Neuf Vies
Neuf Vies
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Chapitre 15: Portrait de famille
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Série : Naruto
Autrice : Kineko
Genre : Sérieux (quoique…), suite de 'Neuf rêves', yaoï et hétéro, pourrissage de Sasuke (et il l'a bien cherché !)
Couple: Shino+Mushiko, Naruto+? , Sakura+Lee
Disclaimer: Naruto et tous les personnages de cette histoire ne m'appartiennent pas. Ils sont à Masashi Kishimoto.
Autre : Okori, est à moi
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-Elle se réveille...
-Chuuut, doucement... Ino?
La jeune fille cligna des yeux, hébétée comme après chaque plongée prolongée dans un esprit. Elle se redressa comme un ressort, surprenant tous ceux rassemblés autour du lit, puis se repencha sur Sasuke, effleurant son front de ses doigts.
-Sasuke-kun?
Le jeune homme bougea, s'étirant légèrement et entrouvrit les yeux.
-Ino?
-On est rentrés Sasuke-kun...
-Haa...
Il poussa un profond soupir et referma les yeux à demi.
- Merci, souffla-t-il.
Ino sourit en réponse puis leva le regard vers son père qui achevait de se réveiller. Elle se figea en reconnaissant la femme debout derrière lui, une main sur sa nuque.
Ran-dono. La Reine des Yohkos.
Son père n'allait PAS apprécier.
Inoshi se redressa à son tour, hébété comme sa fille et mis quelques secondes à sentir les doigts chauds de la renarde sur sa nuque. Il tourna la tête, observant la renarde en silence, quelques traces de sa stupeur encore présentes sur le visage. Ran retira sa main de son cou, serrant ses doigts sur son ventre.
-Est-ce que ça va?
-Oui... Ran-dono...
Un moment, Ino se demanda si elle n'avait pas hérité du Tsukiyomi d'Itachi. Son père... venait d'appeler la reine... Dono?!
-Merci, finit-il par dire, un peu à contrecœur.
-Je vous en prie.
Et Ino comprit que le renard roux à quatre queues venu les sauver d'Itachi n'était autre que Ran.
-Je n'ai fait ça que parce que Mère tiens à cet enfant, précisa la renarde d'un ton glacé.
-Ne comptez pas sur moi pour vous devoir un service... répliqua Inoshi avec son amabilité habituelle.
-Ho, cessez un peu de montrer les crocs comme des renardeaux se mordant la queue! Tonna la voix d'Okori. Y'en a qui dorment ici!
Tout le monde se tourna vers le second lit dans la pièce ou la renarde était étendue. Elle grommela et se retourna, s'enfouissant sous la couverture. Très vite, il n'y eut plus qu'une touffe de cheveux roux qui dépassait du nid de couverture et deux pieds griffus à l'autre extrémité.
-Merci infiniment d'être venue à notre aide Ran-dono! S'exclama Ino en se levant d'un bond, sans laisser à son père le temps de protester.
Elle allait ajouter autre chose quand elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Sakura fut la première à la rattraper, mais Ran et Inoshi eurent la seconde place à égalité.
-Ino ca va?
-J'ai les jambes qui flageolent, admit Ino, se laissant asseoir sur sa chaise à nouveau.
-Reste assise, conseilla Ran avant de tirer une petite poche de sa manche, l'ouvrant pour en sortir quelques feuilles. Mâchonne cçaa puis crache dès qu'il n'y a plus de goût, c'est un fortifiant.
Inoshi réclama à voir le remède avant que sa fille ne l'avale, et ne la laissa faire qu'une fois sûr qu'il ne s'agissait pas d'un poison.
-J'ai appris moi-même à ton arrière grand-mère l'utilisation de ces plantes, déclara Ran d'un ton glacial.
-Et elle nous les a appris à son tour, murmura Ino avant de s'incliner devant elle. Merci pour tout Ran-dono.
Inoshi mit un petit moment, mais sous l'injonction mentale virulente de sa fille, finit par s'incliner à son tour. La renarde les regarda faire sans mot dire, mais, au bout d'un petit instant, leur adressa un petit signe de tête qui, de loin et sous une mauvaise lumière, aurait put ressembler à une courbette polie. Puis, elle se recoiffa négligemment et se détourna.
-Je dois visiter d'autres blessés avec mes enfants, veuillez m'excuser, déclara la renarde avant de s'esquiver rapidement.
Une fois la renarde sortit, Ino assena vigoureusement son talon sur les doigts de pieds de son père.
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Quand Neji arriva chez Naruto le lendemain matin, le coin cuisine du petit appartement était un champ de bataille.
Les ingrédients avaient vaillamment défendu leur intégrité avant de s'avouer vaincus et de se laisser cuisiner avec plus ou moins d'habileté.
-Dis-moi que tu n'as pas essayé de faire la recette des boulettes de Lee, grommela le brun.
-Juste des onigiris, déclara Naruto en passant près de Neji, déposant un baiser sur ses lèvres.
-Onigiris?
Naruto hocha la tête et façonna le dernier onigiri, tirant un bout de langue avant de déchirer une feuille de papier alu.
-Qu'est ce que tu fais?
-Je vais juste voir Sasuke à l'hosto et lui amener des vivres, déclara Naruto, empaquetant le dernier onigiri dans du papier alu.
-Des vivres?
-Il m'a amené du ramen la dernière fois que j'ai du aller à l'hôpital. C'est une tradition.
Neji le regarda enfiler ses chaussures en fronçant les sourcils et le rattrapa par le col au moment où il finissait de mettre son manteau.
-Naruto…
-Oui Neji?
-On doit aller manger chez ma mère je te rappelle.
Le blond jeta un coup d'œil à son horloge.
-On a le temps, et puis, la casba Hyûga est sur le chemin du retour.
-Ne parle pas comme ça de ma demeure ancestrale, grogna Neji.
-Je plaisante Neji, déclara Naruto en se tournant pour embrasser à nouveau son petit ami.
Cette fois, Neji eut un mouvement de recul, se dérobant avec un regard sombre.
-Qu'est ce que t'as aujourd'hui? Râla Naruto en se redressant, croisant les bras. T'es encore plus ronchon que d'habitude.
-J'en ai le droit, puisque tu préfères aller voir Sasuke que ma mère.
-Mais j'ai hâte de la voir ta mère aussi. D'ailleurs, faut que j'amène un bouquet?
Neji soupira et Naruto posa sa main sur son épaule, cherchant à croiser son regard blanc.
-Neji? Qu'est ce qui t'arrives?
-Rien. Vas voir Uchiha, déclara sèchement Neji avant de se dégager, posant la main sur la poignée.
-Hé! Doucement! C'est pas parce que t'es de mauvais poil que tu peux m'engueuler! J'ai rien fait!
Neji, qui ouvrait la porte de l'appartement la referma violemment avant de se tourner vers Naruto.
-Rien?! Tu préfères aller voir Uchiha que te préparer au repas avec ma famille!
-Mais non! Mais c'est important aussi! Sasuke est…
-Sasuke est quoi?
Naruto se tut, surpris du ton venimeux de Neji.
-Ben, c'est… Mon équipier, mon ami…
Neji interpréta son hésitation comme un mensonge et renifla dédaigneusement. Naruto vit aussitôt rouge, habitué à bondir à la moindre insulte.
-Et qu'est ce qui te prend à toi d'abord? T'as toujours été râleur, mais la tu remportes la coupe! Rappelle moi ce que je te trouve?
-Si toi-même tu ne le sais pas Naruto, reprit Neji d'un ton froid, ce n'est pas la peine de continuer.
Et, profitant de la stupeur dans laquelle il avait plongé Naruto, Neji rouvrit la porte et sortit, sans laisser le temps à son amant-son ex-amant-de le rattraper.
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A l'hôpital, cependant, une autre tempête s'annonçait, bien que Sasuke, en se réveillant après une nuit peuplée de cauchemars, aurait espéré un peu de tranquillité.
Quand il ouvrit les yeux, les paupières lourdes d'avoir trop usé du sharingan la veille, il ne reconnu pas la silhouette trouble penchée au dessus de lui.
Ou plutôt, il cru la reconnaître, pensant encore rêver.
-Père?
L'image brouillée devant lui se recula et remonta un pan de tissu, drapé autour de son cou. Le geste, et le masque, achevèrent de réveiller Sasuke, une partie de lui se maudissant de ne pas en avoir profité pour voir son visage, l'autre se demandant comment diable il avait pu confondre son professeur avec son père.
-Kakashi-senseï? Balbutia Sasuke.
-Comment te sens-tu?
Si Sakura ou Naruto avaient posé la question, Sasuke aurait répondu vivant. Mais devant Kakashi, Sasuke rechignait encore à faire preuve de son sens de l'humour naissant. Et puis, il y avait autre chose, qu'il voyait maintenant chez Kakashi, qu'il avait toujours senti sans pouvoir le reconnaître. Il se tenait, bougeait comme…
-Itachi …
-Okori-dono l'a fait fuir, le coupa Kakashi, visiblement nerveux et se levant déjà pour partir. Elle a refusé de le tuer. Elle a dit que c'était ta proie. Le conseil est furieux mais…
Debout, comme ça, la tête tournée, Sasuke connaissait cette silhouette. Il l'avait souvent vue, quand il donnait un ordre à ses hommes, daignant à peine se tourner pour leur parler, tout entier concentré sur sa tache de chef de clan et des forces de l'ordre de Konoha.
-Vous ressemblez à mon père.
Kakashi se tut, cherchant frénétiquement une excuse. En fait, non. Kakashi avait des attitudes de son père, mais pas tout à fait la même silhouette. Son père avait été plus massif. Kakashi avait les épaules d'Itachi. Juste un peu plus large. Ce qu'Itachi aurait put être s'il avait centré son entraînement sur le taijutsu au lieu du genjutsu.
-Pourquoi vous ressemblez à mon père?
Il devait être… Un cousin éloigné. Très éloigné. Ça expliquerait le sharingan. Non, le sang serait trop dilué pour l'apparition du sharingan, il faudrait qu'un de ses parents ait été Uchiha direct pour transmettre les yeux.
-Pourquoi vous ressemblez à mon père?! Répéta Sasuke en se redressant, grimaçant quand il sentit son bras se rappeler à son bon souvenir.
Cassé, encore. Naruto allait encore se foutre de lui pour le coup.
-Parce que je suis son fils, répondit Kakashi.
Sasuke en resta muet de stupeur un long moment, fixant l'homme qui n'osait pas croiser son regard.
-Impossible, commença-t-il par dire.
Mais malgré lui, il colora les cheveux de Kakashi en noir, imagina le bas de son visage.
Et puis Kakashi abaissa son masque d'un geste las, et Sasuke n'eut plus besoin d'imaginer. Il n'avait pas les marques sous les yeux, comme Itachi, mais c'était bien des traits Uchiha, malgré cette cicatrice qui lui barrait la joue et l'œil. Il ressemblait aux Uchiha. Mais il n'en était pas vraiment un. La forme des yeux ne correspondait pas. La mâchoire était peut être un peu plus carrée. Et puis, ces cheveux gris, personne n'en avais eut des comme ça dans son clan.
-Illégitime, reprit Kakashi, il ne m'a jamais reconnu. Ho, rassure toi, il n'était pas marié à ta mère quand je suis né.
Il devait être jeune aussi, se prit à penser Sasuke, calculant malgré lui l'âge de son père à la naissance de Kakashi. Dix neuf ans. Un jeune homme quoi. Un jeune homme, mais assez vieux pour avoir un enfant avec une femme. Kakashi continuait, comme incapable de se taire, maintenant que le secret était dévoilé, baissa les yeux.
-J'ai une sœur… Nous avons une sœur aussi… corrigea-t-il. Demi-sœur. Elle est née avant moi.
Il avait encore de la famille, réalisa Sasuke, avant de comprendre que cette famille là n'avait jamais fait le moindre effort pour lui. Que cette famille l'avait laissé seul avec la honte, la colère, la haine. Que cette famille l'avait abandonné, comme Itachi l'avait fait.
-Pourquoi vous ne m'avez jamais rien dit? Explosa Sasuke.
-J'ai mes raisons.
-Pourquoi vous n'étiez pas là?! Continua Sasuke sur le même ton.
-J'ai aussi mes raisons.
Le silence retomba, Sasuke attendant des excuses, des explications, n'importe quoi venant de son professeur son frère mais celui-ci se contenta de faire demi-tour et ouvrit la porte.
-Repose-toi Sasuke. Le docteur va bientôt passer.
Et il ferma la porte, laissant Sasuke ruminer seul sa colère.
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-Gai-senseï dis que c'est un miracle qu'il y ait eut aussi peu de perte…
-Je sais, j'ai parlé avec les médico-nin, déclara Sakura en remontant le bouquet dans ses bras, ils disent que les yohkos ont été utile à l'hôpital avec leurs remèdes.
-Tu aurais vu les sangliers charger. C'était… de la puissance à l'état pur! S'exclama Lee en agitant les bras. Avec des alliés pareil, personne n'oseras attaquer Konoha avant longtemps.
-Et ça nous laisseras le temps de renforcer nos défenses, ajouta sagement Sakura, tu as les dangos?
-Toute une boîte! Tu es sûre que c'est bon pour Sasuke-kun? Reprit le brun en regardant les gâteaux qu'il transportait.
-Ça ne sera jamais pire que la nourriture de l'hôpital, déclara Sakura. Ou les onigiri de Naruto, ajouta-t-elle en avisant le petit blond assis sur les marches de la clinique, accoudé sur ses genoux. Hey Naruto!
Le blond se redressa et chercha son amie du regard avant de la repérer.
-Sakura?
-Tu as les onigiris? Demanda Sakura d'un ton joyeux.
-Ouais…soupira Naruto en montrant un paquet sur ses genoux, déjà fort malmené.
-Neji n'est pas avec toi? S'étonna Lee.
-C'est finit, avoua Naruto en baissant les yeux sur le sol. Lui et moi je veux dire...
Sakura et Lee échangèrent un regard éberlué.
-Lee, vas voir Tenten, dis lui ce qui se passe et demande lui de s'en occuper.
-D'accord.
-Je m'occupe de Naruto, ajouta Sakura avant de déposer un baiser sur la joue de Lee.
-Sakuraaaa, protesta Naruto, ça va, vous en mêlez pas…
Sakura s'assit près de lui en fronçant les sourcils.
- Ho, excuse-moi de trouver bizarre qu'un petit couple qui s'entendait encore à merveille hier ne soit plus ensemble d'un moment à l'autre.
-On s'est disputé, marmonna Naruto.
-A quel sujet? Je ne vois aucune raison pour que vous vous disputiez, vous vous entendez tellement bien…
-Il est jaloux. Enfin, tu l'as déjà vu, hein? Tu sais comment il est…
-Possessif, quasiment exclusif, peu patient… Rappelle-moi ce que tu lui trouvais?
-C'est… dur à dire…
Naruto prit une longue inspiration puis jeta un petit regard à son amie.
-Sakura, au début… On… On n'est pas devenu un couple… On n'a jamais vraiment été un couple.
-Ça y ressemblait fort en tout cas…
-Non je veux dire… à l' origine c'était… juste... sexuel.
Sakura cligna des yeux une ou deux fois avant de se mettre à rougir.
-Je n'avais peut être pas besoin de savoir ça Naruto.
- Nan, ce que je veux dire… C'est qu'à l'origine je n'étais pas… pas vraiment amoureux de Neji. On s'est mis ensemble parce que… Ben on se sentait seuls… on était les seuls homo de notre âge… et voilà quoi.
Sakura prit une profonde inspiration. Puis compta jusqu'à dix, à l'envers. Ajouta deux ou trois jurons sur la sensibilité des garçons de son âge.
-Naruto, il est amoureux de toi!!
-Je sais! Je ne suis pas si irrécupérable, je m'en suis aperçu! Et... Et… Sakura, je…C'est plus juste sexuel avec lui…
-Et tu n'as rien dis?
-Il ne me croit pas! Il pense que je reste avec lui par pitié ou un truc du genre! Il croit que je suis toujours amoureux de Sasuke et…
-Stooooop, réclama Sakura en levant la main. Refais la moi: Amoureux de Sasuke?
-Plus maintenant grommela Naruto en rougissant un peu. Je l'ai été… Mais… ça as pas duré. Et je lui ai jamais rien dis. Et Neji ne veut pas me croire.
-Naruto, murmura Sakura en lui caressant les cheveux.
-Pourquoi c'est aussi dur de grandir?
- Je ne sais pas, intervint une voix fatiguée au dessus d'eux, ça fait presque vingt ans que je me pose la question.
Les deux adolescents levèrent la tête vers l'homme debout derrière eux.
-Kakashi? Fit Naruto en clignant des yeux, éblouit par le soleil.
-Faites moi une place… marmonna l'homme en s'asseyant entre eux.
Sakura poussa un petit couinement de surprise en s'apercevant que leur professeur ne portait plus son éternel masque noir.
-Ka… Kakashi… Kakashi senseï, votre ma.. masque…
-Ça ne sert plus à rien Sakura… C'est plus la peine, soupira Kakashi… aucune chance pour que l'un d'entre vous ait une cigarette?
-Non, Senseï, répondit Sakura.
-De l'alcool non plus?
-On n'a pas l'âge, je vous rappelle, rétorqua l'adolescente.
-Kakashi-senseï, qu'est ce qui se passe? Demanda Naruto.
Le grand juunin se contenta de lui ébouriffer les cheveux d'un geste las.
-Affaire de famille Naruto… Et toi?
-Affaire de cul.
-Ha. Je dois tuer Neji de combien de façon différente?
-Qu'est ce que vous faites là tout les trois? Demanda Kurenaï.
Les trois équipiers levèrent les yeux et virent la femme approcher, accompagnée de son compagnon qui portait une valise tout en mâchonnant une cigarette éteinte.
-Heu… Kurenaï-senseï…
-Tu accouches? Demanda Kakashi en se relevant d'un bond.
-Non, je viens juste pour réserver la chambre et la dernière visite médicale. Kakashi, ou est ton masque?
-J'emmerde ce masque, grommela le juunin aux cheveux argent, surprenant encore ses élèves.
-Ça as beau faire des années que j'espère t'entendre dire ça, ça m'inquiète, qu'est ce qui s'est passé?
Kakashi soupira avant de poser la main sur le ventre de sa sœur, caressant son futur neveu qui lui assena fort peu aimablement un coup de pied sur la paume.
-Sasuke m'as vu sans. Il sait tout.
Kurenaï resta quelques secondes silencieuse, puis fourra le dossier médical qu'elle tenait dans les mains d'Asuma.
-Chéri, emmène-le boire un truc chaud et non alcoolisé.
-Heu, oui mamour, mais…
-Je vais parler à ce petit con, continua Kurenaï sur le même ton, en se dirigeant vers l'entrée d'un pas décidé, bien que rendu un peu bancal par sa grossesse avancée.
-Kurenaï! Protesta Kakashi, ne t'énerves pas!
-Écoute Kakashi pour une fois Kurenaï, c'est pas bon pour le bébé…
- Je ne vais pas accoucher prématurément! Je vais juste tirer les oreilles de ce petit crétin! Lança Kurenaï en poussant la porte assez fort pour faire trembler le mur.
Les deux hommes et les adolescents la regardèrent entrer sans oser s'interposer. Puis Naruto se tourna lentement vers Kakashi.
-Je sais pas ce que Sasuke vous as fait Kakashi-senseï, mais il va pas comprendre ce qui va lui tomber dessus.
-J'ai peur que tu ais raison Naruto…
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Lorsque la porte s'ouvrit à la volée, Sasuke sursauta, plongé qu'il était dans ses pensées.
-UCHIHA SASUKE!
Quand les équipes avaient été formées le premier jour de leur vie de ninja, Sasuke se souvenait avoir regretté ne pas être dans l'équipe de Kurenaï. Quand bien même, à l'époque, elle avait été tout récemment nommée juunin, elle était connue pour son potentiel et son sérieux. Un tel professeur lui aurait beaucoup appris, pensait-il alors, ou en tout cas, plus que cette lavette apathique de Kakashi.
La voir maintenant en face de lui, presque à terme et furieuse le confortait dans cette impression.
-Kurenaï-senseï…
-Je pensais que tu avais fait des progrès au niveau social récemment! Que tu réfléchissais avant de blesser les gens, que tu…
Sasuke la laissant continuer sans oser protester, se souvenant fort bien de la petite leçon que Kakashi et Asuma leur avait fait cinq mois plus tôt, sur les femmes enceintes et leurs sautes d'humeurs.
Kakashi avait fort bien résumé la chose: 'comme pour les psychopathes: Vous hochez la tête, vous dites oui et vous souriez.'
Mais là, s'il faisait seulement mine de sourire, elle allait lui arracher la tête.
-Kurenaï-senseï, je ne comprends pas ce que vous me…
Il recula quand un ongle soigneusement manucuré et capable de le tuer de cinq manières différentes s'agita soudain sous son nez.
-Qu'est ce que tu as dit à mon frère? Demanda Kurenaï d'un ton froid.
Pendant un quart de seconde, Sasuke ne fit pas le rapport.
Et puis, tout d'un coup, tout s'éclaira.
Kakashi, Kurenaï, la nature de leur relation.
-C'est vous? C'est vous la sœur de Kakashi et…
-Et la tienne aussi. Je suis désolée que tu l'ais appris comme ça, grommela Kurenaï en se redressant, massant le creux de ses reins en grimaçant.
Un autre homme que Sasuke, aurais probablement crié d'horreur que c'était impossible, que son père ne pouvait pas avoir eut des bâtards…
Mais Sasuke n'était plus à ça prés.
-Pourquoi… Pourquoi vous ne m'avez jamais rien dit?
-Nous n'avons jamais été reconnu. Ni Kakashi, ni moi. Les Uchiha… N'ont jamais daigné nous aider. Quand nos mères sont mortes, Kakashi et moi avons dut nous débrouiller seuls. Officiellement, nous n'avons aucun lien avec toi. Aucun.
-Et vous n'avez pas voulu vous occuper de moi.
Kurenaï tendit la main gauche à Sasuke, montrant les deux alliances passées à son annulaire.
-Tu sais ce que ça signifie ? Demanda-t-elle.
-Non, admit Sasuke… vous avez été mariée deux fois ?
Kurenaï eut un petit sourire triste et secoua la tête, ramenant sa main contre son cœur avec un petit sourire triste.
-Une seule fois. C'est mon alliance... Et celle de mon époux. Il est mort un peu avant le massacre des Uchiha. Une mission qui a mal tournée.
-C'est pour ça que vous ne vous êtes pas occupé de moi ?
-Pas exactement... J'étais enceinte à l'époque… Cinq mois… J'ai perdu le bébé et j'ai du passer plusieurs mois à hôpital Je n'étais pas très stable mentalement à l'époque, je n'ai pas put obtenir ta garde.
Aussi buté que soit Sasuke, il devait admettre que c'était une très bonne excuse. Même à Konoha, personne ne confierais un enfant à quelqu'un d'instable… Quoique dise les gens au sujet de Gai…
-Désolé, murmura Sasuke.
Kurenaï haussa les épaules et chercha une chaise du regard, la tirant pour s'asseoir près du lit avec un soupir de soulagement.
-Tu sais, même si Kakashi avait demandé ta garde, il ne l'aurait pas obtenu.
-Pourquoi ça?
-D'abord, il était encore ANBU à l'époque, et les règles sont strictes. Pas de contact prolongé avec la famille. Pas de vie sociale. Pas d'enfants ou d'amants. Pendant tout le temps qu'il a été ANBU, je ne le voyais presque pas.
-Mais il ne voulait pas de moi quand même, ronchonna l'adolescent en détournant le regard.
-C'est vrai, admit Kurenaï. Il en a toujours voulu aux Uchiha… A Itachi... et à toi… Il est tenace dans ses rancunes… Ça me rappelle quelqu'un, ajouta-t-elle avec un petit sourire taquin.
Sasuke lui jeta un regard noir, mais, Kurenaï étant apparemment du même bois que Kakashi, ça ne la dérangea pas plus que ça.
-Tu n'as jamais eut honte, Sasuke ? Honte à en crever ? Honte à ne plus pouvoir regarder les gens dans les yeux ? A ne plus pouvoir te voir dans un miroir ?
-Si, déglutit péniblement Sasuke en se remémorant l'épisode de sa trahison.
-Alors tu comprendras… Pendant des années, j'ai récupéré mon frère soûl presque tout les soirs, rongé de remords, incapable d'assumer ses conneries. Il n'a commencé à remonter la pente que quand toi et Naruto vous lui avez été confiés. Il a mis cinq ans à accepter le fait que malgré tout ce que notre père nous a fait, il t'aimait quand même. Malgré lui. Sasuke, ajouta Kurenaï en caressant les cheveux du brun, écoute moi. A partir de maintenant, tu as le choix. Tu peux choisir d'ignorer tout ce qui a été dis ces derniers jours, et on continue la vie normalement. Tu es l'élève de Kakashi, et je suis un autre professeur. Point. Ou tu peux envoyer balader tout les problèmes passés, toutes les erreurs et faire partie de notre famille à Kakashi et moi.
-Je veux y réfléchir, déclara Sasuke sans lever les yeux.
Kurenaï eut un petit sourire et se releva difficilement, peinant à se redresser avec son ventre.
-Au moins, tu n'as pas dis non tout de suite, déclara-t-elle avant de se pencher sur Sasuke et déposer un petit baiser sur son crâne. A plus tard alors, petit frère.
S'il ne réagit pas au baiser et au surnom, ce n'était que pour la seule raison qu'il était encore abruti par les médicaments et les dernières révélations familiales. Si si.
Ce ne fut que quand Naruto et Sakura frappèrent à la porte, quelques minutes après le départ de Kurenaï, que Sasuke réagit à nouveau.
-T'es vivant? Demanda Naruto en passant prudemment la tête par la porte entrouverte.
-Hn?
-Tu me dois cent yens, déclara Sakura en tendant la main à Naruto qui y déposa une petite pièce en grommelant.
-Qu'est ce que vous faites là? S'étonna Sasuke.
-Visite journalière aux éclopés, déclara Naruto avec un petit sourire. Ça faisait longtemps que tu n'avais pas fini à l'hosto.
Sasuke l'aurais bien frappé s'il n'avait pas été encore affaibli par les calmants. Aussi laissa t'il faire Sakura quand elle s'en chargea obligeamment, assenant un coup de bouquet sur le crâne de leur équipier.
-Pourquoi tu n'es pas plutôt à embêter Neji? Grommela-t-il avec un soupir.
Derrière Naruto, Sakura fit de grands gestes de dénégations en grimaçant.
-On est plus ensemble, avoua Naruto en fourrant les mains dans ses poches.
-Qu'est ce qu'il a fait? Demanda Sasuke en étrécissant les yeux.
Cette fois, Sakura se fendit d'une superbe imitation de poisson bulle en voyant Sasuke partir au secours de Naruto.
-Il a rien fait, c'est moi qui suis un abruti insensible, laisse tomber. Tu sors quand? Demanda Naruto à brûle-pourpoint, en se laissant tomber sur le matelas.
-Ce soir, répondit Sasuke, sans quitter sa moue meurtrière.
-Mais ton bras est toujours dans le plâtre.
-Crétin, y'a que toi pour guérir aussi vite, je vais le garder un bout de temps.
-Un mois, précisa Sakura en attrapant un vase pour y mettre les fleurs qu'elle secouait depuis un moment.
-C'est la que je me dis que c'est chouette la guérison accélérée, déclara Naruto avec un grand sourire, avant que Sasuke ne le pousse par terre d'un grand coup de pied au cul.
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-Et surtout, au moindre problème, n'hésitez pas à repasser Uchiha-san.
-Oui.
Le médecin ajouta quelques recommandations, puis lui tendit un paquet de médicaments et daigna enfin laisser partir l'adolescent.
-Personne ne vient vous chercher?
-Ça ira. Je n'habite pas loin.
D'habitude, Kakashi se chargeait de venir le chercher à chaque sortie d'hôpital et s'assurait qu'il prendrait bien ses médicaments et un bon repas avant de le laisser seul.
Maintenant, Sasuke se demandait s'il avait fait ça pour son élève ou pour son petit frère. Probablement son élève, puisqu'il n'avait pas daigné se déplacer pour son petit frère.
Serrant son poing indemne, Sasuke se força à penser à autre chose.
Naruto.
Et Neji.
Et sa tache qui était la sienne, à savoir faire en sorte que Neji ne rende jamais Naruto triste.
Plâtre ou pas, la vieille rivalité Uchiha-Hyûga allait reprendre du service.
Ça lui éviterais de penser à son frère et sa sœur et le fait qu'ils lui aient menti pendant des années et construit leurs vies sans lui et….
Botter le cul de Neji.
Maintenant.
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-Neji-'Nii-san a dis qu'il voulait voir personne, surtout pas Naruto-Nii-san et toi.
-Ha.
-J'ai même droit de vous botter le derrière si vous essayez d'entrer.
-La confiance que Neji a en toi est honorable Hanabi-san.
-Qu'est ce qui s'est passé ?
-C'est ce que je viens découvrir, déclara Sasuke en passant près de la petite.
-Il va te tuer !
-Pas si je le tue d'abord, rétorqua Sasuke. Ou est-il ?
La fillette hésita puis passa devant Sasuke, attrapant sa main indemne au passage pour le guider.
-Laisse-moi juste cinq minutes pour aller chercher un médecin avant d'entrer, Sasuke-nii-san, demanda-t-elle d'un ton sérieux au possible.
Par moment, Sasuke reconnaissait Naruto quand il parlait à la plus jeune des Hyûga. Il savait qu'elle avait été une petite peste quelques années plus tôt, mais après une fessée monumentale infligée par Naruto (qui avait prouvé qu'à neuf ans, on n'était pas trop vieux pour en recevoir une), la fillette avait, tout comme Konohamaru, Hinata et quelques autres, commencé à voir Naruto comme un modèle et avait juré de ne jamais, JAMAIS devenir hypocrite comme les Hyûga. C'est ainsi qu'elle était devenue ce mélange parfait de Neji et Naruto, qu'Iruka avait vite appris à craindre à sa juste valeur, entre surdouée et malicieuse, un moment sage comme une image, le suivant roulant dans la poussière avec Konohamaru. Elle était puissante, prometteuse, travailleuse, loyale, impulsive et amicale.
L'exemple parfait des ninjas suivant la voie de Naruto.
Elle stoppa devant la porte du dojo et leva les yeux vers Sasuke.
-Ca iras Sasuke-Nii-san?
-Il faudra bien.
-Tu appelles si tu as besoin d'aide.
-Oui….Merci Hanabi-san.
Hanabi s'agenouilla à côté de la porte et fit mine de commencer à méditer pendant que Sasuke entrait.
Il se baissa immédiatement pour esquiver les deux kunaïs qui arrivaient droit sur lui.
-Qu'est ce que tu fais là ?! gronda Neji, un autre kunaï tournoyant dans la main.
-Je viens en paix, rétorqua Sasuke, accroupit au sol.
-Dommage pour toi, je ne suis pas prêt de t'accueillir en paix.
-Que tu en veuilles à Naruto, je comprends, mais je n'ai rien fait récemment pour mériter ta colère Hyûga, rétorqua Sasuke, ramassant les kunaïs avant de fermer la porte derrière lui.
Le brun habituellement impassible dut lutter pour garder ses émotions sous contrôle, mais le plus infime froncement de sourcil n'échappa pas à Sasuke.
-Naruto m'a dis que c'était finit entre vous, mais il a refusé d'en dire plus.
-Ce ne sont pas tes affaires Uchiha.
-Quand ça concerne Naruto, si. Qu'as-tu fait ?
Regard noir du Hyûga, haussement de sourcil d'Uchiha. Toute une dispute en deux gestes.
-Qu'as t'il fait alors ?
Le regard se fit venimeux. Le deuxième sourcil se haussa.
-Qu'est ce que J'AI fait alors ?
-Naruto est amoureux de toi.
Sasuke avait déjà eut de nombreux chocs dans les derniers jours, mais ce fut réellement celui-ci qui fit basculer la balance.
-Il est QUOI ?!
-Ne me dis pas que tu ne savais pas.
-Et pourtant, je ne savais pas, grommela Sasuke, un peu horrifié que Naruto, celui qu'il considérait le plus comme un frère, aurait put avoir ce genre de pensée envers lui.
Maintenant qu'il y pensait, il y avait eut une période ou Naruto avait été particulièrement affectueux… enfin, moins hargneux que d'habitude, ou il avait vraiment essayé de passer du temps avec lui, autrement que parce que Sakura viendrais aussi. Une période qui avait duré d'avant l'affaire Yoruno, jusqu'à…
Sasuke recompta rapidement les mois et les jours, recoupant avec les informations qu'il avait récoltées près de Sakura.
Jusqu'à ce que Naruto et Neji se mettent ensemble.
-C'est à cause de moi que vous vous êtes disputés ? conclut-il en levant les yeux vers Neji.
-Félicitation pour ton esprit incisif Uchiha, rétorqua Neji, avec un sarcasme impressionnant.
- S'il les aime grand, brun et avec un caractère de merde, il aurait tout aussi bien put rester avec toi, ronchonna Sasuke.
-Te fiches pas de moi, rétorqua Neji, tout le monde sais que tu aimes Naruto.
-Comme un frère, protesta Sasuke. Comment tu réagirais toi, si on t'accusait d'avoir des relations plus que fraternelle avec Hinata et Hanabi ?
Sasuke et Neji échangèrent un regard éberlué à l'affirmation du petit brun. C'était sortit tout seul, Sasuke n'avait même pas prit le temps de réfléchir aux implications de ce qu'il venait de dire.
-C'est mon frère, finit-il par ajouter, plus que… Qu'Itachi ne l'a jamais été. Ou que n'importe qui d'autre, ajouta-t-il amèrement.
-Il t'aime toujours.
Sasuke secoua la tête.
- Je ne pense pas. Et quand bien même, c'est fichu d'avance pour lui.
Neji jeta un petit regard menaçant à Sasuke qui lui répondit d'un micro sourire fatigué. Son bras recommençait à faire mal, il allait avoir besoin de reprendre un calmant bientôt.
-Je suis toujours hétéro au cas où.
Un moment, Sasuke se demanda s'il devrait être amusé ou offensé du regard surpris du Hyûga.
-Et même si Naruto venait à moi en sexy no jutsu, avec un utérus et assez de seins pour nourrir une armée de petit Uchiha, pour moi, il reste mon frère. Hors limite.
Neji ne répondit pas à ces arguments, laissant son regard errer dans la direction d'Hanabi, probablement toujours derrière la porte, à écouter leur conversation.
-Il… reprit Sasuke, cherchant ses mots. Il était… heureux avec toi. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Alors, ne fous pas tout en l'air comme un idiot.
Sasuke se releva et épousseta ses genoux, évitant de croiser le regard de Neji, gêné d'avoir avoué ses émotions à un presque inconnu pour lui.
-Naruto est un crétin. Il ne pense pas avant de parler. Il ne fait pas attention à ce que peuvent penser les gens. Mais s'il te dit qu'il… Qu'il tient à toi, c'est que c'est vrai.
Le sharingan lui piqua les yeux quand il l'activa, mais il se força à ne pas cligner des paupières et ne pas laisser les larmes perler, dardant ses yeux rouges sur Neji.
-Maintenant, largue-le encore une seule fois et juuken ou pas, je te botte le cul.
oOo
-Je suis rentré.
Personne pour l'accueillir, évidemment. Peut être qu'il pourrait persuader son équipe de venir dîner chez lui un soir. Le grand nettoyage de la maison Uchiha avait permis de retrouver la vieille marmite à fondue, et un sukiyaki permettrait à tout le monde de trouver son bonheur dans un seul plat. Sakura pourrait même amener son fameux bouillon secret familial qui faisait baver d'envie Kakashi… Il coupa net ce fil de pensée en se souvenant que Kakashi… Ce que Hatake-senseï était.
Il avait faim. Il alla à la cuisine, batailla un peu pour trouver sa vaisselle dans la cuisine réorganisée, et ouvrit son frigo, cherchant quelque chose de comestible.
Il y avait une boite au frigo. Une boite en plastique, hermétique, dans le couvercle de laquelle quelqu'un avait coincé un petit mot.
Enfin, petit…
"Reste du pique nique. PS: Réchauffe le riz avec un peu d'eau pour éviter qu'il sèche et ajoute des tomates en tranches avec la viande, Chouji"
"Sasuke, n'attend pas la fin de la semaine pour le manger, Sakura"
"Je peux m'inviter demain? Naruto"
"NON, Sakura"
"Demain, on mange chez ma mère, Neji"
"Bon appétit Sasuke-kun, Hinata"
"J'ai mis un dessert dans le placard, à manger avec du thé vert, c'est super bon, Ino"
"Mange-bien et sois fort Sasuke-kun! Lee"
"Ta maison est désormais propre et prête à recevoir ta future et puissante descendance! Gai"
"N'oublie pas de refaire les joints de la salle de bain, Iruka"
"Mange plus de légumes! Kakashi et Kurenaï"
"Vous allez laisser ce gosse tranquille, oui? Asuma"
"Je n'écris ce mot uniquement pour que les autres me laissent tranquille, Shika"
"Idem, Shino"
"Bis repetita, Kiba"
"Et ter repetita, Tenten. PS: Changé les draps, faudra faire une lessive."
La veille, la maison avait été remplie de voix. Il y avait eut un tas de chaussures dans l'entrée, des fous rires, des baisers échangés dans les coins, des canapés et des tatamis transportés à plusieurs.
Il y avait longtemps que la maison du chef de clan avait été aussi vivante.
En fait, elle n'avait jamais été aussi vivante, les Uchiha étaient bien élevés, ne haussaient pas la voix, laissaient faire les serviteurs pour les taches ménagères les moins ragoûtantes.
Personne n'avait fait de concours de celui qui peindrait le plus vite le mur, personne ne s'était promené dans la maison, le pantalon roulé au dessus des genoux, trempé comme une soupe et pas fâché de l'être par cette chaleur. Aucune femme enceinte n'avait râlé qu'ils s'amusaient sans elle et qu'ils avaient intérêt à lui trouver des manjus dans les cinq minutes qui venait ou elle ne répondait plus de rien. Personne n'avait tendu de livre porno au petit couple surpris dans la buanderie en leur conseillant la page 32. Personne n'avait poursuivi ses équipiers, armée d'une paire de baguette et les menaçant de pire souffrance s'ils ne retiraient pas ce qu'ils venaient de dire sur sa cuisine.
La maison des Uchiha n'avait jamais connu une telle animation depuis la fondation de Konoha.
Mais maintenant que tout était redevenu silencieux, Sasuke se rendait compte à quel point la maison était vide.
Vide de vie, vide de bruit, vide d'habitant.
Il referma brutalement la porte du frigo et fut dehors par la fenêtre en quelques secondes à peine, avant de se laisser changer d'avis.
oOo
Kakashi n'était pas chez lui, et Sasuke dut parcourir tout Konoha pour demander à Hinata ou habitait Kurenaï avant de pouvoir enfin les retrouver.
La nuit était tombée, et déjà bien avancée, mais il resta quelques minutes en bas de l'immeuble à regarder une fenêtre éclairée de la façade. Il voyait la silhouette de Kurenaï, bien reconnaissable avec l'arrondi qui la caractérisait maintenant. Il avait entrevu Asuma quand celui-ci avait ouvert une fenêtre pour fumer puis Iruka quand le professeur était entré dans l'immeuble, un plein sac de commission sur les bras, vérifiant sur sa liste qu'il n'avait rien oublié.
Il vit Kakashi par la fenêtre, sans son masque, taquiner sa sœur et manquer se prendre une gifle à une réflexion sans doute salace.
C'était ça qu'il avait vu la veille, chez lui et qui manquait maintenant.
Alors il monta les marches, une à une. Comme quelques mois auparavant, quand il avait ramené le journal de Naruto à son propriétaire. Terrifié, mais pas lâche au point de refuser de reconnaître ses erreurs.
Il prit le temps de monter les marches, cherchant la manière la plus appropriée de faire des excuses à Kakashi, et comment accepter la proposition de Kurenaï sans… sans sembler être faible et puéril.
Sans admettre qu'il avait besoin d'eux autant que de Naruto et Sakura.
Il avait presque réussit à trouver une manière polie et appropriée de présenter ses excuses quand il percuta Naruto qui arrivait à son tour, mais escaladant le mur plutôt que l'escalier, tenant un paquet cadeau chiffonné.
-Naruto? Qu'est ce que tu fous là? Demanda Sasuke, se retenant à peine de grimacer du choc sur son bras blessé.
-Tu sais quoi? J'allais te poser la même question, rétorqua Naruto, secouant deux trois fois le paquet pour s'assurer qu'il n'avait pas été abimé.
Le cadeau émit un bruit de clochette et Naruto sembla rassuré, bien que cela inquiéta quelque peu Sasuke.
-Qu'est ce que c'est que ça?
-Ha, Kurenaï entre à l'hôpital demain, expliqua Naruto, alors on a organisé une fête, parait que les filles font toujours ça pour quand une de leur copine va avoir un bébé, faut amener un cadeau pour le bébé en fait.
-J'ai pas de cadeau, réalisa Sasuke à voix haute.
- Je ne savais pas que t'étais invité, s'étonna Naruto.
- Je ne le suis pas, rétorqua Sasuke, essayant de se souvenir désespérément de ce qu'il devait dire à Kakashi. Je… Je repasserais plus tard.
-Kurenaï va me tuer si elle apprend que je ne t'ai pas fait entrer, déclara soudain la voix d'Asuma derrière la porte la plus proche.
Le fumeur ouvrit en souriant, une cigarette éteinte au coin de la bouche et fit signe aux deux adolescents d'entrer. Naruto s'exécuta aussitôt, agitant son cadeau en appelant la future mère. Sasuke le suivit, plus posément.
-je n'ai pas de cadeau, grommela t-il, dans un ultime espoir de pouvoir s'échapper et revenir avec des vraies excuses.
-T'as beaucoup mieux à mon avis, rétorqua le professeur avec un clin d'œil, refermant la porte derrière lui.
Sasuke retira ses chaussures et les posa près du tas de l'entrée. Cela faisait des mois maintenant que le couple vivait dans cet appartement, mais il restait un carton dans l'entrée, sur lequel on avait déposé le berceau à moitié monté. Les vestes de Kurenaï et Asuma étaient pendues côte à côte, un petit mot épinglé sur celle d'Asuma rappelant qu'il "faudrait recoudre ton accroc un jour mon chéri". Il entendait quelqu'un dans la cuisine qui préparait le repas, mais quand Naruto revint, appelant son tuteur à plein poumons, Sasuke en déduisit que Kakashi et Kurenaï étaient toujours dans le salon. Il y avait quelques photos dans l'entrée, Asuma et sa famille, le sandaime, son frère et Konohamaru. Une autre de Kurenaï enfant avec une belle femme, son portrait craché à part la couleur d'yeux et de cheveux. Encore une autre, leur bande, adolescents, en train de fêter une espèce d'anniversaire, avec un autre jeune homme qu'il ne connaissait pas. La même, dix ans plus tard, sans le jeune homme cette fois.
C'était loin des photos de famille traditionnelles des Uchiha, ou tout le monde se tenait droit, inexpressif, digne.
Il sentit Kurenaï approcher sans se retourner et la laissa faire, fouillant sa mémoire pour retrouver les mots qu'il avait préparé.
Il leva les yeux vers Kurenaï, mais ce fut elle qui parla en premier.
-Bienvenue à la maison, Sasuke.
Et la réponse vint toute seule, sans avoir été pensée, ciselée, préparée.
-Je suis rentré, grande sœur.
Fin