Coquille vide

Rating : M

Pairing : SS/HP

Disclamer : Rien à moi sauf la dépression des personnages

Avertissement : Slash (relation homosexuelle entre deux hommes) donc homophobes, s'abstenir. De plus, cette histoire sera assez sombre psychologiquement parlant et contiendra quelques scènes de sexe donc âmes sensibles s'abstenir aussi. Elles seront néanmoins assez longues à venir (les scènes de sexe, pas les âmes sensibles, lol) alors ne vous emballez pas.

Note de l'auteur : Un peu moins rapide que la dernière fois, mais si on considère l'épilogue de 'Calice malgré Moi', c'est pas si mal hein ? Bon ok, chuis en retard mais ça devrait pas vous surprendre, c'est habituel (comme si c'était une excuse !) Bonne lecture quand même ;-P

Autre petite note pour tous ceux qui ont pleuré au chapitre précédent : J'ai une petite confession à faire moi aussi, lol. J'ai pas pleuré en l'écrivant mais... je relis toujours le chapitre précédent avant d'écrire la suite d'une histoire ou d'une fic pour me remettre dans le contexte, dans le style, dans le bain, etc. Et donc juste avant d'écrire ce chapitre, j'ai relu le 15 et là, j'étais au bord des larmes ! mdr. Donc je vous comprends ! Voilà, je tenais juste à vous témoigner de ma compassion et vous prévenir que ce chapitre n'est pas joyeux non plus, niark niark niark.

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Chapitre 16

Il est mort.

C'est une bien triste veillée funèbre qui attend Minerva. Elle a souhaité rester seule avec lui cette nuit, l'idée me glace mais il n'y a aucune raison pour que je m'oppose à ça. Elle a été la dernière personne à lui parler. La dernière personne qu'il a demandée. Elle tient peut-être à lui faire ses adieux en privé.

Seule à l'infirmerie. Avec un corps sans vie.

L'image de cette scène s'impose à moi encore et encore alors que je suis installé sur mon canapé. De retour dans mon salon. Un verre d'un alcool quelconque à la main. Et mon gryffondor personnel câlé contre moi.

Quand Albus a poussé son dernier soupir, j'ai senti une main glisser dans la mienne. Je n'ai rien dit. J'ai seulement refermé mes doigts sur les siens et profité de cette source de chaleur qu'il m'offrait. Il tremblait. Je crois que moi aussi. Qui réconfortait l'autre, difficile à dire.

Minerva nous a vu mais n'a rien dit. Tout comme elle n'a pas commenté le fait qu'il était dans ma chambre quand elle est venue me trouver. Elle sait. Elle n'en parlera pas. J'en ferai autant. J'ai l'habitude, je suis passé maître dans l'art des non-dits. Et des silences.

Je lui ai proposé de rester, elle a refusé. J'ai donc quitté l'infirmerie sans insister, entraînant Potter et sa main avec moi. Sans qu'il ne proteste. Sans qu'il n'approuve non plus. Sans qu'on ne parle. De toutes façons, il n'y avait rien à dire. Rien à dire.

Je remue mon verre, les yeux plongés dans l'ambre dorée qui tourne et tourne et tourne... Sans rien voir. Je suis hanté par les yeux d'Albus. Qui ne pétillaient plus. Qui ne pétillent plus. Qui ne... pétilleront plus...

Ses yeux étaient si... vides... Vides comme le sont parfois ceux du garçon près de moi.

Mes doigts se crispent sur le cristal et je glisse un bras autour des épaules bien trop frêles pour un adolescent de cet âge. Je le serre contre moi. Fort. J'imagine que j'ai besoin de le sentir, là, bien présent, vivant, avec moi.

Il ne me reste plus que lui. C'est terrifiant.

Il me reste encore lui. C'est tout aussi terrifiant.

Evidemment, je n'ai jamais été quelqu'un d'optimisite. Ni de positif. Alors le peu de réconfort que je pourrais en tirer me fait peur. S'il disparaissait... Si ses yeux si verts perdaient à nouveau de leur clarté... Définitivement... Je resserre un peu plus mon étreinte à cette horrible pensée. Si ça ne tenait qu'à moi, plus jamais je ne le lâcherais.

Il se laisse faire et repose sa tête sur mon épaule. Je n'ai aucune idée de l'heure. Je n'ai aucune idée du temps que nous sommes restés auprès d'Albus. Je ne sais même pas combien de temps nous avons passé là. Sur ce canapé, sans parler. Sans que je ne touche au verre que je me suis servi.

La seule chose dont je suis sûr, c'est que je ne dormirai pas. Peu importe quand viendra la nuit ou si elle est déjà tombée. Je ne trouverai pas le sommeil. Pas avec Minerva, seule là bas. Pas avec l'image des yeux éteints d'Albus qui revient encore et encore. Pas avec cet enfant qui vient de perdre à nouveau une personne à qui il tenait. Que j'entends souffrir même s'il ne dit rien. Qui partage et réveille ma propre douleur.

Je l'entends soupirer et je me dis que, cette nuit, je ne serai pas le seul dans cette pièce à souffrir d'insomnie.

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Le soleil a fini par se lever et comme je m'y attendais, aucun de nous n'est parvenu à fermer l'oeil. Nous sommes restés dans la même position, sa tête sur mon épaule et mon bras enroulé autour de sa taille. C'est une position naturelle. Confortable. On pourrait croire que nous avons fait ça toute notre vie.

J'ai toujours mon verre plein à la main. Ça me fait quelque chose à regarder.

Quelques sons étouffés me parviennent bientôt. Poudlard, son personnel et les quelques élèves qui sont restés pour les vacances se sont réveillés. La vie a repris son cours. Mais personne ne sait. Personne n'y pense...

" Premier matin sans Albus. "

Sauf nous.

Je suis étrangement soulagé qu'il ait parlé le premier. Et qu'il ait parlé de ça en premier. J'avoue avoir craint qu'il ne se renferme à nouveau, qu'il refuse d'aborder le sujet. Maintenant, j'espère juste qu'il ne va pas me forcer à en discuter. Je ne suis qu'un hypocrite.

" Debout.", je me contente de répondre en récupérant mon bras tout ankylosé.

Il se redresse suffisament pour que je puisse me lever puis se laisse tomber sur l'emplacement que je viens de libérer. Je m'empêche de me retourner pour le voir. Je ne tiens pas à croiser son regard. Pas encore. Pas maintenant.

Je m'occupe en posant mon verre sur la table basse. Puis en rangeant la bouteille de scotch à peine entamée. Puis en ravivant quelques braises dans la cheminée. Je sens ses yeux sur moi mais je ne suis pas prêt.

" Je monte à l'infirmerie voir Minerva et Poppy. Tu peux rester si tu veux, je vais sûrement être très occupé aujourd'hui. On se voit plus tard. "

Je crois avoir rarement été aussi lâche de toute ma vie mais je ne peux pas rester avec lui. Pas aujourd'hui. Devant Minerva, faire semblant sera facile. Devant Poppy et les autres, encore plus. Mais devant lui...

Alors je fuis, j'attrape ma cape et me dirige vers la porte sans un regard pour mon gryffondor. Le courage, c'est son truc à lui, pas à moi. D'ailleurs, il en fera preuve jusqu'au bout.

" Severus ? "

Je ne réponds pas mais m'immobilise sur le seuil en tentant de respirer le plus calmement possible. Le fait qu'il m'ait appelé par mon prénom, que je l'ai tutoyé, tout ça pour la première fois, je ne le réalise même pas.

" Ca va ? "

Ce serait tellement facile de mentir... Tellement plus facile et en accord avec ma personnalité. Pourtant, je ne suis même pas surpris de m'entendre répondre la vérité.

" Non. "

Harry Potter, qu'avez-vous fait de moi...

Je m'enfuis loin de lui, dans les couloirs humides et glacés du château.

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Quand j'entre dans la salle de soins, je trouve mes deux collègues assises près du lit où repose toujours Albus. Elles boivent une tasse de thé en silence. Poppy relève les yeux et m'accorde un pâle sourire mais je crois que Minerva ne me voit même pas.

J'ignore comme je peux le vieillard qui s'est éteint la veille, mon regard évitant soigneusement le lit en question. Je me concentre sur les deux femmes.

" Personne n'est au courant pour l'instant. ", m'annonce l'infirmière.

Je m'en doutais.

Je fixe Minerva qui me renvoie un regard chargé de résignation et je comprends qu'elle ne pourra pas s'occuper de ça toute seule. Heureusement, je suis assez fort pour deux. Ou j'aime à le penser. En tout cas, je suis assez doué pour le leur faire croire.

" Je m'en charge. "

Ma voix a retrouvé son mordant et sa dureté habituelle. J'imagine que ça devrait me réconforter mais je suis loin de l'être. La perspective de prévenir toute la communauté sorcière de la mort du grand Albus Dumbledore... Le ministère... Mes collègues... Mais aussi, les élèves...

Avec un étrange détâchement, je pense déjà aux formalités, aux papiers administratifs qu'il faudra remplir, au nouveau directeur qu'il faudra choisir, aux représentations publiques et médiatiques qui auront lieu, soit disant en l'honneur de celui qui fut mon mentor. Puis je pense à l'enterrement qu'il faudra organiser. Fudge voudra sûrement faire les choses en grandes pompes. L'idée me fait horreur mais que puis-je faire...

" Je m'occupe de l'enterrement. "

La voix morne de Minerva me tire de mes pensées et je suis assez surpris par la détermination que j'entraperçois derrière les verres de ses lunettes. De nous deux, c'est peut-être elle qui a le plus de force finalement. On se fixe un long moment jusqu'à ce que j'hoche la tête. Je suis en fait assez soulagé de ne pas avoir à m'en charger.

Je commence à me sentir mal dans cette pièce, il faut que je sorte. Après un bref regard vers les deux sorcières, je me retourne et me dirige vers la sortie. Je dois trouver Rusard. Ce sera son rôle de faire sonner les cloches de Poudlard. Cloches qui préviendront tous les résidents du château qu'un de ses membres est mort. Cloches qui n'ont sonné que deux fois en vingt ans, la dernière ne remontant qu'à quelques mois, à la mort de Lord Voldemort. En l'honneur de tous ceux qui étaient tombés.

Aujourd'hui, elles sonneront pour prévenir d'une toute autre mort. Aujourd'hui, Poudlard n'est pas en guerre mais sera en deuil. Aujourd'hui, Poudlard honorera la mémoire du plus grand de ses directeurs depuis le départ des fondateurs.

Je m'apprête à sortir de l'infirmerie pour rejoindre le bureau du concierge quand une mélodie me retient. Un chant. Je me fige. Je connais ce chant. Je ne peux pas m'en empêcher et me retourne pour poser les yeux sur le corps que j'évitais jusque là. A son chevet, un hôte magnifique. Flamboyant. Qui verse ses larmes sur la joue pâle d'un homme qui est déjà bien loin d'ici.

Fumseck est stupide. Il devrait savoir que même les pleurs d'un phénix ne peuvent ramener les morts. Il a dû sentir mes yeux sur lui car il relève les siens et croise mon regard. Juste un court instant avant de se remettre à pleurer... Son chant est doux mais me fait frissonner. Il aurait pu entonner la marche funèbre que ça m'aurait sûrement fait le même effet.

Alors que je reprends ma route vers le bureau de Rusard, je réalise que ces larmes ne coulaient pas pour guérir. Encore moins pour ressuciter.

Car il s'agissait là de larmes de tristesse.

A suivre...