Un nouveau départ
C'est la fin… Et c'est bien triste. Mais je ne vous laisserez pas orphelins bien longtemps, puisque Bas les Masques ! continue de son côté, et que je serai bientôt de retour avec une nouvelle histoire. Tenez vous au courant par le biais de mon blog (lien dans mon profil), il est fait pour ça, et en plus j'essaye de rassembler un maximum de fanarts sur notre couple préféré. N'hésitez pas à aller y jeter un coup d'œil…
Réponses aux reviews :
Mes habituels remerciements à mes adorables revieweuses : Ayuluna, le Saut de l'Ange, Sarouchka, Lovy, Choups, Hermione46, Dragonia, Sarah Black, laure, Irina Malefoy, Clochette, LunDer. Je vous adore !
Darky Angel : Tu trouveras toutes les réponses à tes questions dans ce chapitre ci. Je ne voudrais pas te gâcher la surprise… Gros bisous !
Lune Lupin : Je m'en remets à toi pour me dire si cette fin est mémorable, mais j'en doute. J'espère seulement qu'elle aura l'heur de te plaire. Gros bisous !
Elaviel : Wahou, ça c'est de la review ! Je n'en ai jamais reçu d'aussi longue, et sincèrement, ça me fait vraiment très très plaisir ! Pourtant, il faut bien que cette fic se finisse un jour, et ça me paraît être le bon moment. De toute façon, je serai bientôt de retour. En ce qui concerne les fics que je préfère, bon nombre d'entre elles sont en anglais. Je les ai mises dans mon profil, mais tu dois en connaître pas mal. Gros bisous !
Bloody : Non, Hermione n'avait pas remarqué Pansy, elle était bien trop malheureuse et préoccupée pour regarder autours d'elle. Je ne sais pas si ce chapitre comblera toutes vos attentes, mais en tout cas je l'espère. Gros bisous et à bientôt !
Kira-303 : Désolée de ne pas avoir le temps de répondre à chaque review, c'est juste que ça prend beaucoup de temps de faire une belle et longue réponse pour chacun d'entre vous. Ca ne veut pas dire pour autant qu'elles me touchent moins, mais il s'agit simplement de faire plus rapidement des updates. Mais je reste à la disposition de chacun sur mon mail ou sur MSN. Gros bisous !
Rosy Potter : Ne t'inquiète pas pour moi, je saurai m'en sortir… Gros bisous !
Dernier chapitre, les enfants !
« Hermione ! », protesta Draco d'une voix fiévreuse en tendant une main comme pour essayer de retenir la fuyarde. Mais son poing se referma sur le vide, et seul l'écho des talons de la jeune fille se répercutant dans les couloirs vides lui répondit, de plus en plus faible à mesure qu'elle s'éloignait. Le garçon aux cheveux d'or poussa alors un cri de rage inarticulé, puis, saisissant un encrier poussiéreux qui traînait sur un pupitre, il le lança violemment sur le sol où il s'écrasa avec un craquement sinistre. Enfin, il se laissa brutalement tomber sur le siège que venait de quitter Hermione en enfouissant son visage dans ses mains. Dans son rayon de soleil, Pansy n'osait faire le moindre mouvement. Jamais elle n'avait vu une telle douleur, une telle détresse que dans la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux, et elle s'en sentait obscurément responsable.
Elle aurait voulu se laisser glisser sur le sol comme elle en avait l'habitude chaque fois qu'elle se trouvait dans une situation difficile, alors qu'elle était encore en vie. Mais tel n'était plus le cas. Au moins, il y avait un bon côté à la chose : plus jamais elle ne serait contrainte de porter ces escarpins trop étroits et trop hauts qu'elle s'était imposé quotidiennement depuis plus de trois ans. Pourtant, l'idée même qu'elle ne connaîtrait plus jamais cette sensation de douleur qui lui faisait presque venir les larmes aux yeux en fin de journée lui manquait. Réprimant un soupir, elle s'envola jusqu'au rebord de la fenêtre d'où filtrait le même voile ensoleillé qui l'avait protégé. Combien de temps resta t'elle ainsi, les pieds battant dans le vide, observant silencieusement Draco qui n'avait pas bougé d'un cil ? Elle ne le sut jamais. D'ailleurs, quelle importance peut bien avoir le temps pour un fantôme… Le soleil baissait peu à peu derrière la ligne d'horizon, et les ombres des pupitres s'allongeaient paresseusement sur le sol poussiéreux, mais Draco ne bougeait pas. Pansy sentait la peur monter en elle, le voir ainsi seul et abattu était une véritable torture, et il lui était de plus en plus difficile de lutter contre l'envie de descendre pour le rassurer, le prendre dans ses bras… Mais elle se rappela avec un douloureux à propos que de tels gestes lui étaient désormais à jamais interdits. Mais elle ne pouvait pas le laisser ainsi. Avec grâce, elle se laissa couler sur le sol, et s'approcha silencieusement du jeune homme prostré sur sa chaise.
« Draco », murmura t'elle après s'être éclairci la voix.
Il leva la tête et la regarda fixement. En dépit de la pénombre qui envahissait à présent la pièce, elle pouvait clairement voir la gêne et l'inquiétude dans ses yeux clairs, qui affichaient également un éclat vitreux qu'elle trouva encore plus inquiétant.
« Pansy ? », répondit-il d'une voix si rauque qu'elle eut peine à comprendre ce qu'il disait. « Merde… Je suis désolé. Vraiment. Je ne sais pas si tu vas me croire, tu as toutes les raisons du monde de m'en vouloir, mais je voulais te dire que j'étais vraiment désolé. Je me suis comporté comme le dernier des salauds avec toi, je le sais bien, et j'ai vraiment honte maintenant. Je n'avais pas compris… Je ne savais pas… Je donnerai n'importe quoi pour revenir en arrière… »
« N'importe quoi… Mais pas Hermione », dit doucement Pansy en sachant déjà qu'elle avait vu vrai.
Draco la regarda droit dans les yeux comme s'il la voyait pour la première fois. « Oui », dit-il simplement, « Hermione… Je serai incapable de me séparer d'elle. Même si je le voulais. Ne m'en veux pas, je n'y peux rien. Hermione est tout pour moi. Elle m'est plus précieuse que ma propre vie. A l'idée que je pourrais ne plus la voir, je sens mon cœur se fendre, et quand je la vois sans pouvoir l'atteindre, j'ai envie de mourir… » Puis il réalisa ce qu'il venait de dire face à un fantôme : « Désolé… », ajouta t'il rapidement avant de replonger sa tête entre ses mains.
Pansy tendit la main pour toucher cette tête blonde, ces mèches dorées qui cachaient le visage aimé. Mais elle savait déjà que ce contact ne lui apporterait aucun réconfort, et qu'au contraire, l'absence de sensations qui s'en résulterait ne ferait que lui rappeler avec une acuité nouvelle son état. Lentement, elle baissa sa main, et préféra dire avec lenteur : « Ce n'est pas grave. Je te pardonnerai, mais avant, je veux… Je veux simplement la vérité, et toute la vérité. Je t'ai entendu parler avec elle, et je sais ce que tu lui as dis. Donne moi ta version des faits Draco, et sans tricher. » Plus rien ne pouvait la toucher, ni l'atteindre. Elle avait comprit que plus elle chercherait à se raccrocher à sa vie passée, plus elle souffrirait, et plus elle le ferait souffrir, lui. Or, cela, elle ne le voulait à aucun prix. Jamais plus il ne serait sien, si jamais il l'avait été, ce dont elle doutait de plus en plus. Mais avait-elle le droit, en dépit de tout le mal qu'il lui avait fait et qui apparaissait à présent clairement devant ses yeux, comme si la mort avait fait tomber le voile qui le lui avait dissimulé jusqu'alors, de le condamner à une vie de souffrance ? Elle en doutait. Quand elle voyait le beau visage torturé de celui qu'elle avait aimé, et qu'une partie d'elle s'obstinait à adorer au-delà de toute raison, elle ne pouvait que se dire qu'elle en était tout bonnement incapable, même en s'armant de toute sa volonté.
« Si tu veux… », répondit-il, et elle comprit en l'entendant parler ainsi que cela n'avait guère plus d'importance à ses yeux. Il se tu quelques secondes avant de reprendre d'une voix atone, presque désincarnée, comme s'il racontait l'histoire d'un autre plutôt que la sienne propre. «Cette histoire de pari m'a tout de suite pris la tête. Hermione… Elle est tellement différente des autres filles que nous avions inscrites sur la liste. Quand c'est moi qui ait tire son nom, je me suis dit que je n'y arriverai jamais. Si au début je t'avais demandé de m'aider, c'était plus pour donner le change face aux autres que par réelle conviction. Plus je me disais qu'elle était intouchable, plus j'avais envie de l'avoir, qu'elle soit mienne… Elle est devenu une obsession pour moi. Notre première rencontre s'est faite par ton entremise, à la bibliothèque, mais ensuite, nous nous sommes revus plusieurs fois sans que personne ne le sache. Je ne l'avais jamais embrassé jusqu'au soir de la tour d'Astronomie. Elle m'a tout raconté, Pansy, comme tu l'avais menacé… Elle voulait arrêter, mais je n'ai pas pu me résoudre à la laisser partir. C'était comme si je ne pouvais plus vivre sans elle. Je pensais à elle tout le temps, je ne le faisais même pas exprès ! Il suffisait que je croise une fille de Griffondor pour que je me retourne pour voir si ce n'était pas elle. Je voyais ses yeux dans la lumière du soleil, je ne pouvais mordre dans un fruit sans penser que c'était ses lèvres…et plus elle me demandait de la quitter, plus je la désirais. C'était infernal, Pansy, il y a eut des soirs où j'ai vraiment eu envie d'en finir. Et puis il y a eu cette histoire de mariage, et c'est devenu pire encore. Je me retrouvais totalement pris au piège, et je lui ai demandé de m'aider. Elle m'a dit qu'elle m'aimait, mais qu'elle t'aimait trop pour faire ton malheur. Mais que si tu n'étais pas, elle serait à moi. Je t'ai haïe, je t'ai haïe à un point que tu ne peux t'imaginer... »
Il s'interrompit et la regarda longuement avant de poursuivre : « Oui, je t'ai haïe, mais je n'ai jamais voulu en arriver là. Pourtant, c'est de ta faute ! Tu m'as aidé à l'approcher, et puis tu t'es mise entre nous, et maintenant… Maintenant elle ne voudra plus jamais de moi ! Tu ne sais pas tout ce que je donnerai pour être à ta place… Elle est une drogue pour moi, je ne peux plus, je ne pourrais plus faire comme si de rien n'était ! Elle m'avait dit qu'elle m'aimait… C'était comme si le jour se levait… » Elle le regarda, n'osant comprendre ces mots qu'il lui disait avec une telle férocité, une telle animosité qu'elle en avait mal. Elle n'était même plus capable de pleurer. Elle se contenta de le regarder bêtement, la bouche ouverte.
« Tu veux que j'aille lui parler ? », finit-elle par lui demander avec difficultés. Il secoua la tête en signe de dénégation.
« Non, je ne peux pas faire ça », répondit-il immédiatement.
«Mais je peux le faire, tu sais ! », protesta t'elle, cherchant de toutes ses forces à le convaincre. Elle préférait milles fois souffrir encore plutôt que de voir cette lueur hanté dans ses yeux qu'elle avait connu si clairs, si fiers.
« Non, je te dis. C'est trop tard, Pansy, bien trop tard… Elle ne veut plus me voir… », souffla t'il avant de s'effondrer de nouveau sur lui-même. Elle le considéra quelques secondes avant de comprendre qu'il pleurait. Lui, Draco, unique héritier de la très ancienne et très noble dynastie Malefoy, celui à qui tout souriait, lui pleurait à longs sanglots rauques et douloureux, comme si ceux-ci devaient se battre pour sortir de sa gorge. Et Pansy se sentait indécente à la vue de ce spectacle tellement intime. Elle le regarda pleurer sans mot dire, ne sachant même pas que faire de cette gaze bleuté et scintillante qui constituait son nouveau corps. Elle le regarda pleurer longtemps encore, jusqu'à ce que cessent les soubresauts qui agitaient ce corps adoré qui lui faisait face, et que les longues plaintes ne se fassent plus entendre. Comprenant que le jeune homme avait fini par s'endormir, elle se glissa hors de la pièce, son cœur qui ne battait plus brisé en milles morceaux.
Elle erra alors dans les couloirs obscurs, uniquement éclairés par la lueur argentée de la pleine lune qui brillait derrière les fenêtres aux petits carreaux en forme de losanges, fragmentant la lumière en dizaines d'éclats. L'ancienne Serpentard n'avait jamais jusqu'à cet instant vraiment compris la beauté qui animait le vieux château. Comme si le fait qu'elle ait désormais tout le temps devant elle lui ouvrait de nouvelles portes sur des paysages inconnus, et en même temps étrangement familiers. En traversant la grande galerie, elle s'arrêta soudain, submergée par la beauté du site qui s'étendait à ses pieds : les collines ondulantes à l'horizon, les étoiles comme autant de d'éclats de diamants dans le ciel de velours, et le lac offrant son miroir étincelant à la vue des oiseaux de nuits et des chouettes qui tournoyaient au dessus de la Volière avant de prendre leur départ pour la chasse, poussant de temps à autres de longs hululements.
Pansy en eut presque envie de pleurer tellement c'était beau. Puis, lentement, les premiers flocons de l'année se mirent à tomber, en silence, et elle ne put s'empêcher de faire la comparaison avec elle-même. Elle était tout aussi légère et silencieuse qu'eux, dans son nouvel état… Et elle ne put s'empêcher, en voyant le ciel, si clair, et les étoiles, si brillantes, et les flocons, si légers, de se rappeler cette nuit de noël qui avait vu son amour s'éveiller plus de dix ans auparavant. Tant de choses avaient changé depuis lors. Tant de choses, mais pas tout. Au fond d'elle-même, Pansy savait qu'il y avait une petite fille innocente et inconsciente qui riait dans un traîneau tiré par quatre chevaux blancs, et qui se sentait protégée de tous les malheurs du monde uniquement parce que son père avait passé un bras autours de ses épaules…
Elle se plongea dans la contemplation du panorama qui s'offrait à elle, et des dizaines de souvenirs affluèrent vers elle. Pas seulement cette soirée mémorable où Draco et elle avaient été promis l'un à l'autre, mais beaucoup d'autres où Draco se trouvait être plus ou moins intimement mêlé. Et à chaque fois, elle avait souffert, mais elle s'était repue de cette souffrance comme une autre se serait repue de mots d'amour. Draco en embrassant une autre, Draco se moquant d'elle, Draco la giflant, Draco encore, Draco toujours… Draco au réveil, Draco auréolé de lumière par l'âtre, Draco toujours douloureusement beau et inaccessible, Draco son ange, Draco son amour… Draco et Hermione main dans la main, Draco et Hermione valsant à la lumière du grand lustre, Draco et Hermione aggripés l'un à l'autre en haut de la tour d'Astronomie, Draco et Hermione avec tant de tendresse dans leurs yeux… Depuis quand était-ce ainsi ? Pansy n'en avait pas la moindre idée. Au l'est, les premières lueurs de l'aurore commençaient à poindre. La neige avait cessé de tomber, seuls les toits, qui semblaient soupoudrés de sucre glace, témoignaient de ce qui s'était passé. Le ciel avait prit des couleurs pourpres et roses, étrennant un bleu tout neuf. Un nouveau jour se levait. Ce serait une belle journée que le jour de son enterrement.
Avec un soupir, Pansy quitta son observatoire pour se rendre dans la cour d'honneur, là où devait se tenir la cérémonie d'adieu. Son père et sa mère seraient là, et Narcissa aussi, et tous ces élèves qui ne lui avaient jamais adressé la parole sinon pour lui adresser des moqueries et des méchancetés bien placées. Tout cela semblait tellement superficiel… Elle n'avait jamais eu d'amis, et pourtant, elle aurait un enterrement digne d'un ministre. Elle ne put s'empêcher d'émettre un drôle de ricanement qui n'avait rien de joyeux. Et les oiseaux commencèrent à chanter dans les branches dénudées de l'arbre au pied duquel elle était assise. Et elle entendit résonner dans la tour de l'horloge la lourde cloche qui sonnait sept heures. Le fantôme pouvait sans peine imaginer les élèves grogner dans leurs dortoirs, se levant pour affronter le froid sec de cette belle matinée d'hivers, descendre les escaliers en faisant un bruit d'enfer. Le plafond de la Grande Salle afficherait un ciel bleu et sans nuage, mais à la table des Serpentards, à la droite de Draco, il y aurait une place vide, sans bol ni tartine. Tous les élèves arboreraient un noir qui ne signifiait rien pour eux. Ils parleraient à voix basse, mais pourtant, parfois, un éclat de rire aussitôt réprimé s'élèverait d'une table ou d'une autre, et un regard coupable serait jeté vers la place vide. Quelle importance tout cela avait-il ?
La jeune fille aperçut du coin de l'œil un petit point sombre et grandissant sans cesse apparaître dans le ciel sans nuage. Elle mit quelques minutes avant de distinguer la calèche armoriée aux armes des Parkinson qui emmenait ses parents. Quelques minutes de plus, et elle vit sa mère apparaître en grand deuil, une voilette de crêpe noire obscurcissant ses traits. Pourtant, un coup de vent taquin vint découvrir son visage, offrant quelques secondes au monde ses yeux rougis et gonflés par une nuit de veille et de pleurs. Pansy en fut touchée. Son père suivait à quelques pas derrière elle, son visage pâle paraissant encore plus livide par contraste avec sa lourde cape de drap noir. Ils passèrent leur chemin sans la voir dans la lumière du soleil, et disparurent derrière la lourde porte que venait de leur ouvrir Rusard, qui, lui aussi, portait un brassard de crêpe noire. Au bout d'un moment encore, les premiers élèves vinrent prendre place sur les bancs qui avaient été installées dans la cour, frissonnant dans le petit matin glacé. Serrant leurs capes noires autours de leurs épaules, ils baillaient par intermittence, ne sachant visiblement quelle attitude adopter. Pansy s'était dissimulée dans le plus beau rayon de soleil aussitôt qu'ils étaient arrivés. Au fur et à mesure que les places se remplissaient, un brouhaha fait de murmures commençait à s'élever. Le fantôme vit même quelques sourires sur les visages juvéniles de ses anciens camarades.
Hermione et Draco furent parmi les derniers à apparaître. La jeune fille semblait si faible que Harry Potter et Ronald Weasley qui se tenaient à ses côtés paraissaient moins la soutenir que la porter. Le noir de ses vêtements la faisait paraître d'une pâleur mortelle, tandis qu'elle s'avançait jusqu'à sa place au premier rang que lui valait son poste de Préfète-en-chef. Ses deux amis l'aidèrent à s'installer, Ron essuyant maladroitement les lourdes perles d'eau qui coulaient sans répit sur les joues glacées de son amie. Puis les deux garçons allèrent s'asseoir un peu plus loin, au milieu des Griffondors. Ils croisèrent Draco en chemin, mais aucun des deux partis ne sembla s'en apercevoir. Les deux rouges et or étaient bien trop préoccupés par l'attitude de leur compagne pour se soucier du reste du monde. Quand à Draco, il ne sembla même pas s'apercevoir de la présence de ses deux pires ennemis. Il était sombre, et portait les mêmes vêtements que la veille, froissés par sa nuit dans la salle de classe abandonnée, et le col blanc de sa chemise formait la seule tâche de couleur dans cet océan de noir. Des cernes marquaient sa peau fine et claire de marques bleutées, et ses cheveux dorés eux-mêmes n'arboraient pas les mêmes reflets rutilants qu'à l'habitude. Il était le fiancé de la défunte, aussi vint-il se placer lui aussi au premier rang, aux côtés d'Hermione. Les deux jeunes gens rougirent, puis pâlirent. Pourtant, aucun d'entre eux ne s'aventura à croiser le regard de l'autre.
Enfin, une musique solennelle s'éleva de nulle part, et son père s'avança au milieu de l'allée. Pansy sentit une douleur traverser sa poitrine en voyant son propre corps le suivre en volant élégamment. Elle observa le visage paisible de celle qu'elle avait été comme s'il s'était agi de celui d'une étrangère : les mêmes cheveux ternes, cette peau trop blanche qu'elle n'avait jamais aimé, le nez retroussé qui lui avait toujours fait penser à un groin de cochon… Que n'aurait-elle donné pour les retrouver à présent qu'ils lui étaient à jamais inaccessibles ? Elle avait été revêtue d'une robe immaculée, chargée de dentelles et brodée de perles fines. La jeune fille sentit les larmes lui monter aux yeux. Cette robe, elle l'avait choisie avec un soin infini, parmi des milliers d'autres toutes plus belles les unes que les autres. Elle l'avait choisie pour être sa robe de mariée… Sa mère venait ensuite, s'avançant comme un automate dans le sillage du corps de sa fille, inconsciente des regards des spectateurs. Narcissa Malefoy la tenait par la main, semblant la guider. Cette dernière était plus belle que jamais. Le noir lui seyait à merveille.
Lorsque tous furent installés, Pansy se glissa le plus discrètement qu'elle pu au premier rang, juste à côté d'Hermione qui se tenait à l'extrémité du banc, aidée en cela par le soleil qui brillait à présent dans le ciel d'un éclat sans pareil. « Hermione… », appela t'elle aussitôt que les premiers discours officiels eurent commencer, prononcés par des gens qu'elle avait à peine vue dans sa vie. La jeune fille se retourna d'un bloc vers elle, ouvrant de grands yeux, la bouche légèrement ouverte, s'attirant quelques regards mécontents.
« Pansy ? C'est toi ? », lui demanda t'elle d'une voix tremblante et si basse que le fantôme eut peine à comprendre ses mots, « Je ne te vois pas… »
« Oui, c'est moi, Hermione. Je suis tout à côté de toi. Il faut que je te parle… », répondit-elle sur le même ton. Draco jeta un coup d'œil de leur côté, et une nuance rosée vint jeter un éclat de couleur sur ses pommettes pâles lorsqu'il croisa par inadvertance le regard d'Hermione. Il fixa aussitôt le sien sur l'orateur qui discourait à présent sur des mérites que Pansy elle-même ne se connaissait pas. Elle n'avait jamais eut le moindre talent en potions ! Pourtant, Rogue lui-même ne semblait pas avoir l'intention d'intervenir pour rectifier.
« Oh, Pansy, je suis tellement désolée… Je ne voulais pas, je ne l'ai jamais voulu, je regrette, je te le jure ! », murmura Hermione avant que des sanglots plus violents encore ne viennent l'interrompre. Du coin de l'œil, Pansy remarqua le geste avorté qu'avait fait Draco pour la prendre dans ses bras. Il ne pouvait la voir, mais il se doutait que quelque chose se passait à son côté. Pourtant, il n'osait pas se tourner franchement vers celle qu'il aimait.
« Je sais, Hermione », répondit Pansy sur un ton qu'elle espérait réconfortant. « Je voulais te demander… Aimes-tu Draco ? L'aimes-tu vraiment ? » Jusqu'à cet instant, elle n'avait pas très bien compris ce qui l'avait poussée à s'adresser ainsi à la jeune fille qui reniflait bruyamment à son côté. Mais soudain, tout lui apparaissait avec une clarté pour ainsi dire surnaturelle. Elle voulait que tout cela se finisse. Vraiment. Elle n'avait plus peur à présent, elle voulait juste laisser un monde calme derrière elle, un monde dont elle ne regretterait rien. Elle ne voulait pas avoir à se dire qu'elle condamnait deux âmes à la souffrance de toute une vie simplement parce qu'elle n'avait pas pu avoir, elle, ce qu'elle voulait. Draco ne l'aimait pas, il ne l'avait jamais aimée, et il ne l'aurait probablement jamais aimée, même si Hermione n'avait pas existé. Draco n'était pas sans défaut, au contraire. Mais il ne l'avait jamais trompé sur ses sentiments à son égard. Il ne l'avait bercé d'aucune illusion. A présent, il n'appartenait qu'à elle de les réunir, de les laisser s'aimer. Et elle en avait désormais la force. Elle n'était pas comme Mimi Geignarde, elle était une Serpentard, au sang pur ; elle ne voulait pas se traîner pour l'éternité en portant ses regrets comme un boulet dans son sillage. Mais cela avait un prix.
Hermione la regarda, longuement, puis elle répondit d'un ton intense, comme si elle faisait un serment : « Oui. Oui, je l'aime, de tout mon cœur, de toute mon âme. Je sais que je ne devrai pas, mais je ne peux pas m'en empêcher… Je n'y peux rien. J'ai essayé de lutter, mais je n'ai pas réussi. Pardonne-moi, Pansy. »
« Alors, épouse le à ma place. Et rend le heureux, c'est tout ce que je te demande. », murmura Pansy avec le sentiment qu'elle ne pourrait plus revenir en arrière. Hermione hocha la tête, semblant ne pas véritablement réaliser ce que Pansy venait de lui dire, mais l'acceptant au fond d'elle comme son destin. Toutes deux se turent, chacune méditant sur ce qui venait de se passer. Hermione avait cessé de pleurer. Elle regardait droit devant elle d'un air décidant, mais ne semblait pas voir les orateurs et les professeurs qui défilaient les uns après les autres dans un ballet sans fin. Pansy, elle, ne perdait pas une miette du spectacle. Elle s'enivrait des sons, des couleurs, des odeurs de ce monde, les appréciant jusqu'au dernier. Mais elle n'en éprouvait plus aucune nostalgie. Elle irait son chemin, comme elle le devait.
Enfin, les discours cessèrent. Son père s'avança, et, d'un coup de baguette magique, fit apparaître un trou sombre dans le sol gelé. Puis il jeta une poignée de terre sur le cercueil qu'on venait de fermer en murmurant en fermant les yeux: « Je t'aime, ma princesse. » Pansy sut à cet instant qu'elle ne devrait pas se montrer à ses parents ; elle devait juste faire son devoir, puis partir sans se retourner. Mais ses lèvres murmurèrent malgré elle : « Je t'aime aussi, Papa. Je t'ai toujours aimé, quoique tu ais fait de moi… Et je t'aimerai toujours, de là où je serai… » Sa mère le suivit toujours guidée par Narcissa qui dut lui tenir le bras pour l'aider, tant elle était faible. Son père entoura sa mère de ses bras, et tous deux se serrèrent très forts l'un contre l'autre, indifférents aux élèves, qui, à leur tour, jetaient en silence une poignée de terre, sur le cercueil qui disparaissait. Hermione et Draco ne bougeaient pas, indifférents au reste du monde. La cour se vidait peu à peu de ses occupants, et ils restèrent seuls. Monsieur et madame Parkinson restèrent encore un peu, attendant sans doute que les deux jeunes gens se joignent au cortège, mais sans succès.
Aussitôt qu'ils eurent disparus, Hermione se leva et prit une poignée de terre qui restait, et la laissa tomber sur la tombe, à présent presque comblée. Puis elle attendit, les yeux baissés, silencieuse, attendant que l'homme qu'elle aimait rende à son tour les derniers devoirs à celle qui l'avait adulé plus que tout. Mais il ne bougeait toujours pas, indifférent au froid qui bleuissait les lèvres de sa bien-aimée.
« Draco », finit par appeler Pansy en désespoir de cause.
« Ca ne vaut plus la peine », dit-il seulement d'une voix blanche. « Plus rien ne vaut la peine. »
« Draco », redit Pansy d'un ton plus insistant, et il la chercha des yeux. A dessein, le fantôme s'était placé à côté d'Hermione, qui ne bougeait pas plus qu'une statue malgré le froid qui la faisait frissonner par intermittence malgré la lourde cape d'hiver. Lorsqu'il l'aperçut, les yeux du jeune homme s'animèrent d'une lueur un peu folle, il se leva brutalement. Pansy serra ses mains sur sa poitrine, à l'endroit où aurait du battre son cœur, mais rien ne lui répondit.
« Hermione », supplia t'il d'une voix rauque.
Ils se tenaient à présent face à face, le fantôme et les deux jeunes gens. Ces derniers se dévoraient des yeux sans bouger. Pourtant, leur amour était comme un lien presque tangible dans l'air cristallin et glacial. Pansy sourit, et regarda une dernière fois cette cour qui lui avait été si familière. Le dénouement était proche, elle le sentait.
« Draco », dit-elle d'une voix calme, détachant chacun des mots comme s'il avait une importance particulière. « Draco, je t'ai aimé jusqu'à la mort. J'aurai tout donner pour voir un jour dans tes yeux tout l'amour qu'il y avais dans les miens. Et aujourd'hui, je l'ai vu, Draco. Mais il ne m'était pas destiné. Je l'ai vu dans ses yeux aussi. Et il t'était destiné. Je ne vous demande qu'une chose, et c'est d'être heureux, pour moi et pour tous ceux qui ne connaîtront pas cet amour ; je veux partir en étant sûre d'avoir fait quelque chose de bien. Il devait en être ainsi. Ce n'est de la faute de personne, sinon du destin, et il doit s'accomplir. Hermione, acceptes-tu d'aimer cet homme autant que je l'ai aimé, de le prendre pour époux comme j'aurai du le faire, et de le rendre heureux comme j'aurai tenté de le faire ? »
« Je l'accepte », répondit la jeune fille sans quitter le garçon des yeux. Des larmes coulaient de nouveau sur ses joues, mais elle souriait, lumineuse, amoureuse.
« Et toi, Draco… », commença t'elle de nouveau.
« Je l'accepte », cria t'il avant même qu'elle ait eut le temps de finir. Il éclata d'un rire dément qui s'envola vers les cieux tandis qu'il courrait vers sa bien-aimée, toujours immobile. « J'accepte de t'aimer, de te chérir, de faire de toi mon épouse, de tuer pour toi, de mourir pour toi, de t'appartenir jusqu'à la fin des temps, de… de faire tout ce que tu voudras ! »
Il s'abattit aux pieds d'Hermione, à genoux, l'étreignant comme si sa vie en dépendait. Elle éclata de rire à son tour avant de s'agenouiller face au jeune homme, le serrant contre elle en chantant presque : « Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime… »
Pansy s'éloigna en silence, les laissant à leur amour. Sa dernière vision du couple enlacé fut une chevelure blonde et une chevelure brune entremêlées, leurs corps si étroitement serré l'un contre l'autre qu'il semblait impossible de les dissocier.
Elle marcha seule jusqu'à la tour d'Astronomie, le cœur en fête et en paix comme jamais il ne l'avait été, et grimpa sur un des créneaux. Elle entendait le vent qui sifflait à ses oreilles, faisant bruisser les branches dénudées des arbres dans un doux concert, et portant le bruit de conversations lointaines. L'air sentait l'humus et la neige. La lumière du soleil brillait comme au premier jour du monde. Elle étendit les bras, et cria tout son amour au vide, à Draco, à Hermione, à l'univers tout entier. Et puis un dernier coup de vent s'élança, et elle se laissa porter. Et chaque particule de son être se mélangea à l'atmosphère, comme pour lui dire son amour incommensurable qu'elle n'avait jamais su lui exprimer.
Fin.
Il y aura un épilogue… Ou peut-être pas ! Tout dépend de vous… Review, please !