apaisé par ces mots qu'il semblait pourtant avoir déjà entendu un soir. Un soir noir, rouge et emplit de tristesse cachée par les sourires. Ne sachant pas d'où il tirait ce souvenir, il sourit à Heero de cette façon particulière et l'embrassa longuement.

- Merci.

Il repoussa doucement le brun jusqu'à le faire s'allonger et il s'étendit à son tour sur lui. Il savoura longuement ses mots, les repassant indéfiniment dans sa tête. Puis machinalement ses mains effleurèrent le corps du Japonais. Les effleurements devinrent des caresses qui allèrent titiller les points sensibles de ce corps sous lui qui commençait à réagir. Les mains d'Heero recommencèrent elles aussi à se promener sur le corps du natté. Les caressèrent se firent plus pressées, les deux corps devenant avides de contacts. Les respirations s'accélérèrent tandis que des poings se crispèrent sur des draps ou des cheveux. Leurs deux cœurs battaient de plus en plus rapidement.

Duo posa la main sur le font du brun au-dessus de lui, écartant quelques mèches de cheveux.

- Heero ?

Le Japonais entendant le natté l'appeler, il stoppa tout mouvement et leva les yeux vers lui.

- Qu'est-ce que tu ferais pour moi ?

Il écarquilla les yeux, complètement pris au dépourvu.

- Quoi ?

L'Américain ne répondit pas, se contentant de le fixer en attendant une réponse.

- Ce que je ferais pour toi ?

Le châtain sourit, comme un peu honteux de sa question.

- Je t'offrirais le monde dans des rubans.

Duo sentit son sourire s'élargir irrésistiblement et se laissa griser par le mélange de ce bien-être avec toutes les sensations qui se mélangeaient déjà dans sa tête. Tout n'était plus que Heero, ses mots dans son oreille, ses yeux bleus fixés sur lui, ses mains dans ses cheveux, sa peau contre la sienne, son corps bientôt en lui. Tout n'était que lui. Et savoir que c'était réciproque l'emplissait d'un bonheur fou.

Heero regarda cette expression de bien-être se lire sur le visage du natté, se traduire dans les mouvements de son corps. Cette satisfaction béate filtrant à travers son sourire. Ce plaisir fou danser dans ses yeux. Et comme à chaque fois qu'il parvenait à le voir ainsi, il sentit son cœur devenir de plus en plus léger en voyant ce bonheur muet et délicieusement égoïste être exprimé par le corps entier du natté.

- Quel monde ?

Heero se pencha lentement à son oreille et lui chuchota sur le ton d'une confidence :

- Celui qui sera pour toi le meilleurs de tous.

The end



'ala

Je sais, à première vue ça ne fait pas très joyeux comme fic, mais si vous y réfléchissez, ce n'est pas si triste que ça. Hm, bon si… C'est un peu triste ( surtout pour Quatre é.è )… Mais ce n'est pas trop sombre, parce que malgré tout, ils y vivent heureux dans ce monde Heero et Duo.

Il y a quand même un petit happy end.

Si je vous assure avec du recul c'est un happy end. Un happy end à ma façon quoi ;p

Pour le titre, comme promis je vous explique son origine. Il vient de la chanson « Change the world » d'Eric Clapton. Le refrain étant « so only in my dream...I can change the world. I wanna be the sunlight in your univers. You are take my love, and it's really something good. Baby if I could, change... the world… » Je la trouvais très appropriée ;-)

Enfin bref… J'espère que ça vous a plu. Et surtout, que ça a plu à Yami parce qu'au départ c'est quand même un cadeau d'anniversaire pour elle :-)

Bon et bien, à une prochaine fic alors (ce n'est pas les idées qui manquent mais plutôt le temps xx )

Brisby n'en retard

(1) moi ? Avoir une idée de fic derrière la tête ? XD

Bon d'abord je vais écrire toutes celles que j'ai en tête, ensuite on verra ;)