Auteuse:Howan
Base: I'll
Titre: Je te tiens
Chapitre: 09
Genre: l'art et la manière de se foutre dans la merde
Rating: le plus haut
Pairing: divers
Disclaimer: (gribouille des trucs pas nets sur un papier) ...donc, si je me marie avec Asada, et en calculant bien mon coup, avec partage des biens et tout et tout, je peux m'arranger pour choper deux trois bishis pour mon usage personnel ... oué oué oué (se replonge dans ses délires)


Notes: un grand merci à Zif, ma béta !
Une fois n'est pas coutume, je vais mettre un peu plus de blabla avant mon chapitre, avant ce dernier chapitre.
Eh oui, 'Je te tiens' est terminé, après environ un an et demi à bosser dessus ... ça fait bizarre, c'est ma première fic à chapitre terminée.
Merci tout d'abord à Isil, grâce à qui cette fic existe.
Merci aussi à Inco et Cha, mes premières lectrices, puis (re) Zif, (re) Isil, Shiyume, Sheyenne, Babel, Eleawin ... merci d'avoir lu cette histoire, d'avoir pris la peine de me dire ce que vous en pensiez. J'espère que cette fin sera à la hauteur du reste !
Sur ce, je ferme définitivement ce gros fichier word, en ouvre un nouveau tout vierge et vous donne rendez-vous sur mes prochaines histoires.
Bonne lecture !

09

/Flash-back, quatre mois auparavant/

"- Putain Saki, ça t'es jamais venu à l'idée de ranger ta piaule !"

Le brun gloussa doucement le nez sous sa couette et tapota le bout de matelas à côté de lui en guise d'invitation. Grommelant dans sa barbe virtuelle, Tetsuro se laissa lourdement tomber sur l'endroit désigné et courba l'échine, mentalement, et à l'avance épuisé par sa conversation avec Saki.
Parfois le brun lui demandait de venir le voir, juste comme ça, pour parler.
Au début Minowa l'avait proprement envoyé chier, après tout, moins il voyait Saki, mieux il se portait, c'était scientifiquement prouvé. Puis il avait appris à l'apprécier, un peu ...
Il ferma les yeux et les rouvrit aussitôt, attiré par un éclat métallique sur le sol.

"- C'est quoi ça ?"

Saki pencha la tête sur le côté, le temps de comprendre de quoi l'autre parlait. Puis son visage s'éclaira et il se leva prestement pour saisir l'objet qui traînait par terre. Il se constituait en tout et pour tout d'un socle en bois sculpté de manière plutôt jolie, et d'une longue pointe de métal aiguisée. le brun l'agita sous le nez du basketteur.

"- C'est Tatsuo qui me l'a offert ... ça sert à piquer tes feuilles dessus pour pas qu'elles s'envolent ...", un sourire un peu triste s'étira sur ses lèvres, "parce que je perds toujours mes partitions ..."

Minowa haussa les épaules. Dans un bordel pareil, normal qu'il ne retrouve rien.

"- Tu devrais pas laisser ça par terre, ça pourrait être dangereux ..."

Le brun haussa les épaule et fixa Tetsuro, une lueur étrange dans le regard.

"- ... Faut croire que j'aime le danger."

Il reposa avec toute la délicatesse dont il était doté l'objet par terre, écrasant au passage un reste de paquet de gâteaux, et froissant une demi douzaine de partitions gribouillées à la va-vite. De toute façon ces derniers temps il ne prenait même plus la peine ni de manger, ni de travailler sa musique, se contentant seulement d'arracher un rare accord solitaire à sa guitare, pour préserver l'illusion.
Minowa pesta à côté de lui et prit une grande inspiration.

"- Alors ?", le prit de vitesse Saki.

"- Alors quoi ?"

"- T'énerve pas ... tu sais de quoi je parle."

"- J'ai fait ce que j'avais à faire, mais tu dois le savoir."

"- Pas ça ..."

Le châtain se releva avec humeur et shoota dans un tas de sapes qui avait eu le malheur de se trouver devant son pied, s'attirant un rire amusé de la part du chanteur. Amusé et horriblement crispant à son humble avis.

"- Tu m'emmerdes Saki !"

Asakura se fendit d'un adorable sourire conquerrant et pencha la tête sur le côté. Tout dans l'attitude du sportif lui donnait sa réponse. Il avait les idées plus claires, ne louchait plus autour de lui des fois qu'il dégoterait une dose cachée dans un trou noir, il était certes un peu sur les nerfs, mais Saki supposait que cela venait de son caractère naturel. Dans tout les cas, il avait réussi à le faire décrocher.
Il avait au moins réussi une chose dans sa vie.
Tiens, ça valait peut-être le coup de fêter ça.

"- File-moi ma gratte ... et fais gaffe avec tes gros doigts !"

L'instrument atterrit relativement délicatement dans ses bras et il le cala contre lui tout en se concentrant pour l'accorder.
Minowa le regardait avec attention. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait le brun jouer, mais c'était tout de même rare. Il était intimement persuadé que la musique était une sorte de deuxième parole, et quelque chose qui en révelait beaucoup plus que le langage commun. Lorsqu'il écoutait le brun, sa mélodie lui semblait être un appel au secours, déchirant et perturbant.

"- Alors, tu joues ?"

"- La ferme ... je commence ..."

Saki positionna sa main gauche sur le manche et fit lentement glisser ses doigts le long des cordes tendues. Une grimaça de douleur remplaça furtivement son expression de concentration et il dérapa sur l'instrument.

"- Merde !"

Minowa haussa un sourcil perplexe.

"- Quoi ?"

Le musicien ne prit pas la peine de lui répondre, se contentant de se masser le traître de poignet qui lui avait fait foirer son effet de style. Tatsuo ne l'avait pas épargné la veille. Comme d'habitude, tout ce qu'il faisait n'était pas assez bien ; soit il n'était pas assez consentant, soit trop entreprenant, parfois trop rapide, souvent trop lent. Dans ces cas-là son aîné n'hésitait pas à le presser en le poussant, peu importe qu'il tombe ou se fasse mal.
Putain, il devait avoir une entorse, ou une connerie du genre.
Le rire moqueur du châtain s'eleva dans la pièce.

"- T'as une crampe au poignet ?"

"- Comme c'est spirituel."

Tetsuro secoua la tête et observa le petit brun chercher désespérément de quoi bander son membre blessé. Il n'aurait pas sa musique, mais en avait encore beaucoup appris aujourd'hui.
Il se leva et attrapa un de ses bandages dans son sac pour s'approcher de Saki et l'obliger à se rasseoir. Sans aucune douceur, il lui attrapa le bras et enroula le tissu autour de la zone douloureuse, enfin, du moins il avait l'impression que c'était celle-ci.

"- Arrête, j'ai pas besoin de ton aide ... en plus tu me fais mal !"

Les deux adolescents s'observèrent longuement en silence, et ce fût le plus grand qui ouvrit le premier la bouche.

"- J'ai dit la même chose quand tu t'es mis en tête de me faire arrêter la drogue."

/Fin du flash back/


Takaiwa se pencha sur le brun et posa ses lèvres sur les siennes, les mordillant et les suçant alternativement avant de se forcer un passage entre elles à l'aide de sa langue. Conquerrant, il investit sa bouche, caressa doucement son palais, domina l'échange sans aucune résistance.
Il sentait bien que Saki n'attendait que ça, et ça l'excitait autant que ça le répugnait. Sa langueur le rendait à la fois fragile, et trop facile.
Il secoua la tête pour évacuer ses pensées -depuis quand il réflechissait en baisant- et attrapa le brun par la taille pour le soulever et le rapprocher encore plus de lui. Des jambes se nouèrent autour de son bassin et il esquissa un rictus affamé.

"- Tu traînes, Takaiwa."

"- Je prends mon temps ...", il enfouit son visage dans la gorge du chanteur, " ... Pour faire monter la pression."

"- Elle est déjà suffisament haute comme ça, si elle monte plus elle aura le vertige !", râla-t-il en parfaite incarnation de la mauvaise foi frustrée.

Le blond se redressa et le toisa longuement.

"- Tu veux te faire troncher direct ? ... Je veux juste te faire prendre ton pied ..."

"- Et moi je veux juste que tu me baises, t'as pas besoin de faire du zèle !", cracha Saki avant de retourner le basketteur sous lui d'un habile coup de bassin.

Il n'avait pas prévu que Takaiwa reviendrait le voir et avait failli l'envoyer chier. Sa conversation de la veille avec Tatsuo avait quelque peu refroidi ses ardeurs, du moins pendant cinq minutes, ses réflexes ayant ensuite repris le dessus. Il n'avait aucune intention de réellement prendre son plaisir avec le blond. Après tout, il ne servait qu'à une seule chose -comme tout ses autres amants- à provoquer.
Ses doigts glissèrent jusqu'à la boucle de sa ceinture qu'il défit d'un geste relativement violent.

Takaiwa le regarda faire, un poil circonspect, mais finit par hausser les épaules et reprendre la situation en main. Asakura était un rapide tout simplement. Il n'y avait qu'à se rapeller la façon dont il l'avait défroqué en plein air juste après le concert, ou dans les chiottes du bar ouvert le plus proche. L'attente n'était pas son fort et dans un sens, ça l'arrangeait.

Il attrapa soudainement les poignets du petit brun, et dans le même temps, le retourna sur le ventre pour s'assoir à califourchon sur lui. Il hésita et relâcha finalement ses membres pour s'occuper de virer leurs dernières sappes. Il savait que Saki ne bougerait pas, et n'était pas spécialement fan de son côté masochiste.
Il observa sans rien dire toutes les traces sur son corps et sentit le brun s'impatienter sous lui.

Commençant à sentir ses membres se réchauffer sensiblement, il prit une grande bouffée d'air, envoya balader son boxer et se colla un peu plus contre les cuisses du chanteur. Il se revit en sa compagnie quelques jours plus tôt, puis se rejoua toutes les scènes les plus frustrantes de sa vie pour être sûr de se mettre en condition avant de commencer son petit numéro. D'un geste assuré, il souleva les hanches fines du brun et s'approcha.

"- Mets une capote putain !"

Saki farfouilla un instant dans sa table de nuit et balança un petit carré de plastique dans la face du basketteur qui esquiva avec peine et ne retint pas un léger rire. Ce genre de précaution était si inattendu de la part du brun.

Il s'équipa rapidement, poussant même le vice à coller sa queue devant le visage du chanteur pour qu'il puisse vérifier par lui-même, et reprit là où il s'était précédemment arrêté avec un soupir de bien être. Il le pénétra lentement, profitant de chaque millimètre de son avancée, et, arrivé à mi-chemin, l'empala brusquement. Il n'était pas là non plus pour faire dans la dentelle, comme l'avait si bien précisé son délicieux amant. S'aggripant à la taille fine sous lui, il colla son torse contre le dos de Saki et entreprit un long mouvement de va et vient, parfois ponctué de petits sursauts lorsqu'il avait la chance de tomber juste là où il fallait.
Le brun se détendit, complètement soumis au rythme imposé.


Hiro regardait consciencieusement ailleurs, gravant dans sa mémoire chaque détail de la pièce pour éviter l'expression furieuse de Tatsuo devant lui.

"- Rappelle-moi ... quand t'ai-je donné l'ordre d'aller tabasser ce Minowa ?"

Le plus jeune des deux garçons se sentit soudainement très petit, à force de subir le regard menaçant de son aîné et de s'auto-persuader d'être une souris. Il avait repéré plusieurs trous déjà, et se demandait lequel menait à la sortie.

"- Alors !"

"- Tu me l'as pas donné.", lâcha Hiro d'une voix misérable.

"- Mais qu'est-ce que t'as été foutre !"

"- Mais ... je vois pas ... en quoi ... c'est grave ..."

Il était des choses qu'il ne fallait pas dire en présence de Tatsuo, celle-ci devait en faire partie. A peine eut-il fini de parler qu'il se reçut un poing en pleine face, l'envoyant cogner contre le mur derrière lui. Tatsuo fit craquer ses doigts et le toisa longuement.

"- Tu vois pas en quoi c'est grave ?", miaula le brun.

Hiro secoua négativement la tête tout en se massant la joue. Il détestait lorsque l'autre prenait ce ton, cela ne laissait jamais rien présager de bon.

"- Je vais te dire en quoi c'est grave ... premièrement, tu as agi seul, sans ordre, et rien que ça c'est grave ... tu n'as pas à prendre d'initiatives ... surtout des aussi merdiques que ça !"

Tatsuo commençait à s'agiter. Peu à peu il perdait le contrôle de ses hommes, c'était de sa faute. Saki avait réussi son coup.

"- Deuxièmement", reprit-il d'une voix mauvaise, "Il pourrait à son tour s'en prendre à Saki ... t'as pensé à ça ?"

Hiro gémit. Il ne fallait surtout pas qu'il lui arrive quelque chose.

"- Mais Saki est là, non ?"

"- Non, il est parti chercher ses affaires chez lui tout à l'heure ... il devrait rentrer dans la soirée. J'espère pour toi que ça sera le cas."

D'un geste, il fit signe à Hiro de dégager, et s'affala dans son fauteuil favori pour réfléchir un peu à tout ce bordel.


Naruse regarda encore une fois le papier, puis son plan dessiné à l'arrache, et enfin le nom de la rue dans laquelle il se trouvait. Pourquoi est-ce que ce type avait été se planquer dans un endroit pareil, au beau milieu d'un quartier labyrinthique et affreusement inesthétique. Il n'était pas loin, c'était sûr. Une des seules choses sûres d'ailleurs, avec le fait qu'il allait éclater la gueule du connard qui s'en prenait à ses équipiers.

La nuit était tombée depuis une bonne trentaine de minutes, ne facilitant absolument pas ses recherches et lui faisant perdre un temps précieux. D'après ses estimations, Takaiwa devait être chez Saki depuis deux ou trois heures, tout au plus.
Pestant, il continua son chemin et aperçut du coin de l'oeil une ruelle qu'il n'avait pas encore repérée. Avec un peu de chance ...

Il s'approcha et déchiffra le nom à la lumière de son portable. Un sourire que l'on aurait pu qualifier de flippant s'étira sur ses lèvres et dans sa poche, il déchira méthodiquement le petit papier écrit par Minowa. Pressant le pas, il s'engagea dans le nouvel embranchement et commença à compter les numéros des maisons.

Enfin la vieille et croulante batisse se découpa sous son regard et le coeur battant, il se précipita vers l'entrée.

Une fois la porte proprement défoncée, Naruse entra en catastrophe dans la maison, écrasant et shootant tout ce qui avait le malheur de se trouver sous ses pieds ou même dans son périmètre de sécurité. On savait jamais, Saki était maudit, sa baraque et son contenu devaient l'être tout autant.
Des bruits étouffés attirèrent son attention vers le fond et sans plus se poser de question, il poussa une seconde porte pour tomber sur un spectacle des plus désolants objectivement parlant, mais qui ne fit qu'augmenter encore sa rage.

Takaiwa était assis à poil dans un lit, le dos contre le mur, un drap le recouvrant jusqu'aux hanches, et il caressait machinalement les reins du corps affalé sur le ventre à côté de lui, et manifestement assoupi. Le regard du basketteur croisa celui de son capitaine et pendant une fraction de seconde, le blond crut qu'il allait tomber à genoux à l'entrée et se mettre à pleurer.

Mais Naruse frappa avec une violence presque désespérée la cloison séparant la chambe de la pièce principale et il se dirigea à grands pas vers le lit –malheureusement conjugual– pour saisir Saki par le bras. Le musicien s'étala lourdement par terre et sembla enfin émerger de son sommeil. Un coup de pied le prit brusquement dans l'estomac, le retournant sur le dos et il couina de douleur et d'incompréhension. Etait-ce Tatsuo qui l'avait surpris ?

"- Naruse, qu'est-ce que tu fous ?"

La voix un peu paniquée de Takaiwa lui parvint aux oreilles et le rassura sur l'identité de son agresseur. Un deuxième coup l'envoya valser la tête contre son armoire, puis un troisième lui éclata la lèvre, répandant un arrière goût de sang dans sa bouche pâteuse. Mais qu'est-ce qu'il avait fait pour mériter un traitement pareil ? Il ne connaissait même pas ce Naruse.

"- Putain, mais arrête ! T'as pêté un câble ... Taku !"

Takaiwa se dépêtra tant bien que mal de ses draps et se jeta sur son coéquipier, l'empêchant de décocher une quatrième mandale au brun étalé par terre.

"- Lâche-moi", hurla presque le joueur, "je finis de l'exploser, et on se barre d'ici !"

"- Taku, t'es malade !"

Le brun de retourna vers lui.

"- C'est toi qu'es complètement barré, t'as vu avec qui tu baises ?"

"- Ouais merci, j'ai très bien vu, et je suis satisfait de mon choix", s'énerva Satoru.

Il détestait qu'on s'occupe de juger ses fréquentations, même si le jugement venait de Naruse. Asakura lui plaisait, il était plutôt agréable en tant que compagnon de baise et de discussion et le brun n'avait pas à débarquer dans sa vie et à le tabasser sans raisons apparentes, juste pour le plaisir de le voir ramper.

"- T'as toujours eu des choix très contestables, Takaiwa ..."

Le blond grimaça.

"- Le pire que j'ai fait c'est quand je t'ai demandé de jouer avec moi dans ce cas ..."

De son côté, Saki commençait à doucement retrouver ses esprits. Il se releva et observa la scène qui se jouait sous ses yeux, mi-amusé, mi-ennuyé avant de se mettre à la recherche d'un calbar ou de quelque chose du même genre pour se couvrir. Un fois habillé de façon un peu plus décente –ou bien habillé tout court– il clopina jusque dans l'autre pièce, en s'appuyant contre les murs, les portes, ou tout ce qu'il trouvait pour ne pas s'écrouler. Ce connard lui avait défoncé les côtes, sa lèvre le brûlait, sa tête l'élançait.

"- ... Saki ?"

Le guitariste releva la tête et aperçut Minowa qui se tenait à quelques mètres de lui, visiblement essouflé. Il avait longuement réfléchi à la situation et n'avait pas estimé sage de laisser Naruse partir seul en croisade au pays de la nympho chelou. A la fois pour lui, et pour la-dite nympho.

"- Et alors", railla le chanteur, "Tu sais plus respirer ... ?"

Le châtain enjamba les obstacles le séparant du blessé et se rapprocha de lui, le regard indécis. Il entendait ses deux équipiers se disputer dans la pièce d'à côté, et il ne voulait même pas tenter d'imaginer ce qui avait bien pû se passer, le résultat était déjà en lui-même plus qu'ingérable.

"- Hey, mon p'tit Tetsu ...", ricana Saki' " te fais pas de mourron, je vais pas crever ... enfin, je crois pas ..."

"- M'approche pas !"

"- P'tain c'est bon ... t'es trop prude ..."

Il fit un pas vers le châtain qui recula à son tour mais se retrouva coincé par le foutoir ambiant qui régnait dans le coin. Saki sourit et s'avança encore jusqu'à pouvoir le toucher rien qu'en levant le bras, mais ses bras étaient occupés l'un à endiguer le sang qui coulait le long de sa tempe, l'autre à se tenir les côtes, des fois qu'elle décideraient subitement de se faire la malle. Il se contenta d'un bref rictus qui fit frissoner Tetsuro. Ce type avait vraiment un grain depuis quelque temps, enfin, un plus gros grain.
Un cri plus puissant que les autres en provenance de la pièce voisine le fit sursauter et il repoussa brutalement Saki en arrière, son coeur battant à toute vitesse.
Asakura rigola en se sentant partir en arrière, prêt à se receptionner sur le cul, puis son rire se figea lorsque qu'il se prit les pied dans son étui à guitare, le faisant basculer presque à l'horizontale.

"- Wooooh ..."

Il chuta dans un bruit sourd, seulement parasité par un sifflement métallique dont Minowa ne distingua pas tout de suite la provenance.
Saki restait sur le dos, sans bouger, un sourire narquois jouant sur ses lèvres pâles mais les reflets dans ses yeux grand ouverts exprimant une sorte de surprise douloureuse.

Tetsuro secoua la tête et les hurlements cessèrent, Takumi et Satoru pointant le bout de leur nez dans la pièce pour découvrir le spectacle.

"- ... Minowa ?"

"- Il ... il est tombé ...", balbutia le châtain.

Takaiwa se rapprocha du musicien et s'accroupit près de lui, son regard s'attardant sur la longue tige de métal transperçant son torse de part en part, et sur la tâche rouge s'élargissant de plus en plus malgré le fait qu'elle soit en partie absorbée par le tapis et les partitions.
Son regard s'attarda sans qu'il le veuille sur l'une d'entre elle, maculée de sang, et dont seul le titre restait encore visible. Il s'agissait d'une comptine pour enfant, sûrement un des morceaux avec lequel le brun avait appris à jouer.

"- Je ... te tiens ...", déchiffra-t-il tout en glissant sa main sur la gorge de Saki pour prendre son pouls.


/Flash-back, la nuit précédente/

"- C'est quoi cette larme ? ", grinça Tatsuo

"- Tu m'fais mal ! "

"- Vraiment ? Tu vas voir ce que c'est de souffrir …"

Il griffa les cuisses de son cadet sur toute leur longueur, ne se souciant absolument pas des petits morceaux de chair qui venaient s'encastrer sous ses ongles, et finit par lui attraper les bras pour les remonter dans son dos en une position des plus inconfortables. Il se déhancha de plus en plus violemment contre le chanteur, sourd à ses protestations naissantes.

"- Tu te souviens Saki ... tu te souviens ce que je t'ai dit ... pourquoi t'es ici ... ?"

Asakura se crispa et enfonça son visage dans les draps en une vaine tentative d'échapper à la douleur.

Comment pouvait-il avoir oublié ce jour là. Le jour où il aurait mieux fait de se casser une jambe et de rester chez lui plutôt que d'aller faire le mariole dehors.

"- Réponds !"

Tatsuo attrapa une pleine poignée de ses cheveux et lui tira brusquement la tête en arrière. Retenant de justesse un hurlement qui n'aurait fait qu'énerver encore plus le brun, Saki prit sa respiration et souffla:

"- ... O ...oui ..."

Le chanteur ferma les yeux en sentant une bouche étonnament douce parcourir sa gorge et y déposer une série de baisers brûlants. Il attendit la morsure qui ne vint pas.
Comme d'habitude, Tatsuo exerçait sur lui une énorme pression, et quoiqu'il fasse, il n'arrivait pas à s'en sortir. Il ne le voulait pas.

Ce jour-là, est-ce qu'il avait eu de la chance de tomber sur lui ? Le contrat était simple, faire la pute pour ne pas se faire abimer, il avait eu toutes les raisons d'accepter.

"- Tu sais Saki ...", murmura le garçon à son oreille tout en relâchant ses poignets pour glisser un bras autour de sa taille, "Tu sais que si tu ne fais pas l'illusion, je ne la ferai plus de mon côté ... j'ai pris des risques pour toi, pour pas que tu te fasses défoncer, alors conforme-toi à ton rôle."

Le petit brun frémit.
Tatsuo l'avait effectivement placé sous sa protection, par pur caprice de sa part, juste parce qu'il lui plaisait, mais il s'était mis en position délicate dans son groupe. Un chef ne pouvait pas accorder des faveurs comme ça, du moins pas dans ce milieu. Il avait fini par trouver un compromis en lui attribuant un poste fictif de coursier, que le chanteur avait lui même relégué à Minowa. Ainsi tout le monde était satisfait.

Alors pourquoi, un beau jour, Saki avait-il décidé d'aller voir ailleurs ?

"- Pourquoi tu fais pas ce que je te dis ?"

Relâchant le petit brun, Tatsuo le retourna sur le dos et plaqua sa main sur sa gorge, le fixant de ses pupilles profondément noires. Lentement, il serra le membre fragile. Saki lui lança un regard paniqué et s'accrocha à son poignet pour lui faire lâcher prise, tirant de toutes ses forces. Mais il avait déjà mal partout, et chaque effort, chaque contraction de ses muscles lui arrachait un gémissement de douleur étouffé. Le souffle lui manqua bientôt.

"- Pourquoi t'essayes de tout détruire ?"

Un premier poing s'abattit sur son épaule et un second dans son estomac. Il évita le troisième de justesse en roulant sur le matelas mais le bras de Tatsuo l'aggripa fermement par la taille pour le ramener contre lui.

"- Pourquoi tu t'obstines à te débattre ?"

"- Pour ...", il étouffa un sanglot, " ... pour que tu me voies ..."

De nouveau, Tatsuo l'allongea sur le ventre et maintint ses mains au dessus de sa tête, mordant sauvagement l'épaule qu'il venait de frapper tandis qu'il le pénetrait encore, et encore.
Saki laissa les larmes baigner ses joues, sans même chercher à les éponger sur le draps. Il savait que Tatsuo détestait les gens qui chialaient. Et lui, il détestait Tatsuo.

"- ... Je t'aime."

Quelques secondes passèrent, silencieuses. Le plus âgé des deux garçons sourit.

"- Alors laisse-toi faire."

Asakura hocha mentalement la tête. Dire 'oui' était si facile en sa présence.

La nuit s'écoula ainsi, parfois perturbée par un cri de douleur ou un gémissement de plaisir, les deux silhouettes fondues en une seule au milieu des draps maculés.

Une dernière caresse le long de son échine fit frissoner le musicien. Tatsuo déposa un baiser insistant sur sa nuque et se releva pour s'étirer longuement près du lit, sans un seul regard de plus pour son amant.

"- Si tu me trahis encore une fois ... tu mourras ...", énonça-t-il froidement, plus sur le ton de la constatation que de la menace, avant de quitter la pièce.

/Fin du flash-back/


Naruse se rapprocha de son équipier accroupi par terre et lui dédia un regard interrogatif avant de se pencher à son tour sur Saki.

"- Il est ...?"

Minowa derrière eux se laissa tomber à terre, les poings serrés et se mordant la lèvre à sang.

"- On devrait pas rester là ...", commença le blond en se relevant.

Son regard revenait sans cesse au corps inerte de celui qui avait été son amant à peine une demi heure plus tôt, s'attardant avec effroi sur les marques encore visibles de leurs ébats. Il ferma les yeux et les rouvrit sur une réalité inchangée ; Saki n'avait pas bougé.
Ses pupilles sans vie, figées dans une expression de douloureuse surprise, semblaient pourtant les fixer tous les trois, comme son sourire vaguement amusé ne pouvait s'adresser qu'à eux.

Il recula et buta dans un des innombrables objets jonchant le sol.

"- J'ai pas fait exprès ...", murmurait le châtain, les yeux dans le vague.

"- Je sais."

"- J'ai pas fait exprès, j'ai pas vou ..."

"- JE SAIS !"

Naruse se releva à son tour et empoigna son capitaine par le bras pour le calmer.

"- On dégage d'ici, récupère tes affaires."

Soulagé d'avoir à suivre un ordre simple, Satoru hocha la tête et fit un détour par la chambre pour se rhabiller, essayant de ne rien oublier pouvant lui appartenir.

De son côté, Takumi aidait le châtain à se relever et le poussait vers la sortie, tout en le suppliant de la fermer. Il lui balança finalement un bon direct dans la joue pour le réveiller et le planta sur le perron pour revenir dans la maison. Takaiwa passa devant lui, le regard vide et les mains tremblantes, puis rejoignit leur coéquipier en silence.
Naruse resta encore quelques minutes dans la pièce, s'obligeant à regarder partout, à réfléchir le plus posément possible à la situation. Ils n'avaient rien oublié, ils ne connaissaient pas Saki, personne ne pouvait faire le lien. Ses doigts se glissèrent nerveusement dans ses mèches brunes et il prit une grande inspiration.
Pour une fois c'était les autres qui allaient avoir besoin de lui, et non pas l'inverse. Il les protègerait.

Il esquissa un demi-tour vers la sortie, et se ravisa pour s'agenouiller une dernière fois près du corps du chanteur. Lentement, il passa les droit sur la première partition, celle que le blond avait lu, et l'arracha d'un coup sec de son support. Elle était imbibée de sang.

"- Je te tiens ..."

Il se releva et rejoignit cette fois la sortie, sans un seul regard en arrière.

Au fond, qui tenait qui dans toute cette histoire ?


/Flash-back, date inconnue/

"- Hey, Saki, dans une autre vie, t'aurais été quoi ?"

Le brun releva le nez de son cahier et repoussa ses mèches en arrière.

"- Je sais pas trop ... j'arrive pas à m'imaginer ailleurs ...", il esquissa un sourire moqueur, "et toi, tu te vois où, en NBA ?"

Minowa râla pour la forme et s'absorba dans la contemplation de la fenêtre pour bouder en toute impunité.
Plusieurs minutes s'écoulèrent sans qu'aucune parole ne soit échangée.

"- ... Je me vois ... quelque part ... dans un endroit où je n'aurais plus ces putains de chaînes tout autour de moi ..."

"- Pourquoi tu pars pas ?", demanda Tetsuro, le regard toujours porté sur l'extérieur.

"- Je ..."

Il baissa la tête et observa les arabesques d'encre sur son cahier. Des formes tracées au hasard, au gré de son imagination et des inclinaisons de sa main. Et dans ces lignes sans aucun sens, il discernait pourtant un nom.

"- Saki ?"

Le brun se reprit et laissa un sourire narquois étirer ses lèvres pâles.

"- Je voudrais pas te laisser tout seul mon p'tit Tetsu !"

/Fin du flash-back/


Je te tiens, tu me tiens par la barbichette
le premier de nous deux qui rira aura une tapette ...


FIN

Septembre 2005
Janvier 2004 / Septembre 2005 - Je te tiens par Howan.