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NE SURTOUT PAS LIRE :
Juste pour être sûre que tt le monde lira cette petite intro…hi hi hi
Mon retard se compte en années. Je sais…à ce stade là, les excuses ne sont plus vraiment d'actualité ! Je vous les présente quand même, et espère ne pas avoir perdus la quasi-totalité de mes lecteurs …comme le disais si bien mon profil, je n'abandonne pas cette fic, il fallait juste être très très patient ! (En toute franchise, lire et relire vos encouragements a été ma principale motivation…je vous en remercie d'autant plus !)
Et vous savez quoi ? Le prochain chapitre est presque terminé, lui aussi… elle est pas belle, la vie ? Il sera même un peu plus long que celui-ci !
Je vous conseille vivement de relire les 3 chapitres précédents, car cette histoire comporte une véritable intrigue (enfin…j'essaie .), et tout comprendre risque d'être difficile lorsqu'on ne se souvient plus du tout du début !
Merci pour votre patience (et compréhension…pitiééé, ne me tuez pas !)
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Chapitre 4 …………………………………………L'effet Papillon
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« Voldemort », dit Jedusor d'une voix douce, « est à la fois mon passé, mon présent et mon avenir, Harry Potter… »
Il sortit de sa poche la baguette magique de Harry et écrivit dans l'air en lettres scintillantes :
TOM ELVIS JEDUSOR.
Puis il fit un mouvement avec la baguette et les lettres de son nom s'assemblèrent dans un ordre différent. A présent, on pouvait lire :
JE SUIS VOLDEMORT.
Extrait de Harry Potter et la Chambre des Secrets, de J.K. Rowling
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Monde des Moldus
08H17
Protagonistes : Tim, un petit garçon qu'on ne connait pas.
Et un groupe de touristes en mal de sensations fortes. Plein de touristes, donc.
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Tim était fatigué. Vraiment trop fatigué.
« Dépêche toi ! » Maman n'arrêtait pas de dire ça. Mais Tim avait décidé d'arrêter d'écouter Maman. De toute façon, cette visite était vraiment trop nulle.
« On va se faire distancer, Tim ! Regarde, Papa est tout devant ! »
Tim monta les escaliers, tout doucement. Maman croyait que c'était exprès pour embêter, mais elle se trompait.
En fait, il avait peur.
Très très peur.
Encore plus que la fois où Lucas, son meilleur copain, l'avait obligé à regarder ce film, avec un vampire très méchant.
Le guide continuait à dire des choses que Tim ne comprenait pas. « Selon la rumeur, cette vallée verdoyante aurait été le théâtre de combats titanesques, il y a quelques mois ! Des combats mortels entre des personnes douées de pouvoirs paranormaux, une lutte terrible entre le bien et le mal… »
Personne ne croyait le guide. Maman pouffa et murmura à la vieille dame d'à côté : « Quel tissu d'inepties ! Tous les moyens sont bons pour gagner de l'argent, aujourd'hui… »
« Pourquoi on est venus, alors ? » demanda Tim.
« Tais toi. » Maman lui fit de gros yeux. « Tu sais bien que Papa adore ces histoires idiotes. »
« En tout cas, cet endroit est tout à fait charmant ! » s'exclama la vieille dame.
Mais Tim n'était pas d'accord du tout. Cette vallée lui faisait trop peur. Il voyait bien qu'il y avait quelque chose de caché, ici. Quelque chose à regarder par derrière.
Tim n'aimait pas beaucoup faire ça. A chaque fois qu'il regardait par derrière, il voyait des choses que Papa et Maman ne voyaient pas. Et puis Maman le grondait à chaque fois, quand ça arrivait.
Elle l'avait même emmenée chez un monsieur pour qu'il arrête de voir ces choses. Un psychologue, ça s'appelle.
Lucas disait que c'était un médecin spécial pour soigner les fous. N'importe quoi.
Il n'était pas fou du tout.
Ils montèrent un petit escalier très étroit, qui menait vers une grotte très sombre.
« Dis, maman, pourquoi il y a des monsieurs qui portent des robes ? »
« Tu as encore vu des bêtises à la télé, toi ! Depuis que ton père s'est abonné à ce bouquet satellite… » Maman secoua la tête. « Et puis de toute façon, les hommes ne portent pas de robes. Ils portent des pantalons. »
Tim se retourna, vers la grande plaine. Il vit leur petit bus, loin, garé au bord de la route. Et le grand chêne un peu tordu, pas très loin de lui. Il aurait bien aimé grimper dessus. Et puis, il essaya de regarder par derrière, même si c'était interdit.
Maman se trompait.
Tous les messieurs morts, par terre, ils portaient bien des robes.
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Bon, allez. Courage. Et uuuuuune gorgée de jus de citrouille pour Harry, et deeeeeeux gorgées de jus de citrouille pour Harry, et –
Oh là là... Harry reposa son verre désespérément plein, semi comateux. Hermione avait eu – une fois de plus – parfaitement raison. Sa nuit avait été affreuse : le tissu du canapé CENSE ETRE CONFORTABLE le grattait férocement, et le sortilège de Réchauffement avait cru bon disparaître au beau milieu de la nuit. Résultat : Harry s'était réveillé ankylosé, de mauvaise humeur, et pas du tout – mais alors pas du tout – reposé.
Evidemment, le fait de s'être endormi à deux heures du matin après un combat acharné contre le cruel et implacable Draco Malfoy n'arrangeait rien à son état actuel de légume ambulant.
« Harry, tu as vraiment une tête de déterré » lui fit remarquer Ron d'un ton aimable.
« Merci, Ron. » Harry fixa son verre en fronçant les sourcils, pleinement concentré sur son dilemme matinal : troisième gorgée ou pas troisième gorgée ?
« Hem…Harry Potter? » La voix venait de derrière, cette fois. Harry leva vaguement un œil endormi en marmonna d'une voix pâteuse : « Mmmmmh ? »
« Salut ! »
Le jeune griffondor fit l'immense et vénérable effort de se retourner pour voir que la propriétaire de cette voix enjouée était une Serdaigle de cinquième année.
« Mmmmh mmh » répondit-il avec un entrain nettement plus modéré. (Ce qui, en mode 'réveil difficile', signifiait en réalité : 'Bonjour, bonjour, maintenant tu peux me laisser retourner à mon sommeil réparateur s'il te plaît ?')
Malheureusement pour lui, la jeune fille ne semblait pas tout à fait comprendre les langages codés, et prit ses pitoyables marmonnements pour une réaction intimidée : ses yeux brillèrent d'une lueur d'espoir d'autant plus intense.
« J'ai…euh…quelque chose pour toi » murmura la Serdaigle d'une voix soudainement timide.
« Ah bon ? » fit Harry en haussant un sourcil faussement intéressé. En son fort intérieur, il était accablé : affronter une fan débordante de dynamisme ne comptait pas parmi ses prévisions pour cette glorieuse journée. En fait, celles-ci se limitaient à une seule chose : DORMIR.
« Je…je suis allée dans les cuisines, et les elfes de maison m'ont autorisé à le préparer pour toi »
La conscience brumeuse du Héros du Monde Sorcier lui signala que quelque chose clochait dans cette phrase. Cuisines ? Elle avait cuisiné pour lui ?
« C'est du gratin dauphinois »
Du quoi ??
Malgré son étrangeté, la phrase de la jeune fille provoqua une réaction à peu près équivalente à celle qu'aurait entraînée l'arrivée fracassante de Voldemort déguisé en vahiné. Les bruyants bavardages de la Grande salle se turent progressivement pour se transformer en chuchotements furieux, quelques malheureuses cuillères et fourchettes abandonnées tombèrent sur le sol, et puis…et puis, le silence.
Le silence absolu, complet, et résolument anormal.
Harry, médusé, réalisa que la quasi-totalité des regards – griffondors, serpentards, serdaigles, poufsouffles et professeurs compris – était fixée sur sa propre personne.
Il aurait bien aimé faire remarquer à Mme Bibine d'arrêter de se verser du jus de citrouille (celui-ci commençait à inonder la table à une vitesse inquiétante) mais apparemment, ce n'était pas ce que l'on attendait de lui.
Qu'est-ce qu'on attendait de lui, d'ailleurs ?
Il jeta un regard suppliant vers Hermione, mais réalisa que celle-ci ne lui serait d'aucune aide : sa meilleure amie semblait en effet avoir quelques sérieuses difficultés à étouffer un malencontreux fou rire. Ses yeux hagards se posèrent alors sur la barquette de gratin dauphinois que lui tendait la Serdaigle, et Harry s'aperçu avec effarement que cette situation démente restait résolument incompréhensible.
Et loin d'être sujette à fou rires, pensa t'il en lançant à Hermione un regard venimeux.
« Oh, merci » répondit-il poliment. « C'est gentil »
Un gratin dauphinois ? A huit heures du matin ?
Manifestement, d'après le glouglou du jus de citrouille de Mme Bibine qui continuait à se déverser joyeusement sur la table, ce n'était pas la bonne réponse.
« Tuvebiensortiravecmoi ? » baragouina la Fille Au Gratin Dauphinois.
Hein ?? Harry n'osa pas demander à son interlocutrice pleine d'espoir de bien vouloir réitérer sa question. Alors, il fit ce qui n'importe qui aurait fait dans une situation semblable : il prit la barquette avec un sourire charmant, et hocha bêtement la tête.
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Jamais Harry n'aurait cru qu'un simple hochement de tête puisse provoquer un tel cataclysme.
Les évènements qui suivirent furent instantanés, stupéfiants et beaucoup trop nombreux pour qu'Harry puisse s'en souvenir distinctement.
Tout d'abord, le silence se brisa brutalement, laissant place à un vacarme infernal de cris et d'exclamations en tout genre, et Harry entendit vaguement une fille de Poufsouffle hurler d'une voix stridente « JE LE SAVAIS !! » pendant que Rogue réprimandait vertement Mme Bibine pour lui avoir taché ses robes noires de jus de Citrouille. Et puis, il lui sembla qu'Hermione s'enflammait brusquement à propos du dernier chapitre d'un livre dont il ne parvint pas à saisir le titre.
En fait, Harry eut beaucoup de mal à saisir quoi que ce soit.
Parce que la jeune Serdaigle s'était précipitée sur lui en pleurant de joie, et était actuellement occupée à l'embrasser farouchement.
Il pensait donc avoir le droit d'être quelque peu – et bien, décontenancé par les évènements.
La jeune fille finit enfin par s'écarter, rayonnante, et lui fit un sourire étincelant en lui prenant la main. Alors qu'Hermione les regardait, stupéfaite, sa nouvelle conquête demanda poliment à Ron de bien vouloir dégager la place, parce que bon, elle avait bien le droit de prendre son petit déjeuner avec son petit-ami, tout de même. (sic) .
C'est à ce moment précis que Harry médita consciencieusement sur le célèbre 'Effet Papillon'.
Le battement d'aile d'un papillon peut déclencher un ouragan à l'autre bout de la planète.
Si il avait mieux dormi, il aurait réussi à réagir un peu plus rapidement – et un peu plus efficacement.
Ainsi, il se retrouvait là, tenant d'une main une barquette de gratin dauphinois à huit heures du matin, et de l'autre, la main d'une nouvelle petite amie dont il ne voulait absolument pas.
Et tout cet admirable retournement de situation était entièrement dû au fait que le tissu des canapés de la Salle Commune de Griffondor était trop rêche.
Bien, bien, bien. C'était donc ce phénomène qui faisait partie intégrante de'la théorie du chaos de Lorentz'. Captivant, vraiment, toutes ces pensées philosophiques de bon matin pour éviter de s'enfuir en hurlant de terreur et de désespoir.
Et non non, il n'exagérait pas
Même si il avait toujours du mal à comprendre le pourquoi du gratin dauphinois.
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Heure : vingt minutes et quatre gorgées de citrouille plus tard
Lieu : cachots sinistres du cours de Potion
Problème(s) actuel(s) : le fait d'être en cours de potion
Problème(s) tout court :
1) Draco Malfoy
2) mémoire déficiente
3) Petite copine indésirable
4) … tout le reste
Minuscule lueur d'espoir : Rogue n'est toujours pas là.
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« Félicitations » lui chuchota Ron pour la troisième fois en étouffant un nouveau ricanement. « Voilà le célèbre Survivant enfin casé, même si ça a été expéditif »
Harry marmonna gentiment à son meilleur ami d'aller se faire foutre, pas particulièrement enthousiasmé par l'idée de se remémorer son petit déjeuner désastreux.
Il sortit ses ustensiles de Potion, sa plume préférée et un parchemin vierge, puis il attendit patiemment, les mains posées sur la table et déterminé à ne plus faire le moindre faux pas.
Malheureusement, Ron avait nettement moins envie de jouer le rôle de l'élève modèle :
« Et puis au moins, elle te fera de bons petit plats… tu sais, quand on y réfléchit bien, c'est un gros avantage : de moins en moins de filles savent cuisiner, de nos jours. »
Harry l'ignora superbement, tentant de se remémorer le cours précédent afin de ne pas rater sa potion. Les pattes d'araignée ajoutée à une température trop chaude risquent d'amplifier le caractère volatile d'une Potion. Il est également…
« Le bâtard graisseux arrive » chuchota Ron presque indistinctement. « Tu crois qu'il va enlever des points à Griffondor parce qu'il est arrivé en retard ? »
Harry retint un sourire amusé. « Il est également nécessaire d'utiliser un hachoir en acier, et surtout pas –
« Harry Potter ». La voix de Rogue était doucereuse, écoeurante au possible. « Vingt points de moins à griffondor pour avoir retardé le cours de Potions. »
en argent, pour éviter tout risque d'explosion.
Hem…pardon ?? Harry écarquilla les yeux, stupéfait, et se retourna brusquement vers Rogue. « Mais je n'ai rien fait ! »
L'Infame et Cruel Maître de Potions s'approcha lentement de lui, son éternel et abominable rictus aux lèvres, et expliqua sèchement :
« Si vous ne vous étiez pas donné en spectacle dans la Grande Salle, Potter, Mme Bibine n'aurait pas renversé son jus de citrouille. Par conséquent, je n'aurais pas eu besoin de changer de robe, et le cours de Potions aurait débuté à l'heure. »
« Mais je… »
« Si vous l'ouvrez encore une fois, Potter, c'est cinquante points en moins et une semaine de retenue. »
Harry se fit violence pour rester silencieux, atterré. Les méfaits redoutables de l'Effet Papillon étaient de retour… Mais quelque chose clochait, et Harry mit quelques secondes à mettre le doigt dessus. Parce que bon, d'accord, on pouvait considérer que le responsable de ces évènements en chaîne, c'était lui. Mais la catastrophe était censée se produire à l'autre bout de la planète, pas vrai ?
Alors pourquoi…pourquoi…
« Pourquoi c'est moi qui me tape l'ouragan à chaque fois ? » fit il à Ron, profondément indigné par cette injustice flagrante.
« Le quoi ?? »
« Non…rien, oublie » Harry suivit nerveusement Rogue du regard alors que celui-ci faisait un geste machinal de sa baguette pour écrire sur le tableau noir les ingrédients nécessaires à la potion du jour.
« La potion d'Aléantus » murmura doucement Rogue en se rasseyant à son bureau avec une lenteur calculée. « Je suppose que tout le monde sait de quoi il s'agit. »
Les yeux sombres de Rogue se dirigèrent vers sa victime qui évitait soigneusement son regard.
« Potter ? »
Harry retint un soupir exaspéré. Il en était sûr.
« Vous connaissez la Potion d'Aléantus, je suppose ? »
Au grand dam de Harry, Rogue supposait mal.
« Non, professeur. »
« Dans ce cas, j'en déduis que vous ne connaissez pas sa principale caractéristique ? »
Et malheureusement, Rogue déduisait bien.
« Non plus, professeur »
Le maître des Potions avait l'air profondément ravi : « Pourquoi est-ce que votre ignorance affligeante n'arrive même plus à me surprendre, Potter ? »
« Je ne sais pas, professeur. » Le ton poli que Harry se forçait à prendre lui donnait sérieusement envie de vomir.
« En revanche, Monsieur Malfoy doit certainement savoir quelles sont les caractéristiques principales de la potion d'Aléantus ? » Rogue se tourna vers son élève préféré, ignorant délibérément le doigt levé d'Hermione.
Harry secoua la tête en soupirant. Certaines choses ne changeraient décidément jamais.
« La Potion d'Aléantus a la faculté d'agir sur l'esprit » récitait machinalement Malfoy d'une voix traînante. « Même si la base de la potion reste toujours la même, son influence diffèrera selon un ingrédient déterminant. »
Malfoy porta rapidement son regard sur le tableau noir. « Dans cette variante, ce sont les pattes d'araignées qui sont fondamentales… je crois que leur faculté est de faire de la Potion d'Aléantus une potion de Courage. »
Draco grimaça légèrement, comme si prononcer le dernier mot lui avait écorché la gorge.
« Bien. » Rogue fit un mouvement de tête appréciateur. « Dix points pour Serpentard. »
Alors qu'Harry se faisait la promesse d'ôter le sourire outrageusement satisfait qu'affichait Malfoy (d'autant plus que l'occasion de le faire se présenterait certainement dès ce soir, lors de leur séance d'entraînement), Rogue se tourna à nouveau vers lui.
« Potter ? C'est certainement sans aucun espoir, mais est-ce que je peux oser vous demander si vous connaissez les précautions à prendre lorsqu'on utilise des pattes d'araignées, et pourquoi ? »
« Il faut baisser le feu, parce qu'ajoutées à une température trop chaude, elles risquent d'amplifier le caractère volatile de la potion. »
Ah ah ah. Harry contempla avec délectation l'air d'abord stupéfait, puis intensément déçu qu'affichait son professeur. Désireux de savourer ce moment jouissif dans sa plus totale intégrité, il ferma les yeux quelques secondes.
« C'est cela. » Rogue cachait très mal son dépit, et Harry, toujours extatique, éprouva presque le soudain besoin de le consoler.
Presque, hein.
« Bon, avant de commencer, sortez vos devoirs, je ramasse. »
Hem…vos quoi ?
Effaré, Harry contempla tous les élèves de la classe de Potions Avancées poser leur parchemins sur le coin de leurs bureaux respectifs.
Il remarqua avec un soulagement coupable que Ron n'avait pas, lui non plus, sorti de devoir de son sac.
« Le devoir de Rogue…je l'avais complètement oublié » chuchota Harry, consterné.
Etrangement, Ron avait l'air nettement moins inquiet que lui face à l'angoissante perspective de la juste fureur professorale.
Un devoir non fait.
Même Harry, officiellement classé comme cancre irrécupérable dans le domaine des Potions depuis son tout premier cours de sa toute première année, n'avait jamais osé commettre ce crime impardonnable.
Et bien, il fallait admettre que c'était définitivement raté pour son image d'élève modèle. Si Harry n'avait pas été dans une situation aussi délicate, il aurait haussé les épaules : on ne luttait pas contre la fatalité, pas vrai ?
« J'ai été dispensé de faire le devoir pour cause de convalescence » expliqua Ron.
Harry se sentit soudain très, très seul.
« Ah. »
« Je me demande comment tu as fait pour oublier ça. Rogue va te tuer, Harry. »
Le nouveau solitaire et futur supplicié remercia intérieurement Ron pour sa remarquable capacité à enfoncer le clou dans les plus mauvais moments.
Pendant ce temps, Rogue tançait vertement Hermione pour avoir rendu deux fois la longueur de parchemin demandée :
« Combien de fois faudra t-il vous dire que quantité n'est pas synonyme de qualité, Miss Granger ? Vous croyez sincèrement que ça m'amuse, de lire deux fois plus d'insanités à chaque fois ? Mmmmh ? »
Hermione était assise juste derrière Harry.
L'imminence approchait.
Rogue plaça le parchemin d'Hermione au dessus des autres en marmonnant furieusement contre 'ces élèves qui pensaient masquer leur ignorance abyssale par une utilisation abusive de papier'.
L'homme se détourna de son amie, et Harry sentit le léger courant d'air que provoquèrent les robes de Rogues en virevoltant sous l'effet du mouvement. Il frissonna.
Trois secondes.
Hermione avait rendu deux fois la longueur de parchemin autorisée. Lui, il ne l'avait pas fait du tout. Ca faisait donc zéro fois. Hermione plus lui, ça faisait deux personnes.
Cela donnait donc un devoir à la longueur demandée pour chacun.
Mathématiquement, Rogue n'avait aucune raison d'être en colère. Au contraire, puisque Harry rétablissait l'équilibre.
Les chaussures de Rogue claquaient sinistrement sur les dalles sombres.
Deux secondes.
Sa démonstration était irréfutable. Rogue-n'allait-pas-le-découper-en-rondelles. Les nombres venaient de le prouver.
Une seconde.
Alors pourquoi ses nerfs à vif refusaient t-ils de croire à cette conclusion ? Mmmmh ?
Zéro seconde.
Rogue était en face de lui.
Le Fondateur de Poudlard responsable de l'impossibilité de tout transplanage dans l'enceinte du château avait eu une très mauvaise idée. Harry était cer-tain qu'il s'agissait Salazar Serpentard, d'ailleurs.
Pas de transplanage salutaire, donc.
Harry ne pouvait pas non plus se cacher sous la table.
Ni s'enfuir en courant. Rogue anéantissait implacablement toute possibilité de fuite.
Ni se transformer en animal invisible. Cela ne correspondait malheureusement pas à son Animagus. Et Harry n'était même pas un Animagus, de toute façon.
Rogue chercha son devoir du regard.
Pitié.
Pitié pitié pitié.
Il était trop jeune pour mourriiiiir.
« Potter ? Je peux savoir où est votre devoir ? » Le ton employé était d'une politesse remarquable.
Harry aurait néanmoins préféré que la phrase ne sonne pas tant comme la promesse d'une punition singulièrement douloureuse.
« J'ai oublié, professeur »
« Oublié quoi ? Oublié votre devoir, ou bien oublié de faire votre devoir ? »
Pendant une infime fraction de seconde, Harry fut tenté d'opter pour la première explication. Puis il se ravisa. Dans une telle situation, Rogue ne s'embarrasserait certainement pas de la nuance. Alors… au point où il en était, autant dire la vérité, mmmh ?
Peut-être même que cet acte de courage démesuré lui apporterait une grâce divine. Et qu'elle vienne de Dieu ou de Merlin, Harry accepterait toute aide avec une infinie reconnaissance.
« Je vois. » Rogue leva la tête vers le plafond, comme en quête d'imagination.
« Quarante points de moins pour votre maison, Potter. Et une semaine de retenue. »
Au début, Harry remercia intérieurement le manque d'imagination flagrant du Maître des potions.
Au début seulement.
Car l'instant d'après, Harry comprit brusquement la véritable portée de cette sentence. Une portée que Rogue ignorait, et l'ironie de la chose lui laissa un goût amer dans la bouche.
Une semaine de retenue, c'était une semaine d'entraînement au combat en moins. Et sur un délai d'un mois, la perte était énorme.
Harry vit subitement ses chances de vaincre Malfoy fondre à une vitesse phénoménale. Il eut la soudaine envie d'éclater en sanglots, de tout lâcher, tout abandonner, tout, tout, tout.
C'était trop injuste. A cause d'un devoir non fait, il venait de perdre son ultime occasion de reconquérir sa liberté.
Harry sentit les larmes acides perler à ces yeux. Il les refoula violemment, les dents serrées.
Et puis l'aide salvatrice se manifesta enfin. Et à la stupéfaction de Harry, elle ne vint pas de Dieu. Ni même de Merlin.
Elle vint de Draco Malfoy.
« Professeur Rogue ? Je peux me permettre de vous suggérer quelque chose ? »
Harry n'arriva pas très bien à déterminer si Malfoy imitait volontairement le ton suave de leur infââââme professeur, ou bien si c'était simplement naturel.
« Bien sûr ».
Au beau milieu de son désespoir, Harry se sentit étrangement indigné par cette nouvelle marque de favoritisme. Puis il haussa les épaules. Ce n'était pas comme si le fait était exceptionnel, pas vrai ?
« A la place d'une semaine de retenue…vous pourriez lui faire boire sa potion d'aujourd'hui »
« Une potion de Courage ? Je ne vois pas très bien où est la punition là dedans, monsieur Malfoy. » Rogue haussa un sourcil intrigué.
« Oh, mais il ne s'agira certainement pas d'une potion de Courage. La punition, c'est que le célèbre Harry Potter n'a jamais réussi à faire une potion correcte. Par conséquent… » Draco eut un léger sourire. « Les effets seront sûrement des plus indésirables, et Potter n'aura à s'en prendre qu'à lui-même. »
A l'immense soulagement du concerné, Rogue sembla tenté par l'idée.
« Excellente suggestion, monsieur Malfoy. J'ajoute cinq points à Serpentard pour votre coopération. »
Indifférent aux murmures indignés des griffondors de la salle de classe, Rogue se tourna à nouveau vers lui.
« Vous avez compris, Potter ? Et ne prenez pas cela comme un geste de magnanimité. Je peux vous affirmer que cette sanction sera effective, parce que… »
Les deux puits d'ombre du Maître des Potions étincelèrent d'une lueur d'anticipation.
« …parce que vous êtes un minable, et vous serez incapable de réussir cette potion. »
Harry remarqua, au sourire ironique qu'affichaient Malfoy et la plupart – non, la totalité – des serpentards, que tous partagaient cet avis.
Et bien, il montrerait à tous qu'ils s'étaient trompés. Il réussirait cette Potion. Foi d'Harry Potter.
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…
En découpant soigneusement ses ingrédients en fines lamelles, Harry se demanda quand même pourquoi, mais pourquoi il avait choisi d'étudier les Potions Avancées.
Ah oui. C'était pour la même raison que Ron. Il en avait besoin pour passer le concours d'entrée dans l'école des Aurors. Et après, il passerait d'agréables moments à botter les fesses des mangemorts restants.
Mwahahahahaha.
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C'était fini. Très fier de lui, Harry jeta un dernier coup d'œil à son chef d'œuvre. La potion d'un orange profond glougloutait joyeusement dans le chaudron brûlant.
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Orange.
Elle n'était pas censée être bleue ?
Il se retourna, et contempla fébrilement la potion d'Hermione. Oui. Elle était bien censée être bleue.
Non non non non non non. Ce n'était PAS POSSIBLE DU TOUT, ça. Harry se prit la tête entre les mains, s'arrachant quelques cheveux au passage, et tenta de réfléchir calmement à son dilemme.
Où était l'erreur ? Car Harry, malgré ses réticences, devait admettre qu'erreur il y avait. Il se remémora rapidement toutes les étapes. Et le problème lui apparu dans toute sa cruelle splendeur.
Il avait oublié de baisser le feu en ajoutant les pattes d'araignée. Oh, la raison de cet oubli était très simple, et Harry se morigéna vigoureusement lorsqu'il la perçut enfin.
En réalité, il n'avait pas ajouté les pattes d'araignée du tout.
Magnifique.
Rogue s'approcha, et lança un regard critique vers la preuve criante de sa déchéance.
« Charmante couleur, Monsieur Potter. Je vous attends dans mon bureau ce soir, à neuf heures trente. Vous aurez l'occasion d'en boire un petit échantillon, comme convenu. »
Rectification. Quand il serait Auror, il irait exclusivement botter les fesses de Severus Rogue. Harry était convaincu que cette simple action, en plus d'être un travail à plein temps, lui apporterait satisfaction et allégresse.
Et ce serait bien fait pour lui, d'abord.
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21h30
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Neuf heures trente. Et bien, c'était ce qu'on appelait une ponctualité impeccable, ça…
Draco posa la main sur la poignée de la porte de la Salle sur Demande, espérant sincèrement pour Potter qu'il ne serait pas le premier arrivé au rendez-vous.
« Félicitations »
Draco se retourna vivement vers la jeune fille asiatique qui le fixait sans vergogne du haut de son cadre, et répondit sèchement :
« Qu'est-ce que tu fous là, toi ? »
« Tu m'as interdit de te regarder dans la Salle sur Demande, je te signale » protesta la jeune fille, vexée. « Alors je me console comme je peux. »
« Tu veux dire que tu m'observes en cachette ?? » fit Draco, indigné.
Le portait éluda la question d'un geste de la main, comme si elle écartait un insecte particulièrement gênant, et répéta à nouveau :
« Félicitations »
« Je peux savoir pourquoi ? » Le ton n'aurait pas pu être plus froid.
« Parce qu'il est très prometteur. »
Draco haussa négligemment les épaules. « Je sais. Je n'apprends pas mon savoir à n'importe qui. »
Elle rit. « Non, seulement à ton pire ennemi. »
Ce fut au tour de Draco de sourire légèrement. « J'ai toujours aimé la rivalité. Et ce n'est pas comme si il avait une réelle chance de me battre »
« Tu le sous-estimes » remarqua simplement le portrait. « Ce garçon a un potentiel exceptionnel. Et puis… » Elle rougit. « Je crois que je l'aime bien. »
« Tant mieux pour toi » Draco se détourna d'elle, prêt à entrer dans la Salle. Il ajusta sa cape, releva fièrement la tête – un Malfoy est toujours parfait – et poussa la porte.
« Attends »
Il poussa un soupir exaspéré. Quand est-ce que ce tableau débile comptait arrêter de jacasser ?
« Quoi encore ? »
« Je voulais te dire... »
« … »
« Ne le tue pas. »
« Pardon ? » Draco se tourna à nouveau vers son interlocutrice, mais beaucoup plus brusquement que précédemment.
« Je suis au courant, pour votre pacte. Et je te connais, tu sais. Tu ne supportes pas de perdre. Pourtant, le jour du combat final, il sera peut-être capable de te battre. »
Draco éclata de rire. « Oh, je n'en suis pas aussi sûr. »
« Je sais. Mais ne soit pas non plus certain du contraire. Ce sont souvent nos certitudes qui nous font tomber dans les pièges les plus évidents. »
Silence.
« Je ne le tuerai pas. »
« Toi, non. » Elle soupira. « Mais si jamais, le moment venu, tu as trop peur de perdre, tu le laissera venir. Et lui, il n'hésitera pas. »
Draco sentit son cœur faire un bond démesuré. Elle savait ? Il tenta vainement de se calmer. Non, ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas savoir.
« Tu délires, ma pauvre. Malheureusement pour toi, il n'existe pas de psychomages pour tableaux trop bavards. Et de toute façon, quelle que soit la personne dont tu fais référence, sache que je n'ai pas besoin d'une aide extérieure pour vaincre Potter. »
« Oh, mais je ne parlais pas d'une aide extérieure. » La jeune fille eut un sourire entendu. « Parce que… que je dise lui ou que je dise toi, ça revient exactement au même, pas vrai ? »
« Tu m'as mieux observé que ce que je croyais. » remarqua Draco, impassible. Mais dans le silence pesant du couloir désert, son cœur battait trop fort pour que le tableau ne puisse pas l'entendre.
Elle savait.
Draco prit une profonde inspiration, et pénétra enfin dans la Salle sur Demande. Un rapide examen des lieux lui permit de constater que Potter n'était toujours pas arrivé.
Tant mieux. Draco avait désespérément besoin de ce laps de temps pour reprendre ses esprits : les mots du portrait l'avaient touché plus durement que ce à quoi il s'attendait.
Sûrement parce qu'ils étaient vrais.
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21h35
« Buvez, Potter »
Un instant d'hésitation. « Cette… potion ne va pas me faire pousser des tentacules sur la tête, professeur ? »
« Non. La potion que vous avez faite est aussi une variante de la potion d'Aléantus. Elle a seulement une autre influence sur l'esprit. »
Harry contempla son verre toujours plein avec circonspection. Si c'était seulement cela, pourquoi Rogue avait-il l'air si réjoui ?
« Quel genre d'influence, exactement ? »
Le rictus de Rogue s'élargit. « Vous verrez bien. Buvez, Potter. »
Harry bloqua sa respiration – le goût était atroce – ferma les yeux, et bu la totalité du verre.
« Vous pouvez sortir. Les effets de se manifesteront qu'une dizaine de minutes, et seront partis dès demain matin. Bonne soirée. »
Harry frissonna. Le « Bonne soirée » de Rogue était d'une ironie mordante. Il reposa le verre, et sortit de la pièce en espérant que Malfoy ne lui en voudrait pas trop. Il avait déjà cinq minutes de retard.
…
Lorsqu'il sortit, Rogue se félicita pour cette sanction brillante, même si l'idée n'était pas vraiment de lui. Alors qu'il s'asseyait pour corriger les devoirs soigneusement rangés au coin de son bureau, il se surprit presque à plaindre Weasley et Granger.
Ceux-ci risquaient fort d'être les véritables victimes de la punition : la compagnie de Potter, ce soir, risquait de s'avérer plutôt pénible.
Voire totalement insupportable.
Rogue sourit à nouveau. C'était ce qu'on appelait faire d'une pierre deux coups. Et Rogue avait toujours aimé l'efficacité.
…
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…
21h 50
Lieu : dans la Salle sur Demande
Personne(s) : bientôt deux
Lorsque Harry pénétra dans la pièce, il était déjà changé. Draco le contempla d'un regard critique puis, ne trouvant rien à redire, il opta pour la simplicité.
« Potter. » Un bref hochement de tête, et c'était tout.
Potter lui jeta un regard indigné, comme si Draco venait de lui lancer une remarque particulièrement insultante, et claqua violemment la porte.
« Malfoy » Il dédia au serpentard un sourire affecté.
Potter. Un sourire affecté. Ouh là. Apparemment, la potion ratée avait eu de sérieux dommages sur l'esprit du Saint de Poudlard.
« Alors ? » Draco élabora soigneusement son petit sourire méprisant Made in Malfoy. « Ce rendez-vous en tête à tête avec Rogue ? »
« Pas mal. » Potter ne souriait plus, mais continuait à le fixer avec une rancune non dissimulée.
« Bon » fit Draco, un peu décontenancé par l'attitude de l'autre sorcier. « Approche »
« Non. »
« Pardon ?? »
« Je n'obéirai pas à tes ordres bidons, Malfoy. Si tu as quelque chose à demander, fais le correctement. »
Ne pas oublier que Potter vient de boire une potion ratée. Ne pas oublier que…
Bien. Draco s'efforça courageusement à prendre un air avenant. « Est-ce que tu pourrais t'approcher de moi, s'il te plaît ? »
Oh mon dieu. Ces civilités écoeurantes lui donnaient des hauts le cœur.
« Bien sûr. »
Harry s'approcha lentement, un sourire ironique scotché sur les lèvres, et Draco dut à nouveau faire appel à tout son self-control lorsqu'il se trouva à sa portée.
« Avant toute chose, je veux que tu comprennes que la situation dans laquelle nous sommes, à cet instant précis, ne se présentera jamais lors d'un combat réel. »
Potter ricana doucement, et Draco mit un certain temps avant de comprendre pourquoi.
« Je ne parle pas de notre pacte, Potter. Je parle de notre situation, là, en tant que deux adversaires prêts au combat. »
« Ah. » Potter bailla, l'air de s'ennuyer mortellement.
« Ce que tu dois absolument savoir, c'est que ces conditions d'égalité parfaite ne peuvent pas exister naturellement. «
« Ouais ouais, c'est ça. J'ai pigé. »
Draco respira très profondément.
« Qu'est-ce que tu as mis, exactement, à la place des pattes d'araignée ? »
« Où ça ? »
« Dans ta potion, abruti »
« Ah oui, la potion, la potion… J'ai mis des racines d'Asphodèle. »
Draco réfléchit quelques secondes. En effet, les racines d'Asphodèle ne permettaient certainement pas de faire de la potion d'Aléantus une potion de Courage. Elles détraquaient l'esprit. Oh, pas dans le sens violent de la chose. Potter serait juste… et bien, totalement imbuvable.
Génial.
« Ecoute, Potter. Tu as trente jours. C'est peu. Alors si tu as envie de pourrir la soirée de tous les malheureux qui croiseront ton chemin, c'est d'accord. Mais moi, je suis pas partant. Alors ou bien tu te calmes, ou on arrête là pour aujourd'hui. Et tu auras un jour de moins pour apprendre à me battre. »
Le ton était glacial, et la menace sincère. Potter, malgré les effets – néfastes – de la potion, sembla le comprendre.
« D'accord, Malfoy. Je t'écoute. »
« Bien. Je disais qu'avant même que le combat ne commence, il n'y a jamais égalité entre les deux adversaires. »
« C'est évident. » rétorqua immédiatement Potter. « Il y a forcément des différences de forces physiques et magiques entre deux personnes. »
Le ton suffisant qu'il employait avait le don d'exaspérer Draco au plus haut point.
« Non, je ne te parle pas de ça » répondit-il, heureux de lui clouer le bec. (On se console comme on peu, hein). « Je parle des conditions extérieures. »
« Ah. »
« Et oui. Avant de commencer, l'un sera peut-être plus fatigué que l'autre. Ou situé plus en hauteur. Ou alors, il pourra se trouver sur un sol plus inégal. »
« Ou avoir une tenue plus adaptée. »
La remarque de Potter était juste, mais Draco ne comprit pas très bien pourquoi elle ressemblait tant à une accusation.
« Il y a un problème ? » demanda t-il avec prudence.
« Ouais. » Harry croisa fermement les bras, et posa sur lui un regard déterminé.
Oh non. La potion d'Aléantus reprenait ses droits. Draco poussa un soupir exaspéré. Intérieurement, évidemment. Il était HORS DE QUESTION que Potter se doute que ses caprices incessants avaient une quelconque influence – même si c'était de l'exaspération – sur un membre de l'illustre famille Malfoy.
« Ecoute, Malfoy, j'ai un truc à te dire, et ça me démange depuis hier. »
Draco le regarda avec incrédulité. Apparemment, Potter avait l'air d'être sur le point de déballer quelque chose de relativement important. Quelque chose qui lui tenait particulièrement à cœur. Il voulait…il voulait arrêter les entraînements ? Ou alors, ne pas respecter leur 'arrangement', et tout cafter à Dumby dans l'espoir (vain, bien sûr) de rompre leur pacte ? Ou –
«Je VEUX des mitaines en cuir. »
La phrase provoqua un silence stupéfait chez son destinataire.
Harry dut le remarquer, parce qu'il expliqua sur un ton enflammé, ponctuant sa diatribe de grands gestes accusateurs.
« Pourquoi j'ai pas de mitaines, moi ? Toi, tu les portes à chaque fois, et moi, que dalle. Rien du tout. A main nues. C'est ça que tu appelles une 'égalité parfaite' ? C'est absolument, parfaitement et profondément INJUSTE. Je VEUX des mitaines en cuir. »
Draco cligna des yeux sous le choc. Ce n'était pas possible. Il était face à l'incarnation de son propre moi, des années plus tôt, lorsqu'il était encore un enfant manipulé, étouffé par des lois et des règles titanesques. Et paradoxalement, un enfant outrageusement gâté.
Rectification. Le Potter actuel ne correspondait qu'à l'outrageusement gâté. N'empêche que cela restait terrifiant.
« Alors à partir d'aujourd'hui, je REFUSE de me battre sans mitaines, merde. Je VEUX des mitaines, et tout-de-suite. »
Mais alors, vraiment terrifiant.
« Et puis » continuait impitoyablement Harry sans même reprendre son souffle, « Je sais pourquoi tu ne veux pas que j'en porte. C'est comme pour la cape. J'ai compris, tu vois. »
Draco respira profondément, et tenta d'expliquer sur un ton posé : « D'abord, Potter, je te ferai remarquer que je ne porte jamais ma cape quand je me bats. Et ensuite, je t'ai déjà expliqué que les mitaines ne sont que de simples accessoires, qui en plus d'être totalement inutiles, ne feront que t'encombrer. »
« Je m'en fous. En fait, tu veux juste avoir plus la classe que moi. Parce que la cape ébène et les mitaines en cuir, ça fait classe, justement. Style Zorro quoi. »
Même si Draco ne savait pas qui était exactement Zorro, il du admettre qu'Harry avait raison. Mais un Malfoy restant un Malfoy, il n'était pas du tout prêt à reconnaître ce fait pourtant rarissime.
« Je n'ai pas besoin de gants pour avoir plus d'allure que toi » répliqua t'il d'une voix suave. « Et ce n'est pas parce que tu porteras une cape que tu arriveras à être plus charismatique. »
Harry ouvrit de grands yeux outrés, et Draco ne put s'empêcher d'ajouter gentiment : « Tu ferais mieux d'accepter définitivement ta médiocrité, au lieu de chercher des excuses bidons. »
Potter suffoquait littéralement sous l'insulte. Draco en fut d'autant plus ravi. Un Saint Potter capricieux, orgueilleux et susceptible à l'extrême s'avérait être curieusement amusant.
« Allez, Potty. Ne t'inquiète pas. Je te les achèterai, tes mitaines. »
Draco se félicita intérieurement pour son élan de débordante générosité.
« J'espère bien. Et je les attends pour demain. » rétorqua sèchement Potter.
…élan qu'il regretta immédiatement.
« Si tu veux » fit Draco, glacial. « Mais alors, ça ne sera pas les mêmes. »
« Mais je VEUX les mêmes ! »
Ne pas oublier que l'esprit de Potter est détraqué par une potion ratée. Ne pas oublier que l'esprit de Potter…
« Les miennes sont assez rares, Potter. On ne les trouve pas souvent sur le marché, et je risque de mettre un certain temps à trouver une autre paire identique. »
Oh le bel euphémisme. Draco n'était même pas sûr qu'il existât encore une seule paire en circulation. Et ce depuis le XV ème siècle à peu près.
« Je les aurai quand même pour le combat final, dans un mois ? »
« J'essaierai de t'en trouver d'ici là, mais je ne peux rien te garantir. »
« Tant mieux. Tes garanties ne valent certainement rien. »
Bien, bien bien. Draco se retint d'étrangler Potter pour la dixième fois de la soirée. Il était censé être en position de force, et voilà qu'il obéissait expressément au moindre caprice de l'autre abruti.
Qu'est-ce qui lui arrivait, bordel ?
La troisième raison, papa. Et la principale.
« Maintenant qu'on a enfin terminé avec tes complexes vestimentaires, Potter, je vais t'expliquer comment on va procéder. Pendant une vingtaine de jours, entraînement intensif à toutes les formes de combat. Sans magie. »
« Sans magie ?? »
« Oui. La magie ne sert majoritairement qu'à amplifier et accélérer tes mouvements. Ce qui ne sert strictement à rien si tu n'es pas capable d'exécuter ce mouvement correctement. Donc, pas de magie. »
Celle pour laquelle je n'ai jamais tué Potter. Et celle pour laquelle je passe volontairement ma soirée avec son esprit détraqué et son caractère insupportable.
« Ensuite », poursuivit Draco, « On continuera à s'entraîner au combat, mais cette fois en y incluant la magie. Je t'apprendrai aussi comment l'utiliser pour transgresser les lois fondamentales. «
« Transgresser les lois fondamentales ? Il faudra la baguette, pour faire ça, non ? »
« Oui. »
Et probablement celle pour laquelle j'ai accepté ce pacte.
« Tu m'apprendras le combat à main armée, aussi ? »
« Si tu veux. Mais on se limitera au sabre. On n'a pas assez de temps pour les autres armes, et de toute façon, on n'y aura pas droit le jour final. »
« Ah bon ? Pourquoi ? »
Un sourire.
« Mais parce que je ne veux pas que tu te coupes, Potty. »
Je ne veux pas le tuer. Je ne veux pas qu'il soit mon esclave. La troisième raison, papa, c'est que je veux juste…
Je veux juste…
« Ah ah ah. Hilarant, Malfoy. »
« Merci. »
« Bon. On commence par quoi ? »
« La boxe. Mais on ne s'attardera pas. J'ai vu hier que tu maîtrisais la chose. »
« Merci. »
« Ce n'était pas un compliment, Potter. C'était juste pour montrer que tu aimais les activités brutales, violentes, et sans aucune subtilité. »
…Je veux juste que Potter reste avec moi.
« Et moi, Malfoy, je crois que mon 'absence de subtilité' va bientôt t'enlever ce sourire suffisant de ta face d'ange. Je t'avoue que ça m'a démangé toute la journée. »
« Ah bon ? Tu veux dire que tu vas m'envoyer ton poing dans la figure ? »
« Ouais. Et ce dès que tu m'auras expliqué les règles. »
« Dans ce cas, Potter, on peut commencer dès maintenant. »
« Quoi ? »
« Tu dois apprendre à tuer. Par conséquent…
« … »
« …il n'y a pas de règles. »
Tu me connais, Papa. Dans trente jours, je gagnerai. Et Potter sera obligé de rester avec moi.
Autant que je le voudrai.
…
22h 05 : Le combat commence.
…
Souhaite moi bonne chance.
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…
Si Hermione avait pu, elle se serait installée par terre pour ses recherches. La petite table ronde sur laquelle elle travaillait ne supportait ni le poids, ni le volume des livres qu'elle avait amassé.
Eloignée, Porte d'or ment.
L'avantage, lorsqu'on débutait toutes ses recherches à partir d'une seule et unique phrase, c'était que les pistes ne manquaient pas.
L'inconvénient, c'était que la plupart de ces pistes s'avèreraient totalement fausses et/ou inutiles par la suite. Un travail monstrueux l'attendait, mais ce n'était pas cela qui dérangeait Hermione.
Ce qui la tracassait au plus haut point, c'était que ses recherches n'aboutiraient peut-être pas. Elle contempla d'un regard morne la phrase inscrite en lettres élégantes sur son parchemin ocre. La prédiction de Trelawney, faite quelques semaines avant le combat final entre Harry et Voldemort.
Hermione soupira. Par Merlin, elle avait horreur de toutes ces incertitudes. Mais c'était son seul point de départ, sa seule chance pour comprendre pourquoi on avait soigneusement effacé une partie de la mémoire de Harry. Et pourquoi la simple vision de Malfoy avait provoqué cette crise d'angoisse chez le jeune homme, deux jours plus tôt.
Malfoy. Le combat contre Voldemort. Une porte d'or…qui ment ?
Hermione fronça les sourcils. D'habitude, les prédictions étaient vagues, imprécises, au style plutôt ampoulé. Celle-ci était d'une précision étonnante. Le seul problème, c'était qu'Hermione ne la comprenait absolument pas.
Bon. Elle jeta un regard rapide vers sa montre, puis s'attarda sur la vision de la tâche titanesque qui l'attendait.
Hermione serait seule face à cette tâche. Qui d'autre pourrait l'aider ? Ron ? Il ne croyait pas un mot de cette prédiction, il le lui avait bien dit lorsqu'il lui avait répété les mots de Trelawney, la veille au soir. Harry ? Harry, de toute façon, ne tolèrerait jamais qu'Hermione fasse des recherches sur son compte.
Non.
Cette fois, Hermione serait irrémédiablement seule, et elle avait absolument besoin d'un objectif à atteindre. Peut-être… peut-être qu'elle pourrait se fixer une date limite ?
De combien de temps aurait-elle besoin ? Une semaine ? Trop court. Beaucoup trop court. Deux mois, trois mois ? Non. Hermione avait besoin de réviser ses ASPIC, et la situation devenait urgente.
Hermione fronça les sourcils. Elle pourrait y consacrer un mois… un mois pour comprendre au moins la signification de cette phrase.
Elle sourit, trempa sa plume dans l'encrier, et s'empara du premier livre de la pile.
Oui, un mois, c'était vraiment parfait.
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J – 27
Salle sur Demande
Leçon du jour : Souplesse et agilité.
« Allez, Potter. Vas-y »
« Je suis obligé ? »
« Oui. »
« Obligé obligé obligé ? »
« Oui. »
« Mais pourquoi je dois faire ces trucs acrobatiques ? On peut pas faire des arts martiaux, plutôt ? C'est beaucoup plus la classe»
« Non. On commencera quand tu seras prêt, et capable de faire un salto arrière correct.»
« Snif. »
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J – 23
Salle sur Demande
« Approche toi, Potter »
Harry s'avança, méfiant.
« Pourquoi ? »
Le serpentard ne répondit pas. Il posa ses mains sur chaque côté de sa tête, et Harry sentit aussitôt une chaleur agréable, caractéristique de la magie étrange de Draco.
« Qu'est-ce que c'était ? » Harry fronça les sourcils avec curiosité. Draco avait l'air subitement épuisé.
« Rien de spécial… un truc pour que tu apprennes plus vite. A partir de maintenant, les choses vont devenir plus compliquées. »
« On va commencer les arts martiaux ? » demanda Harry plein d'espoir.
« Oui. » Draco lui sourit avec satisfaction. Le genre de sourire qui signifiait 'Prépare toi à te faire écrabouiller, pauvre veracrasse gluant'. C'était d'ailleursle genre de sourire que Draco semblait particulièrement affectionner, ces derniers temps.
« Qu'est-ce qu'on va apprendre, comme arts martiaux ? » L'excitation de Harry, pas du tout impressionné, était à son comble.
Draco réfléchit quelques secondes. « Le jujitsu 'guerrier', pour l'instant. C'est mon préféré »
« Pourquoi ? » Harry avait posé la question par pur réflexe. Connaissant son adversaire, la réponse était limpide.
« Parce que le but du jujitsu est d'anéantir l'adversaire par tous les moyens, en utilisant le minimum de force. Les techniques utilisées sont assez dangereuses… souvent mortelles d'ailleurs ».
Bien sûr. L'air réjoui qu'affichait Draco était tout de même légèrement effrayant.
«Bon, c'est vrai que ça n'a plus trop la côte chez les sorciers, de nos jours » continua Draco en haussant les épaules avec dédain. «A ce qu'on dit, c'est un mode de combat trop dangereux, et il a été employé par des personnes pas forcément recommandables » Il soupira avec un regret infini. « Quel dommage, vraiment. »
Il leva la tête vers Harry, qui le regardait avec de grands yeux, et dit d'un ton ravi :
« Bon allez, on commence ? »
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…
«Allez, Potter. Pour arriver à me déséquilibrer ou me mettre en situation dangereuse, tu dois évaluer mes points faibles. Concentre-toi. »
« Parce que tu en as, des points faibles ? »
Draco leva les yeux au plafond, l'air pensif. « Non. Mais tu peux toujours essayer d'en trouver. »
Harry se jeta sur Draco. Il n'était peut-être pas assez expérimenté, mais il était rapide, et progressait vite. Au point, parfois, de parvenir à surprendre Draco, et d'affaiblir sa défense absolue.
Malheureusement, cet essai fut un échec cuisant : en quelques secondes, il se retrouva immobilisé sur le sol, les membres douloureusement bloqués sous le poids du serpentard. Draco se pencha vers lui, et quelques mèches de ses cheveux clairs caressèrent son visage. Puis, il murmura :
« La dernière étape dans l'apprentissage du jujitsu est très simple, Potter. Quand tu l'as mis hors d'état de nuire, tu dois frapper ton adversaire, de façon à le blesser gravement, lui faire perdre connaissance, ou… le tuer. »
Heureusement, Draco ne fit rien de tout cela. Il se releva, remis ses mèches de cheveux en place, et dit d'un ton pressant :
« Relève toi, Potter. On n'a pas toute la nuit, et demain, il faut que je sois en forme pour te battre au quidditch. »
Harry ne répliqua pas. C'était inutile. Même Draco le savait pertinemment : s'il y avait un domaine où Harry restait imbattable, c'était bien le quidditch.
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…
Harry et Draco étaient allongés sur le sol, épuisés. Harry savoura avec délectation ce moment de repos bien mérité.
« Dis, Malfoy ? »
« Mmmmmmh ? » Malfoy avait l'air encore plus exténué que lui, et Harry en fut d'autant plus ravi.
« Dans les arts martiaux, il n'y a pas autre chose que les techniques de combat ? Tu sais, l'apprentissage de la méditation, de la maîtrise de ton esprit, tout ça… »
« On s'en fout. Et puis, ton esprit est trop limité pour que tu arrives à méditer. »
Harry répliqua d'un ton suave : « Au moins, mon esprit limité ne m'a pas empêché d'attraper le vif avant toi, hier. »
Silence.
« Malfoy ? Tu boudes ? »
« … »
«L'illustre Draco Malfoy boude comme un gamin de cinq ans » Harry éclata de rire. « C'est trop mignon »
« Hey ! » Draco se redressa d'un bond, indigné. « Sache que Draco Malfoy n'est jamais mignon »
« Si tu l'es »
« Bien sûr que non. »
« Si »
« Potter… tu te rends compte que tu es en train de dire que tu me trouves mignon ? »
Ce fut radical : En une fraction de seconde, Harry vira au rouge écarlate. « Pas du tout !! »
«Tu devrais faire attention, Potter. Tes oreilles commencent à fumer. »
…
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…
Lorsque Harry pénétra dans la salle sur demande, il constata avec surprise que les lieux avaient changé. On aurait cru être en pleine nature, et la salle ne semblait pas avoir de limites. Il lui sembla même entendre une brise légère à travers le feuillage épais des arbres.
« Maintenant que tu maîtrises le jujitsu, Potter, on va passer à la vitesse supérieure. »
«Vraiment ?»
« Ouais. Ou plutôt, l'art des ninjas. Ca va te permettre d'escalader rapidement n'importe quel obstacle, d'être totalement silencieux dans tes mouvements, de te dissimuler parfaitement –
« Ce sont des techniques d'espionnage, non ? »
« Ou d'assassinat »
Harry grimaça. « A quoi ça va servir ? Je veux dire, utiliser un sort approprié reviendrait au même, non ? »
« La magie est toujours détectable, Potter. C'est son plus grand défaut » Malfoy avait l'air un peu agacé. « Quelques fois, les qualités physiques d'un combattant sont bien plus avantageuses.
Harry hocha la tête. Il frémissait déjà d'anticipation. L'art ninja, c'était quand même la méga classe.
…
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…
J – 7
21h15
« Garde ta baguette, Potter. »
Harry eut un large sourire. Enfin. Ce n'était pas trop tôt. Il aurait même aimé faire un de ces bons vieux duels de sorciers. Un duel où on n'avait pas besoin de courir dans tous les sens, d'esquiver, de sauter, de se dissimuler...où il suffisait de rester debout, tranquillement, avec sa baguette à la main. Malfoy le regardait avec un sourire carnassier, et Harry retint un soupir. Son terrible combat contre Voldemort, quelques mois plus tôt, le rendait presque nostalgique.
«Qu'est-ce qu'il faut faire ? »
« La formule est 'Spiditus' pour la vitesse. 'Crescendo Corpus' pour amplifier tes mouvements. Ce sont des sorts très simples, tu devrais réussir du premier coup. Concentre-toi sur chaque partie de ton corps, et sur chaque endroit à atteindre. »
Draco désigna un pantin articulé, au centre de la pièce. «Essaie de le frapper le plus fort et le plus vite possible. Attention, je l'ai envoûté pour qu'il ait les réflexes d'un bon combattant. »
Harry pointa sa baguette sur lui-même, et murmura les deux sorts avec hésitation. Il s'avança vers le pantin, et frappa plusieurs coups successifs, sans trop y croire.
Le résultat fut stupéfiant. Après avoir exécuté quelques mouvements de défense, le pantin vola à travers la pièce, pour finalement s'écraser contre le mur avec fracas.
Whaou.
Harry contempla ses bras et ses jambes, stupéfait.
La puissance que lui avait fournie la magie était grisante. C'était… indescriptible.
« Pas mal, comme sensations, n'est-ce pas ? »
Il leva la tête vers Draco, et tous deux échangèrent un sourire entendu.
Il ne restait plus qu'une semaine. Ce n'était pas beaucoup, mais ils savaient l'un comme l'autre que Harry serait largement prêt.
…
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…
Monde des Moldus
…
« Bonne nuit », murmura Maman. Elle lui fit un bisou sur la joue, pour qu'il fasse de beaux rêves.
Ce soir là, Papa lui avait raconté une histoire de fantômes. Mais ça ne faisait pas peur du tout. Et puis, elle disait n'importe quoi, cette histoire. D'abord, les fantômes ne sont pas toujours méchants. Et puis, ils n'ont pas ce drap ridicule posé sur la tête. Ils sont transparents.
Tim le savait bien.
Des fantômes, il en voyait tout le temps.
Maman éteignit la lumière. On ne voyait plus très bien, dans sa chambre. Au fond, près de son bureau, les habits posés sur la chaise avaient la forme d'un gros monsieur menaçant.
Le monsieur avait l'air d'avoir un bras levé vers lui, et Tim n'aimait pas beaucoup ça. Alors, il pensa très fort que le bras se baissait.
Le bras se baissa tout doucement.
Satisfait, Tim posa la tête sur son oreiller. Avant de s'endormir, il repensa à la visite. Surtout à la grande salle au fond de la grotte. Celle où ils étaient allés en dernier. Il avait encore regardé par derrière, là bas.
Tim réfléchit à l'homme allongé sur le sol, au milieu. Maman disait toujours qu'il ne fallait pas juger quelqu'un par les apparences.
Mais bon, un monsieur tout blanc, avec des yeux rouges et un nez de serpent, c'est forcément un méchant.
…
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…
Date : J – 1
Heure : 00h06
Lieu : Dans la Salle sur Demande
…
C'était le dernier jour d'entraînement, et Draco n'avait vraiment pas cherché à le ménager. Epuisé, Harry se laissa tomber, s'assit, et appuya son dos contre le mur. Il se permit alors de pousser un petit soupir de soulagement.
Même s'il avait fermé les yeux, Harry savait que Draco était en train de s'éloigner de lui pour se reposer à l'autre bout de la pièce. Et lorsqu'il serait arrivé au mur d'en face, Draco ne s'assiérait pas.
Oh, il s'appuierait sans aucun doute contre le mur agréablement frais, lui aussi, mais il ne s'assiérait pas.
Ensuite, Malfoy le regarderait de ses yeux froids, lui, Harry, et commenterait d'un ton glacial toutes les erreurs qu'il avait commises.
Oui. C'était de cette façon exacte que Draco agissait depuis un mois, à la fin de chaque entraînement.
Un rituel désagréable, pendant lequel le serpentard s'évertuait consciencieusement à lui montrer son écrasante supériorité.
Harry entendit les pas s'éloigner. Il eut un sourire désabusé. Au cours de ces trente jours, un sorte de – eh bien, de complicité – s'était installée entre les deux sorciers. Lorsque Harry se battait contre Malfoy, il savait comment anticiper chacun de ses mouvements, et il savait aussi comment y répondre. Et quelques fois, il acceptait de se laisser guider.
Oh, cela n'avait aucun rapport avec une amitié naissante, ni même avec une quelconque affection. C'était plutôt… comme deux partenaires de danse, qui se connaissaient du bout des doigts. Comme s'ils étaient brusquement en phase.
Harry aurait aimé qu'au moins une fois, Draco ne cherche pas à détruire cette fragile complicité. Au moins cette dernière fois. Parce qu'après, plus rien de serait jamais pareil.
Il entendit vaguement, du fond de la salle, que l'autre sorcier fouillait parmi ses affaires. Puis, après un doux bruissement feutré, les pas se rapprochèrent lentement.
Pendant un instant, Harry eut envie d'ouvrir un œil intrigué, mais il changea vite d'avis. Trop fatiguant.
Quoi qu'il en soit, Harry dut admettre que toutes ses prévisions s'avéraient totalement fausses. Car pour la première fois, Draco s'assit.
A côté de lui.
Harry ouvrit brusquement les yeux pour voir que Draco lui tendait quelque chose.
« J'allais oublier. Tiens. »
C'était des mitaines en cuir.
Harry sentit son cœur faire un bond démesuré.
« Merci. Mais…euh…ce n'était pas la peine, tu sais. »
« Ah bon ? » Draco s'approcha un peu plus de lui avec un sourire suave. « Tu avais beaucoup insisté, pourtant. »
Harry rougit brusquement, et protesta : « J'étais sous l'emprise de la potion d'Aléantus ! Je n'étais pas moi-même ! »
Draco haussa les épaules. « Potion ou pas, tu les as eues, tes mitaines. Essaie les. »
Harry s'exécuta immédiatement. Il les enfila, et sentit les gants s'adapter à la taille de ses mains. Il bougea lentement les doigts, émerveillé. La sensation était étrange – et parfaite. Alors que le cuir présentait habituellement une certaine rigidité, les mitaines étaient d'une souplesse extraordinaire.
Il cligna des yeux, conscient de son attitude ridiculement béate, et se tourna à nouveau vers Draco.
« Merci »
Le serpentard sourit. « Tu me l'as déjà dit. »
« Oui. Mais c'est tellement… on dirait… » Harry reporta son regard stupéfait vers ses mains.
« On dirait une seconde peau » murmura Draco. « Je sais. »
Pendant un long moment, les deux garçons restèrent silencieux, puis le serpentard poursuivit :
« Tu peux les étirer de façon à ce qu'elles te couvrent tout l'avant bras. Mais ne te laisse pas tromper par leur souplesse, ni par leur apparente élasticité. Quand il le faut, elles peuvent devenir aussi rigides que l'acier. »
Harry fronça lentement les sourcils. « Tu m'avais dit que ces mitaines me seraient totalement inutiles. »
A sa grande surprise, Draco haussa les épaules, lui fit un large sourire, puis avoua avec une assurance et une simplicité étonnantes :
« Je t'ai menti »
Harry était trop heureux pour s'en offusquer. « Pourquoi ça ? »
« De toute façon, ces mitaines sont un peu spéciales, je te l'ai dit, et je ne pouvais pas en trouver immédiatement. Et surtout… tu devais les mériter. »
Harry tenta vainement de réfréner les battements furieux de son cœur. Celui-ci cognait violemment contre sa cage thoracique, et c'était tout simplement ri-di-cu-le. Mais la question franchit ses lèvres avant qu'il ne puisse la retenir.
« Alors, je les mérite ? »
« Oui. »
La soirée était vraiment – vraiment exceptionnelle. Malfoy venait de lui faire un compliment.
Whaou.
Draco respira profondément, et expliqua tranquillement : « Ces mitaines ne font pas vraiment partie de la tenue du combat de sorcier classique. Elles ont été faites pour une autre catégorie de combattants. Plus exceptionnels et plus puissants. »
« Les sorciers ninjas » souffla doucement Harry.
« Oui. » Draco eut un sourire étrange, un peu lointain, et son regard se fit soudain rêveur.
Jamais Harry ne l'avait vu baisser autant sa garde, et le résultat était étonnant. Du coin de l'œil, il vit que le sorcier avait baissé la tête vers le sol, ignorant les mèches légères qui voletaient devant ses yeux clairs.
A cette vision, Harry ressentit un curieux pincement.
« Potter ? » C'était à peine un murmure. Doux, lisse, maîtrisé.
Harry se surprit à aimer cette voix.
« Oui ? »
« Quelle est la chose la plus difficile, lorsqu'on devient un adulte ? »
Malgré l'étrangeté de la question, Harry y réfléchit longuement, puis répondit :
« A mon avis, c'est de conserver et réaliser nos rêves d'enfants. »
« Et tu penses que tu y parviendras ? »
« Il s'est déjà réalisé. » Harry eu un léger sourire. « Pendant toute mon enfance, j'ai prié pour quitter ma famille d'adoption. Et dès l'âge de onze ans, je suis allé à Poudlard. »
« Ce n'était pas un rêve très joyeux. »
« Non. » admis doucement Harry. « Pas très. »
Harry laissa le silence poser à Malfoy la bonne question. C'était souvent comme cela qu'on obtenait les réponses les plus sincères, et il le savait.
« J'ai eu la même chance que toi. » déclara légèrement Draco. « Moi aussi, mon rêve d'enfant s'est déjà réalisé. L'été dernier. »
« Cela n'a pourtant pas l'air de t'enthousiasmer. » constata Harry en fronçant les sourcils.
Draco haussa les épaules. « Ce n'était pas non plus un rêve très gai. »
Le serpentard se redressa, et Harry comprit à ce geste que la conversation était terminée.
« Merci encore » murmura t-il d'une voix à peine audible. Il prit sa cape d'invisibilité, et s'apprêtait à sortir quand –
« Potter ? »
« Oui ? »
« Bonne nuit. »
Une nouvelle vague d'émotions déferla à l'intérieur de sa poitrine, mais Harry se força à rester impassible. Il n'y parvint pas.
Il se retourna, lui fit un sourire éclatant, et répondit avec sincérité :
« Bonne nuit, Draco. »
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« Dis moi, mon fils, quelle règle principale doit-on respecter pour être invulnérable ? »
« Etre le plus fort ? »
« Non. Réfléchis mieux. »
« ..Je ne sais pas, Père. »
« Etre insensible, mon garçon. Etre insensible. La fureur te donne la force, mais c'est un pouvoir dangereux, dénué de tout discernement. Et l'amour ou l'amitié sont les pires des maux. Tu comprends pourquoi ? »
« Oui. Ceux auxquels on tient peuvent être utilisés comme moyen de pression. »
« Exactement. Dis moi, Draco, y'a-t-il une personne à laquelle tu tiens ? Une personne que tu aimes ? »
« Non, père. Personne. »
«Voilà une chose dont je me réjouis. C'est excellent, mon garçon. Excellent. Dis moi… »
« Oui ? »
« Qu'est-ce que tu veux, pour ton anniversaire ? »
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« Bonne nuit, Draco. »
Les mots de Potter semblaient rebondir joyeusement sur les murs clairs de la Salle Sur Demande. Draco, toujours assis, ferma les yeux en soupirant.
Qu'est-ce qui n'allait pas, chez lui ?
Il venait de tenir une conversation franche et amicale avec Potter. Avec Potter. Mais ce n'était pas le pire, même si cet évènement restait inacceptable.
Le pire, c'était qu'il avait apprécié ça. Il avait sincèrement aimé parler tranquillement avec Harry Potter, là, juste là, assis côte à côte, comme deux vieux amis.
Mais Draco se mentait à lui-même, et il en avait douloureusement conscience.
Il ne voulait pas d'Harry Potter comme ami.
Le Survivant réveillait en lui des sentiments étranges et désagréables, des émotions dont il ne connaissait même pas l'existence.
Draco détestait être dans cet état. Il se sentait vulnérable, faible et effrayé.
Et demain… qu'est-ce qu'il ferait, demain ? Draco savait ce qu'il voulait de Potter. Il s'en était douté, mais c'était à présent une douloureuse certitude.
Mais aurait-il la force de le lui demander ?
Non. Il ne le pourrait certainement pas, et cette impuissance lui donnait envie de hurler de rage.
Il ne le pourrait pas. Et ce de la même façon qu'il avait été incapable de révéler à Potter que demain, il risquait de le tuer.
Vulnérable, faible et effrayé.
Il avait horreur de ces émotions là. Et si le lendemain, Draco faisait l'erreur d'être dans cet état d'esprit, il viendrait.
Oui. Il viendrait.
Et il tuerait Harry Potter.
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Oui, je sais, c'est sadique… vous m'aimez quand même, hein ?
Le prochain chapitre (et une graaaande révélation) arrive bientôt ! (enfin, dans pas trop longtemps… il me reste quand même le passage le plus difficile à écrire…snif)
Je vous remercie encore pour toutes vos reviews, la politique du site ne me permettant pas d'y répondre sur cette page… j'hésite quand même à le faire pour le prochain chapitre, est-ce que des fanfictions ont déjà été supprimées à cause cela ?
J'attends vos avis avec une très très très grande impatience !!
A très bientôt !