Auteur : Mel-Imoen
Titre : Le début après la fin ou l'histoire de Narcisse
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas (hélas ! *rires
*) pas plus que le mythe de Narcisse, dont je me sert ici en version un peu
adaptée à cette histoire…
Pairing : Harry Potter/Draco Malefoy (et vice versa)
Rating : R, soit un lemon a venir à un moment où à un autre.
Notes : Cette fic est écrite dans un style plus sombre que Une nouvelle ère, et je suis consciente que ce premier chapitre peut parfois paraître longuet, avec des descriptions parfois larges et autres…j'en suis désolée, le prochain ne sera pas aussi mélancolique du fait qu'il ne sera pas aussi statique…je m'explique, ce chapitre est comme une grande introduction, c'est ici que les choses commencent : tout à la fin le prochain sera déjà plus riche en faits, donc il n'y aura plus de grandes descriptions d'atmosphère. J'espères ne pas vous décevoir, n'hésitez pas à me donner vos impressions quelles qu'elles soient !
Je dédie spécialement cette fic à Pau et à Florelia.
Merci pour votre attention, bonne lecture.
- - - - - - - - - - - - - - Le début après la fin
Fut un temps, dans la Grèce antique, alors que les dieux planaient dans le ciel, attentifs aux déboires de hommes fut un temps, il y a bien longtemps….
Alors que la foi des hommes était forte, alors qu'ils étaient encore passionnés et honnêtes, fut un temps, il y a bien longtemps…
Parmi les hommes vivait un adolescent, une créature venue des cieux, la beauté lumineuse des anges était entrée dans son être. Des cheveux blonds, si pâle qu'on les eu dit taillés dans les rayons du soleil des yeux si bleus que les nymphes des eaux et lacs le soupçonnaient d'avoir volé leur magie intemporelle…
Fut un temps, il y a bien longtemps, sur la terre des hommes se trouvait le plus beau des mortels. On dit qu'Aphrodite elle-même daigna descendre des cieux pour l'observer. On dit que le soleil était timide devant lui, et que Zéphyr le coléreux se taisait sur son passage.
Sur la terre des hommes, Narcisse avait vu le jour. La peau pâle et les yeux immenses, ces yeux qui tournèrent au gris du moment où sa propre image le hanta, le conduisant à sa perte…
Les hommes racontent, le soir en chuchotant, qu'il y a fort longtemps, celui qui était destiné à ne jamais aimer mourut, pour l'amour de lui…
- - - - - - - - -
Il tourna le dos au château et regarda vers l'horizon. Là-bas sur le grand lac, le soleil se couchait, timide, et renvoyait des rayons brûlants qui ricochaient sur ses cheveux blond pâle. Le vent jouait une douce mélodie et il sentit une vague chaude ébouriffer doucement ses mèches légères. Il leva son regard vers le ciel, bleu, rouge, rose, doré.
« Draco ! »
La jeune fille s'avança vers lui, les cheveux rabattus devant les yeux par le vent.
Il se retourna légèrement et lui offrit son regard gris paisible, le soleil faisait cœur derrière sa silhouette fine. Elle s'arrêta.
« Un ange.. » pensa-t-elle.
Il se détourna de nouveau et darda de nouveaux ses yeux gris sur l'horizon. Elle s'avança à ses côtés et risqua un œil sur son visage.
Impassible. Une sorte de feu sourd et rouge brillait dans ses yeux, du fait des reflets du soleil couchant. Sa peau pâle paraissait d'avantage blanche, translucide presque, ses cheveux blonds volaient légèrement autour de son visage fin, féminin. Il eut une légère moue qui leva ses lèvres rouges et pleines et daigna lui accorder un regard.
« Pansy. »
Elle s'agita, paressant sortir de sa précédent torpeur et rougit légèrement, avant de réprimer son écart de comportement.
« Je venais te dire…que tout le monde est près, le dîner va être servit bientôt… »
Il eut un soupir ennuyé, il n'avait pas faim. Mais sa cours exigeait la présence du prince des serpentard.
« Je viens. »
Elle hocha la tête et se recula, pour aller l'attendre à proximité.
Il se tourna à nouveau vers l'horizon pour se perdre un instant de plus dans sa contemplation muette.
« Il est magnifique…et il ne t'aime pas. » pensa-t-elle amèrement.
Aimait-il seulement quelqu'un ? Le prince des serpentard, au cœur imprenable et froid, qui ne semblait se soucier de personne d'autre que de sa propre personne…le monde tournait à sa propre vitesse, Draco marchait au milieu du chaos ambiant, semblant suivre sa propre trajectoire.
Un reflet de soleil ricocha sur la bague qu'il portait à la main gauche, l'emblème du serpent s'y enlaçait, argenté, narguant. Il passa une main dans ses cheveux, puis se retourna enfin.
« Allons-y. »
Elle hocha la tête et le suivit silencieusement. Devant elle, le blond avançait, de sa démarche royale, presque féline, les hanches fines, sa cape flottant derrière lui. Il avait l'allure d'un prince. Et la séduction d'un serpent. Elle jugea favorable de détourner les yeux.
Le vent semblait être calme, ouvrit ses bras sur leur passage, ils traversèrent les jardins verdoyants, les peupliers, les marronniers aux ombres calmes, la pelouse bruissait légèrement sous leur pas. Les grillons froissaient leurs ailes d'un chant enivrant et doux.
Ils passèrent la porte en pierre dure et haute, puis le serpentard s'engouffra en premier dans la grande salle. Les bougies étaient allumées, dehors, la nuit tombait doucement, telle une plume dans la chaleur de l'été, vacillante.
Le silence se fit un instant dans la grande salle, comme pour saluer le dragon aux yeux gris. Il s'avança, Pansy sur les talons et pris place entre elle et Zabini, une place réservée, semblait-il.
Plus loin, à la table des Gryffondors, le survivant leva les yeux et rencontra un regard gris, acier, dur, froid, et insondable, une éternité de rancœur, une lame de poignard…
« Harry ! »
La voix semblait venir de loin et pourtant être
proche..
« Harry ! » s'impatienta la jeune fille aux yeux chocolat.
« Réveilles toi ! »
Il cligna des yeux et détacha son regard de la table des serpentards, remarquant que depuis un moment sûrement déjà, il fixait le vide total, le dos de son adversaire.
« T'es complètement dans le pâté dernièrement Harry… » remarqua le rouquin à sa gauche, en se servant une bonne ration de pommes de terre bouillies.
« Tu est complètement ailleurs. » Renchérit plus élégamment Hermione, qui enleva la cuillère des mains du jeune rouquin qui menaçait de finir le plat.
« Oh…peut-être bien… » fut la réponse évasive qui sortit de la gorge du survivant. Il jeta un œil indifférent à son plat rempli et appuya son menton sur le dos de sa main. Peu lui importait…ici bas le monde était en fusion…Voldemort avait été vaincu. Un peu trop facilement, peut-être. Le lord noir avait rendu l'âme, et la vie était redevenue le long fleuve tranquille qu'elle n'avait jamais été.
Il soupira.
Oh bien sur, lui avait eu son quart d'heure de gloire, d'ordre de merlin et fans…il avait eu ses honneurs, un peu de vie et de remerciements…et puis tout était retombé dans la morne indifférence. Il avait accomplit ce pourquoi il était né, alors pourquoi continuer de vivre ?
Pourquoi continuer de supporter un rouage qui n'attendait plus rien de lui ?
Il soupira de nouveau et se rendit compte que ses deux amis le fixaient avec un air inquiet plaqué sur le visage. Il se força à sourire et pris sa fourchette pour piquer à contre cœur une patate rougie de sauce.
Tout avait changé. Tout n'était pas blanc, tout n'était pas noir… c'était difficile, d'être un humain.
En valait-ce vraiment la peine ? Il fallait croire que c'était ce dont se contentait la plupart…Et la plupart s'en tirait bien. La vie continuait d'avancer, et lui se laissait emporter par le courant, priant vaguement, un goût amer dans la bouche, pour que celui-ci le submerge et que tout s'arrête enfin.
« Harry ! »
Il releva les yeux. La brunette fixait son assiette avec horreur. Il baissa le regard et s'aperçu qu'il avait réduit son ragoût en une bouillie informe. Il eut une grimace et écarta son assiette pour saisir un morceau de pain, tout ce rouge lui soulevait le cœur.
Le survivant détourna les yeux, le plafond étoilé semblait s'agiter sans jamais avoir d'arrêt, il aperçu une étoile filante et eut un sourire amer.
Je souhaite trouver un sens à ma vie, même si c'est dans la mort.
La vie est sale, sous ces étoiles… Il ferma les yeux et se laissa bercer par une mélodie inexistante, un chant de serpent qui résonnait entre ses tempes.
Un bruit mat le fit revenir à la réalité. Il ouvrit les yeux. Il aperçu le plafond de nouveau. Puis regarda autour de lui. Il venait de s'étaler en arrière de tout son long sur le banc. La grande salle resta un instant silencieuse puis pouffa discrètement de rire. Harry eu un léger sourire. Il devait être parfaitement ridicule. Il s'en fichait pas mal. Il ferma les yeux de nouveau il aurait bien dormi, là, sur le banc, entre Ron interloqué et Hermione soucieuse, à deux pas de son ennemi juré, de l'agent double, quadruple, centuple qu'avait été Draco Malefoy durant la guerre…
La guerre. Il fronça les sourcils et tenta de chasser les images grises, noires, rouges, le carnage qui défilait devant ses yeux…combien d'innocents…combien de gens n'avait-il pas pu sauver…pourquoi tuer des civils ? Parce que c'est la guerre…
Une larme silencieuse roula le long de sa joue et se perdit dans ses cheveux ébouriffés.
Un courant d'air froid passa sur sa peau et il entre ouvrit les yeux. Une cape noire, un bas de cape noire, un pantalon noir…il se redressa à moitié et cligna des yeux. Devant lui se tenait Draco Malefoy. Le serpentard blond dardait sur lui des yeux gris emplis d'une expression d'orage électrique, il le regardait de haut en bas. Harry eu un léger frisson, il se sentait inférieur, à l'ombre, et il ne comprenait pas.
Le serpent tourna les talons après un dernier regard muet et passa la porte de grande salle en sens inverse, suivit de près par ses acolytes, Pansy Parkinson, que la guerre avait rendue muette et humble, Crabbe et Goyle, une lueur triste dans leurs yeux passifs.
Harry se laissa retomber en arrière, un bras appuyé sur le front. Non, il ne comprenait pas. Un courant chaud étrange lui passa dans les tripes, comme un trop plein de magie. Malefoy… Malefoy qui à la fin de la guerre était apparu dans le bureau de Dumbledore, sous la cagoule noire du mangemort. Malefoy qui avait relevé son regard fier et gris devant le sourire du vieillard.
« Voici notre agent double…c'était de lui que venaient les informations qui te permettaient d'agir… »
Le survivant avait pivoté sur sa chaise et l'avait toisé, interloqué. Malefoy les avait aidé, ainsi soit-il…Il doutait encore. N'avait-il pas seulement attendu le bon moment pour changer de camp ? La marque noire sur son bras semblait se tordre en une grimace à l'ordre d'Harry Potter, le survivant, l'assassin de Voldemort.
Il étouffa un soupir et plongea son regard sur le plafond trop de bleu nuit, c'était apaisant…Il sentait les regards de ses deux amis sur lui, depuis le temps, ils étaient habitués à son mutisme, à sa recherche de solitude, à sa tendance à ne plus rire avec la même franchise qu'autrefois…
Après tout, il y avait bien longtemps qu'il n'était plus l'enfant amusé qui était entré à Hogwarts, celui qui avait trouvé stupide la prédiction du choixpeau. Il eut un rictus amer. Il aurait été prêt à parier que si on le lui remettait sur la tête il serait en devoir d'aller partager le banc d'en face avec la silhouette fine de Malefoy.
Il laissa échapper un autre soupir et se releva, le blanc se
fit un instant devant ses yeux, puis les couleurs revinrent.
« Pas assez d'énergie ! » aurait dit Hermione. Il
secoua la tête et finit son morceau de pain. Le quidditch n'était plus pour
lui. Certes, il aimait encore voler, sentir le vent filtrer entre ses mèches,
l'ivresse d'être trop haut pour être atteint par les malheurs des hommes…mais
il avait perdu du poids, la guerre lui avait retiré le peu de poids qui lui
donnait une carrure autre que fluette. Il était redevenu l'éternel adolescent
trop mince au regard trop rêveur.
Les conversations lui bourdonnaient aux oreilles. Il leva les yeux vers la table des professeurs, elle était entièrement drapée de noir, en hommage aux élèves de Hogwarts qui étaient morts dans la bataille… Il posa son regard sur les tables. Les plus atteints avaient étés les serpentard et les gryffondor, deux maisons n'hésitant pas à faire des sacrifices, réfléchis ou absurdes, pour un côté comme l'autre…Combien étaient morts pour le Lord noir ? Il avait mal à la tête...Il avait mal au cœur…
- - - - - - - -
Dans l'aile opposée du château, Draco Malefoy regardait le ciel, pas le ciel enchanté, mais la lune, le croissant de lune envoûtant, perdu entre l'alvéole douce de deux nuages argentés, les étoiles brillantes, statiques, inchangées… la seule constante dans le chaos d'ici bas.
Le monde des hommes glissait doucement sur une pente maquillée de noir et percée d'acier…
Où arriverait-on ? Il soupira.
Une mèche blonde translucide vint lui caresser l'arrête du
nez. Il la repoussa d'un léger mouvement de poignet.
La guerre…Le lord noir…il revoyait son visage flamboyant, mais
blafard…contradictoire. ces yeux rouges, cette langue de serpent. Il ferma les
yeux. La marque noire brillait sous la lune, se détachait sur sa peau blanche,
pâle, trop pâle. Il l'observa. Elle semblait lui faire un pied de nez
gravée à jamais, témoin immortel de sa trahison..
« Tu es du mauvais côté de la barrière… »
Il porta un regard vague et perdu sur le jardin en bas, doucement éclairé par des rayons pâles. Il eu envie de descendre, de retourner vers le lac, de retourner regarder les reflets que le ciel pouvait avoir sur l'infinité d'eau calme.
Il voulait du calme, d'un mouvement il se leva, attrapa sa cape noire posée sur la chaise à ses côtés, et manqua percuter Pansy qui venait le voir.
« Draco..tu… »
« Je reviens. »
Le serpent n'eut pas d'autre mot, elle le regard partir d'un regard triste. Il s'éloignait d'elle. Et pourtant elle le savait…elle savait qu'elle l'aimait lui comme elle n'aimerait jamais personne. Il portait en lui ce dont elle rêvait il était son monde, et pourtant c'était sans espoir. Elle appuya son front contre la vitre et ses yeux s'ouvrirent de surprise en bas, sur la pelouse, la silhouette fine de Potter.
- - - - - - - -
Harry le sut dès qu'il franchit la porte de la grande salle et qu'il s'éloigna du brouhaha des conversations, il le sut. Il sut qu'il voulait être seul, qu'il n'était en paix qu'en étant seul, qu'il devenait asocial, qu'il avait besoin d'une tranquillité qui ne lui avait pas assez été accordée pendant ces sept années de scolarit
Dehors, il faisait bon, la lune éclairait assez visiblement le jardin, la pelouse, les arbres, le lac au loin… le lac. Il devait être beau à la lueur de la lune. Il s'y dirigea, fermant les yeux, savourant le silence, le bien être qu'il éprouvait.
Il s'arrêta à proximité, devant lui l'étendue d'eau était telle qu'il l'avait imaginé, argentée, paisible, une couleur bleutée nacrée parfaite, et ce silence…
Un bruit le fit sursauter légèrement. Plus bas, vers le lac, un bruit de pas sur le gravier qui bordait l'étendue d'eau calme.
Il avança de quelques pas et leva légèrement le cou par dessus la petite butte en pente qui descendait doucement jusqu'à rencontrer le sable et les graviers qui bordaient le lac.
Son souffle s'accéléra dans sa poitrine et son ventre se tordit de la même manière qu'auparavant. En bas, juste à la bordure du lac, une silhouette plus fine encore que la sienne, mince, pâle, blonde, belle, simplement. Entourée de noir.
Puis elle se retourna, un mouvement de cape envoûtant, souple, doux, et silencieux. Deux perles grises se fixèrent dans ses yeux, un regard bordé de cils noirs, et ce silence parfait, à peine troublé par les clapotis de l'eau contre les graviers, et ce silence parfait…
Son cœur paru s'arrêter un instant, son ventre se contracta, un étau lui serra la gorge.
Ce fut alors qu'il sut. Que sa vie venait de basculer. Que rien ne serait plus comme avant. Qu'il venait de tomber amoureux de Narcisse en personne.
- - - - - - - - -
Draco s'était approché du lac, et il avait su que c'était parfait, que c'était comme ce qu'il avait rêvé, le silence, la beauté… la perfection elle-même.
Il était descendu jusqu'à l'eau, elle l'attirait, elle paraissait faite d'argent, un élixir d'immortalité…ou peut-être de mort.
Il se baissa lentement pour toucher cette surface du bout des doigts. Il se reflétait dans l'eau. Il apercevait son image, un visage fin, deux yeux gris que l'eau rendaient brumeux, des lèvres roses et pleines. Une impulsion étrange l'attira en avant, il voulait toucher cette surface, ce visage, mais pas avec ses doigts…à l'instant où ces lèvres allaient entrer en contact avec le liquide argenté où se trouvait son image, un bruit lui fit lever la tête.
Il se retourna souplement et se trouva face à une silhouette connue, fine, des cheveux noirs en bataille.
Potter.
Il se releva totalement et planta ses yeux dans ceux de l'intrus, dans ces deux iris d'un vert émeraude profond. Quelque chose passa dans les yeux du survivant, un frisson qui se répercuta sur Draco et sembla raisonner à l'infini dans son corps, contre les parois de sa tête. Un tourbillon de sentiments confus, poignants. Le rouge monta aux joues de Potter, ses lèvres étaient entre ouvertes, rouges, tout ce rouge… et ce silence.
Une pierre crissa sous la chaussure de Potter et brisa l'instant. Draco rentra les mains dans ses poches et s'approcha d'avantage, à quelques pas du survivant il lui faisait face, comme il l'avait toujours fait, c'était une lutte éternelle entre eux, il n'y avait pas de fin, pas de début…
Harry sentit son souffle se bloquer dans sa gorge, il rougissait, il le savait pertinemment, cette impression de chaleur qui irradiait ses pommettes ne pouvait venir que de là. Il soutint le regard du prince des serpentard. Ce dernier cligna des yeux, comme pour mettre fin à cet affrontement, puis le dépassa une odeur douce et fruitée, poignante et froide comme la nuit, un bruissement de cape douce passa en silence sur son visage.
Son cœur repartit à tout allure. L'étau qui lui serrait la poitrine descendit dans son estomac, il se retourna : la silhouette de Draco se dirigeait vers le château.
Harry se tourna vers le lac, argent, argent comme les yeux de Draco. Un léger rire monta dans sa gorge, ses lèvres s'incurvèrent, il fini par éclater d'un rire amer et fou. Mon dieu. Il l'aimait lui. Comment une chose pareille avait-elle pu arriver à son insu ? Il était amoureux de son pire ennemi. Son rire se cassa. Il n'avait pas une chance.
Il n'avait pas une chance. Il ferma les yeux et leva le nez vers le ciel, le vent jouait doucement contre son visage, c'était doux. Le survivant respira l'air pur de la nuit et sentit une larme couler sur sa joue.
Une autre larme.. mon dieu. Il avait trouvé un sens à sa vie. Mais quel sens…
Draco. Comment avait-il pu.. ? Le serpentard était beau, une statue grecque, Narcisse réincarné, et après ? C'était un homme. Peut-être que…
« Arrête de te leurrer Harry » Il croyait entendre la voix d'Hermione. C'était ce qu'elle aurait dit. Ce qu'il avait ressenti n'était pas une admiration béate, ni un besoin de sympathie. Non…il connaissait ce sentiment. Il avait déjà ressenti cette douleur, cet espoir, ce fourmillement, cette euphorie douloureuse…
Ses pensées revinrent à la jeune serdaigle. Cho Chang. La guerre l'avait épuisée, elle n'était plus à Hogwarts, le bruit courrait qu'elle avait changé d'établissement.. peu lui importait.
« Potter. »
Il se retourna, cette appellation lui était familière mais à vrai dire…
Une jeune fille, les yeux verts-marrons, les cheveux bruns ébouriffés, Pansy Parkinson lui faisait face. Une lueur d'interrogation passa dans les yeux du survivant.
« Tu as vu…Draco ? »
Harry eu un léger sursaut, ce nom lui remuait les entrailles. Il pria vaguement pour que la larme sur sa joue ne brille pas sous la lune.
« Oui. Il est parti vers le château » lâcha-t-il avec un léger mouvement de tête dans la direction signalée.
Elle baissa les yeux et son regard glissa vers le lac. Elle resserra les pans de sa cape autour d'elle. Parkinson…elle paraissait fatiguée, lasse, des cernes se dessinaient sous ses yeux.
« Dis moi Potter. » la voix de la jeune fille était légèrement rauque « Dis moi. Tu n'as rien…remarqué d'étrange dernièrement…avec Draco ? »
Harry eut un rictus amer.
« Oh si, il ne m'insulte plus dans les couloirs, ne me fait plus de sale coups, je m'inquiètes vraiment. » Il partit d'un rire sarcastique qui se cassa. Il soupira. Draco ne s'intéressait plus à lui. Il ne daignait plus lui lancer ces piques si familières…c'eut été plus rassurant. Il avait l'impression de ne plus exister.
« Oh.. » elle ne répondit rien d'autre.
Il leva le nez. Son regard semblait exprimer une détresse muette, il eut l'impression fugace qu'elle allait éclater en sanglots. Ce qu'elle ne fit pas. Elle ferma les yeux un instant, puis releva un regard blasé, purement serpentard. Il eut une soudaine envie d'aller la gifler pour voir si elle conserverait ce masque encore longtemps.
Puis soudain, ce masque se décomposa et elle éclata en sanglots saccadés. Harry se figea. Pansy se laissa tomber doucement à terre, et entoura ses genoux de ses bras. Elle n'avait plus de dignité, pleurer ainsi devant Potter… Et penser ça la faisait pleurer d'avantage. Elle était finie. Elle avait passé cette guerre effroyable, sous les ordres de Draco, mais cela n'avait fait que les éloigner d'avantage. Elle se recroquevilla, le silence lui répondait.
Parkinson releva les yeux. Potter avait daigné détourner le regard. Elle s'essuya les yeux de la paume des mains et l'observa. Une silhouette fine et noire il ressemblait à Draco…
Potter détourna les yeux vers elle, il avait l'air troublé, gêné, quelque chose au fond de ses yeux était différent.
« J'ai l'impression de ne plus exister. » sortit en même temps de leurs bouches.
Pansy écarquilla les yeux, dans la surprise. Le survivant fit de même, une impression étrange passa dans ses yeux. Il lui ressemblait. Il ressemblait à Parkinson qui se mourrait à petit feu d'amour pour l'héritier des Malefoy. Cette impression lui déplut, elle lui retourna l'estomac, il allait vomir. Sans explication, il dépassa Parkinson et s'élança en direction du château, il allait vomir.
Pansy le suivit un instant des yeux. Elle ne comprenait qu'à moitié, et cette moitié était déjà plus que suffisante. Potter avait l'impression de ne plus exister… Potter. Sa tâche ici bas était finie, il avait tué le lord noir, que lui restait-il comme but dans la vie ? Rien du tout… Et Draco…Draco ne faisait plus attention à eux. Elle n'avait plus droit à ses sarcasmes, à ses caresses furtives sur ses cheveux, comme pour s'assurer qu'elle lui resterait loyale à jamais. Malefoy, le leader des serpentard, ne passait plus son temps à rendre la vie de Potter infernale. Peut-être que la guerre avait fait cesser ces enfantillages…
Elle soupira et fronça les sourcils. Sa vie venait de prendre un drôle de tournant. Potter était différent, Potter lui ressemblait. Elle eut un sourire amer. Potter lui ressemblait.
Si on le lui avait dit avant la guerre, elle aurait été capable de rire au nez de l'importun. Avant la guerre. Les choses avaient changé. Les éternels rivaux avaient changé. Elle resserra sa cape autour d'elle. Les choses étaient plus qu'étranges.
Serait-il possible que Potter… ? Elle ramassa un caillou qu'elle lança dans le lac. Les ondes se propagèrent, s'amplifiant.
La roue venait d'être lancée, les choses allaient s'amplifier.
Etait-elle ou non serpentard ? Etait-elle assez machiavélique pour détruire Potter qui tentait d'atteindre Malefoy ? L'était-elle ?
Elle lança un nouveau galet qui ricocha.
Le pourrait-elle ?
- - - - - - - - -
Bref, un premier chapitre est fait ! Je sais qu'il n'est pas très long, mais la coupure était fondamentale à cet endroit là… enfin, j'attend vos impressions si vous avez la gentillesse de le faire, merci encore !
Mel-Imoen.