Auteur : Aélane
Titre : Miroirs, oneshot n°1 « Revanche »
Genre : angst / humour / psychotique

Spoilers : Harry Potter t. 1 à 5 (texte écrit avant la parution du t.6, ne le prend donc pas en compte ni lui ni le 7)
Disclaimer : tout est à J.K.R., je ne fais qu'expérimenter avec ses personnages et son univers

Résumé : une blague tournant mal ou ce qui n'est jamais arrivé quelque part pendant le t.5
Note de l'auteur : Je veux un Retourneur de Temps ! Merci sinon à Delphine, Maria et Dilly pour leurs corrections fructueuses.

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Revanche

C'était Harry qui avait trouvé le premier élément dans une salle de la Tour Nord en arpentant de nuit un Poudlard désert, mais c'était Fred, ou George, qui avait eu L'Idée.

Ils avaient planifié ensuite leur revanche à plusieurs : Hermione trouva les sorts pour falsifier la plume à papote ; Lavande se proposa de retarder Pansy Parkinson à la sortie de la réunion des préfets, en lui montrant les nus peints par Dean ; Ron, lui, pensa pouvoir retenir Hannah Abbott en lui demandant comment faisaient les préfets de Poufsouffle pour savoir quand ôter des points ; Neville fournit le gros cadenas que sa grand-mère lui avait donné pour garder ses affaires en sécurité ; Luna décida de simuler une crise de bizarrerie aiguë sous le nez de Cho Chang pour l'obliger à l'emmener à l'infirmerie ; les jumeaux mirent au point l'ouverture automatique du dit cadenas à jour et heure fixes, ainsi que les sorts de Dissimulation autour de l'armoire ; Ginny écrivit la lettre ; et Seamus jura pouvoir se débrouiller pour détourner la ronde d'Ernie MacMillan de la tour Nord en flattant auparavant sa paranoïa, après tout, le Mangemort Sirius Black avait été enfermé là-bas !

Après avoir laissé l'armoire cadenassée à triple tour plusieurs jours, les comploteurs, du moins ceux qui n'étaient pas occupés à distraire les préfets, se mirent en planque dans la salle de classe inusitée, dissimulés sous la Cape de Harry, agrandie par les soins d'Hermione, attendant que leur proie entre.

« Pourquoi pas... » avait pensé Harry devant l'effervescence enjouée de ses camarades. Ils ne pourraient tous qu'en retirer un avantage précieux : après le coup du match de Quidditch, les Gryffondor avaient bien mérité le droit de se venger, de ridiculiser maintenant cette baudruche remplie de suffisance, de rire à gorge déployée à ses dépens ; et, plus tard, après Poudlard, lorsqu'au détours des ruelles il devra affronter la nuit pendant les raids de Mangemorts, connaître alors la peur intime de Draco Malefoy ne sera peut-être pas inutile…

Tout se déroula à merveille : Malefoy arriva à l'heure au faux rendez-vous fixé par la lettre contrefaisant l'écriture de Pansy, seul, s'offrant de lui-même à l'Épouvantard.

L'adolescent essaya de fuir, de reculer, de ne pas regarder la chose noire vociférant silencieusement, en vain. La bête magique, affamée, se transforma aussitôt.

Malefoy, comme paralysé, fixa pendant de longues minutes indicibles un Draco aux yeux terrifiés et larmoyants.

C'était juste ça la plus grande frayeur de Malefoy ! Harry entendit Ginny étouffer derrière ses deux mains les rires qui le menaçaient lui aussi dangereusement. Quand finalement les deux garçons bougèrent de concert, comme s'ils étaient le miroir l'un de l'autre, pour retirer lentement leur baguette de leurs robes jumelles, Harry ne se sentit plus de joie : non seulement l'arrogant Serpentard craignait de n'être qu'un bébé pleurnicheur apeuré, mais en plus il allait devoir se ridiculiser lui-même ! C'était la plus géniale idée qu'ils aient jamais eue !

Il ne reconnut la lueur verte que trop tard. Une Hermione tremblante se serra en silence contre lui, et Harry se demanda brièvement si elle, Fred, George, Ginny, allaient désormais pouvoir voir eux aussi les sombrals. Est-ce que ça comptait, un simple Épouvantard ?

Le Serpentard grommela quelque chose qui ressemblait beaucoup trop à « imbécile » pour la conscience de Harry, puis poussa légèrement du pied le cadavre en tremblant, avant de le transformer d'un simple mouvement de baguette en une chaussette qu'il saisit du bout des doigts et jeta par la fenêtre. Il sortit aussitôt, à peine plus pâle, toujours aussi anguleux, les lèvres aussi pincées que jamais. La porte claqua derrière lui dans un silence de mort.

Après, bien après, quand ils furent tous bien au chaud dans leur Salle commune, racontant aux autres la scène, les jumeaux eux-mêmes n'arrivaient toujours pas à en rire. Ron jura ses grands enchanteurs que ce sale fureteur de Malefoy avait sûrement dit « Imbéciles », oui, au pluriel, avec un S à la fin : il avait dû les voir (est-ce qu'agrandir la Cape n'avait pas altéré ses propriétés ?) et s'était moqué d'eux de bout en bout. Hermione ne le contredit pas ; néanmoins, Harry la vit écrire le soir même un hibou à ses parents afin qu'ils lui envoient un livre moldu sur la Pulsion de Mort. Elle le fit lire ensuite à Luna. Nul ne s'approcha seul de Malefoy pendant des semaines.

Harry, lui, ne pouvait s'empêcher de se demander, quand il errait seul, la nuit, dans les couloirs de Poudlard, ce qu'il verrait si ils attiraient la prochaine fois le Serpentard devant le miroir du Rised.

FIN.