NE FERME PAS LES YEUX
Disclaimer : tout à JKR, j'emprunte juste ses personnages mais je les lui rends après (dans quel état ?)
Rating : M
Note de l'auteur :
A Ligeia, ma sœur dans la souffrance (Siriuuuus !!) A Mao aussi (Siriuuuuuuuuus !)
Merci à Luthien et Flower.
A Arowyne, et Artoung (communément appelée « celle qui ne ferait JAMAIS de mal à Sirius ») qui a trouvé le titre du chapitre (parce qu'elle roxx, même si elle veut s'en prendre à Sirius pour une bête histoire de chapitre 14 de Trauma --' )
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CHAPITRE NEUF : DERRIERE LE MASQUE
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Hermione transplana directement au 12 Grimmauld Place en sortant du restaurant dans lequel elle avait déjeuné avec Théo et Ron. Comme elle s'y était attendue, plus tôt dans la matinée, Harry avait démonté un à un ses arguments, debout devant les membres de la Commission, sûr de lui, une main dans la poche du pantalon de son impeccable costume de grand couturier. Elle avait tenté d'alléger la peine requise contre sa cliente mais le procureur était resté intraitable. Le maximum, c'était ce qu'il voulait. Et il l'avait obtenu. Il avait toujours manqué de souplesse face aux actes délictueux et ce matin, il n'avait pas dérogé à sa règle. La culpabilité de la prévenue ne faisait aucun doute mais il ne lui avait accordé aucune circonstance atténuante.
En sortant du Ministère, Hermione lui avait proposé de se joindre à Ron, Théo et elle au restaurant mais il avait poliment décliné l'offre, prétextant un travail à finir. Cela l'avait attristée, même si, depuis le temps, elle aurait dû être habituée aux perpétuelles excuses de son ami.
Elle entra dans le salon et se figea en voyant Draco, endormi sur le canapé, une couverture remontée jusqu'à la taille. Elle observa longuement le visage du blond, étrangement beau malgré l'évidente fatigue qu'elle lisait sur ses traits. Même dans son sommeil, il ne semblait pas serein. Ron lui avait dit qu'il était épuisé, et il n'avait pas menti. Elle resta un instant indécise, sans savoir si elle devait ou non le réveiller. Finalement, elle décida d'aller préparer le café afin de lui accorder quelques minutes de sommeil en plus.
Sur la table de la cuisine, trônaient deux énormes parts de gâteau au chocolat orné de quartiers d'oranges.
Le gâteau préféré de Ron, songea-t-elle en souriant.
A côté de l'assiette était posé un mot rédigé par Ron, elle reconnut immédiatement son écriture nerveuse.
Draco,
Je suis passé dans la matinée mais tu dormais si bien que j'ai préféré te laisser te reposer.
Je t'ai amené, ainsi qu'à Harry, des parts de mon gâteau d'anniversaire, régale toi. Et au cas où, étranglé par une compassion soudaine, tu veuilles me la laisser, je t'informe que je vais m'empiffrer de ce type de pâtisserie toute la journée alors vas-y, remplume toi grâce aux dons culinaires de maman Weasley.
Passe une bonne journée.
Ton Ron qui t'aime (t'as eu peur hein ? Ha ha ha !)
Hermione éclata de rire. Elle ne comptait plus les fois où Ron avait signé les hiboux qu'il lui envoyait de la même manière. Elle mit la machine à café en route et elle retourna dans le salon où Draco n'avait pas bougé. Elle le secoua doucement. Il ouvrit les yeux et elle crut déceler une certaine panique chez lui. Quand il la vit, il sembla rassuré…presque content de la voir. Si on lui avait dit un jour que Draco Malfoy lui offrirait un sourire sincère, elle se serait étranglée de rire. Mais les faits étaient là.
Il bascula en position assise en pinçant les lèvres et elle se demanda s'il s'était vrillé le dos sur le canapé.
« Tu vas mieux ? questionna-t-il, la bouche à peine ouverte, ses prunelles grises rivées sur elle. Ta grippe est passée ?
- Je vais bien, merci. » Décidément, c'était la journée des surprises avec lui ! Voilà qu'il s'inquiétait de sa santé à présent ! Elle fut tentée de lui demander qui il était vraiment et ce qu'il avait fait du vrai Draco Malfoy mais elle se ravisa. Si son client était dans de bonnes dispositions, autant éviter de le braquer avec des sarcasmes. « J'ai fait du café, tu en veux ? »
Draco hocha lentement la tête et il se leva en essayant d'avoir l'air le plus naturel possible malgré la douleur qui irradiait l'intégralité de son corps. Dès qu'il fut debout, tout tourna autour de lui et il vacilla légèrement, portant la main à son ventre comme si ce geste allait faire passer la nausée qu'il sentait monter en lui. Il respira profondément et avança précautionneusement, comme s'il marchait sur des œufs, le plus droit possible.
« Draco, tu te sens mal ? » interrogea Hermione avant de réaliser que le blond fixait ses pieds et qu'il ne pouvait, par conséquent, pas lire sur ses lèvres. Elle approcha et posa la main sur son avant bras pour capter son attention. Il releva légèrement la tête. « Tu te sens mal ? répéta-t-elle.
- Non, je suis juste encore un peu endormi.
- C'est pour ça que tu ouvres à peine la bouche pour parler et que tu te traînes comme si tu étais perclus de courbatures ? » insista-t-elle, suspicieuse.
Non ma jolie, ça c'est parce que ton pote Londubat m'a transmis ses amitiés à grands coups de poings et d'impardonnables. Il m'a peut être démonté la mâchoire, alors tu m'excuseras si je n'ouvre pas la gueule en grand.
Il haussa les épaules en espérant avoir l'air désinvolte et il avança en serrant les dents jusqu'à la cuisine où il se laissa lourdement tomber sur une chaise. Il parcourut le mot laissé par Ron et un sourire crispé se dessina sur ses lèvres.
« Sérieusement Draco, s'il y a un problème il faut que tu me le dises, renchérit Hermione en scrutant la moindre manifestation de douleur sur son visage.
- Ok, je suis tombé dans les escaliers. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, ajouta-t-il en pointant son oreille du doigt.
- Ah oui, j'ai lu un bouquin sur la surdité pendant que j'étais malade, ça joue sur l'équilibre. »
Draco lui décrocha un sourire goguenard et elle rougit furieusement, sachant qu'il devait certainement penser qu'elle n'avait pas changé et qu'elle était définitivement croisée avec un rat…de bibliothèque. C'était ce qu'il s'amusait à lui répéter lors de leur sixième année à Poudlard, quand il déambulait encore comme le maître des lieux, flanqué de ses deux gardes du corps, Crabbe et Goyle.
« Tu t'es fait mal à la mâchoire dans ta chute ?
- Oui. »
Elle détailla longuement son visage puis elle soupira, les deux mains sur ses hanches à la manière de Molly Weasley quand elle s'apprêtait à réprimander Fred et George.
« Alors dis moi, Draco, comment se fait-il que tu n'aies aucune marque sur le visage ?
- J'ai piqué une potion à Potter…On peut changer de sujet où tu veux inspecter l'hématome que je me suis fait au cul ? » Ironisa le blond en faisant mine de dégrafer sa ceinture.
Elle céda en le traitant de gros abruti mais il ne se formalisa pas. Il avait vu quelque chose qui ressemblait à de la sympathie dans le regard de l'avocate au moment où elle prononçait ces mots. Et s'il lui donnait les vraies raisons, s'il parlait de Londubat, que se passerait-il ? Serait-elle capable de protéger ses parents des représailles promises par l'Auror ? Il mourrait d'envie de la mettre au courant, juste pour que Londubat ait des ennuis, mais il ne pouvait pas faire courir de risque à ses parents et surtout, il lui était impossible d'avoir une once de confiance en Harry. Il avait retourné le problème dans tous les sens avant de s'endormir et il en était arrivé à la conclusion que de toute façon, s'il parlait à Ron ou Hermione du comportement de Londubat, Harry le couvrirait…N'avait-il pas laissé son ami lui jeter un Doloris au sein même du Ministère lorsqu'il avait été appréhendé ? Bien sûr, le procureur avait été choqué, et mécontent, mais le résultat restait le même : aucune sanction ne semblait avoir été prise à l'encontre de Londubat.
Et quelque chose disait à Draco que s'il s'avisait de tout raconter, la colère de l'Auror risquait de se décupler et il n'avait pas spécialement envie de voir ça.
« Tu me le dirais s'il y avait un problème, Draco ? demanda Hermione.
- Bien entendu. Tu es mon avocate et tu me connais…je ne cracherai jamais sur des dommages et intérêts. »
La jeune femme s'autorisa un sourire mais ses soupçons restèrent néanmoins intacts. Elle versa le café dans les tasses et elle s'installa face à Draco.
« Nous allons donc parler de ton affaire mais avant, il faut que je t'informe que j'ai reçu un hibou d'Azkaban ce matin. »
Le sang de Draco se glaça dans ses veines et il blêmit considérablement. Ses doigts se crispèrent sur sa tasse alors que toute douleur semblait avoir quitté son corps pour laisser à son cœur le loisir de cogner aussi fort qu'il le pouvait dans sa cage thoracique. Il n'était plus conscient que de son battement effréné et du frisson qui remontait de ses reins jusqu'à sa nuque.
« Mes parents ? questionna-t-il d'une voix rauque.
- Oui. »
Il était livide. Hermione fut touchée par l'émotion dégagée par le blond, sans se rendre compte qu'il ne s'agissait pas de joie mais de panique. Draco se frotta les yeux pour ne pas voir les mots se former sur les lèvres de l'ancienne Gryffondor. Il prit tout son temps pour reporter son attention sur elle. Instinctivement, sa main glissa sous son pull afin de caresser son ventre.
« Qu'est-il arrivé à mes parents ?
- Oh mon dieu, excuse moi Draco, je ne pensais pas que tu avais imaginé une mauvaise nouvelle ! S'exclama Hermione en sortant un parchemin de son attaché case. C'est juste que le directeur d'Azkaban m'a fait parvenir une lettre de ton père. Elle t'est adressée. Bien entendu, elle a été ouverte et lue par le directeur, puis par Harry…Tu comprends, ils doivent s'assurer qu'elle ne contient pas d'informations concernant l'affaire en cours, ou de projets d'évasion ou que sais-je encore ?
- Sans vouloir d'offenser, abrège Granger, et donne moi cette lettre, s'impatienta Draco.
- Sur un autre ton s'il te plait, » gronda Hermione en lui tendant le parchemin qu'il saisit d'une main tremblante.
Il le plia soigneusement pour le mettre dans sa poche.
« Tu ne lis pas ?
- Plus tard. » Il ne voulait pas que quiconque assiste au moment où il découvrirait le contenu de cette lettre. Il avait trop peur de se laisser submerger par l'émotion et de craquer…sa fierté lui interdisait de se laisser aller devant témoins. Il se doutait que son père avait dû faire court, et le plus impersonnel possible, mais il avait fait la démarche d'écrire, cela signifiait déjà « je t'aime » en soi.
« Si tu veux écrire à tes parents, n'hésite pas, reprit Hermione. Il faudra bien sûr qu'Harry vérifie le contenu, ou le fasse vérifier avant de transmettre, mais je pense que ça ne peut te faire que du bien de communiquer avec ta famille. »
Draco hocha la tête et pour la première fois depuis la visite de Neville, il se sentit heureux. Il éprouvait aussi une immense gratitude pour Hermione parce que, malgré tout le mal – justifié – qu'elle pensait de Lucius et Narcissa Malfoy, elle était prête à tout faire pour qu'ils communiquent avec leur fils. Elle le faisait pour Draco, c'était évident, mais malgré tout, elle devait certainement prendre sur elle et pour cela, Draco la remercia intérieurement. Il l'admirait aussi, pour sa force de caractère. Lui n'aurait pas été capable d'agir comme elle face à des gens qui avaient tenté de tuer ses amis…et peut être elle aussi, après tout, il ne savait pas la moitié de ce qui était arrivé en son absence.
Hermione lui exposa sa manière d'envisager sa défense, elle lui demanda des précisions sur le jour de la mort de Dumbledore ainsi que le contenu des réunions de l'Ordre du Phénix auxquelles il avait assisté. Ils discutèrent longuement du procès et lorsqu'elle prit congé, le ciel s'assombrissait. Bientôt, il ferait nuit. Bientôt, Harry rentrerait du Ministère et Draco sentait son euphorie retomber. Il avait peur que le procureur s'aperçoive de ses difficultés à marcher et à parler. Peur que, comme Hermione, il ne croie qu'à moitié à sa version de la chute dans les escaliers.
Il fallait qu'il se fasse oublier quelques jours, qu'il la joue fine devant Harry, jusqu'à ce que la douleur se soit calmée…à condition que Londubat ne revienne pas entre temps lui faire tâter de l'impardonnable. Mieux valait qu'il s'isole ou, au pire – c'est-à-dire en présence d'Harry - qu'il s'arrange pour rester assis. Pour la première fois depuis qu'il avait arrêté quatre ans plus tôt, il eut envie de fumer. Il se mit à fouiller la cuisine, agacé par sa lenteur due à l'élancement dans chacun de ses muscles. Enfin, il trouva un paquet de cigarettes laissé par Harry…dans le frigidaire ! Draco se demanda s'il était ivre en le mettant dans cet endroit incongru ou si le procureur était juste excentrique. Il eut un pincement au cœur en se disant que la première solution était la plus plausible.
Il retourna dans le salon en marchant lentement et, avec peine, il tira un fauteuil jusqu'à la fenêtre. Il s'y laissa tomber en soupirant, les deux pieds posés sur le siège, un bras entourant ses genoux alors que de l'autre main, il allumait une cigarette. Il s'étouffa avec la première bouffée mais il persista tout de même. Il se donna le temps de la fumer entièrement, le regard rivé sur la pluie qui s'écrasait en silence contre la vitre. Il rêvait de pouvoir sortir, respirer l'odeur agréable du goudron mouillé et offrir son visage à la pluie. Rester enfermé sans possibilité de s'aérer était une vraie torture pour lui. Harry avait-il conscience de la difficulté qu'avait Draco à rester enfermé sans jamais pouvoir prendre l'air ? Même les fenêtres restaient closes dans cette maison…Les prisonniers d'Azkaban avaient-ils, eux, l'occasion de faire quelques pas à l'extérieur ? Ses parents étaient-ils aussi cloisonnés que lui ? Quand il eut terminé de fumer, il se décida à sortir la lettre de son père pour la lire tranquillement.
Elle était brève et concise mais elle réchauffa le cœur du jeune homme. Lucius demandait de ses nouvelles et il le rassurait, affirmant que de son côté, tout allait bien. Il lui disait d'être fort et de ne pas se laisser abattre…c'était tout et c'était plus que ce dont Draco aurait pu rêver. La belle écriture déliée, un peu penchée, soignée, de son père – il avait le même genre d'écriture, mais en beaucoup moins soignée – sur le papier le ramena des années en arrière, dans le chalet que ses parents avaient acquis en montagne. La tempête de neige les avait empêché de skier et ils avaient passé un week-end des vacances de Noël à rédiger la liste de leurs doléances puis, chacun de son côté, avait écrit sur un parchemin une histoire dans laquelle le sorcier qui leur avait vendu le chalet périssait bien gentiment. C'était sa mère qui avait remporté tous les suffrages avec son histoire humoristique d'avalanche et de chiens trop enrhumés pour sauver le pauvre homme.
Il sourit avec nostalgie en repensant à son père, lisant tout haut son récit avant de le regarder avec fierté.
« Très jolie histoire, fils. Tu as beaucoup d'imagination mais, mon grand, 'démembrer' ne prend qu'un 'm'.»
Alors que Draco se perdait dans ses souvenirs, Harry, lui, affrontait le présent.
Il était dans la maison depuis dix minutes déjà mais il n'avait pas décroché un mot. Il restait figé, les bras croisés sur son torse, son regard froid fixé sur Ron et Kingsley qui prenaient des photos du corps sans vie de Miranda. Les dents serrées, il dépensait des montagnes d'énergie pour ne pas laisser exploser sa colère et sa tristesse. Encore une personne qu'il avait été incapable de protéger. Il la savait en danger pourtant. Il avait beau rester de marbre, il avait l'impression d'être en larmes derrière son masque.
« Je suis désolé, déclara Théo d'une voix blanche en se postant à côté de lui. Je n'aurais pas dû renvoyer Kingsley chez lui tout à l'heure. Il était le plus apte à venir en aide à Miranda en cas de problème.
- Non, tu as bien fait d'envoyer quelqu'un pour le remplacer, répondit Harry sans quitter le cadavre des yeux. Il fallait qu'il se repose. Et puis merde, elle était prévenue. Depuis le temps que je lui disais de quitter ce mec. »
Il n'en pensait pas un mot. Pour lui, Miranda n'était aucunement responsable du sort que lui avait réservé son mari mais c'était tout ce qu'il avait trouvé à dire pour déculpabiliser Théo.
« Kingsley s'en veut, poursuivit Théo.
- J'imagine oui, mais ce n'est certainement pas de sa faute. Il a fait tout ce qu'il a pu.
- Toi aussi, Harry, tu as fait tout ce que tu as pu, remarqua Théo en lui donnant une tape réconfortante dans le dos. Neville a conduit l'autre brute épaisse au Ministère pour l'interroger.
- Je vais l'envoyer croupir à Azkaban pour le restant de ses jours, ce fumier, articula lentement Harry d'une voix grave et douce qui sonnait comme une menace.
- Il y a intérêt. Un mec comme ça n'a rien à foutre dehors…Oh super, voilà Arthur Mc Beal, » soupira Théo.
Harry détourna le regard du visage tuméfié de Miranda pour observer l'arrivée d'Arthur Weasley. Il fallait qu'il ait une discussion sérieuse avec lui concernant sa manie de s'inspirer de toutes les émissions de télévision moldues dont il se repaissait dès qu'il rentrait chez lui. La plupart du temps, ses projets les plus fous restaient à l'état de projets, mais Harry en avait assez d'entendre les propre membres du Ministère se moquer de leur Ministre. S'ils en étaient arrivés à lui donner des surnoms en rapport avec des séries moldues, à n'avoir aucun respect pour l'instance suprême de leur société, ce n'était pas anodin. Il fallait qu'Arthur réagisse et mette un frein à son enthousiasme débordant. Même Ron et Harry finissaient par être agacés par ses lubies. Le procureur lui reconnaissait pourtant des avancées intéressantes dans le monde sorcier, comme l'électricité, cependant il fatiguait de l'entendre sans cesse vanter l'intelligence moldue sans comprendre les tenants et les aboutissants de certaines décisions qu'il prenait à la va vite….comme la réforme du système judiciaire sorcier. Quelque part, Harry l'en félicitait car enfin les Ministres n'avaient plus ce pouvoir atroce d'envoyer quelqu'un en prison sans procès équitable (il pensait toujours avec rage à Sirius, injustement accusé de meurtre, se détériorant pendant douze longues années à Azkaban) mais au final, malgré l'avancée constituée par ces procès, les pleins pouvoirs restaient dans les mains des Ministres et du procureur qui pouvait leur marcher sur la tête si bon lui semblait.
Arthur Weasley était pourtant un homme bon et généreux. Il pouvait être un Ministre compétent et respecté à condition de cesser de vouloir à tout prix transposer le monde moldu au monde sorcier. Harry voulait vraiment lui parler mais à chaque fois, le regard paternel d'Arthur faisait mourir les mots dans sa gorge.
« Bonjour messieurs, lança Arthur en leur serrant la main, l'air grave. Harry, je suis navré pour cette jeune femme. Je sais que son cas te tenait particulièrement à cœur.
- Je vous remercie, monsieur.
- Nous devrions dépêcher une équipe de scientifiques sur les lieux du crime, remarqua le Ministre.
- Monsieur, il n'y a pas de brigade scientifique dans le monde sorcier, répondit Harry d'une voix morne.
- Nous devrions en avoir une pour prendre des empreintes. Puisqu'on aborde le sujet, j'ai vu une série formidable sur la police scientifique de las vegas. C'est aux Etats Unis. Il faudrait que les Aurors bénéficient d'une formation pour faire parler les indices comme eux le font.
- Il n'existe pas de telle formation chez les aurors, Arthur, précisa Harry en enfonçant les mains dans les poches de son pantalon.
- Et dans le cas qui nous intéresse, nous connaissons le meurtrier alors les empreintes seraient inutiles… Nous avons d'autres moyens pour identifier les criminels, » ajouta Théo.
Ouais, et arrête de bouffer des épisodes des Experts matin midi et soir, songea hargneusement Harry.
« Oui mais quand même, insista Arthur, ce serait bien qu'on ait l'ADN du mari sur le corps de cette femme pour prouver sans laisser place au doute raisonnable que c'est bien lui qui l'a tuée.
- Monsieur, s'agaça Harry, il lui a défoncé la tête à coups de poings avant de lui balancer un Avada Kedavra. Nous en avons la preuve formelle puisque Ron a vérifié le dernier sortilège lancé par sa baguette. »
Le ministre se tut, à court d'arguments et Harry lui en fut reconnaissant parce qu'il était à deux doigts de perdre son sang froid. Il se surprit à penser qu'il aurait préféré que ce soit Miranda qui jette le sortilège ultime à son mari, pour sauver sa peau.
« Ma présence ici n'est plus indispensable, je repars au Ministère, » grommela-t-il en tournant le dos sans attendre de réponse.
Il transplana jusqu'au Ministère, sans prendre la peine de passer par son bureau avant de se rendre d'un pas précipité devant la salle d'interrogatoire où avait été emmené Desmond. Il frappa trois coups à la porte et entra. Desmond était nonchalamment avachi sur une chaise, les menottes magiques aux poignets, l'air presque satisfait. Neville se tenait debout devant lui, sa baguette étroitement serrée dans son poing pour intimider le prévenu. Harry avança dans la pièce, les deux mains enfoncées dans les poches de son pantalon. Il se posta derrière la table, de manière à mettre un obstacle entre Desmond et lui, au cas où il serait pris d'une subite envie de faire subir à l'assassin le même sort que celui qu'il avait réservé à sa femme en la frappant jusqu'à ce que son visage soit devenu méconnaissable.
« Bonjour Desmond, lança froidement Harry en fichant son regard dans celui de Desmond.
- Salut Proc', quoi de neuf ? répondit Desmond avec un sourire triomphant.
- La routine, Desmond…La routine. Des femmes massacrées par leurs maris et achevées par l'Avada Kedavra, par exemple. Dis moi, Desmond, quel effet ça fait de tuer une femme déjà au sol ? C'est glorifiant ?
- Ça calme bien les nerf, Proc'.
- Tu as tort de faire le malin. Tu devrais savoir, depuis le temps qu'on se connaît, que je ne te lâcherai pas.
- Ouais, maintenant tu arrêtes de faire le fier, et tu réponds aux questions, » intervint Neville en tapotant le plat de sa main avec sa baguette.
Desmond se ratatina un peu sur sa chaise, soudain moins sûr de lui. L'Auror était un guignol. Un homme qui gesticulait, qui prenait des postures qu'il voulait intimidantes. Il n'en n'avait pas le moins du monde peur. Mais le regard du Procureur avait changé, il était chargé de promesses de souffrances atroces alors que son attitude restait impressionnante de calme…Un calme menaçant. Desmond s'était toujours senti écrasé par Harry Potter lorsque ce dernier adoptait ce comportement glacial.
« Alors que fait-on, Desmond ? Demanda Harry d'une voix grave. On reste là à se jauger toute la journée ou tu te mets à table en priant pour que je ne t'envoie pas dans la même cellule que le cousin de Miranda ?
- Oui, tu te souviens, celui qui avait tenté de s'évader quand il avait appris que tu prenais sa cousine pour un défouloir, ajouta Neville avec un sourire faussement compatissant.
- Cette tentative d'évasion a dû beaucoup te faire rire, reprit Harry en penchant la tête sur le côté. C'est vrai, toi tu étais tranquille, dehors, et tu savais que personne à part Sirius Black n'avait pu s'échapper d'Azkaban. C'était…sécurisant, non ? Tu veux un avocat, Desmond ? Choisis en un bon si tu veux espérer voir autre chose que les murs d'Azkaban avant de mourir de vieillesse. »
Desmond ne prit pas la peine de répondre. Il se contenta de hausser les épaules.
« Il va être content, le cousin de Miranda, en apprenant que s'il n'a pas pu aller à toi…toi tu iras à lui, insista Neville.
- Vous fatiguez pas les gars, je vais parler de toute façon, soupira Desmond. Mon avocat va arriver, je l'ai déjà contacté. »
Harry lança un regard interrogatif à Neville qui confirma d'un signe de tête.
« On va l'attendre alors, décréta Harry qui ne voulait pas entendre deux fois de suite la manière dont Desmond s'était acharné sur Miranda. Et pendant ce temps, réfléchis bien à la version que tu vas nous donner. Nous voulons la vérité. »
Il pointa le menton en direction de la porte et Neville le suivit à l'extérieur de la salle d'interrogation. Il referma derrière eux et s'adossa au mur du couloir en fouillant dans la poche de sa veste de costume pour en sortir un paquet de cigarettes. Il en alluma une avec des gestes empreints de lassitude, ce qui n'échappa pas à Neville.
« Fatigué ? demanda l'Auror.
- Non, ça va bien Neville. T'inquiète.
- Malfoy t'en fait voir de toutes les couleurs ? »
Harry détourna le regard de sa cigarette pour se concentrer sur Neville.
« Je t'ai déjà dit ce matin qu'il se comportait bien, » répondit enfin Harry. Il resta silencieux quelques secondes, soucieux, puis il soupira profondément avant de reprendre. « Puisque tu abordes le sujet 'Malfoy'…je ne veux plus que tu dérapes comme la dernière fois, Neville.
- Pardon ? Interrogea Neville en ouvrant de grands yeux surpris. Qu'est ce que Malfoy t'a raconté ?
- J'étais là quand tu t'es servi de la magie contre lui ! Tonna soudain Harry. Il est dépourvu de pouvoirs, ce n'est pas loyal.
- Je devais le maîtriser, il était dangereux !
- Putain, souffla Harry avant d'inspirer la fumée. Tu lui as lancé un impardonnable, Neville. C'est très grave. Il faut que tu apprennes à te maîtriser ou tu vas avoir des problèmes au mieux…au pire tu pourrais aller à Azkaban et pas en tant que visiteur.
- Je te jure que ce n'est arrivé qu'avec Malfoy. Ne me dis pas que tu n'as pas envie de lui en mettre une…
- Oui, c'est arrivé, coupa Harry, glacial. Nous nous sommes même battus…mais d'homme à homme, je n'ai pas utilisé la magie contre lui. Et quand bien même, si je te parle de ça, ce n'est pas pour faire ton procès. Je passe assez de temps dans les pseudo tribunaux du Ministère, je ne vais pas m'amuser à faire des heures supplémentaires non plus. Je te dis juste de faire attention, et je le dis pour toi. Théo ne t'a pas trop à la bonne et il pourrait te couler à la moindre incartade. Il m'a reparlé de toi ce matin, c'est pour ça que je remets Malfoy sur le tapis. Pour Théo, tu es devenu incontrôlable. Il n'a plus confiance en toi.
- Oui mais face à toi, il n'a aucun poids, non ? questionna Neville en passant une main nerveuse dans ses cheveux. Il ne peut pas me virer si tu t'y opposes.
- Jette encore un sortilège impardonnable sous mon nez et je te laisse te démerder tout seul, on est bien clairs là-dessus ? »
Neville hocha la tête puis il détourna le regard avant de se retourner vers Harry avec un sourire forcé.
« Ça s'est bien passé ce matin au tribunal ? Tu as pu l'envoyer moisir en taule l'autre ?
- Oui, j'ai gagné. Mais Hermione m'a vraiment mené la vie dure sur ce coup là. Elle objectait sur tout.
- En même temps, c'est Hermione. Tu t'attendais à quoi d'autre de sa part ? »
Harry émit un rire empli de tendresse. Peu importait à quel point il la fuyait, elle restait sa meilleure amie et il avait besoin de savoir qu'elle n'était pas loin. Il se remémora la conversation qu'il avait eue avec elle en sortant de la salle de tribunal du Ministère et son sourire s'affadit. Il avait eu envie d'aller déjeuner avec Ron, Théo et elle. Il avait envie d'aller chez les Weasley ce soir pour fêter l'anniversaire de Ron. Il n'y arrivait pas. Il les aimait tous mais il était incapable de s'impliquer avec eux. C'était trop dur pour lui. Il avait trouvé une sorte de routine sécurisante à rester chez lui pour ruminer sa rancœur en compagnie de ses fantômes.
« Tu crois que Ron couche avec Malfoy ? demanda soudain Neville.
- Hein ? aboya Harry, pris au dépourvu.
- Ron…Il a quand même retourné sa veste vachement vite. Tu crois que Malfoy le tient par les couilles ?
- Ecoute Neville, s'agaça Harry en tirant énergiquement sur sa cigarette, je ne sais pas ce qu'il y a entre Draco et Ron. Ça ne m'intéresse pas. Mais je pense que tu connais mal Ron si tu imagines qu'il pourrait se laisser embobiner à cause d'une simple histoire de cul. Il est toujours accro à Dean au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.
- Oui, mais avoue que c'est louche. Il est tout dévoué à la cause de Malfoy à présent. Le soir où on l'a arrêté, Ron me disait que le fait de lui passer les menottes allait le faire jouir et maintenant, il jure ses grands dieux que Malfoy est innocent.
- Il a dit ça ? S'étonna Harry en levant un sourcil. C'est dégueulasse.
- Et puis rappelle toi qu'il avait proposé à Malfoy de coucher avec lui en échange de sa liberté, insista Neville alors qu'il portait une cigarette à ses lèvres.
- Je m'en souviens bien. Mais il n'aurait pas fait ça de toute façon.
- Qu'est ce que tu en sais ? Tu ne le fréquentes plus alors tu ignores ce dont il est capable. Par contre, tu sais très bien ce dont Malfoy est capable, non ?
- Arrête Neville, tu es en train de m'énerver là. » remarqua Harry d'une voix tremblante, qui signifiait qu'il était sur le point d'exploser.
Neville préféra rester prudent et se taire plutôt que de susciter la colère chez le procureur.
« Desmond a parlé avant que j'arrive ? interrogea Harry en faisant disparaître son mégot d'un coup de baguette magique.
- Il a juste raconté que Miranda avait mal lavé sa chemise et qu'il était plutôt content d'avoir débarrassé le monde d'une incapable pareille. Il me dégoûte ce mec. Frapper cette pauvre fille de la sorte, c'est ignoble.
- Je suis tout à fait d'accord avec toi. Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse trouver du plaisir à battre quelqu'un de cette manière.
- Miranda était la gentillesse incarnée, elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé.
- Personne ne mérite ça, précisa Harry en secouant la tête. Elle n'a plus que nous pour parler en son nom, Neville. Il ne faut pas qu'on laisse Desmond s'en tirer.
- Seriez vous en train de planifier l'assassinat de mon client ? » demanda une voix grinçante sur sa gauche.
Harry ne tourna même pas la tête. Il avait reconnu le timbre désagréable de Michael Corner et un rictus sarcastique se dessina sur ses lèvres. Il avait craint de se retrouver face à Hermione sur cette affaire, mais Desmond avait gardé son avocat attitré. Harry en était ravi car Michael n'était pas doué dans son domaine. Il lui manquait de solides connaissances pratiques et théoriques pour pouvoir prétendre mettre Harry en difficulté. Neville accueillit Michael avec un grand sourire satisfait et Harry haussa les sourcils…il s'étaient compris. Tous deux savaient que Michael allait saborder tout seul son client.
« Bien sûr que non, Michael. Nous savons tous que ton client est un ange…dans le genre un peu trash l'ange, » répondit Harry en broyant la main de l'avocat.
Michael haussa les épaules, sachant pertinemment qu'il était inutile de discuter plus que de raison avec le procureur. Il était bien trop têtu pour laisser une conversation lui échapper…trop brillant aussi. Harry lui fit signe de le suivre dans la salle. Michael s'exécuta sans dire un mot et il assista, pratiquement impuissant, à l'interrogatoire. Comme à son habitude, le procureur restait debout, d'un calme effrayant, ne parlant que pour aller droit au but. Parfois, il s'autorisait un sarcasme et Michael se croyait obligé de lui rappeler qu'il n'était pas là pour se moquer des prévenus. Ce à quoi Harry répondait par un regard noir.
Rapidement, Desmond énonça les faits. Froidement. Sans remords. Miranda avait mal lavé une chemise alors il l'avait frappée. Elle s'était mise à pleurnicher et ça n'avait fait que décupler sa colère. Il avait cogné sans discontinuer, visant essentiellement le visage, et il ne s'était arrêté que quand ses poings s'étaient mis à lui faire mal. Miranda gisait dans une mare de sang et un râle s'était échappé de ses lèvres tuméfiées. Alors Desmond était allé chercher sa baguette et il l'avait tuée pour éviter qu'elle porte plainte.
« Mais les Aurors Weasley et Londubat sont arrivés avant tu aies eu le temps de prendre la tangente, conclut Harry, les dents serrées, le teint très pâle.
- Z'êtes très perspicace, Proc', » fanfaronna Desmond. Harry le calma d'un regard. « Qu'est ce qui va m'arriver maintenant ?
- Azkaban, voilà ce qui va t'arriver. Dès ce soir, » rétorqua Harry avec un sourire en coin pour lequel il s'était directement inspiré de Draco. Un jour, alors qu'il était encore Auror, Harry avait interrogé un suspect récalcitrant et il s'était souvenu de l'effet que produisait sur lui ce rictus carnassier, qui ne présageait jamais rien de bon. Il le détestait à l'époque, mais mine de rien, à chaque fois qu'il voyait Draco afficher ce sourire, son estomac se contractait dans l'attente d'une remarque cinglante ou d'une mauvaise nouvelle. Harry avait alors plaqué le même type de rictus sur ses lèvres et le suspect avait eu un léger mouvement de recul, comme s'il s'apprêtait à plonger et s'apercevait que l'eau était infestée de requins.
Les épaules de Desmond se voûtèrent un peu et Harry remercia mentalement Draco.
Draco…Il avait vraiment l'impression d'avoir franchi une étape avec le blond la veille.
Il secoua la tête, intrigué par l'intrusion de ce genre de pensées dans son esprit à un moment aussi peu propice.
« Neville, dès que Ron sera rentré, vous amènerez notre ami Desmond à Azkaban. Je prépare les parchemins pour le transfert, » notifia Harry en se dirigeant vers la porte de sa démarche assurée.
Dès qu'il fut sorti, il alluma une cigarette sous le regard courroucé d'une secrétaire qui passait dans le couloir. Il la toisa, comme pour la défier de faire le moindre commentaire, puis il marcha jusqu'à son bureau, sans se presser. Il était fatigué et bien moins sûr de lui qu'il en avait l'air. Il balaya la pièce d'un œil morne, se remémorant les divers entretiens qu'il avait eus avec Miranda. Il la revoyait, assise sur la chaise en cuir noir. Terrifiée à l'idée de porter plainte contre Desmond.
Où avait-il fait une erreur avec elle ? Avait-il était trop pressant ? Sur la fin, il n'avait plus la patience de l'écouter énumérer les raisons pour lesquelles elle ne pouvait pas quitter son mari. Il était tranchant, étranglé par la sensation d'urgence. Il lui promettait une mort certaine si elle ne se soustrayait pas rapidement aux griffes de Desmond. Elle hochait la tête pour approuver. Harry sentait qu'il l'impressionnait et cela le mettait mal à l'aise. Elle se décidait, plus par crainte de le décevoir, puis, deux jours après, elle revenait dans ce même bureau, accompagnée de Desmond pour lui signifier qu'elle abandonnait les poursuites contre lui. Elle se faisait toute petite sur sa chaise, lançant à son mari des regards oscillants entre la pure adoration et la terreur sourde.
« Pardonne moi Miranda, » souffla Harry en s'avachissant sur son fauteuil.
Un coup frappé à la porte le tira de ses songes. Il n'avait envie de voir personne mais il ne pouvait décemment pas rester là, hébété et coupable, alors qu'il avait encore du travail. Il invita son visiteur à entrer et émit un sourire forcé en voyant Théodore. Le jeune homme tomba lourdement sur une chaise – la même que choisissait systématiquement Miranda – et il observa longuement Harry.
« C'est vraiment moche pour Miranda, dit-il enfin. Mais ne culpabilise pas. Je t'assure que tu as fait tout ce que tu as pu.
- A croire que ce n'était pas suffisant, répliqua Harry en passant la main dans ses cheveux pour les ébouriffer un peu plus. Ron est rentré ? J'ai son cadeau.
- Je crois que le plus beau cadeau que tu puisses lui faire, c'est encore de te pointer à la petite fête ce soir…Sérieusement, ne me laisse pas tout seul au milieu de tous ces Weasley, je vais faire une overdose !
- Herm' sera avec toi, tu ne seras pas seul, précisa Harry avec un pincement au cœur. Alors, Ron a vu Lupin ce matin, ou pas ?
- Ah oui, c'est Lupin qu'il s'appelle, plaisanta Théo en jetant une boulette de papier sur Harry. Je suis tellement habitué à penser à lui comme au prof miteux.
- Putain Théo, tu es resté très Serpentard dans l'âme.
- En même temps, j'étais à Serpentard alors forcément…» Il s'interrompit comme s'il se souvenait d'évènements particulièrement amusants puis il retrouva son sérieux. « Ron est passé voir Draco. Il a dit qu'il ne resterait pas longtemps et qu'il nous ferait son rapport ensuite.
- Sa conscience professionnelle me sidère, grommela Harry. Au lieu de venir directement chercher Desmond, il va coller Draco. S'il l'informe du déroulement de son entrevue avec Remus, je le fais suspendre.
- Allez Harry, sois pas aussi coincé. C'est son anniversaire quand même…et puis ta conscience professionnelle t'honore aussi, vieux. Tu voulais donner son cadeau à Ron, non ? Ce qui veut dire que tu lui aurais fait perdre un temps précieux alors qu'il doit conduire Desmond à Azkaban. En plus, avec l'émotion, il aurait pleuré et ça aurait fait couler son mascara…le drame !
- Ce que t'es con, » lança Harry sans pouvoir s'empêcher de rire.
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Draco était assis dans la cuisine, entouré de son habituel silence et, c'était une nouveauté, de la douleur provoquée suite à la visite de Neville. Sa mâchoire lui faisait atrocement mal et le thé sucré était tout ce qu'il pouvait ingérer sans pousser des grognements qu'il jugeait pitoyables même s'il ne les entendait pas. Il tournait distraitement les pages de son livre de Défense Contre Les Forces Du Mal pour chasser l'ennui et se concentrer sur autre chose lorsqu'il perçut un mouvement dans l'encadrement de la porte. Il se leva d'un bond, recevant alors une décharge de douleur dans la mâchoire.
« Ce que tu peux être nerveux, Draco, constata Ron en approchant, tout sourire.
- Ouais, essaye de passer juste une journée sans rien entendre et on en reparlera, attaqua Draco, la bouche à peine ouverte.
- Excuse moi, je ne voulais pas te faire peur. »
Ron s'installa sans y être invité et il se servit un thé en fixant les parts de gâteau toujours intactes sur la table. Draco se rassit et il passa la main sous son pull pour caresser son ventre. Il s'en voulait d'avoir aboyé sur Ron de la sorte. Il était son seul allié et, depuis qu'ils avaient conclus une trêve, il était aussi celui avec lequel Draco s'entendait le mieux. Il n'avait pas à payer pour ce que son ami Londubat avait fait, tout comme Draco n'avait pas à payer pour ce que sa tante avait fait à la famille de l'Auror.
« Je sais, » répondit enfin Draco d'une voix douce.
Ron le dévisagea longuement, avec une telle intensité que le blond dut faire un effort considérable pour soutenir son regard.
« Tu as quoi à la bouche ? demanda le rouquin.
- Pardon ?
- Ta bouche…Il y a quelque chose non ? Elle est à moitié fermée et laisse moi te dire que c'est louche de voir Draco Malfoy qui n'ouvre pas sa grande gueule. »
Draco tenta de se retenir de rire mais ce fut peine perdue. Lentement, son sourire s'effaça et il plongea ses prunelles grises dans celles de l'Auror. Pouvait-il lui dire la vérité ou valait-il mieux qu'il se contente de demi vérités ? Après tout, lui aussi était ami avec Londubat. Et si Neville apprenait qu'il avait parlé, qu'adviendrait-il de ses parents ? Le risque était trop grand, là aussi.
« Il n'y a aucun problème.
- Ah bon ? Alors dans ce cas, tu ne verras pas d'objection à manger une part de mon délicieux gâteau, n'est ce pas ? » renvoya Ron, l'air grave.
Draco songea que l'Auror devait être très efficace dans son travail car il était vraiment perspicace…et même quelque peu intimidant lorsque son visage se fermait, comme à l'instant. Draco prit un morceau d'orange qui ornait le gâteau et il l'inséra entre ses lèvres. Il fut incapable de le mâcher aussi l'avala-t-il tel quel en se donnant de grands coups de poings sur le plexus solaire, comme si cela pouvait aider l'aliment à glisser plus facilement.
« Ok, c'est bon…Je crois que je me suis fracturé la mâchoire, ou quelque chose comme ça, lança Draco. Je suis tombé dans les escaliers ce matin. Je n'ai pas un très bon équilibre. »
Ron resta muet mais son regard inquisiteur gêna Draco au plus haut point. Lentement, le rouquin se leva et il pointa sa baguette sur lui. Son souffle se bloqua dans ses poumons et il ferma les yeux, attendant que le sortilège l'atteigne de plein fouet, trop las pour essayer de se défendre. Qu'est ce que ça allait être cette fois ? Encore un Doloris ou quelque chose de plus original ? Une main passée délicatement dans ses cheveux l'incita à ouvrir de grands yeux étonnés.
« Bon, c'est une petite fracture, effectivement, diagnostiqua Ron en faisant tourner sa baguette entre ses doigts à la manière d'un batteur sans savoir que Draco trouvait cela particulièrement sexy. Harry s'était fracturé le poignet lors de la rencontre de Quidditch entre les membres du Ministère, il doit lui rester de la potion quelque part. Accio potion de consolidation ! »
Une petite bouteille à moitié pleine atterrit dans la main de Ron et il la tendit à Draco.
« Bois tout, ordonna-t-il. Cul sec. »
Draco obtempéra avec soulagement. A peine avait-il avalé la dernière goutte de potion qu'une douleur fulgurante s'empara de sa mâchoire inférieure et il ne put retenir un cri. Il porta les mains à son visage dans l'espoir vain de contenir la brûlure puis, aussi vite qu'elle était venue, elle disparut. Ron, qui s'était précipité pour le soutenir en frottant énergiquement son dos, recula un peu afin que Draco lise sur ses lèvres.
« Ça va mieux ?
- Impeccable. Merci, Ron. »
Le rouquin s'assit à nouveau et il tendit l'assiette de gâteau. Draco ne se fit pas prier pour en dévorer une part. Se sentant observé, il releva la tête en haussant un sourcil interrogateur.
« Dis moi, Draco, déclara Ron en se massant la nuque d'une main. Si tu es tombé dans les escaliers, comment se fait-il que tu n'aies aucune blessure sur les mains ? Toute personne normalement constituée se retiendrait en mettant les mains en avant, non ? Surtout que les escaliers de cette maison sont en vieux bois…t'as pas une seule écharde ?»
Draco paniqua quelques secondes avant de retrouver son sang froid.
« Je me suis tapé la tête contre la rambarde en tombant, ça a amorti la chute.
- Hum…J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi pâle que toi alors, excuse moi d'insister, comment se fait-il que tu n'aies même pas au moins une petite trace sur le visage ou le cuir chevelu à la limite ?
- Je ne marque pas facilement, mentit Draco.
- D'accord, Draco, tu ne veux pas me parler, soupira Ron en cessant de faire tourner sa baguette entre ses doigts. J'ai compris…Finite ! »
Draco opéra un mouvement de recul mais il ne put éviter le sortilège qui mettait fin au dernier sort reçu. Ron eut un hoquet de surprise en voyant le visage tuméfié du blond. Sa lèvre inférieure était enflée et fendue, son œil droit était pratiquement fermé par une boursouflure violacée et sa peau portait de multiples traces de griffures.
« C'est quoi ça ? questionna Ron d'un air horrifié. Qui t'a fait ça Draco ?
- Tu veux bien planquer ça avant que je m'énerve ?
- Merde, Draco ! »
Ron transplana et Draco poussa un long soupir. Si Ron parlait, les choses risquaient de vraiment s'envenimer. Il se leva avec peine mais il avait juste mis un pied dans le salon lorsque Ron revint avec une pommade qu'il brandit devant le nez du jeune homme.
« Ça va te guérir en deux secondes, annonça-t-il en laissant tomber le tube dans la main ouverte de Draco.
- Merci, » souffla le blond sans oser le regarder en face.
Ron prit son menton entre son pouce et son index pour l'inciter à lever les yeux vers lui.
« Qui t'as fait ça ?
- Personne. Je suis tombé dans l'escalier, je te l'ai dit.
- Très bien…Dans ce cas, qui a masqué tes blessures sans même prendre la peine de les soigner ? Je ne peux pas croire qu'Harry ou Hermione ait fait ça, alors qui, Draco ?
- Tu dois vraiment être très efficace dans ton travail, constata Draco avec un franc sourire. Un ami de Potter est venu le voir et il a juste voulu m'aider avant de partir.
- Quel ami ?
- Un brun. Il ne m'a pas donné son nom. S'il te plait Weasley, parlons d'autre chose.
- Mon prénom c'est Ron. Ecoute, je te laisse tranquille avec ça pour l'instant, mais je reviendrai à la charge, tu en es conscient ?
- Je te demande de taire ce que tu as vu aujourd'hui.
- Draco…Est-ce que quelqu'un fait pression sur toi, d'une manière ou d'une autre ? interrogea Ron en agrippant son poignet pour donner plus de poids à sa question.
- Tu crois vraiment que moi, je laisserai quelqu'un faire pression sur moi ? Tu me connais mieux que ça, Ron. Attends deux minutes ! »
Il sortit précipitamment du salon en concentrant toute son énergie à marcher normalement. Il passa dans la salle de bains pour étaler la pommade sur son visage en s'émerveillant de son efficacité, puis il descendit dans la bibliothèque pour saisir une feuille de parchemin. Lorsqu'il rejoignit Ron, l'Auror était toujours debout devant le canapé, attendant patiemment le retour du blond.
« Ce n'est vraiment pas grand-chose, déclara Draco en lui tendant le parchemin, mais bon anniversaire. »
Ron le fixa, stupéfait, avant de baisser les yeux et d'éclater de rire devant la caricature qui le représentait en train de danser en serrant amoureusement un Eclair de Feu dans ses bras.
« C'est génial, affirma Ron sans cesser de rire, rendant la lecture labiale particulièrement difficile pour Draco. C'est toi qui as dessiné cette caricature ? »
Draco hocha la tête, les joues rosies par la gêne d'offrir pour la première fois de sa vie, un cadeau à Ron Weasley. Un cadeau qu'il avait fait lui-même de surcroît.
« Je te remercie beaucoup, Draco. J'adore. Tu as beaucoup de talent tu sais ?
- Je me débrouille un peu. »
Draco humble ? C'était une nouveauté pour Ron. Il attira le blond contre lui pour l'étreindre rapidement avant de le relâcher.
« Merci, répéta-t-il. Je vais le faire encadrer.
- Tu peux aussi t'en servir de papier toilette si ça te chante, plaisanta Draco.
- Crétin ! »
Ron se pencha comme pour embrasser sa joue mais il se ravisa. Ils n'étaient pas assez proches pour qu'il se permette ce genre de familiarité. Il émit un sourire triste.
« J'étais juste passé prendre de tes nouvelles, je dois retourner au Ministère.
- Ron ! Héla Draco alors que le rouquin tournait les talons. Comment tu vas, toi ? »
- La routine, répondit Ron en faisant face au blond. C'est mon anniversaire et Dean…
- Il te manque ? demanda Draco en voyant qu'il ne terminerait pas sa phrase.
- Salement, oui. »
Il fit à nouveau volte face mais Draco le retint par le bras.
« Tu as le temps de boire un thé pour qu'on en parle ? Foi de moi, on va récupérer Thomas ! Ne serait-ce que pour que tu arrêtes de me faire des frayeurs en te pointant n'importe quand. »
Ron acquiesça d'un signe de tête et un mince sourire se dessina sur son visage. Ils ne discutèrent pas longtemps à cause des obligations de Ron mais le peu de temps qu'il passa auprès de Draco lui remonta le moral pour la soirée. Le blond avait une vision des choses bien à lui…Quant tout le monde disait à Ron de faire le deuil de sa relation avec Dean, Draco l'encourageait à séduire à nouveau le jeune homme et à lui montrer qu'il serait là pour lui à présent. Il parlait aussi de jouer des tours pendables au nouveau petit ami de Dean mais Ron préféra occulter cette partie de la conversation.
Draco mettait tant de conviction dans ses propos que Ron finissait par croire qu'une réconciliation restait possible et c'était tout ce dont il avait besoin pour le moment…Jamais il n'aurait pensé qu'un jour, Draco Malfoy lui redonnerait espoir.
Quand Ron retourna au Ministère, Draco resta quelques instants dans la cuisine, le temps de manger un peu de poulet froid, puis il monta dans sa chambre. Il était épuisé et tout ce qu'il voulait, c'était dormir pour oublier cette journée trop riche en émotions. Il se déshabilla en prenant soin de ne pas passer devant les miroirs et il se coucha.
Il dormait à poings fermés lorsque Harry rentra au beau milieu de la nuit, soutenu par Padma Patil. La jeune femme l'aida à s'asseoir sur le canapé et il prit sa tête entre ses mains pour empêcher la pièce de tourner.
« Tu as trop bu, Harry, remarqua Padma avec un sourire indulgent.
- Ta clairvoyance m'étonnera toujours. Je crois qu'on peut effectivement dire que j'ai un peu trop picolé, oui. Le Whisky Pur Feu est mon ami, » ironisa Harry.
Padma caressa doucement les cheveux noirs du procureur puis elle déposa un baiser sur ses lèvres. Sur lui, les odeurs de cigarette et de whisky se mêlaient à son eau de toilette…Padma ne connaissait que trop bien ces fragrances chez Harry et elle avait appris à les apprécier. La langue du jeune homme vint chercher la sienne et ils s'embrassèrent longuement avant que Padma ne repousse gentiment Harry.
« Tu veux faire l'amour ? demanda Harry en essayant vainement de se lever.
- Pas cette nuit, tu es trop ivre pour savoir ce que tu fais. »
Elle passa la main dans ses longs cheveux bruns en observant le procureur. Il était d'une beauté indéniable mais il avait un côté dangereux aussi. Il était trop abîmé pour vouloir une relation stable alors elle se contentait de passer quelques rares nuits avec lui, sans attaches, après avoir passé la soirée dans un bar, et cela lui convenait pour l'instant. Mais elle n'était pas dupe. Elle savait qu'elle se servait d'Harry en attendant l'homme dont elle tomberait amoureuse.
« Bonne nuit, Harry, susurra-t-elle en transplanant loin de lui.
- Bonne nuit, Parvati, » répondit Harry alors que la jeune femme était déjà partie.
Il resta de longues minutes comme hébété, à fixer l'écran noir de la télévision qui semblait lui repasser les images de la chute interminable de Sirius à travers l'arche et du visage méconnaissable de Miranda alors qu'elle gisait dans son propre sang.
« Je suis tellement désolé, » murmura-t-il sans savoir s'il s'adressait à son parrain ou à la jeune femme.
Il pensait à s'allonger sur le canapé pour y passer le reste de la nuit mais son estomac protesta violemment. Il n'avait rien mangé de solide depuis le matin et peut être qu'un sandwich pourrait aider sa tête à cesser de tourner. Il se leva, vacilla et manqua de tomber. Il se retint de justesse et se concentra pour trouver un point d'équilibre avant d'avancer en titubant jusqu'à la cuisine où il opta pour un paquet de biscuits aux pépites de chocolat, bien plus pratique dans son état qu'un sandwich pour lequel il aurait fallu se servir d'un couteau.
Il se laissa tomber sur une chaise, un biscuit calé entre les dents lorsqu'il vit la part de gâteau restante sur la table, ainsi que le livre de Défense Contre Les Forces Du Mal. Il l'ouvrit machinalement au chapitre qu'il connaissait par cœur, même si cette nuit, il aurait été bien incapable d'en citer le moindre passage tant l'alcool lui embrumait le cerveau. Il savait, aujourd'hui, tout sur l'Occlumencie, qu'il s'agisse de théorie ou de pratique. Il était devenu incollable sur le sujet et il pouvait se targuer de ne jamais souffrir d'intrusion non désirée dans son esprit. Pour lui, il s'agissait du pouvoir le plus important qu'il ait eu à développer…Si seulement il l'avait maîtrisé avant. Avant que Voldemort pénètre son esprit et lui fasse payer le prix fort de son manque d'assiduité aux cours d'Occlumencie. S'il avait demandé à Rogue de poursuivre sa formation dans ce domaine, Sirius serait toujours en vie, et cette idée contaminait complètement Harry.
« Merde, » soupira-t-il en refermant le livre d'un coup sec.
Il trempa le doigt dans le nappage au chocolat du gâteau de Ron et il le porta à sa bouche en essayant d'ignorer sa désagréable envie de pleurer. Il allait répéter le même geste quand son regard tomba sur la note adressée à Draco. Il la lut rapidement avec une grimace de dégoût. Neville avait-il raison ? Y avait-il quelque chose d'autre qu'une amitié naissante entre son meilleur ami et le blond ? Cette éventualité le révulsait, sans qu'il sache pourquoi. D'un geste rageur, il froissa le parchemin et le planta dans le gâteau.
Il se sentait si seul…
Il se releva en s'appuyant sur la table pour ne pas vaciller, puis il monta les escaliers en titubant. Il comptait se coucher et cuver son Whisky tranquillement mais il passa devant la chambre de Draco et il fut pris d'une irrépressible envie de savoir s'il l'évitait ou s'il était simplement endormi. Il entra en essayant de faire le moins de bruit possible et se cogna dans la valise qui traînait par terre. Il poussa un juron qu'il étouffa derrière sa main avant de réaliser que de toute façon, Draco ne l'entendait pas. Il avança prudemment pour éviter de tomber. Il distingua l'ombre d'une chaise sur sa droite et il la tira jusqu'à la tête du lit. Il s'assit, ses longues jambes étirées devant lui, les mains dans les poches de son pantalon et il scruta le visage de Draco dont les détails se profilaient plus précisément alors que les yeux d'Harry s'habituaient à la pénombre.
Le jeune homme dormait profondément et un léger ronflement s'échappait de ses lèvres entrouvertes. Harry ne put s'empêcher de songer que ce ronflement était adorable et il se gifla mentalement pour ça. Malgré ce visage hautain et ce nez pointu, Harry l'avait toujours trouvé beau. Mais cette nuit, il était magnifique de sérénité. Tellement plus fort que lui.
« Toi t'aurais pas foncé tête baissée pour sauver Sirius, hein ? demanda Harry d'une voix éraillée, en regrettant de ne pas avoir monté une bouteille de Whisky Pur Feu avec lui. Mais qu'est ce que tu aurais fait, toi, face à Miranda ? Rien sûrement, vu que tu ne penses qu'à ta gueule. »
Des larmes de tristesse et d'amertume naquirent dans ses yeux et il n'eut pas la force de les refouler. Il pleura longtemps, en silence, et il ne se rendit pas compte que les ronflements de Draco avaient cessé.
« Harry, tu es ivre ? souffla soudain le jeune sourd en se redressant pour allumer la veilleuse.
- Non, laisse éteint ! » ordonna vainement Harry en se redressant sur sa chaise alors qu'il avait l'impression que son cœur allait exploser de douleur.
Comme il n'avait pas entendu la requête du brun, Draco alluma la lumière et il resta figé face à Harry qui s'essuyait les yeux du plat de la main en reniflant.
« Il s'est passé quelque chose aujourd'hui ? » interrogea Draco d'une voix rauque alors qu'il s'asseyait, le dos appuyé contre la tête du lit.
Harry tenta de lui sourire mais plus ses lèvres s'étiraient, plus ses yeux se mouillaient. Draco réalisa qu'il était très imbibé d'alcool et il finit par se dire que si ça lui permettait de donner libre cours à son chagrin, peut être n'était-ce pas un mal pour ce soir.
« Harry ? insista Draco en passant la main dans ses cheveux.
- Elle est morte. Je n'ai rien pu faire, souffla Harry alors que deux grosses larmes roulaient sur ses joues.
- Qui est morte ? »
Harry détourna le regard, honteux et il passa son avant bras sur son visage afin de le sécher avec la manche de sa chemise. C'était peine perdue, de nouvelles larmes glissèrent sur sa peau.
« Miranda, murmura Harry. Miranda est morte.
- Qui est Miranda ?
- Eteins la lumière, s'il te plait, implora Harry en plaquant ses deux mains sur son visage.
- Je ne pourrai plus lire sur tes lèvres si j'éteins.
- Je m'en fous, » soupira Harry.
Draco haussa les épaules et il actionna l'interrupteur de la lampe de chevet, plongeant ainsi la chambre dans une semi obscurité réconfortante pour le procureur. Son ombre, un peu avachie sur la chaise, se découpait dans la pénombre. Draco voyait ses épaules voûtées et il lui semblait qu'il parvenait même à discerner les larmes qui brillaient sur ses joues. De sa place, il sentait l'alcool et la cigarette mais, au lieu de le gêner, cela le rendit triste. La souffrance d'Harry était tellement palpable ce soir qu'elle semblait presque contagieuse. Draco pouvait la ressentir, elle s'insinuait en lui, lui brisait le coeur et il ne savait pas quoi dire pour aider Harry à la contenir.
« Harry, qu'est ce que je peux faire ? » questionna-t-il dans un souffle.
Il ne savait pas si Harry avait ou non répondu. Il n'avait pas l'impression que le brun ait parlé aussi tendit-il la main sans comprendre pourquoi il le faisait. Contre toute attente, Harry se redressa et ses doigts se refermèrent autour de ceux du blond qui réprima un gémissement de douleur tant la poigne était puissante. Draco poussa un soupir résigné et il attira Harry vers lui en ignorant ses muscles encore endoloris par son entrevue avec Neville. Le procureur se laissa entraîner sur le lit d'un pas chancelant et il tomba dans les bras qui s'ouvraient pour accueillir son désespoir. Il nicha son visage dans le cou de Draco alors que ses bras serraient désespérément sa taille et il sanglota longtemps dans la chaleur de la peau de son compagnon.
Draco caressa doucement ses cheveux pour l'apaiser sans cesser de le tenir étroitement contre lui afin de lui transmettre un peu de sa force. Peu à peu, Harry se calma et son corps cessa de trembler contre celui de Draco. Son souffle effleura la peau nue du blond et sa bouche se déposa délicatement sur sa clavicule. Draco sursauta.
« Ne fais pas ça, Potter, dit-il en relâchant son étreinte alors qu'Harry embrassait sa gorge. On s'en voudra demain. »
Il sentit les lèvres d'Harry bouger contre sa peau. Il lui parlait et Draco eut envie de hurler qu'il ne pouvait pas l'entendre. Sa respiration se fit plus saccadée et il dut lutter pour la ramener à la normale.
« Tu devrais aller dormir à présent, » grinça-t-il en poussant Harry hors du lit.
Il s'allongea, rabattit les couvertures sur lui et attendit le départ d'Harry…Départ qui n'eut jamais lieu. Harry se coucha derrière lui, le menton sur son épaule, un bras autour de sa taille et il s'endormit rapidement. Draco resta éveillé, sans oser bouger, sans comprendre pourquoi le procureur était venu chercher du réconfort auprès de lui.
Tu ne dois vraiment avoir personne d'autre sous la main, Potter, pensa-t-il en fermant les yeux dans l'espoir de trouver le sommeil.
A suivre…
On ne peut pas dire que ça bougeait beaucoup dans ce chapitre mais bon…j'espère que vous ne vous êtes pas trop ennuyés quand même.
Merci d'avoir lu jusqu'à la fin (pour ceux qui ont tenu le coup) et à bientôt.
Bizzz, prenez soin de vous.