Nom de l'auteur : Olessya
Titre : Contrairement aux apparences
Genre : Romance yaoi
Couples : Cf titre
Contrairement aux apparences.
Chapitre 1Le silence régnait depuis quelques minutes entre eux. Ils s'observaient, se scrutant intensément. L'homme aux cheveux châtain clair détourna enfin le regard, se penchant vers lui, un sourire narquois se dessinant sur ses lèvres.
« Tu vas me dire enfin pourquoi tu as ce sourire satisfait depuis tout à l'heure ? Pourquoi tu es venu me trouver ? Tu as quelque chose à me dire ? »
Son interlocuteur sourit plus largement et renonça à jouer les mystérieux plus longtemps.
« Tu as vu juste. Je me suis décidé à le faire ! » dit-il, l'air triomphant.
« A faire quoi ? »
Le ton était légèrement impatient et fit sourire le jeune grec, heureux de son effet d'annonce.
« Allons, tu n'as pas oublié ! Tu me reproches depuis des mois de te bassiner avec ça ! »
« Camus… » soupira-t-il. « Je suppose que ça a un rapport avec lui. »
« Exact ! »
« Et tu as fais quoi, au juste ? Tu essaies de ménager le suspens ? »
« Je ne vais pas te faire languir : je lui ai écrit une lettre. »
Son vis à vis cligna légèrement des paupières.
« Et il a réagi comment ? »
L'homme se redressa, retrouvant son sérieux, l'air soudain soucieux.
« Je ne sais pas… » avoua-t-il « Ma lettre était anonyme et il ne m'en a pas parlé. J'espérais qu'il me dise quelque chose. Faut croire qu'on est pas assez proche ou qu'il se doute d'où elle vient…. »
Son ami rit franchement :
« Sacré Milo ! Tu tergiverses durant des années et le jour où tu te décides enfin, tu fais une lettre anonyme ! Tu es incroyable dans ton genre… »
« Moque-toi ! Il m'a fallut rassembler énormément de courage pour déjà écrire cette lettre ! »
« Le connaissant, il ne va pas prendre ça au sérieux. Ou alors…. Il pensera à une jolie jeune fille qui l'aime en secret et il sera déçu. »
« J'ai pensé à tout, figure-toi ! Ma lettre est très sérieuse et je lui ai dis que j'étais un homme. »
Aiolia ouvrit de grands yeux :
« J'aurais été curieux de voir sa réaction. C'est dommage s'il ne t'en parle pas, tu ne sauras jamais et ton courage ne t'aura servi à rien… »
« T'en fais pas, je saurai bien. J'ai ajouté une requête dans ma lettre. Je verrais bien s'il y répond ou non. »
« Tu m'étonneras toujours ! »
Le Lion se mit à rire à nouveau et se laissa retomber dans son fauteuil.
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
Il observait sans rien dire le joli visage épanoui rejeté en arrière, les yeux plissés par la joie, les cheveux bleu-ciel épandus sur les épaules musclées ; se renfrognant comme l'hilarité de son voisin se prolongeait.
Perdant patience, il lui arracha finalement la lettre des mains.
« Quand tu auras fini de rire, nous pourrons peut-être discuter sérieusement ! A moins que ce ne soit toi qui me fasse cette mauvaise farce…. »
Aphrodite cessa de rire mais garda un air mutin et les yeux brillants d'intérêt pour la situation.
« Pourquoi penses-tu que ce soit une blague ? » demanda-t-il.
« Ca m'en a tout l'air…. »
« Je te rassure, ce n'est pas moi qui ai écrit ça. »
Le Suédois se rapprocha de lui tel un chat et passa un bras autour de ses épaules. Le Français se renfrogna encore davantage.
« Camus-chéri, je t'ai déjà dit que tu n'étais pas tout à fait mon genre… » susurra-t-il à l'oreille du Verseau « Tu as bel et bien un admirateur secret ! »
« Cesse de jouer avec moi ! Je ne suis pas là pour ça ! »
« Et pour quoi alors ? Je suis ton conseiller pour tes affaires de cœur ? Je suis flatté ! »
Camus se dégagea, l'air mécontent. Il se sentit immédiatement mieux en s'éloignant de quelques mètres du chevalier des Poissons.
« Si ce n'est pas toi, qui alors ? Et pourquoi ? »
Aphrodite le dévisagea d'un air malicieux.
« Tu es mieux placé que moi pour savoir. Tu vas te décider à goûter aux plaisirs homosexuels ? »
« Hmmm… Je ne sais pas. Je n'y ai pas réfléchi encore. » avoua Camus, songeur.
« Il y a déjà du progrès, tu y penses…. »
Camus sourit ironiquement, retrouvant une contenance.
Il partageait d'ordinaire le même cynisme que le Suédois. Il avait donc pensé pour l'occasion que son voisin serait l'homme le plus à même de le comprendre même si son exubérance le déstabilisait parfois.
« Alors ? Que comptes-tu faire ? »
« Répondre à sa demande pour voir. Tu aurais une chemise rouge à me prêter ? C'est aussi pour cela que je suis venu te voir. »
« Je dois bien avoir ça…. Tu vas vraiment la porter ? »
« Dans la lettre il est écrit que si je ne trouve pas cette déclaration ridicule ou choquante, je dois mettre une chemise rouge. Je verrais bien ainsi qui je croise demain…. »
« Je dois comprendre que ça signifie que tu es intéressé ? »
Camus eut un sourire énigmatique et il fit demi-tour sans répondre. Ce fut seulement lorsqu'il eut atteint la porte qu'il jeta un regard derrière lui.
« Tu verras bien ! »
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
Milo arrivait vers lui, le pas rapide, un grand sourire sur le visage, les yeux brillants. Aiolia s'arrêta pour l'attendre, curieux.
« Alors ? » demanda-t-il immédiatement.
« Ca a marché ! Il m'a répondu ! »
« Fort bien. Et qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ? »
« Je ne sais pas encore…. Lui écrire de nouveau… et puis peut-être lui fixer un rendez-vous… »
« Tsss ! Tu ne pourrais pas aller tout simplement le trouver et lui avouer tout cela en face ? Tu le vois tous les jours et faut que tu uses de tels stratagèmes…. »
Le visage de Milo s'assombrit.
« On voit que tu n'es pas amoureux ! Tu ne peux pas comprendre…. »
Aiolia eut un sourire moqueur :
« Qu'est-ce que tu en sais ? Puis où est passé le fier Milo pour qui aucune fille ne durait plus d'une nuit ? »
« Camus est différent. Il est…. »
« Bien sûr, formidable, je sais ! Franchement, je ne sais pas ce qu'il s'est passé le jour où tu en es tombé amoureux, quel dieu s'est joué de toi mais tu te serais épris d'une des colonnes de ton temple que ça ne m'aurait pas plus surpris. »
Milo ne répliqua rien, regardant le sol, perdu dans ses pensées.
Aiolia le regarda, regrettant ses mots.
Il n'appréciait guère le froid chevalier du Verseau, trop distant, méprisant et renfermé. Il essaya de se remémorer son visage par la pensée mais dans les traits certes délicats mais figés et sévères du Français, rien n'attirait l'affection ou même la sympathie.
D'où pouvait être né cet amour étrange ? Peut-être un défi que Milo s'était fixé… Si ce n'était pas le cas et s'il était vraiment lié au Verseau par les sentiments, ce serait alors une source de souffrance pour son ami grec. Pouvait-il le protéger de ça ?
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
Il ne fut guère surpris de trouver à son retour une de ces lettres qui le laissaient à chaque fois perplexe. Il commençait à y être habitué.
La personne qui s'adressait ainsi à lui semblait le connaître et son malaise venait du fait que malgré ses recherches, il ne pouvait toujours pas mettre un visage derrière ces mots.
Il avait mené une enquête et l'écriture ne correspondait pas à celle de quelqu'un qu'il aurait pu connaître. De toute façon, il s'agissait probablement d'un apprenti dont il ignorait même l'existence….
Mais comment arrivait-il alors à déposer ses lettres sans se faire remarquer ? L'épiait-il ?
Il ne s'était jamais senti observé et un chevalier d'une classe inférieure n'aurait pu tromper sa vigilance.
L'homme avait-il des complices parmi les chevaliers d'or ?
Ca aurait bien ressemblait à Aphrodite de jouer les entremetteurs. Mais le Suédois avait eu l'air de découvrir la lettre lorsqu'il la lui avait montrée. Ou alors, il était un excellent comédien….
Et puis à quoi ressemblait son admirateur ? Peut-être était-il beau garçon… Ca n'aurait pas été déplaisant s'il avait eu un physique agréable, un corps bien bâti comme Masque de mort, des traits réguliers comme en avaient Shaka ou Mû et pourquoi pas de jolis cheveux ondulés comme ceux de Milo…. Cela aurait été flatteur, en tout cas, pour son ego.
Il fallait donc qu'il sache à qui il avait à faire. Il détestait ne pas avoir le contrôle de la situation.
Pour avoir la réponse à toutes ses questions, il fallait tendre un piège à son mystérieux adorateur et le démasquer.
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
Il avait ostensiblement quitté son temple comme s'il se rendait à une convocation chez le Grand Pope avait de faire demi-tour et de se cacher dans l'ombre d'une colonne. Deux jours sans quitter son temple, son admirateur devait être aux abois et ne manquerait pas une telle occasion.
Il n'eut pas longtemps à attendre avant de distinguer une petite silhouette qui se faufilait parmi les colonnes, tentant de se dissimuler.
Sa proie ! Enfin il la tenait !
Un frisson de plaisir le parcourut tandis qu'un sourire de satisfaction se formait sur ses lèvres.
Le jeune garçon filait, ne voulant pas prendre de risques et il ne put savourer plus longtemps le plaisir de savoir sa victoire si proche car sa proie avait déjà glissé l'enveloppe sous sa porte et s'apprêtait à disparaître aussi vite qu'elle était venue.
Camus leva le bras, concentrant sa cosmoénergie dans la paume de sa main pour en faire jaillir un rayon bleuté chargé de minuscules particules translucides.
L'adolescent tomba lourdement sur la dalle de marbre comme un oiseau foudroyé en plein vol, les pieds pris dans la glace.
Camus s'approcha de lui lentement, savourant la terreur qui se lisait dans les grands yeux noisette. Comme il se penchait sur lui pour le détailler, il se sentit un peu dépité. Son prisonnier n'était encore qu'un enfant. Il semblait trop apeuré, secoué par les tremblements de son corps qu'il n'arrivait pas à contrôler, semblant le voir davantage comme une sorte de monstre que comme un amant potentiel.
Il ne devait être qu'un messager.
« Qui t'a demandé de me porter cette lettre ? » demanda le Verseau d'une voix calme et grave plein de majesté.
L'enfant grimaça, semblant en proie à un intense dilemme intérieur.
« Je ne peux rien dire… » lâcha-t-il finalement. « J'ai juré… »
Camus sourit ironiquement, levant la main pour le menacer à nouveau.
« Et cette promesse vaut-elle la peine que tu meurs pour la tenir ? »
L'enfant se mit à trembler de plus belle, regardant alternativement le sol puis la main qui allait lui ôter la vie.
Camus le laissa réfléchir.
« C'est le Seigneur du Scorpion qui m'a demandé de le faire… » se décida-t-il finalement à avouer.
Le bras du Français retomba le long de son corps tandis que sa cosmoénergie retrouvait son niveau initial. Il écarquilla les yeux de surprise.
« Milo… ! »
Abasourdi, incrédule, il resta quelques secondes comme figé. Il relâcha l'emprise de la glace sur le jeune garçon qui détala immédiatement.
Etait-ce une farce ? Voulait-il se moquer de son sérieux légendaire ? Ou le faire déroger à ses principes en lui faisant croire à cette rocambolesque histoire pour le railler ensuite ?
Quel était le but de cette manœuvre ?
Il serra les dents, la colère montant en lui, se sentant trahi.
Furieux et trahi.
Il allait tout de suite s'en expliquer avec Milo.
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
Affalé dans un fauteuil, il rêvassait en écoutant de la musique. Il se sentait d'humeur joyeuse ces derniers temps en voyant ses plans lentement mais sûrement le rapprocher de Camus.
Lui avouer ses sentiments, même de façon anonyme lui apportait un immense soulagement.
Il avait passé des années à se torturer, à se demander s'il oserait un jour se dévoiler et tout lui semblait simple à présent.
Peut-être que ses rêves se réaliseraient bientôt ?
Il fut soudain surpris par un bruit et n'eut pas le temps de se redresser qu'il se retrouva face aux grands yeux marine qui hantaient ses pensées.
Le visage de Camus apparut comme par magie devant lui, son regard luisant d'une flamme inhabituelle.
« Ca… »
Il se sentit saisi à la gorge avant même qu'il eut pu se réjouir de sa présence.
« Alors comme ça c'est toi le mystérieux poète ? »
Il sursauta à cette nouvelle, surpris. Son cœur se mit à battre plus vite. Ainsi, il savait déjà ? Mais comment ?
Il aurait pu s'en sentir soulagé mais la situation ne s'y prêtait pas.
La main sur son cou le serrait davantage, l'empêchant d'inspirer. Sa vue se brouillait.
« Tu voulais te moquer de moi ? »
Il voulut se défendre, dissiper le malentendu mais il ne put prononcer aucun mot.
« N… »
Camus le relâcha et le repoussa brutalement. Il se retrouva projeté au fond du fauteuil qui sous le choc, recula. Le Français avança vers lui lentement, les yeux noirs de colère.
« Plus jamais ça, tu m'entends ? Je ne tolérerai pas qu'on se foute de moi ! »
Milo avait retrouvé son souffle et sa vivacité. Il se leva pour l'arrêter, le voyant sur le point de quitter les lieux.
« Attends ! Ce n'est pas ce que tu crois ! »
« Ah oui ? » fit Camus sur un ton moqueur.
Son cerveau lui semblait engourdi et il n'arrivait plus à rassembler les mots appropriés pour lui faire sa si importante déclaration. Toujours sa vieille crainte et la bouche sèche comme à chaque fois qu'il le voyait, la tentative d'étrangement n'ayant rien arrangé.
Et puis Camus en proie à la colère était infiniment séduisant. Il ressemblait plus que jamais à un félin, sauvage et magnifique.
Il jugea qu'il valait mieux agir que parler et sans plus réfléchir, il le saisit par la nuque, l'attirant à lui. Il ferma les yeux.
Il colla ses lèvres aux siennes, en prenant sauvagement possession pour quelques secondes. Mais aussitôt, sans qu'il ait pu savourer ce baiser tant attendu, il se sentit repoussé et la gifle partit.
« Ne recommence plus jamais ça ! »
Camus fit demi-tour dans un envol de cheveux marine et disparut le laissant seul, l'écho du claquement de la porte résonnant dans sa tête et la joue brûlante.
Tout ce qu'il pouvait craindre…. Le pire venait d'arriver. Il avait lui-même brisé son rêve.
C'était la fin à présent.
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
A suivre…