Au Temps des Légendes – Salazar

Le Fils du Serpent

Disclaimers : Les personnages des Fondateurs, ainsi que Poudlard et Pré-au-lard ne m'appartiennent pas. Ils appartiennent à JK. Rowling à qui je ne fais qu'emprunter les noms et les lieux.

En revanche l'histoire que je vais vous conter est ma vision de la Fondation de Poudlard et de la vie de Fondateurs.

Pensez à lire la fanfiction sœur de celle-ci « Au temps des Légendes – Rowena » www. fanfiction. net/ s/ 1256981/ 1/

Avant propos : Cette fic vous est dédicacée à vous, fidèles lecteurs. Parce que j'avais envie de partager cette fête qu'est un anniversaire avec vous. Merci à tous de continuer l'aventure avec moi !

Relecture : Julilaby (twwo. eknw. com/ fanfic/ viewuser. php? uid=960) – à qui j'ai vraiment mis la pression. Promis, je ne recommencerai pas à te faire veiller aussi tard pour relire un texte truffé de fautes !

Chapitre 1 - Naissance

31 Octobre 1015 – au château du Comté de Wessex

La nuit tombait lentement sur le royaume, et la jeune femme resserra la cape autour de ses épaules. Demain, serait la fête des saints chrétiens, mais cette nuit était la nuit des morts. Elle avançait lentement, son ventre rebondi de vie la forçant à ralentir son pas. Mais ces questions la taraudaient au point de la priver de sommeil et d'appétit. Il lui faudrait attendre une année de plus pour interroger les anciens si elle manquait cette fête, et elle ne le supporterait pas.

Aussi, bravant le mauvais temps et le vent, elle avait quitté les murs rassurants de la forteresse et gagné le cœur de la forêt. Elle arriva enfin au milieu d'une clairière et se laissa tomber à genoux. Elle déposa le lourd chaudron qu'elle avait porté depuis le château sans se plaindre, et commença à en étaler le contenu.

Elle releva la tête et chercha frénétiquement des yeux les pierres qui lu permettraient de symboliser l'autel. Elle les trouva, dissimulées dans les hautes herbes et sous la mousse qui avait poussé pendant l'année. Elle soupira soulagée et se mit à l'ouvrage.

Elle disposa les pommes bien rouges qu'elle avait triées dans les garde-manger du château, les petites citrouilles qu'elle avait eues tant de mal à exiger des jardiniers, ainsi que les courges toutes plus difformes les unes que les autres, et enfin les soucis et les chrysanthèmes de son jardin personnel.

Elle sortit finalement un morceau de parchemin qu'elle appuya sur son ventre et sur lequel elle griffonna quelques mots qui représentaient les craintes dont elle voulait se libérer. Elle se redressa et déposa le chaudron sur l'autel, ainsi que l'assiette qu'elle avait confectionnée quelques temps auparavant et décorée d'une roue à huit rayons.

Le rituel préparé, la jeune femme s'assit à genoux les fesses posées sur ses talons et ferma les yeux. Elle prit ces quelques instants de paix pour se concentrer sur ses parents, êtres chers et amis qui avaient rejoint l'autre royaume. Leurs corps étaient depuis quelques temps déjà retournés à la terre, mais leurs âmes étaient toujours vivantes. Leur image se forma de plus en plus précise dans son esprit, elle le sentait autour d'elle et un vent léger se mit à balayer la clairière.

Elle rouvrit les yeux et se pencha vers l'autel. Elle alluma les chandelles noires et oranges. Suivit l'encens de menthe qu'elle tirait de ses réserves. De ses manches amples, elle tira son athamée et trancha la pomme, puis en disposa les morceaux sur l'assiette. Elle leva la lame vers le ciel et se mit à psalmodier.

« En cette nuit de Samhain, je souligne ton passage

du couchant au Pays de l'éternelle jeunesse, Roi Soleil.

Je souligne aussi la disparition de ceux qui nous ont précédés

et de ceux qui, dans la mort, nous suivront.

Gracieuse Déesse, Mère éternelle,

toi qui enfante ce qui est déchu,

rappelle-moi que dans l'obscurité la plus profonde,

la lumière éclatante brille le plus. »

Le vent avait forci à mesure qu'elle disait ces mots, et les murmures qu'elle lui avait attribués étaient devenus plus clairs et distincts. Elle tendit la main vers l'assiette et goûta la pomme. Elle laissa tourner dans sa bouche le morceau juteux, en savoura tout le goût. Elle baissa le regard vers l'assiette et observa d'un regard neuf le symbole dessin : la roue de l'année, le cycle des saisons, le commencement et la fin de toute création.

Un instant égarée, elle revint cependant au rituel et alluma un feu dans le chaudron, puis s'installa devant lui. Le morceau de parchemin entre ses doigts, elle reprit les chants ancestraux, son regard plongé dans les flammes.

« O Sagesse de la lune décroissante,

Déesse de la nuit stellaire,

je bâtis ce feu dans ton chaudron

pour transformer ce qui me hante.

Que soient inversées les énergies :

De la noirceur à la lumière!

Du mal au bien!

De la mort à la vie! »

Les flammes léchèrent le parchemin, et celui-ci s'enflamma. Elle le jeta dans le chaudron et continua à observer la danse des langues de feu et les volutes de fumée qui s'élevaient autour d'elle.

Les voix l'entourant étaient à présent distinctes, mais semblaient l'ignorer comme elles l'avaient toujours fait. Elle, l'héritière de l'ancien peuple qui ne présentait aucun des dons de sa lignée. Peu à peu les larmes du passé remontèrent, et avec lui ses douleurs.

Au milieu des murmures, la voix de son père s'éleva. Il parlait des éléments, de leurs pouvoirs et des devoirs de ceux qui les servaient. Elle avait tant pleuré quand elle avait su qu'elle ne pourrait servir son peuple comme sa sœur jumelle. Elle possédait elle aussi cette magie, seulement en exacte proportion. Autant de Feu que d'Eau. Elle avait cru qu'elle pourrait se défendre, plaider sa cause, montrer qu'elle était aussi apte que sa sœur, mais cet équilibre parfait entre éléments contraires avait détruit leur magie.

Ses contacts avec le vent et la terre qui eux n'étaient pas équilibrés lui permirent une certaine maîtrise de la magie, juste assez pour accomplir les rituels, et quelques sortilèges faciles, mais aucune magie élémentaire ne lui était permise. Les larmes coulèrent sur ses joues alors qu'elle revivait cet instant où elle avait été séparée de sa sœur. Elle avait voulu gagner en pouvoir et puissance par tous les moyens.

Elle avait finalement été envoyée en exil à la cour de Bretagne, où les gens de son peuple espéraient qu'elle perdrait de son ambition. Au contraire, celle-ci avait crû avec sa haine. Là-bas elle avait développé les armes que seules les femmes pouvaient utiliser, et avait retrouvé petit à petit influence et puissance.

Bientôt sa soif de pouvoir devint trop importante, et malgré la naissance d'un héritier pour le Duc de Bretagne, celui-ci se refusait à l'épouser, elle qu'il croyait femme du commun. Elle en conçut un sentiment de colère sans borne, à tel point qu'elle aurait immolé l'enfant. Mais l'Emrys était apparu et lui avait fait ce marché. Il ne révélerait rien de sa nature, elle ne remettrait plus les pieds en Bretagne. Il l'avait même aidée à disparaître en mettant sa mort en scène et en lui fournissant un navire.

Il lui avait fallu quelques années pour retrouver ses esprits et recommencer sa quête de pouvoir. Elle trouva son égal en la personne de Godwin. Héritier du Comte de Wessex, le jeune homme était un guerrier aguerri qui dirigeait les hommes de son père et son domaine. Le vieil homme fatigué et en quête de vie éternelle avait fait venir à lui toutes sortes de charlatans. Morgause avait répondu à l'appel et par ses potions, avait ralenti le processus de décrépitude du Comte. Elle se fit une place de rêve dans cette petite cour de part son nouveau statut de guérisseuse.

A cette époque, le Conseil des Druides de Grande Bretagne avait autorité sur le peuple sorcier, et bientôt Morgause fut appelée devant eux. Ils n'allèrent pas par quatre chemins, et lui confièrent la tâche de séduire le jeune Godwin, ce qu'elle accepta. Ce fut sans surprise qu'à la mort du vieux Comte, son héritier prit en plus de ses titres, femme. Et aujourd'hui elle ne savait plus où elle en était.

Elle portait dans son ventre la progéniture du seigneur Godwin comme le lui avait demandé le Conseil des Druides, et elle avait peur. Peur pour elle, peur pour ces vies, car elle savait qu'elle portait plus d'une vie dans ce ventre énorme, et peur d'elle.

Peur pour elle, car elle avait vu la puissance de l'église grandir et les sorciers lapidés beaucoup trop souvent. Peur pour ces vies, qui seraient la fierté de Godwin, la terreur de l'église, et l'arme du Conseil. Peur d'elle, car elle ne savait plus ce qu'elle ressentait. Depuis quelques temps déjà, elle éprouvait des sentiments contraires. Sa soif de pouvoir avait diminué, puis se réveillait en pleine nuit. Mais surtout de l'amour et des regrets. Elle aimait ces vies qui grandissaient en son sein, et éprouvait à présent des remords à avoir abandonné son premier enfant.

Et c'est pour cela, que malgré ce qu'elle savait sur les rituels et les grossesses, elle avait en cette nuit de Samhain, demandé conseil aux morts. Elle savait qu'elle devrait avant de poser ses questions subir l'épreuve du passé. Mais elle était déterminée. Elle voulait savoir.

Bientôt la lune fut levée, le feu du chaudron s'éteignit et Morgause s'effondra. Dans sa tête tourbillonnaient toutes ces paroles qu'il lui faudrait ordonner et déchiffrer. Mais plus tard. Il lui fallait rentrer rapidement au château pour assister à la veillée de la toussaint.

Toujours à genoux, elle rangea les objets qui l'avaient aidée pour le rituel dans le chaudron dont elle avait dispersé les cendres au vent. Une fois assurée qu'on ne verrait pas qu'elle avait officié, elle rassembla ses robes et se redressa rapidement. Une douleur foudroyante faillit la jeter à terre. Elle avait lâché le chaudron et s'était repliée sur elle-même, les bras entourant son ventre.

Elle inspira et expira lentement. Ce ne pouvait être ce qu'elle craignait, elle était encore à une lune du terme, et n'avait senti aucun mouvement dans son ventre ou vers son ventre durant le rituel. Ce devait être un vertige. Mais mieux valait rentrer au plus vite. Elle ramassa le chaudron, et d'un pas qu'elle aurait voulu plus pressé, regagna le château et sa chambre juste à temps pour que la poche des eaux se rompe dans ses appartements.

Godwin s'apprêtait à tourner des heures dans l'antichambre de sa femme. Après tout, son père lui avait tant de fois reproché les 36 heures qu'il avait passé à entendre hurler sa femme, qu'il n'imaginait pas que l'accouchement puisse être différent pour son premier enfant. Il espérait un mâle, elle le lui avait promis et il avait confiance en elle.

Il avait fait venir de loin les sages-femmes et maîtres guérisseurs les plus doués. Des sorciéres pour les premières, des religieux pour les seconds. Il n'avait aucun remords à les faire se côtoyer dans la chambre de son épouse, seul lui comptait la naissance et la bonne santé de sa famille.

Etouffés par les tentures et tapisseries, il devinait cependant l'écho des cris de Morgause. Des servantes s'agitaient, entrant avec des bassines d'eau chaude et des linges propres, sortant les mêmes bassines couvertes de linges ensanglantés. Il eut un haut le cœur en imaginant sa femme se vidant de son sang, et voulut se précipiter à l'intérieur, mais c'est le moment que choisit la dernière sage femme pour arriver.

« Faîtes place, Morgause m'attend ! » Grogna la femme aux cheveux gris, détachant sa cape étrange, découpée en 5 pans de tissu d'égale largeur autour d'un col unique. D'une force surprenante pour son âge apparent, elle écarta Godwin qu'elle força à s'asseoir sur le banc qui se trouvait là et entra.

Quelques cris, bris de verre, froissements de tissu, et la tapisserie s'écarta. La femme était en train de chasser les demoiselles de compagnie et spectateurs de l'accouchement, hurlant à grands cris qu'ils stressaient la Comtesse et l'empêcheraient en pompant ainsi son énergie d'avoir un accouchement heureux.

Godwin la regarda faire, sidéré, puis chassa à son tour de l'antichambre toute cette cour de curieux qui ne faisaient que l'énerver un peu plus. Ne restèrent à ses côtés qu'un conseiller ou deux, de même qu'un moine qui aurait pour mission d'aller faire sonner les cloches du château quand les cris de l'enfant résonneraient entre les murs de pierre.

Le calme revint, et les cris de la Comtesse retentirent de plus belle à travers le silence. Bientôt le guérisseur du château sortit de la chambre, les mains ensanglantées et se dirigea droit sur le Comte.

« Mon seigneur, l'enfant ne se présente pas. » Déclara-t-il simplement.

« Ne se présente pas ? Que voulez vous dire ? » S'écria le futur père.

« Votre femme est pourtant toute disposée pour accoucher, mais l'enfant ne se présente pas. Je ne vois ni sa tête, ni ses pieds, ni une quelconque partie de lui qui me permettrait de l'attirer parmi nous. » Répondit-il simplement en hochant la tête.

« Voulez vous dire que cet enfant ne veut pas naître ?! » Rugit Godwin qui ne comprenait rien à la situation.

« Ce que je veux dire c'est que... »

« Allez me chercher plus d'eau ! » Ordonna la sage-femme dans la chambre. « Ainsi que du fil et une lame trempée dans l'alcool si je veux pouvoir retirer la vie de ce ventre sans donner la mort à la mère ! » Godwin foudroya des yeux le guérisseur qui, honteux, se précipita vers la chambre, accompagné du moine qui faisait moult gestes et prières, et se préparait déjà à donner le dernier sacrement. Godwin se laissa tomber sur le banc et posa sa tête entre ses mains, essayant de cacher son regard vide à son entourage.

Alors qu'il n'espérait plus, Morgause poussa un long cri d'agonie avant de laisser place aux cris de l'enfant. Godwin se précipita vers la chambre, mais le moine accompagné du père guérisseur l'en dissuada.

« Allons, l'enfant crie, laissez moi le voir ainsi que mon épouse ! » Gronda-t-il en gonflant le torse et redressant les épaules.

« Votre épouse va bien mon seigneur. Dame Lily s'occupe d'elle à merveille. » Bafouilla le petit moine tout en évitant le regard gris devenu presque noir du Comte.

« Seigneur, il nous faut parler de choses graves avant d'annoncer la naissance. » Le coupa le guérisseur.

« Que se passe-t-il ? L'enfant est difforme ? Ou bien trop faible ? Parlez ! »

« Vos fils se portent à merveille. » Répondit-il simplement.

« Vos... Mes... » Il les dévisagea l'un après l'autre, ahuri. « Des fils... Des jumeaux... La nuit d'Halloween... » souffla-t-il.

« Un bien méchant tour joué par les esprits. » Acquiescèrent les deux religieux. Godwin n'en revenait pas. Il se serait bien assis, mais il devait réfléchir, et pour cela se remit à faire les cent pas, un bras dans le dos, l'autre lui grattant le menton.

Déjà naître le jour d'Halloween serait défavorable à ses héritiers, mais des jumeaux. Les mythes qui couraient (là, c'est couraient avec un seul r, lol)sur les jumeaux étaient tous plus négatifs les uns que les autres. L'église quant à elle ne manquait pas de répandre les croyances comme quoi des jumeaux partageaient une âme incomplète et des amours contre nature, ou même qu'un seul possédait une âme et que l'autre toute sa vie essayerait de la lui reprendre.

Les bruits courraient, il en était sûr. Déjà son mariage avait fait des jaloux et envieux, certains lui avaient prédit la chute imminente de la maison du Wessex. Mais à présent, c'était un nouveau coup qu'ils pourraient aisément lui porter, et quelque part, lui aussi avait peur.

« Qu'allez vous faire mon Seigneur ? » Demanda le père guérisseur en effectuant un signe de croix devant lui.

« Que puis-je faire? » Soupira-t-il.

« Et bien, nous pourrons toujours annoncer que les enfants n'ont pas survécu, les cordons les ayant étranglés... » Suggéra le petit moine.

« Parce que vous voulez me retirer mes deux héritiers ! » S'écria bouleversé le jeune Comte.

« Non, non, mon seigneur, loin de moi cette idée. Mais comment savoir lequel des deux... »

« Le premier né est béni des dieux. » L'interrompit le prêtre. « Le second... peut être sacrifié. »

« Croyez-vous vraiment qu'il est nécessaire d'éliminer le cadet ? Ne pouvons nous pas seulement le confier à des villageois... »

« Ce serait une erreur, car la ressemblance avec votre aîné serait trop flagrante. » Expliqua le prêtre. Godwin inspira profondément, puis expira tout aussi lentement. Il regarda le prêtre, puis le moine, et fit signe à ce dernier d'aller faire sonner les cloches et qu'on lui amène son épée.

Sans un mot, il prit la lame qu'un soldat lui apporta. Dans la chambre, la sage-femme s'évertuait à réparer les dégâts sur le corps de la Comtesse pour mener à la vie les deux petits garçons. Godwin l'aperçut vociférant autour du lit. Il voulut entrer, et réconforter son épouse, mais fut aussitôt chassé. Le sang continuait de couler, et la vieille femme (mais, sa femme n'est pas vieille... c'est juste la sage-femme qui est vieille, non ?) se battait contre la mort.

Il quitta la chambre et retrouva le moine et le guérisseur, chacun un paquet dans les bras. L'un d'eux s'avança et lui tendit le paquet soigneusement disposé dans un panier d'osier. Il ne posa pas de question, ignora leurs regards compatissants, et dévala les escaliers secrets qui le mèneraient hors de ses murs.

Il prit le chemin de la forêt, honteux de ce qu'il s'apprêtait à faire. Dans ses bras, il serrait très fort ce fils qu'il ne verrait pas grandir, contre son cœur qui battait la chamade. Le nouveau-né s'agitait mais ne pleurait pas. Il devait sans doute chercher le sein. Il se mit à courir, voulant au plus vite se débarrasser de cette basse besogne et regagner les côtés de sa compagne qui luttait contre la mort.

Sans savoir qu'il suivait le même chemin que sa femme quelques heures auparavant, Godwin se trouva bientôt au cœur de la clairière. Une légère odeur de fumée y flottait, et un manteau de brume recouvrait le sol jusqu'à hauteur des genoux. Il avança prudemment, et trébucha sur une pierre.

Celle-ci était large et plate. Elle serait parfaite pour y déposer l'enfant... Il avait senti ses convictions vaciller et songeait à présent à abandonner le nouveau-né à la forêt, lui offrant ainsi une chance de survivre.

Le vent s'était levé, et les nuages qui voilaient la lune s'écartèrent peu à peu. Godwin inspira et perçut à nouveau cette odeur de pomme fraîchement découpée, l'odeur de menthe et de cire fondue. Un murmure sur sa droite, puis sur sa gauche lui firent dégainer sa lame après avoir déposé son précieux fardeau. Mais il ne vit rien dans les ombres, ni dans les taches de lumière.

Il se tourna vers l'enfant emmailloté qu'il sortit du panier. Son cœur se serra. Bien emmailloté, il n'avait même pas vu son visage. Il serait à jamais tourmenté par cette petite forme agitée et sans visage. Le bruissement des feuilles se fit plus fort, et une branche craqua non loin de là. Il sauta (sursauta ?) à nouveau et pointa l'épée dans la direction.

Une silhouette vêtue d'une cape sombre se tenait là et murmurait. Elle restait immobile et oscillait de droite à gauche. Il la fixait mais ne parvenait pas à voir son visage. Une seconde silhouette apparut au côté de la première. Des esprits ! Sursauta Godwin, se rendant compte qu'un rituel avait eu lieu dans cette clairière pour Samhain, et qu'à la toussaint, les Esprits libérés réclamaient leur dû.

« Gwalchallad... Gwalcmaï... » murmuraient les esprits qui avaient formé un cercle qui se refermait peu à peu sur lui et le bébé. « Reviens...Donne nous... » soufflaient ces voix de l'autre monde. « Abandonne l'enfant...au serpent...» fut la dernière phrase cohérente que Godwin entendit.

La fumée, les odeurs, et les murmures incessants lui faisaient tourner l'esprit. Ces noms, il les connaissait. Il s'agissait dans la langue du Nord, de ceux des jumeaux-compagnons d'Arthur le roi de la légende. Mais pourquoi, pourquoi les abandonnerait-il aux spectres, s'ils étaient effectivement de retour? Quelle folie il avait été prêt de commettre !

Il rouvrit grand les yeux, l'esprit plus clair que jamais et vit le serpent glisser dans la brume vers l'autel de pierre où l'enfant pleurait à présent. Celui-ci rampa et se pencha au-dessus du paquet, prêt à mordre et déverser son venin. Mais l'épée de Godwin jaillit et trancha la tête du reptile qui tomba sur la pierre et s'enflamma.

Comme s'il avait vaincu le maléfice, les spectres disparurent et la brume se dissipa à une vitesse impressionnante. Seuls parvinrent les cris outragés de spectres déformés par la fureur. « Salazar... S'la...zar... »

Godwin tomba à genoux et se précipita pour ouvrir le paquet et vérifier que l'enfant allait bien. Les cris s'étaient tus, et il sanglotait silencieusement. Il ouvrit de grands yeux étonnamment colorés pour un bébé aussi jeune, et fixa son père pour qui il esquissa un sourire triste avant de recommencer à pleurer. Ne sachant trop que faire, il passa sa main sur le petit visage rouge, et offrit son doigt à téter au nouveau-né.

Godwin le regarda faire quelques instants, il était fasciné par cette vie si fragile et pourtant si belle.

« Mon fils... » Souffla-t-il. « Le futur compagnon du Pendragon. Voilà pourquoi ils ont eu peur de toi. Tu es un dragon mon fils, et en tant que tel, tu porteras le nom des enfants dragons. Slanzar. » Déclara-t-il en se redressant et présentant son fils à la lumière de la pleine lune.

Bien des années plus tard, Slanzar retrouverait le nom que lui avaient donné les esprits de Samhain. Mais ceci est une autre histoire que celle de l'enfance de Slanzar Godwinson, dit Salazar Serpentard.

Notes de l'Auteur

Et bien voilà. Comme je n'avais pas envie de gacher le plaisir en vous dévoilant en 3 lignes l'histoire de la mère de Slanzar et Sven, me voici partie pour une nouvelle fic. J'espère qu'elle ne sera pas trop longue, surement 5 à 6 chapitres, pas beaucoup plus. Elle va me permettre de vous raconter un peu ce que Rowena n'a pas pu voir tant qu'elle était prisonnière de la cour d'Angleterre. Je devrais m'arrêter quand Slanzar prendra le nom de Serpentard.

Attention, le rituel magique utilisé par Morgause est un véritable rituel. Prière de ne pas prendre ces choses à la légère. (je sais pas si faut que je le dise, ça va vous donner envie d'essayer --)

Angharrad – 27 juillet 2004