HELLOOOOO ! Mes lecteurs chéris d'amûûûûr ! Ca fait un bail hein ! Arhini à l'antenne, la longueur du chapitre explique la lenteur à poster...z'avez qu'à aller sur notre site, ils sont poster plus tôt ! XD mais pour tout vous dire, le 23 avance à grands pas, et sera sûrement posté bientôt.

Bref. Liraïs vous a concocté un sublime chapitre 22, alors lisez, appréciez, reviewez ! Plein de bisous à tous ! Et BONNE ANNEE 2007 !!!!!

DISCLAIMER :tout appartient toujours à Tolkien sauf nos persos à nous )

références chansons : Naheulband, Tolkien, Walt Disney.

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Radagast décida de remonter vers le nord en direction de la montagne de Rhûn ou des monts de Fer. Ils traversèrent l'Anduin, et, à la nuit tombée, dormirent dans l'emyn muil.

Le temps passa. Le lune passa de la quasi inexistance à la presque plénitude. Ce soir là, ils dressèrent leur feu de camp, ne sachant où exactement ils se trouvaient, a part quelque part dans la plaine de Dagorlad, longue plaine où le vent faisait bruisser des herbes orangées, séchées par le soleil, tout en faisant se lever des tourbillons de poussière. Quand l'obscurité fut complète, Que les étoiles ici semblaient froides, lointaines et austères !, ils aperçurent a l'horizon des lueurs de feu.

- Là bas , s'exclama Liraïs les cheveux au vent, des lumières !!!

- Oui, je pense pouvoir dire que c'est la troupe des deux pays.

- La quoi ???

- Troupe des deux pays.

- Alliés ou ennemis ???

Radagast eut un espèce de pouffement, avant de répondre -Alliés

-En selle !!!s'exclama Liraïs .

Cette fois, il eut un petit rire fatigué, et expliqua, aussi calmement qu'il était capable de le faire à pas d'heure du soir, fatigué qu'il était de sa longue journée passée à écouter le babillage de la fillette, sans autre repos que de lui répondre, ou bien de chanter. - Les lueurs que tu vois la bas doivent être à plusieurs jours d'équitation encore. Cette plaine est immense, et la faible luminosité de la nuit ainsi que son paysage totalement plat font paraître les lueurs bien plus proches qu'elles ne le sont vraiment.

- Arf. répondit la fillette en se mordant la lèvre.

Elle se rendait bien compte que Radagast semblait extrêmement fatigué, mais ne comprenait pas pourquoi. Il est vrai qu'il n'était pas seul, les chevaux aussi semblaient bien plus fatigués qu'en Rohan. Mais elle, elle allait bien. Il est vrai que la chaleur et le fort vent d'est l'avaient fatiguée au début, et que le simple pas de sa monture lui valait des élancements dans le crâne, Radagast avait même eu peur qu'elle ait attrapé une maladie. Mais elle s'était vite remise. En fait, cette chaleur et cette sécheresse lui étaient fort agréables, et elle avait pris l'habitude d'utiliser bien plus ses menues jambes, ce qui, somme toute, était bien pratique, car cela permettait de transporter plus d'eau. Au début, elle était descendue au pas, soulager le dos de sa monture, puis elle était de moins en moins souvent remontée, de sorte qu'elle marchait, ou même courait, suivie à quelques mètres en retrait droite par sa ponette, qu'elle ne tenait plus. Sous l'action du climat particulier et de son sport bien plus… sportif , sa silhouette avait légèrement changé. Ou tout du moins pensait-elle que c'étaient là les raisons de ce changement.

Radagast, lui, observant les changements de la fillette, se rendait compte que cela était plus qu'un simple effet naturel du sport. Surtout que ce changement avait commencé avant, et ne faisait que s'accélérer. Plus qu'un changement, il aimait penser à une maturation, ou même à une renaissance, voire à une fusion. Des fois aussi à un reflet. Si il avait du expliquer ce phénomène, je dois avouer qu'il aurait été grandement gêné. Comment expliquer ceci sans expliquer cela, en l'occurrence la magie ??? Mais… Comment expliquer la magie ??? Aussi, de son air le plus doux, le plus énigmatique, il se serait contenté de hausser légèrement, avec une grâce infinie, les épaules, avant de changer de sujet et de préoccupation. Sachant très bien que de toute façon je ne pourrais faire mieux, je vais tout de même essayer de l'expliquer, veuillez par avance excuser mes maladresses d'explication, mais comprenez que ce sujet est si subtil, si important, si complet et si indéfinissable, qu'il est difficile d'en parler clairement. Il s'agit d'un concept, d'un souffle, d'une onde, d'une luminosité… Disons donc juste que, pour un esprit magique entraîné, il est facile de pouvoir voir des ondes, magiques, différentes mais semblables. Ces ondes ne correspondent pas vraiment à de la magie, mais c'est l'essence même de la magie. Sans ces ondes, il est tout simplement impossible de pratiquer la magie. Elle se trouve dans l'air, en très faible quantité, presque imperceptible, mais pulse aussi dans les magiciens, et également les apprentis, ainsi que dans les objets magiques, surtout les Pierres. Mais puisque ces ondes n'en sont pas vraiment, car ressemblant fort à une luminosité, un son, un souffle, et que le concept est si complexe, que nous allons le nommer « mana » pour le reste des explications. Une grande source de mana non contrôlée attire à elle les magiciens se trouvant dans un périmètre proportionnel à sa puissance. Vous pourrez maintenant comprendre que Radagast voyait le mana en Liraïs, mais également dans sa Pierre. Au début, les deux manas, bien que fort semblables, n'étaient pas unis, ne pulsaient pas simultanément. Mais plus le temps passait, plus ils se concordaient, plus ils fusionnaient. Et les changements physiques de la fillette n'étaient qu'un reflet de ce changement radical qui se passait dans sa magie, dans son être.

Radagast, tout à ses pensées, s'occupait du feu, alors que Liraïs, toute à son babillage, parlait de la belle journée d'aujourd'hui, et de la belle journée qu'il ne manquerait pas d'y avoir demain. Loin d'être fatiguée, elle prit le premier tour de garde.

La nuit était limpide, le vent chaud et sec balayait le paysage, le ciel splendide luisait de milliers d'étoiles, Lyluth ronronnait sur ses genoux. Soudain, cette dernière se tendit. Liraïs ne douta que la valeureuse féline avait senti une odeur étrangère, cela se présenta à son esprit sans l'ombre d'un doute. Toutes deux se levèrent sans bruit, silhouette de chat silhouette de fille, et se dirigèrent vers le nord, Liraïs suivant son cher animal sans se poser de questions. Elle se tapit dans l'herbe et avança en rampant, prenant bien soin de ne pas faire bouger les herbes, et de ne pas les applatir de trop. Elles s'arrêtèrent derrière un rocher, et entendirent des voix se rapprocher. En tout, il devait y avoir 5 ou 6 personnes. Liraïs écoutait, sans avoir l'impression le moins du monde d'être en train d'espionner, pour elle cela était son travail d'écouter tout humain s'approchant de trop du camp. Une voix de fille se fit entendre :

- Je ne comprend vraiment pas pourquoi il vous semble utile d'aller voir ce feu de camp.

- Serpent, répondit une voix fort mélodieuse de garçon, je pense qu'il est de notre devoir de se renseigner sur tout fait inhabituel que nous découvrons en mission.

- Je te rappelle tout de même Taliesin que cette mission en question, argumenta une deuxième voix de fille aux intonations moqueuses, n'était que d'aller chercher de l'eau…

- Certes, concéda une autre voix de garçon, mais n'oublions pas que nous nous devons de tout savoir sur tout.

- Tsssss. Taisez vous un peu, ordonna une autre voix, plus grave.

- Haha !!! Le valeureux chasseur de la forêt pense être à même de nous commander !!! s'exclama la première fille

- Argumente, mon cher Renard, argumente… , chantonna la seconde fille

- Soit. Nous approchons du feu. Je doute que ces gens, quels qu'ils soient, soient assez fous pour laisser leur guetteur s'endormir dans une plaine où errent des bêtes sauvages…

- Hé Ho, ça va j'ai pas fait exprès !!! Le coupa la deuxième voix de garçon.

- Je pense donc que si nous ne voulons pas nous faire remarquer avant de voir qui sont ces gens et combien ils sont, la prudence et le silence sont obligatoires.

- Certes mon cher, commença une voix encore innentendue, mais tu peux remarquer que depuis peu, le vent à tourner, et que nous restons tout de même à une distance respectable.

- Votons ??? proposa la première fille

Qui sont ces abrutis ??? Pensa Liraïs tandis que l'argumentaire pour ou contre le silence continuait.

Il fut voté qu'ils allaient s'éloigner pour continuer à argumenter…

Donc, récapitula intérieurement Liraïs, il s'agit de 6 gosses, environ mon âge, deux filles et quatre garçons. Une des filles s'appelle Serpent, l'un des gars Renard. C'est totalement idiot. Ils sont venus dans les environs afin de chercher de l'eau, et sont venus voir qui nous étions. Rien de grave. Et si ??? Mais les pas se réapprochaient… Liraïs s'assit sur le rocher, le plus silencieusement possible, sans se faire remarquer, se fondant dans la masse du rocher. Quand les 6 personnage furent tout à côté, elle se redressa brusquement, et prononça d'une voix neutre : « Puis-je vous renseigner ??? »

Aussitôt, sans même provoquer l'instant de stupeur immobile qu'elle avait espéré, une main se plaqua contre sa bouche et une autre lui tordit le bras gauche derrière le dos. Quels réflexes !!! Pensa Liraïs avant de réaliser sa position. Elle prit le parti d'en rire, bien qu'il fut étouffé par la main lui servant de bâillon. Elle voulait les déstabiliser, elle y arriverait. La main ferme qui la tenait la poussa plus loin du camp. Elle se redressa et marcha, bâillonnée et tenue qu'elle l'était, avec toute la grâce et la fierté dont elle était capable.

Plus loin, à une quinzaine de mètre, ils s'arrêtèrent. Le reste de la troupe se mit en cercle. Celui qui maintenait sa prise la desserra, et passa à sa droite. Sa gauche était occupée par un autre garçon, et les deux filles se tenaient face à elle.

- Tu n'étais pas obligé d'être si brusque Renard, dis la dénommée Serpent.

Liraïs s'autorisa un rire clair en introduction à ses paroles, et avança d'un pas, entrant dans le cercle. Elle avait senti durant le court laps de temps où le mouvement commençait sans que nous puissions savoir ce qu'elle allait faire ses deux voisins se tendirent légèrement, prêts à la rattraper.

- J'espère, jeunes écervelés, dit elle d'une voie sûre et nette, que vous ne m'en voudrez pas si j'avance le fait irréfutable que vous vous y êtes mal pris. Elle fit une pause où elle les regarda

un à un rapidement, puis, satisfaite que son auditoire restât si silencieux, continua, Certes, vous avez eu la présence d'esprit de ne pas parler trop fort avec le vent dans le dos, mais quelle sottise d'avoir, justement, eu le vent dans le dos !!!, puis, se tournant vers le dénommé Renard, elle continua, une intonation fort moqueuse et effrontée dans la voix, Le valeureux chasseur de la forêt !!! Ne sais tu donc pas que les Renards s'approchent de leur proie avec le vent de face, afin de ne pas les effrayer de leur odeur ? Cette remarque parut le rembrunir, et elle en fut heureuse, tout en remarquant ses magnifiques yeux verts. Je vous vois, tous, heureux et fiers d'avoir été choisis pour la redoutable mission de chercher de l'eau. Franchement, est ce un sujet de gloire ???

- Très chère emmerdeuse… commença son voisin de gauche.

- Plaît-il ??? Je suis désolée de vous interrompre, mais cette réflexion ne me plaît gère. Je vous trouve d'un manque de savoir vivre et d'une vulgarité impensables. Vous commencez par vous approcher tels des voleurs, m'obligeant à prendre toutes mes précautions, et quand je me rends compte que vous n'êtes qu'une bande de gamins et que je vous demande donc, serviable, si vous aviez besoin de mes renseignements, vous vous contentez donc de m'agresser, puis de m'insulter !!! Et vous croyez que c'est moi qui vous embête ???

- Je constate que tu parles bien, répondit Renard, calme, mais princesse, tu pourras remarquer qu'un tel sarcasme manque totalement de savoir vivre, et je n'aborde même pas le fait que couper la parole est signe d'une vulgarité remarquable. Sais-tu que questionner une quelconque personne sans s'être fait présenter ou s'être présenté. Voyant que notre chère héroïne ne savait que répondre dans l'immédiat, elle ne s'était pas attendue à une telle attaque, il continua , Je me permet de me faire notre porte parole sans concertation de mes semblables préalable. Nous sommes L'Unité. Tu peux me nommer 1, mon voisin de droite que voici sera heureux de répondre à l'appellation de 2. « Bonjour » dit il, et Liraïs reconnut la voix chantante. A sa droite, les deux accortes damoiselles seront pour toi 3 et 4, afin que tu ne risques de salir leur délicieux noms en les prononçant. A leur droite, j'ai l'honneur incomparable de te présenter 5. Puis, le dernier, mais de loin non le moindre, vient enfin 6. A qui avons nous l'honneur ???

- Je vois que vous apprenez la politesse. Sachez donc à qui vous avez à faire. Je me nomme… L'insaisissable !!!

Et elle bondit en parlant, posant son bras sur l'épaule de 5, qui lui semblait être plus solide que les autres, et se servit de son élan pour faire une pirouette des plus gracieuses au dessus de lui et de partir en courant. Elle les sentit s'élancer à sa poursuite. Mais, en masse, ils se gênaient, alors qu'elle courait en zigzagant, prenant peu à peu de l'avance. Quand elle les entendit ralentir, elle continua encore un peu histoire de rester hors de portée, et, à une dizaine de mètres, s'arrêta et se retourna. « Croyez je vous prie à ma sincère désolation de devoir abréger cette conversation fort plaisante, mais je ne voudrais pas que l'on s'aperçut de mon absence. Au plaisir de vous revoir !!! » Puis elle leur fit un geste d'adieu de la main.

Elle arriva au campement peu de temps avant le changement de garde, Lyluth sur ses pieds. Elle prit le temps de récupérer son souffle, puis réveilla Radagast et s'endormit d'un coup, comme en sursaut…

Le lendemain matin, ils reprirent la route comme si de rien était, la ponette chargée d'eau, Radagast marchant et montant tour a tour, et Liraïs courant de-ci de-là. Elle crut voir à un moment de l'herbe courte, comme si des chevaux y avaient brouté. Les gourdes se vidaient, et Liraïs commençait à s'inquiéter, tandis que Radagast s'éloignait puis revenait au trot, comme cherchant quelque chose. Puis il sourit et incurva légèrement la marche vers le Nord. Quelques minutes plus tard, Liraïs apercevait un bouquet d'arbres. Au milieu d'eux, dans une cuvette naturelle devant former un étang durant la saison humide, un puits. Quand Liraïs le vit, elle s'y précipita, fit boire les chevaux et Lyluth, puis, alors qu'elle s'apprêtait à y tremper ses lèvres, stoppa tout mouvement… Elle sentait une présence derrière elle. Un rire grave se fit entendre, et elle se détendit, souriante et ravie. C'était …

- Gandalf !!! Que fais tu là , s'exclama-t-elle en se jetant dans ses bras.

- Disons que je vous attendais. Sais tu que tu a grandi ???

Ils commencèrent alors à parler de tout et de rien, surtout de rien. Leurs idées avait trois temps d'avance sur leurs paroles, ce qui donnait un dialogue assez bizarre passant du coq à l'âne toutes les secondes ou presque. Liraïs apprit ainsi que Gandalf avait fini sa dernière mission, et qu'il avait donc choisi d'aller à la montagne de Rhûn mais qu'il s'était arrêté là hier en voyant leur feu. Gandalf, lui prit connaissance de ce que Liraïs avait fait depuis la dernière fois. Durant cet après midi de marche, Radagast dut se sentir seul…

Un soir, alors que Liraïs perçait l'horizon des yeux, elle aperçut ce qu'elle attendait depuis l'arrivée dans la plaine. Elle n'eut pas trop de difficulté à obtenir mine de rien d'assurer le premier quart avec Elidé. Cette dernière fut surprise du sérieux du regard de son amie durant cette soirée. Elle laissa l'humour de côté, pour une fois, pour observer cette fille qu'elle croyait connaître, et qui se voilait peu à peu de mystère à ses yeux. Quand la compagnie se coucha, Liraïs s'installa affalée contre la selle, rejetant les couvertures malgré la fraîcheur, un sourire béat flottant sur ses lèvres avec la légèreté de la brise atténuée par les feuillages. Elle restait là, contemplant les feuillages de ses yeux grands ouverts, ne cillant jamais. On aurait put la croire morte si sa main droite ne caressait pas la fourrure chatoyante de Lyluth, elle aussi aux aguets. Ce spectacle monotone dura les trois quarts de leur tour de garde, quand enfin le sourire s'affirma et que Liraïs, clignant enfin et passant la langue sur ses lèvres desséchées se redressa avant de dire, d'un ton moqueur :

"Eh bien, valeureux chasseur de la forêt, t'en fais un raffut…"

Elidé ne comprit pas immédiatement, et sursauta carrément lorsque une dague se posa délicatement sur la gorge de son amie.

"- Sache, la nouvelle, que Moi tu ne m'avais pas entendu, c'était Epervier.

- Cafteur, répondit ce dernier sortant d'un buisson à à peine deux pas de Liraïs.

- Vous avez fait bien des progrès en un an, répondit l'apprentie lorsque l'acier se retira. Mais je t'avais bel et bien entendu toi une première fois, Renard, tu as parlé si je ne m'abuse ?

- Très chère, tu n'es pas censée t'attribuer les perceptions de ton animal.

- Mais réfléchissez deux secondes, ce n'est pas parce que je suis la seule à avoir un tel lien dans vos connaissances que je suis la seule tout court. Radagast arrive à converser avec les aigles, et je pense également avec d'autres oiseaux. Saroumane aussi.

- Mf. Ils ne sont pas là…

- Je ne voulais que vous aider. Donc ?

- Excuse, répondit Epervier, prenant pour la deuxième fois la parole, donc on est à environ deux jours de marche plein Sud. Alors prié d'arrêter d'aller sud ouest.

- Avec plaisir, comptez sur moi.

- Pour ce faire il y aura demain matin un semblant de nuage vers l'ouest que vous devrez contourner.

- Enregistré, prêt à être exécuté.

- Bon, à plus tard."

Et comme deux ombres, les messagers des Rakays disparurent, laissant Liraïs dans un état d'hébétude heureuse, et Elidé dans un état de parfaite incompréhension. Il fallut le reste du quart de garde à Liraïs pour lui expliquer sommairement qui ils étaient.

"- Qui était-ce ? demanda Elidé

- Renard et Epervier, des Rakays. Cette bande dont je t'ai déjà parlé.

- Ils sont toujours aussi discrets et mystérieux ?

- Je crois oui. Le mystère fait partie d'eux comme l'obscurité fait partie de la nuit.

- Je sais pas pourquoi Liraïs, mais plus tu me parles d'eux moins je réussis à les comprendre. Tu dis une fois qu'il sont clairs comme le jour, le lendemain tu les compares à la nuit.

- Je ne saurais comment mieux te les décrire."

Cela faisait depuis que les deux filles s'était raprochées que Liraïs tentait d'inqulquer à son amie une image des Racailles. Mais plus elle y pensait, plus elle réalisait que cela était impossible. Pour définir les Racailles, un seul nom convenait : les Rakays. Unique. C'était une idée bien trop subtile pour pouvoir se réduire en simples mots. Qu'importe, son amie comprendrait en les rencontrant.

Le lendemain matin, en effet, des troubles troublaient le paysage vers l'ouest, et la compagnie continua donc plein sud. Et le soir venu, apercevant des feux, il fut décidé de continuer dans cette direction.

Et le surlendemain soir, ils arrivèrent. Et à peine quelques heures plus tard, les deux filles étaient introuvables.

Courant pieds nus dans le soir, avec comme seule lumière celle fantomatique de la lune et des étoiles, l'herbe leur fouettant les mollets, du vent plein la tête emportant leurs idées dans un tourbillon incessant, neuf silhouettes s'éloignaient. Liraïs se sentait dans son élément. Et son idée à elle lui affirmait que c'était ici sa famille. Elle se mit a comparer la séparation à ce clan comme la séparation avec sa Pierre. C'était la même chose. Elle avait apprit durant l'été que se séparer de sa pierre pouvait en certaines circonstances être utile, et elle comprenait maintenant pourquoi. Chacun de nous est formé d'un noyau, et forme son entité par-dessus. L'entité de Liraïs, son être, était avec les Rakays et sa Pierre. L'entité a besoin de grandir en même temps que la personne pour sa maturité, il faut des attaches. Une attache se définit par la force qu'elle amène. Elle est partagée, s'appuie sur le dialogue, et sur le partage de force. Ce n'est pas un courant à sens unique, pas une chose qui se consume. Une force naît du lien, et se distribue équitablement. Personne n'est déficitaire, chacun est gagnant. Nous pouvons en rajouter, mais si nous les perdons cela fera un vide, une diminution, des fois trop difficile à surmonter. Les pertes d'éléments de son être entraînent des vides parfois insurmontables. Mais parallèlement, c'est le noyau qui détermine à lui seul la valeur réelle intérieure. Lorsque nous sommes réduits à notre seul noyau, c'est en nous même que nous devons puiser des forces. Nous ne sommes vraiment noyau quand il ne s'agit que d'un éloignement physique. Cela entraîne juste une baisse de l'échange, rien de plus. Une force continue à venir. Même la mort ne détruit pas entièrement ce lien pour le survivant, la force viendra du souvenir. Mais un demi-tour, une opposition des idées ou tout autre différent venant sur un lien, le casse. Le détruit.

Ainsi la séparation avec sa Pierre ou l'éloignement de l'une de ses attaches était en fait une sorte d'entraînement.

Puis le vent tourna, emmenant les idées vers des chemins plus verts, et plus concrets. Chacun racontant son année, puis lorsque la lune fut à son zénith ils réalisèrent ne pas avoir mangé, une cueillette s'organisa, et quand enfin ils revinrent vers le camp, alors que les premières lueurs de l'aurore s'annonçaient, ils savaient qu'ils essayeraient de passer tout l'hiver en Gondor, permettant ainsi à l'apprentie magicienne de se documenter tel que le désirait Gandalf, et aux autres de faire de même, cela peut toujours être utile.

Et tous se passa ainsi. Les moissons finirent, et la troupe des deux pays accompagnée de Gandalf, son élève et l'amie de cette dernière allèrent en Gondor, tandis que les deux tourtereaux royaux, Lampe et Pyrite, allèrent plus vers l'ouest accompagnés de leur suite.

L'hiver se passa, plus confortablement que le dernier, et tout aussi instructif. Mais malheureusement pas dans le sens souhaité par Gandalf. Malheureusement ?

A l'arrivée à la cité blanche, ou plutôt aux abords de la cité blanche, la troupe des deux pays s'installait dans un village à une petite demi heure d'équitation, Liraïs obtint de Gandalf d'avoir la journée libre. Le lendemain par contre, il lui montrerait la bibliothèque et les archives les plus intéressantes, et s'en irait ensuite pour redonner de ses nouvelles vers le printemps. Cette formulation avait étonné l'élève, car elle sous-entendait qu'il ne reviendrait peut-être pas, et habituellement, Gandalf sait toujours où il va et approximativement combien de temps cela prendra. Mais ce qu'elle avait appris avec ses amis, c'était de ne pas s'en faire pour le lendemain, la philosophie du temps présent, et que seul le présent vaut la peine d'être vécu, et que si nous pensons présentement au présent de demain, cela réduit l'instant présent à demain et réduit le présent de demain au passé. Bref, ne pas jouer avec le temps, ni à le prévoir ni à le comprendre, c'est un complexe trop subtil pour les mortels.

Elle profita donc du présent de sa journée libre. Guidée par les autres membres, connaissant approximativement les lieux, et surtout par Ourson et Serpent, les connaissant comme leurs poches, elle visita la ville. La forteresse, avec la petite porte donnant sur les cuisines, mais aussi les meilleurs auberges pour s'asseoir dans un coin et écouter un résumé ultras condensé de tous les ragots en une petite dizaine de minutes, et où si l'on restait un quart d'heure nous pouvions connaître l'avis majoritaire et une dizaine d'avis minoritaire sur chaque sujet. Lyluth mettait également ce temps à profit pour découvrir la majorité des réserves de charcuterie de la ville et suivait le conseil de Liraïs : ne jamais trop prendre à un endroit pour ne pas se faire repérer.

Le lendemain après la demi heure nécessaire pour se rendre à la cité, Gandalf la conduit aux manuscrits. Et, après que le maître se fut éclipsé, huit ombres sortirent de derrière une étagère. Serpent était épatante, elle savait toujours comment accéder à n'importe quelle salle. Le première journée se passa bel et bien à lire les meilleurs documents. Les premiers, ceux narrant de façon succinte mais complète l'Histoire de la Terre du Milieu. Il y eut ensuite un travail de géographie que tous neuf fournirent, aidés souvent par Epervier, qui il est vrai avait beaucoup voyagé avec son père rôdeur. Après avoir appris ceci, les documents furent oubliés par Liraïs, et la fin de la deuxième journée, qui aurait dû être de documentation, se passa dans l'écurie d'une auberge, parlant de chaque famille.

Ainsi, la mère d'Epervier, le premier à parler, était Gondorienne, son père un rôdeur, qui d'ailleurs avait intégré la troupe bien plus tard, en la rencontrant en Ithilien. Dans le même voyage, ils avaient rencontré la magicienne argentée, qui avait eut tôt fait de s'intégrer et d'avoir une place importante. Le rôdeur continuait à être souvent absent, mais restait presque les deux tiers du temps.

Serpent était totalement gondorienne, et avait passé son enfance à la cité même avant d'intégrer la troupe.

Ourson était dans le même cas, ayant peut être passé un peu moins de temps initialement à la cité mais y étant retourné plus souvent.

Renard avait un père Gondorien et une mère Rohanaise. Son père faisait partie de la troupe des deux pays guerrière, et sa mère de celle du théâtre. L'union des deux troupes avait également été leur union.

Chamois, Rohanaise était sa cousine, puisque son père était le frère de la mère de Renard. Sa mère à elle avait intégré le groupe plus tard.

Hérisson, particulièrement fier, était l'union du premier voyage chez les Nains, fils du seul couple comportant un Nain.

Quand Taupe pris la parole, des sourires romantiques apparurent. Avant la sécheresse ayant poussé à la création de la troupe des deux pays, un prince elfique traversait le Rohan, quand, tournant la tête, il vit la plus belle chose au monde, la mère de Taupe, une Rohanaise en robe sale, le visage éclabousser de boue, une fourche de fumier sur l'épaule. Totalement amoureux, il renonça à son voyage puis au bout de quelque mois à son immortalité. Il était resté, avait souffert avec les hommes de la faim au moment de la famine, et avait singulièrement aidé à monter cette troupe de théâtre et de chant.

Ils passèrent le reste de l'hiver à des jeux plus ou moins puérils. Dès le lendemain, ils commencèrent des entraînements/délires, complètement inutiles. Renard les réveilla à l'aube a l'aide d'une trompette et de seaux, et démarra aussitôt puisqu'il avait songé a se jucher sur un cheval au préalable. Son départ n'aurait pas été trop regretté si il n'avait songer a également emporter la ration du petit déjeuner. Ce fut donc après une heure de course qu'ils purent manger, sous le sourire sarcastique du valeureux chasseur de la forêt et l'oeil scrutateur de Serpent. Hérisson soufflait laborieusement, Taupe reprenait son souffle allongé les yeux fermés, Chamois envoyait des mottes de terre au bourreau, Ourson s'étouffait dans son lait, et Epervier trucidait du regard son meilleur ami. Après ce copieux repas, partagé dans une bonne ambiance et entente cordiale, l'entrainement au lancer commenca, lorsque Renard fit une remarque désobligeante sur le temps que prenait Epervier à manger, celui-ci décida que le contenu de son bol serait, tout bien pensé, plus a sa place sur la chemise d'un ami que dans son estomac. Plusieurs ustensiles et autres ingrédients suivirent vite le chemin, afin de se libérer d'un surplus de vêxation/énervement des ex-victimes futurs agresseurs. L'ex-agresseur future victime, lui, prit rapidement la fuite à cheval, couvert de honte et de nourriturre vers la cité blanche. Vu qu'il était le seul à pouvoir chevaucher, puisqu'il était le seul à disposer d'une monture, il arriva plus rapidement et moins fatigué que ses poursuivants, et en profita pour disparaître dans la cité, laissant sa monture et sa chemise crasseuse à l'entrée, la petite de droite.

"Qu'à cela ne tienne !!! s'exclama Serpent. Nous allons l'embusquer !!!"

Et aussitôt, elle se mit à réfléchir avec Ourson de plans d'attaque. Vu l'étendue de la ville, il était impossible de faire une battue organisée sans que la cible leur glisse entre les mains. Il fut décidé qu'Ourson et Hérisson resteraient sur deux places de sorte qu'on puisse les joindre facilement, et surtout de sorte qu'on puisse y "pousser" Renard. Taupe s'occuperait de la ville haute, d'où il aurait un bon point de vue pour surveiller les villes basses et les sorties. Epervier s'occuperait de l'allée centrale, chargé de la bonne circulation des messages. Serpent, Chamois, Elidée et Liraïs devraient essayer de le débusquer dans les ruelles. De cette façon, ils arriveraient bien à le débusquer… Lyluth, courant sur les toits, retrouva à un moment sa trace, mais la reperdit aussitôt.

Liraïs fit équipe avec Serpent, dans le quartier droit de la ville. Leur technique était de toujours courir sans logique de direction apparente et le plus discrètement possible, afin d'explorer toutes les rues. Serpent n'était peut être pas très endurante, mais rapide comme la foudre, assez à l'opposé de Liraïs, ce qui leur permettait d'être très complémentaires et performantes de concert. Serpent, pour une fois, se lâchait. Liraïs ne reconnaissait pas la jeune fille rangée, soigneuse et sérieuse habituelle, et elle remarqua avec un sourire les mèches décoiffées aparaissant dans la chevelure de son amie. Après le sérieux lors de l'élaboration du plan de bataille, elle teintait maintenant son sérieux de toute la gaminerie qu'il est possible. Le don de Serpent, pensa Liraïs, c'est qu'elle est toujours sérieuse. Soit sérieuse et attentive, soit sérieuse et gamine. Pas comme moi qui ne peut pas coupler les deux. Etre gamine, pas de problème, mais les deux en même temps… Cela vient peut-être du fait que je ne suis pas être sérieuse du tout…

Mais le temps passa sans qu'elles ne vissent rien, et leurs alliés non plus. Ils arrêtèrent les recherches le midi, et ramassèrent un déjeuner. Il s'agit bien de ramasser. Deux personnes entraient dans une auberge, mine de rien, discrets comme seul un enfant peut l'être ; et à l'instant où l'un des consommateurs quitte son siège pour aller payer, soustrayaient mine de rien le contenu de son assiette et s'éclipsaient discrètement. La première tentative fut peu glorieuse (une miche de pain ramenée par Ourson et Epervier) et les autres ne permirent d'améliorer ce frugal repas que d'un saucisson. Après leur repas, alors qu'ils s'apprêtaient à se relever des ballots de paille qu'ils occupaient, un invité surprise arriva, avec un pot de fruits confits. Il fut donc décidé a l'unanimité que ce présent effaçait tout, et que Renard serait immédiatement excusé dès qu'il aurait partagé…

Ils passèrent l'après midi restant à un passe temps guère utile mais distrayant, consistant a faire deux équipes, et à essayer d'envahir la ville discrètement. Une équipe formée de Renard, Chamois, Ourson et Liraïs commencerait dans la ville haute, et Epervier, Taupe, Hérisson, Serpent et Elidée commencerait par la ville basse. Le but était de prendre le plus possible de position, sachant que l'équipe gagnante aurait l'honneur d'avoir le repas de l'équipe perdante le soir venu, et que rien n'empêchait de trahir sa propre équipe…Chaque équipe possédait 7 bouts de tissu de même couleur pour marquer chacune des 7 portes. Des règles si simples ne pouvaient que rendre le jeu charmant.

En dégustant sa double portion, qu'elle partageait avec la boule de poils ronronnante, Liraïs ne put s'empêcher de penser que cela valait bien mieux que d'étudier d'obscurs manuscrits… et cette idée ne fut pas balayée quand ce fut son tour, le lendemain, de se passer de repas. L'action vaut mieux que lecture barbante… Cela dit, même l'action ne les empêcha pas de retourner régulièrement aux archives, afin d'assouvir leur curiosité sur tel et tel sujet. Mais là encore, le fait d'être plusieur leur accélérait la tâche, puisque les recherches étaient plus rapides, et qu'il se trouvait toujours une personne pour retenir plus rapidement. Il ne servait donc à rien que tous apprennent tout par coeur. Serpent montrait une faculté à se souvenir précisément de l'Histoire, Taupe pouvait retenir n'importe quelle citation, Epervier mémorisait comme personne les différentes cartes, et Renard mettait tous ces éléments en relation les uns avec les autres. Liraïs appréciait surtout de mettre le passé en parallèle avec le présent, et si possible avec l'avenir. Les quatre autres prenaient moins de plaisir a déchiffrer ces archives, mais écoutaient les résumés avec toute l'attention du monde, posant de multiples questions, et permettant aux cinq autres de se rendre compte à quel point il était difficile d'expliquer certaines relations complexes.

Toutes ces informations amenaient Liraïs à penser que le temps est prédéfini, mais que la moindre petite chose peut changer son cours. Elle se demandait ce qu'elle pourrait, elle, faire pour changer le cours du temps. Actuellement, rien. A part peut-être continuer à grandir, à mûrir, à se développer autant physiquement qu'intellectuellement. Et elle comprit aussi que le temps n'est pas une ressource de l'Homme, comme on le pense souvent, comme le prouve l'expression "tu disposes de combien de temps ?"... Mais plutôt que le temps dispose de l'Homme. Il gère ta naissance sans te le demander, et puis, un jour, ta mort. L'Homme n'a point de port, le temps n'a point de rive. Il coule, et nous passons.

Et le printemps arriva. Puis un pigeon noir (que Lyluth regarda en bavant d'envie), avec un parchemin…

Liraïs.

Je suis vraiment désolé, mais je ne repasserais pas de si tôt. Je suis au monts de fer, et Balin à encore besoin de moi .

J'éspère que tu te portes bien et que tu fus un minimum studieuse. Je sais que tu aurais voulu me voir, aussi repasserai-je le plus vite possible. Tu auras de mes nouvelles d'ici quelques semaines.

Gandalf

Dans l'absolu, c'était plutôt une bonne nouvelle. En effet, l'hiver passé a Minas Tirith et les informations plus détaillées de la géographie lui procuraient un immense besoin d'évasion, et tant qu'à faire, qu'aucun adulte pompant ne se rajoute servait très bien l'affaire… La troupe des deux pays repartirait dans deux jours, mais certains Gondoriens restaient là. Il ne restait donc que deux jours pour mener à bien la mission suivante : persuader la troupe qui partait que les enfants resteraient ici, et persuader les autres que non, ils partaient avec la troupe.

La mission fut menée à bien.

La veille du départ, le fait de se faire voir par ceux qui restaient en train d'empaqueter leurs affaires, tout en se débrouillant pour que tous les autres voient toujours les affaires étalées bien décidées à rester fut particulièrement difficile, mais la joyeuse bande, habituée à toutes sortes de mises en scène, surmonta l'épreuve.

Ce soir, Liraïs proposa de se rendre a Mirkwood, car elle voyait dans ce voyage non chaperonné l'occasion inespérée d'honorer l'invitation de Legolas. Ce voyage permettant d'aller dans une partie de monde peut visitée, il fut accueillit a l'unanimité, également par Lyluth qui semblait penser que la vie dans un palais elfique pourrait être des plus confortables.

Le lendemain soir, Liraïs passa un long moment à regarder les braises du feu, songeant, une main dorlotant inconsciemment Lyluth. Voyager en telle compagnie semblait agréable, et bien plus rapide. Elidé, encore peu habituée a l'équitation, était rapidement fourbue, mais sa jeunesse lui fournissait la volonté de continuer. Le mode de vie des plaines ne lui était pas habituel, mais elle s'accoutumait vite et montrait une étonnante vigueur. Liraïs sourit en songeant que la rapide compréhension et le rire toujours sous-jacent de son amie lui avait valu d'être aussitôt adoptée par les talentueux Racailles. A côté d'elle, Serpent et Chamois dormaient l'une contre l'autre pour plus de chaleur. Elles étaient assez contradictoires. Serpent toujours calme, posée, frisant parfois le froid, Chamois vive et joyeuse de nature, mais restant très sensible au autres. De l'autre côté du feu, les gars dormaient de façon bien moins ordonnée. Ourson, étendu de tout son long transversalement profitait de la chaleur de tous car leur servait d'oreiller. Toujours serviable, surtout quand il pouvait en tirer quelque profit. Sa force tranquille et pacifique lui donnait une certaine autorité, il était rare qu'il s'oppose à la décision de la majorité du groupe, mais en cas de litige il le résolvait souvent d'un simple mot. Epervier, tel un dieu, sommeillait droit, les chevilles croisées dépassant de sa cape, les mains jointes sur son ventre et sur le manche de son couteau. Pourquoi, mais pourquoi diantre était il si charismatique ? Avec sa tranquille assurance, son sourire moqueur mais charmeur, il se croyait souvent leader du groupe, ne comprenant pas toujours que les Racailes n'avaient pas de chef. Commander était chez lui une seconde peau, le rendant parfois pédant. Taupe, en chien de fusil, les main posé sous la tête. Etait ce un rayon de lune qui le faisait rayonner ainsi ? Rayonner, oui, c'est ce qu'il savait le mieux faire. Rayonner de joie, de paix, mais aussi de noir secret… Hérisson dormait en boule informe, se confortant en son animal qui lui correspondait également de caractère. Des fois fouineur, une fierté très mal placée le rendant fort irritable , lançant des piques avec un savoir inexplicable chez un être qui savait se montrer si doux si l'on savait le comprendre et si on réussissait l'exploit de ne pas l'offusquer. Renard disparaissait sous les couvertures. Avant tout un grand savant du langage, il prenait plaisir à toute discussion, savait défendre toutes thèses et leurs contraires alliant toutes les beautés du langage dans un humour adorable, accentué encore par son accent légèrement dépassé. Mais ses labyrinthes de mots servaient autant à dévoiler qu'à voiler. Les mots, le moyen d'expression le plus direct, mais également le plus fourbe et le moins complet. Derrière ce flot de paroles continu se cachait une réserve permanente et une certaine forme de solitude.

Perdu dans ses pensées, contemplant le feu, elle se perdit bientôt dans le feu, contemplant ses pensées, puis se perdit simplement, se contemplant soi-même. L'osmose complète régnait, les étoiles semblaient lumineuses, et il lui semblait qu'en tendant simplement la main, elle arriverait à saisir chaque rêve des dormeurs, qu'en levant la tête elle pourrait effleurer les pensées des animaux nocturnes, de cette chouette balayant le ciel, et de ce lapin qui, elle en était sure, dormait a une centaine de mètres dans son terrier. Quelque chose clochait, il y avait dans cette nuit un élément qui n'aurait pas dû y être. Ou plutôt qu'elle n'aurait pas dû voir. Comme embrumée, elle passa les éléments en revue, les silhouettes endormies, le vent, les senteurs de l'herbe, la lumière du feu, et puis elle, sa main sur ce chat ronronnant, tout semblait normal. Elle remarqua que sa cape glissait de son épaule gauche, et réalisa alors avec horreur ce qui clochait : elle se voyait de dos, séparée de tout corps. Dans un sursaut de surprise et d'incompréhension, elle se retrouva alors face au feux, faisant un retour brutal a la réalité. Avec douceur, elle retire sa main de la fourrure de l'animal endormie, contemplant sa main, son corps. Que venait-il de se passer ? En se sursaut de compréhension, elle venait de perdre l'osmose qu'elle connaissait un instant avant. L'entité qui avant semblait si unie se décomposait en corps endormis dont elle ne pouvait sentir la chaleur a distance, le lapin avait disparu, et même le prédateur nocturne, voilant la lune, la fit sursauter. Cette expérience était différente de tout ce qu'elle avait vécu, mais elle le rapprochait assez facilement de ce fleuve de magie que déjà précédemment elle avait ressenti. Prudemment, elle essaya de tendre son esprit pour sonder la magie, mais elle ne faisait que tendre ses sens pour sonder la nuit. Quelque chose lui échappait. Comment la magie pouvait l'engloutir à certains moments, pour après devenir imperceptible ? La réponse était simple, et lui avait été donnée par la magicienne argentée il y a une demi année : le mana. A chaque fois qu'elle en avait fait l'expérience, elle était particulièrement détendue, fatiguée, mais jamais concentrée. Elle se concentra donc à ne pas être concentrée. Son tour de garde passa sans qu'elle ne s'en rendit compte, et elle ne réveilla pas Epervier qui devait lui succéder. Au bout d'un certain temps, elle comprit qu'elle s'y prenait mal, et épuisée par sa longue veille de réflexion, elle s'assoupit.

Elle ne dormit pas. Alors qu'elle croyait glisser dans le sommeil, elle se sentit glisser dans la magie. Elle fut d'abord consciente de son propre corps, du coeur battant, du sang coulant en ses veines. Puis cette conscience s'étendit au chat, comme si d'un coup sa main passait en travers de l'animal. Consciente du feu, de chaque flamme, de la chaleur des pierres, elle comprit chaque corps l'entourant, vivant ou minéral. Chaque animal, le lapin, ainsi que sa portée à peine consciente, les criquets endormis. Plus cette conscience s'étendait plus elle se mélangeait dans les précédentes, devenant indéfinissable. Seule la conscience du chat, ronronnant au rythme de ses pensées : "feu ; caresses ; feu ; caresses"… Elle crut entrevoir un brin du songe d'Epervier, domptant un cheval sauvage à force de persévérance, bien plus loin de là, une présence endormie au milieu de toutes celles qui s'étendaient attira son attention, mais à peine tournait-elle son esprit vers elle qu'elle s'estompait. Un esprit sauvage qu'elle avait déjà rencontré l'effleura, la reconnut et sut qu'elle était là, puis, timidement, demanda si elle avait encore du pain elfique. Liraïs reconnut Belarha. Elle effleura un autre esprit qui lui semblait également familier, il commença par se dérober, puis sembla rugir de peur et de rage. Liraïs se sentit expulsée, arrachée au monde qu'elle découvrait, propulsée sauvagement sur l'herbe. Radagast hurla dans sa tête de ne jamais refaire cela, et lui assigna quelque baffes psychologiques avant de se retirer, la laissant suffocante sur le sol. Lyluth lui lécha aimablement la main, mais tandis que Liraïs la reposait sur sa fourrure pour partager avec elle l'expérience reçue, elle eut l'impression de recevoir un coup assigné par Radagast, et se rendit compte que l'ouverture qu'elle partageait depuis le début lui était soudain ôtée. La nuit parut bien plus noire et menaçante, Liraïs tendit l'oreille, mais ne reconnut plus chacun des bruits qu'elle entendait. Elle s'étendit, les yeux ouverts.

Radagast, une fois de plus, l'avait empêchée de se perdre dans cette magie. La puissance de ce magicien émerveillait la jeune fille. Où qu'il soit, il pouvait agir en puissance dessus, alors même qu'il ne s'était jamais entraîné. Liraïs doutait même que malgré son don il y fasse autre chose que d'en sortir brutalement les noyés. Elle se sentait observée, mais savait que Radagast ne la lâcherait pas tout de suite, afin de vérifier qu'elle ne repartirait pas. Elle savait aussi qu'elle ne pourrait pas dormir sans vouloir y retourner, aussi finit-elle la nuit éveillée, montant la garde. Renard fut le premier à se réveiller, tout surpris que personne ne l'aie réveillé en cours de route pour son tour de garde, et, voyant Liraïs allongée, le regardant se lever sans même réagir, entreprit de cuisiner une nourriture énergétique et à lui en faire avaler le plus possible. Aimable, il ne posait pas de question sur ce qui l'avait poussée à faire une nuit blanche, se contentant d'être là pour le cas où quelque chose n'irait pas et qu'elle aurait voulu en parler, et lorsqu'à leur tour les autres émergèrent, il évita adroitement toute question et se débrouilla pour que tout se passa comme d'habitude. A midi, ce fut au tour d'Ourson de faire la cuisine et d'en servir double dose à Liraïs comme si de rien n'était. Il est vrai que Renard et Ourson montraient une parfaite unité et complémentarité dès que quelqu'un semblait ne pas être au meilleur de sa force, aussi tous deux secondaient mine de rien et tour à tour l'apprenti magicienne, qui c'est vrai se sentait au plus mal, plus par contre coup de ses excursions magiques nocturnes que pour sa nuit blanche. Et le soir venu, alors que chacun s'apprêtait à dormir pendant que Liraïs prendrait le premier tour comme toujours, Renard resta éveillé et lui fit signe qu'il s'en chargeait. Infiniment reconnaissante, Liraïs plongea aussitôt dans un sommeil sans magie, sans même avoir le temps de remercier son sauveur.

Pourtant en pleine nuit, durant le quart d'Epervier, celui-ci émit un sec claquement de langue qui les réveilla tous, montra au loin un point que personnes ne distinguait, la vue encore troublée par le sommeil. Soudain, il bondit sur son cheval et fit tournoyer sa corde. La vue de Liraïs s'accoutumant, elle reconnu Belarha, et vit avec horreur la corde passer autour de son coup et le noeud coulant se serrer. Epervier eut un rugissement de plaisir qui s'estompa tandis que l'étonnement du manque de réactions s'installait, chez lui comme chez tous ceux qu'il avait réveillé. Il éperonna d'un coup sec sa monture et commença à tendre la corde tout en chargeant la magnifique jument. Celle-ci attendit qu'il ne fut plus qu'à une dizaine de mètres, et s'élança sur lui au galop. Loin de perdre contenance, il resserra encore la corde et chacun devina qu'il s'apprêtait à profiter du rapprochement des deux destriers pour changer de monture. Mais il n'y eut pas de rapprochement. Belarha bondit au dessus du cavalier avec une aisance déconcertante compte tenu de la hauteur de l'obstacle, et à la réception continua au galop. Epervier, désarçonné par le saut, restait accroché à la corde et commença à se hisser à la force des bras, ignorant le raclement de l'herbe sur son visage. Mais la jument s'arrêta. Et pour la 1er fois, Epervier ne sut comment réagir. Il se redressa sur ses jambes d'un bond souple sans lâcher la corde, et Belarha repartit au galop, le traînant à nouveau dans la poussière. Chose étonnante, elle ne s'éloignait pas du campement, mais tournait autour avec sa disgracieuse laisse. Mais le noeud se serrait, Epervier ne lâchait prise, infligeant à la corde une traction qui finirait par étouffer la jument. Ou tout au moins à l'obliger à ralentir puis à s'arrêter. Soudain, elle fit volte face, et, sans laisser le temps a son adversaire de se redresser, fut sur lui. Se cabrant majestueusement et retombant lourdement sur Epervier, chacun retint son souffle alors que Epervier poussait un rauque et bref hurlement et que Belarha s'en allait, traînant uniquement sa corde. Epervier se redressa, se tenant le bras droit contre le corps, et revient au campement ou il fut félicité pour son entreprise ratée, mais qui aurait pu réussir si cette jument n'avait été que vive de corps, mais pas également d'esprit. Elle s'était laissé tomber uniquement sur son avant bras, lui rompant l'os.

"- Faudra te montrer plus doux, la prochaine fois que tu voudras l'approcher. Cette jument ne se laisse pas dompter contre son gré, avança Liraïs.

- Je ne pense pas m'être débrouillé si mal que ça. J'ai confiance en mes noeuds, je peux t'assurer qu'il ne se desserra pas, la pauvre bête de pourra pas reprendre son souffle et suffoquera quand je la retrouverai. Mais je pense qu'avant il faudrait diminuer cette fracture, dit-il en montrant son bras.

- Je m'en occupe" répondit-elle.

Serpent alla chercher des branches droites tandis que Chamois courait trouver de l'argile potable. En arrachant une grimace de douleur à Epervier, Liraïs sourit sadiquement en son fort intérieur, songeant que les feuilles de Radagast qu'elle gardait précieusement pourraient adoucir la douleur. Il est vrai que les plantes prenaient un peu de temps à agir, mais c'est surtout le plaisir de venger ainsi la jument qui la poussait à retarder le moment où elle lui donnerait cette plante, bien qu'elle soit la plus douce possible. Elle cherchait à comprendre dans quel sens était l'os, quand tout absorbée à sa tache, elle redécouvrit cette conscience. Cette fois, elle continua à se concentrer sur sa tâche plutôt que de s'y perdre, et utilisant le flux magique pour mieux sentir l'os, elle réussit à le remettre exactement. La fracture était droite et nette, sans la moindre complication. Avec l'aide d'Ourson, elle lui installa l'atèle de bois et de tissus, puis déposa l'argile dessus pour maintenir le tout serré et droit. Renard, plein de bonnes idées, vérifia le travail et jugea qu'un coup de torche aiderait la terre à sécher. Bien que la peau autour de l'atèle devint plus rouge que prévu, cela fonctionna. Et la joyeuse bande s'en alla en pleine nuit à la recherche de la jument.

Par prémonition, Liraïs chercha plein Ouest. Et elle la trouva rapidement, en effet essoufflée , mais pas encore suffocante. L'ingénieux animal avait entrepris d'user la corde en se frottant l'encolure contre un arbre rugueux. En voyant Liraïs arriver, elle se redressa prête à s'enfuir, mais Liraïs descendis de sa monture et s'approcha lentement, les mains vides. La jument se calma, et attendit. Liraïs s'attaqua au noeud, le desserra, puis lui ôta du cou. La jument s'éloigna d'un pas, mais sans plus. Elle était légèrement entaillée et tressaillit lorsque Liraïs vérifia la blessure, et y passa un léger coup d'eau. La jeune fille entreprit de finir d'user la corde, à l'aide de son couteau, puis le laissa choir au pied de l'arbre pendant que la jument se désaltérait à une flaque toute proche, elle s'approcha, lui léguant quelques caresses et un lembas, que la jument accepta avec gratitude avant de repartir d'un galop souple et aérien. Au même instant, Renard arrivait. Il eut un moment de silence, laissant à Liraïs le temps de remonter sur sa monture, puis d'une voie claire s'écria "Ici !!! Du nouveau !"

Son cris fut reprit par-ci par-là, et chacun arriva.

"En effet, ton nœud semble avoir tenu le coup Epervier, dit -il alors que ce dernier descendait et ramassait la corde, mais la prochaine fois, fait également attention à tes cordes !!!

En guise de réponse, Epervier murmura dans les éclats de rire : c'était une bête merveilleuse."

Là, Liraïs ne pouvait qu'aquiescer.

La journée se passa de façon monotone sous un soleil implacable, et chacun était fatigué de sa nuit écourtée. Epervier somnolait plus que les autres sous l'effet de la dose de plante légèrement trop élevée que Liraïs lui avait administrée par mégarde. La nuit fut accueillie par tous avec la plus grande joie, et Liraïs s'éloigna dès le premier tour de garde avec du lembas. Comme elle s'y attendait, Belarha était encore là. Et le voyage continua ainsi, entre grande chevauchée chant et délire le jour, et lente avancée pour gagner la confiance de la jument la nuit. Mais, au sortir de Rohan, ses efforts furent récompensés, car la jument continua à suivre, s'aventurant par amitié pour Liraïs en terrain inconnu.

L'avancée vers Mirkwood dura, ce fut l'été. Ils commençaient à manquer d'eau. Un matin, chacun, Liraïs y compris, eut la surprise de voir Belarha pâturer en compagnie des autres montures. Renard, qui était de dernier quart, s'était abstenu de réveiller quiconque, et s'arrangea pour que personne n'effarouche la bête. Durant le repas, il prit la parole.

"Je ne sais pas si comme moi vous vous souvenez des paroles que prononça Liraïs. Epervier revenait de son essai de la dompter, mais moi, ça m'a mis la puce à l'oreille, elle semblait déjà la connaître. En la voyant ensuite l'aider à se libérer, j'ai compris que j'avais raison, et résolut de voir comment elle mènerait l'affaire.

Je ne me nomme pas Renard pour rien, et chaque soir je pouvais entendre le sons de ses foulées venir à Liraïs, pour passer un court instant ensemble.

On a devant nous les résultats exceptionnels de tant de patience, puisque la jument a décidé de se joindre à nos montures. Je ne doute pas qu'elle acceptera de se joindre à nous si on la respecte, puisque elle peut nous être autant utile qu'on peut lui être."

En effet, la jument devint le fidèle destrier de Liraïs, et accepta même, à titre exceptionnel, de se laisser chevaucher par Epervier. Liraïs fut soulagée de remarquer que celui-ci ne lui gardait aucunement rancune. Par la suite, elle s'en voulut d'avoir été si mesquine avec ses plantes, mais après tout… Il n'en gardait aucune marque et s''était déjà remusclé…

Arrivée à la frontière de Mirkwood cependant, Belarha ne continua pas. Et après une brève entrée dans la forêt, il parut évident que les chevaux ne pouvaient suivre. Il les laissèrent donc libre avant de s'enfoncer dans l'étrange forêt. Très vite, les sentiers leur parurent monotones, et inconscients, ils s'enfoncèrent dans la broussaille. La première journée se passa plaisamment. Ils se dirigeaient assez facilement, retrouvant le nord à la couche de mousse sur les arbres. Mais le second fut plus difficile. La forêt était si dense que pour connaître la direction, Liraïs grimpait aux arbres pour apercevoir le soleil. Mais il était terriblement facile de tourner en rond dans cette forêt… Le troisième bivouac ne se passa pas du tout comme prévu. Au cours de la nuit, ils subirent une attaque de deux araignées géantes. Ce fut Renard qui réveilla Liraïs et Taupe, les jetant dans un fourré, où ils purent voir le reste de leur troupe se faire saucissonner dans des toiles d'araignée particulièrement épaisses et gluantes, et se faire amener de la sorte. Les talents elfique de Taupe leur permirent de ne pas perdre leur trace, et ils arrivèrent à un grand chêne où les corps de leurs six amis gigotaient, attachés à l'arbre dans leur toile d'araignée.

"- Je pourrais casser les fils avec mes flèches, dit Taupe, mais après il faudrait réussir à s'enfuir, en espérant qu'ils soient en état de courir après la chute…

- Elles ne sont pas très habiles au sol, continua Renard, seul, je pourrais aisément leur échapper, mais en groupe, on se bousculerait.

- Je pense pouvoir me débrouiller un minimum dans les arbres pour ma part, finit Liraïs."

Renard se prépara donc à faire diversion, et Liraïs à aller chercher les drôles de fruits pendant que Taupe les réceptionnerait et les entraînerait hors de danger.

Renard s'élança dans les buissons et recoins en bombardant les deux viles créatures de gravier. Dès qu'elle détournèrent le regard Liraïs bondit dans les arbres, et de branche en branche se retrouva rapidement sur celle où pendaient ses amis. Discrètement, elle les informait tous un à un d'ou les attendait Taupe en sectionnant de son couteau la prison en filet. Mais lorsque Hérisson, en atterrissant, étouffa un hoquet, les araignées se détournèrent de leur vaine poursuite. Tranchant encore les liens de la dernière proie, Epervier, Liraïs ne prit le temps de le prévenir, mais par chance il réussit son atterrissage et rejoint prestement Renard. Mais Liraïs n'avait pas d'issue. Misant alors sur sa légèreté par rapport à la masse de ses poursuivants, elle s'engagea sur les branches les plus fines dans une course effrénée. Ce n'est qu'au matin que les araignées abandonnèrent, et que vers midi que la troupe finit de retrouver tous ses membres.

"Hé ben, t'es plus agile qu'un écureuil, tu savais ?" s'exclama Renard durant le repas. Et chacun releva la tête, la regardant avec un sourire étrange… La journée touchait à sa fin lorsqu'ils tombèrent sur le sentier, et résolurent de ne pas le quitter. Deux jours plus tard, ils arrivèrent chez les elfes. Legolas fut enchanté de la revoir, bien que fort étonné qu'elle ne soit pas accompagnée d'adultes.

"- C'est que, voyez vous, j'étais censée retrouver mon mentor ici, mais heureuse de venir, me voilà en avance.

-En effet, Gandalf nous avait prévenu qu'il désirait passer l'hiver ici, mais je ne soupçonnais pas que vous deviez également venir." Liraïs ravala sa langue et offrit son plus beau sourire…

Repoussant loin de son esprit les tourments que créait la perspective de voir prochainement Gandalf alors qu'elle n'aurait pas dû être là, Liraïs s'efforça de prendre plaisir au séjour. Cela fut simple. Au contraire des Elfes Noldor ou de ceux de la maison d'Elrond, les Sindar ont un mode de vie bien plus simple, et sont bien moins encombrés de manières et de rangs. Très vite, quelques heures à peine, ils gagnèrent le respect de toutes les Rakays. Ils furent introduits simplement, Legolas se contenta de leur attribuer lui même deux salles mitoyennes et confortables dans la citadelle de pierre, et les enjoignit à occuper leur temps jusqu'au dîner comme bon leur semblerait. Ils visitèrent donc rapidement les salles principales, et furent rattrapés par le repas quand ils arrivaient dans la grande salle, abondamment fournie en cheminées, tentures, tapis et longues tables en bois brut dispersés sans ordre particulier. Elidée apercevant stupéfaite les deux tourtereaux royaux les rejoignit, heureuse de retrouver des membres de son peuple. L'on aurait pu croire qu'une salle de cette taille au plus profond de la roche serait froide et résonnante, mais elle était au contraire chaleureuse, et les multiples tentures aux couleurs vives donnaient à l'acoustique un timbre admirable. Assez impressionnés, les jeunes gens s'assirent au bout d'une table, tandis que les belles gens se posaient aux alentours. Certains leur souhaitèrent la bienvenue, d'autres ne remarquèrent pas les nouveaux venus, mais chacun paraissait trouver normal que des étrangers se trouvent là. Une jeune elfe aux magnifiques cheveux blonds ondulant gracieusement le long de tout son corps, ressemblant sur sa véritable cape bleue à des rayons de soleil, s'approcha et les apostropha, s'asseyant à leur tablée.

"- Bonjour et bienvenue dans le royaume des elfes Sindar, ici, dans la glorieuse forêt de Mirkwood !!!

- Merci de cet accueil, répondit Taupe de sa voie profonde. L'étrangère lui répondit d'un sourire radieux

- Nous ne nous imaginions pas Mirkwood ainsi, commenta Renard

- Et comment vous l'imaginiez vous? Une forêt, c'est une forêt !

- Certes, mais… tout est relatif… répondit-il

- Et il est indéniable que les abords de celle-ci semblaient assez... continua Liraïs

- Menaçants, conclut Epervier

- Pourtant, enchaîna Serpent, arrivé en son centre, chez les elfes, tout semble beau

- Certes, répondit l'étincelante blonde, on va dire que ce n'est pas toujours bien fréquenté mais on est assez raffinés pour faire le ménage nous.

-Le fait est que nous n'avons jamais douté des dons inexplicables des elfes.

- Et qu'une fois de plus ils nous éblouissent par leur savoir. Taupe servit un sourire plaisantin pour accompagner ses paroles flatteuses.

- Hum... Vous êtes bien flatteur mon cher, serait-ce pour vous attirer nos bonnes grâces ?

- Je pense, intervint Renard, que c'est plutôt une manière détournée et astucieuse de se lancer des fleurs devant nous.

- N'oublions pas, renchérit Chamois, pétillante, qu'il appartient de moitié à votre peuple !

Taupe, fier, montra ses oreilles pointues avec un sourire charmeur et gêné.

- Vous m'impressionnez

- Lui ? Impressionnant ?!? s'exclama Epervier

- Qu'a bien pu pousser vos pas jusqu'ici ?

- La question n'a pas de réponse, répondit Renard. Mais…

- Nous venions visiter le prince de céans… prononça dans le même temps Liraïs.

- Legolas, finirent-ils après l'instant de silence qui avait suivit leur affirmation contradictoire.

- Et vous même ? questionna Serpent

- J'hésiterais également à vous qualifier d'elfe Sindar, appuya Taupe

- Je viens avec mes cousins de Lòrien visiter certains de leur cousins.

- Vous ne semblez pas non plus Noldor, pourtant, avança Liraïs

- J'appartiens en effet à la maison d'Elrond."

La conversation dura encore sur ce ton durant le repas. La jeune elfe semblait heureuse de pouvoir se soustraire à la conversation d'adultes, et les nouveaux venus étaient enchantés de profiter de sa compagnie. A la fin de ce repas, pris par tous les convives dans un joyeux brouhaha où invités et hôtes se côtoyaient sans aucun grade ni gêne, Legolas et divers Elfes ramenèrent des instruments tandis que d'autres libéraient un grand cercle sur le milieu de la salle. Les yeux verts pétillants de Legolas cherchèrent alors Liraïs, et quand ils l'eurent trouvé, l'invitèrent à se pourvoir d'une lyre. Elle ne se fit prier. Ensemble, rejoints par la suite par un choeur de voix d'Elfes, ils entonnèrent.

Au milieu de la grande salle
Consultant quelque manuscrit
Antique et sans doute hors de prix
L'homme a le visage bien pâle

Sa soupe est froide à ses côtés
Et ses yeux perdus dans les runes
N'ont pas vu la chope de brune
Que le patron a déposée

Il a connu la gloire et la misère
L'une après l'autre il les a dédaignées
Toujours il marche couvert de poussière
A la recherche d'un monde oublié

Au comptoir de la grande salle
La serveuse rêve éveillée
Qui est-il ce triste étranger
Aux yeux clairs et au manteau sale ?

Elle sert des hommes du coin
Mais sa tête est pleine de rêves
Dans lesquels l'étranger l'enlève
Dans la vie il n'en sera rien

Il a connu la gloire et la misère
L'une après l'autre il les a dédaignées
Toujours il marche couvert de poussière
A la recherche d'un monde oublié

Dans un coin de la grande salle
Tout de noir encapuchonné
Quelqu'un d'autre épie l'étranger
L'issue pourrait être fatale

Il écoute le moindre mot
Il surveille le moindre geste
Résigné, sa tâche est funeste
Mais cet homme en sait déjà trop

Il a connu la gloire et la misère
L'une après l'autre il les a dédaignées
Toujours il marche couvert de poussière
A la recherche d'un monde oublié

Au milieu de la grande salle
L'érudit vient de s'écrouler
D'un poignard son flanc est percé
Et son sang coule entre les dalles

Pélerin tu étais trop près
Je mets fin à ton long voyage
Car des miens dans ce nouvel âge
Je dois protéger le secret

Il a connu la gloire et la misère
L'une après l'autre il les a dédaignées
Pour mieux courir après une chimère
Et son histoire vient de s'achever

D'autres chants suivirent. L'hydromel fut apporté. Plus tard Elidée revint leur annoncer qu'elle comptait repartir dans les montagnes, qu'elle reviendrait certainement, le départ serait le lendemain. Bien plus tard encore dans la soirée, le groupe de jeunes arrivants fut invité à leur partager un chant typiquement humain. Les Rakays hésitèrent un instant, et Renard entonna :

Je viens d 'un tout petit village

si pourri qu 'il n 'a pas de nom

J 'ai échappé à un pillage

caché au milieu des cochons

Couvert de lisier,sentant la mort,

dignement je me suis relevé

Et je suis parti vers le Nord

bien décidé à oublier

J 'avais à peine marché deux heures,

j 'entendis les tambours de guerre

Soudain alarmé je pris peur,

j 'étais vraiment dans la galère

De chaque côté deux armées

épées et boucliers levés

Commençaient les hostilités

et moi j 'étais dans la mêlée

Je ne suis pas un magicien

J 'ai jamais tué de dragon

Si j 'en suis là c 'est le destin

Qui m 'a vraiment pris pour un con

Blessé à l 'oreille et tremblant

seul survivant il fut soigné

Le roi vraiment reconnaissant

fit de lui un preux chevalier

A deux mains levant son épée

pour lui jurer fidélité

Par le poids il fut emporté

et la tête du roi a tranchée

Je m 'imaginais balançant

sous le gibet sur la grand ' place

Mais j 'avais occis un tyran

et l 'on me fit roi à sa place

Bien au-delà de mes frontières

on chantait partout mes exploits

Si bien que mes autres confrères

étaient à mort jaloux de moi

Il n 'était pas un magicien

N 'a jamais tué de dragon

Si l 'en est là c 'est le destin

Qui l 'a vraiment pris pour un con

Bien décidé à en finir

avec ce terrible cauchemar

Je convoquai tous les monarques

pour leur dire que j 'en avais marre

Attablé autour d 'un repas

j 'abordai l 'histoire des cochons

Les rois qui se foutaient de moi

rirent et s 'étouffèrent pour de bon

Mais qu 'ai-je donc fait au destin

pour qu 'il s 'acharne ainsi sur moi

Son rêve c 'était d 'être bon à rien

pas chevalier encore moins roi

J 'aurais voulu être paysan

et puis épouser une belle blonde

Mais c 'est plus possible maintenant

qu 'il est devenu maître du monde

Que je suis devenu maître du monde

Qu 'il est devenu maître du monde

Il n 'était pas un magicien

N 'a jamais tué de dragon

S 'il en est là c 'est le destin

Qui l 'a vraiment pris pour un con

Grâce aux généreuses portions d'hydromel et à l'ambiance se dispersant, la chanson fut accueillie favorablement. Cette veillée dura tard dans la nuit, mais les Rakays se retirèrent vers minuit, après le célèbre :

Viens donc viens n'aies pas peur

Car il faut bien que ce soit d'bon cœur

Dès que le vent soufle

Et que la pluie tombe, ils nous faut partir,

plus vite que des ombres

Comme j'aime entendre le son de la pluie

Comme j'aime regarder la colline sans bruit

Mais mieux encore que ces éléments

C'est une pinte d'hydromel accueillant !

Mais alors que Liraïs fermait les paupières au bord du sommeil, Chamois frôla son visage. "Silence, et suis nous." murmura Serpent, se tenant à ses côtés. Liraïs obtempéra, se demandant pourquoi tant de secrets. Elles allèrent dans une clairière légèrement reculée, où un feu et les garçons les attendaient. Le silence était complet. Liraïs s'apprêta à parler, mais Serpent la fit taire. Puis, tous en même temps, ils plongèrent leurs mains dans leur chemise et en sortirent des cordons de cuir ou semblait attaché un pendentif. Grâce à la lueur du feu, Liraïs put voir qu'ils étaient en bois, et représentait pour chacun l'animal par lequel on l'appelait. Elle crut comprendre que ces gens qu'elle appréciaient tant ne s'étaient jamais entièrement divulgués, et qu'elle allait enfin comprendre d'où venait l'Unité. Elle s'assit parmi eux. Devait-elle prendre la parole, devait-elle attendre ? Une sorte d'impatience teintée d'incompréhension et d'appréhension la saisit. Elle avait l'impression qu'elle allait vivre cette nuit une deuxième initiation. Elle ne se trompait pas, mais celle-ci serait d'un autre genre. Toute fatigue l'avait quittée, elle brûlait de continuer, elle brûlait de vivre. Taupe commença, et sa voix résonnait de façon plus profonde que d'habitude.

"En fait, comme tu l'as certainement remarqué, chacun de nous est extrêmement attaché à chacun du groupe, et travaillions à l'unité parfaite.

- Cette attachement, continua Renard, vient en partie du fait que chacun ici est très redevable de chacun. Chaque membre à contribué à sauver un ou plusieurs autres. Quand on rentre dans l'état d'esprit de tout risquer pour quelqu'un, c'est qu'on a atteint un certain degré d'unité. Cette unité, elle est symbolisée par ces cordons autour de nos cous.

- L'unité que nous cherchons à avoir, compléta Epervier, est semblable à celle de la nature, aussi avons nous cherché à chacun des noms d'animaux.

- Au début nous songions aussi aux minéraux et arbres, mais il se trouvait que cela rendait la chose bien trop complexe, et que nous ne savions comment réagir avec des végétaux. J'aurais dû m'appeler Chêne. Ca me faisait une belle jambe." Cette dernière phrase acheva de détruire l'ambiance mystique que la voix merveilleuse de Taupe avait créé d'emblée.

"En plus de cette unité, nous cherchons également à, justement, se rapprocher de ce que nous appelons "la philosophie des animaux" car, sache-le, les animaux ont une philosophie propre dont la base est toujours la même : Ne dois rien à personne ; vis ta vie comme tu l'entends ; la tienne, pas celle de ton voisin ; profite d'aujourd'hui sans détruire demain… Bref.

- Je crois que j'ai saisi

- T'es plus douée que je ne le croyais ! s'exclama Epervier. Suis nous ! »

La nuit fut encore plus joyeuse que la veillée, courant a travers les bois, observant de multiples animaux, observant la nature, chantant :

Hakuna Matata,
Mais quelle phrase magnifique !
Hakuna Matata,
Quel chant fantastique

Ces mots signifient
Que tu vivras ta vie,
Sans aucun souci,
Philosophie

Ou bien encore :

Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux

Il faut se satisfaire du nécessaire
Un peu d'eau fraîche et de verdure
Que nous prodigue la nature
Quelques rayons de miel et de soleil.

Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux

Chassez de votre esprit …

tous vos soucis
Prenez la vie du bon côté
Riez, sautez, dansez, chantez

Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux

tout est si vite résolu
Lorsque l'on se passe
Des choses superflues

Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux

Liraïs découvrit le monde comme elle ne l'avait jamais vu. Plus simple, plus beau. Un peu avant l'aube, à nouveau autour du feu, Epervier reprit la parole :

"Je crois que tu as eu une vision d'ensemble de ce que nous sommes, veux-tu te joindre a nous ?

- Oui, je le veux

Ils entonnèrent alors le dernier chant, semblant s'inscrire dans une logique :

Nous avons tant de choses à voir
Pour franchir la frontière du savoir,
Recueillir l'héritage
Qui vient du fond des âges,

Dans l'harmonie de toute la nature.

Epervier lui passa alors au cou une cordelette de cuir, brun foncé, puis Renard y attacha un écureuil sculpté dans du bois.

" Bienvenus parmi Nous, Ecureuil " dit-il simplement, alors que les premiers rayons de soleil frappaient les rameaux verts au-dessus de leur tête en un merveilleux alliage de brun et d'or.

En harmonie avec ce soleil naissant, Liraïs renaissait, nouvellement baptisée. Liraïs hier soir, Ecureuil ce matin. Au fil des journées qui suivirent, son pendentif, symbole de cette renaissance, prit peu à peu une place aussi importante dans son équilibre intérieur que sa Pierre. Ce petit morceau de bois recelait une autre magie que celle qu'elle connaissait jusque là, celle des Rakays. Elle comprit enfin d'où provenait cette unité.

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Et voilà ! J'espère que vous avez apprécié :) Il ne vous reste plus qu'à reviewer !