Grim Dawn

CHAPITRE DIX : LE PARRAIN

Le trio était presque de retour à la Tour de Gryffondor quand ils entrèrent en collision avec le Professeur McGonagall, et son visage fit immédiatement souhaiter à Harry d'avoir sa cape d'invisibilité sous la main. Malheureusement la vieille cape de son père était soigneusement pliée dans sa malle avec le reste de ses affaires d'école ; elles avaient été envoyées devant lui tandis qu'il allait directement au dîner, et il n'avait même pas pensé qu'il pourrait en avoir besoin dans les première heures de son retour à Poudlard. Toutefois, la rigide directrice de Maison fronçait profondément les sourcils comme ils approchaient, et il se prit à souhaiter pouvoir se fondre dans le mur bien que disparaître ne semblait pas une option.

"Vous êtes là, Mr. Potter," dit McGonagall d'un ton plein de sous-entendus, se tenant juste entre le trio et le portrait de la Grosse Dame, "Nous vous cherchions."

Harry déglutit. "On était juste en train de se mettre un peu au courant, Professeur," répondit-il lamentablement.

"C'est ma faute, Professeur McGonagall," fit entendre Hermione avec sérieux. "Ça faisait si longtemps, et je voulais juste parler seule à seuls avec Harry et Ron—"

"Ça suffit, Miss Granger," intervint la sous-directrice. "Cette excuse pouvait être valable pendant votre première année, mais j'ai bien peur que vous ne soyez plus assez innocente pour prendre la responsabilité des petites manies des deux autres. "

Hermione rougit, mais McGonagall lança un regard à Ron, étudiant son visage pendant un long moment avant de parler de nouveau à Harry. Ses yeux se plissèrent "Vous leur avez dit, n'est-ce pas?"

"Oui, Professeur." Qu'est ce qu'il pouvait dire? C'était tout simplement impossible de mentir à cette femme.

"Bien." Elle retroussa les lèvres de façon mécontente et puis se tourna vers Ron, sa décision prise. "Dans ce cas, Mr. Weasley, je crois qu'il est temps pour vous d'aller chercher votre rat."

"Maintenant?" glapit Ron. Il avait encore du mal à avaler la vérité, Harry le savait, et ne pouvait pas vraiment croire que"Croûtard" était Peter Pettigrew jusqu'à ce qu'il l'ait vu de ses propres yeux. C'était toutefois un sentiment que Harry comprenait parfaitement. Sirius lui avait montré la photo de La Gazette du Sorcier et lui avait expliqué pendant des heures, mais même une partie d'Harry avait eut du mal à croire que le rat de son meilleur ami était réellement un assassin déguisé. "Croûtard" avait dormi dans la même chambre que Harry pendant deux ans et n'avait jamais rien fait de plus impressionnant que de servir de cobaye pour les diverses tentatives de métamorphoses de Ron.

"Oui, maintenant." McGonagall regarda durement Ron. "Allez-y vite, et ensuite je vous conduirais tous trois au bureau du directeur."

"Oui, Professeur." Discuter avec McGonagall était comme s'opposer à une force de la nature, et deux années à Poudlard leur avaient appris à tous les trois à ne pas l'agacer. Ron se précipita directement vers le portrait, murmura le mot de passe et disparut à l'intérieur. Harry et Hermione firent un mouvement pour le suivre, mais une main levée de leur professeur arrêta le duo dans son élan.

"Je suis certaine que Mr. Weasley pourra récupérer son rat par lui-même," souligna-t-elle "Et qu'il y aille seul sera une chance de plus de ne pas alerter Mr. Pettigrew de ce qui se passe."

C'était la première fois qu'Harry l'entendait dire le nom du traître, et tandis qu'Hermione hochant la tête en approbation, il étudia les sentiments derrière les mots de McGonagall. Habituellement neutre et scrupuleusement juste, le professeur de Métamorphose permettait rarement à ses élèves de connaître son opinion sur d'autres gens. En fait, Harry ne l'avait jamais entendu parler sans douceur d'un autre adulte—mais il remarqua la faible manière dont elle avait prononcé le nom de Pettigrew. Il y avait du dégoût dans ses mots, peut-être même de la haine. Sirius avait une fois mentionné que McGonagall avait été sa propre Directrice de Maison à Poudlard, ce qui signifiait qu'elle avait connu et enseigné à Pettigrew. Le haïssait-elle, elle aussi? Avant cet instant, Harry aurait pensé que c'était impossible, mais maintenant il devait avouer que ça semblait être le cas. De la colère, aussi, brûlait derrière son visage calme.

Ron revint rapidement, tenant un "Croûtard" se tortillant dans ses mains. En réponse au regard interrogateur d'Hermione, il expliqua. "Pattenrond a encore essayé de le manger." La voix de Ron s'assombrit. "Je commence à être d'accord avec ce chat timbré."

Hermione eut un rire nerveux. "Peut-être qu'on devrait l'amener," suggéra t-elle pensivement. "Au cas où P—Croûtard essayerait de s'enfuir."

"Quelque part je ne pense pas que ce soit un problème," répliqua sèchement McGonagall.

Harry ouvrit la bouche pour protester mais la referma soudain avec un claquement, se souvenant de la forme Animagus de McGonagall. A sa surprise, leur professeur de Métamorphose rit doucement en voyant l'expression de son visage.

"Dix points pour Gryffondor, Mr. Potter," dit-elle avec un léger sourire. "Pour avoir compris que je suis tout aussi capable de manger 'Croûtard' que l'animal de compagnie de Miss Granger."

Les garçons pouffèrent et même Hermione rit, mais le moment d'humour passa assez rapidement une fois qu'ils se rappelèrent quel était vraiment leur projet. "Venez," dit brusquement McGonagall, se tournant et s'engagea vivement dans le couloir sans attendre pour voir s'ils la suivaient. "Il y a beaucoup à faire, et les autres attendent."

Les autres? Ces mots allumèrent un feu dans la tête de Harry, et il sut exactement de qui McGonagall était en train de parler. Un grand sourire éclaira son visage en pensant à Sirius—même si ils avaient eut le trajet entre le terrain de Quidditch et le château pour parler, il y avait toujours tant de choses dont il voulait parler avec son parrain. Non seulement il voulait savoir exactement ce qui lui était arrivé quand il était aux mains de Voldemort (et pas les réponses vagues et évasives que Sirius lui avait données auparavant), mais il ne pouvait surtout pas attendre de présenter Sirius à Ron et Hermione. Il était certain que son parrain les aimerait, et il avait tellement parlé de ses amis à Sirius—

"Bonbons explosifs."

Ils avaient atteint l'entrée du bureau de Dumbledore, et Harry fut tiré hors de sa rêverie. La voix de McGonagall était mesurée, peut-être même guindée, mais c'était tout ce qu'Harry pouvait faire pour s'empêcher de ricanner bruyamment. Il y avait des fois où la vice-directrice semblait à peine capable de supporter les excentricités de Dumbledore, et c'était certainement l'une d'entre elles. L'expression sur le visage de McGonagall ne changea pas, pourtant, quand elle lança un regard par-dessus son épaule en faisant signe au trio d'approcher.

"Croûtard" glapit alors que la gargouille roulait sur elle-même pour révéler l'escalier en spirale dissimulé. Bien qu'il ait été calme jusque là, le rat commença à se débattre dans les mains de Ron, mordant et griffant de terreur. Même McGonagall s'arrêta, jeta un regard à Ron et à son animal agité avec un froncement de sourcil. Mais elle ne fit aucun commentaire quand Ron grogna une injure entre ses dents, sympathisant peut-être avec ses doigts et ses articulations en sang.

"Est-il—?" commença Hermione avec hésitation. Ron grommela.

"Je crois qu'il commence à comprendre, Professeur."

"En effet." Les yeux de McGonagall se plissèrent. "Heureusement pour nous toutefois, Mr. Pettigrew a commencé à le réaliser un peu trop tard."

L'utilisation du nom du traître réduisit immédiatement le rat au silence—ou peut-être était-ce le regard froid qu'elle accorda à la créature gigotante. Pendant un long moment, on eut dit que "Croûtard" écarquillait les yeux de terreur, et le rat glapit encore une fois, plaintivement cette fois. Mais il n'y avait pas plus pitié sur le visage froid de McGonagall qu'Harry en ressentait pour le "rat." Il y avait seulement l'absolue certitude que cela pouvait se terminer maintenant—maintenant, et pour toujours. Les mensonges cesseraient, et au final, peut-être, Harry pourrait avoir une famille.

"Pas la peine," dit finalement Ron, baissant les yeux et brisant le silence tandis que Pettigrew recommençait à lutter. Le meilleur ami d'Harry serrait étroitement le rat et sourit sombrement. "Tu n'iras nulle part."

Les trois élèves, le professeur, et le rat infortuné grimpèrent l'escalier, qui commença presque aussitôt à s'élever en spirale. Quand ils atteignirent la luisante porte de chêne, McGonagall leva le marteau de porte en forme de griffon et le frappa d'un petit coup sec contre le bois. Pettigrew couina bruyamment, mais la porte s'ouvrit, révélant un soupir qui réduisit complètement le rat au silence.

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Ron suivit Harry dans le bureau de Professeur Dumbledore, un endroit qu'il n'avait vu qu'une seule fois. Cette visite, pourtant, était très différente de la présente. Au tout début de l'année scolaire, lui et Hermione avait été appelé dans le bureau du directeur pour que Dumbledore puisse les informer personnellement que personne ne savait où était Harry ou quand il reviendrait—ou même si il reviendrait jamais à Poudlard. Aujourd'hui, pourtant, il franchit la porte sur les talons de Harry, avec un rat se tortillant et couinant dans les mains—et soudain, Croûtard se fit silencieux.

Ron regarda son animal—Pettigrew! Jura t-il mentalement—frissonner de terreur. Pendant un instant, il ne comprit pas pourquoi, mais ensuite Harry s'écarta et il put voir qui était dans la pièce. Dumbledore, bien sûr, était assis derrière son bureau, mais il y avait deux autres personnes présentes. Le Professeur Lupin sauta d'abord aux yeux de Ron, mais il eut difficilement le temps de se demander qu'est ce que leur professeur de Défense faisait là avant de remarquer l'autre sorcier.

Ce qui retint l'attention de Ron, ce ne fut pas le fait que c'était le même visage qui s'étalait en première page de La Gazette du Sorcier depuis des semaines, mais ce fut plutôt cet intense regard, bleu et hanté, qui se fixa immédiatement sur Croûtard en faisant remonter un frisson le long de sa colonne vertébrale. Les cheveux de Sirius Black étaient plus courts que sur les photos de la Gazette, mais l'évadé était aussi décharné, maigre et terrifiant qu'il le semblait sur le papier. La robe qu'il portait semblait étrangement décalée avec les traits émaciés et les yeux hantés pourtant, parce qu'elle semblait relativement neuve et propre. De nouveau, Ron supposa que Black était à Poudlard depuis un moment et il supposa que quelqu'un avait résolu ce problème pour lui.

Brusquement, Black leva les yeux du rat et regarda le meilleur ami de Ron. "Salut, Harry."

"Salut, Sirius." Ron lança un long regard à son ami, et remarqua le sourire éclatant sur le visage d'Harry. Et soudain Harry fit un geste vers Ron et Hermione. "Voici mes deux meilleurs amis, Ron Weasley et Hermione Granger."

"Salut," dit Hermione avec hésitation tandis que Ron clignait les yeux de surprise. Même s'il savait que Black était innocent, c'était toujours tellement étrange—mais il n'allait pas se laisser dépasser par Hermione. Pas dans cette vie.

"Euh…Salut. Ravi de vous rencontrer."

Pettigrew sortit de sa stupeur avec un sursaut, et recommença à se débattre au moment même où Ron disait ces mots. Grognant entre ses dents, Ron entendit difficilement la réponse de Black, mais il savait que le parrain d'Harry leur avait rendu leurs saluts avec presque autant de surprise qu'ils les lui avaient offert. Les griffes s'enfonçaient dans les doigts de Ron, mais il tint bon avec ténacité, heureux que sa mère ne soit pas dans le coin pour entendre les jurons qu'il marmonnait entre ses dents. Bien sûr, les yeux désapprobateurs de McGonagall lui brûlant le dos n'étaient guère mieux, mais au moins leur professeur de Métamorphose n'allait pas lui envoyer une Beuglante au petit déjeuner.

"Peut-être devrions-nous garder les plaisanteries pour plus tard," fit soudain le Professeur Lupin, faisant brusquement réaliser à Ron que ses yeux, à lui aussi, étaient fixés sur le rat gigotant.

"Oui." La voix de Black changea. Elle était maintenant dure et grave—meurtrière. Cela donna un frisson à Ron, et il fut reconnaissant que ces yeux bleus brûlants ne soient pas posés sur lui.

Pettigrew couina sous ce regard dur, et s'échappa presque des mains de Ron—mais il ravala les sentiments qu'il voulait exprimer quand Dumbledore regarda Harry et parla.

"Dois-je comprendre que tu as expliqué la situation à Miss Granger et Mr Weasley?" demanda tranquillement le directeur.

"Oui, monsieur."

Bien sûr, Harry n'ajouta pas que Ron et Hermione avaient encore des douzaines de questions sans réponses, mais Ron comprenait que ce n'était pas le moment. Plus tard, ils auraient pleinement le temps de tout comprendre—mais ils devaient d'abord faire ceci. Quoi qu'il y ait eut d'autre, Ron n'était pas aveugle. Il pouvait voir combien prouver l'innocence de Black était important pour Harry. La voix de son ami bouillonnait d'excitation, et ses yeux étaient écarquillés. Peu de gens réalisaient combien Harry était seul, mais Ron l'avait toujours su. Depuis la première fois, même quand il venait juste d'apprendre que son compagnon était le célèbre Harry Potter, Ron avait toujours vu le besoin désespéré d'une famille que son ami n'avait jamais eut. Et il le mérite, pensa Ron pour lui-même, voyant Harry chercher brusquement le regard de Black. Le changement fut ahurissant. Le visage émacié du prisonnier évadé se creusa immédiatement en un sourire, le faisant paraître vaguement humain pour la première fois.

A sa grande surprise, ce fut pourtant Lupin qui s'avança.

"Puis-je voir le rat, Ron?" demanda courtoisement le professeur de Défense. L'adolescent cligna des yeux. Il avait supposé que ce serait McGonagall ou Dumbledore qui le demanderait, ou même Black—mais qu'est-ce que Lupin avait à voir avec ça? En y réfléchissant, qu'est-ce qu'il avait à voir avec tout ça?

Le coude d'Hermione lui rentra dans les côtes tandis qu'elle sifflait son nom et Ron se secoua pour sortir de sa confusion. Précautionneusement, il lui remit "Croûtard".

Lupin manipula le rat avec une aisance surprenante, évitant les griffes virevoltantes les dents claquantes avec la désinvolture due à la pratique. Ses yeux marron étaient brillants toutefois, tandis qu'il saisissait l'Animagus supposé par la peau du cou, et laissait entrevoir des émotions sous-jacentes que le professeur n'avait jamais montré. Soudain, Ron eut l'impression que Black n'était pas la seule personne dans le bureau à en vouloir à Pettigrew. Les mots de Lupin le confirmèrent.

"On le fait ensemble, Sirius?" demanda faiblement Lupin.

"Oui," répondit l'autre doucement. "Je pense que ce serait convenable."

Ensemble, ils levèrent leurs baguettes, et Ron cessa d'imaginer ce qui arriverait si Croûtard n'était pas vraiment Pettigrew—mais il découvrit, sans surprise, qu'il ne s'en souciait pas. Il croyait Harry, et c'était suffisant. Soudainement, Black et Lupin parlèrent, jetant le sortilege simultanément, sans même qu'ils aient besoin de se dire un seul mot. Une lumière brillante s'embrasa, les aveuglant tous momentanément, mais quand Ron cligna des yeux pour éclaircir sa vision Croûtard avait disparu. Un petit homme chauve se tenait à sa place, courbé et tremblant. Derrière lui, il entendit une exclamation étouffée venant de McGonagall, et même les yeux de Dumbledore s'écarquillèrent légèrement. A sa droite, Hermione eut le souffle coupé, et Harry dansait impatiemment d'un pied sur l'autre. Seuls Black et Lupin ne semblaient pas surpris.

"Salut Peter," dit Lupin après un moment de silence tendu. "Ça faisait longtemps."

"R-Remus… S-Sirius…" bégaya le petit homme, ses yeux remuant nerveusement entre les deux. "Mes…mes vieux—"

"N'essaie même pas de le dire," le coupa durement Black.

"Je ne…Je ne—"

"Comprend pas?" termina aimablement Lupin. Mais ensuite sa voix se fit métallique. "Dans ce cas on est deux."

Pettigrew ne cessait de jeter des coups d'œil tout autour de la pièce. "Tu ne—tu ne vas pas le croire, n'est-ce pas, Remus?" Il sembla finalement retrouver sa voix. "Il est—Sirius est fou, Remus. Il est là pour me tuer!"

"Si je voulais te tuer, je l'aurai déjà fait," grinça Black. Sa voix semblait venir d'une tombe.

"Personne ne va  vous faire du mal, Mr Pettigrew," dit tranquillement Dumbledore, parlant pour la première fois. "Ce que nous cherchons est la vérité."

"La vérité?" couina Pettigrew… "Il est là pour me tuer! Vous devez me croire. Je vous en prie…" Il lança un autre regard désespéré autour de la pièce mais ne rencontra que des visages de marbre. "Il a menti à Remus comme il a mentit à James et Lily—"

"Comment peux-tu oser." Black fit un pas en avant, irradiant de puissance, de colère et de mort. "Comment oses-tu prononcer leurs noms? James et Lily t'ont fait confiance. Ils t'ont confié leurs vies, et tu les as trahi!"

"Moi? Jamais, je ne pouvais, je n'aurai…" Soudain, Pettigrew se rua sur Lupin, serrant comme un fou la robe du professeur de Défense. "Vous devez me protéger! Il veut que tout le monde pense que c'est moi, mais il a passé douze ans à attendre en voulant me tuer et maintenant il vous ment—Remus, tu dois me protéger! S'il te plait, Moony, ne le laisse pas—"

"Ne m'appelle plus jamais comme ça." La voix de Lupin était de glace, et il s'écarta de Pettigrew avec dégoût. "Traître."

Le petit sorcier s'agita pitoyablement. "Mais je n'ai pas…"

"Pas quoi?" ricana Black, venant aux côtés de Lupin. Il tremblait à présent, mais Ron ne pouvait dire si c'était de colère ou d'émotion. "Pas pensé? Pas réfléchit?"

"S'il vous plait… Quelqu'un doit me croire…." De nouveau, Pettigrew regarda autour de lui, cherchant un soutien. Sa voix était brisée, implorante. "Professeur McGonagall…?" Il déglutit. "Vous savez que je n'aurai…"

"Non." Sa voix était dure, et Pettigrew tressaillit comme si elle l'avait frappé.

"Mais—"

"Non. Vous ne trouverez aucune pitié ici, Peter. Nous savons la vérité."

La combativité sembla quitter Pettigrew, et il n'essaya pas de protester à l'affirmation de sa culpabilité par McGonagall. Son visage s'effondra, et il se tourna vers les autres un par un, cherchant un espoir qu'il savait qu'il ne trouverait pas. Seules des expressions inflexibles rencontrèrent ses yeux implorants, et quand Dumbledore secoua la tête Ron sut que c'était fini. Pettigrew frisonna, puis subitement pivota pour s'avancer en direction d'Harry et il tendit les mains d'un air implorant. "Harry, je t'en prie. Ne les laisse pas me tuer… Tu es le fils de James. Il aurait compris."

"Vous avez trahi mes parents," dit froidement Harry. "Si je ne vous voulais pas vivant pour prouver l'innocence de Sirius, je vous tuerai moi-même." Quelque chose dans la posture rigide d' Harry et son visage dur dit à tout le monde dans la pièce qu'il ne mentait pas—et Pettigrew sembla le réaliser lui aussi. Frénétiquement, il se retourna pour faire face à Lupin et Black, pleurnichant:

"Mais j'étais votre ami!"

"Tu étais plus que ça." La voix de Lupin se brisa. "Tu étais notre frère."

"Alors s'il te plait… Je n'ai pas choisi… Tu-Sais-Qui m'aurait tué!"

"Alors tu aurais dû mourir," claqua Black. "Mourir plutôt que trahir tes amis, comme nous serions tous mort pour toi s'il l'avait fallu!"

"Mais je n'ai jamais été fort—"

"Tu as été assez fort pour nous mentir," grogna Lupin, dévoilant sa colère pour la première fois. "Assez fort pour briser notre amitié. Ne nous ment pas, traître. Tu as rallié Voldemort un an avant que James et Lily ne meurent."

"Mais personne ne peut lui résister," gémit Pettigrew. Ron connaissait l'expression qu'il arborait, bien qu'il ne l'ait jamais vu sur un sorcier adulte auparavant. Pettigrew recherchait la pitié maintenant, pas l'espoir ou le pardon—il espérait que Black ou Lupin faibliraient dans leur colère et se sentiraient désolés pour quelqu'un qui avait de toute évidence été un jour leur ami.

"Sirius l'a fait." La voix de Lupin devint très calme, et Ron sentit ses yeux s'ouvrir alors qu'il entendait ce que Harry avait laissé de côté et réalisait les autres raisons pour lesquelles les yeux de Black étaient si hantés. "Il a résisté même quand personne ne le croyait, quand tout le monde le blâmait pour ce que tu avais fait. Alors ne me dit pas que c'est impossible, Peter. Je te connais trop bien. Nous savons que tu es plus fort que ça.

"Mais je veux savoir pourquoi." Son ton aurait put refroidir de la lave en fusion. "Dis-moi pourquoi tu as brisé la meilleure chose que nous ayons connu."

Le petit homme tressaillit encore, plus en réaction à la fureur glaciale qu'à la douleur si évidente sur le visage de Lupin. Mais soudain Black s'avança et posa une main sur l'épaule de Lupin.

"Je me moque de pourquoi il l'a fait." La douleur creusait d'autant plus ses traits déjà émaciés, mais sa voix était dure. "Je veux savoir si ça le valait."

Pettigrew ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Black s'avança vers lui et s'arrêta que lorsqu'il ne fut plus qu'à un pas, baissant les yeux sur le sorcier tremblotant.

"Est-ce que ça le valait?"

Il n'y eut pas de réponse.

"Et qu'est-ce que tu espérais gagner, Wormtail? Qu'espérais-tu gagner qui vaudrait tout ce que tu avais déjà perdu?"

Finalement, des larmes commencèrent à strier les joues de Pettigrew, mais Black ne réagit pas. Sa voix s'adoucit légèrement, mais ne se fit pas moins froide alors qu'il continuait:

"Nous t'aimions, Peter. Nous serions morts pour toi. Mais tu as renié tout ça. Tu as tout renié."

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A l'aurore, une escouade d'Aurors vint escorter le nouveau prisonnier d'Azkaban hors des terres de Poudlard—des Détraqueurs auraient dû être envoyés, mais Dumbledore avait refusé de les laisser approcher de l'école, au grand soulagement de Sirius. Pettigrew était parti à présent, et c'était fini. Fini. Bien que le procès de Sirius soit prévu pour dans deux semaines, tout le monde savait que c'était une pure formalité. Le soutien d'Albus Dumbledore, d'Arthur Weasley, et d'Alastor Maugrey avait plus ou moins scellé son cas ; aussi peu que Cornelius Fudge souhaitait voir Sirius Black innocent, la preuve était irréfutable. Pettigrew serait confondu sous Veritaserum, et ce serait terminé.

Enfin.

Il sentit un poids gigantesque s'envoler de ses épaules. Douze ans d'enfer et de culpabilité ne pouvaient disparaître en un instant, mais pour une fois il sentait l'espoir. Sirius ne se sentait plus sans futur. Les ténèbres ne viendraient plus du passé, et bien qu'il n'ait pas dormi de la nuit (il était éveillé depuis presque quarante-huit heures quand tout avait été dit), Sirius se sentait mieux qu'il ne l'avait été depuis des années.

"Tu es libre, tu sais," dit une voix douce à côté de lui, et Sirius sourit. Il sourit vraiment, cette fois, pas juste une tentative de se souvenir d'un talent qu'il avait perdu. Il était officiellement sous la "garde" d'Albus Dumbledore, bien que toutes les personnes impliquées savaient que cela signifiait en fait qu'il ne pouvait quitter les terres de Poudlard. Bien sûr, avec Harry à Poudlard, il n'y avait nulle part où Sirius aurait préféré être.

"Je sais."

Ils étaient tous deux assis dehors, regardant le soleil se lever. Aucun d'eux n'avait dormi, mais ils ne s'en souciaient pas. Ils n'avaient pas beaucoup parlé, non plus ; Remus avait surtout raconté à Sirius l'histoire de ces douze dernières années, et Sirius à son tour lui avait parlé d'Harry et du peu de temps qu'ils avaient passé ensemble. Le plus important était simplement qu'ils avaient parlé. Bien que douze ans d'amertume et de reproches les séparaient toujours, le vide était plus petit à présent. Beaucoup plus petit.

"C'est difficile à croire?" demanda gentiment Remus.

"Ouais." Sirius prit une profonde inspiration. "Quelques fois j'essayais de rêver d'être libre… mais ça ne durait jamais. Le seul fantasme auquel je pouvais me cramponner était la vengeance. Je n'ai jamais vraiment pensé que je serai de nouveau capable de vivre …"

La main de Remus se posa sur son épaule et la serra gentiment. "Et maintenant tu le peux. As-tu parlé à Dumbledore à propos d'Harry?"

"Ouais. Il n'était pas très content à ce propos, mais nous sommes arrivés à un compromis." Sirius sourit faiblement, sentant le besoin soudain de rire—quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis que lui et Harry étaient ensembles à Place Grimmauld.

"Oh, vraiment?" demanda doucement son ami.

Cette fois, Sirius rit un peu. "En fait, je suis censé te demander quelque chose à propos de ça."

"Quelque chose me dit que ça doit être bien," répondit sèchement Remus

"Ce n'est pas si mal," objecta-t-il, essayant de paraître offensé et échouant misérablement. Il était trop heureux pour même feindre d'être offensé—mais pourtant il entendit Remus hésiter, et il sut qu'il restait une tension de formalité dans leur relation. Ils n'étaient pas encore ce qu'ils avaient été… mais le temps changerait ça.

"Venant de toi, je trouve ça difficile à croire," répondit finalement Remus, ayant surmonté ses doutes.

Mais pourtant, à présent, Sirius devait faire face à ses propres doutes. Il s'était senti si certain de cette solution un peu plus tôt, quand Dumbledore la lui avait présentée, mais désormais… maintenant il avait presque peur. Peur d'espérer que tout irait bien, que lui et Remus puissent redevenir les amis intimes qu'ils avaient été. Il se força à prendre une profonde inspiration avant de parler, et se força à conserver un ton léger

"Alors, qu'est-ce que tu as prévu de faire cet été?" demanda Sirius. Il garda résolument les yeux fixés sur l'horizon et loin de son ami, mais il entendit la désapprobation dans la voix de Remus comme il changea abruptement de sujet.

"Je vais probablement retourner à mon cottage," répondit lentement son ami. "Ca va comme je peux." La suite implicite de sa réponse flotta dans l'air entre eux : Au moins j'aurai un boulot pour revenir l'an prochain. Après un long silence difficile pendant lequel Sirius essaya d'imaginer comment continuer, Remus reprit, "Pourquoi tu me demandes ça?"

"Hé bien…" il déglutit. "Je me demandais, en quelque sorte… Si peut-être tu aimerais passer l'été avec moi et Harry à Place Grimmauld. Ce serait plus sûr pour Harry avec nous deux aux alentours…"

Il jeta un coup d'œil fugitif à Remus, essayant de discerner la réaction de son ami. Sirius savait que Remus était férocement indépendant et haïssait absolument l'idée d'accepter la charité. Même si Remus avait été pauvre pendant une grande partie de sa vie, et doublement handicapé par sa condition, il avait toujours été déterminé à se débrouiller par lui-même. Parfois, les mêmes forces qui rendaient Remus capable d'être si confiant en lui faisaient qu'il était trop entêté pour son propre bien, et Sirius espérait vraiment que Remus n'interpréterait pas son offre comme étant de la charité. Tandis que son ami hésitait, essayant indubitablement de trouver une façon polie de refuser, Sirius continua avec entêtement. 

"Et j'apprécierai vraiment si tu pouvais… si tu voulais," ajouta t-il doucement. Remus le regarda, saisi, et Sirius trouva difficile de rencontrer directement son regard. Un petit coin de son âme meurtrie essaya immédiatement de se rétracter, voulant trouver un endroit en sécurité ou son esprit pourrait se cacher, mais Sirius ne le laissa pas faire. Il devait faire comprendre à Remus… devait faire passer la peur grandissante d'être seul. Il devait trouver comment tourner cela de façon à ce Remus puisse comprendre. "C'est simplement que nous avons tout deux beaucoup à rattraper et je pense que ce serait bien pour Harry…"

"Et pour toi," dit doucement Remus, de façon soudaine. Leurs yeux se rencontrèrent, et c'était comme regarder dans un miroir : tous deux avaient trop souffert pendant trop longtemps. Sirius vit son ami hésiter avant d'admettre, "Et probablement pour moi aussi."

"Tu viendras, alors?" Il avait presque peur de demander.

Remus sourit. "Bien sûr. Quelqu'un devra bien t'empêcher de faire des bêtises."

"Impossible."

Ils rirent de concert. La riposte était presque automatique—presque, si elle ne l'était pas vraiment. Il n'était pas vraiment lui-même, pas encore… mais il en était proche. Peut-être.

"Moony et Padfoot de nouveau ensemble," songea Remus. "Dumbledore ne savait pas dans quoi il se fourrait, n'est–ce pas?"

Sirius rit doucement. "Harry non plus."

"Oh, ils comprendront bien assez tôt."

Notes : Chère Shinia Marina… Le Bescherelle est son meilleur ami, et ses commentaires sont désopilants ! Jugez :

« …le faisant paraître vaguement humain pour la première fois. » ('vaguement humain', sympa… mais alors plus que vague, hein, genre *océanique*… allons noyer Black dans le pacifique, se sera toujours mieux que ce que JKR en a fait dans le tome 5… faut que j'arrête le chocolat… ^^ )

beckon est traduit par 'faire signe' dans mon dico, et j'ai explosé de rire en imaginant les Ténèbres faire coucou de la main à Sirius… ^^ on est pourtant au milieu de l'après midi, je comprends pas ce que j'ai… ^^

« Bonbons explosifs. » (les Sorciers ont quand même des sucreries 'achement dangereuses… ^.^ *image mentale d'un élève sorcier rotant un nuage de fumée noire…* looooool)

Sans parler de son rat Vatt = Véhicule d'Attaque Tout Terrain !!! J'ai toujours voulu un rat, c'est mignon et très intelligent comme animal, mine de rien !! Peter n'est pas représentatif des rats, qu'on se le dise ! Donc, Shinia, t'as eut de la chance d'avoir un raton !! Par contre pour le nom… Je crois qu'elle a trop regarder Starwars ( Les gros machins de « L'Empire » sont des TBTT, Transports Blindés Tout Terrain)… p

Réponses reviews :

Lisia, Kyarah, celine s. : voilà la suite, ravie de voir que ça vous plait toujours ! Désolée pour le retard , mais vous savez… Les fêtes… Le chocolat… La paresse… Le boulot fermé et pas d'ordi…

Aria Lupin : oui, d'après ma théorie qui n'a pas de nom, les lecteurs sont fortement attirés par les personnages dramatiques qui souffrent beaucoup mais qui ont du caractère, mélange de compassion et d'admiration, sans doute…Chez nous les filles, ça développe notre côté maternel et protecteur… Et puis Sirius est terriblement séduisant… Le beau brun ténébreux… Bon, j'arrête, je vais me mettre à baver…

Miya Black : tu peux la vo puis venir voir ce que tu pense de ma traduction (et me laisser un review au passage…)

Pomfresh : ravie d'avoir une nouvelle lectrice. Je te conseille d'aller lire les autres traductions de Robin4