Voici donc la séquelle, toute dernière partie pour moi. Ceci ne sera plus focalisé sur la relation Sirius/Severus : on en parle toujours, mais ça passe au second plan. Il y a d'autres couples à caser, et d'autres... évènements. A savoir que le côté humour disparaît peu à peu au fil de cette séquelle... Bonne lecture.
Réponses aux reviews du chapitre 6 :
Chrisanimefan : voilà la séquelle, mais pas trop centré sur ce que tu voulais, désolée ! Certes, la fin est un peu rapide, mais il faut dire qu'il y avait ma meilleure amie à côté de moi en train de dire des conneries, je devais terminer et... ben c'est pas facile avec elle :p
Ivrian : Merci merci merci ! Tu n'imagine même pas à quel point ça m'a touché... Je travaille un peu sur le défi à propos de Fleur et de Charlie, mais je ne sais pas si je finirais... Merci d'avoir eu une idée aussi géniale, c'était merveilleux de bosser dessus !
Didy le dindon musclé: Merci beaucoup :D Je ne m'arrête pas au chapitre 6, mais à celui-ci, en espérant que ça te plaise autant ;)
Falang : Merci d'avoir suivi depuis le début et merci pour les compliments. Moi aussi, je te fais des bisouxxxx tout baveux :D
Zeynel : Contente que ça t'ait plu !
Kero : Ah bah ça, les lemons... Peut-être que j'en écrirais, un jour ( l'espoir fait vivre :D ) mais honnêtement, je pense pas être douée dans cette catégorie ! Valà la séquelle !
Kaorulabelle : Merci !
Gosthic Satane : Chuuuuut ! Nan, honnêtement, je sais pas non plus, mais bon, on va dire qu'Hermione est une super sorcière et qu'elle a réussi à le faire marcher. Pis, euuuh... faut quand même avouer qu'elle est pas toute blanche, la Umbridge !
TiteSevie : Merci ! Sans doute aurait-on pu trouver une autre fin, en fait... Celle-là est juste la mienne...
Miya Black : Merci beaucoup, je suis contente que ça t'ait plu
Alexandra Rogue :D marchi madame !
Genevieve Black : Merci ! Hum, idée très intéressante, j'ai une hache si tu veux ! Allez, viens, on y va ! Youpiiii !
Tsukaï: Mais non, c'est pas fini, ça recommence ! Pis de rien ;)
Flogudule : Waaaah... Une heure ? Eh beh... Cool ! N'empêche... C'est un tit peu sadique, hein :D
Harry poussa un profond soupir. Ca restait tout de même étrange de voir son professeur de Potions, honni, ancien Mangemort, sortir le matin de la chambre de Sirius en refermant silencieusement la porte, pour remonter quelques minutes plus tard avec un plateau petit-déjeuner.
Hermione avait pris philosophiquement les choses ; restée, tout comme Ron, au Square Grimmaud après qu'Harry eut passé deux semaines chez les Dursleys – protection magique oblige – elle était la seule à être polie et courtoise avec le Maître de Potions, le saluant chaque matin avec bonne humeur. D'ailleurs, celui-ci faisait des efforts pour être plus ou moins agréable avec les trois adolescents, et jouait tous les soirs aux échecs avec Remus. Il avait refusé de rejouer avec Ron après s'être fait lamentablement battre lors de leur première et unique partie. Harry en avait bien sûr profité pour se moquer de lui durant plusieurs jours mais, dans l'ensemble, il restait... gentil, avec l'amant de son parrain. Il aimait trop Sirius pour faire quoi que ce soit qui puisse le rendre malheureux.
Ron s'était joyeusement moqué de lui lorsqu'ils étaient arrivés, et ils avaient passé la soirée à faire des hypothèses sur le couple. Ils avaient terminé la soirée en hurlant de rire, après que Ron eut suggéré l'idée d'un Rogue en robe blanche mené à l'autel par un Dumbledore rayonnant. L'image était restée, et Harry l'avait même dessinée, l'accrochant à côté de son armoire. Bien entendu, Sirius lui avait hurlé de retirer ça tout de suite quand il l'avait vu – avant de s'écrouler de rire sur le tapis. Harry avait tout de même dû le mettre dans l'armoire, afin que Rogue ne tombe pas dessus – Merlin sait ce qu'il aurait été capable de lui faire !
Harry, donc, soupira et jeta un coup d'œil à Remus, plongé dans un magazine. Il aimait beaucoup Remus. Sirius était comme un père ; Remus, lui, était comme son oncle. Un oncle sympathique, drôle, enjoué, mais qui savait être sérieux. Présent, gentil, à l'écoute. Remus, c'était presque l'homme parfait. Le problème de lycanthropie restait un problème, justement. Mais qu'est-ce que trois petits jours dans un moi ?
Et puis, il y avait Tonks, aussi. Tonks, c'était un peu comme une grande sœur. Drôle. Gentille. Maladroite. Tête en l'air. Jolie comme un cœur, amusante, douce, et elle aussi, à l'écoute. Courageuse. Loyale. Joyeuse. Malgré toutes les horreurs qu'elle voyait, Tonks se forçait à sourire. Elle lui avait dit que, si elle s'arrêtait de sourire, elle savait qu'elle allait pleurer. Pleurer pour tous les morts. Les inconnus, mais aussi les amis, les collègues. Alors Tonks souriait. Comme Remus souriait, malgré la guerre, la mort, et sa lycanthropie. Ils étaient courageux tous les deux.
Hermione le sortit de ses pensées en lui collant un livre sous le nez. « Regarde, dans ce livre, ils disent que...
-Hermione ! cria Ron. Mais c'est les vacances, laisse tes bouquins, par Merlin !
-Idiot ! Si tu me laissais finir, aussi ! » siffla t-elle. Hermione, Ron, et leurs éternelles prises de bec... « Dans ce bouquin, ils disent qu'avec un sort, on peut créer une piscine ! » Les trois adolescents se regardèrent, puis se tournèrent vers Tonks et Remus. « Une piscine, hein ? » fit Tonks, amusée. Elle jeta un coup d'œil à Remus, cherchant son approbation. « J'vais devoir m'acheter un maillot de bain » conclut-elle philosophiquement.
C'étaient quand même de chouettes vacances, songea Harry, flottant dans l'eau bleue de la piscine nouvellement créée par Tonks et Remus. Sirius avait souri en la voyant, et Rogue était resté impassible. Cependant, au regard qu'ils avaient échangé... Il valait mieux ne pas avoir envie de se baigner tard le soir. Vraiment pas.
Il flottait donc, tandis qu'un peu plus loin, Ron et Hermione s'éclaboussaient joyeusement. Il était toujours étonné. Il ne savait même pas qu'il y avait un jardin ; il aurait dû s'en douter, quand même : la maison des Black avait forcément un jardin. En piteux état, mais Remus et Tonks avaient mis du cœur dans leurs sorts. Tonks qui, d'ailleurs, se dorait la pilule, ou plutôt dormait tranquillement, allongée sur une chaise longue au bord de la fameuse piscine. Remus, lui, se trempait les jambes, l'air pensif.
Ron nagea jusqu'à Harry et lui murmura quelques mots à l'oreille ; celui-ci retint un éclat de rire et jeta un coup d'œil à Hermione. La jeune fille lui offrit un sourire éclatant. Ils sortirent précipitamment de l'eau, allèrent dans la cuisine, prirent chacun une casserole et retournèrent à la piscine, remplissant consciencieusement les récipients en sifflotant, sous le regard intéressé de Remus. Alors, silencieusement, ils s'approchèrent de Tonks. « Les Aurors ont de bons réflexes ? questionna Ron.
-Euh, normalement, oui, mais je ne vois pas trop où elle aurait pût planquer sa baguette... répondit Harry.
-On devrait peut-être se reculer un peu » suggéra Hermione. Bonne idée. Hermione avait toujours de bonnes idées. Ils se reculèrent donc, à distance correcte ; un léger sourire apparut sur les lèvres de Remus. Et ils balancèrent l'eau sur Tonks, qui se réveilla en poussant un hurlement strident, prête à se battre. Elle vit les trois adolescents hilares, Remus qui se retenait à grande peine de les imiter. Levant les yeux, elle aperçut un Sirius mort de rire à sa fenêtre, et un Severus légèrement souriant. « Vengeance ! » hurla t-elle, et elle sortit soudain sa baguette. Les trois jeunes cessèrent aussitôt de rire, se demandant où elle avait pût mettre sa baguette, avant de prendre leurs jambes à leur cou, poursuivis par une Tonks hilare.
C'était vraiment de chouettes vacances, pensa à nouveau Harry avec un sourire jusqu'aux oreilles, tentant d'échapper à Tonks.
Ils se retrouvèrent donc trempés jusqu'aux os, juste avant qu'il ne se mette à pleuvoir. Et à présent, le célèbre trio de Gryffondor étaient emmitouflés dans des couvertures au coin du feu, un chocolat chaud sur les genoux.
Rogue leur fourra dans les mains des verres d'une potion franchement pas ragoûtante. Un instant, la vision du dessin de Rogue en robe de mariée leur revint en tête à tous trois et ils éclatèrent de rire ; Rogue haussa un sourcil.
Sirius se glissa derrière son amant et passa ses bras autour de sa taille, posant son menton sur son épaule pour observer son filleul et ses deux amis. Severus n'aimait pas les démonstrations d'affection en publique, mais il ne protesta que par un grognement mécontent, que Sirius ignora royalement.
Remus jouait avec sa petite cuillère, touillant et re-touillant son thé, encore et encore, et encore, et encore, et... « Mumus, qu'est-ce tu fais ? » demanda Tonks. Il sursauta, lâcha la tasse et le thé inonda ses genoux. Il se leva brusquement, s'excusant en balbutiant de sa maladresse, et disparut pour aller se changer. Sirius et Severus échangèrent un regard surpris, Tonks fronça les sourcils... et Ron éclata de rire. Hermione gloussa. Harry secoua la tête d'un air désespéré. « Et après, on dit que c'est nous, les mômes » marmonna t-il. Son parrain lui lança un regard surpris.
Sirius poussa un soupir alors que Severus se collait contre lui. « Allez, tu ne vas pas me dire que tu détestes toujours Harry ? C'est comme mon...
-Fils, je sais. Je ne le détestes pas, c'est juste que... qu'il...
-T'horripile, je sais. Mais tu as fait un effort, ça se voit. C'est gentil. Que dis-tu de la belle-famille, alors ?
-Un loup-garou et une folle furieuse... Bah. Y'a plus ta mère, c'est déjà ça.
-Tu sais, t'es un Sang-Pur. Elle t'aurait bien aimé. Enfin, avant de découvrir que tu étais mon amant. Là, elle t'aurait détesté, mais sinon, tu as tout plein de bons critères. J'aurais pût te déguiser en fille, pour que ça passe mieux... T'aurais été mignonne avec une jupe rose et un nœud dans les cheveux.
-... La ferme.
-Fais-moi taire » rétorqua tranquillement Sirius. Il songea avec joie que Severus pouvait être très obéissant, parfois.
Bill fit une entrée en fracas le lendemain matin alors que tous les joyeux habitants de la maison étaient complètement dans le cake, devant des cafés, chocolats chauds, jus d'orange et autres biscottes. « Salut la compagnie ! » cria t-il joyeusement. Tonks eut un sourire radieux, Remus se renfrogna un peu – le bruit, sans doute, dès le réveil, c'est dur – Ron sauta sur son frère pour le saluer, Harry échangea avec lui une poignée de main et Hermione lui plaqua une bise sonore sur la joue. Puis, Severus et Sirius lui serrèrent la main avant de lui proposer un café, que le jeune homme accepta joyeusement. « Ca se passe bien, ton travail ? s'enquit Ron.
-Oui, assez. Et vous, les cours ? » Il releva soudain la tête, se rendant soudain compte que Rogue – « Rogue, bordel ! » – se trouvait dans la cuisine avec eux, sirotant tranquillement un café en discutant avec Sirius et que, d'ailleurs, il avait la main posée sur la cuisse de Sirius... Oh putain...
-Oh la vache ! Vous... vous... vous êtes... ensemble ?
-L'homosexualité te choque ? demanda Sirius d'un ton aussi sec que las.
-Non, absolument pas, mais, vous, Sirius et... et... le professeur Rogue !
-Ca fait un choc, hein ? Y'a quoi de beau en Egypte ? » s'enquit Hermione. Bill resta stupidement la bouche ouverte à fixer le couple, n'en croyant pas ses yeux. Tonks s'étranglait de rire. « T'es mignon tout plein comme ça, la bouche ouverte » lui fit gentiment remarquer Sirius en caressant doucement la main de son amant. Harry eut un sourire. Il n'aimait pas vraiment Rogue, mais il rendait Sirius heureux. Et Bill était vraiment mignon avec la bouche ouverte, parfaite imitation d'une carpe...
Harry monta se coucher. Les autres étaient déjà montés depuis longtemps, mais il avait profité d'un peu de calme, étendu dans le jardin à regarder les étoiles. Ca pouvait paraître stupide, mais ça le détendait.
Il ouvrit la porte de la salle de bain, essayant de se souvenir de la couleur de sa brosse à dents – il s'était trompé le matin et avait pris celle d'Hermione ; heureusement, elle ne s'était rendue compte de rien – et décida qu'elle devait être rouge. Ou peut-être bien bleue. Ou alors... Il se figea. Bill était torse nu, essayant tant bien que mal de désinfecter des plaies dans son dos. Ce qui, apparemment, était assez difficile. Le jeune homme ne l'avait même pas entendu entrer. « Salut » fit-il doucement. Bill sursauta et se retourna vivement. « Oh, Harry ! Je ne t'avais pas entendu.
-Comment tu t'es fait ça ? s'enquit l'adolescent en s'approchant, examinant les petites blessures.
-'Suis allé voir Charlie avant de venir. Les bébés Dragons ne m'aiment pas, je crois... Faut que je désinfecte, mais c'est pas vraiment... » Harry lui prit le coton des mains et tamponnant soigneusement les plaies ; Bill eut un léger sourire. « Merci. Alors, avec Cho ? Ron m'en a parlé.
-Je ne suis plus avec Cho...
-Ah. Désolé. » Harry reprit un peu de désinfectant et continua à nettoyer le dos du frère de Ron. « Et... tu as une copine en vue ?
-Non... Et toi, alors, avec Tonks ?
-Oh, Tonks ? Elle est géniale. Vraiment. On n'en rencontre pas tous les jours, des filles comme elle.
-Et... il y a quoi entre elle et toi ?
-Entre... quoi ? Mais rien ! C'est une copine, enfin !
-Ah, tant mieux !
-Pourquoi ? Tu aurais des vues sur notre mignonne petite Auror ? Elle est peut-être un peu vieille pour toi, non ?
-Je dirais plutôt que c'est Remus qui a des vues sur elle... m'enfin, deux escargots atrophiés du cerveau dès qu'on les mets dans la même pièce.
-Jolie comparaison.
-Ouais, hein ? » Harry reboucha le flacon de désinfectant et jeta le coton. « Tu devrais montrer ça à Rogue. Il aura sans doute un truc miracle.
-Ca ne te gêne pas, que ton parrain et lui soient ensemble ?
-Sirius est heureux, comme ça... Et puis, honnêtement, Rogue est vachement moins désagréable avec moi depuis... il est presque sympathique.
-Tu m'étonnes... Bon, je te laisse la salle de bain ! Bonne nuit !
-Bonne nuit... » répondit Harry. Des bébés Dragons... il pouffa de rire et se décida. Allez, la noire ! Et il se brossa joyeusement les dents, avant de se rappeler que la brosse à dents noire était celle de Rogue.
Harry écarquilla les yeux en descendant dans la cuisine. Il n'y avait que Rogue, vraiment, mais alors vraiment pas réveillé, simplement vêtu d'un caleçon décoré de chatons jouant avec des pelotes de laine et qui, bien entendu, appartenait à Sirius. Lui-même ne portait qu'un caleçon et une tee-shirt trop grand. « Pas de commentaire, Potter, ou je vous fait avaler votre petit déjeuner par le nez. » grogna Rogue avant de se replonger dans son café noir, sans s'apercevoir qu'une mèche de ses cheveux trempait allégrement dans le bol. Harry s'installa à côté de lui, préparant tranquillement un bol de lait et s'apprêtant à aller le faire chauffer lorsque Rogue sortit sa baguette et le fit. Harry lui sourit en guise remerciement et y versa généreusement la poudre chocolatée. « Vous aimez Sirius ? demanda t-il brusquement.
-Potter, je n'ai franchement pas envie de parler de ma vie amoureuse avec vous.
-S'il y a « amoureuse », ça veut dire que vous l'aimez ?
-Potter...
-Oh, c'était juste une question, comme ça... Est-ce que le Nesquick entre dans la préparation de certaines potions ? » Rogue avait très envie de se claquer la tête contre la table. « Dans celle visant à tuer le Survivant, oui, répliqua t-il sèchement.
-Oh, alors il ne faudrait pas que Voldemort l'apprenne. Quoi que, comme il répugne les moldus, il ne l'utiliserait sans doute pas... quoi que, en fait, peut-être qu'il... Professeur, est-ce que Voldemort boit du Nesquick ? »
Sirius retrouva son amant se tapant la tête contre la table en marmonnant quelque chose ressemblant étrangement à « J'ai promis, j'ai promis, mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? » et un Harry souriant de toutes ses dents.
« Tonks et Bill s'entendent bien... fit remarquer Severus.
-Normal, ils ont le même âge. Tiens, en parlant d'eux, ils ont proposé d'emmener Harry, Ron et Hermione au cinéma, un soir, et d'aller boire un verre après...
-J'espère que tu n'as pas...
-Bien évidemment, j'ai accepté, coupa Sirius. Allez, Sev' ! Bill est un très bon sorcier, et Tonks une Auror confirmée ! Bon, d'accord, elle est assez maladroite, mais elle n'en est pas moins douée.
-Tu es totalement inconscient ! Et s'il leur arrive quelque chose ?
-Sev'...
-Tu vas les faire tuer, et après y'aura plus de Survivant et...
-Sev', ferme-la. J'ai envie de toi. »
Remus lança une pierre dans la mare. Puis une autre. Encore une autre. Il regarda sans grand intérêt les ondes de plus en plus grandes qui se formaient à la surface de l'eau. Il était tout seul, dans un petit parc assez éloigné du Square Grimmaurd. Il avait envie d'être seul. De réfléchir. Il se sentait assez perdu en ce moment ; il repensa à la dernière farce des trois adolescents. Une potion rendant les cheveux bleus, qu'ils avaient généreusement versée dans la bouteille de shampooing de Sirius et Severus. Severus avait été furieux. Et il y avait alors eu la chose étrange qu'ils aient jamais vu : il avait éclaté de rire. Naturellement. Et il avait eu un véritable fou rire avec eux. Et il avait fini par féliciter le trio pour la potion. Severus pouvait être tellement agréable, quand il le voulait...
Il repensa au dîner qu'ils avaient cuisiné tous les deux. Etrange comme il avait pût se sentir à l'aise avec le Maître de Potions. Etrange comme Severus était doué en cuisine. C'était la veille... Mais il n'y avait eu ni Bill, ni Harry, ni Hermione, ni Ron, ni Tonks. Ils avaient dîné tous les trois, et la soirée avait été agréable, certes, mais... mais il n'y avait pas les rires joyeux des adolescents. Pas les tours de passe-passe de Bill. Pas les maladresses, la bonne humeur inébranlable, le regard pétillant de Tonks. Ca lui avait manqué. Et après, il avait entendu Severus hurler à Bill et Tonks que, non, ça n'était absolument pas une bonne idée d'avoir faire boire les « gamins », qu'ils étaient « totalement irresponsables » et autre « Et si Voldemort attaque, hein ? On fait quoi avec un Survivant bourré comme une barrique ? » ce à quoi Tonks avait joyeusement répondu – elle aussi passablement éméchée – « bah, on lui colle sa baguette dans les mains et on lui souffle les réponses, quelle question ! Bourré ou pas, Harry reste 'achement fort ! » Douce et tendre Tonks... Et Bill, Ron et Hermione gloussait, tandis que Tonks souriait, « fière de sa connerie » selon Severus, que Harry s'endormait contre la rambarde de l'escalier et que Sirius rappelait son amant au lit. Marrant comme il avait cessé de hurler, d'un coup... Sirius avait une sacré influence sur lui.
Et lui, pauvre petit loup-garou de presque trente-six ans, était tout seul. Il avait longtemps refusé la présence d'une personne qui l'aimait à ses côtés, et s'était refusé à aimer qui que ce soit, parce qu'il était un loup-garou, parce qu'il ne voulait pas faire souffrir, parce qu'il ne voulait pas souffrir... mais voir Sirius et Severus... si heureux d'être tout bêtement ensemble. D'échanger des regards, des sourires. Des étreintes, des murmures. L'évadé d'Azkaban et l'ancien Mangemort. Tous deux forcés à vivre cet amour dans l'ombre... Ils souffraient en silence, mais ils étaient ensemble. Et il se disait que... eh bien, que peut-être que si Severus, le faux-méchant mangemort repenti devenu espion avait pût tomber follement amoureux du terrible évadé d'Azkaban, peut-être alors que lui aussi pourrait connaître ça. L'Amour, avec un grand A. Peut-être que lui aussi pourrait échanger des sourires idiots avec quelqu'un à aimer, parler sans un mot, par un simple regard. Embrasser, toucher, caresser... Il regarda le ciel. Il commençait à faire nuit. Il se leva et se décida à rentrer.
( cri de l'écrivailleuse : REMUS JE T'AIME EPOUSE-MOI ! euh... hum )
Harry descendit en trombe les escaliers en entendant la porte claquer ; Remus venait de rentrer. Il fallait absolument qu'il lui parle. Il avait besoin de l'aide du loup-garou.
Il manqua la dernière marche et s'étala sans la moindre grâce dans le couloir, le nez dans le tapis. Ron, derrière lui, explosa de rire. « Tu comptes faire carrière en tant que carpette ? lança t-il entre deux éclats de rire. Ca rapporte plus que Survivant, c'est sûr ! Attends, vais demander à Hermione si elle te veut comme tapis, tu sais, un truc magique à ramener à ses parents...
-Oh, la ferme, Ron. On dirait Malfoy.
-Quoi ? Tu oses m'insulter de la pire des manières ? Faux frère ! » Harry pouffa de rire et releva la tête. Remus était figé dans l'embrasure du salon. Il se releva péniblement, massant ses coudes endoloris, et s'avança. Dans le salon, Tonks était étalée sur le canapé, la tête sur les genoux de Bill, dormant avec un petit sourire. Bill ne semblait absolument pas dérangé, bien au connaître ; il caressait machinalement les cheveux de la jeune femme.
Remus se détourna vivement et monta quatre à quatre l'escalier. « Merde, pauvre Remus... » murmura Ron derrière lui. Harry ne répondit pas, retournant lui aussi dans sa chambre.
Il se retrouva une nouvelle fois dans la salle de bain, en train de nettoyer les plaies de Bill. « Il n'y a... vraiment rien, entre Tonks et toi ?
-Harry, tu veux sortir avec elle ou quoi ?
-Non, c'est Remus qui...
-Je sais, tu me l'as déjà dit. Tu nous a chopé tout à l'heure dans le salon, et maintenant tu crois qu'on est ensemble ? Ce n'est rien d'autre qu'une amie... Je l'aime beaucoup, mais il n'y aura jamais rien... d'amoureux, entre elle et moi. Je la laisse à Remus. Tu t'inquiètes pour lui ?
-Euh... ouais. Ouais, c'est ça. » Bill lui sourit. « Je comprend. Tu tiens à lui, tu ne veux pas qu'il souffre. Mais tu ne pourras pas toujours le protéger, tu sais. C'est vraiment bizarre de dire ça à un gamin de quinze ans...
-Presque seize ! riposta Harry avec véhémence. Et je ne suis pas un gamin.
-Je sais, mais j'aimerais bien que tu en sois un. Comme tous les gamins de quinze... seize ans, pardon, qui n'ont rien vécu dans leur vie. Tu as vu trop de choses pour ton âge, c'est triste. Tu es presque un homme... Dis-toi que je n'en suis un que depuis peu de temps, Harry. Et j'aurais bien aimé que ce soit la même chose pour toi. Je voudrais te voir faire toutes les conneries que les autres font à cet âge. Te bourrer la gueule en cachette, draguer les filles, jouer le rebelle... Et j'aimerais que Ron et Hermione le fassent aussi. Mais vous avez grandi trop vite, tous les trois. Même si tu restes celui qui a vécu le plus de choses, bien sûr. » Bill lui serra l'épaule, de la tristesse dans ses yeux bleus. « Alors, tu sais quoi, Harry ? Je vais t'emmener te bourrer la gueule, et si tu ne peux pas sortir d'ici, on se bourrera la gueule dans ta chambre, comme deux crétins d'ados, et si tu peux sortir, on jouera les rebelles, et on ira draguer les filles tous les deux, d'accord ?
-Je suis gay. » Harry devint cramoisi, ne comprenant pas comment il avait pût dire ça. Il ne l'avait même pas avoué à Sirius, pas plus qu'à Ron ou à Hermione, il n'en était pas sûr lui-même, alors comment avait-il pût dire ça ? Il eut la brusque envie de se taper la tête contre le lavabo. « C'est pas grave, rétorqua Bill, les filles aiment bien les... quoi ? » s'écria t-il soudain, les yeux écarquillés. « Oh, euh, je veux dire, je m'en fiche, c'est pas grave, enfin, euh... Bah, tu sais, moi, je suis bi, hein, alors je m'en fiche. Euh... Tu l'as dit, enfin, aux autres ?
-Non...
-Tu devrais leur dire » Bill lui serra une nouvelle fois l'épaule, fraternellement. Harry se surprit à penser qu'il aurait voulu que le contact soit autre chose que fraternel, et une nouvelle fois, il eut envie de se taper la tête contre le lavabo. « Wouah ! Ca fait quand même un choc, d'entendre le célèbre Survivant dire qu'il est gay ! Je ne pense pas que...
-J'en ai marre de ne rien être d'autre que le célèbre Survivant ! explosa Harry. Je voudrais être juste moi ! » Bill se figea, surpris. Il se mordilla la lèvre. « Désolé, Harry, je ne voulais pas te blesser. Mais tu seras toujours le célèbre Survivant. Pour tout le monde. Pas pour nous, pas pour moi. Pour nous, tu es juste Harry. Allez, allons nous coucher, il est tard. »
Harry le suivit, pensif.
« Vous devriez lui dire » lança Hermione en s'installant à côté de Remus, au bord de la piscine. « Dire quoi à qui ? » répondit son ancien professeur, remuant son café d'un air distrait. Hermione secoua la tête, agacée. « Dire vos sentiments à Tonks. Je sais ce que vous ressentez pour elle. Et... et je crois qu'elle vous aime bien. » La jeune fille baissa la tête, assez gênée. « Vous savez, il n'y a rien entre Bill et elle. Ce n'est que de l'amitié. Et... je sais que la guerre approche, et qu'il faut éviter de se lier trop intimement à d'autres, parce qu'ils peuvent mourir et que cela nous fera souffrir, mais vous avez vécu longtemps seul. Seul et... triste. Vous méritez le bonheur, Remus. Après tout ce que vous avez traversé, vous le méritez vraiment. Bien plus que beaucoup de personnes que je connais... Et si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider, je le ferais. » Remus regarda l'adolescente, ému. « Merci, Hermione. »
Harry entra vivement dans la chambre de son parrain, décidé à lui avouer son homosexualité. Il y avait réfléchi durant la moitié de la nuit ; ses cernes en témoignaient. Mais il ne s'attendait pas à ça. Ca, c'était Rogue allongé sur le ventre, semblant endormi, les mains sous sa joue, et Sirius à califourchon sur lui, lui massant délicatement le dos. « T'es tout noué, Sev'. Tu vois que tu devrais aller au soleil, disait l'Animagus.
-Tu m'emmerde, avec ton soleil. J'aime pas le soleil.
-Mais après tu serais tout bronzé... J'ai envie d'aller à la plage, Sev'
-Pourquoi tu tiens tant que ça à aller à la plage ? Il fait toujours moche, en Angleterre, en plus.
-Mais, je veux te voir en maillot de bain ! Ca ne t'intéresse pas, Sev' ? Nous deux, sur une plage – déserte, je suis quand même recherché par pas mal de monde, mais Dumbledore a une plage privée et il est d'accord pour nous la prêter, je lui ai déjà demandé – trempés, les vagues nous caressant les pieds, le corps luisant de gouttelettes d'eau salée... susurra Sirius d'une voix plus que sensuelle et suggestive. Avec juste un maillot de bain... Sur le sable fin... Sev'...
-J'aime pas le sable, trancha Rogue.
-T'es chiant, Sev' ! » Harry se racla la gorge, signalant sa présence. Il devinait que ses joues étaient plus rouges que des tomates, mais tant pis. Sirius tourna la tête vers lui. « Oh, Harry ! Hum... Tu es là depuis longtemps ?
-Suffisamment pour que je ne vois plus jamais le professeur Rogue de la même manière, couina l'adolescent, de plus en plus rouge.
-Vous feriez mieux d'oublier ce que vous avez entendu, Potter, grogna Rogue.
-N'embête pas mon filleul, toi, sale méchant qu'aime pas la plage et le soleil ! Tu voulais me parler, Harry ?
-Euh... ça peut attendre ! » L'adolescent partit en trombe. Ron l'attrapa par le bras alors qu'il s'apprêtait à descendre l'escalier menant au rez-de-chaussée. « Hé, Harry ! Hermione à parlé à Remus. Il est en train de discuter avec Tonks.
-Ah ? Tu as... ? » Ron, un large sourire plaqué sur les lèvres, lui tendit une oreille à rallonge.
Hermione faillit les gifler en découvrant ce qu'ils étaient en train de faire. Rouge de colère, elle les traîna au salon. « Non mais ça va pas, vous deux ? Y'a un truc qui cloche, chez vous, c'est pas possible ! Vous ne pouvez pas les laisser tranquilles, hein ? Vous croyez pas que c'est assez dur pour Remus sans qu'en plus, vous ne l'espionniez ? Vous me décevez beaucoup ! » Ils baissèrent la tête, honteux. Elle ressemblait à Molly Weasley. « Bon, soupira t-elle, vous n'avez pas intérêt à recommencer. » Elle s'assit à côté d'eux. « Désolé, 'Mione... » marmonna Ron. La jeune fille soupira. « Alors, il lui disait quoi ?
-Il lui parlait de promenades à cheval, sourit Harry.
-C'est romantique... Ils vont faire un couple génial, ils seront si mignons tous les deux... » Les deux jeunes hommes échangèrent un regard désespéré. Puis, Harry prit son courage à deux mains. Il n'avait pas pût parler à Sirius, alors il allait parler à ses deux meilleurs amis. Et, regardant Ron, il pensa que ça n'était peut-être pas une bonne idée. Mais Hermione... « Hermione, je pourrais te parler, tout à l'heure ? » demanda t-il. Mauvaise idée. Ron boudait déjà. Il n'aimait vraiment pas être exclu. Mais il n'était sans doute pas prêt à entendre que son meilleur ami était gay. « Euh... Bien sûr, Harry... »
Ron boudait dans sa chambre, et Hermione attendait patiemment que Harry se décide à parler. « Alors ? De quoi voulais-tu me parler ? » demanda t-elle, voulant presser un peu les choses. Harry la regarda, puis reporta vivement son attention sur un tableau. « Hum... Enfin, euh, je voudrais que, euh, que tu ne m'interrompes pas, surtout, parce que c'est difficile, et, euh, tu me promets de ne pas crier, ou...
-Harry. Je suis ta meilleure amie, non ? Tu sais que tu peux tout me dire. Assieds-toi. » Il se laissa tomber à côté d'elle sur le lit. « Je... J'en étais pas très sûr, avant, mais je viens de me rendre compte que... que je suis gay » Il avait soufflé les derniers mots, le visage enfoui dans ses mains. « Oh. Et alors ? Tu sais, ça ne me dérange pas. C'est pour ça que tu avais peur d'en parler devant Ron ? Tu as peur de sa réaction ?
-Oui...
-Tu t'en ai rendu compte comment ? » Harry rougit et Hermione eut un léger sourire. « Allez, raconte !
-Hier soir, euh... je discutais avec Bill. Et puis... enfin, je ne discutais pas vraiment avec lui, enfin, si, mais...
-Mais ?
-Bah, il a des plaies dans le dos, y'a des bébés dragons qui l'ont attaqué, et je l'aide à nettoyer les blessures le soir...
-Donc il était torse-nu. Tout s'explique. Il ne te faut pas grand chose, quand même. Je veux dire, tu vis toute l'année dans un dortoir avec des garçons, et tu vois Bill torse-nu, et tu as la révélation. T'es attiré par lui, donc. Bon choix, Bill, il est miam ! » Ils éclatèrent de rire, Harry rougissant légèrement. Hermione lui prit la main. « Tu sais que je te soutiendrais toujours, quoi qu'il arrive. Ron le fera aussi. Tu ne risque pas ta vie pour quelqu'un, pour le rejeter lorsqu'il t'apprend une... légère différence. Et puis, honnêtement, tant que tu es heureux comme ça et que tu ne le dragues pas, je ne crois pas que ça le gênera. Oh, je pense qu'il va quand même devenir rouge comme une pivoine s'il doit se changer devant toi – il aura peur que tu le reluques, sans doute – mais pas plus.
-Hermione, la voix de la sagesse » sourit-il. Elle le serra dans ses bras. « Je me disais, aussi, que c'était bizarre que tu n'ai pas eu plus de petites amies...
-Tu n'en as pas eu beaucoup non plus ! répliqua t-il.
-Tu m'étonnes, toi et moi, on se partage le même terrain ! plaisanta t-elle. Non, pour dire vrai, je crois que je suis trop plongée dans mes études pour me soucier de ça. Et puis, qui te dit que je n'ai pas quelqu'un en ce moment ? » Il la dévisagea, surpris, et elle lui sourit. « Je t'en parlerais plus tard, quand je me sentirais prête à le faire. Bien sûr, tu n'en touche pas un mot à Ron. C'est assez... non, très compliqué, en fait. Et si je te le dis, il faudra que je t'explique beaucoup de choses, qui sont secrètes. Personne d'autre que moi n'est au courant, je n'ai pas le droit de trahir sa confiance sans lui en parler avant.
-D'accord. Mais tu as quelqu'un. » Hermione rosit, et un léger sourire timide effleura ses lèvres. « Oui.
-Et tu l'aimes ?
-Oui.
-Hermione... c'est une fille ou un garçon ?
-Harry ! »
Ron ne bougeait plus, ne parlait plus... Harry eut un sourire crispé. « Ron... euh... Ron... Oh, non ! Hermione ! Il respire plus ! Hermione ! Il devient bleu ! »
Rogue poussa un soupir, agacé. Sirius pouffait de rire, adossé au mur. « Et on peut savoir ce qui l'a mis dans cet état ? » siffla Rogue. Hermione et Harry échangèrent un regard. Ron s'était évanoui et était tombé du lit ; bien évidemment, le bruit de sa chute – il n'était pas gros, mais il était grand – avait attiré les deux adultes. « Une... nouvelle » finit par répondre Harry, rougissant. Rogue lui lança un regard meurtrier. « Potter, loin de moi l'idée de vous arracher des aveux, puisque votre petite vie ne m'intéresse...
-Severus, prévint sèchement Sirius.
-Hum. Coup de bol, Potter. Je disais donc que... » Il jeta un coup d'œil à son amant « ... je voudrais savoir ce que vous avez bien pût dire à Monsieur Weasley pour qu'il s'évanouisse et se claque la tête sur le parquet.
-Euh... » Harry lança un regard désespéré à son parrain, quémandant du soutien ; Sirius haussa les épaules. « J'aimerais bien savoir, aussi. » Harry s'approcha de lui et lui souffla quelques mots à l'oreille. « Ah bon ? Et ça l'a choqué à ce point ? Et bah, il est plutôt... chochotte. Ca lui passera quand il sera réveillé.
-Et toi ? Tu... tu t'en fous ? s'inquiéta Harry.
-Bien sûr que non... Mais que veux-tu que je te dise ? Cherche pas, Sev', je t'expliquerais tout à l'heure. Harry, je veux juste que tu sois heureux. Après, je m'en fous, un peu, c'est vrai. Tu t'attendais à quoi ? A ce que je t'engueule ?
-Ben, non.
-En tout cas, si tu veux en parler, pas de problèmes, hein. Je suis rôdé sur le sujet. Bon... » Il regarda sa montre. « Je vais aller faire à manger. Sev', tu viens ? Allez, si tu viens à la plage, je te raconte. On va vous laisser, tous les trois. C'est Mumus qui va rigoler quand je lui raconterais, tiens. Ca le fait toujours rire, quand les gens s'évanouissent, je sais pas pourquoi... »
Ils quittèrent la chambre, Sirius babillant joyeusement et Severus lui grognant de « se la fermer cinq minutes », pour son « propre bien ». Harry et Hermione échangèrent un regard, l'air grave. Et ils éclatèrent de rire.
Ron poussa un soupir. « Ca fait un choc, marmonna t-il. Et Cho, alors ? Elle ressemble pas à un garçon, pourtant... ou alors... oh, par Merlin ! Harry, dis-moi que ce n'est pas un travesti ! s'écria t-il, les yeux écarquillés d'horreur.
-Non, sourit Harry. Ou alors elle m'a caché des choses. Je m'interrogeais déjà quand je sortais avec elle...
-Et euh... oh, ça fait bizarre. Je ne pourrais plus jamais te dire : alors, Harry, t'as une fille en vue ? A la place je vais devoir dire : alors, Harry, t'as un mec en vue ? C'est très étrange... » commenta t-il, pensif. Hermione pouffa de rire. « Et tu sais quoi ? demanda t-elle à Ron, un sourire plaqué aux lèvres. Quand on se baladera, Harry et moi, on regardera les mêmes personnes ! Elle est pas belle, la vie ? C'est pas tout ça, mais je me sentais un peu seule, moi...
-Je suis pas une fille ! s'exclama Harry. J'suis un garçon !
-Ouais, je sais, mais c'est plus facile pour une fille de raconter ses problèmes à un mec gay qu'à un mec hétéro. Cherche pas, c'est normal. On pourra se plaindre tous les deux que les hommes sont tous des salauds quand on se disputera avec nos petits amis ! » Harry sourit devant son enthousiasme. Hermione prenait la chose tellement bien, élaborant déjà tout ce qu'ils pourraient faire ensemble... Cela le rapprocherait de la jeune fille, mais il espérait ne pas s'éloigner pour autant de Ron. Gay ou pas, il tenait à ses deux amis ! « Hé, Harry ! dit soudain Ron, le tirant de ses pensées. Après-demain, c'est ton anniversaire ! » Harry haussa un sourcil. Bien sûr qu'il savait que c'était son anniversaire. « Et devine quoi ! J'vais te trouver ton premier petit copain comme cadeau ! » Oh, Merlin.
Harry se laissa tomber à côté de Remus. Le loup-garou semblait perdu dans ses pensées ; pourtant, il releva la tête lorsque l'adolescent s'installa à côté de lui. « Ca va, Remus ? demanda doucement Harry.
-Oui...
-Euh... comment... comment ça se passe, avec Tonks ? » Remus eut un sourire triste. « J'ai bien peur qu'Hermione se soit trompée... murmura t-il. Oh, Tonks m'aime beaucoup, mais... je ne pense pas que nous ayons la même manière de nous... apprécier. Ce n'est pas grave, dit-il doucement en voyant la mine déconfite du Survivant. Tonks est, et restera une très bonne amie. Nous allons faire une promenade à cheval dimanche... je crois que c'est une bonne idée. Qu'en penses-tu ?
-Vous devez être triste...
-Je le suis. Mais il ne sert à rien de s'apitoyer sur son sort, n'est-ce pas ? Et toi ? Tu vas bien ? Sirius m'a dit, pour... enfin, tu sais de quoi je parle.
-Oh. Et... ?
-Rien, sourit le loup-garou. Ca ne me dérange pas, je pense que tu l'as déjà deviné. Tu as quelqu'un en vue ? » Harry rougit aussitôt et balbutia un « non » peu convaincant ; Remus sourit. « Je suis certain que tu... trouveras quelqu'un de bien... » Harry acquiesça.
Tonks rentra tard. De longs cheveux noir corbeau pendaient sur son visage pâle. « Tonks, ça va ? » s'inquiéta aussitôt Remus. La jeune femme releva tristement la tête. « Voldemort a trouvé un nouveau moyen d'augmenter ses pouvoirs. » Les adolescents écarquillèrent les yeux ; Sirius prépara du thé et ils s'installèrent dans le canapé, près du feu, malgré la chaleur de l'été. Cela avait quelque chose de réconfortant.
Harry était surpris : il n'avait jamais vu la jeune auror réellement démontée. Mais cette fois, elle semblait perdue, effrayée et triste à la fois. « On nous a appelé, parce qu'il y avait cinq personnes complètement... amorphes, sur le chemin de traverse. Des coquilles vides, comme s'ils avaient reçu le Baiser d'un détraqueur... Ce salopard les a vidé de leur magie... Un médium était avec nous, il a fouillé les derniers souvenirs de l'un d'eux... C'était horrible...
-Mais en quoi le fait de prendre la magie les fait devenir... amorphes ? osa demander Hermione.
-Imagine qu'on t'arrache les viscères, à vif. La douleur est si immense qu'il n'y a aucun autre recours que de se perdre dans les méandres de son propre esprit. Se cacher. Peut-être cet acte est-il aidé par la magie, et lorsqu'il n'y en a plus, ils ne peuvent plus en... sortir ?
-Certaines théories disent que la magie est liée à l'âme, ajouta sombrement Severus. Ceux ayant reçu le Baiser du détraqueur sont incapables de faire de la magie, même si on leur met une baguette entre les mains. Pas même une étincelle.
-Ils sont entièrement vides » acheva Remus, les poings crispés. Tous se tournèrent vers lui ; la rancœur et l'amertume dans sa voix étaient palpables. « Ce traitement était infligé aux loups-garous sorciers il y a des siècles... c'est de la vieille magie. Tout comme la protection de ta mère, Harry. Ca a dû lui donner des idées... il a dû faire beaucoup de recherches là-dessus, cette année. Et il a trouvé ça.
-Et... et il n'y a aucun moyen pour leur rendre leur magie et leur esprit ? » demanda impatiemment Harry. Sirius tourna un regard vide vers lui. « Ceux qui ont reçu le Baiser du détraqueur retrouvent-ils jamais leur âme ? » répondit-il simplement. Harry baissa la tête, abattu.
Harry se leva sans enthousiasme. Ils avaient passé une bonne partie de la nuit en silence, autour de l'âtre. Tout semblait sombre, à présent : Voldemort était en train d'augmenter sa puissance en ne laissant que des coquilles vides derrière lui ; deux autres sorciers avaient été trouvés dans la périphérie de Londres. Il n'était pas loin, et il finirait par le localiser. Harry devait se préparer au combat.
Il descendit à la cuisine ; Bill lui jeta un coup d'œil et lui versa une tasse de café avant de prendre la sienne et de s'installer à la table. Ils prirent leur petit déjeuner en silence, pensifs. Bill se leva finalement pour laver sa tasse. « Tu crois que j'y arriverais ? » demanda lentement Harry. Nul besoin de dire quoi, Bill savait ; il se retourna vers lui. « Si tu n'y arrives pas... Je ne sais pas qui le fera. Aie confiance en toi.
-J'aimerais... » souffla Harry. Il vida ce qui restait dans sa tasse d'un trait et la posa dans l'évier, avant de sortir dans le jardin, s'asseyant au bord de la piscine. Bill le rejoignit ; les autres n'était pas encore levés. « Et si on allait réveiller Tonks en hurlant ? » proposa Bill avec un léger sourire. Harry releva la tête. Le jeune homme essayait de lui changer les idées, tout comme il faudrait changer les idées de tout le monde. Il acquiesça.
Ils se levèrent et montèrent silencieusement l'escalier. Lentement, Bill ouvrit la porte de la chambre de Tonks, faisant signe à Harry de se préparer. Et, brusquement, ils entrèrent dans la chambre en criant ; seul le silence leur répondit. Une note était posée sur la table de chevet, visiblement griffonnée à la hâte.
Attaque de Mangemorts possible bientôt, dois partir vite. Serais là pour l'anniversaire d'Harry. Veux du champagne.
Bill eut un sourire crispé, essayant tant bien que mal de cacher son inquiétude. « Bah, ils arriveront à contrer ça, hein... Je vais aller chercher des croissants. Tu... tu veux venir avec moi ? » Harry murmura un faible « oui » ils se changèrent rapidement et quittèrent la maison en laissant un mot.
Bill continuait à parler d'un ton qui se voulait enjoué, parlant de la fête d'anniversaire et du gâteau gigantesque que sa mère ne manquerait pas de préparer. « Le truc, c'est qu'elle aime pas qu'on ne mange pas tout, même s'il y en a pour cinquante. Quand on était gosses, on avait un chien. Il s'appelait Fudgy, c'est mon père qui lui avait donné ce nom-là... Il était complètement stupide, et, sur le coup, on n'a pas vraiment compris. Maintenant, forcément, on comprend mieux... Enfin, Fudgy se planquait sous la table pendant les repas, et avec Charlie, on lui donnait la moitié de nos assiettes pour que notre mère croit qu'on mangeait tout. Fudgy était obèse, mais elle ne comprenait pas pourquoi... Fudgy est mort quand j'avais onze ans, juste avant d'entrer à Poudlard. Et là, ma mère a compris pourquoi le chien était obèse. C'était triste, quand même. Fudgy, il était chouette... » Harry écoutait à peine, les yeux rivés à l'horizon. « ... Et Hermione me disait que Ron n'aime pas son chat, je sais pas trop pourquoi, il est sympa, Pattenrond, et dis-moi Harry, comment tu t'ai rendu compte que tu étais gay ? Parce que... » Harry regarda le trottoir. Avant de comprendre ce que venait de lui dire le jeune homme. « Bill ! s'exclama t-il.
-Je savais que tu ne m'écoutais pas. Deux minutes pour percuter. Entre temps, j'ai eu le temps de te parler des cheveux verts de Tonks et de la lampe de chevet de mon père qui, soit dit en passant, est laide. Et donc ?
-M'en suis rendu compte, c'est tout.
-Oh allez... Un gars qui te plaît ? » Et après tout, pourquoi pas ? Au pire, Harry pourrait toujours dire que c'était une blague... « C'est en te voyant à moitié à poil que je m'en suis rendu compte. Chouette abdos, hein. » Le Survivant continua tranquillement à marcher vers la boulangerie tandis que Bill restait planté sur le trottoir, stupéfait. Il courut pour revenir à sa hauteur. « Hein ? Sérieux ?
-Va savoir...
-Bah c'est cool. Je vais pouvoir draguer le Survivant ! On va faire la une de la presse people ! » Harry esquissa un pauvre triste. « Ouais... » Bill posa une main sur son épaule. « T'es mignon, quand même ! » fit-il avec un large sourire. Harry se figea. « Allez, viens, faut quand même les ramener, ces croissants ! » Harry lui emboîta le pas, automatiquement.
Hermione haussa les épaules. « Tu lui a dit ça pour voir sa réaction ?
-Ouais... » La jeune fille soupira. « Et il t'a dit que tu étais mignon. Ce qui est vrai. Vous êtes tellement compliqués, vous, les garçons ! Pour un peu, je m'en arracherais les cheveux... Bon. Tu sais que j'ai quelqu'un. Je vais te dire comment cette personne a fait pour me montrer ses sentiments. Pour me dire qu'elle voulait être avec moi.
-Elle ? taquina Harry avec un large sourire.
-Bah ouais, une personne, andouille ! Tu ne sauras pas... Enfin, la personne en question m'a tout simplement attrapé, m'a envoyé dans une salle de classe vide, et m'a embrassé. Elle aurait put se prendre une gifle. C'est le risque.
-Hermione...
-Je sais que tu as peur qu'il te rejette. Mais vaut mieux un non définitif qu'un doute. Vaut mieux avoir des remords d'avoir fait quelque chose que des regrets de ne pas l'avoir fait, Harry.
-Qui c'est ? Je veux savoir ! » La jeune fille rosit. « Harry...
-Pourquoi tu ne veux pas me le dire ? Je te dis tout, et tu ne me dis rien. Si tu veux, je peux même te promettre de ne rien dire à Ron. Je pourrais même faire semblant de ne rien savoir quand nous serons de retour à Poudlard, si tu ne veux pas que la personne en question sache que je sais que vous êtes ensemble. Tu vois ? Fais-moi confiance... » Hermione se tortilla, torturant un pli de sa jupe mauve entre ses doigts. « Tu vas m'en vouloir...
-Tu es comme ma sœur. Je ne peux pas t'en vouloir. L'identité de l'inconnu est si terrible que ça ?
-Mais si je te le disais, je devrais tout t'expliquer...
-Tu n'as pas à t'expliquer, Hermione. » Hermione grimaça. « Tu le dis à personne, hein ?
-Promis. » Elle baissa les yeux, mal à l'aise. « Et tu ne hurles pas, hein ?
-Hermione !
-C'est... c'est Draco. » Harry écarquilla les yeux et resta la bouche entrouverte avant d'éclater d'un rire nerveux. « Draco ? Je savais pas qu'il y en avait plusieurs ! Il doit être dans une autre année, hein ? je connais pas les plus vieux, ça doit être ça, hein, Hermione, hein, pas vrai, Hermione ?
-Il n'y en a qu'un seul dans le Collège, Harry. Tu as promis de ne pas hurler ! » ajouta t-elle précipitamment. Le jeune homme eut un sourire crispé. « faut que je digère l'info, là. Tu sors – tu es amoureuse, même – avec Draco la-fouine-je-suis-supérieur-à-vous-misérables-veracrasses Malfoy ? Draco je-hais-les-Sang-de-Bourbe-et-les-moldus Malfoy ? Draco mou –
-Harry ! Il n'est pas comme ça... Je savais que je devrais tout t'expliquer...
-Je suppose que tu sais ce que tu fais. Fais quand même attention à toi, Hermione. Parce que s'il te fait du mal, je lui arrache les poils de... enfin, tu sais quoi, au fer rouge. Et ensuite je le pends nu par les orteils au lustre du Grand Hall. Ou alors nu recouvert de miel dans la forêt interdite. Ou alors nu dans...
-Je trouve que le mot nu est récalcitrant, Harry...
-'Scuse-moi, Mione. C'est qu'il est bien foutu, quand même.
-C'est mon copain, Harry. Alors ne t'avises pas de le draguer, ok ? Et pour en revenir à Bill, sautes-lui dessus. Au moins, tu seras fixé. » Le jeune homme acquiesça, pensif. « Ron risque de faire la gueule si je sors avec son frère, quand même.
-Ou peut-être qu'il sera jaloux... » Ils échangèrent un regard et éclatèrent de rire.
La journée passa, sans nouvelle de Tonks. Malgré les farces, les boutades, l'inquiétude planait au 12, square Grimmaurd. Severus était parti aux renseignements, et Sirius était doublement inquiet, n'accordant aucune attention à la partie d'échecs qu'il jouait contre Ron. Bill parit à l'étage, faisant signe à Harry de le suivre. « Tu m'aides ? » demanda t-il à la porte de la salle de bain ; le Survivant acquiesça, et se rappela le conseil d'Hermione. « Sautes-lui dessus » Ils entrèrent dans la petite pièce et Bill enleva son tee-shirt, dévoilant les plaies qui commençaient déjà bien cicatriser. Harry attrapa un pot de crème et entreprit de l'appliquer sur le dos de Bill en un long et lent massage. Il mit volontairement une certaine langueur dans ses mouvements et, à travers le reflet du miroir, voyait le regard quelque peu troublé du jeune homme.
« Sautes-lui dessus. »
Il laissa ses mains glisser vers les flancs ; Bill se crispa légèrement. Harry déposa un léger baiser sur la nuque ; le jeune homme se raidit instantanément 1. « Harry... murmura t-il. Je sais pas si... si c'est une bonne idée... » Et Harry oublia, pour une fois, sa timidité et sa maladresse pour entourer la taille de Bill de ses bras, effleurant à nouveau la nuque de ses lèvres. Bill se retourna ; il semblait quelque peu perdu. « Harry, vraiment, je sais pas si c'est une bonne idée...
-Me fous des idées... » soupira le Survivant. Bill baissa la tête, il semblait soudain tellement fatigué et plus vieux. « Est-ce que tu as pensé à tout ce qui en découlerait, Harry ? Tout ce que cela implique ?
-Oui... » Devoir assumer son homosexualité. Savoir que, si Voldemort l'apprenait, il pourrait chercher à faire du mal à Bill... Que leur couple ferait la une des journaux, dès que ce serait découvert. « Et toi, tu y as réfléchis ? interrogea l'adolescent.
-Aussi.
-Et ? » Bill esquissa un sourire amusé. « Ca va vraiment être chiant, de sortir avec toi, Harry. Alors, t'as intérêt à me faire des cadeaux pour que je tienne le coup. Par exemple, j'ai vu une superbe paire de gants en peau de... » Il ne put achever sa phrase ; Harry le fit taire par un moyens des plus... intéressants ? Il n'empêche que le rebord du lavabo n'était franchement pas confortable 2.
« Echec et mat... soupira celui-ci. Sirius, c'est la huitième partie que vous perdez en moins de dix minutes, installation des pièces comprises... » Harry et Bill descendirent l'escalier et rejoignirent les autres aux salons ; les yeux d'Hermione s'illuminèrent lorsqu'elle vit qu'ils se tenaient timidement la main, et elle leur adressa un large sourire avant de lever le pouce. Ron et Sirius n'avaient absolument rien remarqué.
« Excuse-moi, Ron, je n'ai pas trop la tête à... » La porte d'entrée claqua et Sirius disparut du salon en courant, avant qu'un bruit de chute ne les avertisse que Rogue était de retour. Ils allèrent tous dans l'entrée. Severus était étalé sur le sol, visiblement furieux, tandis qu'un Sirius fou d'inquiétude, installé sur ses hanches, vérifiait méticuleusement qu'il n'avait rien. « Tu vas bien, hein, dis, tu vas bien, Sev' ?
-J'allais très bien jusqu'à ce que je revienne dans cette maison, crétin. Tu m'as claqué la tête contre le plancher ! » Remus essaya – sans aucun résultat – de retenir un gloussement, ce qui lui attira un regard noir de la part du Maître de Potions. Sirius se décida à se relever et aida son amant à faire de même. « On dirait maman » fit pensivement Bill alors que Sirius se remettait à tourner autour de Severus, inquiet. « Manquerait plus qu'ils aient des gosses, ces deux-là » souffla Ron. Remus explosa littéralement de rire à cette remarque. « la crétinerie de Sirius et le sadisme de Severus ! J'imagine déjà!
-Le sadisme demande beaucoup d'intelligence, imbécile ! répliqua sèchement ledit sadique. C'est tout un art... » Remus acquiesça gravement. « Oui, tu as raison, Severus. Beaucoup d'intelligence.
-Comment il fait, alors ? » murmura Harry. Les trois adolescents pouffèrent de rire et se redressèrent sous le regard meurtrier de leur professeur. « Arrêtez de vous moquer de mon Sevichou » grogna Sirius. Le « Sevichou » en question se prit la tête dans les mains tandis que les autres explosaient de rire. Sirius eut un sourire d'excuse. « Bon, et les nouvelles ? » demanda Bill. Severus lui lança un regard de remerciement.
Une fois qu'ils furent tous confortablement installés dans le salon, Severus prit la parole. « Aucune attaque de mangemorts n'aurait été programmée par le Seigneur des ténèbres, commença t-il sombrement. C'est l'information que j'ai pu tirer des quelques uns que j'ai réussi à voir. Le lord est trop occupé à chercher à accroître ses pouvoirs pour s'occuper de choses aussi futiles. Je suis donc passé voir Dumbledore, qui est lui-même aller au Ministère afin d'avoir des nouvelles... Une explication... » Il serrait les poings au point que ses phalanges blanchissaient. Remus faisait de même, l'angoisse se peignant sur son visage las. « Et alors ? demanda t-il d'une voix tremblante.
-Le Ministère n'a donné aucun ordre de mission. Tonks n'a rien reçu d'eux. » souffla Severus. Remus se détendit soudain, ses bras tombant sur ses genoux. Il cligna des yeux, comme s'il essayait de convaincre que tout cela n'était qu'un cauchemar... « Non... murmura t-il. Tu as dû... te tromper... Elle a forcément reçu un ordre du Ministère. Elle ne serait pas partie sinon, n'est-ce pas ? » Harry ferma les yeux, refusant de voir plus longtemps la douleur de son ami. « Elle est maladroite, mais pas idiote. Elle ne serait pas partie comme ça, voyons, c'est... c'est idiot. Elle n'aurait pas fait ça, n'est-ce pas ?
-Remus... tenta doucement Sirius.
-N'est-ce pas ? hurla le lycanthrope, se levant soudain. Elle n'aurait jamais fait ça, elle ne serait jamais partie comme ça ! » Sirius se leva à temps pour aller soutenir son ami dont les jambes vacillaient ; Hermione, le visage caché dans ses mains, sanglotait, et Ron restait silencieux, le regard vide. « Elle va s'en sortir, murmura Bill. Elle est douée... Elle va s'en sortir. »
Harry se réveilla lentement, repensant à l'annonce de la veille. Sirius avait conduit Remus dans sa chambre afin qu'il dorme ; le loup-garou était loin d'être d'accord, et ils avaient dû l'immobiliser le temps que Severus lui administre une potion pour le calmer et l'endormir. La soirée avait été abominable, pire encore que la veille. Savoir que Voldemort augmentait ses forces était une chose ; que Tonks ait disparue en était une autre.
Il se leva silencieusement et alla dans la chambre de Bill, se glissant dans son lit. Il se colla contre le corps chaud de son petit ami et celui-ci, immédiatement, l'enlaça. Lui aussi était réveillé. « Elle va revenir, Harry, murmura t-il. Elle a promis de revenir pour ton anniversaire, pas vrai ? C'est aujourd'hui... Ce soir, elle sera là, et elle nous racontera ses exploits en mangeant tout le gâteau et en buvant tout le jus de citrouille. Et puis, quand elle s'en rendra compte, elle rougira et finalement, elle demandera s'il y en a encore et elle t'offrira un cadeau complètement débile dont elle sera vachement fière, et même si c'est nul ou si c'est moche, tu devras faire semblant que ça te plaît, et elle sera drôlement contente... » Harry se colla encore un peu plus à lui, sentant les bras tendres se refermaient sur son corps, et nicha son visage dans son cou. « Bon anniversaire, Harry... » souffla tristement Bill.
Remus n'apparut pas de la journée : Severus veillait à le garder sous calmants afin d'éviter une crise de nerfs. Hermione était un pâle reflet d'elle-même, les traits tirés, les yeux vides. Ron déambulait dans la maison, sans but. Sirius restait prostré dans un fauteuil, au salon.
La journée semblait s'étirer, les heures ressemblant à des siècles. L'après-midi, Molly Weasley vint. Ses yeux étaient rougis par les larmes : elle avait appris la nouvelle. Pourtant, elle se força à sourire et à lancer, d'un ton qui se voulait enjoué: « Je vais préparer le dîner pour ce soir, pour ton anniversaire, Harry chéri ! »
Hermione la rejoignit deux heures plus tard ; elle la trouva en larmes, appuyée à l'évier.
Le soir vint. Dumbledore arriva. Il fit un signe de tête négatif à Sirius qui le regardait, plein d'espoir. La famille Weasley fut réunie, mis à part Percy. Ginny était pâle comme une morte, et Harry se souvint que l'été précédente, elle s'était très bien entendue avec Tonks.
Remus ne descendit pas.
Le dîner était... atroce. Harry, assis entre Bill et Hermione, n'avait qu'une envie : s'enfuir. Comme la plupart des autres. Il fallait paraître joyeux, alors que tous étaient rongés par l'inquiétude. Dumbledore et Severus étaient absents de la table, partis discuter à l'étage.
Ils redescendirent une demi-heure plus tard, la mine grave. Les yeux du directeur avaient perdus leur étincelle de malice.
Et puis, peu avant minuit, la porte d'entrée claqua. Bill et Harry échangèrent un regard. Ce soir, elle sera là. Ils coururent tous dans l'entrée.
Tonks était là. Ses cheveux étaient d'un noir profond, tout comme ceux de Sirius, et sa peau d'une pâleur effrayante. Des mèches cachaient ses yeux. Ils restèrent silencieux. Elle portait un pantalon gris et large, troué aux genoux ; son tee-shirt noir était en lambeaux. Mais elle était là...
Remus descendit lentement les escaliers et regarda la jeune femme. « Tonks... » souffla t-il. Il descendit les dernières marches et se posta devant elle. Harry se figea soudain et tourna la tête vers Albus et Severus. Le vieil homme avait baissé la tête, abattu, tandis que le Maître de Potions restait droit, fixant l'Auror.
Tonks releva lentement la tête. Elle ressemblait terriblement à Bellatrix, à Sirius. Les traits d'une Black. Ses yeux étaient bleu nuit, tout comme ceux de Sirius. Mais ils étaient vides. Vides d'espoir, vides de joie, vides de tout. Vides de vie... Harry plaqua une main sur sa bouche, et courut jusqu'à la salle de bain. Il aurait mieux valu qu'elle soit... morte.
1 Pour les perverses : NON, PAS CA !
2 Toujours pour les perverses : NON, PAS UN LEMON CACHE ! Il l'embrasse, c'est tout...
Voilà... Ainsi donc se termine cette histoire, pour ma part... On évite d'envoyer une bombe à l'auteur, quand même. On évite aussi les objets tranchants, ou tout autre truc qui peut faire mal...
Donc, voilà l'idée : Tout a commencé sur une idée, un défi d'Ivrian ( se prosterne ), alors... Quelqu'un serait-il tenté par l'idée de continuer ? De ne pas laisser cette séquelle s'achever ainsi, mais de voir la suite, le mois d'août, l'année scolaire, de découvrir le secret de Draco, d'arpenter la douleur de Remus, d'écrire une vie à Sirius et Severus, de trouver l'aboutissement de la toute nouvelle relation entre Bill et Harry ?
Si quelqu'un se propose, je serais ravie de lire et de découvrir sa version...
Merci à tous de m'avoir lue et encouragée.
Llits, le 26/09/04