TRAUMA
Disclaimer : tout est à JK Rowling. Rien n'est à moi à part cette histoire.
Rating : M, clair et net.
Remerciements :
Un grand merci à Chris pour les corrections et l'ascenseur émotionnel, à Artoung pour la relecture (malgré ses menaces) à Sithgirl pour sa relecture et l'ascenseur émotionnel…
A Didine659 (tu as raison d'avoir confiance en Harry) Bibiou, Khalya, Del84 (je ne prends certainement pas ta review pour une simple critique, elle est très constructive pour moi et je te remercie d'avoir pris le temps de la développer) ; Elena, Egwene (je suis d'accord avec toi, Draco n'a pas tout compris), Lili, Charlotte, Tritrix, Elodie, Floriane, Imahari8 (père castor espère que l'histoire ne sera pas trop longue cette fois ^^), Lilou, Léa, Dadoumarine (ta review m'a beaucoup touchée, vraiment merci beaucoup et plein de bonnes choses à toi pour le futur), Suzanna (désolée pour le retard), Caro06, Rita, Anabanana, Aïnlina (toutes mes excuses, j'aurais vraiment voulu voir le dessin mais le lien ne fonctionne pas…je suis frustrée. Merci beaucoup cela dit.), Mao, Guerline, Nina, Flower, Candice, Ayu.
Un double merci à Sithgirl (sérieusement, courrez lire ses histoires, elles sont captivantes) qui a eu la gentillesse de reprendre toute une partie du lemon sur laquelle je bloquais depuis des mois. Sans elle, je serais encore en train de me plaindre et de ne pas avancer. Vous identifierez vite ce qu'elle a fait sur ce chapitre, c'est tellement bien écrit…vraiment, mille merci Divine Merveille !
Excuses : Comme d'habitude, toutes mes excuses pour le temps que j'ai mis à poster ce chapitre (Tout est de la faute d'Artoung parce qu'elle chante des chansons pourries quand j'essaie d'écrire.) Il était prêt depuis un moment mais je bloquais sur un passage à revoir (merci infiniment Sithgirl !) Ce chapitre est assez long, voire très long alors bon courage à vous surtout.
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CHAPITRE 16 : WITH OR WITHOUT YOU
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Harry rentra se terrer chez lui et n'en sortit que le lundi matin pour se rendre au Ministère. Il n'avait pas campé devant son téléphone, il était trop en colère pour attendre un coup de fil de Draco. Il était malgré tout déçu de constater que le blond n'avait pas daigné l'appeler pour tenter de s'excuser.
Ron et Pansy étaient déjà arrivés lorsque l'ascenseur le déposa au département des Aurors. Ses deux amis discutaient en buvant un café et ils le saluèrent distraitement avant de poursuivre leur conversation au sujet du mage noir tueur de moldus.
« Je suis sûr de mon coup, Pansy, affirma Ron en jouant avec sa tasse. On a suivi pas mal de fausses pistes mais je te dis que les informations que j'ai récoltées auprès du Ministère Magique Australien sont solides. »
Harry tenta de s'intéresser aux paroles de Ron mais l'image de Draco, adossé au mur, la mine déconfite, hantait ses pensées et court-circuitait l'attention qu'il voulait porter à ses amis.
« Je vais chercher le dossier, poursuivit Ron avant de s'arrêter. Ça va, Harry ?
- Oui, » répondit le Survivant.
Ron lui lança un regard appuyé, puis il sortit. C'était, pour Harry, une des principales qualités de son meilleur ami. Il n'insistait jamais pour qu'on se confie à lui, même s'il voyait tout.
« Quel est le problème ? Demanda Pansy en faisant apparaître une tasse de café devant Harry.
- Ta flemmardise m'étonnera toujours, rétorqua Harry en allumant une cigarette.
- Si je voulais m'abaisser à servir le café manuellement, j'irais vivre dans un monde plus austère.
- Tu parles du monde des moldus ?
- Exactement. Quand vas-tu arrêter de fumer, Potter ? Tu pues.
- J'aime bien sentir le barbecue, personnellement.
- Dis mon grand, tu crois que j'ai oublié ma question initiale ?
- J'avoue que j'espérais un peu, oui, admit Harry avec un sourire forcé.
- Ton week-end n'a pas été terrible ? »
Harry hocha la tête puis il but une gorgée de café, regrettant le départ de Ron.
« Draco ? Insista Pansy en passant une main dans ses courts cheveux bruns.
- J'aimerais autant ne pas en parler, si ça ne te dérange pas, marmonna Harry en ôtant ses lunettes pour se frotter les yeux.
- Ça ne me dérange pas du tout. Dans ce cas je vais parler et toi, tu vas écouter, déclara-t-elle avec au fond des yeux une détermination telle qu'Harry préféra garder ses objections pour lui. Ne le prends pas mal, tu sais à quel point j'adore Draco, mais je trouve que son retour ne t'a rien apporté de positif. Depuis qu'il est là, tu as perdu ta jovialité, tu as toujours l'air triste alors que quand tu étais avec Ginny, tu étais heureux.
- Tu exagères.
- Ouais c'est ça, on lui dira, ironisa Pansy. J'ai raison…j'ai toujours raison. Draco n'est pas fait pour toi. Il n'est fait pour personne si tu veux mon avis.
- Donc pour toi, il est condamné à finir tout seul ?
- Ça me fait mal de l'admettre mais s'il continue sur cette pente, oui, il finira tout seul. Et en ce moment, c'est à toi que je pense, Harry. Il n'est peut être pas trop tard pour rattraper le coup avec Ginny. Si tu fais amende honorable, elle te pardonnera certainement et vous pourrez reprendre le cours de votre relation qui était mille fois plus saine que celle que tu entretiens avec Draco.
- Tu ne vis pas avec nous ; tu ne peux pas prétendre savoir ce qui se passe quand nous sommes seuls.
- Certes mon grand, mais je vois que tu étais plus souriant quand tu étais avec Ginny.
- J'hallucine, grommela Harry avant de tirer sur sa cigarette. Tu veux que je me remette avec Ginny alors que tu sais pertinemment que je ne l'aime pas comme elle mériterait de l'être ?
- Tu réapprendras à l'aimer. Je n'accroche pas avec elle, elle me tape même considérablement sur le système, mais tu seras toujours mieux en sa compagnie qu'avec celle de Draco.
- Je croyais que c'était ton ami, lança Harry, sceptique.
- C'est vrai, même s'il agit comme le roi des cons avec moi. Mais, par un extraordinaire concours de circonstances, je suis aussi ton amie et je m'inquiète pour toi. J'en ai marre de voir les gens calquer leurs émotions sur celles de Draco alors qu'il ne va jamais bien. Je dis ça en connaissance de cause puisque moi aussi, quand nous étions au lycée, j'agissais comme vous. Mais c'est lourd quand Neville rentre stressé parce que Draco a été infect avec lui au travail ou content parce que ça c'est bien passé entre eux.
- Je te signale que ça a plus à voir avec toi qu'avec Draco dans le cas de Neville. Il veut s'entendre avec lui pour te faire plaisir.
- Admettons. N'empêche que j'ai été folle amoureuse de Draco et qu'aimer cet homme, c'est se détruire parce qu'il ne touche jamais le fond tout seul. Il ne pense qu'à lui et tu en es conscient, n'est ce pas ? »
Harry poussa un long soupir en fixant attentivement Pansy. Il prit ensuite une cigarette qu'il alluma avec le mégot incandescent de celle qu'il venait de finir.
« Ce n'est pas à lui qu'il pense, Pansy, mais à la souffrance dont il n'arrive pas à se débarrasser. Il est complètement englué dans cette douleur qui le pousse à faire n'importe quoi. Mais il n'agit pas pour nous blesser.
- N'empêche qu'il nous blesse dans la foulée, insista Pansy. Et ça ne date pas d'hier. Rappelle toi quand il était adolescent, il avait une estime de lui-même tellement basse – et ça n'a pas changé, ça a même empiré – qu'il entrait en compétition avec toi pour tout et n'importe quoi. Son besoin de reconnaissance n'était jamais satisfait et il vivait avec cette constante frustration. C'était dur pour moi de le voir se débattre pour garder la tête hors de l'eau quand son père passait son temps à le couler…ou qu'il se coulait lui-même, à l'occasion. »
Harry resta un instant muet, un peu abasourdi. Pour lui, Draco avait été un garçon imbu de sa personne, capricieux et mauvais avant de s'ouvrir aux autres à quinze ans mais d'après Pansy, il avait toujours eu cette faille, cette plaie béante qui affectait ses relations avec autrui.
« Et sachant ça, articula-t-il lentement d'une voix éteinte, tu dis encore que Draco ne pense qu'à lui ? Je crois que c'est l'inverse, il a toujours trop accordé d'importance aux autres, à la perception qu'ils pouvaient avoir de lui.
- Ce que je dis, Harry, c'est que l'insécurité fait partie intégrante de sa personnalité. Même s'il parvient à accepter le fait qu'il a été violé et à se reconstruire, il se reconstruira sur des fondations branlantes. Il ne sera jamais équilibré affectivement parlant.
- On verra. En attendant il est hors de question que je le laisse tomber sous prétexte qu'il a un tempérament d'écorché vif. C'est un pauvre con mais c'est mon pauvre con.
- Tu es borné mon chéri, lâcha Pansy en s'approchant pour l'étreindre. Peut être que vous faites la paire finalement : les deux écorchés vif…La plaie béante de Draco avec ton besoin de sauver la veuve et l'orphelin.
- Il y des jours où tu… »
Il laissa sa phrase en suspend à l'entrée de Ron dans la pièce, un épais dossier rouge sous le bras.
« Désolé de vous interrompre, grommela Ron en voyant le visage fermé d'Harry.
- Ce n'est rien, rétorqua Pansy avec un sourire trop doux pour être honnête. Tu vas pouvoir nous donner ton avis, Ron. Tu crois qu'Harry et Draco ont un avenir ensemble ?
- Putain Pansy ! S'exclama Harry dont la patience commençait à fondre comme neige au soleil. Je suis avec Draco depuis peu de temps et il y a des chances pour que ça ne dure pas alors évitons de nous projeter trop loin quand même !
- Oui, bon…Mais, Ron, tu ne trouves pas que Draco n'est pas celui qu'il faut à Harry ?
- Malfoy n'est pas ce qu'on pourrait appeler un pro des relations humaines, admit Ron, mais ce genre de truc, ça s'apprend. Regarde les enfants sauvages qui n'ont pas la moindre notion de communication avec quelqu'un d'autre que les animaux, par exemple. Prenons Malfoy comme un enfant sauvage à qui on n'a pas enseigné la gentillesse, quoi.
- Ouais, mais est-ce vraiment à Harry de lui apprendre ça ?
- Pansy, soupira Ron, évite de me mêler aux histoires des autres malgré eux, j'ai horreur de ça.
- Je ne te mêle à rien ! S'offusqua la jeune femme. Je te demande juste ton avis.
- D'accord, s'impatienta Ron. Je vais te donner mon avis, et tu risques de ne pas aimer. Ça me fatigue de te voir materner Harry comme s'il était incapable de savoir ce qui est bon pour lui. Avant tu faisais ça avec Malfoy et je crois que ça lui plaisait. Quand il est parti, tu as reporté ton besoin de jouer à la petite maman sur Harry et quelque part, ça lui a fait du bien. Mais il est grand à présent, il peut se démerder sans que tu t'immisces constamment dans sa vie.
- Je ne m'immisce pas dans sa vie ! Hein Harry ?
- Arrête, ordonna Ron.
- Alors déjà, Harry en pense qu'il va falloir cesser de parler de lui sous son nez comme s'il n'était pas là…Ensuite, on ne va pas s'engueuler pour si peu, intervint Harry en lançant un regard noir à Pansy. Je vous rappelle qu'on doit travailler sur une affaire de meurtres en série. Où en es tu Ron ?
- Ton idée de chercher la première victime dans le monde sorcier a amené pas mal de pistes. Je penche pour cette jeune sorcière australienne assassinée sans qu'on connaisse l'identité de son agresseur. Le mode opératoire est similaire. Je vais enquêter dans l'entourage de cette fille.
- Excellent, continues à suivre cette piste, conseilla Harry en se levant. Pansy et moi retournons au Mexique où a été tuée la dernière victime. Il faut qu'on aplanisse les tensions entre le ministre mexicain moldu et notre ministère.
- Ouais, en gros on va lui tenir la main en lui disant qu'on sait exactement ce qu'on fait…sauf qu'on patauge, » maugréa Pansy qui n'avait pas décoléré.
Harry lança un regard blasé à Ron et tous deux haussèrent les épaules. Ils allaient payer cher cette conversation car leur collègue avait la rancune tenace.
Lorsqu'ils frôlèrent l'incident diplomatique avec le ministre moldu parce que Pansy lui stipula de manière virulente que les moldus n'avaient pas l'intelligence requise pour lutter contre cet assassin, Harry se dit que cette journée allait être très longue, et il était dans le vrai. Le soir, ils étaient encore à Mexico, prêts à y passer la nuit.
« Quand je pense que ce monstre est quelque part dans les environs, soupira Harry en s'installant à la terrasse d'un restaurant dans la partie sorcière de la ville.
- On l'aura, affirma Pansy. Le plus tôt serait le mieux parce qu'à chaque nouvelle victime, je me sens responsable.
- Moi aussi. »
Il commanda un pulque alors que Pansy opta pour un mezcal en attendant que leurs plats soient servis.
« J'espère en tout cas que Ron a trouvé quelque chose d'intéressant, reprit Harry en buvant une gorgée.
- Je crois que quand on aura retrouvé cette ordure, je lui ferai goûter la soupe de phalanges de tata Pansy. »
Harry éclata de rire tout en sortant son téléphone portable de sa poche. Il le ralluma, attendit quelques secondes et consulta sa messagerie. Sirius l'avait appelé. Ron aussi. Et pas Draco. Il resta de marbre pour éviter de discuter du sujet avec son amie mais le fait que le blond ne cherche même pas à s'excuser l'attristait. Cela attisait également sa colère et, bientôt, il traita mentalement Draco de connard. De salaud. De minable.
« Il n'a pas téléphoné ? Demanda Pansy en faisant signe au serveur de lui apporter un autre mezcal.
- Tu bois comme un trou ma parole ! S'exclama Harry avec un sourire alors qu'il portait une cigarette à sa bouche.
- Ta gueule et passe moi une clope, Potter. » Elle alluma la sienne en faisant jaillir une flamme de sa baguette sous le regard amusé de son collègue. C'était tellement elle de lui faire la morale sur la cigarette le matin et de fumer le soir que ça en devenait drôle. Tellement elle aussi de refuser de s'abaisser à utiliser un briquet. Elle réfléchit quelques instants avant de reprendre la parole. « Ecoute mon grand, ce que j'ai dit ce matin sur Draco…C'était pas bien. Il mérite d'être aimé, ce n'est pas un paria, mais je crois qu'il faut qu'il accepte de se faire aider.
- On est d'accord sur ce point.
- C'est vrai que je te materne trop ?
- Pas tout le temps, mais quelquefois oui. Tu ne penses pas à mal, tu veux juste prendre soin de moi mais il t'arrive de dépasser les bornes, comme quand tu es allée raconter à Sirius que je voulais assassiner Crabbe et sa bande d'affreux.
- Tu m'en veux beaucoup pour ça ? Questionna-t-elle en prenant son air de petit chien battu qui faisait systématiquement faiblir Harry.
- Non ma belle, je ne t'en veux pas. Mais la prochaine fois, viens me voir pour en parler avant d'ameuter tout le monde. » Il marqua un temps de pause, prit une profonde inspiration et posa la question qui lui brûlait les lèvres. « Et toi, tu en veux à Draco de ne plus être le même avec toi ? Je veux dire...
- J'ai compris ce que tu voulais dire, coupa Pansy en écrasant sa cigarette. Je ne lui tiens pas rigueur de me rejeter comme ça alors qu'on était très proches tous les deux. Ça me rend juste triste. Ça me fait mal de le voir couler comme ça. Je te jure, Harry, ça me brise le cœur quand je vois qu'il n'arrive même plus à me regarder dans les yeux.
- Il a honte. Mais il est fuyant avec tout le monde si ça peut te rassurer.
- C'est loin de me rassurer, grommela Pansy en jouant avec le paquet de cigarettes d'Harry. Ça m'inquiète plutôt. Il me manque, si tu savais.
- Je le sais, Pansy. Il est insupportable mais il prend de la place, ce con. »
Pansy pouffa de rire, manquant de recracher sa gorgée de mezcal au passage. Harry la gratifia d'un sourire sans joie et, d'un accord tacite, ils changèrent de sujet.
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Il rentra tard cette nuit là, pensant que le pulque et la tequila qu'il avait bu en quantités importantes l'assommeraient à peine aurait-il mis la tête sur l'oreiller. Au lieu de cela, il resta allongé dans le noir, les yeux grands ouverts, l'esprit en ébullition. Une odeur désagréable qu'il n'arrivait pas à identifier planait dans sa chambre et, ce n'est qu'au bout de quelques heures qu'il décida de la masquer en fumant une cigarette…Et tant pis s'il se trouvait dans une chambre non fumeur.
Il se leva, enfila un pantalon et se rendit sur le grand balcon pour admirer le lever du soleil. Il faisait agréablement doux à Mexico et, malgré lui, il pensa que Draco devait avoir froid à Londres.
« Connard, tu peux bien geler sur place, je m'en tape, » grommela-t-il alors qu'il peinait à faire fonctionner son briquet.
Il en voulait toujours à Draco pour ce qu'il avait fait, peut être plus encore à mesure que le temps passait parce que le blond n'avait pas daigné donner signe de vie…Comme s'il accordait à sa relation avec le Survivant la même importance qu'à n'importe quelle autre relation éphémère qu'il avait pu entretenir. Pourtant Draco lui avait affirmé qu'il avait envie d'essayer la stabilité, pour une fois, avec lui. Ce n'était pas anodin aux yeux du brun.
Exaspéré, il jeta son briquet dans la chambre et il alluma magiquement sa cigarette. Il fumait beaucoup trop depuis qu'il était avec Draco mais c'était tout ce qu'il avait trouvé pour calmer ses nerfs durement mis à l'épreuve par la personnalité complexe du médicomage.
« C'est pas comme si t'en avais quoi que ce soit à foutre de nous, » murmura Harry sans parvenir à s'extasier sur la beauté du soleil qui commençait lentement à percer à l'est.
Il songea avec une pointe de tristesse que de toute façon, Draco était incapable de s'aimer lui-même. Comment pouvait-il avoir une chance d'être aimé d'une personne qui avait pour lui-même une estime aussi minime ? C'était si profondément ancré en lui…trop profondément peut être pour être réversible.
Sa conversation avec Pansy l'avait amené à voir les choses sous un angle nouveau et ce n'était pas pour le rassurer. A présent, s'il se repassait honnêtement le film de son histoire avec le blond, les pièces du puzzle se mettaient en place naturellement. Il avait tellement cru détester Draco qu'il n'avait pas perçu le garçon faillible qui se cachait sous des montagnes de sarcasmes et qui reportait sur les autres la haine qu'il avait de lui-même. Il aurait dû se méfier des apparences. Après tout, lui-même s'était réfugié dans le déni quand il s'était aperçu que son cœur pulsait anormalement vite en présence de Draco.
Quand Draco s'était rallié à l'Ordre du Phénix, Harry avait simplement pensé qu'il avait changé ou plutôt, qu'il avait mûri très vite. Après tout, Sirius avait bien fait de Severus Rogue son souffre douleur à l'adolescence et pourtant, Harry considérait son parrain comme l'homme le plus droit et le plus agréable qu'il connaissait. Rogue avait été une erreur de jeunesse…Harry était l'erreur de jeunesse de Draco. Il n'avait pas pensé que Sirius, comme Draco, pouvaient avoir été des adolescents mal dans leurs peaux. Il y avait toujours tellement de haine sur le visage de Sirius quand il parlait de sa famille qu'Harry n'avait pas creusé plus en profondeur pour y déceler de la souffrance et de l'isolement.
C'était pareil pour Draco, Harry s'était arrêté au viol pour justifier son comportement. Pourtant, après les explications de Pansy, tout s'imbriquait parfaitement. Toute sa vie jusqu'à cette bataille finale, Draco s'était senti transparent et il avait lutté pour qu'on le reconnaisse…et tant pis si on l'identifiait comme une ordure, c'était mieux que rien. Cela dit, Harry restait persuadé que Draco aimait être craint. Il aimait le pouvoir qu'il exerçait sur les gens à qui il s'en prenait. Mais maintenant qu'on le reconnaissait et qu'on faisait de lui un héros juste parce qu'il avait survécu à la torture dans la cabane d'Hagrid, il ne supportait pas les regards.
Harry soupira en se demandant si comprendre tous les mécanismes de défense de Draco, toutes ses failles n'était pas finalement un engrenage dans lequel il ne voulait pas se prendre, parce que comprendre le comportement de Draco signifiait aussi lui trouver des excuses pour tout, un peu comme le faisait Pansy quoiqu'elle en dise. Et il ne voulait pas trouver d'excuses à Draco…Pas cette fois ci. C'était à lui de fournir des explications et à Harry de voir si elles lui convenaient. Encore fallait-il qu'il tienne suffisamment à lui pour avoir envie de se justifier, ce dont Harry doutait après cette soirée où Draco avait voulu faire de lui un agresseur non consentant. Comment avait-il pu imaginer une seule seconde qu'Harry allait accepter ça ? Quelle valeur donnait-il à son corps pour le troquer de la sorte ?
« Putain, tu me manques, sale con, » soupira Harry en observant le bout incandescent de sa cigarette. « Vocabulaire, Potter, » ajouta-t-il d'une voix morne.
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L'après midi était déjà bien avancée lorsqu'ils rentrèrent au Ministère. Aucune nouvelle victime n'avait été déplorée…maigre consolation pour les deux Aurors qui se sentaient de plus en plus inutiles dans la recherche de ce mage noir.
« Et merde, grogna Harry en voyant Draco et Sirius discuter dans le grand hall.
- Fais pas ton sauvage, viens dire bonjour, » ordonna Pansy en lui prenant le bras alors qu'il se dirigeait déjà vers les ascenseurs sans passer par la case « Draco. »
Le blond les regarda approcher, une froide indifférence affichée sur son visage fin, ce qui raviva la colère du Survivant. Il serra les poings dans les poches de son pantalon pour ne pas lui sauter à la gorge. L'odeur agréable de l'eau de toilette du médicomage flottait autour de lui et Harry constata amèrement que si Draco n'était pas fidèle en amour, il était très attaché aux mêmes fragrances. Toujours le même gel douche au lait de palme. Toujours la même eau de toilette épicée et fraîche qui lui donnait envie d'enfouir son visage dans le cou de l'ancien Serpentard.
Sirius les salua avec un grand sourire et Pansy se jeta littéralement dans les bras de Draco qui, pour la peine, eut l'air affreusement gêné. Il resta les bras ballants quelques secondes, le temps de réaliser que la jeune femme allait l'étouffer s'il ne bougeait pas. Pansy avait toujours su obtenir ce qu'elle voulait de lui, même si elle devait pour cela, passer par des procédés tels que l'étouffement, les chatouilles, les griffures. Finalement, il lui rendit son étreinte et elle desserra un peu la sienne. Ça le fit sourire et, comme s'ils n'avaient jamais été en froid, il lui glissa à l'oreille : « comment vas-tu ma belle ?
- Bien. Tu passes à la maison ce soir et je ne veux pas entendre que tu travailles, » lança Pansy en se pendant à son bras avec la même ferveur que lorsqu'ils étaient à Poudlard. Harry retint un soupir las en voyant à quel point son amie faisait tout son possible pour paraître enjouée.
« Mais je travaille cette nuit, rétorqua Draco.
- Passe avant d'y aller dans ce cas.
- D'accord. Neville va être ravi de me voir en dehors de l'hôpital...Déjà qu'il m'a sur le dos une bonne partie de la journée.
- Draco, t'es malade ? Demanda Pansy avec des yeux ronds. Tu viens d'appeler mon mari par son prénom !
- Au temps pour moi. » répliqua Draco avec un sourire sardonique qui agaça prodigieusement Harry. Comme s'il avait deviné que le brun prenait mal son indifférence, il se tourna vers lui. Ces yeux gris rivés sur lui le troublèrent mais il ne laissa rien paraître. « Bonjour, Harry.
- Bonjour Draco, » répondit Harry du bout des lèvres avant de détourner le regard.
Un silence pesant suivit cet échange de politesses et Sirius jugea opportun d'y mettre fin en rappelant à Draco qu'ils étaient attendus en réunion. Ce dernier acquiesça et ils prirent congé.
« A ce soir Pansy, susurra Draco avant de partir.
- Quel connard, grommela Harry en entrant dans l'ascenseur avec sa collègue. Il se rapproche de toi parce que nous sommes brouillés.
- Honnêtement Harry, je me fous de ses motivations, du moment qu'il se rapproche de moi. Et puis tu as vu, je crois qu'il aime bien Neville. »
Harry hocha la tête, peu convaincu. Il préféra bannir le sujet « Draco Malfoy » de toute conversation jusqu'à ce que, fatigué par ses trop courtes nuits, il décide de rentrer chez lui. Il prit une longue douche avant de consulter ses messages. Le premier était de Luna qui voulait savoir si Draco était chez lui car elle devait lui parler du procès. Harry ferma les yeux et il soupira avec lassitude tout en cherchant à tâtons le paquet de cigarettes qu'il avait jeté sur la table en arrivant. Il en alluma une en se promettant d'arrêter bientôt. Le second message lui fit suspendre son geste alors qu'il allait porter la cigarette à ses lèvres.
« Harry, ici Draco. Je crois qu'il faut qu'on discute, si tu veux bien. Rappelle moi. »
L'Auror, dépité, émit un rire nerveux. L'appel avait été effectué quelques minutes après leur rencontre au Ministère, constata-t-il, ce qui signifiait que Draco savait pertinemment qu'il ne tomberait pas sur Harry mais sur son répondeur. Il ne voulait pas vraiment lui parler et ce message, pour Harry, était simplement un moyen de lui faire croire le contraire pour l'inciter à reprendre contact le premier.
« Nom d'un petit bonhomme, singea Harry en imitant – mal – la voix traînante du blond, tu rêves si tu crois que je vais te rappeler. »
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A la fin de la semaine, Harry n'avait toujours pas pris contact avec Draco et ce dernier réalisait à quel point il avait joué avec le feu depuis le début. Pourtant il voulait être avec l'Auror mais son incroyable capacité à s'auto saborder avait été plus forte que le reste. Il avait envisagé l'éventualité d'une rupture – laquelle devenait de plus en plus évidente – mais il n'avait pas prévu qu'Harry lui manquerait autant. Et avec ses longues nuits d'insomnie, il avait eu tout le temps d'y penser et de compter un à un ses torts…Ils étaient nombreux, à commencer par cette incartade avec Charlie. Il avait beau se répéter que tout était de la faute du rouquin, il n'arrivait plus à s'en convaincre. A l'adolescence, il n'aurait eu aucun mal à blâmer Charlie pour tout mais à présent, il ne parvenait plus à fermer les yeux sur ses propres erreurs et la culpabilité l'accompagnait où qu'il aille.
La fatigue le rendait fébrile, plus encore cette semaine que les précédentes. Il croisa les bras sur son torse, les deux mains calées sous les aisselles et il observa longuement Dean Thomas qui s'était endormi au chevet de Seamus Finnigan. Draco songea qu'ils avaient de la chance de dormir mais surtout d'être tout l'un pour l'autre. Une main sur son épaule le fit sursauter et il exécuta un pas de côté pour s'extraire à ce contact.
« Tu habites dans cet hôpital ou quoi ? Demanda Neville avec un sourire qui n'atteignait pas ses yeux.
- Je fais le tour des patients et je rentre me coucher, répondit Draco en jetant un coup d'œil à sa montre.
- Tant mieux, il faut vraiment que tu dormes. Tu es sûr que tu ne veux pas que je te donne une potion de sommeil sans rêve ? »
Draco acquiesça d'un hochement de tête et Neville pensa avec tristesse que s'il acceptait, c'était qu'il approchait dangereusement du point de rupture.
« Comment va-t-il ? Questionna Neville en montrant Seamus du doigt.
- Il a reconnu Thomas ce soir, maugréa Draco.
- Mais c'est génial ! Notre potion fonctionne alors !
- Ne t'emballe pas Londubat. Elle n'a aucun effet sur le professeur Rogue. » Il marqua un temps de pause, perdu dans ses réflexions moroses. Il détestait cette salle sordide où bourreaux et victimes étaient mélangés. Il y avait quelque chose d'indécent dans la manière d'avoir mis des gens comme ses parents dans la même pièce que des gens qui avaient souffert de la violence des Mangemorts. « Je ne comprends pas pourquoi cette potion ne fait aucun effet à Severus, reprit-il en serrant les dents.
- J'étais sûr qu'on tenait la bonne formule cette fois. C'est déjà bien qu'elle fonctionne sur les gens comme Seamus, je suis vraiment content.
- Au risque de me répéter, ne t'emballe pas, Londubat. Ses effets sont peut être temporaires, comme la dernière fois. J'en ai marre de cette incertitude, lança Draco en passant la main dans ses cheveux avec lassitude. Au fait, que fais tu ici, toi ?
- Je passais dire bonne nuit à mes parents, avoua Neville avec tant de souffrance dans le regard que Draco se sentit honteux d'avoir, dans son enfance, considéré sa tante Bellatrix comme une héroïne.
- Tu vas tenter la potion sur eux ? »
Neville se tourna pour le regarder, totalement stupéfait et Draco réalisa, sans comprendre comment cela était possible, que l'herboriste n'avait pas envisagé l'éventualité de sortir ses parents de leur folie douce. Il observa le visage rond de son collègue, surpris en retour par l'acharnement avec lequel il avait travaillé sur cette potion de manière purement altruiste, sans penser à sa propre famille.
« Tu sais, ça pourrait fonctionner, reprit Draco en reportant son attention sur Seamus. Leurs symptômes s'apparentent fortement à ceux de Finnigan.
- Mais si les effets de la potion n'étaient que temporaires ? Tu as bien insisté là-dessus non ? »
Draco soupira, pas parce que Neville l'agaçait mais parce qu'il mettait tant d'espoir dans ses questions que le médicomage craignait de le décevoir, lui aussi. Alors pour une fois, Draco remisa ses discours rationnels pour parler avec le cœur en évitant soigneusement de regarder Neville dans les yeux.
« Qu'est ce que ça peut faire que les effets soient temporaires après tout ? Tu ne donnerais pas tout pour passer ne serait-ce qu'un court instant avec eux, pleinement conscients de ce qui les entoure ? Tu ne voudrais pas leur dire à quel point tu es fier d'eux et, accessoirement, que tu les aimes ?
- Si, Draco. J'en rêve depuis que je suis tout petit mais je ne sais pas si je supporterais une autre désillusion. Je ne les ai pas vraiment connus, comme Harry avec ses parents alors que les miens sont vivants, mais ils m'ont manqué toute ma vie. Je ne sais pas si je pourrais… » Il marqua un temps d'arrêt pour réfléchir, plongé dans l'observation de sa mère qui jouait à faire tomber un papier de bonbon et à le ramasser avec la même ferveur que s'il s'agissait d'une pépite d'or grosse comme le poing. « Fais le, toi, reprit-il d'un ton assuré.
- Pardon ?
- Donne leur cette potion. Ne me dis pas quand tu le feras. Préviens moi juste si ça marche. Je ne peux pas le faire moi-même et gérer l'attente…Non, je ne peux pas, Draco. »
Le blond fut tenté de refuser de porter cette charge supplémentaire mais, sans même se rendre compte de ce qu'il faisait, il s'entendit accepter. Diable qu'il détestait ça ! Trop côtoyer les gens comme Sirius, Harry, Lana ou encore Neville était néfaste pour la perception qu'il avait de lui-même. Leur altruisme finissait par déteindre sur lui et ça le terrifiait.
« Et tes parents ? »
La question de Neville le tira de ses rêveries et il tressaillit.
« Quoi, mes parents ? Siffla-t-il en lançant une œillade haineuse en direction des deux têtes blondes qui sommeillaient côte à côte.
- Tu ne vas pas leur faire essayer la potion ? Interrogea Neville en se disant qu'il venait de s'aventurer en terrain glissant.
- Je n'ai aucune raison de faire ça. Primo, le baiser du Détraqueur est irréversible. Secundo, même s'il ne l'était pas, je ne vois pas pourquoi je tenterais de les sortir de cet état végétatif. Ils ne sont pas victimes, loin de là. Ils ne méritent aucune clémence. Et si Sirius prenait en compte mon avis, ça fait longtemps qu'il aurait autorisé qu'on les euthanasie, purement et simplement. »
Il serra les dents mais son visage resta impassible après cette tirade qui fit froid dans le dos de Neville. Ce dernier n'était pas dupe. Il entendait la respiration saccadée du médicomage, comme s'il venait de sprinter, et il savait que cela était un contrecoup de l'émotion.
« Ce sont tes parents quand même, ils ne te manquent pas, même un peu ?
- Tu crois que j'ai envie de parler de ça avec toi, Londubat ?
- Non mais je crois que tu as besoin de vider ton sac…Tu sais, quand on était à Poudlard, je te considérais comme un gamin surprotégé, qui croulait sous l'affection de ses parents. Je veux dire…Tu recevais plein de friandises, de lettres, de cadeaux, et ton père s'était battu comme un dingue pour te protéger de Lupin et de l'hypogriffe. Et là quand je te vois débordant de haine envers eux, j'en conclus que tu n'as retenu que le négatif chez eux. »
Draco poussa un long soupir, parce que cette fois, Neville l'agaçait prodigieusement. Il n'avait pas envie de déballer ses griefs contre ses parents. Il voulait garder au moins ça pour lui, puisque la population sorcière savait tout le reste de sa vie.
« Draco ? »
Il baissa les yeux pour les plonger dans ceux de Neville. Non, il ne souhaitait pas se confier à lui mais il était dans un tel état d'épuisement qu'il ne parvenait même pas à contrôler les mots qui sortaient de sa bouche.
« C'étaient des spécialistes de la douche froide, dit-il en se maudissant de répondre à l'herboriste. La plupart du temps, je n'existais pas en leur présence…et quand j'étais loin, ils mettaient un point d'honneur à montrer à tout le monde quels parents aimants ils étaient. » Il s'interrompit un instant pour contempler le visage excessivement pâle de sa mère. « Je les hais pour ce qu'ils ont fait aux côtés de Voldemort. Ça s'arrête là.
- J'ai beaucoup réfléchi depuis ton retour et la naissance de mon fils. » Draco leva les yeux au ciel, excédé par cette conversation qui ouvrait des blessures qu'il pensait cicatrisées depuis longtemps. « Au procès, Zabini a dit que ton père lui avait ordonné de ne pas te tuer pour que souffres toute ta vie de cette humiliation.
- On ne peut pas dire que tu soies spécialiste pour éviter les sujets qui fâchent, déclara sèchement Draco en se pinçant l'arête du nez entre le pouce et l'index. Remarque, tu as là une merveilleuse preuve de la gentillesse de mon cher papa. »
Il avait presque vomi le dernier mot et Neville sursauta.
« Ecoute Draco, je ne cherche pas d'excuses à ton père. Je le détestais. C'était une vraie pourriture. Mais je suis père à présent et je me dis que je ferais tout pour préserver mon enfant. Zabini avait témoigné que Crabbe, Goyle et Flint partaient dans l'idée de t'achever alors je me dis que peut être, ton père a cherché à t'épargner en leur suggérant de te laisser vivre dans la disgrâce. »
Le regard de Draco glissa sur la forme inerte de son père. Il avait envie de le secouer, de le gifler pour le réveiller…Pour le forcer à regarder son fils dans les yeux et constater l'épave qu'il était devenu grâce à sa suggestion. Il aurait été mieux mort. Tout aurait été fini. Plus de douleur. Plus de lutte incessante pour garder la tête hors de l'eau. Plus de paranoïa dès qu'il se sentait observé. Plus de crises la nuit. Plus de voix qui commentaient son viol quand un homme le touchait…S'il n'avait pas un instinct d'auto conservation aussi aiguisé, il aurait volontiers mis fin à ses jours. C'était peut être un service à rendre à la communauté finalement…
« Mon père n'a certainement pas pensé à sauver ma vie quand il est intervenu, murmura Draco avec lassitude, surpris par le tremblement dans sa voix. Il n'est pas toi, Neville. A présent si tu veux bien, on va en rester là.
- D'accord, mais avant que tu partes, viens chercher une potion de sommeil.
- Il y en a plein la remise, mais merci Londubat.
- Amène toi. » Ordonna Neville en le traînant dans le laboratoire qu'ils partageaient le temps de trouver la bonne formule pour leur potion. Là, il tendit une fiole au médicomage. « Prends plutôt celle-ci, c'est moi qui l'ai faite.
- Tu te moques de moi ? Tu es nul en potions, remarqua Draco sans réelle animosité.
- Ouais, bon. J'ai sélectionné les meilleures plantes et je les ai amenées à Hermione. »
Draco s'autorisa un faible sourire. Il l'avait voulu goguenard mais Neville l'identifia comme un sourire amusé.
« Rentre te coucher Draco. Tu as vraiment besoin de te reposer parce que là, tu ressembles à un Inferi.
- Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, grommela Draco en passant nerveusement la main dans ses cheveux. J'ai assez de Jordan sur mon dos toute la journée.
- Hermione ?
- Jusqu'à preuve du contraire, c'est elle le médecin chez les Jordan. Lee tient toujours cette navrante boutique de farces et attrapes avec le jumeau Weasley restant.
- Ce n'est pas trop fatiguant d'être sans arrêt au taquet pour mépriser son prochain ? Demanda Neville sans pour autant s'énerver.
- Oh tu sais, avec un bon entraînement, on parvient à se maintenir, répliqua Draco avec une pointe de sarcasme dans la voix.
- Pansy et toi vous faites vraiment la paire…Il va être gai le réveillon de Noël avec vous deux.
- Et pourquoi attendre Noël d'abord ? Questionna Draco avec son premier vrai sourire de la soirée. Figure toi, petit chanceux, que je suis invité à passer l'après midi avec vous demain. Il faut bien que le petit Dante voie ce que c'est qu'un homme, un vrai.
- Ah parce que tu comptes venir accompagné ? » Contre attaqua Neville, hilare.
Draco leva les yeux au ciel d'un air écoeuré…Il n'avait rien trouvé à rétorquer à cela. Pire, il avait envie de rire de la répartie de Neville. C'était étonnant de sa part aussi mit-il cette faiblesse passagère sur le compte de la fatigue et il rentra chez lui. A peine arrivé dans son salon, encore passablement contrarié par ce policier moldu qui lui avait retiré son permis de conduire – de manière arbitraire et totalement injustifiée aux yeux du blond - à cause d'un trop grand excès de vitesse, il ressentit le besoin de se défouler pour mieux dormir…Du moins l'espérait-il.
Il songea à aller courir mais il avait conscience d'être physiquement trop diminué pour ça. Il avait encore des courbatures de sa course d'endurance effectuée deux jours auparavant et les crampes dans ses jambes avaient tendance à s'intensifier lorsqu'il allait trop loin. Il fallait qu'il se repose pour pouvoir reprendre cette activité qui le libérait momentanément de toutes ses tensions. Momentanément, c'était toujours bon à prendre quand sa tête menaçait d'exploser à force de toujours ressasser les mêmes idées noires.
Se dépenser l'aidait également à mettre ses idées au clair, à réfléchir posément et à envisager des solutions auxquelles il n'avait pas pensé au préalable. C'était aussi vital pour lui que de respirer.
Il revêtit une tenue de sport et il banda soigneusement ses poignets, jusqu'à la moitié de ses doigts. Il passa dans la cuisine pour boire un grand verre d'eau et son regard se posa sur son téléphone portable. Il s'en saisit puis il sélectionna le numéro d'Harry dans le répertoire mais, au moment d'appuyer sur la touche « appel » il renonça, craignant de se faire rembarrer.
Il monta à l'étage, dans la salle qu'il avait aménagée en salle de sport et il se mit à cogner furieusement contre le sac de sable suspendu au plafond. Il frappait pour évacuer sa rage contre ses agresseurs et la vie infernale qu'ils lui faisaient mener. Le sac était Crabbe, Goyle, Zabini, ses parents, Montel Mc Cormack qui l'avait forcé à supporter la présence de Blaise, Milton Bradford et Elvira Close qui défendaient l'indéfendable. Le souffle court, les cheveux trempés de sueur tombant sur ses yeux, il frappait toujours plus fort, jusqu'à en avoir mal. C'était Charlie et le mal qu'il lui avait fait en laissant entendre que Draco n'était rien de moins qu'une prostituée. C'était lui-même, incapable de se raisonner face à l'affront. Lui qui avait voulu humilier Charlie et qui, pour cela, avait sacrifié sa relation avec Harry…Lui qui ne méritait pas l'affection du Survivant. Lui qui s'était bêtement laissé immobiliser par ses agresseurs, incapable de se défendre. Harry n'aurait pas été violé lui. Harry aurait évité le sortilège d'immobilisation. Il se frappait rageusement parce qu'il se sentait coupable et honteux quand, techniquement, c'était lui la victime.
Lorsque ses épaules et ses poings demandèrent grâce, il ralentit le rythme sans s'arrêter pour autant. Il voulait dépasser ses limites. Il devait dépasser ses limites. Il devait payer d'une manière ou d'une autre pour tout le mal qu'il avait fait et il était son propre bourreau. C'était sa manière d'expier ses fautes, même s'il savait qu'il ne se sentirait pas mieux ensuite.
Harry revint hanter ses pensées et il poussa un cri de frustration en se remettant à cogner de toutes ses forces. Il s'en voulait d'avoir été lâche au point de lui laisser un message en sachant qu'il n'était pas chez lui. Et ce dernier n'avait pas rappelé. Pourquoi l'aurait-il fait d'ailleurs ? Peut être était-ce mieux ainsi…Draco ne méritait pas la confiance de l'Auror, il suffisait de voir à quel point il était parti à la dérive avec Charlie. Rien ne justifiait cette conduite inqualifiable, pas même la souffrance engendrée par les insinuations de Charlie. Après tout, peut être avait-il eu raison. Peut être Draco était-il vraiment incapable d'être fidèle. Peut être ne se sentait-il bien que lorsqu'il se sentait mal dans les bras d'illustres inconnus. Mais dans ce cas, pourquoi était-il retourné vers Charlie ? Et pourquoi se détestait-il à ce point d'agir de la sorte ? Ça n'avait aucun sens.
Défonce moi cette petite pute, hurla la voix de Goyle dans sa tête.
Draco donna un dernier coup, plus violent encore que les autres, puis il tomba à genoux sur le sol, épuisé, le souffle court, la vision entravée par les cheveux trempés de sueur qui tombaient dans ses yeux. Tout son corps n'était plus qu'une douleur qui ne faisait que lui prouver qu'il était en vie malgré sa propension à toujours s'approcher trop près des flammes. Pendant quelques instants, il crut qu'il n'aurait même pas la force de se relever mais il y parvint au prix d'efforts colossaux. Il prit une douche rapide, avala le contenu de la fiole donnée par Neville et il se coucha, terrifié à l'idée de faire une nouvelle crise.
Il lança un regard attristé à la place vide à côté de lui. Il ne vivait pas avec Harry et pourtant, dans son esprit, c'était sa place, à la gauche du lit. Et dire que tout ce gâchis aurait pu être évité si Draco avait su avant qu'Harry était conscient de ses trop nombreux réveils nocturnes. Non, rectification, pensa Draco. Tout aurait pu être évité s'il avait cessé de se renfermer et s'il avait communiqué avec Harry à propos de Zabini et de l'enfer qu'il vivait chaque nuit. Il n'avait vraiment aucune excuse à part celle d'être quelqu'un de profondément emmuré dans son mutisme.
« Tu avais raison papa, ton fils est un raté. » murmura-t-il en fermant les yeux.
Il était tellement éreinté que le sommeil le gagna sans qu'il s'en rende compte. Il dormait depuis quatre heures lorsqu'il fut réveillé en sursaut par un cauchemar dans lequel il se noyait. Il avait pu sentir l'eau s'insinuer dans son nez et dans ses poumons alors qu'il luttait pour respirer. Tremblant, le visage en sueur, le cœur battant à tout rompre, il chercha à reprendre son souffle en s'asseyant dans son lit. Il jeta un coup d'œil éteint sur le radio réveil. Il avait dormi plus qu'il ne l'espérait, c'était déjà ça. Et il était sorti rapidement de ce cauchemar, sans avoir à se battre contre lui-même, contre sa terreur, pour ouvrir les yeux…c'était encore mieux. Il vivait un tel calvaire chaque nuit que finalement, il se trouvait presque content d'avoir fait cet affreux rêve. Tout plutôt que cette sensation d'étouffement dont il ne parvenait à s'extraire qu'avec une extrême difficulté.
En tout cas tu repasseras pour l'efficacité de ta potion de sommeil sans rêves, Londubat.
Il se dirigea dans la salle de bains pour passer un peu d'eau fraîche sur son visage. Il ferma le robinet avec des gestes lents, empreints de lassitude lorsque le bruit de la télévision attira son attention. Il était certain de ne pas l'avoir allumée en rentrant. Une décharge d'adrénaline fit bondir son cœur dans sa cage thoracique et il fit apparaître sa baguette magique autour de laquelle ses doigts se crispèrent. Il avança de manière à faire le moins de bruit possible dans le couloir avant de réaliser que si quelqu'un avait été envoyé dans le but de l'agresser, il ne se serait certainement pas calé bien tranquillement devant la télé. Il respira plus librement, abaissa sa baguette et se prit à espérer qu'Harry avait décidé de lui pardonner sans qu'il ait à se justifier.
Il s'immobilisa quelques secondes pour se reconstituer un visage impassible puis il entra dans le salon.
« Sirius ? Ça va ? Qu'est ce que tu fais là ? » demanda-t-il en voyant le Ministre avachi sur le canapé avec une élégance que lui seul pouvait avoir dans une telle posture.
Il tourna la tête en direction de l'écran et constata que, comme lui, Sirius était particulièrement attiré par les émissions qui donnaient de l'urticaire à Harry.
« Je regarde la télé, » répondit laconiquement l'animagus.
Draco se pinça l'arrête du nez entre deux doigts tout en se mordant la lèvre inférieure. Il poussa ensuite un long soupir.
« J'avais remarqué, merci. Ce que je veux savoir, c'est ce que tu fais dans mon salon à trois heures du matin et pourquoi vous vous croyez tous obligés de débarquer chez moi sans prévenir.
- Alors déjà, je ne débarque pas étant donné que je suis là depuis minuit, répliqua Sirius en se redressant, un sourire sardonique aux coins des lèvres.
- Ce n'est qu'un point de détail…Ensuite ?
- Neville a dit à Pansy que tu semblais au bout du rouleau ce soir, alors elle m'a appelé pour tirer la sonnette d'alarme. »
Draco soupira à nouveau, agacé.
« Je vais très bien, Londubat raconte n'importe quoi.
- Je vois ça de mes propres yeux, Draco. Tu es dans une forme éblouissante, ironisa Sirius.
- Arrêtez de m'infantiliser de la sorte, ça commence sérieusement à m'énerver. Et perdez cette habitude d'entrer chez moi sans invitation, exigea sèchement Draco. J'aurais très bien pu être nu !
- Tu ne te balades jamais à poil chez toi, tu es trop pudique pour ça. Mais on fera comme tu voudras. En attendant, arrête de faire ta drama queen et viens boire un thé. »
Draco esquissa un sourire. Il lui était impossible de ne pas aimer Sirius Black. Il s'installa face à lui et ils parlèrent longuement, jusqu'au lever du jour.
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La semaine suivante, Harry arriva en retard au Ministère. Il pénétra dans le hall en courant, les joues rosies par le froid et le vent, les cheveux trempés par la pluie. Il prit l'ascenseur, soulagé d'être seul pour pouvoir tenter de se redonner une apparence plus soignée. Sa cravate était mal nouée, sa chemise pendait lamentablement hors de son pantalon noir, ses lunettes étaient recouvertes de gouttelettes. Il réajusta sa tenue avec des gestes fébriles. Il détestait lorsqu'il n'était pas ponctuel mais après la nuit qu'il avait passée, il avait eu toutes les peines du monde à s'extirper du lit.
Il avait passé le week end chez Hermione et Lee, à jouer au Quidditch avec ce dernier ainsi que Ron, Ginny – étonnamment agréable avec lui – Fred et Charlie. Il s'était senti en famille, entouré de gens qu'il aimait et cela avait considérablement joué sur son moral, même s'il s'était demandé pourquoi Charlie lui posait beaucoup trop de questions sur Draco. Il s'était malgré tout couché serein dimanche soir. Sa colère contre Draco était retombée. Il ne lui restait plus que la déception parce que le blond n'avait pas jugé important de reprendre contact avec lui, et le manque de sa présence. Il ne voulait cependant pas faire le premier pas vers une réconciliation…c'était inenvisageable pour lui. Draco avait eu tort et soit il assumait, soit il perdait Harry. C'était aussi simple que ça dans l'esprit du Survivant, et tant pis s'il devait en souffrir.
Il s'était endormit tôt mais il fut rapidement tiré de son sommeil par un cauchemar qui lui glaça le sang. Blaise Zabini, Marcus Flint et Vincent Crabbe torturaient Draco et Harry ne pouvait rien faire parce qu'il était enfermé dans le placard des Dursley. Il se réveilla en sursaut, haletant. Il avait dû faire appel à tout son sang froid pour ne pas courir chez le médicomage en pleine nuit afin de s'assurer qu'il allait bien. Au lieu de cela, il avait téléphoné à Hermione qui en avait conclus qu'Harry projetait sa propre douleur sur celle de Draco.
Harry avait acquiescé, même s'il n'était pas d'accord avec cette interprétation. Il s'était recouché mais n'avait trouvé le sommeil qu'au petit matin. C'est donc à reculons qu'il sprinta dans le long couloir qui menait jusqu'à son bureau, peu enclin à aller chasser le mage noir sous des trombes d'eau. Il stoppa net dans l'encadrement de la porte qu'il avait ouverte à la volée, une main toujours agrippée à la poignée. Il ne s'était pas retourné pour voir qui déboulait de manière si fracassante dans le bureau, mais Harry savait très bien qui il était…Cette haute stature impeccablement mise en valeur par des vêtements de qualité supérieure…Cette nuance de blond qu'Harry n'avait jamais vue chez un autre (à part peut être chez Lucius Malfoy mais ça, il s'évertuait à l'oublier.) Il était posté devant le bureau de l'Auror, immobile, dans l'expectative.
Harry s'avança et se laissa tomber sur son fauteuil le plus dignement possible malgré l'essoufflement et ses cheveux qui continuaient de goutter sur sa nuque.
« Bonjour Harry, » lança Draco d'un air détaché en jouant avec les touches de son téléphone portable.
La colère revint au galop prendre possession de l'esprit du Survivant qui serra les poings sous la table. Aucun remords. Aucune gêne. Draco était là en terrain conquis. Cela faisait deux semaines qu'Harry était malheureux et pour qui ? Un homme qui n'en n'avait cure. Un homme qui semblait bien plus reposé et mieux portant que lorsqu'il était avec Harry (comment l'Auror aurait-il pu deviner que Draco dormait mieux grâce aux nouvelles « petites pilules magiques » de Jared et qu'il mangeait plus parce que Neville, sous l'impulsion de Pansy, lui donnait une potion d'appétit à son insu, en la mélangeant avec la potion de sommeil qu'il lui fournissait parfois ?)
« J'ai pas le temps de parler là, » déclara sèchement Harry en jetant un coup d'œil rapide aux mémos qui s'amoncelaient devant lui.
Draco ne répondit pas. Pas même une remarque acerbe. C'était trop rare pour ne pas susciter l'étonnement d'Harry qui releva la tête pour ficher son regard dans celui du blond, lequel le fixait intensément, avec un sérieux presque effrayant. La porte s'ouvrit à nouveau sur Ron et, avec une lenteur calculée, Draco fit naître un rictus méprisant sur son visage.
« Tiens, voilà les dossiers que tu voulais Malfoy, grommela Ron en lui jetant une pile de parchemins dans les bras. La prochaine fois, tu descendras tout seul dans ces archives poussiéreuses, je ne suis pas ta secrétaire. Ah tiens, ça va Harry ? »
Harry demeura silencieux. Ses lèvres étaient scellées, ses dents serrés et le regard qu'il porta sur le visage triomphant de Draco était rien de moins qu'assassin.
« Tu me vois navré si, dans mon comportement, quelque chose t'a laissé supposer que j'étais venu pour toi, susurra Draco. Et, Weasley, ne me remercie pas, ça m'a fait plaisir de te permettre un petit retour aux sources…dans la poussière, comme dans le clapier qui vous servait de maison avant la promotion de ton père.
- Ne me pousse pas, Malfoy, » prévint Ron en rougissant considérablement. Il savait que si Draco avait la mauvaise idée de parler de sa mère, il perdrait tout contrôle.
« Il faut dire que ta mère n'était pas une fée du logis. Ça devait être dur pour elle de bouger ses grosses fesses, ajouta le blond avec un sourire goguenard.
- Ron…soupira Harry en posant sa main sur le bras de son ami pour le calmer.
- En tout cas ma mère ne suçait pas les queues des Mangemorts, elle ! Telle mère, tel fils, hein Malfoy ? »
Draco pâlit considérablement, sans pour autant se départir de son sourire désagréable.
« Dégage Draco ! Tonna Harry en empoignant Ron pour l'empêcher de sauter à la gorge du médicomage. Dégage avant que je t'emplâtre ! »
Le blond tourna les talons en leur souhaitant une bonne journée, puis il sortit en claquant la porte. Harry lâcha enfin Ron pour s'asseoir, déconfit.
« Il faut que vous arrêtiez d'appuyer là où ça fait mal, dit-il à Ron sans réel reproche dans la voix.
- Luna va me tuer pour ce que je viens de balancer à Malfoy, gémit Ron en s'asseyant à son tour.
- Elle n'est pas obligée de le savoir. Et puis merde, c'est lui qui a commencé. Il n'avait pas à te sortir de telles horreurs sur ta mère. Ça ne se fait pas. »
Ron observa longuement son meilleur ami alors que ce dernier allumait une cigarette. Il pouvait presque palper sa colère et sa déception. Il prit une profonde inspiration pour se calmer avant d'entamer le dialogue.
« Tu le connais pourtant, les mères c'est son sujet de prédilection quand il veut être blessant. Rappelle toi, avant la mort de ma mère, il était déjà insultant avec elle.
- Ouais, avec la mienne aussi, marmonna Harry en contemplant le bout incandescent de sa cigarette.
- C'est son truc quand il n'a plus de réparties cinglantes en stock. Je savais qu'il allait parler de ma mère avant même qu'il ouvre la bouche. Je n'aurais pas dû entrer dans son jeu et lui jeter son viol en pleine tête. C'était dégueulasse.
- Oui, reconnut Harry, mais tu n'as fait que t'abaisser à son niveau, c'est tout. Il avait qu'à fermer sa grande gueule, pour une fois.
- Tu… » Il s'interrompit pour dévisager Harry et esquisser un sourire triste. « Tu l'aimes vraiment, hein ?
- Quoi ? Je vois pas le rapport, affirma durement Harry.
- Tu es toujours plus intransigeant avec les gens qui comptent pour toi, c'est tout.
- Intransigeant, mon cul ! Il a dit du mal de ta mère, Ron ! La seule figure maternelle que j'ai connue !
- Et moi j'ai insinué que ça l'éclatait de sucer des mecs comme Crabbe et Goyle, Harry. Je me dégoûte pour le coup.
- Ouais, t'es con toi aussi…Vous ne pouvez pas vous insulter gentiment, comme tout le monde ? Pourquoi vous devez systématiquement inclure des mères, des femmes, des frères ou des viols ? Vous faites chier, tous les deux ! » Gronda Harry avant de tirer furieusement sur sa cigarette.
Il se levait pour aller chercher un café lorsque Pansy entra, tout sourire…Sourire qui s'estompa rapidement à la vue des visages fermés de ses deux collègues.
« Quelle est l'embrouille ? Demanda-t-elle. Encore un assassinat ?
- Un assassinat verbal, oui, répondit Ron en jouant nerveusement avec sa plume. Je viens de me jeter avec Draco.
- Qu'est ce qui s'est passé ? Soupira Pansy.
- Il a dit du mal de ma mère.
- Alors là je ne peux pas le défendre.
- Et Ron a répliqué que Draco aimait les queues de Mangemort, intervint Harry d'un air morose.
- Alors là, je ne peux pas te défendre, Ron, rétorqua Pansy. Je n'aimerais pas être là le jour où vous allez finir par vous taper sur la gueule tous les deux.
- Il n'y aura pas de mal, maugréa Ron. Draco frappe comme une fille. »
Sans crier gare, Pansy s'approcha de lui pour lui décrocher un coup de poing magistral qui lui fendit la lèvre. Harry se leva d'un bond pour porter secours à son ami mais déjà, Pansy reculait, satisfaite.
« Putain mais ça va pas ! S'exclama Ron en essuyant sa lèvre ensanglantée du dos de la main. Tu m'as fait un mal de chien !
- ça frappe comment une fille, Ronny ? Questionna Pansy avec un sourire narquois. Comme je disais, je n'aimerais pas être là quand Draco et toi en arriverez aux mains. Sur ce, je ne voudrais pas vous presser mais on a du travail. »
Harry ne put se retenir de rire alors que Ron lui lançait un regard noir. Le Survivant imaginait Luna se jetant sur Pansy pour défendre son mari et cela ne fit qu'accentuer son hilarité. Il se lança ensuite à corps perdu dans la recherche du mage tueur de moldus. L'étau se resserrait et Harry espérait l'avoir appréhendé avant la fin de la semaine.
Il était tard lorsqu'il gara sa voiture devant chez lui, moralement exténué. Son regard se porta sur le perron de sa maison et il sursauta en voyant dans la lueur des phares une forme recroquevillée qui cherchait à s'abriter de la pluie. Il coupa le moteur et avança dans l'allée. La forme se redressa et Harry tressaillit en reconnaissant Draco, les bras croisés sur son torse, la tête rentrée dans les épaules pour essayer de se réchauffer.
« Harry…appela-t-il d'une voix étrangement sourde lorsque le Survivant passa à sa hauteur.
- Qu'est ce que tu veux ? aboya Harry en faisant de gros efforts pour ne pas le frapper…ou l'étreindre…Il ne savait plus très bien ce qu'il voulait à ce moment précis.
- M'excuser, Harry, souffla Draco en claquant des dents. Je veux m'excuser.
- T'excuser ? Pour quoi exactement ? Pour m'avoir fait croire que tu voulais me sentir en toi alors que tu étais chargé de drogue ? Pour avoir joué au mort pendant deux semaines parce que tu estimais que je ne méritais pas la moindre explication ? Ou pour ton comportement puant de ce matin ? »
Draco baissa les yeux en reniflant et Harry réprima un soupir agacé. Il fit tourner la clé dans la serrure et quand il entendit la voix du blond, il suspendit son mouvement.
« Pour tout. Je veux m'excuser pour tout. »
Harry ouvrit la porte et il pénétra dans le hall pour allumer la lumière. Draco n'osait pas bouger.
« Entre, tu es frigorifié, » ordonna sèchement Harry.
Draco le suivit à l'intérieur, presque timidement. Il avait peur de parler et de provoquer une nouvelle dispute. Harry disparut pour revenir quelques secondes plus tard avec une serviette de bain qu'il lança à Draco.
« Essuie toi les cheveux, tu es trempé. Depuis quand tu es là ?
- Une heure, peut être un peu plus. Je croyais que tu serais déjà rentré.
- J'ai largement autre chose à foutre que de t'attendre. »
Draco encaissa la remarque sans ciller. C'était de bonne guerre, Harry lui en voulait et il n'était pas prêt à faire le moindre effort. Le médicomage se mordit la lèvre inférieure en rendant la serviette à Harry. Ce dernier s'en saisit pour la jeter dans un coin.
« J'ai menti, annonça soudain Draco d'une voix claire.
- Comme c'est étonnant, ironisa Harry. Sur quoi, cette fois ?
- J'ai envoyé Weasley chercher des dossiers aux archives parce que je voulais te parler. »
La respiration d'Harry se bloqua comme s'il venait de recevoir un coup de poing. Lorsqu'il respira à nouveau, c'était comme si le poids qui lui comprimait le cœur depuis deux semaines s'était considérablement allégé.
« Pourquoi ne l'as-tu pas dit, alors ? Interrogea-t-il en se radoucissant.
- Tu avais l'air tellement mécontent de me voir que je me suis braqué. Après j'ai fait n'importe quoi parce que j'étais blessé et que je suis toujours ignoble dans ces cas là.
- Ron ne t'avait rien fait, Draco, déclara Harry en passant une main dans ses cheveux.
- J'en ai conscience. Je me sentais mal et j'ai déchargé mon agressivité sur lui. Mais il n'a pas été tendre avec moi non plus, se défendit Draco en reportant son attention sur la pluie qui battait contre la baie vitrée du salon.
- Tu as appuyé sur une plaie qui est encore ouverte chez lui, il a fait pareil avec toi et j'en suis navré, pour toi comme pour lui. Draco regarde moi, » exigea Harry. Le blond tourna la tête dans sa direction et l'Auror décela tellement de douleur au fond de ses yeux gris que son cœur se serra. « Ron ne pensait pas ce qu'il t'a dit.
- Parce que tu crois que moi, je pensais ce que je lui ai dit ? renvoya froidement Draco.
- Pourquoi c'est si dur pour toi de communiquer ? Pourquoi faut-il systématiquement que tu cherches le conflit ? »
Harry semblait énervé…Non, pas énervé, constata Draco. Il était bouleversé et épuisé. Il songea avec tristesse que ça devait être terriblement dur d'essayer d'entretenir une relation saine avec lui alors qu'il passait son temps à se défiler et à attaquer le premier pour ne pas souffrir. Il s'était souvent posé les mêmes questions qu'Harry. Il se les posait depuis son adolescence et la seule réponse à laquelle il était parvenu lui paraissait tellement risible qu'il ignorait s'il fallait prendre le risque se ridiculiser en la donnant à Harry. Mais s'il ne disait rien, le risque était plus grand encore car le brun n'accepterait pas son mutisme. Il prit une profonde inspiration puis il parla, les dents serrées.
« Parce que j'ai besoin de montrer que j'existe…Je ne le fais pas sciemment, Harry. C'est juste tellement ancré en moi que je n'arrive pas à fonctionner autrement.
- Je sais que c'est plus fort que toi, admit Harry en avançant la main en direction de la joue de son compagnon, avant de réaliser ce qu'il faisait et de la laisser retomber. Si je pensais le contraire, tu ne serais pas chez moi en ce moment. Tu veux un thé pour te réchauffer ?
- Ce n'est pas de refus. »
Il suivit Harry jusqu'à la cuisine. Le Survivant mit la théière en marche puis il s'absenta quelques minutes avant de revenir en tendant un pull noir à Draco.
« Mets quelque chose de sec, tu vas tomber malade. »
Draco hésita, puis il ôta sa chemise mouillée pour enfiler le pull. Il était surpris, et touché par la manière dont Harry prenait soin de lui malgré sa rancoeur. Il n'avait pas l'impression d'être une pauvre petite chose fragile à ses yeux. Harry était juste altruiste, toujours inquiet du bien-être des autres. Draco riva son regard sur le plan de travail, gêné.
« Je peux ?
- Je t'en prie, fais comme chez toi, » répondit Harry avec un sourire engageant.
Draco se hissa pour s'asseoir sur le plan de travail. Harry se demanda comment une manie aussi anodine pouvait l'émouvoir à ce point et pourquoi, alors qu'il lui en voulait toujours, il était irrémédiablement attiré par sa bouche. Il préféra enlever ses lunettes pour voir un peu moins précisément cette lèvre inférieure ourlée qu'il avait envie d'emprisonner entre les siennes.
« Tu as l'air en forme, constata-t-il en versant l'eau dans des tasses. Tu dors mieux en ce moment ?
- Jordan et Londubat me concoctent des potions de sommeil. J'en prends quand je suis vraiment trop fatigué, pour glaner quelques heures de repos, expliqua Draco en serrant la tasse entre ses mains afin de les réchauffer. Quelquefois ça marche, d'autres non.
- Tu as toujours ces terreurs nocturnes ? »
Draco hocha la tête, puis il haussa les épaules, comme si ça n'avait aucune importance. Il se plongea dans la contemplation de la fenêtre, fasciné par la pluie battante. Harry était étrangement mal à l'aise. Il y avait parfois chez Draco une telle résignation alors qu'à d'autres moments, le refus et la négation en bloc l'habitaient…Il ne savait pas comment l'héritier Malfoy s'y retrouvait sans sombrer avec toutes ces contradictions. Peut être était-il déjà en train de sombrer mais qu'il sauvait les apparences. Cette pensée fit tressaillir Harry. Même lorsqu'il avait été furieux contre Draco, il ne lui avait voulu aucun mal. Il lui arrivait de se réveiller la nuit parce qu'il avait soif et de songer qu'au même moment, Draco était peut être en train de souffrir de ces sensations d'asphyxie, ou en train de lutter contre le sommeil pour les éviter justement.
Depuis que Ron lui avait avoué pourquoi Zabini avait poussé Draco à le rencontrer, Harry était inquiet. Il ignorait comment Draco vivait cet accord passé avec son avocate et surtout, comment il vivait la perspective de voir le contenu de son cahier bleu utilisé contre lui lors du procès. Ce devait être terrible pour lui et il était seul face ses démons puisqu'il ne laissait à personne l'occasion de s'approcher trop près de lui.
Harry le détailla longuement, des pieds à la tête. Il avait repris un peu de poids, c'était encourageant. Il était troublé de le voir porter son pull. C'était tellement intime…Presque sexy. Il remonta jusqu'au beau visage fin de Draco et il réalisa que s'il semblait moins épuisé que deux semaines auparavant, il n'était pas en forme pour autant. Les cernes qui soulignaient son regard étaient toujours présents mais beaucoup moins marqués.
« Harry, déclara soudain Draco sans quitter la fenêtre des yeux. J'ai fait quelque chose de très moche.
- Je sais, j'étais là, » rétorqua calmement Harry.
Draco planta son regard gris dans le vert intense des yeux de son compagnon.
J'ai couché avec Charlie.
Il ouvrit la bouche mais les mots refusèrent d'en sortir. Perdre Harry le paniquait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Lentement, il posa sa tasse à côté de lui et il massa sa nuque d'une main.
J'ai couché avec Charlie. Dis le !
« Je n'aurais pas dû faire ça et je m'en excuse, Harry.
- Mais encore ?
- Pardon ?
- C'est tout ce que tu as à dire après ça ? Tu ne comptes pas m'expliquer ce qui t'est passé par la tête ? Pourquoi, Draco ? Pourquoi tu as fait ça ? »
Parce que je suis indigne de ta confiance. Parce que je suis quelqu'un de mauvais et que je l'ai toujours été. Parce que j'ai peur. Parce que je salis et corromps tout ce que je touche.
Une boule se forma dans sa gorge et il craignit de parler d'une voix tremblante, alors il garda le silence.
« Bon, c'est tout ce que tu as à dire ? » S'impatienta Harry en passant nerveusement la main dans ses cheveux.
Draco secoua lentement la tête.
« Donc, reprit froidement Harry, tu as des choses à dire mais tu la fermes…Tu comptes me communiquer les informations de quelle manière ? Tu dessines sur une feuille et je devine ? Je prends des cours de legilimencie en accéléré et je vais chercher les infos à la source, directement ? Ou alors tu mimes ?
- Arrête ça.
- Que j'arrête quoi, bordel ! Tu viens pour me parler mais tu es incapable de le faire. Je veux bien être compréhensif Draco, je te jure, mais je ne peux pas t'aider à justifier ton comportement parce que je ne sais pas ce qui t'a pris. Si ça ne te dérange pas trop, je vais allumer une cigarette maintenant, ça me permettra de réfléchir.
- Tu es chez toi, tu fais bien ce que tu veux, » soupira Draco.
Harry mit en marche la hotte au dessus de la gazinière afin de ne pas trop incommoder Draco avec l'odeur et il alluma sa cigarette.
« Je n'ai pas d'excuses pour ce que j'ai fait, admit Draco en se concentrant à nouveau sur la fenêtre. J'avais peur…non en fait j'étais terrifié.
- Par quoi ? Interrogea Harry d'une voix douce et apaisante.
- Je voulais vraiment que tu me fasses l'amour, Harry, souffla Draco. Mais je craignais que certaines images surgissent en moi et viennent tout gâcher. C'est minable comme explication, j'en conviens, cependant c'est uniquement pour cette raison que j'ai cherché un soutien chimique. »
Harry jeta sa cigarette dans l'évier et il s'approcha de Draco.
« Draco regarde moi s'il te plait. »
Le blond ferma les yeux puis il les rouvrit pour fixer intensément le Survivant.
« Tu permets ? Demanda Harry en avançant la main vers son visage.
- Bien sûr. »
Il posa sa paume au niveau de la mâchoire inférieure de Draco et il caressa sa joue avec son pouce. L'ancien Serpentard empoigna doucement son pull afin de l'attirer entre ses longues jambes, toujours plus près de lui.
« Je comprends ton geste, avoua Harry d'une voix rauque. J'imagine à quel point ça doit être dur pour toi de redouter ces images, comme tu les appelles. Mais moi aussi j'ai peur. »
Draco lui lança un regard étonné.
« Qu'est ce que tu crois, petit con, poursuivit Harry avec un sourire empli de tendresse. Bien entendu que je suis mort de peur. Je suis effrayé à l'idée de te faire mal ou de te dire quelque chose qui ferait écho à ce que ces fils de putes t'ont dit dans la cabane d'Hagrid.
- Je ne pensais pas…
- C'est ton problème, mon ange. Tu ne penses pas, à part pour te monter la tête inutilement. Ça m'a blessé que tu tentes de te donner à moi sans prendre en compte le fait que je ne voulais pas de ça. Je te veux entièrement présent ou pas du tout, il n'y a pas de demie mesure avec moi.
- Je te promets que ça ne se reproduira pas, Harry.
- Il y a intérêt parce qu'un autre coup comme ça et je ne chercherai pas à comprendre. Je te ferai juste bouffer tes dents. Je veux que tu assimiles le fait que rien ne presse. Tu es désirable, je ne le nie pas. Mais le fait que tu soies un putain de beau mec n'est pas le plus important. On a tout le temps, le sexe ne fait pas tout. Je n'attends pas que tu t'affales devant moi, les jambes écartées, le plus vite possible.
- C'est d'une élégance, » grommela Draco.
Harry noua ses mains derrière la nuque du blond et il serra, comme pour donner plus de poids aux paroles qu'il allait prononcer.
« Tu veux qu'on parle de manque d'élégance, Draco ? Je ne t'ai pas trouvé particulièrement distingué quand tu t'es foutu à quatre pattes sur le lit en tortillant du cul pour, je suppose, m'exciter alors que je venais de te dire qu'il était hors de question que je te touche dans l'état où tu étais. »
La respiration de Draco se bloqua dans ses poumons et il se sentit rougir de honte. Il allait se défendre par l'agressivité mais Harry ne lui en laissa pas le temps. Il commençait à le connaître, il savait qu'il ne fallait pas le laisser réfléchir dans ces cas là. Il l'étreignit fermement contre lui, une main caressant ses doux cheveux blonds. Draco s'abandonna contre lui.
« Je ne veux plus de ça, Draco. Ça m'a fait trop mal de te voir dans cet état. On est bien clairs ? Murmura Harry à son oreille.
- C'est très clair.
- Tu veux toujours de moi ?
- Et toi ? Renvoya Draco.
- J'ai demandé le premier, » insista Harry en reculant pour le regarder dans les yeux.
Aussitôt, Draco l'empoigna par le col pour le rapprocher et il écrasa sa bouche contre celle du Survivant. Une décharge de plaisir courut le long de la colonne vertébrale d'Harry et ses bras vinrent enserrer la taille de Draco. Leurs bouches s'entrouvrirent, leurs dents s'entrechoquèrent et leurs langues se trouvèrent pour s'emmêler avec urgence, exprimant ainsi toute la violence du manque qu'ils avaient ressenti durant ces deux semaines.
Les mains de Draco se perdirent dans la chevelure noire d'Harry alors que ce dernier descendait dans son cou afin de retrouver la saveur de sa peau. Presque furieusement, il couvrit de baisers chaque parcelle d'épiderme à sa portée, humant avec délectation le parfum épicé et frais qui s'était considérablement estompé mais surtout, l'odeur de Draco. Une odeur de pluie et de neige. Il le mordilla au niveau de la veine jugulaire, le sentant frissonner au passage, puis il souffla trois mots, silencieusement, au creux de son oreille : « je t'aime. »
Draco le tira en arrière pour l'amener à lui faire face. Il baissa les yeux dans le but de contempler les lèvres sensuelles d'Harry, comme pour l'embrasser mentalement, puis avec douceur, il posa sa bouche sur celle du brun et leurs langues entamèrent une danse langoureuse. Le cœur du Survivant battait trop vite, sa tête tournait et ses jambes le supportaient difficilement. Il se surprit à songer qu'il aimait cet état de bouleversement mêlé au désir et au soulagement qui accompagnait chaque réconciliation avec Draco. Pour un peu, il se serait presque dit que ça valait la peine de se disputer avec lui.
Lorsqu'ils consentirent enfin à se séparer, un silence chargé d'émotion s'installa entre eux. Harry alluma une cigarette pour se donner une contenance et Draco, loin d'être dupe, émit un rictus amusé.
« Tu veux aller manger quelque part ? Demanda soudain Harry. J'ai faim.
- Tu as toujours faim, plaisanta Draco en jetant un coup d'œil sur sa montre. Je n'ai qu'une heure par contre. Je dois retourner à Saint Mungo.
- Qu'est ce que tu vas faire là bas ? Ils peuvent pas se démerder sans toi un peu ?
- Vocabulaire, Potter, déclara Draco avec un sourire sardonique. En fait, ça ne sera qu'un aller-retour. Je dois donner une potion à 5 heures d'intervalle à certains patients et je tiens à le faire moi-même.
- Les parents de Neville ?
- Comment…
- Je le sais parce que Neville m'a parlé de votre accord, coupa Harry en approchant pour poser un baiser furtif sur ses lèvres. Je ne te retiendrai pas plus d'une heure, promis.
- Je préfèrerais rester avec toi, » avoua Draco.
Harry sourit, touché par la remarque, puis il transplana avec lui jusqu'à une pizzeria qu'il affectionnait particulièrement sur le chemin de Traverse. Le mauvais temps avait eu raison de la motivation des sorciers et l'endroit était pratiquement désert, à part quelques couples disséminés aux quatre coins de la pièce. Ils passèrent commande et Harry ne put s'empêcher de penser à surveiller que Draco mange correctement.
Arrête tes conneries Potter, songea-t-il. Ce n'est pas un gamin.
Il avait envie de lui demander comment il allait vraiment et comment il supportait la perspective du procès mais il se retint. Si Draco voulait aborder le sujet, c'était à lui de le faire. Un silence gêné s'insinua entre eux et Harry prit la main du médicomage au dessus de la table. Draco émit un sourire avec, dans les yeux, tellement de tendresse qu'Harry sentit son cœur fondre comme neige au soleil. Le blond entama une conversation sur le mage noir qui donnait tant de sueurs froides au bureau des Aurors et ils en discutèrent jusqu'au moment de se séparer.
« Tu repasses à la maison après ? Questionna Harry en embrassant le poignet de Draco.
- Je ne préfère pas, répondit Draco. Je t'empêcherai de dormir et tu as l'air d'avoir salement besoin de te reposer. Il faut que tu puisses être à cent pour cent contre ce psychopathe. Mais viens chez moi demain soir si tu es libre, je me ferai remplacer à l'hôpital.
- Vendu. »
Draco prit congé du Survivant et il transplana jusqu'à Saint Mungo. Il fit un crochet par la chambre de Severus Rogue pour lui donner la potion. Malgré son manque de réactions, Draco ne désespérait pas de le voir se réveiller un jour.
« Tu crois que ça va marcher ? Demanda Tonks qui était venue dormir au chevet de l'homme qu'elle aimait et qu'elle refusait de laisser seul la nuit.
- Je ne sais pas, admit Draco en se forçant à poser une main apaisante sur son épaule. Nous en sommes à un stade où rien n'est certain concernant Severus. J'aimerais vous donner un meilleur pronostic mais je vous mentirais.
- Merci cousin, » murmura Tonks en serrant sa main.
Draco tressaillit. Il avait du mal à se faire appeler « cousin » par une femme qu'il ne connaissait pas et qu'il ne cherchait pas à connaître. Elle faisait partie de la branche « saine » de sa famille mais c'était tout ce que Draco savait d'elle. Même Sirius ne la fréquentait que lorsque cela était strictement nécessaire, peu enclin à essayer de la rassurer sur l'éventuelle survie de Severus Rogue dont il se fichait comme d'une guigne.
« Essayez de dormir, » conseilla Draco en tournant les talons pour fuir cette femme qui le mettait mal à l'aise avec ses regards insistants.
Il passa ensuite par la salle où vivaient les parents de Neville. Il réveilla d'abord Alice en douceur pour lui faire boire la potion et, comme elle le faisait systématiquement, elle lui tendit un papier de chewing-gum vide.
« Un bonbon, Lucius ? Proposa-t-elle avec un sourire innocent.
- Non merci, Alice, » répondit Draco avec un pincement au cœur.
Il répugnait à se laisser appeler par le prénom de son père mais il devait respecter l'ordre dans lequel les souvenirs de l'Auror lui revenaient. Elle se considérait, pour l'instant, comme une femme jeune et Draco ne voulait pas compromettre son éventuelle guérison en la choquant. Alors il encaissait la comparaison avec son père en silence, même si cela l'écoeurait. Il détestait l'idée même de lui ressembler.
Alice but lentement la potion en grimaçant puis elle observa longuement Draco.
« Vous n'êtes pas Lucius, n'est ce pas ? Demanda-t-elle soudain.
- Non, effectivement. Comment vous en êtes vous aperçue ?
- Vous êtes trop gentil, » dit-elle simplement avant de se recoucher en cachant son emballage de chewing-gum sous son oreiller.
Draco haussa les épaules. Peut être que la potion commençait à vraiment marcher avec elle et qu'elle retrouvait enfin une certaine logique, même si cette hypothèse le laissait largement sceptique. En effet, si elle retrouvait une certaine logique, comment se faisait-il qu'elle le trouve « gentil » ? Il se pencha pour secouer Frank Londubat mais il se figea face aux deux prunelles qui le fixaient intensément.
« Non, déclara Frank, vous n'êtes pas Lucius.
- Je suis son fils, Draco.
- Vous êtes un jeune homme bon…Pas comme votre père.
- Oui pour les deux remarques, plaisanta Draco en détournant le regard. Buvez ça. » Frank obéit. « Comment vous sentez vous ?
- Nauséeux.
- C'est normal. Ecoutez, je sais que vous en avez assez de stagner ici mais nous devons rester vigilants car nous ne connaissons pas les effets de cette potion. Elle est toute nouvelle. Sachez cependant que votre fils s'est acharné à trouver les bonnes formules. Il ne vous a jamais abandonnés.
- Quand je pourrai le voir ? Si les effets de cette potion sont temporaires, je voudrais vraiment le voir avant de...de…
- Je vais vous demander encore un peu de patience, mais c'est pour bientôt. Nous vous conduirons à lui dans une salle plus tranquille. Votre femme ne pourra pas vous suivre si elle reste dans cet état, ce serait trop violent pour elle.
- Merci…Vous êtes un bon garçon, Draco, insista Frank.
- Je ne crois pas, moi, » souffla Draco pour lui-même plus que pour Frank.
Il sortit d'un pas rapide, s'intimant l'ordre de ne pas courir. Il ne supportait plus la souffrance qu'il voyait dans les yeux des Londubat et qui le contaminait. En leur présence, il ne supportait même plus son nom de famille. Le sang de Bellatrix et de son père, entre autres Mangemorts, coulait dans ses veines. Tous les Sirius et toutes les Tonks du monde ne pouvaient pas l'empêcher de se sentir coupable pour ce que sa famille avait fait.
Et, plus profondément en lui se terrait la raison la plus importante…celle qu'il ne voulait pas mentionner. Il peinait déjà à se l'avouer à lui-même. Les Londubat avaient perdu la raison après avoir été soumis à une répétition de sortilèges du Doloris. Lui aussi avait eu à subir ce sortilège à maintes reprises dans la cabane d'Hagrid et, quelque part, il aurait préféré perdre contact avec la réalité plutôt que d'avoir à l'affronter au quotidien.
« Toujours à hanter les couloirs à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, » plaisanta une voix grave derrière lui. Il se retourna en se composant un sourire enjoué.
« Jawad, tu tombes bien…Je veux que tu examines deux patients en psycho. Les Londubat. Je sais que c'est étrange de faire ça en pleine nuit, mais il faut que ça reste discret…Et après tu me payeras un café.
- Ouais, c'est encore le riche héritier qui se fait payer des trucs…où va le monde ?
- On se demande, Jawad, répliqua Draco avec un rire sibyllin. On se demande.»
oOoOoOoOoOoOo
Le lendemain soir, Harry sonna chez Draco cinq minutes avant l'heure convenue. Le blond, élégamment vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise à manches courtes près du corps de la même couleur, lui ouvrit avec un sourire resplendissant qui réchauffa le cœur du Survivant. Ce dernier le suivit dans le salon après avoir posé ses lunettes mouillées sur le guéridon de l'entrée. Une délicieuse odeur qu'il n'identifiait pas planait dans la pièce et il demanda à Draco de quoi il s'agissait.
« J'ai fait livrer des plats chinois, répondit Draco en haussant les épaules. Je suis allé courir et je suis rentré trop tard pour cuisiner. » Il marqua un temps de pause pour détailler Harry des pieds à la tête. Son regard semblait caresser les jambes fermes mises en valeur par un jean, le torse bien dessiné sous un tee-shirt col V gris clair et la veste de costume sombre, gris bleuté qui donnait un aspect décontracté chic à l'ensemble. Ses yeux remontèrent jusqu'à son beau visage, à ses yeux d'un vert spectaculaire, à ses cheveux en bataille et, inconsciemment, il passa sa langue sur sa lèvre supérieure. « Tu es…à couper le souffle, reprit-il.
- J'allais te dire la même chose, » rétorqua Harry en enlaçant sa taille alors que sa bouche se posait sur celle de Draco.
Leurs langues s'emmêlèrent, leurs respirations se firent erratiques et leurs mains se cherchèrent avec frénésie. Sans cesser de l'embrasser, Draco débarrassa Harry de sa veste puis il le poussa sur le canapé avant de chevaucher ses jambes, les doigts crispés dans ses cheveux. Emporté par le violent désir qui s'était emparé de son corps et sans vraiment se rendre compte de ce qu'il faisait, Harry déboutonna la chemise de son partenaire afin de caresser son torse et son dos. Toucher la peau de Draco, le sentir tressaillir sous l'exploration de ses paumes devenait, à ce moment là, aussi vital que de respirer pour le Survivant. Hypnotisé par la chaleur de ses lèvres qui jouaient sensuellement avec les siennes et par l'odeur de son eau de toilette, Harry n'était plus capable de pensée rationnelle.
Il fit glisser la chemise de Draco le long de ses bras et il la serra dans une main tout en poursuivant son exploration de l'autre. Seul Draco existait en cet instant et le monde pouvait bien s'écrouler autour de lui, ce n'était pas son problème tant qu'il pouvait continuer à sentir le divin frôlement de la langue du blond.
Draco se décolla un peu pour saisir le tee-shirt d'Harry et le faire passer au dessus de sa tête. Il s'arrêta ensuite pour plonger son regard obscurci par le désir dans celui de l'Auror. Il prit son visage en coupe et il murmura tellement doucement qu'Harry dut tendre l'oreille sans parvenir à entendre ce qu'il disait.
« Tu peux répéter ? Demanda Harry.
- Non, ce n'était pas important, » répondit Draco en l'embrassant de plus belle.
Harry le repoussa pour planter un baiser sur le bout de son nez avec un sourire débordant de tendresse.
« Tu m'as beaucoup manqué, Draco. »
Un sourire se dessina sur les lèvres du médicomage et il plongea la main dans les cheveux d'Harry pour les ébouriffer.
« J'essayais de te dire la même chose il y a deux minutes. »
Harry lui rendit son sourire et, alors que Draco se penchait pour mordiller son cou, il ne put retenir un gémissement de plaisir. Avec frénésie, il s'attaqua à sa ceinture, puis il baissa la fermeture éclair du pantalon de Draco afin d'enrouler ses doigts autour de sa virilité.
« Chambre, » souffla Draco à son oreille avant de se redresser.
Ils se rendirent dans la chambre où l'ancien Serpentard alluma une bougie avant de revenir embrasser Harry tout en caressant son torse. Lentement, les vêtements restants se retrouvèrent roulés en boule sur le sol et leurs corps nus se collèrent l'un à l'autre, faisant encore monter le désir d'un cran. Leurs lèvres se scellèrent à nouveau et Draco emporta Harry avec lui jusqu'au lit. Il s'allongea et ferma les yeux alors que la langue du brun descendait redessiner ses abdominaux contractés.
Je ne te mérite pas, Harry.
« Fais moi l'amour, dit-il tout haut d'une voix rauque.
- Tu es sûr ? Questionna Harry en remontant pour scruter son visage.
- Ne me regarde pas comme ça, je n'ai rien pris.
- Je te crois…mais, Draco, nous avons tout le temps. Rien ne presse.
- J'en ai envie, Harry. J'ai juste très peur. » admit Draco en détournant le regard.
En disant ces mots, il réalisa qu'il était sincère. Il voulait se donner à Harry, lui montrer qu'il comptait assez à ses yeux pour l'accueillir en lui sans aide toxique. Il se sentait prêt à affronter ses démons. Peut être qu'ainsi, en regardant sa terreur en face, ces images et ces voix qui menaçaient de surgir à chaque instant pour le contaminer finiraient par le laisser en paix.
« Tu es vraiment sûr ? Insista Harry en caressant ses cheveux.
- Fais le, murmura Draco avec détermination. Oublie les préliminaires, ils ne feront que m'angoisser d'avantage, et fais le.
- Tu m'arrêtes si ça ne va pas, promis ?
- Promis. »
Harry ouvrit le tiroir de la table de chevet pour attraper le gel lubrifiant. Il en versa un peu dans sa main pour graisser ses doigts. Il était terrorisé à l'idée de faire mal à Draco et la respiration saccadée du blond lui laissait entendre qu'il appréhendait la suite. Harry choisit de faire passer son angoisse après celle de son partenaire et il revint près de lui pour l'embrasser tendrement alors que sa main descendait entre ses cuisses.
« On arrête quand tu veux, d'accord ? » Chuchota-t-il dans le cou de Draco qui hocha la tête en signe d'assentiment.
Sa langue vint chercher celle de l'ancien Serpentard tandis qu'il écartait ses jambes avec douceur. Il approcha son majeur de l'entrée de Draco et aussitôt, ce dernier fit un bond sur le côté, les muscles tendus, le souffle court. Il posa une main sur son cœur, comme si cela allait l'empêcher de battre plus vite ou comme s'il venait d'avoir la peur de sa vie, et il prit une profonde inspiration pour retrouver son calme.
« Excuse moi, dit-il avec un tremblement incontrôlable dans la voix. C'est un réflexe, je n'arrive pas à le maîtriser.
- C'est à moi de m'excuser, répondit Harry en caressant son ventre pour l'apaiser. J'aurais dû te prévenir. »
Draco se recoucha sur le dos et il attira Harry contre lui. Le brun l'embrassa longuement et leurs virilités glissèrent l'une contre l'autre. Harry poussa un gémissement rauque alors que Draco se mordait la lèvre inférieure sans qu'un son ne sorte de sa bouche. L'Auror descendit pour passer sa langue sur le membre de Draco. Ce dernier ferma les yeux pour masquer sa honte de ressentir autant de plaisir.
« Draco, je vais introduire un doigt en toi, » prévint Harry.
Il prit la virilité qui s'offrait à lui en bouche mais il n'eut même pas le temps d'approcher son doigt. Tous les muscles de Draco se contractèrent et il recula à nouveau. Il pinça l'arête de son nez entre son pouce et son index tout en s'excusant. Harry prit son visage en coupe pour l'embrasser tendrement.
« Ce n'est pas grave, on attendra que tu soies prêt.
- Je suis prêt, se défendit Draco. J'appréhende, c'est tout.
- On va aller à ton rythme, d'accord ? » Murmura Harry en passant la main dans les cheveux blonds de son partenaire.
Sa bouche descendit dans son cou pour y déposer une série de baisers ardents. Il pouvait sentir le pouls de Draco battre de manière erratique contre ses lèvres et il eut l'impression que son cœur se déchirait. Il n'était pas naïf au point d'imaginer que l'amour ou l'excitation étaient responsables des battements cardiaques effrénés de Draco. C'était la panique. Une panique sourde, incontrôlable, qui tétanisait les membres de son partenaire. Il était si profondément abîmé, tellement blessé dans sa chair qu'Harry en vint à se demander pourquoi il s'infligeait une telle épreuve alors que le brun lui avait bien laissé entendre qu'ils avaient tout le temps. Il recula un peu pour planter son regard vert dans les prunelles grises, assombries, de Draco.
« Je crois que c'est trop tôt, annonça-t-il d'une voix rauque.
- Harry, ne me lâche pas maintenant, souffla Draco en s'accrochant à ses épaules jusqu'à lui faire mal.
- Je ne te lâche pas. »
Draco tourna la tête sur le côté, fixant un point invisible sur le mur avant de reporter son attention sur Harry. Il avait l'air d'avoir totalement retrouvé son calme quand il prit le visage du brun entre ses paumes brûlantes pour l'embrasser tendrement. Harry bascula sur le côté sans décoller sa bouche de celle de Draco et ses doigts frôlèrent lentement le torse et le ventre du blond.
« Harry, » chuchota Draco contre ses lèvres.
Son prénom prononcé de manière aussi sensuelle résonna en Harry comme une invitation qu'il ne pouvait décliner. Il esquissa des petits mouvements circulaires autour du nombril de Draco, dessinant des ronds invisibles, plaisants, sur sa peau.
« Draco, prends ma main, et guide-moi. »
Un long frisson naquit au creux des reins de Draco pour remonter jusqu'à sa nuque. Il ne paniquait plus. Au contraire, à l'excitation se mêlait une forme de reconnaissance. Il éprouvait une réelle gratitude envers Harry qui faisait preuve d'une patience d'ange et qui remisait clairement son désir au second plan pour se focaliser entièrement sur le bien être de Draco. Finalement, il se surprit à penser qu'il était content de ne pas avoir eu recours à des procédés chimiques parce que ce moment d'intimité entre Harry et lui était si intense qu'il voulait profiter de chaque seconde, être conscient de chaque baiser que le brun posait sur lui, de son corps magnétique collé au sien.
Pourtant, au moment où il faisait glisser la main d'Harry entre ses jambes, toutes ces agréables sensations s'envolèrent pour laisser place à sa crispation initiale. Il n'eut pas besoin d'exprimer ses craintes, Harry les identifia immédiatement et il se pencha pour embrasser Draco avec délicatesse alors que sa main remontait jusqu'à son torse où elle se posa dans un geste qui se voulait apaisant.
« - Draco…Toi. Fais le toi. »
Le blond haleta lorsque la certitude dans la voix de son partenaire frôla son torse d'une façon tout à la fois possessive et prévenante.
« - Fais le maintenant, » murmura Harry contre ses lèvres en lui tendant le gel de lubrifiant.
Draco frissonna. Incapable d'objecter quoi que ce soit tandis que la bouche d'Harry reprenait sa place autour de son membre. En automate, il fit glisser un doigt en lui, mortifié de sentir le plaisir poindre aussi facilement, et il se mordit la lèvre. Pourquoi la sensation des cheveux d'Harry contre sa peau devait-elle être si aigue ? Il se cambra sous la bouche du brun en serrant les dents.
La voix chaude et grave le ramena à la réalité.
« Retire toi, mon cœur… »
Et le blond se sentit obéir avec une confiance qu'il ne se connaissait pas. Les doigts d'Harry glissèrent contre sa paume moite, enlaçant les siens, prenant la place qui avait été la sienne jusque là. Délicats à l'excès. Il ferma les yeux. Sa respiration régulière se mua en halètements erratiques à mesure que ses dents meurtrissaient ses lèvres. Et la bouche du brun retraça les méandres de son torse jusqu'à échouer dans son cou.
« Ouvre les yeux…Draco, reste avec moi. » murmura-t-il contre sa peau. « Tu veux que je me retire ?
- Non !.....non, continue. »
Les mains du blond se crispèrent sur les épaules d'Harry alors qu'il risquait un second doigt avec précaution. Sa respiration se bloqua dans sa poitrine.
« Ça va ? Je ne te fais pas mal ? » Demanda Harry.
Draco secoua négativement la tête tout en s'intimant l'ordre de cesser de s'affoler. Tout se passait bien, il n'y avait aucune raison d'avoir peur et le fait qu'il visualise l'entrée de la cabane du demi géant ne voulait rien dire. Harry était doux et compréhensif. Ses caresses étaient délicieuses, c'était tout ce sur quoi il devait se concentrer. Le Survivant attendit longtemps avant d'insérer un troisième doigt en lui. Le souffle de Draco se bloqua dans ses poumons. Une vague de panique déferla en lui. Il se força à respirer calmement et il riva son attention sur le visage d'Harry. Il y lut une tendresse infinie qui l'enveloppa instantanément de bien être et il se détendit. Il était en sécurité. Il n'avait pas mal…En tout cas pas autant qu'il l'aurait cru.
« Harry, souffla-t-il.
- ça ne va pas ? Tu veux arrêter ?
- Non, je veux que tu me fasses l'amour maintenant. »
Harry lui sourit amoureusement, puis il l'embrassa à nouveau. Ses lèvres toujours scellées à celles de Draco, il prit appui sur ses mains et se plaça entre les longues jambes de son amant pour le pénétrer avec toute la délicatesse dont il était capable. La douleur força Draco à poser une main sur la cuisse d'Harry pour stopper sa progression. Harry se figea, attendant que le blond lui donne le feu vert pour continuer ou, au contraire, qu'il lui dise de se retirer. Il se pencha ensuite pour mordiller le lobe de son oreille. Il avait envie de lui chuchoter à quel point il l'aimait mais il savait que ce n'était pas le bon moment. Draco risquait d'assimiler l'amour d'Harry à du désir sexuel et Harry ne voulait pas qu'il se leurre.
« Plus, » articula Draco entre ses dents serrées.
Harry reprit sa lente progression et bientôt, il fut entièrement logé dans le corps de Draco. Il marqua une pause pour laisser à Draco le temps de s'accommoder à lui. Ce dernier nicha son visage dans le cou d'Harry pour y trouver le réconfort dont il avait besoin pour continuer. Il avait du mal à réaliser qu'il était conscient de tout ce qui se passait et que la panique s'était transformée en désir d'aller encore plus loin malgré l'appréhension qui perdurait, et l'inconfort lié à l'intrusion. Il reposa sa tête sur l'oreiller, les paupières closes pour ne pas croiser le regard attentif d'Harry.
« Draco, tu es avec moi ? Questionna Harry, inquiet.
- Oui, murmura Draco en ouvrant les yeux. Tu peux bouger, Harry. Je suis prêt. »
Harry exécuta un va et vient en lui avant de s'arrêter.
« Je te fais mal ?
- Non. Continue. »
Lentement, Harry bougea les reins, un désir ardent au fond des yeux. Il se sentait bien en Draco…il se sentait bien avec Draco qu'ils soient dans le lit ou hors du lit. La confiance que Draco lui accordait lui donnait l'impression d'être invincible…d'être aimé. Enfin.
Le médicomage ferma les yeux et sa respiration se fit erratique. Il avait honte de la vague de plaisir qui montait en lui alors que la main d'Harry emprisonnait sa virilité pour la caresser. Il n'appréciait pas particulièrement les va et vient d'Harry en lui. Ce n'était pas désagréable mais il était trop mal à l'aise. Cependant, la combinaison de ce va et vient avec la stimulation de son membre lui procurait un bien-être qu'il lui était difficile de cacher.
Dépêche toi Zabini, c'est à mon tour de baiser cette chienne, siffla la voix de Marcus Flint dans son esprit.
Draco tourna la tête sur le côté pour dissimuler son trouble.
Pas maintenant.
Il se sentait trop bien et le moment de douce intimité qu'il partageait avec Harry ne pouvait pas être entaché, sali par la voix de Flint.
« Ça va Draco ? Demanda Harry.
- Oui.
- Regarde moi…Tu me le dirais si j'étais en train de te faire mal ?
- Harry, c'est très agréable, je t'assure. »
Arrête de gueuler, on sait que t'aimes ça, salope de traître.
Vincent Crabbe finit de détruire l'instant magique.
Draco se mit à haleter alors que quelque chose se brisait en lui. Il saisit l'oreiller à côté de lui et il le plaqua sur son visage pour étouffer un cri de rage. Ils avaient ruiné sa vie…Quoiqu'il fasse, ils étaient toujours là pour pulvériser ce qui lui arrivait de mieux au moment où il s'y attendait le moins…A moins qu'il s'y soit trop attendu cette fois.
Harry prit ce geste pour une tentative d'étouffer ses gémissements mais lorsqu'il vit le torse de Draco se secouer violemment, il comprit qu'il était en train de craquer nerveusement. Il se retira aussitôt et Draco poussa un cri de douleur.
« Merde, Draco, excuse moi, » déclara Harry en posant la main sur son ventre.
Draco la repoussa et il se tourna sur le côté, le corps secoué par les sanglots qu'il n'arrivait pas à contrôler. Harry tenta de le prendre dans ses bras mais il fit un mouvement sec de l'épaule pour se soustraire à ce contact.
« Laisse moi, Harry, ordonna-t-il.
- Je ne te laisse pas dans cet état, c'est hors de question, » répondit Harry en avançant à nouveau pour l'étreindre.
Draco se dégagea en tendant le bras en arrière afin d'empêcher Harry de l'approcher.
« Va t'en. Laisse moi seul ! S'écria-t-il alors que ses sanglots redoublaient en intensité, secouant son corps avec une telle force qu'il se sentait sur le point d'hurler.
- Non. Tu es trop mal pour que je parte.
- On parie que tu dégages ? siffla Draco en relevant la tête de l'oreiller avant d'essuyer du dos de la main son visage baigné de larmes.
- Parle moi, Draco.
- J'ai couché avec Charlie, lança froidement Draco. Tu peux y aller à présent. »
Il plaça son avant-bras sur ses yeux pour cacher les larmes qui continuaient à couler d'elles mêmes, refusant obstinément de s'atténuer. Une vanne avait été ouverte et Draco ne parvenait pas à la refermer.
« Qu'est ce que tu viens de dire ? » Demanda Harry d'une voix blanche.
Il se releva prestement avec l'impression d'avoir reçu un coup de poing dans le ventre. Un coup de poing qui entravait sa respiration et lui donnait envie de se plier en deux sous le poids du choc. Il fixa Draco avec insistance, espérant voir sur son visage un signe qui lui dirait que tout cela n'était qu'un mensonge et que rien n'était arrivé avec Charlie. Mais le blond cachait obstinément ses larmes derrière son avant bras, refusant de montrer toute l'étendue de son désarroi et Harry ne savait pas s'il voulait vraiment entendre la réponse à sa question.
« Quand on s'est disputés à cause de Zabini, je suis allé chez Charlie, expliqua Draco, les yeux toujours masqués par son bras. Le reste, tu connais, je viens de te le dire. »
Sans un mot, Harry enfila son boxer, son jean et il sortit en claquant la porte. Draco se retourna pour enfouir son visage dans l'oreiller, sans parvenir à contrôler le tremblement de ses mains. C'était fini. Il avait tout détruit et il ne pouvait pas s'en prendre à Crabbe, Goyle, Zabini ou Flint…ni même à Charlie qui n'avait finalement que tenté sa chance pour que Draco retombe dans ses bras. Cette fois, tout était de sa faute. Quelques minutes plus tard, Harry revint dans la chambre.
« Ce n'est pas le moment, Harry. Je ne suis pas en état de me battre avec toi, soupira Draco sans relever la tête.
- Je serais le roi des hypocrites si je m'énervais alors que j'ai moi-même trompé Ginny avec toi. Je suis bien placé pour savoir qu'une erreur est vite arrivée.
- Je suis désolé, Harry…
- C'est pas grave, ne t'en fais pas. »
Le Survivant se coucha derrière Draco et il passa un bras autour de son torse alors que ce dernier luttait sans succès contre les larmes. Il se débattit encore mais Harry ne se laissa pas démonter et au final, il parvint à l'étreindre pour lui apporter un peu de réconfort. Il caressa doucement ses cheveux et, après avoir longuement pleuré en silence, Draco s'endormit, épuisé.
Lorsqu'il ouvrit les yeux le lendemain, il réalisa qu'il avait longtemps dormi. Il s'était réveillé plusieurs fois dans la nuit mais Harry l'avait aidé à retrouver le sommeil en passant ses doigts dans ses cheveux et en lui murmurant des mots tendres. Pourtant ce matin, la place à côté de lui était vide. Draco se sentait déprimé par son propre comportement. Il avait honte d'avoir pleuré. Honte d'avoir appris à Harry son écart avec Charlie aussi abruptement. Honte de ne pas avoir détesté le moment d'intimité avec Harry.
Harry était parti et Draco ne pouvait que le comprendre, même si cela lui faisait mal. Il devait être terriblement blessé par sa trahison et par la manière dont Draco s'était servi de son infidélité comme d'un bouclier pour l'éloigner. N'importe qui le serait à moins.
Il se dirigea dans la salle de bains pour se laver les dents et l'odeur du café lui redonna espoir. Il entra dans la cuisine et il trouva Harry debout devant le percolateur, les traits tirés par la fatigue.
« Bonjour, dit-il simplement. Un café ? »
Draco acquiesça d'un signe de tête et Harry le servit.
« Tu as réussi à dormir un peu ? Demanda Draco, gêné.
- Pas trop, mais je me rattraperai cette nuit.
- Merci d'être resté…Et pardon pour ce que j'ai fait avec Charlie.
- Ce sont des choses qui arrivent » répondit Harry en haussant les épaules.
Emporté par un élan d'affection et de gratitude, Draco enlaça sa taille pour l'embrasser. Harry recula vivement.
« Tu fais quoi là ?
- Il me semble que c'est clair, » rétorqua Draco sans comprendre.
Harry passa une main tremblante dans ses cheveux en soupirant et Draco constata qu'il était bien plus énervé qu'il ne voulait le laisser paraître.
« Et moi, il me semble que tu as loupé un épisode, Draco. Je t'ai dit que je ne voulais pas que tu ailles voir ailleurs. Tu l'as fait. Je ne t'en veux pas spécialement. Comme je l'ai dit hier, un moment d'égarement est vite arrivé. Mais en baisant Charlie, tu as perdu le droit de me toucher. Et ne crois pas que je ne mérite pas d'explication... Je suppose que tu avais plus envie de te punir que de me sentir en toi hier, non ? »
Draco ne sut quoi répondre alors il garda le silence.
« Pourquoi t'as fait ça, Draco ?
- Harry, es tu en train de me plaquer ?
- Décidément, on ne peut rien te cacher, » rétorqua Harry en passant une main dans ses cheveux pour les ébouriffer.
A suivre…
Merci d'avoir lu ce chapitre jusqu'au bout (en ayant ou non fait une sieste au milieu ^^)
Portez vous bien et à bientôt.