N/T: Voici donc - après une longue attente - le dernier chapitre de cette histoire. Merci à tous ceux qui ont suivi ma traduction jusqu'au bout. Et un merci particulier ä Blacky qui s'est chargée de sa relecture.

Chapitre 19 : Débuts

« Le passé est une créature bien étrange à regarder dans les yeux. » - Emily Dickinson

Ron et Hermione étaient dans un état de totale incrédulité. Incrédulité que n'arrangeait pas un manque perpétuel de communication. En ce qui les concernait, les mesures prises par Dumbledore avaient consisté en leur retour à l'infirmerie. Pour finir, Madame Pomfrey les avait relâchés plusieurs heures plus tard, prenant garde de les tenir à distance de Harry jusqu'à ce que celui-ci soit rétabli. Depuis, ni l'un ni l'autre n'avait échangé un seul mot.

Qu'y avait-il à dire, franchement ? Ils n'avaient toujours aucune idée de ce qu'il s'était passé. Ron s'en voulait d'avoir fait rater le sort de pistage et Hermione d'avoir suivi et probablement menacé toute l'entreprise. En tout cas, ils n'avaient certainement pas aidé les choses. De l'avis de Severus Snape, ils avaient même donné du fil à retordre à leur « côté ».

« Je préférerais presque », s'exclama soudain Ron, « qu'on ait été tout de suite renvoyés. »

Hermione leva vers lui des yeux inquiets. « Quoi ? »

« Au moins, ce serait quelque chose », finit-il en jouant avec le lacet défait de sa chaussure. « J'en ai marre de ne rien savoir. On ne sait JAMAIS rien. On les a sauvés. Tu sais qu'on les a sauvés. »

Silence. Au fond d'elle-même, Hermione était presque d'accord avec lui. Ils n'étaient effectivement jamais mis au courant de rien et en avaient plus qu'assez.

« Tu pense qu'il taira l'affaire ? »

« Qui ? »

« Dumbledore. »

« Il ne tait pas les choses ; il –«

« - tait les choses ! Honnêtement, Hermione, on s'est battu contre un groupe de Mangemorts. Je crois qu'on peut supporter de savoir où était Harry. »

Hermione se tordait les mains. « Oui, mais Dumbledore fait toujours les choses pour le mieux. »

« C'est ce qu'il croit, oui. »

Ils se turent à nouveau, pour ce qu'il leur sembla durer des heures, peut-être plus. Ce n'est que lorsque Ron remarqua que Hermione pleurait qu'il s'adoucit. Avec difficultés.

« Je déteste cette situation. »

La chambre commune des Gryffondors avait beau être éclairée par le soleil de l'après-midi, elle leur faisait l'effet d'une prison. Sans nouvelles de Harry ni aucune idée de ce qu'il se tramait à l'extérieur, c'était encore pire.

Après avoir observé Hermione pleurer silencieusement près de la fenêtre pendant dix minutes, Ron vint s'asseoir sur le bras de sa chaise et lui tapota maladroitement le dos. Cette fois, une heure ou deux passèrent réellement. Hermione s'endormit, la tête appuyée contre les côtes de Ron, qui n'appréciait que modérément sa position mais ne voulait pas la réveiller. Du moins pas avant que le portrait s'ouvre et que, chapeau et barbe les premiers, Dumbledore pénètre dans la pièce.

« M. Weasley – ah, je ne voudrais pas réveiller Mlle Granger. »

« Non, c'est bon », répondit précipitamment Ron en secouant Hermione.

« Réveille-toi, Hermione ! Dumbledore est là ! »

« Mmm quoi ? », marmonna celle-ci, les sourcils froncés tandis qu'elle reprenait conscience. Puis elle reconnut Dumbledore. « Oh ! »

Ron profita de l'occasion pour sauter de la chaise (la partie inférieure de son individu était à présent aussi endormie que l'était Hermione auparavant) et prendre place dans un des fauteuils les plus confortables près du feu. Hermione le rejoignit.

« Vous vous demandez sans doute tous deux ce qui est arrivé à Harry », commença Dumbledore en s'asseyant face de Ron. Les deux adolescents devaient avouer que leur Directeur n'avait pas vraiment l'air à sa place.

« Oui, Professeur », acquiescèrent-ils calmement.

« Je crois que le suspense que je vous infligeais a suffisamment duré. » Hermione et Ron remarquèrent soudain que ses yeux bleus avaient retrouvé leur éclat.

« Grâce en grande partie à l'immense courage dont vous avez fait preuve face aux dangers, vous avez très probablement offert à votre ami sa première véritable chance de survie depuis sa disparition. » Il leva la main comme Ron faisait mine de l'interrompre.

« Toute bonne histoire nécessite une introduction », déclara-t-il doucement. « Mais je vais en venir aux faits. Harry, semblerait-il, a vécu cette dernière année sous l'identité du fils adoptif d'une famille américaine moldue. »

Ron et Hermione échangèrent un regard. « Mais – comment est-il arrivé en Amérique ? »

« Chaque chose en son temps, M. Weasley. » Ron commençait à sérieusement détester cette phrase.

« La coupe, ou plutôt le portauloin, l'aurait emmené à l'endroit même où vous vous êtes retrouvés ce fameux soir. Ses parents adoptifs l'y attendaient déjà. Bien sûr – M. Weasley, j'y viendrai en temps voulu – ils n'étaient pas de vrais Moldus et n'avaient pas pour volonté d'assurer sa sécurité. Apparemment, les Lestrange auraient depuis tout ce temps vécu comme des Moldus, aussi loin de moi que possible, s'assurant de l'obéissance de Harry au moyen de sorts d'oubliette. Jusqu'à très récemment, il n'avait donc aucune idée de sa véritable personnalité. »

« Nom de – « La colère de Ron était manifeste.

« S'il vous plaît, Professeur, puis-je vous poser une question ? », osa Hermione.

« Vous êtes la mieux placée pour le faire. »

« Comment saviez-vous où le chercher ? Je veux dire, après tout ce temps, comment – ? »

« Parce qu'ils sont manifestement revenus en Angleterre dès l'instant où nous avons abandonné nos recherches. »

« Pas très intelligent », renifla Ron.

« Peut-être que non, mais ils n'étaient pas loin de réussir à réaliser leurs plans. »

Hermione et Ron fixaient Dumbledore avec avidité. Tous deux étaient pâles et Hermione semblait au bord de l'évanouissement.

« A savoir remettre Harry aux mains de Voldemort. »

Hermione poussa un petit cri. Ron semblait furieux. « Mais il n'est même pas réellement vivant ! »

« Ce qui est précisément la raison pour laquelle ils voulaient lui remettre Harry. Afin qu'il puisse retrouver une forme physique et se débarrasser du fardeau que Harry représente. »

La lèvre inférieure tremblante, Hermione renifla. « Est-ce qu'il a retrouvé la mémoire ? »

« En grande partie, oui. Il sait qui il est, connaît les noms des personnes qui lui sont proches, il se rappelle de tout jusqu'au Tournoi des Trois Sorciers. Après cela, il dit que ses souvenirs sont épars. »

« Est-ce que… euh… est-ce que Lucius Malfoy est vraiment mort ? », demanda timidement Ron après un petit silence.

« Oui, oui, il l'est. Comme la plupart des autres Mangemorts appartenant, malheureusement, au cercle intime de Voldemort. »

« Alors Harry est bien moins en danger qu'avant, n'est-ce pas ? »

Les yeux de Dumbledore scintillèrent. « Je crois qu'il est raisonnable de dire que vous avez raison. Voldemort plane toujours quelque part loin d'ici, mais personne ne va tout risquer pour venir à son aide dans l'immédiat. C'est ce qu'ils ont fait il y a deux jours – regardez le résultat. »


Pour ceux qui le connaissaient, Remus Lupin était un homme chanceux. Peut-être pas dans le sens habituel du terme, peut-être pas dans le sens où quiconque autre que les personnes proches de lui ne voudraient jamais l'être, mais il avait la chance d'être un survivant. Cet homme, faible à première vue, avait subi – et surmonté - plus d'épreuves physiques et mentales que n'importe qui. Ce qui signifie que, une fois de plus, il avait survécu.

Etendu dans un lit proche de celui de Harry à l'infirmerie, il avait déjà bien meilleure mine maintenant que ses fractures les plus graves s'étaient résorbées. Sirius avait réussi à convaincre les Médicomages de le laisser retourner à Poudlard dès qu'il aurait retrouvé la force suffisante pour se faire. Bien que personne ne s'accorde sur ce point, ils l'avaient, en l'absence de tout danger immédiat, laissé être transféré le jour suivant.

Sirius n'avait pas quitté Harry depuis son retour de Sainte Mangouste, où il avait accompagné un Remus inconscient. A présent, il était en train de lire des blagues – douteuses – d'un livre sorcier qu'il s'était procuré dans un magasin de farces et attrapes. Harry peinait à dissimuler ce qu'il se passait dans la pièce à une Madame Pomfrey qui n'aurait certainement pas apprécié ce genre de plaisanteries.

Remus répétait que cela lui faisait mal de rire et, appuyé contre une pile de coussins volés par Sirius aux autres lits, tentait d'ignorer son ami en se consacrant à une lecture moins vulgaire – un roman dont la couverture laissait toutefois échapper des volutes de fumée.

A environ une heure et demie de l'après-midi, les portes de l'infirmerie s'ouvrirent à tout volée et deux paires de pieds se précipitèrent le long de l'étroite allée séparant les lits de chaque côté de la pièce.

« HARRY ! »

C'était Hermione, flanquée de Ron. Elle se jeta sur lui, manquant de peu Sirius, et Ron courut de l'autre côté du lit, hésitant un moment avant de rejoindre l'embrassade. Cela faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas revu leur ami qu'Hermione, en pleurs (« Oh, Harry, tu nous as tellement manqué ! ») pouvait à peine croire qu'il était de retour.

Mais c'était vrai. Certes, Harry n'était peut-être pas encore tout à fait au clair. Il savait qu'Hedwige l'avait retrouvé. Il savait qu'il avait été ramené aux Lestrange. Qu'il avait tout oublié (ce pour quoi il se sentait toujours terriblement coupable). Dumbledore lui avait parlé des événements ayant suivi sa disparition et il lui avait fourni les quelques détails dont il se rappelait. Les noms de ses amis, les noms de ses soi-disant parents. Dumbledore avait semblé très amusé que Harry ait reçu le nom de jeune fille de sa mère et tout aussi impressionné que son nom n'ait pas été entièrement modifié.

Le plus dur à trouver, songeait-il, est toujours le plus facile à situer.

Mais rien de tout cela n'avait plus d'importance. Hermione était assise à ses pieds au bout du lit, l'air scandalisée. Ron avait pris place sur une chaise et s'esclaffait à chacune des blagues que Sirius continuait de lire. Et Pomfrey leur criait de se calmer. Bref, tout semblait être rentré dans l'ordre.

FIN