Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Et nous voilà partis pour la suite des Secrets d'Hermione !


Chapitre 80

Retrouvailles

Harry saisit le portoloin qu'Algie Londubat lui tendait. Le même plumier en bois vernis qu'il avait utilisé pour se rendre à la gare de Pré-Au-Lard. Il n'avait rien vu des ruines du village et il doutait que ses camarades les eussent vues également. Ils ne traversaient pas Pré-au-Lard avec les diligences pour se rendre sur le minuscule quai de la gare. Il pensait à n'importe quoi – le sourire d'Hermione quand il lui avait tendu le miroir ; le fou rire de Neville il ne savait plus à quel propos quelques heures plus tôt ; le visage rond de Luna ; la voix de Ginny qui lui donnait des conseils pour sa partie d'échecs ; cette première victoire sur Ron, l'esprit tout à fait ailleurs- Il n'en ressentit pas moins le malaise habituel au creux de son nombril.

Il reconnut le bureau de Dumbledore au Delacour Trade Hotel avant même de réunir tous ses esprits perturbés par le voyage. Il sortit de la pièce vide. Dans le couloir il rencontra Deepher, les pieds nus et son costume de majordome impeccable. L'Elfe s'inclina devant lui :

- Les bagages de Monsieur Harry Potter sont dans sa chambre, dit-il. Monsieur Harry Potter veut-il manger quelque chose ?

- Bonjour Deepher, répondit Harry un peu interloqué. Il n'y a personne ?

- Tout le monde n'est pas encore rentré, Monsieur. Mr et Mrs Weasley sont allés chercher les enfants, Monsieur. Monsieur Bill est allé accompagner Miss Fleur à Douvres ce matin. Elle est partie pour la France pour quelques jours. Messieurs Fred et George sont à leur boutique. Miss Tonks travaille aujourd'hui, Monsieur. Il y a trois jours que nous n'avons pas vu Mondingus Fletcher. Mr Lupin est parti il y a quatre jours. Il a pris quelques affaires avec lui. Mr Percy est à l'hôpital. Mr Maugrey n'est pas là non plus, monsieur.

Harry crut noter une satisfaction certaine de l'elfe lorsqu'il évoqua l'absence de Fol-Œil. Le jeune homme fut contrarié cependant, qu'il n'y eut personne pour l'accueillir et qu'on put le laisser seul dans cet appartement.

- Deepher peut faire à manger pour Monsieur Harry Potter, Monsieur, reprit l'elfe avec espoir.

Harry ne put s'empêcher de sourire. Après tout il n'était pas seul. Il était entre de bonnes mains.

- Je n'ai pas faim, Deepher, assura-t-il certain que Mrs Weasley avait prévu pour le soir un repas pantagruélique. Mais j'ai très soif.

L'œil globuleux de l'Elfe s'alluma.

- Bièraubeurre, Monsieur ? J'ai du jus de citrouille en conserve aussi. Ou bien du thé ? Mondingus Fletcher a réussi à nous procurer plusieurs boites de thé des Indes de première qualité. On n'en trouve plus que chez les moldus. Tout le monde s'est jeté sur les denrées de première nécessité, Monsieur. Avec ses rumeurs de guerre…

- Heu… Deepher, fit Harry un peu gêné, ce sont plus que des rumeurs, tu sais…

L'elfe soupira en lui cédant le pas pour entrer dans la cuisine.

- Je le sais, Monsieur… C'est juste que j'essaie de ne pas trop y penser… Si jamais Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom revenait au pouvoir, Deepher pourrait dire adieu à ses vêtements, Monsieur.

Harry s'installa à table tandis que l'elfe faisait chauffer l'eau pour le thé.

- J'aimerai mieux une bièraubeurre, Deepher, s'il te plaît, l'interrompit Harry.

L'elfe courut à la réserve. Il en ramena plusieurs bouteilles.

- Je suppose que les jeunes gens vont arriver assoiffés, dit-il en souriant.

Harry compta quatre bouteilles sur la table.

- Hermione ne sera pas avec eux, annonça-t-il.

Les oreilles de l'Elfe se collèrent à sa tête, lui donnant un air malheureux qu'il n'essayait même pas de cacher.

- Miss Hermione ne sera pas là cet été, Monsieur ?

- Je le crains, Deepher.

Deepher rangea la bouteille de trop. Il avait un air si abattu qu'Harry en éprouva de la pitié pour lui.

- Mais, je suis sûr qu'elle aura une pensée pour toi, où qu'elle se trouve.

Harry trouva que le sourire d'un elfe de maison valait parfois celui d'un gobelin.

- Avez-vous des nouvelles de Charlie ? demanda-t-il en avalant sa première gorgée de bièraubeurre.

Deepher se rapprocha de lui, avec des airs de comploteur.

- Pas de nouvelles, depuis des jours. Des semaines… Tout le monde est très inquiet. Deepher a entendu Mrs Weasley pleurer. Et Miss Tonks est très en colère.

- Contre Charlie ? s'étonna Harry.

- Non, contre le Professeur Dumbledore. Et contre Mr Maugrey aussi. Et contre Mr Lupin.

- Parce qu'ils ne l'ont pas laissée aller en Roumanie ? demanda Harry toujours ébahi.

- Je ne sais pas, répondit Deepher. Mais elle et Mr Bill et Miss Fleur sont en colère contre la Chambre du Secret.

Deepher roula des yeux entendus vers le couloir. Harry lui sourit, satisfait. Ainsi, il n'était pas le seul qu'on laissait dans l'expectative. Et Charlie une fois de plus était au centre des inquiétudes.

Le bruit de la sonnette retentit au moment même où Harry entendait du bruit derrière la porte. La voix de Mrs Weasley était reconnaissable même à travers une porte protégée par la magie. Deepher se précipita. Ginny se précipita sur une bouteille de bièraubeurre. Ron rentra en traînant les pieds. Il s'affala sur une chaise, la main dans la poche, prêt à sortir son miroir dès le premier signe d'appel.

- Ron ! Ginny ! appela Mrs Weasley essoufflée. Ne laissez pas vos affaires encombrer le couloir ! C'est chaque fois pareil ! Je ne suis pas votre domestique ! Vous allez me faire le plaisir de lever tout de suite votre derrière de ces chaises et ranger vos valises et tout votre capharnaüm !

Deepher se précipita. Il avait déjà le sac de Ginny dans une main, la valise de Ron dans l'autre et quelques autres bagages sous les bras quand Mrs Weasley l'arrêta d'un mot.

- Deepher ! Veux-tu laisser cela, je te prie ! Je ne veux pas que ces enfants prennent des habitudes de luxe… Tu n'es pas à leur service…

Deepher laissa tomber les valises, d'un air désabusé. Ginny ramassa ses bagages, dégoûtée. Harry se leva en riant pour aider Ron. Il prit la cage de Coq et l'emporta dans la chambre avec le sac des affaires scolaires de son ami.

Ron se laissa tomber sur le lit. Il sortit son miroir de sa poche et se mit à le contempler longuement.

- Tu ne crois pas que tu exagères un tout petit peu ? demanda Harry toujours riant.

Le désarroi de Ron lui semblait totalement dérisoire, cependant il lui faisait relativiser son propre ressentiment. Ron devait se sentir aussi abandonné qu'il avait cru l'être en arrivant au Delacour Trade Hotel. Il s'assit à côté de lui.

- Appelle-la toi-même, puisqu'elle te manque déjà ! conseilla-t-il.

- Elle va croire que je ne peux pas me passer d'elle, dit Ron en rougissant.

Harry éclata de rire. Au même instant le miroir se troubla :

- Oui ? fit Ron avant même de voir apparaître le visage de sa chère Hony dans la glace.

- Coucou, tous les deux !

Hermione semblait heureuse. Elle répondait aux questions angoissées de Ron avec le sourire. Harry ne put s'empêcher de l'envier quand elle leur raconta que ses parents avaient loué une superbe villa avec une piscine et un grand jardin. Les sorties leur étaient comptées mais ils n'auraient pas à se plaindre du manque d'espace. Puis Harry sortit de la chambre et rejoignit Ginny dans le petit salon. Elle fit une grimace quand elle le vit.

- Tu connais la nouvelle : Fleur est partie en France pour quelques jours. Comment on va faire pour lui parler de Mélusine ?

Harry avoua qu'il n'en savait rien. Il avait complètement oublié Mélusine, d'ailleurs, l'esprit tout occupé de sa rancœur envers Dumbledore qui n'avait pas daigné lui accorder plus que les quelques minutes nécessaires à son embarquement dans le Poudlard Express. Il réalisa en même temps que Remus ne serait pas là non plus et qu'il ne pourrait l'interroger davantage sur Sirius. Ginny lui fit signe de venir s'installer auprès de lui.

- Dans quelques jours, Charlie devrait rentrer, soupira-t-elle. On saura au moins ce qu'il faisait en Roumanie.

Harry fit une moue dubitative. Si Hermione avait raison, il n'était pas certain que Charlie voulût enfin dire ce qui l'avait éloigné ainsi durant ces années.

- Si on était au Terrier, ragea Ginny à voix basse, on pourrait chercher dans la bibliothèque de papa. Il a tout plein de livres de toutes sortes, d'occasion bien sûr, mais on aurait peut-être pu trouver quelque chose.

Harry s'installa dans le fauteuil et posa ses pieds sur la table basse.

- Ecoute Ginny, on n'a pas le choix… On est bloqué ici, sans bouquin, sans Fleur, sans Hermione, sans Charlie, ni quiconque qui pourrait - ou voudrait – nous en apprendre plus sur Mélusine…

- Et si on demandait à Luna ?

- Ginny ! Laisse tomber ! Pour l'instant, on respire, on se calme. On replongera dans les profondeurs de Poudlard dans quelques jours… De toutes façons, j'y retourne dans deux semaines. Je me débrouillerai pour vérifier dans le bureau de Rogue si les livres que nous cherchons y sont… J'aurai tout le temps de faire des recherches.

Ginny préféra ignorer l'amertume dans le ton de son ami. Elle changea de sujet.

- Maman est sur les nerfs, dit-elle. Tu as entendu le langage qu'elle a employé il y a quelques minutes ! Vous allez lever votre derrière de ces chaises pour ranger vos affaires ! Heureusement qu'on n'est plus Square Grimmaurd ! Elle nous aurait fait refaire le ménage de la cave aux combles ! C'est à peine si elle m'a félicitée pour avoir obtenu mes BUSE. Elle n'a même pas pris la peine de pester contre les jumeaux quand j'ai demandé de leurs nouvelles. Tout juste a-t-elle soupiré quand Ron a voulu prendre de celles de Percy. Papa est parti avec les Granger. J'ai compris qu'ils devaient rejoindre Dumbledore…

Harry et elle échangèrent un regard intéressé.

- Tu crois qu'ils… commencèrent-ils en même temps.

- Le Fidelitas ? s'exclama Harry à voix basse.

- Et papa comme Gardien ? renchérit Ginny. Ce n'est quand même pas ça qui inquiète maman, tout de même ?

- Non ! fit Harry. Ce qui l'inquiète c'est juste Charlie, Percy, la situation à Poudlard, la guerre, les jumeaux qui ne veulent pas dire comment ils ont eu l'argent pour la boutique et Bill qui ne veut pas se marier !

Ginny se mit à rire d'un petit rire nerveux.

- Attends donc qu'elle se penche sur le cas de Ron ! Le pauvre petit Ronnie qui ne mange plus, ne dort plus, ne répond plus que par monosyllabes, s'enferme dans sa chambre pour parler tout seul à un miroir pas plus grand qu'un mouchoir de poche et qui se plonge dans ses devoirs d'été sans qu'on le tanne pour ça !

Harry se tenait les côtes, pris lui aussi d'un fou rire qu'il ne pouvait contrôler.

- Tu n'as vraiment pas de pitié, Ginny ! Ni pour Ron ni pour ta mère ! Elle n'est pas si aveugle que cela ! Tu crois réellement qu'elle n'a rien remarqué au sujet de Ron et Hermione ?

- Bien sûr que oui ! Pourquoi crois-tu qu'elle n'arrête pas de dire et redire qu'ils n'ont pas intérêt à faire autre chose que leurs études, à Poudlard… Elle sait de quoi elle parle. Papa et elle se sont rencontrés à l'école ! Je me demande si c'était pour lui le philtre d'amour qu'elle a fabriqué…

Harry lui jeta un regard en coin. Il cessa de rire un instant, puis ils explosèrent en même temps. Ron venait de les rejoindre, totalement stupéfaits de les entendre rire ainsi.

- Qu'y avait-il dans vos bièraubeurres ? demanda-t-il.

- C'est sans doute Deepher qui nous a lancé un sortilège d'allégresse au passage, dit Ginny. Il a dû trouver que l'ambiance était drôlement plombée ! Au fait, tu en aurais bien besoin, Ronnie. Si tu voyais ta tête…

Ron se leva, un sourire au coin des lèvres.

- Je sens que je vais aller mieux dans quelques jours…, dit-il sur un clin d'œil à Harry. Vous avez l'air de bien vous entendre tous les deux. Deepher devrait lancer des sortilèges d'allégresse plus souvent.

Il leur tourna le dos, satisfait de sa tirade. Il ne sut s'il devait prendre le nouvel éclat de rire de son ami et de sa sœur comme une confirmation de ses impressions ou comme une moquerie à son égard. Il préféra s'en tenir à son idée première et se dirigea vers la cuisine, le cœur un peu moins lourd, pour saluer Deepher de la part d'Hermione.

La bonne humeur d'Harry continua toute la soirée. Bill, revenu de Douvres, où Fleur avait pris le bateau pour la France, apprit à ses frères et sœurs et leur ami que lui et Tonks les accompagneraient en ville le lendemain, puisque Harry avait émis le souhait de renouveler sa garde robe. Ce dernier lui confia la clé de son coffre pour qu'il lui ramenât quelques espèces sonnantes et trébuchantes et qu'il lui fît le change en argent moldu afin de s'acheter enfin des vêtements décents.

- J'irai chez Gringott's pendant que vous vous rendrez auprès de Percy, dit-il en rangeant la clé dans la poche de son pantalon.

Harry leva vers lui des yeux étonnés.

- Moi aussi ? hésita-t-il à demander.

- Tu sais, grimaça l'aîné des Weasley, il a beaucoup changé et il a eu le temps de réfléchir aussi… Il a vu passer bien des blessés et des morts à l'hôpital où nous l'avons transporté.

Bill posa sa main sur l'épaule d'Harry, rassurant.

- Mais si tu ne veux aller le voir, tu n'y es pas obligé, bien sûr, lui sourit-il. Tout le monde le comprendra. Tu sais les jumeaux ne lui ont rendu visite pour la première fois qu'il y a un mois seulement. Et George n'est pas encore convaincu qu'on doive lui accorder notre entière confiance.

- Ca ne m'étonne pas de lui, murmura Harry en essayant de sourire. Mais je serais heureux de voir le nouvel hôpital que la générosité de ce nouveau membre dont m'a parlé Dumbledore et l'argent de Sirius ont permis de créer.

Il passa la soirée dans sa chambre à discuter avec Ron et Ginny des vêtements qu'il garderait et de ceux qu'il avait l'intention d'acheter. Il fit également la liste des affaires qu'il devrait racheter au Chemin de Traverse. Aucun des trois n'osa demander si cette année, on leur laisserait le loisir de se rendre dans l'allée commerçante. Ils parlèrent longtemps de leurs attentes du lendemain. Ginny s'endormit au pied du lit de son frère, pelotonnée contre lui, et Bill la porta dans sa chambre avant de redescendre dans l'appartement de Fleur. Ron appela Hermione sur le miroir et lui souhaita une bonne nuit à voix basse. Aucun des deux ne voulait rompre le contact le premier et le bonsoir s'éternisait. Harry avait du mal à cacher son fou rire, même en se tournant contre le mur. Enfin, Ron rangea son miroir. Il éteignit la lumière et se tourna lui aussi contre le mur. Harry lui dit bonne nuit, et Ron lui répondit d'une voix enrouée. Cela ne faisait pas vingt-quatre heures qu'ils s'étaient quittés. Les vacances allaient être difficiles pour son ami.

Harry s'éveilla et s'étonna de ne pas entendre les ronflements de Neville. Puis il se souvint qu'il était au QG de l'Ordre et qu'il était en vacances. Un chuchotement attira son attention vers le lit de Ron qui parlait à voix basse, encore tourné contre le mur, une faible lumière au bout de sa baguette magique.

- Bonjour Ron ! Bonjour Hermione ! clama Harry en allumant la lumière.

- Salut Harry ! répondit Ron. Hermione aussi te dit bonjour.

- Tu lui as dit qu'on allait se balader à Londres aujourd'hui ?

Ron rougit un peu.

- Non, avoua-t-il. J'ai pas eu le temps.

Harry se mit à rire. Il prit ses affaires et alla s'habiller dans la salle de bain. Il déjeunait tranquillement dans la cuisine, entouré des attentions de Molly et de Deepher, quand Ginny fit son apparition, encore échevelée, à demi réveillée. Elle subit aussitôt les assauts maternels sans se rebeller d'avantage que d'un grognement. Elle fit une grimace gênée à Harry qui savait pourtant qu'elle savourait ces premiers moments avec délices. Ron arriva, l'air moins malheureux que la veille. Il fit sur-le-champ les frais des effusions de Mrs Weasley. Elle lui trouva mauvaise mine, l'air abattu, le teint pâle, et le cheveu terne. Elle lui servit séance tenante une pleine assiette de galettes qu'il refusa avec prudence. Il déjeuna tout de même avec appétit, ce qui n'empêcha pas sa mère de trouver cela anormal. Elle se tourna vers Ginny et Harry et les interrogea d'un regard.

- Qu'est-ce qui lui arrive ? s'alarma-t-elle. Il est malade et on ne me l'a pas dit ? On ne vous soigne donc pas non plus là-bas ?

Ginny plongea le nez dans son bol de porridge et Harry haussa une épaule pour signifier qu'il n'en savait rien. Un regard à Ginny fit voler en éclats ses intentions de ne pas rire.

La matinée passa très lentement. L'heure du repas s'éternisa. Mr Weasley parlait de choses et d'autres avec Bill. Ce dernier était allé le matin chez Gringott's appelé d'urgence par Ragnok au sujet d'un dossier litigieux. Il en avait profité pour faire la commission d'Harry. Mr Weasley s'intéressa vivement à l'argent moldu et Ron étudia avec attention les divers billets que son frère avait ramenés. Il avait également changé de l'argent pour sa sœur qui voulait elle aussi monter sa garde robe à ses propres goûts, ainsi que pour Ron.

Enfin, ils partirent. Comme les jeunes gens ne pouvaient transplaner, ils furent conduits à la périphérie de Londres par la voiture de fonction de Mr Weasley avant que celui-ci ne rejoignît le Ministère. Harry regardait le paysage vallonné défiler à travers les vitres. Ron était un peu nerveux. L'idée de revoir Percy ne lui souriait guère. Il gardait à la mémoire l'image de son frère à l'agonie et il n'avait aucune idée de l'état dans lequel il allait le retrouver. Ils roulaient à présent sur une route de campagne, bien que Mr Weasley leur assurât qu'ils n'étaient pas très loin de Londres. Le chauffeur tourna à gauche et s'engagea sur une allée bordée de grands chênes plusieurs fois centenaires. La voiture s'avança vers un immense portail ouvragé, aux écussons gravés dans les deux vantaux. Ils passèrent devant, lentement. Harry sourit devant les yeux ébahis de Ron. C'est à peine s'il remarqua les armes marquées sur la porte : un lion d'or rampant, en haut à gauche, et une aile blanche en bas à droite. La devise, sous le blason, il n'eut pas le temps de la lire. Il interrogea Ron qui haussa les épaules.

- Je ne sais pas, répondit le jeune Weasley. C'était pas de l'anglais.

Harry n'osa pas poser la question à Arthur. Si Dumbledore n'avait pas jugé bon de lui communiquer l'identité de ce "nouveau" membre, nul doute que Mr Weasley ne voudrait pas lui en apprendre plus. Ils contournèrent les murs impressionnants d'un parc qu'on devinait par derrière. Une grille moins imposante s'ouvrit devant eux. Le véhicule s'avança sur une autre allée qui menait vers un perron, découvrant aux yeux stupéfaits des jeunes gens un manoir tel qu'ils n'en avaient jamais vu.

- Heu… fit Ron. Pas mal comme résidence secondaire, non ?

Ginny gardait la bouche ouverte et Harry referma la sienne pour ne pas avoir l'air aussi stupide. Le chauffeur ouvrit la porte à Mrs Weasley. Bill aida sa mère à descendre de la voiture. Ils se retrouvèrent dans une cour, pas loin du parc arboré qu'ils avaient aperçu en arrivant. Molly appela ses enfants et les pressa vers l'entrée. Elle se tourna vers Harry, une interrogation au fond des yeux.

- Je préfère rester dehors, dit Harry en rougissant.

Le sourire de Bill le rassura. Le jeune homme lui promit de venir un peu plus tard lui tenir compagnie. Ron eût bien voulu rester avec son ami, mais sa mère le poussait déjà vers la porte, tandis que la voiture repartait par le chemin d'où elle était venue.

Harry observa un moment la façade du manoir, du toit gris à la pierre vieillie. L'aile droite paraissait inoccupée. Cependant, Harry ne voulut pas tirer de conclusions hâtives. Dans le monde magique, ce qui paraissait était rarement ce qui était réellement.

Il flâna vers le parc, sous la fraîcheur des arbres dont il ne connaissait pas le nom. Il lui tardait de rejoindre Tonks en ville. Il se sentait mal à l'aise dans ses vêtements et il avait hâte de changer d'allure. D'ordinaire, cela ne le gênait guère, sa robe de sorcier cachait sa garde-robe miteuse. Il réfléchissait aux moyens qu'il emploierait pour subtiliser les livres qui l'intéressaient dans le bureau de Rogue.

- Eh ? Potter ?

Harry se retourna vivement. Il n'en croyait pas ses yeux. C'était bien McGregor qui s'avançait vers lui depuis l'allée qui contournait le manoir.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? s'exclamait-elle sans attendre d'arriver à sa hauteur. L'un de tes amis a été blessé ?

Elle montrait du pouce la porte par où étaient entrés les Weasley.

- Non, répondit Harry encore sous le choc de la surprise. Les Weasley sont venus voir leur frère, Percy. Et toi ? Tu as de la famille à l'hôpital ?

McGregor fronça les sourcils. Harry eut conscience qu'il venait de dire quelque chose de très bête.

- L'hôpital, reprit la jeune fille, c'est chez moi… ou du moins chez mon père.

Harry resta sans voix. Pourquoi n'y avait-il pas songé lui-même.

- Je croyais que tu vivais en Ecosse, balbutia-t-il.

- En effet, acquiesça Ellie. Disons que nous sommes ici en transit… Nous prenons le bateau pour la France demain matin, maman et moi. Papa veut que nous passions l'été là-bas. Nous y avons de la famille.

- Oh ! fit Harry toujours décontenancé. Ta mère est Française ?

La jeune fille retint un rire.

- Non ! Papa a de lointains cousins en Touraine. L'un de ses arrière-arrière-arrière-grand-oncles faisait partie de la garde écossaise de Charles VII.

Harry ne pouvait détacher son regard de la jeune fille. Elle portait un chemisier blanc, aux manches courtes et plusieurs jupons en dentelle, tous dans différentes couleurs de bleus. Elle ressemblait à une diseuse de bonne aventure, une Gypsie des romans du XIX° siècle. Elle paraissait différente de la préfète de Serpentard qu'elle était à Poudlard. Elle ramena ses cheveux bruns en arrière d'un geste de la main.

- Charles VII ! répéta-t-elle. Le Roi de France ! Tu sais, l'Angleterre et l'Ecosse n'ont pas toujours marché la main dans la main.

Harry hocha la tête.

- Ces Gryffondor ! se moqua-t-elle. Pas deux noises de culture.

Harry sembla reprendre ses esprits.

- Les armes sur la grille, commença-t-il… Le lion, on dirait celui de Gryffondor, à l'envers.

- Oui, n'est-ce pas, approuva McGregor. Et tu trouves cela étrange pour une famille de Serpentard…

Harry rougit. Il contempla la pointe de ses chaussures pour ne pas affronter le sourire moqueur de la demoiselle.

- Le lion est aussi l'emblème de la famille royale d'Ecosse, continua-t-elle. Les McGregor ont été autorisés à le mettre sur leur blason pour services rendus.

- Mais ce sont des armoiries moldues, hésita à rappeler Harry. Et je croyais que les McGregor étaient des sang-purs.

- Cela date du temps où l'Ecosse s'appelait encore Alba, Potter, et où le monde des sorciers et celui des moldus n'étaient pas encore séparés. Les McGregor ont toujours répondu présent quand on leur a demandé leur aide. Et ils l'ont souvent apportée même à ceux qui ne la demandaient guère. Ils se sont toujours levés quand la justice, la liberté et le droit ont été bafoués. Autant pour la terre d'où ils sont issus, que pour ceux qu'on opprime et spolie. Je te l'ai déjà dit, Potter. L'Ecosse est une terre où la magie est toujours vivante. Elle a toujours fait partie de son histoire. N'écoutes-tu jamais quand on te parle ?

Harry ne sut que répondre. Il mit les mains dans ses poches, conscient de son pantalon à la fois trop court et trop large, de son T-shirt déformé, de ses cheveux en bataille et de ses chaussures aux lacets dépareillés. Il regretta sa robe de sorcier. Il songea aussi qu'il devait s'acheter une nouvelle paire de souliers.

- Et toi ? reprit McGregor sur un sourire, la tête légèrement penchée sur le côté, comme pour mieux profiter de l'embarras du jeune homme. Tu sais enfin où tu vas passer tes vacances ?

- Pour l'instant, je suis chez les Weasley, dit Harry avec une assurance envolée depuis longtemps.

Il se sentait mal à l'aise et il réalisa que ce n'était pas dû à l'insigne de Serpentard qu'elle portait d'ordinaire, et pour cause. Elle avait une manière si directe de regarder les gens. Il avait déjà remarqué cela, qu'ils fussent de ses camarades, amis ou ennemis, ou même professeurs, elle plongeait toujours son regard droit dans celui de son interlocuteur. C'était extrêmement dérangeant, perturbant même. Elle se rapprocha de lui et lui désigna le parc d'un geste de la main.

- J'ai interrompu ta promenade, dit-elle. Mais quand je t'ai vu depuis la fenêtre de ma chambre, là-haut, je n'en ai pas cru mes yeux. Puis, je me suis souvenue que le reste de Oak Mansion abritait un hôpital de campagne et j'ai craint qu'il ne soit arrivé quelque chose aux Weasley… enfin, à Ginny.

- Ginny va bien, lui assura Harry.

Il y eut un silence gêné.

- Je te ferais bien faire le tour du propriétaire, reprit-elle, mais je ne connais pas bien la maison. C'est la première fois que j'y viens… Du moins, la dernière fois que j'y suis venue je n'avais que trois ou quatre ans… Et puis, je n'ai pas le droit, normalement, de me trouver dans cette partie du manoir.

Elle fit une grimace et haussa les épaules, pour montrer qu'elle se moquait de cette interdiction.

- Nell !

McGregor leva les yeux au ciel dans un soupir, tandis qu'un jeune homme arrivait dans son dos. Harry fut frappé de la ressemblance entre lui et l'homme qui était venu chercher la jeune fille à Poudlard.

- Nell ! J'étais sûr de te trouver dans les parages !

Ellie se tourna vers le nouveau venu, les sourcils froncés.

- Ne m'appelle pas comme ça ! grinça-t-elle lorsqu'il fut à quelques pas.

Le jeune homme ne parut pas se formaliser de l'air furibond de la jeune fille. Il jeta un œil curieux à Harry tout en lui rappelant qu'elle n'avait pas à franchir certaines limites.

- Je n'ai pas le droit de saluer mes amis, alors ? réclama McGregor.

Le jeune homme sourit et Harry reconnut le même petit air narquois que celui qu'avait un peu trop souvent à son goût McGregor.

- Tes amis ? Tu en as donc ? Daigneras-tu dans ce cas me faire l'honneur de me présenter à ton ami ?

Il reporta son attention sur Harry, une lueur d'amusement dans les yeux. McGregor soupira d'exaspération.

- Quentin, voici, Harry Potter, l'un de mes camarades de Poudlard. Potter, voici Quentin McGregor, mon frère.

Elle leva les yeux au ciel une seconde fois sur ces derniers mots. Harry ne savait s'il devait sourire de la grimace d'Ellie ou s'inquiéter du regard que le jeune homme posait sur lui. Quentin McGregor parut se rendre compte qu'il dévisageait Harry d'une manière peu courtoise. Il tendit la main vivement.

- Ravi de vous rencontrer, Harry Potter, dit-il précipitamment. Pardonnez-moi, je ne m'attendais pas à…J'ignorais qu'Ellie vous comptait parmi ses amis

- Heu, moi aussi… fit Harry en serrant la main du frère d'Ellie.

- Vous aussi quoi ? demanda Quentin McGregor. Vous aussi vous êtes ravi de me rencontrer ? Ou vous aussi ignoriez que vous faisiez partie des amis d'Ellie ?

- Les deux, répondit Harry avec un franc sourire cette fois.

Voir cette peste se faire remettre à sa place était quelque chose qu'il n'espérait plus. Il osa soutenir le regard du frère de la jeune fille. Il avait environ le même âge que Bill, ou peu s'en fallait. Il avait les mêmes yeux que sa sœur, un peu moins grands peut-être et plus sévères.

- Harry Potter ! répéta Quentin McGregor avec une moue impressionnée. Eh bien, Nell, tes relations valent celles de Père.

Harry attendit la riposte de McGregor. Elle glissa le regard vers son frère avec un sourire contraint.

- Tu sais bien que j'ai toujours privilégié la qualité à la quantité, répliqua-t-elle, ironique.

Son frère posa son bras autour de ses épaules et l'attira en riant contre lui, d'un geste protecteur.

- Alors, Harry Potter, vous-même comptez-vous ma chère soeur parmi vos amis ? Ou bien vous a-t-elle enrôlé d'office dans la suite de ses admirateurs ? Elle est très courtisée, vous savez. Je me demande d'ailleurs pourquoi… ajouta-t-il avec une lueur de malice au fond des yeux. Elle a un tel caractère !

- Oh ! fit McGregor sur un ton qui donna des sueurs froides à Harry. Potter est un Gryffondor, Quentin : il ne craint pas de se trouver face au danger. De plus, il n'aime pas la facilité. En toutes choses.

Quentin McGregor surprit l'éclair dans les yeux du jeune homme devant le sourire moqueur d'Ellie. Il donna une pression de la main sur l'épaule de sa sœur et elle baissa les yeux.

- Par Merlin; Ellie ! souffla-t-il. Si c'est ainsi que tu traites tes amis, je ne veux pas savoir ce que tu fais à tes ennemis…

Elle releva vivement les yeux vers Harry et lui fit un sourire complice auquel il répondit presque malgré lui. Le souvenir de ce qui était arrivé aux six agresseurs de Luna et Neville lui revint à la mémoire.

- Au fait, bien joué, pour Moon, dit-il

- C'était pas mal non plus, ce qui est arrivé à Green, reprit Ellie.

Harry prit un air innocent.

- Mais je n'ai rien fait à Green ! se défendit-il. C'est le calamar géant qui l'a sauvé de la noyade. Est-ce ma faute s'il a jugé bon de le secouer dix bonnes minutes à plusieurs mètres au dessus du lac avant de le reposer sur le sol ?

- Un jour, Potter, continua McGregor, un jour je saurai tout ce que tu caches derrière…

Quelques secondes ses yeux se posèrent sur le front d'Harry, à l'endroit de sa cicatrice dissimulée sous ses mèches brunes. Un instant, Harry craignit qu'elle ne parlât de son regard naïf. Il retint son souffle.

- …derrière tes lunettes bizarres et ton front buté.

Elle lui adressa un sourire de défi, tandis que son frère lui rappelait qu'elle devait retourner dans les quartiers du manoir qui lui étaient permis. La voix de Bill les fit se retourner. Il se hâtait vers eux. L'aîné des Weasley salua Quentin McGregor. Il lui serra la main.

- Salut Weasley, répondit le jeune homme. C'est toi qui escortes ma belle-mère et ma sœur demain matin à Douvres ?

Bill hocha la tête, détaillant avec amusement la jeune fille qui le fixait d'une manière quasi effrontée.

- J'y suis allé en repérage hier, précisa-t-il. Tu te souviens de Nymphadora Tonks, McGregor ? Elle m'accompagnera.

- Je croyais que tu y étais allé pour accompagner Fleur ? s'étonna Harry pour chasser la gêne qu'il éprouvait encore.

Bill lui fit un clin d'œil.

- Oui, le repérage, c'était un prétexte.

Quentin McGregor se mit à rire.

- Tu ne changeras jamais, Weasley, dit-il.

Il tendit la main à Harry une nouvelle fois.

- Heureux de vous avoir rencontré, le salua-t-il. A demain, Bill. Nell, passe devant, que je t'aie à l'œil.

Ellie fit un signe de la main à Harry et serra la main de Bill en lui recommandant de saluer Ginny de sa part. Le frère et la sœur s'éloignèrent, l'un riant, l'autre maugréant qu'elle n'aimait pas qu'on l'appelât Nell.

- J'ignorais que tu connaissais les McGregor, Harry, dit Bill avec un petit sourire en coin.

- C'est surtout Ginny qui est amie avec Ellie McGregor, corrigea Harry.

Bill pencha la tête sur le côté pour mieux voir le jeune homme tandis qu'ils marchaient vers l'entrée de l'Hôpital.

- Mmmmm ! fit-il. Elle m'avait l'air de t'apprécier un peu plus que ça…

Harry ne répondit pas. La pointe de ses chaussures accaparait toute son attention. Bill se mit à rire.

- Je peux te donner quelques petits conseils, si tu veux, proposa-t-il. Si ça a marché avec Ron, ça marchera pour toi aussi… C'est pas si compliqué finalement.

- Non ! s'écria Harry, les joues rouges.

- Comme tu veux, Harry. Mais si tu as besoin de moi, je suis là. Et ne te laisse pas impressionner par son frère. C'est un garçon très sympathique. Mais tu sais ce que c'est, les grands frères, ça veut toujours protéger les petites sœurs…

Harry ne put s'empêcher de penser à Ron le soir du bal de Noël. Il se mit à rire avec Bill. Il lui demanda s'ils repartaient immédiatement.

- Je suis venu te chercher parce Percy ne veut pas que tu restes seul dehors quand nous sommes en famille, répondit Bill, son sérieux revenu.

L'interrogation qu'il lu dans les yeux du jeune homme amena un sourire triste sur son visage grave.

- Il a ouvert les yeux, Harry, et ce qu'il a vu lui a fait autant de mal que de bien.

- Va-t-il mieux ? demanda Harry, embarrassé.

- Pas assez pour quitter la chambre, soupira Bill. Mais il est en voie de guérison. Les guérisseurs ont à présent bon espoir de le voir quitter l'hôpital avant la fin de l'été, s'il n'y a pas d'autres complications. Les visites des jumeaux lui ont fait beaucoup de bien également. Peut-être parce que Higgs leur a interdit de venir tous les deux en même temps. A deux, ils étaient vraiment insupportables. A propos des jumeaux, il faut que je te parle de quelque chose, Harry. Mais pas maintenant et pas ici.

Ils montèrent les marches du perron. Harry fit une prière pour que ce qu'il avait à lui dire n'eût rien à voir avec la boutique de Fred et George. Bill n'eut pas l'air de se rendre compte de son embarras. Il continuait :

- La présence de Pénélope à ses côtés a été un soulagement pour nous, et surtout pour maman.

- Il a enfin accepté de la revoir ? s'étonna Harry.

- Cela n'a pas été sans mal, répondit Bill. Je dois dire que cette fille a une sacrée patience et qu'elle est particulièrement persévérante. A moins qu'elle ne soit complètement folle de lui…

Harry et Bill froncèrent les sourcils dans une grimace dubitative. Bill haussa les épaules.

- Elle est toujours là, c'est le principal, soupira-t-il encore. Et elle nous aide bien. Elle nous fournit pas mal de renseignements en ce moment.

- Elle fait partie de l'Ordre ? s'étonna encore Harry.

- Papa l'a recrutée, il y a deux mois de ça, un peu avant que Percy n'accepte de la revoir. Elle ne cessait de lui envoyer des lettres au Ministère. Papa les faisait porter à Percy mais il ne lui répondait pas. Papa et Maman ont commencé à correspondre avec elle.

- Et qu'est-ce qu'elle fait ? hésita à demander Harry.

- Elle est préceptrice, lui apprit Bill. Elle travaille chez plusieurs familles aisées de Londres. Elle enseigne à leurs enfants qui ne sont pas en âge d'aller à Poudlard, les bases de la lecture, de l'écriture, du calcul et des mathématiques. Elle les prépare en quelque sorte à l'enseignement qu'ils recevront à l'école de magie. La plupart des familles chez qui elle passe sont des familles très en vues. Donc très sollicitées au niveau politique. Presque toutes de "sang-pur". Elle nous renseigne sur les tendances de certaines personnes dont nous ignorons les opinions claires. Sur ceux qu'ils fréquentent, ceux qu'ils reçoivent, ceux qu'ils ignorent ou méprisent. C'est très instructif, parfois…

Bill poussa la porte d'entrée et céda le pas à Harry. Il s'amusa de l'air ébahi du jeune homme. Pénélope Deauclaire en espionne, c'était la meilleure de la journée. Avec le fait que l'hôpital de l'Ordre était la demeure de Rory McGregor et que les armes de cette famille de Serpentard étaient un lion d'or.

Le hall d'entrée était frais et silencieux. Un grand escalier double menait aux étages. Bill indiqua à Harry les salles du bas et lui précisa qu'elles servaient aux opérations et à la réception des blessés. Les patients étaient transportés aux étages selon leur état. Percy demeurait au premier dans une chambre commune qu'il partageait avec des blessés légers. Avant d'entrer, Bill avertit Harry. Percy avait beaucoup changé, au moral comme au physique. Il risquait de ne pas le reconnaître. Ils traversèrent la salle séparée en boxes, comme à Ste Mangouste, par des rideaux blancs. Harry sentait son cœur se serrer au fur et à mesure qu'il avançait vers le fond de la chambre près de la fenêtre o se trouvait le lit de Percy.

- Harry, mon chéri ! s'exclama Mrs Weasley. Viens vite. Nous t'avons laissé seul trop longtemps.

- Il était en bonne compagnie ! se mit à rire Bill. Une jolie fille, ma foi, lui avait déjà mis le grappin dessus.

Harry n'entendit pas ce que Bill ajouta. Percy se tournait lentement vers lui, dans un pyjama et une robe de chambre devenus trop larges pour lui. Il ne l'avait pas vu depuis la cave des Pettigrew. Il lui parut aussi mal en point que ce jour-là. De grands cernes mauves entouraient ses yeux, que ses lunettes n'arrivaient pas à cacher. Il était hâve et émacié. Sa pomme d'adam semblait encore plus proéminente sur son cou maigre et ses os saillaient. Il paraissait plus grand tant il était efflanqué, bien qu'il se déplaçât courbé en avant, la main sur le ventre, à petits pas glissés. On aurait dit un vieillard, et même son regard avait quelque chose de prématurément usé. Harry avait du mal à avaler sa salive. Un coup d'œil sur Ron lui confirma qu'il n'était pas le seul à être choqué de l'apparence de Percy.

Celui-ci s'avançait vers lui. Il lui tendit la main sans un mot. Harry fixa un moment les longs doigts décharnés dans un silence presque angoissé. Mrs Weasley l'encouragea d'un sourire timide. Bill lui fit une grimace qui signifiait sans doute "Qu'est-ce que je t'avais dit…". Ginny gardait les yeux sur la main tendue de son frère et Ron se détournait vers la fenêtre. Percy commença à baisser sa main, un nuage de tristesse résignée au fond des yeux. Un instant l'image brisée de Percy laissa la place à celle du jeune homme plein d'importance qui lui avait tendu la main un jour d'été trois ans auparavant dans la cuisine de ce cher Terrier à présent abandonné. Tant de choses avaient changées depuis. Y compris lui-même. Harry saisit la main de Percy avant qu'elle ne retombât contre sa robe de chambre.

- Bonjour Percy, dit-il, la voix un peu éraillée. Je suis heureux de voir que tu vas mieux que la dernière fois que nous nous sommes vus.

Percy fit un sourire un peu amer. Il serra la main d'Harry longuement sans rien dire. Puis il dut se rasseoir sur son lit. Il retint une grimace douloureuse.

- Tu souffres encore ? demanda Harry que le silence gênait.

- C'est normal, intervint Mrs Weasley qui se précipita pour glisser un oreiller sous les reins de son fils et lui caresser le front. Il a été gravement blessé. Mais il sera sur pied pour le mariage de son frère. A la fin de l'été…

Tous levèrent les yeux vers Bill qui leva les mains devant lui en une dérisoire protection contre les intentions de sa mère.

- Maman ! s'exclama-t-il. Nous n'avons pas fixé de date !

Ginny pouffa dans ses mains. Les épaules de Ron se soulevèrent plusieurs fois et on l'entendit renifler bruyamment. Apparemment, Mrs Weasley les avaient eus à l'usure, lui et Fleur.

- L'été est une saison parfaite pour une noce ! trancha Mrs Weasley.

- Hum ! fit Harry. Vous croyez que c'est prudent, Mrs Weasley ?

Molly fit un bond vers lui, presque furieuse.

- Je veux dire, continua Harry sans se démonter, que c'est le père de Fleur qui abrite le QG de l'Ordre et que sa sécurité dépend du secret de sa situation. Si Bill épousait Fleur, le nom des Delacour serait inévitablement associé à celui des Weasley et on pourrait faire de fâcheux rapprochements.

Un nouveau silence accueillit les paroles d'Harry. Le visage de Bill s'éclaira soudain. Celui de Mrs Weasley pâlit.

- Tu crois ? demanda-t-elle.

- C'est sûr, intervint Percy. Les papiers d'état civil transitent par le Ministère et le service de Généalogie. Pour peu que l'un de ceux chargés de compléter les registres soit de la bande de ces…

Il grimaça une fois de plus, ses doigts crispés sur le drap.

- Non ! Non ! s'affola Mrs Weasley. On n'en parle plus. On verra après… Plus tard, quand tout ira mieux…

Sa voix trembla et elle se tut. Bill fit un clin d'œil à Harry.

- Je te revaudrai ça ! lui promit-il à voix basse alors que sa mère bourdonnait autour de son frère.

Puis il leur rappela que Tonks les attendaient dans l'appartement de Percy pour leur shopping dans le Londres moldu.

- Mais nous ne pouvons laisser votre frère dans cet état, voyons… se désola Molly. Il est fatigué. Il faut que nous restions encore un peu pour nous occuper de lui. Tu veux quelque chose, Percy ? A boire, peut-être ? Je vais chercher de l'eau.

Percy la retint avec un sourire.

- Je n'ai besoin de rien, Maman. Dans un moment, j'irai faire ma promenade quotidienne. Les guérisseurs ont dit qu'il fallait que je marche et que je prenne un peu l'air. C'est l'endroit idéal ici. On est mieux qu'à Ste Mangouste.

- Et si maman restait avec toi, Percy ? demanda Ginny.

Elle se pencha pour embrasser son frère et lui adressa un regard plein d'espoir.

Ron se leva à son tour.

- C'est vrai, on n'a pas vraiment besoin de toi, M'man… je veux dire qu'avec Bill et Tonks avec nous…

Mrs Weasley renifla avec hauteur.

- Vous vous souvenez de ce qui est arrivé la dernière fois que Bill et Tonks vous ont accompagnés quelque part… ?

Percy prit la main de sa mère dans la sienne.

- Tu veux bien rester avec moi ? On ira se promener ensemble, dans le parc.

- Oh ! Percy ! Mon chéri ! sanglota Molly.

Elle se pencha sur lui pour le prendre dans ses bras tandis que Bill faisait signe à son frère et sa sœur de sortir de la pièce.

- Au revoir Percy ! On reviendra ! lui dit Ginny en se sauvant.

- 'Lut Percy ! fit Ron.

Percy lui tendit la main dans le dos de sa mère et son jeune frère frappa légèrement sa paume en passant près de lui.

- A bientôt, Percy ! le salua Harry, prêt à rire.

Le jeune homme lui fit un signe de la main pendant que sa mère prenait place auprès de lui.

Une fois hors de la chambre, Ginny éclata de rire.

- Pauvre Percy qui se sacrifie pour nous, dit-elle.

- Il peut bien faire ça pour nous, quand même ! estima Ron. Au fait, Bill, on y va comment dans son appartement ? On n'a pas encore passé notre permis de transplaner.

Bill sortit sa baguette de la poche de son gilet en peau de dragon. Il prit un bassin qui était posé sur un chariot d'ustensiles de soins contre le mur et l'enchanta.

- Tu sais fabriquer des portoloins maintenant ? s'étonna Ron en tendant la main vers le bassin.

- On va le vérifier tout de suite ! répondit Bill en clignant de l'œil à l'intention de son frère.

Ron ouvrit la bouche, terrifié. Personne n'entendit son cri. Son visage se tordit et il disparut dans un silence inquiet.

- Ca a l'air de marcher, fit Bill satisfait. Maintenant, reste à savoir où il s'est retrouvé.

Le bassin se matérialisa à nouveau sur le chariot.

- Apparemment, il est allé là où il devait, reprit le jeune homme dans un sourire. Il poussa Harry et Ginny vers le bassin.

Le jeune Potter hésita un instant. Avant de partir, il devait poser une question à Bill.

- Dumbledore a amené ici un vieil homme après l'attaque de Pré-Au-Lard, dit-il très vite, sais-tu à quel étage il est ?

Bill hocha la tête.

- La vieille Tête de Lard ? demanda-t-il à Harry interloqué.

- Quoi ? fit ce dernier, ne sachant si Bill se moquait de lui ou s'il était sérieux.

- C'est ainsi que Maugrey l'a appelé le jour où nous sommes venus l'interroger sur ce qui s'était passé. Ils avaient l'air de bien se connaître, tous les deux… Enfin, d'après ce que j'ai compris, du moins.

- Il tenait la Tête de Sanglier, répondit Harry.

Il se tut concernant l'identité de l'homme. Si personne ne l'avait révélée à Bill, il valait mieux pour lui qu'il se tût également.

- Ah ! Je comprends mieux pour quoi l'autre lui a répondu en grognant !

Harry attendait qu'il répondît à sa question.

- Pourquoi veux-tu savoir où il se trouve ?

- Je voulais juste savoir comment il allait, mentit Harry sous le regard de Ginny.

- Il devait aller mieux, puisqu'il est sorti, lui apprit Bill sur un haussement d'épaule.

Harry essaya de cacher sa déception.

- Oh ! laissa-t-il échapper tout de même, tandis que Ginny lui adressait une grimace désolée. Tant pis… je veux dire : en effet, il devait aller mieux si on l'a laissé sortir.

Bill se mit à rire.

- Ah non ! On ne l'a pas laissé sortir. Il est sorti tout seul ! Et les menaces de Maugrey n'ont rien eu à faire pour le persuader de rester encore quelques jours au repos…

Il fit signe aux jeunes gens de saisir le bassin à leur tour. Ce qu'ils firent, à demi rassurés. Bill se dépêcha de poser la main dessus également.


Les commentaires du chapitre 79 !

Ayako : Niah c quoi cette fin? Ben une fin qui n'en est pas une en fait…puisque ça continue…
Normalement à la fin d'une partie faut pas stresser d'avantage le lecteur... Rah du coup j'ai encoe plus envie de lire la suite! Avoue que tu veux qu'on devienne addicts (po bien)! Oui, je l'avoue…
Très jolie fin en tout cas Merci.
Mais je suis déçue je pensdais vraiment que Mcgregor passerait ses vacances avec Harry (ou l'inverse) hahahahahahah ! Non ? sérieux ? Bon... tant pis... bon allez je peux te donner un scoop –mais uniquement parce que c'est toi !- McGregor on la reverra…

diablotin : oui bon c la premiere fois ke je rewievs pour ta fic (enfin ...) Mieux vaut tard que jamais ! Lol !
donc c pour dire ke elle est mega geniale meme si des fois ya des trucs ke je pige pas moi meme mais bon on va pas chipoter. Il faut demander. Faut pas que des trucs que t'as pas pigés te gâchent le plaisir de l'histoire. Laisse-moi une review avec les questions que tu te poses dans la première partie et je répondrai sur la page spéciale RAR que je viens de créer.
je voulais savoir si été possible ke tu mette en ligne plus d'1 chap par jours car a chaque fois tu nous laisse sur notre faim et c pas sympa Oui, je sais, mais c'est pas possible. Parce que ça me prend vraiment beaucoup de temps… je songeais même à espacer mes publications parce que là j'ai rien fait sur la suite de la fic, et je stresse au maximum…
merci d'avoir lu jusqu'au bout en tout cas Merci à toi !

Alixe : la petite brouille de nos amis qui sont mécontents de leurs projets de vacances est très réaliste (hélas). Oui quand tout ne marche pas comme on veut…
La scène avec Ellie et Harry à la fin est sympa. Pour une fois que Harry fait pas de gaffe. C'est qu'il mûrit ce petit. Et il réussit même à lui faire un compliment sur sa voix ! Oui, il n'en revient pas lui-même.
Amusant que Dennis demande à Harry s'il a des chances auprès de Ginny. La tête qu'il aurait fait si HArry l'avait informé des projets de Ron concernant sa petite soeur ! hahahahahaha ! oui Ron qui veut à tous prix caser Harry avec sa sœur… C'est un peu égoïste tout de même.
Contente que tu aies apprécié notre guide . Oups, moi aussi je commence à parler à la première personne du pluriel ! Pour les liens, je n'ai pas trouvé de parade à l'interdiction d'en mettre dans les chapitres. On ne peut en mettre que dans la bio. Mais c'est vrai que ce serait sympa que tu y mettes le lien vers l'hymne écossais. C'est fait !

Titia69 : Ben voila... je ne pouvais faire autrement que d'envoyer une review pour la fin de cette 1° partie ! Oui, cela s'impose !
Une fiction menée d'une main de maître à tel point que parfois on se demande si tu n'as pas volé la suite à JK ! Bon je vais pas te jeter trop de fleurs car tu sais déjà ce qu'on pense de ta façon d'écrire, je ne peux que souhaiter que la suite soit aussi bonne que cette 1° partie ! J'espère qu'elle vous plaira !

MI : J'ai cliqué sur le 5° haut parleur, mais ce n'était pas la bonne chanson. J'ai cependant trouvé le bon extrait quand même! Oui, c'est le 5° album. Le septième haut-parleur en fait.
Je te félicite parce que c'était très bon et le fait qu'il n'y ai pas de fautes d'orthographe ( en tout cas pas de trucs énormes) m'a permis de prendre bcp de plaisir à te lire. J'essaie de ne pas en laisser passer de trop. C'est une forme de politesse pour moi. Même si je sais que certaines m'échappent, parce que la plupart du temps je ne les vois plus à force de relire… Oui… je sais… On m'a déjà traitée d'obsédée textuelle !

Ayaminne : Ellie va-t-elle revoir Harry pendant les vacances? Bonne question !
Quel rôle joue le père de Ellie? Très bonne question !
Peeves a-t-il une grande importance pour la suite? Excellente question !
Merci d'écrire une si bonne fic! Excellentissime commentaire ! Lol ! Merci à vous tous de la lire surtout, sinon elle resterait un écrit oublié…

Lyane : C'est décidé, je te rebaptise JKR officelle. Comment veux-tu que j'aime le sixième tome avec ce que tu as écrit? Oh je suis sûre que JKR – L'originale ! nous fera encore rêver… et nous surprendra encore !
Surtout que les évenements étaient bien plus nombreux et complexes que ce qu'a déjà fait JKR (l'originale, lol). Oui mais JKR – L'originale ! a écrit 7 tomes ! J'ignore – en fait, non, je sais, que je n'en serais pas capable !
Il y a autant de péripéties dans la sixième année de Harry que tu as faite que dans les trois premières! J'attend la suite avec encore plus d'impatience qu'avant. Pfff ! Vous savez pas la pression que vous me mettez… C'est pour vous venger, hein ?