Oui, l'impossible peut arriver : après 5 ans de pause, je termine enfin Rêves de Poison. Merci de tout cœur à celles qui m'ont suivi dans ma folie, et si vous vous êtes rendues jusqu'ici, merci pour votre patience!

Rêves de Poison-Chapitre 9

En se réveillant dans le dortoir de Gryffondor à la fin des vacances de Noël, Ginny eût de la difficulté à croire qu'elle était de retour à la réalité. Elle avait vécu tant d'émotions auprès de Tom en 1945 qu'il lui semblait improbable que sa vraie vie ne fût pas là-bas avec lui. Ce fût donc un choc de voir son bras bien solide devant elle, et non dans sa constitution poudreuse à laquelle elle était plus habituée récemment.

Ça n'a pas d'importance, se dit Ginny en souriant amoureusement. Elle avait eu raison d'écouter le mauvais génie dans sa tête et de tuer cette servante idiote. Tom était maintenant bien à elle, elle en était persuadée. Après sa fiévreuse demande en mariage dans la clairière, il l'avait ramené dans sa chambre avec l'empressement d'un jeune époux avant de couvrir son corps de caresses et de baisers. Ivre de désir, elle l'avait supplié d'être à lui complètement, mais Tom avait refusé. Ginny soupira d'aise en se remémorant ses mots : Je t'aime, Ginny. Je veux attendre de te tenir réellement dans mes bras pour ça…

Évidemment, au moment même, elle n'avait pas trouvé sa retenue romantique du tout. Au contraire, elle s'était mise à pleurer. Comment expliquer à Tom que dans le futur, il était devenu un lézard grotesque et que ses plans pour gouverner le monde avaient échoués? Comment lui dire à propos d'Harry et de la prophétie? Il n'y avait pas de moyen. Tout ce qu'elle pourrait dire changerait l'ordre des choses, le tissu temporel serait rompu et l'univers exploserait.

Et même sans être aussi mélodramatique, maintenant qu'elle y pensait vraiment, toute la situation était désespérée. Qu'allait-elle donc faire? Même si elle le voulait, sa famille ne la laisserait jamais dormir toute sa vie. Pire, même si elle ne dormait que modérément, ils suspecteraient forcément quelque chose, trouveraient probablement son pouvoir et c'en serait fini de ses rencontres avec Tom. De toute manière, pouvait-elle vraiment rester à ses côtés et rester muette quand il prendrait une décision qu'elle saurait mauvaise, et assister impuissante à sa déchéance?

Elle pleurait tellement que son corps de poudre commença à se dissoudre, mais Tom la retint fermement, capturant son visage entre ses mains.

« Shhh, Ginny. Je devine à quoi tu penses. Mais tu sembles oublier qui je suis. Ai-je donc l'air d'un imbécile? »

Elle avait hoqueté d'horreur et de rire, puis timidement, elle avait tourné ses yeux vers lui. Tom la couvait d'un regard intense, le sourcil relevé et le sourire moqueur, et elle secoua finalement la tête. Des millions d'adjectifs lui venaient en tête pour décrire son beau Seigneur des Ténèbres, mais certainement pas « imbécile ». Il hocha de la tête, satisfait de sa réaction.

« Je ne fais jamais de promesses que je ne peux pas tenir, mon ange. Et je promets que dès demain, je te tiendrai dans mes bras. »

Ginny sentit son cœur bondir dans sa poitrine, emballé par un fol espoir. Tom avait un plan! Hypnotisée, elle l'écouta lui décrire exactement ce qu'ils devraient faire.

***

C'est ainsi qu'au dernier matin des vacances de Noël, une jeune femme rousse se présenta à la banque Gringotts. Elle demanda le numéro 807 et ignora complètement le gobelin qui la regarda comme si elle était possédée du diable quand le coffre la reconnut comme son juste propriétaire. À l'abri des regards, elle souleva doucement le couvercle. À l'intérieur se trouvait le ridicule dragon de peluche rose fluo que Tom lui avait offert en 1945, ainsi que de nombreuses lettres. Éperdue de joie, elle retourna prestement à son dortoir à Poudlard, ferma les rideaux autour de son lit et se mit à lire.

4 janvier 1945

Chère Ginny,

Si tu lis ces lignes, alors nous avons réussi. Ce soir, à minuit, un sortilège à retardement caché dans le nounours se déclenchera, neutralisant temporairement les défenses de l'école. Ce ne sera que quelques secondes, mais ce sera mais bien assez pour que nous soyons réunis.

Pour moi, c'est le début d'une longue attente pour te revoir. Je ne sais pas ce que cette cinquantaine d'années nous séparant me réserve, mais je m'accroche à l'idée que je suis toujours vivant à ton époque. Et si je le suis, alors je serai là ce soir. Peu importe comment les évènements se dérouleront, je suis convaincu que tout arrivera comme il se devait; et si je ne suis pas déjà maître de la population magique, alors je le serai définitivement ce soir. Tout sera parfait; ma quête sera finie, je te retrouverai, et nous pourrons nous consacrer à régner sur ce monde ensemble.

Comme il me sera difficile d'attendre jusqu'à ce moment pour t'enlacer! Je me console en me disant que pour toi, ce sera très court, mais déjà je brûle d'impatience.

À toi, mon adorée,

Tom

Ginny serra convulsivement la lettre contre son cœur, murmurant avec ferveur le nom de son aimé. Sa conscience n'enregistra même pas qu'il parlait si cavalièrement de domination mondiale; Tom lui avait après tout promis qu'il « épargnerait toute personne qu'elle jugeait digne de vivre ». Ses parents seraient du lot, évidemment. Oh, bien sûr, ils seraient d'abord fous de rage qu'elle ait épousé Voldemort, mais avec le temps elle était persuadée qu'ils verraient leur gendre d'un autre œil, ou du moins les avantages à ce qu'elle soit mariée avec lui. Elle pensait déjà à la magnifique demeure qu'elle comptait leur faire bâtir.

Et puis la dictature avait du bon : Tom ferait un chef de gouvernement beaucoup plus compétent que ce crétin de Cornelius Fudge, tout le monde en conviendrait. Non, son véritable souci était d'un ordre beaucoup moins humanitaire : elle espérait seulement que Tom ait figuré comment garder une apparence agréable. Ne vous méprenez pas, elle l'aimerait même s'il apparaissait comme un vieux serpent grisâtre et décrépi; seulement, un petit fond d'elle ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'il se soit créé une potion de jeunesse, ou quelque chose d'approchant.

Secouant ses pensées superficielles, Ginny s'empara de la deuxième lettre.

17 février 1945

Mon adorée,

T'écrire, même si je ne peux te voir, apaise un peu mon impatience. Je ne peux arrêter de penser au moment où je retrouverai enfin, où je te serrerai à nouveau contre moi. Je te ferai tournoyer au bout de mes bras et tous ceux qui t'auront manqué de respect trembleront dans leurs robes, ma Ginny, tu verras. Tu ne devras pas oublier de me les présenter, j'ai tellement hâte de les rencontrer! Je les remercierai d'abord, et ensuite nous déciderons quoi faire de ces larves.

Ginny gloussa de rire et d'anticipation vengeresse. Elle avait déjà en tête une pléthore de châtiments créatifs.

Mais avant tout, tu devras me laisser te porter dans ce lit que nous avons partagé…

Ginny rougissa violemment, mais ne pût réprimer les battements de son cœur. Elle jeta un coup d'œil rempli d'espoir à l'horloge, et fût récompensée de voir que l'après-midi s'achèverait bientôt. Dans quelques heures, l'école serait à nouveau remplie des étudiants de retour des vacances, et quelques heures plus tard à peine, son long calvaire se terminerait enfin, et ses rêves les plus fous deviendraient réalité.

***

Au moment même où Ginny continuait de lire les lettres de Tom, Severus Rogue entra d'un pas énervé dans le bureau d'Albus Dumbledore. Lui aussi revenait de longues vacances de Noël—passées à espionner auprès de Lord Voldemort.

Et il ramenait des informations très, très inquiétantes.

« Asseyez-vous donc, mon cher Severus », dit le directeur en le voyant faire les cent pas devant lui. « Vous me donnez le tournis ».

Severus s'arrêta net et s'installa avec la rigidité d'une planche de bois dans le fauteuil que l'autre sorcier lui désignait. Un être empathique en aurait eu mal à sa place : il était si tendu qu'on aurait cru que ses os allaient bientôt craquer. Le maître des Potions reprit toutefois bien vite le contrôle de lui-même sous l'œil patient d'Albus, et jeta donc froidement :

« Lord Voldemort va se marier. »

Dumbledore s'étouffa prestement avec son thé et regarda son espion d'un air incrédule. Jedusor avait eu bien des plans et des lubies au cours de ses années de terreur, mais prendre femme était tellement inconcevable que Rogue ne pût lui en vouloir de mettre momentanément en doute la véracité de ses paroles. D'abord, le Seigneur des Ténèbres était bien trop imbu de sa personne pour aimer qui que ce soit d'autre à part lui-même, c'était bien connu; ensuite, l'idée même qu'il partage le pouvoir avec quelqu'un d'autre, même seulement symboliquement, était tellement risible qu'il était plus facile de croire que Vous-Savez-Qui s'était découvert un soudain sens de l'humour et avait voulu faire une blague.

Mais à voir le visage sombre de Severus, c'était malheureusement trop vrai.

« Se marier? » répéta donc Albus d'un ton ahuri. « Mais qui? Quand?..Pourquoi? »

« La dot. » répondit Rogue, bien que son visage reflétait qu'il ne comprenait pas vraiment lui-même. « Le Seigneur a dit que sa jeune épouse viendrait avec une dot tellement irrésistible qu'elle ferait naître l'amour dans n'importe quel cœur, même le sien! » Il haussa les épaules, exaspéré. « C'est à y rien comprendre, Albus. Il n'en a jamais parlé avant, et les jeunes femmes qui auraient un tel potentiel ne sortent pas spontanément du plancher comme ça! Par Merlin, je ne peux même pas penser à une seule sorcière qui réponde à cette description, encore moins une jeune! »

« C'est évident qu'il cache quelque chose » dit pensivement Dumbledore en se lissant la barbe. « As-tu d'autres indices? »

« Rien du tout. Quand je l'ai quitté il était occupé à essayer différents sorts d'embellissement sur sa personne et à choisir des robes. » Severus ponctua cette déclaration d'un frisson, comme si de voir Voldemort se pomponner était plus effrayant que ses tortures sadiques habituelles.

« C'est pour bientôt, donc. » asserta Dumbledore. « Severus, mon ami, gardons l'œil ouvert. Si cette jeune enchanteresse se trouve à Poudlard, nous la trouverons. »

***

Le souper sembla s'éterniser pour Ginny. C'était l'enfer que devoir prétendre qu'elle était heureuse de retrouver Harry, de résister à l'envie de vérifier l'heure à chaque minute et de manger de façon normale. Son estomac était tordu d'euphorie et de terreur. Elle ne pouvait s'empêcher de craindre de façon paranoïaque que les autres ne lisent la vérité sur son front et ruinent son bonheur imminent, et le fait que le professeur Rogue arpentait les allées du Grand Hall avec de grands yeux suspicieux n'aidait en rien son appétit.

Surtout pas quand lesdits yeux s'arrêtèrent sur elle.

« Mademoiselle Weasley? »

Ginny se figea complètement. Est-ce que Rogue peut lire dans ma tête? Est-ce qu'il sait quelque chose? Muette de panique, elle ne pût que fixer son professeur avec effroi. Son corps tout entier n'exprimait qu'une seule chose : par pitié, allez-vous-en.

Severus jetta un coup d'œil rapide aux alentours. À droite, il y avait Potter et compagnie prêts à un exercice humiliant de protecteurs à la rescousse, et à gauche une bande de jeunes Gryffondors semblant se réjouir du fait que Ginny ait été apostrophée par lui, ou que Potter voulait se porter à son secours, ou des deux. Il n'était pas difficile de comprendre que Mademoiselle Weasley était victime de brimades. Oui, c'était sans doute pour ça qu'elle était aussi terrifiée sur sa chaise, rien d'autre.

« Tâchez de finir votre assiette » laissa-t-il tomber laconiquement en continuant son chemin. Derrière lui, il pût entendre des rires de pimbêches fuser, et se promit de glisser un mot à Minerva McGonagall. Du diable s'il allait intercéder pour le bien-être d'un Gryffondor, mais vivre d'une telle manière ne pouvait qu'être néfaste pour Ginny, il était bien placé pour le savoir.

À sa table, Ginny tremblait de soulagement et de bonheur. Jamais ne s'était-elle sentie aussi heureuse d'avoir Harry, Emma et sa clique de persécutrices à ses côtés.

***

À onze heures et demie, dans le noir du dortoir, Ginny était étendue sur son lit toute habillée. Son cœur battait si fort qu'elle semblait l'entendre dans ses oreilles, et elle tenait la peluche rose si serrée contre sa poitrine qu'il aurait fallu un pied-de-biche pour briser l'étau de ses bras. Son esprit agité ne cessait de repousser et d'embrasser les évènements à venir, comme une valse hésitante au-dessus d'un précipice, mais à chaque fois que ses doutes devenaient trop insistants, le visage de Tom lui revenait en tête et elle priait pour que le temps passe plus vite.

***

À des kilomètres de là, le Seigneur des Ténèbres s'observa une dernière fois d'un œil critique devant son miroir. Plusieurs charmes d'embellissement avaient été nécessaires, mais il ressemblait enfin de nouveau à un être humain. Sans être une copie parfaite, il était facile de reconnaître Tom Jedusor s'il avait été âgé de 25 ans. Le cheveu brun rebelle, la mâchoire volontaire, le corps fin mais musclé, tout était là sauf la couleur de ses yeux et l'inclination fourchue de sa langue. Des défauts que, il en était sûr, Ginny jugeraient tout à fait mineurs. Et quand il aurait un peu plus de temps, il créerait une potion pour le rajeunir véritablement : Ginny en serait définitivement ravie.

Honnêtement, il savait qu'il n'avait pas à mettre autant d'efforts. Bien sûr, ce serait délectable de voir l'horreur se peindre sur le visage de Dumbledore avant sa mort quand il comprendrait qui était le traître et pourquoi et comment, mais il n'avait pas besoin d'être beau pour ça. Ginny viendrait à lui même s'il serait repoussant. Et techniquement, il n'avait même plus besoin de Ginny pour envahir Poudlard, et à partir de là, le monde. Non, sa motivation était plus visionnaire que ça. Après tout, conquérir la communauté sorcière par la force n'était que le premier pas. Il lui faudrait ensuite s'assurer la collaboration et l'appui de la population, endoctriner les générations suivantes, tout le tralala. Et qui de mieux que Ginny, noble Gryffondor, pour assurer une transition harmonieuse vers ce second état de choses? Le public l'adorerait. Elle serait un point de ralliement pour tous les sorciers indécis, un symbole d'un compromis possible, elle lui donnerait un côté humain qui l'aiderait à gagner les masses. Oui, Ginny était essentielle pour lui faciliter la vie, et il avait besoin de son amour indéfectible. Ce ne serait pas bien de négliger les petits détails qui la faisaient tomber dans ses bras.

Tom regarda l'horloge et sourit. Sa future femme l'attendait.

***

À minuit pile, le dragon rose s'illumina et une vague de lumière, comme une onde de choc, se répandit sur Poudlard. Les protections de l'école vacillèrent sur leurs fondations qu'une maigre fraction de seconde, mais c'était tout ce qu'il fallait pour les Mangemorts à l'extérieur. Un instant plus tard, des cris de terreur s'élevèrent dans la nuit.

Ginny se redressa sur son lit, trop euphorique pour y croire. Ça a marché! C'est vraiment en train d'arriver! Elle crût qu'elle allait défaillir tant le bonheur la transperçait. Son ouïe enregistra à peine les hurlements provenant des corridors : sa seule pensée pour le reste de sa fraternité s'apparentait plus à une note de bas de page : J'espère juste que tout le monde aura le bon sens de se constituer prisonnier. Ça serait dommage que Tom soit forcé de tuer des gens avant que je puisse lui dire qu'ils méritent de vivre.

De toute façon, une telle terreur ne pouvait que confirmer que son amour venait bel et bien d'arriver, et c'était donc un son merveilleux à ses oreilles. Son homme était bien là, il l'attendait à l'entrée de l'école, et elle se serait jetée par la fenêtre si elle avait pu pour le rejoindre plus vite. À la place elle se rua vers les escaliers, trébuchant presque dans son empressement.

La bataille faisait déjà rage au rez-de-chaussée. Des Mangemorts, des préfets et des professeurs s'affrontaient en duel tandis que des étincelles vertes jaillissaient de toutes parts. Dans la confusion et l'afflux massif d'élèves arrivant pour se joindre au combat, Ginny passa inaperçue comme d'habitude. Elle n'avait d'yeux que pour un seul objectif, un seul but, un seul être; et comme guidée par une force invisible, elle courrait sans douter de la direction. Au tournant d'un corridor, elle entendit, comme dans un rêve, une voix profonde l'appeler :

« GINNY! »

Ginny s'arrêta net dans ses pas, et se retourna le cœur battant.

Elle ne rêvait pas. Devant elle, un homme dont la puissance et la grâce étaient inimitables se débarrassait de ses adversaires comme on écrase les mouches. Son regard croisa le sien et ses yeux d'un rouge intense lui firent l'effet d'un choc électrique; la couleur était différente, mais c'était toujours lui. Son Tom était bien là pour elle, comme il l'avait promis. Quand il lui ouvrit les bras, Ginny s'y précipita sans un regard derrière.

« TOM! » hurla-t-elle en se jetant à son cou.

« Ginny, Ginny », dit-il tendrement en refermant ses capes sur elle, la soustrayant à la vue des gens. Étrangement son nom sonnait plus comme « Gsinny » sur sa langue, mais Ginny ne s'en formalisa pas. Tom lui donnait une pluie de petits baisers dans le cou, sa vraie peau et son vrai cou, et la serrait contre lui à l'étouffer, et c'était le beau moment de sa vie.

Autour d'eux, le combat s'essoufflait. L'effet de surprise avait été décisif, et les Mangemorts avaient rapidement pris le contrôle, désarmant leurs adversaires et tuant sans pitié quiconque refusait de se soumettre. À peine quinze minutes après minuit, la bataille de Poudlard était déjà terminée.

***

Bien des années plus tard, Ginny se souvenait encore de cette nuit. Devant les survivants enchaînés et les Mangemorts réunis, Tom l'avait fait valser dans ses bras avant de l'embrasser à perdre haleine et de la présenter à tous comme la nouvelle Reine des Ténèbres.

Depuis, sa vie ne s'était qu'améliorée. La population la vénérait; on l'appelait « l'Ange » et beaucoup croyaient qu'elle agissait comme un calmant sur le Sombre Seigneur, protégeant le peuple de ses instincts les plus violents par sa seule présence à ses côtés. Il était de notoriété publique que seule la Reine pouvait gracier les condamnés et sauver les individus ayant déplu à Voldemort de la misère. En conséquence, elle passait la majorité de son temps à accorder des audiences ou des entretiens : on s'arrachait son avis sur tout, de ses idées sur l'éducation jusqu'à la nouvelle couleur à la mode. Bien sûr, il y avait toujours des rebelles en déni croyant qu'elle était sous le sortilège d'Imperio et tentaient de la « sauver », mais même ces épisodes ennuyeux étaient bienvenus car ils divertissaient Tom au plus haut point.

Parfois, elle se sentait un peu seule, car Tom était souvent occupé, mais c'était inévitable : la plupart de ses pseudo-amis d'antan étaient morts. Encore et encore elle avait plaidé pour leurs vies, mais même elle avait dû se rendre à l'évidence que sa clémence était gaspillée. Emma et les poufs du dortoir vivaient encore toutefois : Ginny aimait trop leur rendre visite et les voir se tortiller de culpabilité et de peur en se demandant si leur dernière heure était enfin arrivée. Tom venait parfois avec elle, et ne manquait jamais de les remercier pour leur implication dans leur histoire d'amour : « Sans vos encouragements, Ginny ne serait jamais venue me voir, et qui sait les répercussions désastreuses que cela aurait pu avoir sur notre monde actuel? » disait-il avec un sourire cruel, appréciant leur désespoir comme un bon vin.

Non, sa vie était merveilleuse, et ces petits moments de tristesse étaient mineurs. Sans avoir de véritables amis, elle était fort bien entourée : et quand cela ne suffisait pas, elle pouvait toujours demander une potion à son ex-professeur pour lui changer les idées jusqu'à ce que Tom revienne.

Rogue, en effet, vivait toujours. Au lendemain de la bataille, il lui avait d'abord été difficile de réconcilier le fait que tous ses sacrifices n'avaient eu aucune importance, puisque Voldemort avait gagné depuis le jour où il avait caché cette peluche à Gringotts sans en parler à quiconque, il y a si longtemps déjà; et pourtant, dans la grande chaîne de cause à effet, depuis un jour à peine. Cinquante années d'efforts acharnés de Dumbledore pour le vaincre avaient été balayées d'une pichenette car ni lui, ni aucun professeur, n'avait pas su rendre compte des conséquences possibles d'un drame adolescent se déroulant sous leurs nez.

Malgré tout, il n'en voulait pas à Ginny. Au contraire, il aurait été tenté d'en avoir pitié, s'il n'avait aperçu la lumière d'affection véritable pour elle dans les yeux rouges de Voldemort. Le monstre, même si ce n'était pas son intention première, s'en était visiblement profondément entiché.

Une information qu'il ne manquait pas, en sa qualité d'espion, de rappeler à la Résistance. Un jour, peut-être, le seul point faible du Seigneur des Ténèbres serait utilisé contre lui…

***

Rêves de poison-FIN.

Mon dieu, je n'y crois pas. Enfin, cette fic est terminée! Bien sûr, avec le recul elle est pleine d'incohérences et de trous, sans compter totalement incompatible avec les romans, mais même au commencement il y 5 ans et demi je savais déjà qu'elle était anti-canon. Aux lectrices de la première heure qui liraient possiblement ceci, et qui ont donc aussi vieillies, je sais que la fic est aussi terriblement immature. XD Mais le bonheur est dans la fantaisie, et par respect pour ce nous de jadis, ne nous en voulons pas trop! ;) Merci encore!