Disclaimer: Je me suis enfin résignée… Snif. Rien à moi.

Note&co : Dernier chapitre. Cela aura été laborieux (un an !) mais j'ai réussi. Les RAR sont sur mon LJ (lien sur mon profil).
°braille un joyeuuuuux anniversaireuuuuh° Oui, ça fait un an tout pile que je l'ai postée! °sanglots émus°.
Bonne lecture!

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Dites Malfoy !
Chapitre 12 – Tout a une fin… et un début
°°°°°

Satisfaite que son petit esclandre ait attiré l'attention, Hermione se rassit et croisa les doigts pour que son 'message subliminal' soit passé.

Ron lui lança des regards perplexes pendant tout le dîner. Sa petite amie l'inquiétait quand elle avait cette lueur presque folle dans les yeux. Cela laissait supposer soit qu'elle avait une idée géniale soit qu'elle allait les entraîner dans une histoire impossible. Ou encore les deux. Ce qui était pire.

C'est à cause de ce genre de lueur qu'il se sentait obligé de toujours la surprendre – dans tous les domaines. Elle ne l'avouerait pour rien au monde mais la soi disante Miss-je-sais-tout était insatiable. Ce 'détail' ne le dérangeait en rien. C'était même plutôt plaisant.

Il repensa à certaines de leurs soirées et un sourire fleurit sur son visage.

« Je ne sais pas à quoi tu penses exactement, Ron, mais cesse immédiatement » Dit Hermione en se levant à la fin du repas.

Le jeune homme soupira et la suivit quand elle se dirigea vers la sortie. Il vit avec surprise Blaise et Pansy les approcher alors qu'il s attendaient Ginny dans l'entrée.

« Peut-on savoir à quoi était dû ce soudain accès de colère, Granger ? » Demanda poliment (!) Pansy.

Hermione jubilait intérieurement. 'L'appel Silencieux' avait fonctionné. Un sort qu'elle avait déniché à la bibliothèque comme d'habitude. Le livre disait que l'incantation devait faire venir à elle ceux qui étaient le plus susceptible de pouvoir l'aider. L'aider en quoi, ça, les intéressés n'en savaient rien. Comparable à un appel au secours, le sort était efficace. Même la haine inter-Maisons y cédait…

Ginny les rejoignit et Hermione put enfin s'expliquer sur le pourquoi de son message. D'abord réticent, les deux Serpentards consentirent à l'écouter.

« J'imagine que vous avez tous remarqués le comportement étranges de Harry et Malfoy… » Dit-elle en les regardant.

« En effet, nos deux Princes semblent apathiques et l'humeur se reflète sur tout Poudlard… » Murmura Blaise – curieux malgré lui de savoir ce que mijotait la Gryffondor.

« Quand je pense que sa nouvelle conquête n'était autre que… Potter ! Et tu as osé tenter de détourner mon attention, Blaise ! » Marmonna Pansy.

« Je n'ai pas essayé, j'ai réussi, nuance… »

« Si vous pouviez arrêter votre petite scène qu'on revienne au sujet… » Dit Ron exaspéré.

Découvrir l'homosexualité de son meilleur ami était un fait. Savoir qu'il avait 'fréquenté' un de leur pire ennemi en était un autre. Le pire restait encore de devoir les réconcilier. Et pour cela, il fallait coopérer avec des Langues Fourchues. Hermione était cruelle avec lui. Le bonheur de Harry valait bien quelques petits sacrifices mais tout de même…

« Si je comprends bien, Hermione, tu nous as réunis pour les réunir eux, c'est ça ? » Demanda Ginny.

La Gryffondor hocha la tête.

« Tu as un plan ? » Renchérit Blaise.

« Une ébauche… J'espérais qu'avec votre aide, je pourrais le peaufiner »

Pansy sourit malicieusement. Cela ne lui plaisait pas réellement de pousser son Draco dans les bras de quelqu'un d'autre – surtout un Gryffondor mais elle aimait élaborer des tactiques. Comme tout Serpentard qui se respecte…
Et puis, le Serdaigle qui lui servait de petit ami la comblait parfaitement en ce moment…

« Pas de problème » Dirent en chœur elle et Blaise.

°°°°°

¤Dans le dortoir des Gryffondors¤

Harry s'était dit qu'il serait facile de rayer le Serpentard de sa mémoire mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser aux moments qu'ils avaient passés ensemble.
Il tentait si fort de se convaincre qu'il n'avait été qu'une lubie, qu'une conquête de passage pour le blond qu'il avait fini par y croire. Il était persuadé que son ex-amant passait à présent de draps en draps…

Mais songer à cela lui ramenait en tête les souvenirs de leurs ébats.

Il se redressa brusquement et se dirigea vers la salle de bain. Il se força à sourire à son reflet et à déclarer tout haut qu'il n'en avait plus rien à taper de ce sale blond snobinard.

Cette relation l'avait presque forcé à mentir à ses amis.

°Tu n'as pas menti, tu as omis certains faits notamment que tu couchais avec Draco…°

Il avait honte de lui pour ça et il les évitait tant qu'il le pouvait. Quitte à retarder la confrontation…

°Tu as peur qu'ils te traitent de sodomite et qu'il te renient ?°

Il savait que Hermione et Ron cherchaient à lui parler mais il s'était dit qu'il valait mieux que personne ne sache combien il était blessé.
Il songea aussi à consulter un Psychomage pour se débarrasser de sa Petite Voix mais se ravisa bien vite : si on découvrait qu'il suivait une thérapie, sa réputation déjà bien établie de cinglé sidéral le poursuivrait à tout jamais.

°Les psys sont souvent plus tarés que leurs patients… Et je t'interdis d'essayer de me faire disparaître !°

Son estomac grogna. Il avait raté – volontairement le dîner. Il décida d'aller faire un petit tour dans les cuisines de Poudlard. Dobby lui préparerait quelque avec joie et bonne humeur. De plus, cela lui permettrait –encore- d'éviter ses amis.

°°°°°

¤Chambre de Draco, au même moment¤

Le blond se morfondait sur son lit. Lui non plus n'était pas descendu manger. Aucune envie de faire face à tous ces curieux qui ne manqueraient pas de chuchoter les dernières rumeurs derrière son dos. 'Pas qu'il y attachait grande importance… Mais il n'était pas sûr de pouvoir se contrôler et d'assister au dîner sans lancer de Doloris.

De toute façon, il n'avait pas faim…

Tout ce qu'il avait dans les entrailles n'était qu'un grand sentiment d'amertume. Il n'avait jamais eu l'intention de tout gâcher comme il l'avait fait.
Sa conscience lui criait le contraire et il tentait de l'ignorer autant que possible.

Peut-être as-tu lâché l'info consciemment – tout Poudlard sait que tu es homo mais pour Harry, c'est différent.
Avoue que tu voulais que ça change… Avoue que tu voulais devenir 'officiel'.

Draco grogna et rejeta les dérangeantes pensées au plus profond de son esprit.

Alors qu'il essayait de se concentrer sur un livre, on tocqua à sa porte.

« Malfoy, ouvre ! » Dit une voix.

Surpris, le blond débloqua l'entrée et vit apparaître la dernière personne à qui il aurait songé pour une visite tardive.
Il ne lâcha pas pour autant son bouquin et se remit consciencieusement à sa lecture. Ginny – car c'était elle – soupira, s'assit sur la chaise du bureau bien en face de lui… et attendit patiemment sans un mot.

Il finit par lever les yeux et daigna prêter attention à la jeune Gryffondor.

« Que me vaut l'honneur d'une visite de la cadette Weasley ? » Demanda-t-il railleur.

« Arrête un peu avec ça, Malfoy… Fais tomber ton masque de petit con arrogant et échangeons des propos civilisés… »

Draco émit un petit rire, déposa son livre et se redressa.

« Mais je n'attends que cela. Ne sois pas si agressive. 'Petit con arrogant' n'est pas l'idée que je me fais de propos civilisés d'ordinaire… » Dit-il trop calme.

Ginny se dit qu'elle y était allée un peu fort pour une entrée en matière surtout qu'elle n'était pas venue pour l'insulter.

« Je m'excuse » Dit-elle très vite. « Reprenons… Je suis là pour te remercier… »

« Je n'accorde que peu d'importance aux remerciements d'une… »

« Weasley. Oui, Malfoy, je suis une Weasley traître à son sang et bla et bla. Je le sais, tu le sais, Merlin le sait. Ça, c'est fait mais-»

« J'allais simplement dire Gryffondor. Traître à son sang, c'est bien aussi… » Dit-il songeur mais ses yeux pétillaient.

Il s'amusait beaucoup.
Ginny se retint de pousser un cri de frustration.

« Tu vas me laisser continuer ? C'est déjà assez compliqué sans que tu me coupes toutes les deux minutes pour me-»

« Ridiculiser ? »

« Malfoy ! »

Il leva les mains en geste de paix et lui fit signe de poursuivre.

« Donc… Je disais… Je suis venue te remercier de ne pas avoir révélé ma relation avec Blaise. Je sais que tu es au courant depuis un moment et… »

« Je ne l'ai pas fait pour toi… Pourrais tu arrêter de me prendre pour un idiot ? Débarquer soudainement pour un simple 'merci' ? Je n'y crois pas une seconde… » Déclara brutalement le Serpentard en allant vers sa fenêtre.

Ginny se figea. Foutue Langue Fourchue à l'esprit trop vif…

« Je suis là pour Harry » Déclara-t-elle tout à trac.

Ce fut au tour de Draco de se figer. Tournant le dos à la jeune fille, il ticqua.

« C'est lui qui t'a demandée de… »

« Non, non ! Pas du tout. Je suis venue pour te prier de… le laisser tranquille » Dit-elle hésitante. « Tu as déjà fait assez de mal et… »

Le blond fit rapidement volte face et lança un regard noir à la Gryffondor qui s'interrompit – soudain moins sûre d'elle.
Elle se leva d'un bond jugeant sagement que la situation l'amènerait peut-être à prendre congé en vitesse.

Dans le cerveau du Serpentard, les neurones chauffaient. Ginny – future petite amie potentielle du Survivant (du moins selon l'opinion publique, tout Poudlard quoi), accessoirement conquête actuelle de son meilleur ami – venait gentiment lui suggérer de se tenir éloigné de SON Harry (oui, la jalousie fait souvent revenir la possessivité – et rend amnésique).

Son sang ne fit qu'un tour.

« Dehors » Dit-il froidement.

La Gryffondor s'empressa d'obtempérer et fila hors de la chambre de l'ombrageux Serpentard.

Draco resta immobile un moment après le départ de la jeune fille – trop culottée à son goût. Puis, il donna un grand coup de pied à son mur en jurant tout ce qu'il pouvait.

Alors comme ça, les prétendus amis bien pensants voulaient qu'il reste loin de Harry. Parce qu'il se doutait bien que Ginny n'était pas venue de son propre chef. Elle ne jouait pas seule dans cette partie. La Belette et l'Intello y étaient aussi pour beaucoup très certainement…

Le Serpentard sourit. Il adorait les interdits… Surtout les outrepasser.
Il incommodait les rejetons Weasley et compagnie ? Très bien ? À présent, il serait pire…

Ce nouveau défi oblitéra complètement le fait que sa relation avec Harry était censée être 'terminée' selon ses propres mots. La mémoire est courte quand on est provoqué…

°°°°°

¤Dans le parc, près du lac, trois jours plus tard¤

Colin soupira pour la énième fois. Les photos naturalistes, ça n'avait jamais été sa passion…
Mais le bonheur de sa Serdaigle en dépendait.

Il se résignait donc à la suivre et à prendre des clichés de tout ce qu'elle jugeait intéressant.Pour Luna, quelque chose d'intéressant pouvait aller de la forme originale d'un nuage à une feuille dans une flaque. Brillant.

Il faisait un temps maussade aujourd'hui et Colin avait plus d'une fois failli laisser tomber son précieux appareil dans la gadoue collante.
Curieusement, Luna ne semblait pas être atteinte ni par la pluie ni par la boue. Elle sautillait ça et là en évitant les gouttes. Ou était-ce juste une impression ?

Il secoua la tête et se remit en marche en tentant d'extraire sa chaussure de la terre. Un bruit de succion se fit entendre et il grimaça.

« Rappelle moi pourquoi tu insistais tant pour sortir ? » Grommela-t-il.

« J'aime le mauvais temps »Dit-elle simplement en s'arrêtant pour le regarder. « Le lac est plus joli sous la pluie. Il vit »

« Il l'est aussi sous un ciel bleu… »

« Non. Le soleil lui vole la vedette » Dit-elle en souriant.

Il lui rendit son sourire. Très bien. Il allait apprendre à aimer la boue, les torrents d'eau et les nuages chargés pour elle. Après tout, il préférait les photos en noir et blanc. Quand le temps était gris, le monde l'était aussi…

Il la rejoignit, plaça son objectif de façon à prendre le lac ondulant en cercles concentriques et elle observant attentivement les ronds s'agrandir puis se perdre. Elle éternua.

« Le temps maussade, c'est beau mais c'est froid » Dit-il en lui donnant sa veste.

Elle ne répondit rien mais se dirigea vers le Château en éternuant de plus belle. Il se retint de rire en prenant sa suite. Il esquiva les flaques et fit son possible pour ne pas se faire piéger par l'herbe glissante. Devant lui, Luna marchait tranquillement mais il voyait bien qu'elle était pressée d'atteindre l'entrée.

Finalement, sa Serdaigle n'évitait pas les gouttes, ni le vent…
Serait-elle normale ?

Elle marcha dans la boue sans salir ses chaussures avant de rejoindre l'endroit couvert. Définitivement non. Pensa-t-il avant de déraper.

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¤Dans la bibliothèque, un coin isolé¤

« Blaise, les rumeurs sont de plus en plus persistantes… » Dit Ginny d'une voix inquiète.

« Pansy n'est pas la reine des ragots pour rien… » Répondit simplement le jeune homme.

Elle émit un léger rire en se serrant contre lui. Il rendit l'étreinte en soupirant.

La 'bombe' déclenchée par Draco avait quelque peu atténué l'intérêt des élèves de Poudlard pour la nouvelle conquête du deuxième briseur de cœur de l'école (après le blond) mais les bruits avaient repris d'intensité dès que tout le monde avait compris que le Prince des Serpentards n'était pas disposé à faire parler de lui et qu'il serait ravi de dissuader quiconque voudrait le faire.

« C'est un miracle qu'elle n'ait pas encore découvert la vérité… »

« Tu vas rire mais je crois qu'elle s'en doute » Dit Blaise en souriant.

« Quoi ? Comment ? Tu lui as dit ? Elle compte faire du chantage ? Ooooh… » Fit Ginny paniquée.

« On se calme. Pansy n'est pas aussi bête qu'elle en a l'air… Si elle n'a rien dévoilé jusque là, c'est qu'elle n'en a pas l'intention… ou qu'elle a quelque chose derrière la tête… »

« … Ce qui ne me rassure pas du tout… »

Il regarda la jeune fille. Elle semblait fébrile et vaguement contrariée.
Cela faisait quelques semaines qu'elle était dans cet état. Le comportement de Harry, la confrontation avec Draco et le fait de devoir toujours se cacher… Tout cela la minait. Elle commençait à en avoir assez de toutes ces cachotteries.

« C'est d'accord… »

« Quoi ? Qu'est ce qui est d'accord ? » Demanda-t-elle surprise.

« Il est temps que notre couple devienne officiel, jolie rousse… » Dit-il en l'embrassant sur le bout du nez.

« Mais… et toi… Je veux dire : comment va réagir ta Maison ? »

« Les Serpentards sont déjà plus ou moins ébranlés par l'affaire Potter-Malfoy'… Notre relation ne sera que la cerise sur le gâteau. A ta place, je m'inquièterais davantage d'un certain frère »

Ginny leva les yeux au ciel.

°°°°°

¤Dans la salle commune des Gryffondors¤

Assis près du feu, Hermione tentait de se concentrer sur son parchemin de Potions.
C'était la première fois dans sa scolarité que travailler ne lui vidait pas totalement l'esprit. En temps normal, les devoirs l'empêchaient de penser et la détendaient toujours.

Elle ratura une phrase, se relut, soupira et enfin abandonna en repoussant tout devant elle.
Si se plonger dans les propriétés d'une plante au nom obscur ne la passionnait pas, il n'y avait plus d'espoir, autant laisser tomber.
Rien n'évacuerait la tension qui s'était accumulée au niveau de ses tempes ces derniers jours.

Ron, en pleine partie d'échecs avec Seamus, lui jeta un coup d'œil étonné.
Elle avait arrêté d'écrire. Quelque chose clochait.

Il plaça ses pions de manière à battre rapidement son adversaire. Seamus se retint de hurler de frustration devant sa énième défaite. Il partit en grognant et en maudissant la prochaine génération des Weasley. Ron s'approcha de son amie.

« Qu'est ce qui se passe, Mione ? Snape a corsé le devoir ? »

« Ne sois pas ridicule » Grogna-t-elle avant de se radoucir. « Je me demande si ce que nous faisons est judicieux »

« Comment ça ? »

« Comploter plutôt que d'aller parler à Harry… » Soupira Hermione.

« Tu sais bien qu'il nous fuit » Fit Ron en lui prenant la main pour la réconforter. « Il pense sûrement qu'on est fâché, dégoûté… ou tout autre truc stupide dans le genre… Tu le connais : toujours à culpabiliser pour un rien… »

La jeune fille sourit.

« Et puis, autant essayer d'arranger leur pseudo couple. Harry sera peut être plus disposé à nous parler par la suite » Dit Hermione plus pour elle que pour son petit ami. « D'ailleurs, comment va-t-il ? Tu l'as vu ? »

« Entraperçu serait le mot juste. Il passe en coup de vent dans le dortoir quand tout le monde y est… Il n'y a qu'en cours, tu l'as bien remarqué, qu'il est vraiment présent et encore… il reste à l'écart avec son air impénétrable. Je crois que Malfoy a déteint sur lui… Pas une bonne nouvelle »

Ils soupirèrent à l'unisson et Hermione reprit les parchemins de Potions pour tenter de finir son devoir. Ron trouva un autre pigeon – pardon partenaire pour une nouvelle partie d'échecs.

°°°°°

¤Salle commune des Serpentards¤

« Bordel ! » Laissa échapper une Serpentard en pétard avant de faire tomber la broche en cristal qu'elle tenait dans les mains.

Furibarde, elle darda des yeux noirs sur l'objet de son courroux. Autrement dit, une innocente feuille de papier plié. Un origami…
Celui de Blaise plus précisément – qui était tranquillement installé sur le fauteuil de leur salle commune en train de lire.

« Pansy, mesure ton langage, veux-tu… » Dit-il distraitement ne levant pas les yeux de son bouquin.

La jeune fille vint se planter devant lui en tendant l'origami. Elle retint le geste d'écrabouiller le parchemin.

« Ta… bestiole a essayé de me bouffer le doigt ! Pourrais-tu s'il te plaît la tenir éloignée de moi ? » Dit Pansy avec tout le calme dont elle était capable puis elle lança un Reparo sur sa broche.

Blaise la regarda et saisit son bien. Elle s'assit près de lui en glissant le colifichet dans ses cheveux. Le jeune homme resta un moment à la fixer.

« Tu m'intrigues, Pansy… Je n'aurais jamais imaginé que tu acceptes si facilement de 'libérer' Draco. Et surtout que tu participes à un plan contrecarrant les tiens… »

« Les miens ? Ah… Tu veux parler de mes projets de mariage ? » Dit-elle dans un petit rire. « Moi non plus à vrai dire mais les choses changent. Il faut croire que moi aussi… »

« Tu en avais assez qu'il repousse tes avances » déclara Blaise.

« Entre autres. Mais toi, mon cher, tu as consenti sans ciller à t'allier à des Gryffondors ! Que se passe-t-il ? » Dit-elle un sourire goguenard sur les lèvres.

« Je pense que tu t'en doutes… »

« Ô honneur suprême ! Le grand Blaise Zabini m'accorde un quotient intellectuel ! » Déclara théâtralement Pansy en riant.

« Arrête ou je donne l'ordre à ma… bestiole de finir le boulot »

« Tu n'oserais pas ! » Fit la jeune fille faussement indignée.

« Ne me tente pas… »

« Des paroles, des paroles… »

« Quand as-tu deviné ? » Reprit le Serpentard plus sérieusement.

« La Belette-cadette ne sait pas cacher ses sentiments. C'est terriblement indécent d'être à ce point transparente… Voilà l'intérêt de passer pour une idiote, les gens ne se méfient jamais assez. Trop facile » Dit Pansy moqueuse.

Blaise se mit à rire. La jeune fille lui demanda si son aimée l'avait menacé pour qu'il se résigne à apporter son aide à Miss-Je-Sais-Tout.

« Ça et le sort »

« Oui, le sort, c'est vrai. Trouvaille amusante, n'est ce pas ? Elle devait vraiment être désarmée pour faire appel à nous »

« Elle ne savait pas que ça serait nous »

« Mais elle s'en doutait. Bref, peu importe. Mini-Belette n'a pas été trop effrayé par notre Petit Dragon ? »

« Cesse les surnoms ridicules. J'ai cru qu'elle était sur le point de me claquer dans les doigts tellement elle tremblait. Elle a cru qu'il allait l'éviscérer »

Pansy partit dans un grand rire avant de se reprendre devant le regard noir de son ami.

« Oh, ça va. Nous aussi, il nous terrorise quand ça lui chante. Elle a juste goûté à ton quotidien »

Ils s'interrompirent brusquement quand ils virent passer le Prince des Serpentards – à l'évidence pressé.

« Qu'est ce qu'il lui arrive ? » Murmura Pansy interloquée.

Blaise haussa les épaules et ils furent déconcertés de voir le blond revenir sur ses pas.

" Tiens ta Gryffondor à l'écart. C'est un conseil » Dit fermement Draco puis il repartit.

« C'est moi ou il est… jaloux » Demanda la Serpentard en écarquillant les yeux.

Blaise resta immobile un moment avant… d'éclater de rire.

« Ça signifie que Ginny a bien fait son boulot. Je vais tout de même lui suggérer de se tenir éloignée de notre Prince. Trop colérique »

Pansy sourit puis s'amusa à lancer des sorts à l'origami pendant que le jeune homme reprenait sa lecture.

°°°°°

¤Dans le parc¤

Près du lac, Harry fixait avec insistance le Portoloin dans sa main. Le temps ne l'incitait pas à rester à Poudlard. Le ciel était gris. Il avait plu toute la matinée.
Il résistait depuis un moment à l'idée d'aller faire un tour à l'hacienda redoutant de tomber sur Celui-qu'il-ne-voulait-pas-voir.

°Qu'est ce que tu attends ? J'en ai ma claque de la grisaille°
Tu es dans ma tête, tu ne ressens pas les changements de température.
°Certes mais je perçois tes changements d'humeur à toi et ça suffit à me faire réclamer du soleil°

Mais même l'envie d'échapper au mauvais temps ne lui faisait pas oublier qu'il aurait à prononcer le mot –soi disant- honni pour se rendre sous les sunlights. Et plus que tout, cela lui coûtait.

°Un prix bien modeste pour un plongeon dans l'eau chaude…°
PeV, tu es le Diable.
°Merci°

Il prononça un 'Malfoy' bien clair et se prit un instant à souhaiter que le vrai soit là bas – avant de se gifler mentalement et de se dire que ce temps était définitivement terminé. Il fut étonné de constater que le Serpentard avait laissé l'accès libre. Il n'avait pas lancé de sort pour empêcher le Portoloin de fonctionner.

Il atterrit dans la chambre – à présent familière et se rendit dans le jardin illuminé d'un éclatant soleil. Il retira sa chemise et sa cravate pour s'installer sur un des transats. Il somnola un moment sous la chaleur presque accablante puis fut réveillé par un léger bruit.
Il se redressa, attentif. Cela ne se reproduit plus et il s'étira de satisfaction avant d'enlever tous ses vêtements pour se jeter dans l'eau.

Quand il émergea, un Elfe tremblant se tenait près du bord.

« Piwee ? Qu'est ce qu'il y a ? »

« Je venais voir si c'était le Maître qui se baignait mais c'est le Second Maître… » Dit l'Elfe de Maison.

Il tenait un drap de bain dans ses mains.

« Second Maître ? » Dit Harry surpris en sortant de l'eau et en acceptant la grande serviette.

« C'est ainsi que je dois vous désigner. Vous êtes le compagnon du Maître. Maître Malfoy lui-même me l'a ordonné »

« Il n'est pas revenu ces temps ci, n'est ce pas ? » Demanda Harry se doutant bien que le blond se serait empressé de changer les ordres maintenant que les choses étaient différentes.

« Il était présent hier, Second Maître. Il est resté assis sous l'arbre toute la soirée. Piwee n'a pas osé le déranger »

Troublé par ces révélations, Harry ne sut que dire mais l'Elfe de Maison n'attendait manifestement pas de réponse et retourna en trottinant dans l'hacienda.

Draco n'avait pas bloqué le Portoloin et il n'avait pas modifié la 'hiérarchie' imposée à Piwee. Etrange.

Il a certainement oublié.
°Commandement cinquante douze : un Malfoy n'oublie rien° Asséna PeV.

Plongé dans ses pensées, Harry se rhabilla rapidement tentant de déterminer si Draco était – ou – frappé d'amnésie partielle.
Puis, secouant la tête, il repoussa ces idées.

Ça n'a plus d'importance…

Il prit le Portoloin et regarda à l'intérieur. Il n'y restait pas une roulée. Il s'en serait bien fumé une. La nicotine avait des effets apaisants – disait-on.
Tant pis.

Il entendit Piwee souhaiter la bienvenue à quelqu'un et ses mains se crispèrent sur le paquet de Lucky Strike.
Avant de se faire brutalement 'aspirer', il entendit l'Elfe de Maison annoncer joyeusement que le Second maître était dans le jardin. Il entraperçut le regard gris du Serpentard et atterrit dans la boue qui bordait le lac. Il s'en était fallu de peu.

°Une fois de plus, tu fuis°

Il grogna pour toute réponse et essuya ses mains sur son pantalon en pestant contrer la pluie, le temps pourri et tout ce qui l'irritait en général. Il rentra au Château, croisant quelques élèves assez téméraires pour affronter les intempéries – mais pas assez pour oser harceler le Survivant qui semblait hors de lui sans raison apparente.

Ils le laissèrent donc en paix et s'écartèrent presque respectueusement de son chemin même si la curiosité les dévorait littéralement.

Les rumeurs qui couraient dans tout Poudlard étaient beaucoup trop croustillantes pour être ignorées. Les deux Princes en couple ! Un scoop dont n'aurait jamais osée rêver Rita Skeeter elle-même.

°°°°°

¤Salle commune des Gryffondors¤

Harry arriva quelque peu contrarié dans la pièce – déjà occupé par certains de ses camarades. Dont Ron et Hermione – qui le fixaient. Il hésita quant à la conduite à tenir puis se résigna. La confrontation aurait lieu tôt ou tard. C'était maintenant.
Il soupira et les rejoignit.

Il entendit un 'Pas trop tôt' marmonné par Ron – aussitôt rabroué par Hermione, visiblement ravie qu'il fasse le premier pas.
Il s'assit à côté d'eux et attendit.

Il se força à ne pas baisser les yeux devant le regard scrutateur de son amie. Ron lui souriait.

« On t'écoute Harry. Explique nous »

Le Survivant commença alors son récit. De l'incident de la tour postale à celui de la bibliothèque… En passant sous silence certains détails bien évidemment.
Il était impressionné devant la maîtrise de son meilleur ami qui ne pâlissait que très légèrement à l'écoute de ses aventures avec une Langue Fourchue.
Hermione restait égale à elle-même.

Il finit son histoire et s'interrompit pour les regarder.

« C'est ok, Harry. Moi je t'en veux seulement de m'avoir laissé seul face à elle pendant des semaines. Elle est beaucoup trop intelligente pour un unique Gryffondor » Dit Ron en riant tout en désignant Hermione du doigt.

« La plupart du temps, vous êtes à deux contre une ! » Protesta-t-elle en souriant à demi.

Harry se mit à plaisanter avec eux. Ses amis étaient merveilleux. Il s'arrêta juste un moment de rire pour les serrer. Fort. Et pour chuchoter un 'merci'.

« De rien, Harry. On est là pour ça »

Ils ne lui demandèrent rien sur la 'suite des évènements'. Même s'ils voyaient bien qu'il n'était pas dans son assiette. Ils ne firent aucun commentaire sur sa 'dispute' avec Malfoy et il leur en fut reconnaissant. Il n'avait aucune envie d'en parler.

Il était très heureux de retrouver ses deux meilleurs amis et pour l'instant, c'était ce qui comptait, la seule chose importante.

Même si son cœur blessé s'évertuait à lui hurler qu'il y avait encore plus important. Même si ses souvenirs et ses rêves le ramenaient toujours vers le ciel d'Espagne…

Luna – qui venait rendre visite à Colin – s'avança alors vers lui. Elle tenait un paquet dans ses mains et le tendit au Survivant.
Harry lui lança un regard étonné et saisit le cadeau pour l'ouvrir.

« Je sais que ce n'est plus l'hiver mais je te l'avais promis » Dit-elle puis elle s'éloigna pour rejoindre son Gryffondor.

« Me… Merci » Dit le brun pas certain d'être ravi du présent.

Le cadeau n'était autre qu'une… écharpe argentée en forme de serpent. La Serdaigle avait en effet tenu parole et Harry ne put s'empêcher de sourire.
Ron et Hermione l'interrogèrent sur ce mystérieux cadeau mais il resta évasif et ils laissèrent tomber.

Le 'retour' de Harry dans le monde des vivants réjouit grandement les Gryffondors et le thermomètre à humeur – jusque là passable- remonta en flèche.

°°°°°

¤Salle commune des Serpentards¤

De leur côté aussi, les Vert et Argent avaient vu l'humeur générale s'améliorer : leur Prince ne se morfondait plus. Le défi muet lancé par le clique Gryffondorienne l'exarcébait. Il avait consenti à admettre devant sa conscience (et juste elle) qu'il avait commis un impair dans la bibliothèque parce qu'il voulait changer les choses. Mais ce n'était pas pour autant qu'il regrettait son acte.

Il remuait les évènements - récents comme passés – dans sa tête et ne vit pas s'approcher Blaise. Celui-ci s'assit près de lui.

« On dirait que ton état s'est amélioré »

« Mon… état ? Qu'avait-il de particulier mon état ? » Demanda trop calmement Draco.

Son ami jugea plus sage de ne pas répondre.

« C'est sans doute l'intervention de ta Gryffondorette… Pansy est-elle au courant de son identité au fait ? Ça m'étonne qu'elle n'ait pas encore divulgué l'info un peu partout… »

« Elle l'est. Ne la sous estime pas »

« Je ne l'ai jamais fait. Tu me confonds avec ta petite personne » Dit le blond moqueur. « Pansy est pire qu'une Serdaigle quand elle le veut bien – la fourberie en plus… »

Blaise éclaté de rire et le Prince des Serpentards le suivit.

La jeune fille fit son entrée et ils s'interrompirent brusquement. Elle leva les yeux au ciel.

« Quand vous médisez sur moi, vérifiez d'abord que je ne sois pas dans les parages. Bande d'amateurs ! »

« Qui te dit que ce n'est pas volontaire ? Nous voulions peut être que tu entendes ? » Dit Blaise.

« En général, quand on sait que l'intéressé écoute, on prend le soin de divulguer des rumeurs blessantes ou gênantes. Or, vos paroles n'avaient ni l'une ni l'autre des qualités précédentes. Je prendrais même ça pour des compliments » Dit distraitement Pansy en examinant une plume cassée.

« Touché » Dit simplement Draco en souriant.

°°°°°

¤Stade de Quidditch, quelques jours plus tard¤

Pris d'une soudaine envie de voler à minuit et demi, Harry avait décidé d'y céder en emportant son balai et sa cape d'invisibilité.

Le temps était propice pour une fois. Le ciel était dégagé et les nuages, peu nombreux. Le printemps semblait s'être installé. Enfin.

Le Survivant fit quelques figures puis renonça. Le vent soufflait doucement, les étoiles scintillaient. Les pirouettes attendraient. Il était l'heure d'une balade au clerc de lune.

°'Manque plus que le quelqu'un avec qui partager la balade°
Tout seul, c'est très bien.
°Menteur°
Laisse moi profiter du calme ambiant en paix, PeV.
°Je peux pas. Tu me donnes l'impression de devoir refaire tout le boulot. Ça m'épuise d'avance°
Qu'entends tu par 'boulot' ?

PeV resta muette et Harry devina que sa Petite Voix était contrariée.
Excellent. Ses pensées ne seraient plus parasitées.

Il survola la Forêt Interdite et aperçut quelques Sombrals planer. Il vit un éclair blanc passer furtivement près de lui. Hedwige chassait…

Il savait parfaitement à quoi voulait faire allusion PeV quand elle mentionnait le 'boulot' mais il se refusait à l'admettre.
Sa relation avec Malfoy n'était plus. Il ne pouvait rien changer. Il ne voulait rien changer.

Faux. Pensa avec force sa propre conscience cette fois. PeV restait obstinément silencieuse.
Il fut tellement déstabilisé par cette affirmation que son balai fit une brusque embardée sur la droite ce qui le projeta en l'air. Il voulut saisir sa baguette et se rendit compte avec horreur qu'il l'avait oubliée dans son dortoir.

Il tomba en chute libre et son Eclair de Feu se perdit dans la forêt.

°Stupide manière de mourir pour le Survivant, n'est ce pas ?°
Boucles-la PeV. La situation est critique.
°Mais je n'en doute pas°

Il pensa soudainement au Portoloin et juste avant d'atteindre le sol pour s'écraser pitoyablement, il hurla un retentissant 'Malfoy'. Il hurlait encore quand il retomba lourdement dans l'herbe. Le Portoloin lui échappa pour atterrir Merlin savait où. Il se releva difficilement et ne reconnut pas tout de suite les lieux, s'attendant à arriver dans la chambre comme d'habitude.

L'affolement et l'intensité du cri avait dû influencé d'une manière ou d'un autre le Portoloin pour le faire tomber dans… le jardin tout simplement.

« Rien ne justifie un tel hurlement même si tu désirais ardemment me voir, Potter » Dit une voix moqueuse derrière lui.

Harry chercha nerveusement du regard le paquet de Lucky Strike.

« C'est cela que tu cherches, Petit lion ? » Dit le Serpentard en montrant le paquet de cigarettes dans sa main.

« Malfoy… » Gronda le Survivant.

« Je remarque que tu aimes prononcer mon nom de famille. Avant, c'était mon prénom que tu gémissais »

Un flash d'images assaillit soudainement l'esprit du Gryffondor. Leurs étreintes passaient en boucle dans sa tête. Il se força à les repousser.

« Et comme l'indique le temps auquel tu as conjugué tes verbes, c'est le passé » Dit Harry d'un ton qu'il espérait ferme.

Il fallait qu'il se concentre sur autre chose que le Serpentard. La lune lui avait toujours donné une aura irréelle… Et les orbes argentés le sondant n'arrangeaient rien.

« Tu sembles épuisé. Quelque chose à boire ? » Dit simplement le Serpentard en se dirigeant vers l'hacienda.

Voilà qu'il commençait à jouer les hôtes attentionnés… Il appela Piwee et lui ordonna de servir du thé. Pas de doute, les Malfoy étaient 100 pour 100 anglais. L'Elfe de Maison s'empressa d'obéir.

« Pourquoi as-tu ordonné à Piwee de me désigner en tant que 'Second maître' ? »

Draco tressaillit sous la question et fusilla l'Elfe du regard sans ciller. Le thé fut servi. Le Survivant se décida enfin à s'asseoir et à accepter une tasse. Mais il ne le faisait que parce qu'il n'avait pas le choix et il tenait à ce que cela se sache. C'est pourquoi il fit passer dans ses yeux une lueur de contrariété tenace. Draco savait parfaitement déchiffrer ce langage.

« Je ne regrette rien. Tout ce qui s'est passé se devait d'être » Dit le Serpentard.

« Même ta prestation à la bibliothèque ? » Fit Harry railleur avant de se brûler avec le thé et de maudire la traditionnelle boisson que – de toute façon – il n'aimait pas.

« Même ça… » Répondit le blond en lui tendant distraitement une serviette.

Il s'était habitué au côté maladroit du Survivant. Celui-ci marmonna un merci irrité en se levant.
Il était anxieux et ne tenait pas en place. Il n'avait pas prévu de passer sa soirée avec son ex amant. Il n'y était pas préparé.

« Venons en au fait, Draco. Qu'est ce tu veux ? » Demanda Harry.

« Réponse franche ou celle que tu désires entendre ? » Fit-il en levant un sourcil, heureux que le brun l'ait appelé par son prénom – même s'il ne semblait pas s'en être aperçu.

« Je ne sais pas ce que je veux entendre »

« Toi »

Harry manqua de s'étouffer et lui lança le regard le plus noir qu'il possédait en stock.

« C'est censé être quelle réponse ? » Dit-il presque menaçante.

« Celle que tu voudras »

« 'Considère que cette relation est finie'. Ce sont tes propres mots »

« Je me rappelle pas avoir prononcé le mot 'relation' dans cette phrase, pourtant »

« Cesse de me prendre pour un imbécile. Nous savons, toi et moi, ce que cela signifiait… »

Le blond soupira. Il en avait assez. De toute manière, la méthode douce ne marchait jamais. Il se redressa et ne laissa pas l'occasion au Gryffondor de continuer sur sa lancée. Il glissa ses mains sur sa taille et… fut repoussé… sans brutalité mais fermement.
Choqué, Draco chercha les yeux du brun afin d'y déceler une faille dans la muraille anti-Malfoy qu'il semblait s'être construit… et paniqua quand il n'y trouva rien.

« Alors, c'est ça… Tu n'avais personne pour ce soir. Je tombe à pic ! »Fit le Gryffondor amer.

« J'aurais pu réunir tous les mâles de Poudlard ici et les avoir à mes pieds si j'avais voulu… » Murmura le blond en se plaçant en face du brun.

« Ravi de l'entendre ! »Dit Harry, sa voix tremblant malgré lui. « Au moins, ton ego n'a pas changé d'un poil. Qu'est ce que tu attends ? »

« Toi » Répéta doucement le Serpentard d'une voix presque étranglée. « C'est toi que j'attendais. Je reviens ici pratiquement tous les jours en espérant te croiser »

Cela lui coûtait de faire cet aveu. Ses mains légèrement crispées en témoignaient. Et c'est cette nervosité –davantage que ses paroles – qui touchèrent Harry plus qu'il ne voulait bien l'admettre.

Quoi qu'il arrive, un Malfoy contenait toujours ses émotions. Or, à cet instant, Draco ne contrôlait pas grand-chose, de toute évidence.

« Tu es conscient que tu viens presque de me faire une déclaration, » Demanda le Gryffondor intimidé.

Le Serpentard émit un rire bref. Les mots étaient sortis d'eux même et il ne les avait pas retenus parce qu'ils reflétaient précisément ce qu'il ressentait.

« Encore une fois, tu entends ce que tu veux… » Dit-il. « Mais oui, j'en suis parfaitement conscient »

« Un Malfoy qui montre ses sentiments ? Quelle indécence ! » Fit le brun en imitant le ton aristocratique.

Peut être s'en tirerait-il avec une pirouette. Il n'avait pas l'habitude de ce genre de situation – surtout en présence d'un Serpentard, leur Prince pour ne rien gâcher. Le Survivant était déstabilisé et un peu perdu. Noyer le poisson paraissait sur le moment être une solution comme une autre… Une dernière solution de repli.

« Tu ne changeras pas le sujet de la conversation en m'amenant à parler du soi disant honneur des Malfoy »

« Soi disant ? »

Draco leva les yeux au ciel et le Gryffondor renonça. Au pied du mur. C'était foutu pour la pseudo diversion.

Harry le fixa. Il était magnifique. Et cela l'époustouflait à chaque fois. Il avait à maintes reprises contempler la beauté mise à nue du Serpentard… et il se demanda comment il avait supporté ces dernières semaines sans sa présence. Il fallait être dérangé pour laisser échapper un trésor tel que celui qu'il avait devant les yeux. Il avait eu la chance de l'avoir pour lui… et cette chance se représentait. Il n'avait qu'à faire un geste pour la saisir.

°Adieu, petit Gryffondor, le boulot est terminé° Dit PeV satisfaite.
Au revoir PeV. Pensa-t-il un peu triste.

« Ne te sens pas obligé de dire quoi que ce soit… » Dit le blond sur un ton qui signifiait le contraire.

« Recommencer ? » Murmura simplement Harry.

« Juste pour cette nuit ? »

« Juste pour toute la vie… »

Draco sourit et s'approcha et caressa légèrement les reins de Son Gryffondor. Puis il posa avec douceur ses lèvres sur les siennes pour un baiser rempli de tendresse… qui ne resta pas longtemps chaste…

La nuit ne faisait que commencer…

°°°°°

¤Le lendemain matin¤

« Quelqu'un sait où est Harry ? » Demanda Ron assis à la table des Gryffondors pour le petit déjeuner.

« Quelqu'un sait où est Draco ? » Demanda Blaise à la tablée des Vert et Argent.

Les membres des deux Maisons haussèrent les épaules en chœur.

La question trouva sa réponse quand les deux Princes débarquèrent – ensemble – dans la grande salle. Ils avaient des brindilles dans les cheveux et Draco semblait passablement irrité.

« Comment as-tu pu oublier que le Portoloin fait réapparaître précisément à l'endroit que l'on quitte ? »

Harry, un peu coupable, se retenait de rire.

Toutes les têtes se tournèrent dans un joli mouvement coordonné.

« Tada ! » Firent en même temps Pansy et Hermione ravies avant de se rendre compte, horrifiées, qu'elles avaient été complices – en public – pendant un instant.

L'attention de tout le monde fut donc détournée pour se fixer sur les deux jeunes filles – censées être ennemies. Elles se ratatinèrent sur leur siège, histoire de disparaître.

Harry et draco en profitèrent pour se séparer et rejoindre leur table respective.

Hermione fixait le Gryffondor essayant de déceler le moindre signe indiquant un changement. En vain.
L'habitude Maloyenne d'enclencher un masque en toute occasion était agaçante. Mais au fur et à mesure de la conversation entamée avec Seamus, Dean et Ron, le Survivant se déridait.

« Encore une nuit passée dehors, 'Ry ? On te demande pas avec qui… » Insinua l'irlandais en souriant.

« As-tu enfin découvert la couleur des sous vêtements de Lavande, Seamus ? » Demanda sournoisement Harry sans tenir compte de la question.

L'intéressée – qui n'était pas loin – se retourna vivement et lança un regard courroucé à l'irlandais.

« Ça, c'est un coup bas… » Marmonna-t-il.

« Bien envoyé, 'Ry ! » Dit joyeusement Ron. « Je vois que tu es en forme ! Mione avait raison, le plan était- OUCH ! »

La jeune fille balança vivement son pied dans le tibia de son petit ami. Mais le mal était fait. Le Survivant avait entendu l'essentiel et il regarda avec suspicion ses deux meilleurs amis.

« Quel… plan ? » Demanda-t-il calmement.

Tous deux restèrent silencieux et évitèrent son regard. Il leva les yeux vers Ginny – qui renversa son verre en essayant de paraître naturelle.

« Crachez le morceau… ou je me fâche » Dit Harry en détachant chaque syllabe.

Ron jeta un coup d'œil à Hermione qui se résigna.

« Très bien, Harry. C'est- »

Mais elle fut interrompue par une avalanche d'éclats de voix venant de la table des Serpentards.

« Pansy, si tu ne craches pas le morceau immédiatement, mes nerfs vont lâcher… » Grondait Draco devant la jeune fille plus ou moins terrifiée.

« Où l'on remarque que notre Survivant n'a pas été pêcher ses répliques bien loin… » Marmonna Ron, légèrement railleur.

Hermione lui balança un coup de coude et il menaça d'aller porter plainte à SOS Roux Battus. Il aurait des bleus…

« Draco, on est en public… Evite les Impardonnables… » Glissa discrètement Blaise.

« Quant à toi, tu ne perds rien pour attendre ! Je suis sûr que tu es dans le coup… Tu l'as peut être même organisé. Ça te ressemble bien »

« En vérité, c'est en grande partie l'œuvre du rat de bibliothèque là bas… » Répondit-il en désignant la tablée des Gryffondors.

Le rat de bibliothèque en question blêmit et tenta de se cacher derrière le Survivant – qui assistait à la scène complètement paumé.
Le Serpentard tourna la tête vers Hermione et lui lança un regard noir et fit mine de s'approcher.Harry en eut assez et s'avança dans l'allée. Ses deux meilleurs amis et Ginny s'étaient levés.Ainsi que Blaise et Pansy derrière le Prince des Serpentards.

« Quelqu'un voudrait bien m'expliquer ce qui se passe, bordel ? » Ordonna le Gryffondor contrarié.

« Il se passe que toute cette petite bande a fomenté un joli plan ! » Dit Draco.

« Un plan visant à quoi exactement ? » demanda le brun en se tournant vers Hermione.

« Et bien… heu… A vous remettre tous les deux ensemble ? » Bafouilla-t-elle très vite.

Harry resta circonspect un moment puis… éclata de rire. Mione, Ginny et Ron se détendirent légèrement.

« Et ça t'amuse ? » Fit le blond irrité.

« Pas toi ? Avoue que c'est plutôt drôle »

« Drôle ? Ils m'ont manipulé ! Ils ont fait en sorte que je te… »

Le Serpentard s'interrompit brusquement et… rougit.

« Tu t'es laissé manipuler, Draco… » Dit Blaise. « On te connaît. On sait pertinemment qu'à partir du moment où quelque chose t'est tacitement ou ouvertement interdit, tu fonces. Plus vite encore si tu désires vraiment la chose en question »

« Ils t'ont interdit de me voir ? » Fit Harry abasourdi.

« Ginny m'a laissé entendre qu'il fallait que je me tienne éloigné de toi. Ce que je me suis empressé de ne pas faire. Au passage… » Dit-il en s'adressant à la jeune fille. « Tous mes compliments pour ta prestation »

Ginny sourit et fit une petite révérence.

« J'ai cru que tu allais me faire frire sur place »

« En effet. Au fait, j'ai reçu tes remerciements avec plaisir. Blaise et toi faites un joli couple » Dit-il distraitement.

Son meilleur ami et sa Gryffondorette se figèrent. Personne ne savait… jusque là.
Ginny se tourna au ralenti vers son frère.

« Décidément, tu les accumules les bourdes de ce genre… » Marmonna Blaise à Draco.

« Oups » Dit celui-ci se forçant à rester sérieux.

Ron et Harry étaient éberlués – ainsi que tout le reste de Poudlard qui avait assisté avec bonheur au spectacle.

Le deuxième bourreau des cœurs de l'école soupira.

« Bon, comme vient de laisser échapper notre cher Dragon… » Commença-t-il en s'adressant à qui voulait l'écouter – et en particulier aux Serpentards. « Je sors avec Ginny… et je l'aime. Rien ni personne n'y changera quoi que ce soit »

Les membres de la Maison Vert et Argent s'agitèrent et certains émirent même quelques protestations. Vite étouffées quand Draco vint se placer à côté de son ami en faisant rouler sa baguette entre ses doigts, l'air de rien.

Ron dévisageait toujours sa petite sœur et celle-ci s'obligeait à soutenir obstinément son regard accusateur.

« Il ne t'est pas venu à l'idée que j'avais le droit d'être au courant ? »

« Tu t'y serais opposé… » Soupira-t-elle.

« Ginny, mon meilleur ami sort avec le pire des Langues Fourchues. Je crois que je suis capable d'un peu de tolérance… encore plus s'il s'agit de ma propre sœur… » Dit Ron triste.

« Qui que vous soyez, sortez de ce corps ! Vous n'êtes pas Ron Weasley ! » Fit Hermione en agitant sa baguette au bord des larmes.

Trop d'émotions d'un coup.

« Tu savais, j'imagine… » Dit-elle en la prenant dans ses bras.

Elle hocha la tête.

« Je crois qu'on est devenu sans le vouloir l'attraction du moment… » Murmura-t-elle en contemplant les tablées attentives.

« Tu nous pardonnes de t'avoir un peu manipulé, Draco ? » Demanda timidement Pansy.

« Le mot 'Pardonner' n'est pas dans le dictionnaire des Malfoy » Dit-il froidement.

Le Survivant le poussa légèrement.

« Mais comme je suis de bonne humeur… » Ajouta-t-il en souriant.

« Impressionné par ta magnanimité… » Murmura Blaise.

« T'en fais pas. Ça se paiera » Chuchota le blond.

« C'est bien ce que je pensais »

La petite bande s'apprêtait sagement à se rasseoir mais ils furent interrompus dans leur manœuvre par une jeune Serdaigle de 4ème année – celle là même qui avait demandé à Harry de lui monter son manche… à balai évidemment.

« Harry Potter ne peut pas être gay ! » Gémit-elle au bord du désespoir.

Quelques jeunes filles se regroupaient, tentant de se réconforter mutuellement. La détresse est plus supportable à plusieurs – c'est bien connu.
Au contraire, la nouvelle -à présent confirmée- réjouissait quelques mâles enthousiastes de Poudlard qui fixaient le Survivant avec insistance.

Draco vit rouge.

« Heu… Je crois que j'ai le temps pour tes cours de vol, si tu veux toujours apprendre… » Dit le Gryffondor essayant de calmer la jeune Serdaigle en larmes.

Les autres sautèrent sur l'occasion et bientôt il fut assailli par les demandes de cours – de vol, de DCFM, de Potions (alors que tout un chacun savait pertinemment qu'il était un vrai incapable dans cette matière)…
Harry était submergé.

Le Serpentard n'y tint plus et se fraya rageusement un chemin jusqu'à son Lion. Le groupe s'écarta devant la fureur du blond.

« Que les choses soient claires. Harry Potter est avec MOI. Considérez qu'il m'appartient » Dit-il froidement.

« Draco, tu exagères, je- »

Mais le Survivant ne put finir sa phrase. Le Serpentard ne lui en laissa pas le temps et l'embrassa possessivement. La foule fut calmée très rapidement.

« Tout de même, ça surprend » Murmura Seamus ébahi.

« Comme tu dis » Marmonna Ron.

« C'est un miracle que les profs ne soient pas encore intervenus » Dit Hermione.

« Dumbledore aime le spectacle – et les histoires qui finissent bien… » Ajouta malicieusement Ginny.

°°°°°

¤En Espagne, près de la piscine, quelques semaines plus tard¤

« Je ne t'appartiens pas, maudit Serpentard ! » S'écria Harry en aspergeant d'eau fraîche son amant avant de courir plus loin.

« Que tu crois ! Je ne tolérerai aucune contradiction » Dit draco en esquivant plus ou moins le jet.

Harry s'écroula dans l'herbe, essoufflé et à demi nu – il portait un maillot. Au grand dam du blond. 'Si on ne laisse rien à l'imagination, il n'y a plus de plaisir' disait le Survivant.

Le Serpentard le rejoignit et s'allongea à côté de lui.

« Très joli sort le coup de la phot… » Dit-il.

« Je le dirai à Ron. C'est lui l'instigateur. Il a harcelé la pauvre Colin pendant des semaines »

« Mais je ne comprends toujours pas pourquoi je ne suis pas dessus… » Dit le blond songeur en jouant avec les brins d'herbe roussis par le soleil.

« Pour que tout le monde puisse te reluquer ? Hors de question ! »

Ron et les autres avaient trouvé le moyen d'ensorceler la photo qui regroupait tous les Serpentards de 6ème année.
Tout ce beau monde se retrouvait avec pour seul attribut ce que la Nature avait daigné accorder.
Autrement dit aussi nu que possible.

Sauf Draco.

Harry avait bataillé ferme pour le faire disparaître du cliché.

Ginny aussi avait essayé de faire épargner son Serpentard. En vain.
Après la capitulation devant le Survivant, Ron avait été inflexible.

La photo s'était retrouvée aux yeux de tous, placardée sur le panneau d'affichage central de la Grande Salle.
Tout Poudlard l'avait découvert le matin même et des copies circulaient déjà dans les couloirs de l'école.

A présent, certaines filles jetaient des regards jaloux à Ginny. Blaise était plus que bien bâti…

La plaisanterie amusait beaucoup le blond – vu qu'il n'était pas personnellement touché.
Mais il avait vite déchanté. Certains Serpentards l'accusaient d'être un 'planqué' grâce à son statut de 'petit ami du Survivant'.Il avait réglé les choses à coups de sorts de son cru. Comme d'habitude.

Ce n'était pas sa faute si Harry refusait qu'on le voit dans le plus simple appareil… Lui, ça ne le dérangeait pas, il n'avait rien dont il devait avoir honte – au contraire.

« Et après, c'est moi, le mâle possessif… » Soupira-t-il.

« Je n'ai pas dit que tu m'appartenais tout habillé. Mais nu, tu es à moi. Et à moi SEUL »

Ils roulèrent dans l'herbe en riant.

« Je n'aurais pu rêver meilleure déclaration »

« Ravie qu'elle soit à ton goût »

Ils s'embrassèrent. L'hacienda était peut être une garçonnière finalement. Pour deux. Pour eux.

FIN

11/01/05
30/03/06

Voilà. Ma première fic. Finie.
Je suis satisfaite mais en même temps, c'est triste. C'est dur de laisser partir PeV.

J'espère en croisant les doigts que cet épilogue vous aura plus ainsi que tous les chapitres en général.
Je remercie tous les lecteurs qui m'ont reviewée et aussi ceux qui ne l'ont pas fait. L'important est qu'ils aient lu…
C'est quand même grâce à vos encouragements que j'ai fini par la terminer cette histoire.

Donc un GRAND merci.

Je crois que c'est tout.
En espérant vous retrouver pour mes prochaines fics…

yochu.