[n/a] : Voici une petite histoire qui met en vedette, l'un de vos
personnages préférés qui devra au coût de longues introspections se trouver
lui-même avant de pouvoir prétendre l'apprivoiser ELLE.
J'espère que cette histoire vous plaira et ne vous gênez surtout pas pour m'envoyer une rewiew pour me dire ce que vous en pensez (positif et négatif sont les bien venus.)
Dois-je vous rappeler que rien du fabuleux monde de Harry Potter ne m'appartient ? Mon nom comme vous vous en doutez n'est pas JK Rowling (malheureusement.)
Chapitre 1
Le soleil avait chauffé toute la journée une bonne partie de ce coin de pays, amenant avec lui, la nuit tombé, toute trace d'une brise qui pourtant aurait été la bienvenue. L'humidité régnait en maître depuis plusieurs jours, affligeant les jeunes enfants et les personnes âgées et épuisant les autres. Pas l'ombre d'un nuage pour couvrir l'astre du jour qui s'était mit de la partie, ce qui avait donné pour résultat plusieurs coups de chaleurs et un nombre record de fréquentation des bars laitiers et endroits à débit d'alcool. Rien de mieux qu'une bonne bière bien fraîche pour oublier la chaleur qui faisait coller nos vêtements à notre peau.
C'était ce que ce disait justement un jeune homme, tapi dans l'ombre d'une petite ruelle que peu de gens osaient emprunter. L'homme sur la lune avait pointé son nez il y avait de cela quelques heures déjà mais la température n'en avait pas été influencée pour autant. Dire qu'on disait que l'Angleterre était humide, pensa-t-il, que dire alors du climat qui régnait dans cette partie du globe alors. On lui avait raconté qu'un illuminé avait un jour dit qu'il ne s'agissait que de « quelques arpents de neige ». De toute évidence, il n'avait jamais visité ce pays en plein été.
Le jeune homme essuya du revers de sa main, les quelques gouttes de sueurs qu'il avait pourtant chassé quelques instants plus tôt. Il était fatigué, avait chaud, renfrogné, il suait, de mauvaise humeur, il transpirait, épuisé, il avait chaud, l'avait-il déjà dit ? Mais que faisait-il ? Pourquoi il le laissait ainsi poireauter dans le fond de cette ruelle ? Pourquoi était-il si en retard ? Le jeune homme jeta un autre coup d'?il à sa montre, ce n'était pas la première fois de la journée qu'il faisait ce geste. Le temps lui semblait figé, les secondes s'égrainaient à une vitesse dangereusement lente, les aiguilles de sa montre semblaient faire la grève, comme pour protester elles aussi contre cette chaleur suffocante.
Il lui avait dit de l'attendre à cet endroit, il en était sûr et pour avoir repéré un peu les lieux, il savait qu'il se trouvait au bon endroit. Au fond de la ruelle, se trouvait une petite buvette que peu de gens dit « normaux » oseraient fréquenter. Depuis qu'il observait de son poste dans l'ombre, il avait vu entrer et sortir une dizaine de personnes aux allures, comment ils disaient déjà ? Ah oui, gothiques. Des pseudo apprentis sorcier, des imitateurs bas de gamme, des jaloux, des rêveurs.Oui des rêveurs car jamais ils ne pourraient même jamais lui arriver à la cheville, lui possédait en lui la magie, lui était né sorcier. Il n'était pas un de ces moldus qui pelletait les nuages de l'illusion en se faisant à croire qu'il était digne d'être un sorcier. On était sorcier à la naissance, ou on ne l'était pas et il était vain de croire que ça pouvait changer. De toute façon, ces moldus ne connaissaient rien à la vraie magie, il n'avait qu'à lire le nom de cette petite buvette qu'il observait « la maîtresse de Merlin ». Tous les vrais sorciers savaient que la maîtresse de Merlin s'appelait Vivian, elle avait été sa tutrice et amante et n'importe quel abruti aurait pu le trouver en se donnant la peine de chercher un peu, il savait que les légendes arthuriennes des moldus en parlaient.
N'empêche qu'il devait avouer que c'était l'endroit rêver pour un véritable sorcier pour venir prendre une boisson alcoolisé sans se fondre dans une mer de moldus tous plus semblable les uns que les autres. C'était la raison de sa présence dans ces lieux, il devait observer, guetter, trouver. Qui ? Ça il n'en avait aucune idée. Voilà pourquoi il savait qu'il était là en vain. Si au moins son mentor pouvait arriver pour lui donner quelques informations supplémentaires, il saurait peut-être quoi chercher. Pour l'instant il nageait dans l'inconnu et détestait cela, il avait l'habitude de toujours être maître, de diriger la situation, de mener les choses où, LUI, voulait qu'elles aillent. Se retrouver ainsi, dépendant de l'inconnu l'agaçait au plus haut point. Pourquoi avait-il accepté aussi de suivre son mentor de l'autre côté de l'océan ? N'aurait-il pas pu rester sagement à la maison à regarder le temps passer ? Mais non, ses récentes prises de conscience l'avaient mené jusqu'à ce trou perdu au fin fond de nulle part. Il avait fait de choix qui l'avait mené à prendre des décisions. Honnêtement, il ne pouvait pas déclarer qu'il le regrettait vraiment jusqu'à maintenant, il savait qu'il aurait regretté encore plus amèrement s'il avait fait le choix contraire. Pourtant, qui aurait cru, que lui, allait faire de telles concessions, qu'il allait suivre une voie qui lui était inconnue et tout autre de ce à quoi il était destiné depuis sa naissance.
Le jeune homme sourit en repensant aux évènements qui s'étaient passés il y avait à peine quelques mois mais qui pourtant semblaient s'être passés il y a des lunes. Pendant près d'un an, il s'était refermé sur lui-même, s'introspectant , cherchant à se définir lui en tant qu'être humain et non pas seulement en tant que fils né dans cette famille qui était la sienne. Ses amis avaient bien sûr remarqués son changement d'attitude, il ne semblait plus prendre plaisir en ce qui l'aurait autrefois fait mourir de rire ou donner une satisfaction telle qu'il aurait bombé le torse, fier pendant plusieurs jours. Ses parents aussi s'inquiétèrent mais jamais autant qu'il s'inquiéta lui-même, son esprit semblait soudain se réveiller d'une trop longue nuit qui aurait durée près de seize ans. Il avait l'impression de n'avoir jamais réellement vécu, d'abord était tout ce temps qu'une marionnette opérée par plus puissant que lui. Son nom de famille était connu de toute la communauté magique et il en avait été jadis très fier mais pourquoi ? Pour des exploits que lui-même n'avait jamais fait. Parlons-en de ces soi disant exploits, comment pouvait-on en retirer une réelle fierté. Bien sûr il aurait très bien pu se montrer à la hauteur des attentes dues à son nom de famille, il en avait la capacité mais était-ce là un véritable défi ? Non bien sûr, il ne ferait que perpétuer la tradition familiale, sans réellement se démarquer.
Sa sixième année de scolarité avait été très pénible pour lui, pas nécessairement sur le plan académique mais plutôt morale et au plan de son esprit, son âme, ses valeurs, ce qu'il croyait être vrai parce que l'on lui avait dit que c'était vrai, ce qui était mal parce que d'autre avant lui en avait décidé ainsi. Ce fut une véritable crise existentielle qui submergea le jeune homme et elle l'engloutit totalement, il se sentait couler à pic et ne savait que faire pour éviter la noyade. sa mort. Son existence était telle qu'il se voyait, coulant au fond d'une mer très agitée, sans pouvoir remonter à la surface. Puis une ombre était apparue au dessus de lui, une main avait plongé et était descendue jusqu'à lui. Sans presque y réfléchir, il l'avait saisi et elle l'avait fait remonter. La mer était toujours aussi agitée mais au moins il était sur l'eau maintenant et non plus dedans.
Il serait toujours reconnaissant à cette main qui l'avait sauvé. En fait, il s'agissait d'une étrangère qui ne s'était pas arrêter pour réfléchir à s'il valait la peine d'être sauver, elle l'avait simplement fait car elle croyait en lui. De ce fait, elle lui avait redonner confiance en lui et dès lors, il su quel chemin il devait emprunter. Il n'était pas sans embûche et n'était pas le plus attrayant et le plus attirant mais il savait au fond de lui qu'il devait persévérer, qu'un jour, il apprécierait son choix. La propriétaire de cette main ne s'était pas contentée de le sortir de l'eau, elle l'avait écouté sans jamais le juger, sans jamais remettre en doute ses valeurs ou plutôt ce qu'il croyait être ses valeurs. Elle l'avait aidé par sa simple présence à cheminer dans les dédalles de son esprit enfumé.
Il avait prit des décisions et cela l'avait mené là, à attendre dans le noir et la chaleur que son mentor revienne de Merlin seul sait où avec les réponses à leurs questions. Il poussa un autre soupir, qui avaient été nombreux en cette chaude soirée, quand soudain, il le vit. Il approchait, les sourcils froncés, les yeux scrutant les alentours, évaluant les dangers possibles et repérant les sorties possibles. Il faisait toujours ainsi, le jeune homme avait pu l'observer à plusieurs reprises depuis que l'homme l'avait pris sous son aile. À lui aussi, le jeune homme lui devait beaucoup, l'aîné s'était porté volontaire pour lui enseigner bien plus que ce sa tache lui incombait en réalité. L'homme âgé dans la fin trentaine le repéra assez rapidement, pourtant, plus d'une douzaine de moldus avaient passé par là avant lui et personne n'avait remarqué le jeune homme jusqu'à maintenant.
Se sachant repéré, il sortit de sa cachette et s'avança vers son mentor qui semblait avoir tout aussi chaud que lui. Il portait un pantalon noir et un chemise blanche qui lui collait au torse, ses cheveux étaient plaqués sur sa tête et son front ruisselait du petites gouttes de sueur. D'un signe de tête, il fit signe à son protégé de le suivre à l'intérieur de la petite buvette.
Lorsqu'il poussa la porte et entra à la suite de son mentor, le jeune homme n'eut pas trop de difficulté à acclimater ses yeux à la noirceur de la petite taverne puisqu'il était dans la noirceur depuis quelque temps déjà. L'endroit, outre être sombre et éclairé par une multitude de chandelles était frais et agréable, du moins pour des gens comme eux. Il fit le tour de l'endroit des yeux, au fond une petite estrade où se tenaient plusieurs instruments de musique mais où aucun musicien n'était visible. Devant le stage, plusieurs longues tables de bois massif avec des bancs à haut dossier entièrement en bois. À l'extrême gauche une porte en chêne devait donner accès aux cuisines de la place car tout près se trouvait un immense foyer à deux faces où pouvait prendre place un bon morceau de viande. Heureusement, avec la chaleur qui faisait à l'extérieur, il n'y avait aucun feu dans l'âtre. À la gauche de la porte d'entrée, se trouvait un long comptoir tout en bois derrière lequel on retrouvait plusieurs bouteilles de ce qu'il devina être de l'alcool moldu. Les clients pouvaient s'asseoir au dit comptoir grâce à des tonneaux de vin changés en haut banc, assez confortable malgré leur apparence. Il le savait car s'était là que s'était dirigé son aîné, à l'écart des autres clients qui avaient pris place devant l'estrade, attendant sans doute le début du spectacle.
Une serveuse à la poitrine généreuse et mise bien en évidence, vêtue d'habits de style médiévaux s'approcha d'eux, un sourire enjôleur aux lèvres, comme si elle venait de repérer une proie facile et qu'elle la traquait uniquement pour le plaisir. La proie n'était nulle autre que le plus âgé des deux hommes qui grimaça en la voyant approcher mais fit d'énorme effort pour rester poli et respectueux, ils ne devaient pas attirer l'attention sur eux.
« - Dites, donc, on dirait que vous avez chaud mes gaillards, on vous sert à boire ?
Pourquoi pas, quelque chose de rafraîchissant, dit le plus âgé.
Je vous propose la spécialité de la maison, c'est à vous glacer les sangs.
Ça nous prend plus qu'un simple breuvage pour nous « glacer les sangs » comme vous dites, déclara le jeune homme sûr de lui.
On verra bien. », le nargua la serveuse.
Elle frappa ensuite trois grands coups sur le comptoir, ce qui fit se retourner la jeune femme qui travaillait derrière. La serveuse lui fit un rapide geste de la main, puis fit deux de ses doigts et pointa finalement les deux hommes auprès d'elle. La jeune femme acquiesça de la tête et prépara aussitôt deux verres. Ses gestes étaient rapides mais sûrs, elle savait ce qu'elle faisait et très rapidement, elle amena les deux coupes en étain, pleines aux deux hommes. Elle les déposa devant eux et d'un geste las, jeta quelque chose dans leur verre, ce qui est pour effet de produire une fumée blanche en provenance de leur boisson qui disparut rapidement. Le jeune homme se recula légèrement surpris, le plus vieux par contre n'avait pas bougé d'un cheveu et fixait la jeune femme avec un air narquois et un sourire en coin. Elle lui rendit son sourire et inclina légèrement la tête avant de repartir laver ses verres.
Le plus âgé des deux, regarda son collègue en haussant un sourcil, ce dernier se renfrogna et reprit rapidement un air fier et imperturbable. Bien sûr, il avait vu et fait bien mieux que la petite démonstration qu'il venait de voir mais il ne s'attendait pas à voir quelque chose du genre dans un endroit moldu. Il avait simplement été surpris.
« - Probablement de la quinquina séchée puis broyée qui mélangée avec certains alcools.
Produit une fumée blanche épaisse mais brève, termina de réciter le jeune homme.
Même les moldus trouvent parfois des utilités particulières à certaines choses.
- Sans doute les trouvent-ils seulement par hasard. »
Le plus âgé hocha la tête en signe d'approbation et pris une gorgée de la boisson qui était effectivement très rafraîchissante. Elle plut également au plus jeune qui tenta de découvrir les ingrédients la composant. L'aîné faisait de même mais quelque chose lui échappait. Il pila donc sur son orgueil et demanda à la jeune femme :
« - Mademoiselle. Mademoiselle. hey ! »
La jeune femme ne se retourna même pas pour lui répondre, l'ignorant totalement. Cette attitude choqua l'homme qui haussa le ton, ce qui attira la serveuse.
« - C'est pas la peine de vous époumoner mon beau, elle ne vous répondra pas.
Peut-on savoir pourquoi ? demanda les dents serrés l'homme qui n'avait pas l'habitude d'être ainsi ignoré.
Parce qu'elle ne vous entend pas. Elle est sourde. et muette. Je peux peut-être vous aider ? »
La déclara de la serveuse peina pour une raison inconnue le jeune homme, il demanda tout de même :
« - Nous voudrions savoir ce que contient ce breuvage.
Oh, vous n'êtes pas les premiers et sûrement pas les derniers. Jamais elle ne donne la recette, elle se contente de répondre qu'il s'agit d'un vieux secret de famille lorsqu'on lui demande.
Vous-même ne le savez pas ?, tenta de nouveau l'aîné.
Non mon chou, désolée, moi je ne sers que les cervoises et le cidre, pour le reste, c'est elle qu'il faut voir. C'est vrai qu'elle est douée, on avait hésité à l'engager vu son handicap mais elle nous avait été chaudement recommandée et elle avait besoin d'un job. On ne l'a jamais regretté. Je peux tout de même essayer si vous voulez. »
Ce disant, la serveuse frappa de nouveau sur le comptoir pour attirer l'attention de la jeune femme qui se retourna et approcha sur la demande de la serveuse qui lui faisait des gestes rapides et saccadés des mains. Un sourire apparut sur le visage de la jeune femme, un sourire qui chauffa le c?ur du jeune homme, il ne la quitta pas des yeux alors qu'elle prenait une ardoise posée près d'eux et qu'elle écrit en grosses lettres :
SECRET DE FAMILLE
« - Mais encore, déclara à voix basse l'aîné. Elle croit quoi, que l'on va lui voler sa recette pour la revendre et devenir riche avec. »
La jeune femme écrivait de nouveau sur l'ardoise à une vitesse folle, ce qui attira l'attention des deux hommes. La serveuse étant retournée à ses autres clients, ils purent lire sur l'ardoise :
« - La vendre non mais mon paternel n'apprécierait pas que toute votre famille trinque à sa santé à Noël prochain. »
Les deux hommes étaient sous le choc et la dévisageaient les yeux ronds, n'était-elle pas supposée être sourde. Suivant les rouages de leur cerveau, elle écrit de nouveau sur son petit tableau :
« - Sourde mais pas complètement folle, je sais lire sur les lèvres et ce dans trois langues différentes. »
Elle brisa sa craie en écrivant le dernier mot, comme si cela signifiait que le ton qu'elle aurait employé si elle l'avait pu aurait été sarcastique. La jeune femme retourna à ses taches un sourire victorieux aux lèvres et les yeux moqueurs. Le jeune homme ne pu s'empêcher de la trouver particulièrement attirante. Elle semblait avoir du caractère et était intelligente et son physique n'était pas des plus repoussant non plus. Elle était grande pour une femme, un peu plus petite que lui mais bon. Elle avait de longs cheveux noirs de jais et comme certaines moldues qu'il avait rencontré jusqu'à maintenant, elle arborait des mèches très à la mode, bleu nuit, ce qui donnait un aspect féerique à ses cheveux, comme si les couleurs de la nuit s'y étaient arrêtés et avaient refusées de partir le matin venu. Ses yeux vifs et malicieux étaient d'un bleu profond et intense, étaient protégés par de longs cils qui formaient une barrière qui filtrait la lueur qu'ils revêtaient. Elle avait une petite bouche mais des lèvres pleines et rosées. Des pommettes saillantes, un menton volontaire et deux adorables fossettes lorsqu'elle souriait. Il était sous son charme, malheureusement pour lui, son mentor s'en aperçu et lui fit quelques remontrances, ils n'étaient pas là pour flirter mais bien pour trouver ce qu'ils étaient venus chercher.
Parlant de cette mission, le jeune homme se pencha pour demander à voix base à son aîné :
« - Avez-vous eu quelques renseignements supplémentaires ou devons nous encore chercher quelque chose dont on ignore tout ?
J'ai reçu des nouvelles mais même en haut lieu, ils n'en savent pas vraiment plus que nous. Tout ce que je sais c'est que c'est un descendant que nous devons ramener, pourvu de certains dons rares et que nous devons le trouver avant que d'autres ne le trouvent.
Savons nous au moins quels sont ces pouvoirs si spéciaux ?
Selon ce que je sais, il s'agirait de quelques pouvoirs ou connaissances depuis longtemps oubliés.
Comme c'est précis. », ironisa le jeune homme en soupirant.
Voilà près d'une semaine qu'ils voyageaient ensemble pour finir dans ce petit bourg d'une ville perdue aux fins fonds du Canada. Selon les renseignements que l'on leur avait donné, c'était l'endroit où ils étaient supposés trouver « le descendant » ou « le membre de la lignée oublié ». C'était comme cela qu'ils nommaient celui qu'ils étaient sensés ramener en Angleterre pour aider leur cause. Quel stupidité que de partir sans même savoir ce que l'on devait allé chercher. Au moins, une chose semblait sûre, c'est qu'ils étaient à la bonne place mais pourquoi, voilà une tout autre question. Leur mission était claire, revenir avec celui qu'ils recherchaient, point. La lacune principale était, oui mais c'est QUI, qu'on recherche.
« - Au moins, on est dans un endroit où on a des chances de « le » croiser. déclara l'aîné.
Pourquoi ici plus qu'ailleurs ? fit remarquer le jeune homme. Je veux dire, s'il ne vit pas parmi la communauté magique, pourquoi fréquenterait- il un endroit pareil. Si je voulais vivre comme un moldu, que Merlin m'en préserve, je ne fréquenterais pas un endroit qui me rappellerait le monde que je tente de fuir.
C'est un raisonnement sensé mais selon lui, la personne que l'on recherche pourrait ne même pas être au courant de ses dons mais que ceux-ci le pousseraient à rechercher inconsciemment ses origines. »
Lui, s'était l'homme qui leur avait confié cette mission, le jeune homme se dit mentalement que cela aurait du être lui qui fut là à leur place, il semblait en savoir bien plus qu'eux sur le sujet.
« - Autant chercher un fétu de paille dans une botte d'aiguilles, déclama le jeune homme.
En fait, je crois que c'est le contraire », le reprit son aîné.
Ils commandèrent à manger et continuèrent leurs observations silencieuses des clients de la buvette qui se remplissait graduellement. La serveuse leur expliqua que le groupe qui devait se produire ce soir-là, attirait toujours beaucoup de gens, des marginaux pour la plupart. Le groupe en question monta finalement sur scène et entama quelques morceaux de musique celtique-trash. Mélange explosif à n'en point douter, c'était surtout le mélange des différents instruments qui créait l'originalité du groupe. On pouvait retrouver sur la même scène, une cornemuse, une guitare électrique, une flûte de pan, un synthétiseur, un cor anglais et une batterie électrique. Le tout faisant un tintamarre épeurant qui semblait pourtant plaire à la foule qui en redemandait en se saoulant à l'eau de vie et à l'hydromel.
Après près de deux heures de torture musicale, les deux hommes quittèrent enfin la buvette avec une liste mentale de gens à filer et à observer le lendemain pour tenter de trouver celui qu'ils devaient ramener avec eux. Avant de quitter, le jeune homme jeta un dernier regard à la jeune femme derrière le comptoir. Il l'avait observé à la dérober plusieurs fois dans la soirée, espérant croiser son regard sans attirer l'attention de son mentor. En fait, il aurait aimé la voir sourire de nouveau, elle avait sourit toute la soirée, ayant un caractère joyeux et amical avec les clients, des habitués qui communiquaient avec elle mais il aurait aimé qu'elle lui fasse don d'un sourire, à lui seul. Alors qu'il passait le porche, elle lui fit un demi-sourire et hocha la tête comme pour le remercier d'avoir consommé dans son établissement. Ce n'était pas exactement ce qu'il désirait mais c'était déjà ça. Il la gratifia d'un plein sourire, charmeur, enjôleur à la limite mais qu'il voulait sincère, ce n'eut pas entièrement l'effet escompté. Il fut tiré si vite dehors par la poigne ferme de son aîné qu'il ne vit pas comment avait réagi la jeune femme à son sourire qui les faisait toutes tomber.
Ils avaient loué une petite chambre dans un motel minable, infesté de plus de bestioles que pouvait en contenir un insectarium. Le loueur les avait regardé d'un ?il suspicieux lors de leur arrivée, heureusement que ni l'un ni l'autre n'avait remarqué que l'homme pensait visiblement qu'il s'agissait d'un couple recherchant quelques endroits sordides pour accomplir quelques fantasmes innommables. Ils l'auraient bien tué sur le champ, simplement pour avoir pu penser une telle chose, les Avada Kedavras auraient plut sur lui plus vite que ne fuyaient les coquerelles à la lumière. Leur petite chambre comportait deux lits jumeaux qui reçurent un sortilège de nettoyage à fond par l'aîné des deux alors que le plus jeune levait le nez, visiblement choqué de l'état de la pièce. La salle de bain adjacente subie également un grand ménage magique. L'aîné avait pris possession du lit près de la fenêtre alors que le plus jeune avait du se contenter de celui près du mur mitoyen. La veille, il n'avait pu fermer l'?il, entendant constamment les nombreux déplacements de la vermine à l'intérieur, ce soir par contre, il allait dormir à poings fermés trop fatigué pour prêter attention à ces sales bestioles.
Après une douche rapide mais froide, le jeune homme qui n'avait revêtu qu'un simple boxer, s'étendit sur son lit, de nouveau nettoyé et désinfecté par son mentor et ferma les yeux. L'air climatisée, sensée être un luxe, devait se payer des vacances, car elle ne fonctionnait pas, il faisait une chaleur insoutenable dans la chambre. Heureusement, le plus vieux des deux ajusta magiquement la température pour qu'elle soit plus confortable. Les deux hommes, épuisés et éreintés s'endormirent rapidement. Ils profitèrent d'une nuit de sommeil qu'ils voulaient réparateur mais mal leur en pris, les voisins de palier avaient décidé de faire la rumba toute la nuit. Le jeune homme du retenir son aïeul d'aller leur régler leur compte, ils ne pouvaient prendre la chance d'être repérés. Une fois calmé, un sort d'insonorité fut lancé et ils purent retourner à leurs rêves.
Au réveil, le soleil était déjà haut dans le ciel, plombant de nouveau, annonçant une autre journée infernale. Après avoir rapidement mangé un petit déjeuner, ils se séparèrent les « suspects » et convirent de se retrouver à la même buvette le soir même pour mettre en commun leurs observations. Ils se séparèrent en passant devant le locateur qui leur jeta un regard qui en disait long sur ses pensées. Le plus vieux prit à gauche, alors que le plus jeune filait vers la droite, il devait se rendre dans un petit magasin qui disait vendre « tout le nécessaire pour mage ». En marchant dans la rue, le jeune homme ne pu s'empêcher de remarquer que son habillement ne passait pas vraiment inaperçu, porter un pantalon et une chemise noir par la chaleur qu'il faisait n'était pas l'idée du siècle. Son regard était justement attiré par un magnifique bermuda bleu acier. Sa main se porta automatiquement à son porte-monnaie, on lui avait expliqué le fonctionnement et l'équivalence des billets de banque moldus. Pourquoi pas après tout, il devait passer pour un parfait moldu non ? Il entra dans la boutique et en ressorti avec le bermuda et une camisole blanche qui moulait les muscles de son torse, ses cheveux maintenant courts et une petite barbe naissance, ajoutait au look du parfait sportif moldu, tombeur de ses dames. Un sac à la main, contenant ses autres vêtements, il reprit son chemin.
La petite échoppe de son « suspect » numéro un, le fit sourire. Absolument rien dans ce magasin n'était susceptible d'avoir une quelconque utilité magique potentielle. Il s'agissait que d'un autre illuminé, croyant au supranaturel sans même en saisir l'essence même. Le jeune homme ressortit quelques instants plus tard, ayant fait mine de réfléchir à l'achat d'une réplique d'une Witchball, petite sphère en verre supposée repousser les mauvais esprits. Le suivant sur sa liste était un vieil homme excentrique qui s'avéra être un névrosé, fêlé de l'esprit qui vivait avec une meute de chats infestés de puces.
La journée avançait rapidement, la liste des « suspects » diminuant à mesure que le temps passait. Aucune des personnes ciblées ne semblaient être celui qu'ils recherchaient, aucun n'affichaient de détails particuliers ou semblaient posséder des dons réels pour la sorcellerie. Le soir venu, ils se retrouvèrent de nouveau à la taverne de « la maîtresse de Merlin » où ils mangèrent un bon repas en sirotant de bonnes bières moldues en échangeant sur leurs « cas ».
Le jeune homme avait été déçu de ne pas revoir sa belle ce soir-là, elle n'était pas derrière son comptoir, seule la serveuse officiait. Elle les avait d'ailleurs gratifié de son plus beau sourire et ne se gênait pas pour montrer et mettre ne valeurs ses attributs plus que voyant. Il y avait peu de monde ce soir là dans la buvette, bien moins que la veille. Néanmoins, ils repartirent avec une nouvelle liste de nouveaux « suspects ». De nouveau la petite routine reprit.
Le lendemain, ils se divisèrent de nouveau la liste. Cette fois ce fut au tour de l'aîné d'arrêter pour faire des achats personnels. Il avait la veille lever les sourcils en apercevant l'attiquement de son protégé mais avait du s'avouer qu'il avait du avoir bien moins chaud que lui. Par contre, ses goûts vestimentaires n'étant pas ceux du jeune homme, le résultat fut moins élégant. Un bermuda à carreaux et une chemise lignée ne faisaient pas nécessairement bon ménage, n'empêche que ça lui permettait de mieux respirer que tout vêtu de noir.
Lorsque la serveuse à la poitrine généreuse les vit arriver pour une troisième soirée d'affilée, elle en déduit qu'elle avait fait mouche avec au moins l'un deux et elle redoubla ses efforts sur le plus âgé. Ce dernier se concentrait pour rester poli et aimable mais il n'avait qu'une idée en tête, l'envoyer balader à des milles et des milles de l'endroit où il se trouvait. Leur récolte d'informations n'avait pas été bien meilleure cette journée là, ils s'étaient promenés d'un bout à l'autre de la ville pour enfin revenir bredouille à leur point de départ. Ils commençaient tous les deux à désespérer et à broyer du noir. Un rayon de soleil perça tout de même jusqu'au c?ur du jeune homme lorsqu'il vit la jeune sourde et muette prendre place derrière le comptoir. Elle les gratifia d'un sourire poli et s'informa avec l'ardoise de ce qu'ils désiraient boire.
À plusieurs reprise cette soirée là, elle surprit le regard du plus jeune des deux posé sur elle, toujours il détournait les yeux lorsqu'elle s'en apercevait. Dans son esprit, il l'avait baptisé Morgan, après tout, Morgan était dans la légende la nièce de Vivian et ils se trouvaient bien dans l'antre de « la maîtresse de Merlin ». Souvent lui laissait ses yeux glisser de son visage espiègle à sa gorge blanche et invitante qui portait si gracieusement un magnifique collier. Un ouvrage artisanal d'une grande qualité et d'une plus grande beauté. Ce dernier allait particulièrement bien avec la chemise de lin froissé beige qu'elle portait dur une jupe longue magenta. Elle portait des vêtements s'inspirant vaguement de la mode du moyen âge, comme le voulait l'endroit où elle travaillait, ce qui lui allait à ravir. Il se prit même à imaginer ses longues jambes, cachées sous cette jupe.
À la fin de la soirée, exaspéré, l'aîné trouva le courage d'enfin se renseigner ouvertement. Il aborda la serveuse qui était visiblement ravi de l'attention qu'il lui portait enfin. Il lui fit un discours brodé de fils blancs comme quoi il aimerait bien trouver un bon endroit où il pourrait trouver quelques items insolites à consonance magique. La femme lui répondit d'une voix enjouée qu'elle connaît bien une telle place tout près en plus. Il s'agissait d'une échoppe un peu plus au fond de la ruelle où se trouvait sa taverne, fréquentée par « les grands » comme elle les appelait. Là ils devraient trouver ce qu'ils cherchaient, ils n'auraient qu'à dire que c'était elle qui les envoyait, le propriétaire les accueillerait bien selon elle.
Il était trop tard ce soir là pour rendre visite à ce marchand mais dès les premières heures le lendemain, les deux hommes s'y rendirent. Il s'agissait d'une petite boutique sombre et retirée des regards indiscrets, elle aurait très bien eut sa place sur l'allée des embrumes sur le chemin de traverse. À l'intérieur, plusieurs pots tous emplis de substances plus ou moins identifiables, ils en reconnurent tout de même quelques unes et se dirent que finalement, ils étaient peut-être tombés à la bonne place. Un petit homme tout replet vint à leur rencontre, le regard suspicieux de voir débarquer dans son antre deux étrangers. Le plus vieux lui affirma être là sous les recommandations de Nath, la serveuse. Aussitôt le vendeur devint moins méfiant mais on pouvait déceler en lui tout de même encore un peu de suspicion. Le plus jeune marchait dans le magasin, observant tout ce qui s'y trouvait, reconnaissant effectivement quelques instruments qu'ils utilisaient dans son monde ainsi que quelques ingrédients utiles et pratiques.
Alors que l'aîné de deux discutait avec le vendeur, le plus jeune fut attiré par un petit présentoir tout au fond de l'échoppe. Il s'agissait de plusieurs bijoux artisanaux plutôt bien fait, il reconnu différents talismans qui pouvaient être magiques si bien fait mais surtout, si fait par un sorcier d'expérience. Juste en dessous, dans une vitrine scellée, se trouvait quelques athamés de différentes grandeurs et conception. Ces genres de coutelas étaient très utiles aux sorciers et étaient utilisés en plusieurs occasions. Lui-même n'en possédait pas un en particulier mais savait comment s'en servir. Son regard était attiré sans cesse vers l'un deux, une magnifique dague de style traditionnelle, double tranchant, entièrement noir sauf pour les minces fils d'argent qui parcourait son manche. Les deux hommes qui parlaient ensemble se rapprochaient de lui mais le jeune homme ne pouvait détourner son regard de l'objet. Lorsque son mentor vint se poster derrière lui pour regarder ce qu'il observait ainsi, ses yeux revêtirent une lueur de surprise. Le vendeur aussi apparemment fut surpris car sa voix était soudainement moins sûre :
« - On disait autrefois que les athamés choisissaient leur propriétaire et non pas le contraire. Peut-être voudriez vous vérifier si l'un d'eux vous est destiné jeune homme ? »
Sans même attendre la réponse, le petit homme déverrouilla le présentoir et sortit avec beaucoup de précaution le cousin de velours bleu sur lequel reposaient les coutelas. Le regard du jeune homme n'avait pas quitté un seul instant la dague noire et c'est une main hésitante qu'il avança au dessus du présentoir. Aussitôt, la dague en question se mit à frétiller, comme animée par des spasmes spontanés. Les trois hommes en restèrent bouche bée, le vendeur fut le premier à reprendre ses esprits, il se saisit de la dague et la mit dans les mains du jeune homme qui lui faisait face, refermant avec précaution les doigts sur le coutela. Les deux plus vieux échangèrent un regard alors que le jeune homme fixait toujours l'objet qu'il tenait. Une voix le tira de sa contemplation :
« - Je me doutais aussi lorsque vous êtes entrés que j'avais affaire à des initiés. Cet athamé vous a choisit jeune homme, elle est à vous maintenant, prenez en soin, c'est une ?uvre d'une grande qualité. Elle est unique.
Cet objet, commença le mentor, c'est vous qui l'avez fabriqué ?
Moi, non pas du tout, jamais je n'aurais pu créer quelque chose comme cela. Cet un objet qui est bien au-delà de mes capacités de conception.
Sauriez-vous qui l'a fabriqué alors ? tenta de nouveau l'homme.
On m'avait averti que vous viendriez un jour mais plus les années passaient plus je croyais qu'il s'était trompé.
Qui ?, demanda un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
Son père. Le père de l'artisan qui a fait cet objet et ceux qui sont là également. »
Le vendeur montrait de la main le présentoir à bijoux. L'aîné des deux clients se saisi d'un pendentif et jetant un dernier regard à l'homme derrière le comptoir, il sortit de sa poche arrière sa baguette et prononça une formule inconnue au plus jeune. Ce dernier avait redouté la réaction du vendeur mais ce dernier ne parut même pas surpris de voir faire l'homme devant lui. Le jeune homme retourna son attention à l'amulette qui avait maintenant une lueur bleutée qui l'entourait. Le sorcier rangea sa baguette et remis le pendentif sur son présentoir, il inspira longuement puis se retourna vers le vieil homme qui avait fermé les yeux, attendant le verdict. L'étranger commença d'une voix mal assurée :
« - L'artisan. vous savez où on peut le trouver ?
Oui, répondit d'une voix mate le vendeur. D'abord, dites moi pourquoi vous tenez tant à connaître son identité.
Nous croyons qu'il peut nous aider à vaincre un mage malveillant, nous avons en fait de grands espoirs en ses dons.
Pour qui travaillez-vous ? »
La question du vendeur pouvait être mal interprété mais l'homme qui discutait avec lui compris de suite et répondit une réponse qui sembla satisfaire le vieil homme :
« - Une communauté en entier et bien plus dans peu de temps, j'en ai bien peur.
Vous savez, je crois que vous avez sans doute trop d'espoir en ses dons, ils ne sont pas encore à point, il lui faudra travailler encore plus dur pour arriver à combler vos attentes.
Croyez-vous qu'il s'agit bien de la personne que l'on recherche ? demanda de nouveau l'homme soudain moins sûr de lui.
Oui mais il vous faudra être patient.
Tu temps, on risque d'en manquer.
Alors ne perdons plus de temps, suivez moi je vous prie. »
Le vendeur alla verrouiller la porte de son commerce et fit signe à ses clients de la suivre. Le jeune homme tenant toujours l'athamé mais ne semblant pas s'en apercevoir, l'aîné réfléchissant à toute vitesse et le vieil homme prenant beaucoup de précaution, descendirent au sous-sol de l'échoppe par un escalier de pierre. Lorsqu'il avait ouvert la trappe permettant d'accéder aux fondations de l'édifice, les deux étrangers avaient senti une rafale d'air chaud les envahir. Des bruits de choses s'entrechoquant se fit entendre et à mesure qu'il descendait, ils subissaient les effets d'une chaleur suffocante, sentirent l'odeur particulière de métaux fondu et virent un épais nuage de vapeur envelopper une silhouette penchée sur ce qui devait être une enclume. Ils distinguait un genre de marteau s'abattant avec force sur un matériel quelconque, faisant retentir dans tout l'espace autour d'eux des bruits infernaux.
Le vieil homme leur fit signe d'attendre près des marches, se qu'ils firent sans poser de question. Le vendeur s'avança alors dans le genre de brouillard qui englobait l'artisan et son petit univers. Dans le fond de la pièce composée uniquement de pierres, ils distinguaient un immense foyer, semblable à ceux qu'utilisaient les forgerons, où un feu de braise était allumé. Cela ne faisait même pas quelques minutes qu'ils étaient là que déjà la chaleur leur était insupportable. Comment faisait cet homme pour travailler dans de telles conditions. Ils virent le vieil homme s'arrêter à quelques mètres de l'artisan mais n'entendirent pas ce qui se dit par la suite, l'homme arrêta son travail et se retourna vers le nouvel arrivant mais comme il avait déposé don ouvrage dans un sceau rempli d'eau avant de se retourner, ils ne virent pas ce qui suivit à cause de la vapeur qui avait tout envahi autour d'eux. Une petite fenêtre très haute, près du plafond faisait sortir peu à peu le surplus de vapeur et leur vision redevint presque normale au bout d'un moment. Ils remarquèrent que l'artisan suivait le vieil homme qui revenait vers eux d'un pas lent.
Les deux étranger faillir s'étouffer tellement leur surprise était grande lorsqu'ils virent correctement l'artisan. De loin, il leur avait apparu comme étant assez grand et ils s'était imaginé qu'il était musclé pour effectuer un tel travail. En fait, le il était une elle, elle était effectivement grande mais sa musculature n'enlevant rien à sa féminité. Le jeune homme déglutit avec difficulté en reconnaissant la jeune femme de la taverne, « sa Morgan ».
La jeune femme les regardait curieusement tout les deux, aucun d'eux n'arrivait à formuler quelque chose d'intelligent. Un malaise était perceptible de part et d'autre, c'est finalement le vieil homme qui prit la parole, s'assurant d'être bien vu de la part de la jeune femme pour qu'elle puisse lire sur ses lèvres.
« - Messieurs, voici Orlane, l'artisane que vous vouliez voir, chère voici messieurs.
Euh, Rogue, Severus Rogue et voici.
Draco Malfoy », répondit le jeune homme qui venait de retrouver l'usage de la parole.
Il avait tendu une main dans la direction de la jeune femme en oubliant ce qu'il tenait. Elle le vit et questionna du regard le vieil homme qui lui fit une série de petits signes totalement inconnus aux deux hommes en face d'eux. Elle lui répondit pareillement et le vendeur voulut bien leur traduire leurs propos :
« - Elle désespérait qu'un jour cet athamé trouve preneur. C'est en fait le tout premier qu'elle fit et elle y tenait beaucoup. Elle est heureuse qu'il vous aille même si elle est triste de s'en départir.
Dites moi, monsieur, qui est réellement cette jeune personne ?
Orlane est la fille d'un vieil ami, aujourd'hui décédé. Il m'avait demandé de prendre soin d'elle jusqu'au jour où vous viendriez la chercher.
C'est que nous devons ramener le descendant d'une grande lignée, un homme avec des dons depuis longtemps oubliés. Il doit y avoir erreur.
Non, il n'y a pas d'erreur, Orlane est celle que vous chercher. Votre prophétie parle d'un descendant au sens large du terme, pas nécessairement d'un homme. »
Rogue faillit défaillir en entendant les propos du vendeur, comment pouvait- il être au courant de la prophétie qui l'avait amené lui et Draco dans ce lieu sordide. S'il avait raison, son esprit lui criait qu'il avait raison, car l'art de la forge magique n'était pas oublié mais plus pratiqué selon les anciennes traditions et à ce qu'il pouvait constater, le travail de la jeune femme était en tout point fidèle aux traditions celtiques. Il observait la jeune femme sans même cligner des yeux, comme si la réponse ou la confirmation de ses pensées se trouvait quelque part sur son visage. Les paroles prononcées par le vieil homme le ramenèrent à la réalité :
« - Orlane ne connaît pas le destin qui est sien, son père étant décédé alors qu'elle était trop jeune pour comprendre la porté et le poids de tels révélations. Pour ma part, je n'ai jamais eu le courage de lui dire ce que je savais, c'est-à-dire très peu. Je me suis contenté de lui aménager cet endroit, le reste, c'est elle-même qui l'a fait, elle est autodidacte. Elle m'a toujours dit que quelque chose de puissant la guidait, la forçait presque à créer tout ce qu'elle fait.
La prophétie parle de descendant. de quelle famille parlons-nous ?, demanda Rogue.
Orlane porte le nom de Roy depuis sa naissance. Son père s'appelait également ainsi mais je crois que si vous remontez leur arbre généalogique, vous croiser plusieurs grandes familles sorcières de votre pays, quelques unes de celui-ci mais vous risquez de trouver bien mieux, beaucoup plus haut.
Quelle est sa scolarité sorcière ? demanda de nouveau Rogue.
Nulle, les dons qu'elle possèdent ne se développent pas complètement comme ceux des sorciers normaux, du moins si j'ai bien compris. Cela ne fait que quelques années qu'elle s'est aperçue de ses pouvoirs et elle apprend à tous les jours un peu plus sur eux, apprenant à les maîtriser mais surtout à conjuguer avec.
Si elle ne sait pas qui elle est, ni quel est son destin, elle ne sait pas pourquoi nous sommes ici alors ?, demanda Draco qui n'avait cessé de fixer la jeune femme.
Non, en effet. »
Le vieil homme regarda sa protégée qui avait un air indéchiffrable sur le visage, son regard était profond, elle ne souriait pas, respirait calmement et semblait réfléchir ardemment. Elle inspira profondément et leva les mains pour échanger dans cette langue gestuelle qui ressemblait à un jeu de mime pour les non-initiés. Le vendeur hocha simplement la tête et se mit lui aussi à parler avec ses mains, il devait expliquer les bouts manquants à la jeune femme.
Draco en profita pour mieux l'observer, elle portait un jean délavé et usé et un t-shirt moulant blanc couvert d'un épais tablier de cuir noir, brûlé à certains endroits. Ses cheveux étaient remontés en un chignon serré impeccable mais il le trouvait bien plus séduisant que celui que portait en tout temps Mc Gonnagall. Si eux transpiraient à grosses gouttes, elle semblait fraîche comme la rosée du matin, seulement un peu de sueur perlait de son front mais pratiquement rien à comparer au déluge que produisaient les trois hommes. Le jeune homme passait justement une main sous le col de son chandail qui lui enserrait le cou, elle du le voir faire car elle lui sourit et leur fit signe de remonter, là où l'air était moins lourd.
Dans l'arrière boutique, ils s'assirent tous à une petite table où le vieil homme leur servi des rafraîchissements qui furent les bien venus. D'un coup de baguette magique, Rogue se redonna un peu de convenance, effaçant les marques de sueur de ses vêtements, et faisant disparaître toutes les gouttes qui perlaient sur son front et ailleurs. Le jeune Malfoy aurait aimé pouvoir en faire autant mais il ne pouvait toujours pas se servir de la magie en dehors de Poudlard et encore moins dans un pays étranger sans permis spécial. Il implora presque son mentor de venir à son aide mais ce dernier était dans une grande discussion avec le tuteur de la jeune femme et ne s'aperçu même pas de l'état de Draco.
Quelqu'un d'autre avait remarqué cependant, la jeune femme se pencha légèrement vers lui, ce qui le fit sursauté d'abord puis il fut subjugué par le regard qu'elle avait. Sans le quitter des yeux, elle leva sa main qu'elle plaça sous sa bouche et souffla une douce brise vers lui qui le fit frissonner de la tête aux pieds et ce dans tous les sens du terme. Son souffle était frais, presque froid et la température du corps du jeune homme chuta d'un seul coup. Il en fut ébahi, il la fixait toujours alors qu'elle se retournait vers son tuteur pour lui prodiguer le même traitement
« - Merci mon c?ur, lui dit le vieil homme avant de continuer son échange avec Rogue.
Comment. », trouva la force de demander Draco.
Il du le lui redemander car elle ne l'avait pas vu prononcer le mot et n'avait pu lire sur ses lèvres. Pour toute réponse elle se contenta de lui sourire narquoisement en levant les sourcils. Il lui souriait tel un idiot, complètement sous son charme.
Pendant plusieurs minutes, les deux aînés échangèrent, la jeune femme tentant de saisir leurs propos, Draco lui l'observant sans en avoir l'air. Puis Rogue donna le signal de départ au grand regret du jeune Malfoy qui serait rester ainsi à l'observer pendant des années. Ils avaient convenu qu'ils repassaient le lendemain s'enquérir de la réponse de la jeune femme à qui tout serait exposé en détail. Draco aurait voulu qu'elle lui sourit pour lui dire au revoir mais la jeune femme lui tournait le dos, elle s'était contenter d'hocher poliment la tête avant leur départ et il avait du s'en contenter.
Ils retournèrent à leur chambre de motel, retrouver leur colonie de bestioles ainsi que leurs voisins fêtards. Un compte-rendu détaillé fut envoyé à Dumbledore par un procédé inconnu au jeune homme puis ils passèrent le reste de la journée assis chacun sur leur lit, révisant certaines leçons du jeune homme. La nuit tombée, Draco Malfoy se mit au lit en étant certain de faire de très beaux rêves, d'ailleurs il avait rêvé éveillé toute la journée, subissant sans cesse les remontrances de son mentor. Peu lui important, pour la première fois de sa vie, un petit de joie pointait en lui, une joie qui lui était toute personnelle, qui n'appartenait qu'à lui, qui ne lui avait été imposé par personne.
J'espère que cette histoire vous plaira et ne vous gênez surtout pas pour m'envoyer une rewiew pour me dire ce que vous en pensez (positif et négatif sont les bien venus.)
Dois-je vous rappeler que rien du fabuleux monde de Harry Potter ne m'appartient ? Mon nom comme vous vous en doutez n'est pas JK Rowling (malheureusement.)
Chapitre 1
Le soleil avait chauffé toute la journée une bonne partie de ce coin de pays, amenant avec lui, la nuit tombé, toute trace d'une brise qui pourtant aurait été la bienvenue. L'humidité régnait en maître depuis plusieurs jours, affligeant les jeunes enfants et les personnes âgées et épuisant les autres. Pas l'ombre d'un nuage pour couvrir l'astre du jour qui s'était mit de la partie, ce qui avait donné pour résultat plusieurs coups de chaleurs et un nombre record de fréquentation des bars laitiers et endroits à débit d'alcool. Rien de mieux qu'une bonne bière bien fraîche pour oublier la chaleur qui faisait coller nos vêtements à notre peau.
C'était ce que ce disait justement un jeune homme, tapi dans l'ombre d'une petite ruelle que peu de gens osaient emprunter. L'homme sur la lune avait pointé son nez il y avait de cela quelques heures déjà mais la température n'en avait pas été influencée pour autant. Dire qu'on disait que l'Angleterre était humide, pensa-t-il, que dire alors du climat qui régnait dans cette partie du globe alors. On lui avait raconté qu'un illuminé avait un jour dit qu'il ne s'agissait que de « quelques arpents de neige ». De toute évidence, il n'avait jamais visité ce pays en plein été.
Le jeune homme essuya du revers de sa main, les quelques gouttes de sueurs qu'il avait pourtant chassé quelques instants plus tôt. Il était fatigué, avait chaud, renfrogné, il suait, de mauvaise humeur, il transpirait, épuisé, il avait chaud, l'avait-il déjà dit ? Mais que faisait-il ? Pourquoi il le laissait ainsi poireauter dans le fond de cette ruelle ? Pourquoi était-il si en retard ? Le jeune homme jeta un autre coup d'?il à sa montre, ce n'était pas la première fois de la journée qu'il faisait ce geste. Le temps lui semblait figé, les secondes s'égrainaient à une vitesse dangereusement lente, les aiguilles de sa montre semblaient faire la grève, comme pour protester elles aussi contre cette chaleur suffocante.
Il lui avait dit de l'attendre à cet endroit, il en était sûr et pour avoir repéré un peu les lieux, il savait qu'il se trouvait au bon endroit. Au fond de la ruelle, se trouvait une petite buvette que peu de gens dit « normaux » oseraient fréquenter. Depuis qu'il observait de son poste dans l'ombre, il avait vu entrer et sortir une dizaine de personnes aux allures, comment ils disaient déjà ? Ah oui, gothiques. Des pseudo apprentis sorcier, des imitateurs bas de gamme, des jaloux, des rêveurs.Oui des rêveurs car jamais ils ne pourraient même jamais lui arriver à la cheville, lui possédait en lui la magie, lui était né sorcier. Il n'était pas un de ces moldus qui pelletait les nuages de l'illusion en se faisant à croire qu'il était digne d'être un sorcier. On était sorcier à la naissance, ou on ne l'était pas et il était vain de croire que ça pouvait changer. De toute façon, ces moldus ne connaissaient rien à la vraie magie, il n'avait qu'à lire le nom de cette petite buvette qu'il observait « la maîtresse de Merlin ». Tous les vrais sorciers savaient que la maîtresse de Merlin s'appelait Vivian, elle avait été sa tutrice et amante et n'importe quel abruti aurait pu le trouver en se donnant la peine de chercher un peu, il savait que les légendes arthuriennes des moldus en parlaient.
N'empêche qu'il devait avouer que c'était l'endroit rêver pour un véritable sorcier pour venir prendre une boisson alcoolisé sans se fondre dans une mer de moldus tous plus semblable les uns que les autres. C'était la raison de sa présence dans ces lieux, il devait observer, guetter, trouver. Qui ? Ça il n'en avait aucune idée. Voilà pourquoi il savait qu'il était là en vain. Si au moins son mentor pouvait arriver pour lui donner quelques informations supplémentaires, il saurait peut-être quoi chercher. Pour l'instant il nageait dans l'inconnu et détestait cela, il avait l'habitude de toujours être maître, de diriger la situation, de mener les choses où, LUI, voulait qu'elles aillent. Se retrouver ainsi, dépendant de l'inconnu l'agaçait au plus haut point. Pourquoi avait-il accepté aussi de suivre son mentor de l'autre côté de l'océan ? N'aurait-il pas pu rester sagement à la maison à regarder le temps passer ? Mais non, ses récentes prises de conscience l'avaient mené jusqu'à ce trou perdu au fin fond de nulle part. Il avait fait de choix qui l'avait mené à prendre des décisions. Honnêtement, il ne pouvait pas déclarer qu'il le regrettait vraiment jusqu'à maintenant, il savait qu'il aurait regretté encore plus amèrement s'il avait fait le choix contraire. Pourtant, qui aurait cru, que lui, allait faire de telles concessions, qu'il allait suivre une voie qui lui était inconnue et tout autre de ce à quoi il était destiné depuis sa naissance.
Le jeune homme sourit en repensant aux évènements qui s'étaient passés il y avait à peine quelques mois mais qui pourtant semblaient s'être passés il y a des lunes. Pendant près d'un an, il s'était refermé sur lui-même, s'introspectant , cherchant à se définir lui en tant qu'être humain et non pas seulement en tant que fils né dans cette famille qui était la sienne. Ses amis avaient bien sûr remarqués son changement d'attitude, il ne semblait plus prendre plaisir en ce qui l'aurait autrefois fait mourir de rire ou donner une satisfaction telle qu'il aurait bombé le torse, fier pendant plusieurs jours. Ses parents aussi s'inquiétèrent mais jamais autant qu'il s'inquiéta lui-même, son esprit semblait soudain se réveiller d'une trop longue nuit qui aurait durée près de seize ans. Il avait l'impression de n'avoir jamais réellement vécu, d'abord était tout ce temps qu'une marionnette opérée par plus puissant que lui. Son nom de famille était connu de toute la communauté magique et il en avait été jadis très fier mais pourquoi ? Pour des exploits que lui-même n'avait jamais fait. Parlons-en de ces soi disant exploits, comment pouvait-on en retirer une réelle fierté. Bien sûr il aurait très bien pu se montrer à la hauteur des attentes dues à son nom de famille, il en avait la capacité mais était-ce là un véritable défi ? Non bien sûr, il ne ferait que perpétuer la tradition familiale, sans réellement se démarquer.
Sa sixième année de scolarité avait été très pénible pour lui, pas nécessairement sur le plan académique mais plutôt morale et au plan de son esprit, son âme, ses valeurs, ce qu'il croyait être vrai parce que l'on lui avait dit que c'était vrai, ce qui était mal parce que d'autre avant lui en avait décidé ainsi. Ce fut une véritable crise existentielle qui submergea le jeune homme et elle l'engloutit totalement, il se sentait couler à pic et ne savait que faire pour éviter la noyade. sa mort. Son existence était telle qu'il se voyait, coulant au fond d'une mer très agitée, sans pouvoir remonter à la surface. Puis une ombre était apparue au dessus de lui, une main avait plongé et était descendue jusqu'à lui. Sans presque y réfléchir, il l'avait saisi et elle l'avait fait remonter. La mer était toujours aussi agitée mais au moins il était sur l'eau maintenant et non plus dedans.
Il serait toujours reconnaissant à cette main qui l'avait sauvé. En fait, il s'agissait d'une étrangère qui ne s'était pas arrêter pour réfléchir à s'il valait la peine d'être sauver, elle l'avait simplement fait car elle croyait en lui. De ce fait, elle lui avait redonner confiance en lui et dès lors, il su quel chemin il devait emprunter. Il n'était pas sans embûche et n'était pas le plus attrayant et le plus attirant mais il savait au fond de lui qu'il devait persévérer, qu'un jour, il apprécierait son choix. La propriétaire de cette main ne s'était pas contentée de le sortir de l'eau, elle l'avait écouté sans jamais le juger, sans jamais remettre en doute ses valeurs ou plutôt ce qu'il croyait être ses valeurs. Elle l'avait aidé par sa simple présence à cheminer dans les dédalles de son esprit enfumé.
Il avait prit des décisions et cela l'avait mené là, à attendre dans le noir et la chaleur que son mentor revienne de Merlin seul sait où avec les réponses à leurs questions. Il poussa un autre soupir, qui avaient été nombreux en cette chaude soirée, quand soudain, il le vit. Il approchait, les sourcils froncés, les yeux scrutant les alentours, évaluant les dangers possibles et repérant les sorties possibles. Il faisait toujours ainsi, le jeune homme avait pu l'observer à plusieurs reprises depuis que l'homme l'avait pris sous son aile. À lui aussi, le jeune homme lui devait beaucoup, l'aîné s'était porté volontaire pour lui enseigner bien plus que ce sa tache lui incombait en réalité. L'homme âgé dans la fin trentaine le repéra assez rapidement, pourtant, plus d'une douzaine de moldus avaient passé par là avant lui et personne n'avait remarqué le jeune homme jusqu'à maintenant.
Se sachant repéré, il sortit de sa cachette et s'avança vers son mentor qui semblait avoir tout aussi chaud que lui. Il portait un pantalon noir et un chemise blanche qui lui collait au torse, ses cheveux étaient plaqués sur sa tête et son front ruisselait du petites gouttes de sueur. D'un signe de tête, il fit signe à son protégé de le suivre à l'intérieur de la petite buvette.
Lorsqu'il poussa la porte et entra à la suite de son mentor, le jeune homme n'eut pas trop de difficulté à acclimater ses yeux à la noirceur de la petite taverne puisqu'il était dans la noirceur depuis quelque temps déjà. L'endroit, outre être sombre et éclairé par une multitude de chandelles était frais et agréable, du moins pour des gens comme eux. Il fit le tour de l'endroit des yeux, au fond une petite estrade où se tenaient plusieurs instruments de musique mais où aucun musicien n'était visible. Devant le stage, plusieurs longues tables de bois massif avec des bancs à haut dossier entièrement en bois. À l'extrême gauche une porte en chêne devait donner accès aux cuisines de la place car tout près se trouvait un immense foyer à deux faces où pouvait prendre place un bon morceau de viande. Heureusement, avec la chaleur qui faisait à l'extérieur, il n'y avait aucun feu dans l'âtre. À la gauche de la porte d'entrée, se trouvait un long comptoir tout en bois derrière lequel on retrouvait plusieurs bouteilles de ce qu'il devina être de l'alcool moldu. Les clients pouvaient s'asseoir au dit comptoir grâce à des tonneaux de vin changés en haut banc, assez confortable malgré leur apparence. Il le savait car s'était là que s'était dirigé son aîné, à l'écart des autres clients qui avaient pris place devant l'estrade, attendant sans doute le début du spectacle.
Une serveuse à la poitrine généreuse et mise bien en évidence, vêtue d'habits de style médiévaux s'approcha d'eux, un sourire enjôleur aux lèvres, comme si elle venait de repérer une proie facile et qu'elle la traquait uniquement pour le plaisir. La proie n'était nulle autre que le plus âgé des deux hommes qui grimaça en la voyant approcher mais fit d'énorme effort pour rester poli et respectueux, ils ne devaient pas attirer l'attention sur eux.
« - Dites, donc, on dirait que vous avez chaud mes gaillards, on vous sert à boire ?
Pourquoi pas, quelque chose de rafraîchissant, dit le plus âgé.
Je vous propose la spécialité de la maison, c'est à vous glacer les sangs.
Ça nous prend plus qu'un simple breuvage pour nous « glacer les sangs » comme vous dites, déclara le jeune homme sûr de lui.
On verra bien. », le nargua la serveuse.
Elle frappa ensuite trois grands coups sur le comptoir, ce qui fit se retourner la jeune femme qui travaillait derrière. La serveuse lui fit un rapide geste de la main, puis fit deux de ses doigts et pointa finalement les deux hommes auprès d'elle. La jeune femme acquiesça de la tête et prépara aussitôt deux verres. Ses gestes étaient rapides mais sûrs, elle savait ce qu'elle faisait et très rapidement, elle amena les deux coupes en étain, pleines aux deux hommes. Elle les déposa devant eux et d'un geste las, jeta quelque chose dans leur verre, ce qui est pour effet de produire une fumée blanche en provenance de leur boisson qui disparut rapidement. Le jeune homme se recula légèrement surpris, le plus vieux par contre n'avait pas bougé d'un cheveu et fixait la jeune femme avec un air narquois et un sourire en coin. Elle lui rendit son sourire et inclina légèrement la tête avant de repartir laver ses verres.
Le plus âgé des deux, regarda son collègue en haussant un sourcil, ce dernier se renfrogna et reprit rapidement un air fier et imperturbable. Bien sûr, il avait vu et fait bien mieux que la petite démonstration qu'il venait de voir mais il ne s'attendait pas à voir quelque chose du genre dans un endroit moldu. Il avait simplement été surpris.
« - Probablement de la quinquina séchée puis broyée qui mélangée avec certains alcools.
Produit une fumée blanche épaisse mais brève, termina de réciter le jeune homme.
Même les moldus trouvent parfois des utilités particulières à certaines choses.
- Sans doute les trouvent-ils seulement par hasard. »
Le plus âgé hocha la tête en signe d'approbation et pris une gorgée de la boisson qui était effectivement très rafraîchissante. Elle plut également au plus jeune qui tenta de découvrir les ingrédients la composant. L'aîné faisait de même mais quelque chose lui échappait. Il pila donc sur son orgueil et demanda à la jeune femme :
« - Mademoiselle. Mademoiselle. hey ! »
La jeune femme ne se retourna même pas pour lui répondre, l'ignorant totalement. Cette attitude choqua l'homme qui haussa le ton, ce qui attira la serveuse.
« - C'est pas la peine de vous époumoner mon beau, elle ne vous répondra pas.
Peut-on savoir pourquoi ? demanda les dents serrés l'homme qui n'avait pas l'habitude d'être ainsi ignoré.
Parce qu'elle ne vous entend pas. Elle est sourde. et muette. Je peux peut-être vous aider ? »
La déclara de la serveuse peina pour une raison inconnue le jeune homme, il demanda tout de même :
« - Nous voudrions savoir ce que contient ce breuvage.
Oh, vous n'êtes pas les premiers et sûrement pas les derniers. Jamais elle ne donne la recette, elle se contente de répondre qu'il s'agit d'un vieux secret de famille lorsqu'on lui demande.
Vous-même ne le savez pas ?, tenta de nouveau l'aîné.
Non mon chou, désolée, moi je ne sers que les cervoises et le cidre, pour le reste, c'est elle qu'il faut voir. C'est vrai qu'elle est douée, on avait hésité à l'engager vu son handicap mais elle nous avait été chaudement recommandée et elle avait besoin d'un job. On ne l'a jamais regretté. Je peux tout de même essayer si vous voulez. »
Ce disant, la serveuse frappa de nouveau sur le comptoir pour attirer l'attention de la jeune femme qui se retourna et approcha sur la demande de la serveuse qui lui faisait des gestes rapides et saccadés des mains. Un sourire apparut sur le visage de la jeune femme, un sourire qui chauffa le c?ur du jeune homme, il ne la quitta pas des yeux alors qu'elle prenait une ardoise posée près d'eux et qu'elle écrit en grosses lettres :
SECRET DE FAMILLE
« - Mais encore, déclara à voix basse l'aîné. Elle croit quoi, que l'on va lui voler sa recette pour la revendre et devenir riche avec. »
La jeune femme écrivait de nouveau sur l'ardoise à une vitesse folle, ce qui attira l'attention des deux hommes. La serveuse étant retournée à ses autres clients, ils purent lire sur l'ardoise :
« - La vendre non mais mon paternel n'apprécierait pas que toute votre famille trinque à sa santé à Noël prochain. »
Les deux hommes étaient sous le choc et la dévisageaient les yeux ronds, n'était-elle pas supposée être sourde. Suivant les rouages de leur cerveau, elle écrit de nouveau sur son petit tableau :
« - Sourde mais pas complètement folle, je sais lire sur les lèvres et ce dans trois langues différentes. »
Elle brisa sa craie en écrivant le dernier mot, comme si cela signifiait que le ton qu'elle aurait employé si elle l'avait pu aurait été sarcastique. La jeune femme retourna à ses taches un sourire victorieux aux lèvres et les yeux moqueurs. Le jeune homme ne pu s'empêcher de la trouver particulièrement attirante. Elle semblait avoir du caractère et était intelligente et son physique n'était pas des plus repoussant non plus. Elle était grande pour une femme, un peu plus petite que lui mais bon. Elle avait de longs cheveux noirs de jais et comme certaines moldues qu'il avait rencontré jusqu'à maintenant, elle arborait des mèches très à la mode, bleu nuit, ce qui donnait un aspect féerique à ses cheveux, comme si les couleurs de la nuit s'y étaient arrêtés et avaient refusées de partir le matin venu. Ses yeux vifs et malicieux étaient d'un bleu profond et intense, étaient protégés par de longs cils qui formaient une barrière qui filtrait la lueur qu'ils revêtaient. Elle avait une petite bouche mais des lèvres pleines et rosées. Des pommettes saillantes, un menton volontaire et deux adorables fossettes lorsqu'elle souriait. Il était sous son charme, malheureusement pour lui, son mentor s'en aperçu et lui fit quelques remontrances, ils n'étaient pas là pour flirter mais bien pour trouver ce qu'ils étaient venus chercher.
Parlant de cette mission, le jeune homme se pencha pour demander à voix base à son aîné :
« - Avez-vous eu quelques renseignements supplémentaires ou devons nous encore chercher quelque chose dont on ignore tout ?
J'ai reçu des nouvelles mais même en haut lieu, ils n'en savent pas vraiment plus que nous. Tout ce que je sais c'est que c'est un descendant que nous devons ramener, pourvu de certains dons rares et que nous devons le trouver avant que d'autres ne le trouvent.
Savons nous au moins quels sont ces pouvoirs si spéciaux ?
Selon ce que je sais, il s'agirait de quelques pouvoirs ou connaissances depuis longtemps oubliés.
Comme c'est précis. », ironisa le jeune homme en soupirant.
Voilà près d'une semaine qu'ils voyageaient ensemble pour finir dans ce petit bourg d'une ville perdue aux fins fonds du Canada. Selon les renseignements que l'on leur avait donné, c'était l'endroit où ils étaient supposés trouver « le descendant » ou « le membre de la lignée oublié ». C'était comme cela qu'ils nommaient celui qu'ils étaient sensés ramener en Angleterre pour aider leur cause. Quel stupidité que de partir sans même savoir ce que l'on devait allé chercher. Au moins, une chose semblait sûre, c'est qu'ils étaient à la bonne place mais pourquoi, voilà une tout autre question. Leur mission était claire, revenir avec celui qu'ils recherchaient, point. La lacune principale était, oui mais c'est QUI, qu'on recherche.
« - Au moins, on est dans un endroit où on a des chances de « le » croiser. déclara l'aîné.
Pourquoi ici plus qu'ailleurs ? fit remarquer le jeune homme. Je veux dire, s'il ne vit pas parmi la communauté magique, pourquoi fréquenterait- il un endroit pareil. Si je voulais vivre comme un moldu, que Merlin m'en préserve, je ne fréquenterais pas un endroit qui me rappellerait le monde que je tente de fuir.
C'est un raisonnement sensé mais selon lui, la personne que l'on recherche pourrait ne même pas être au courant de ses dons mais que ceux-ci le pousseraient à rechercher inconsciemment ses origines. »
Lui, s'était l'homme qui leur avait confié cette mission, le jeune homme se dit mentalement que cela aurait du être lui qui fut là à leur place, il semblait en savoir bien plus qu'eux sur le sujet.
« - Autant chercher un fétu de paille dans une botte d'aiguilles, déclama le jeune homme.
En fait, je crois que c'est le contraire », le reprit son aîné.
Ils commandèrent à manger et continuèrent leurs observations silencieuses des clients de la buvette qui se remplissait graduellement. La serveuse leur expliqua que le groupe qui devait se produire ce soir-là, attirait toujours beaucoup de gens, des marginaux pour la plupart. Le groupe en question monta finalement sur scène et entama quelques morceaux de musique celtique-trash. Mélange explosif à n'en point douter, c'était surtout le mélange des différents instruments qui créait l'originalité du groupe. On pouvait retrouver sur la même scène, une cornemuse, une guitare électrique, une flûte de pan, un synthétiseur, un cor anglais et une batterie électrique. Le tout faisant un tintamarre épeurant qui semblait pourtant plaire à la foule qui en redemandait en se saoulant à l'eau de vie et à l'hydromel.
Après près de deux heures de torture musicale, les deux hommes quittèrent enfin la buvette avec une liste mentale de gens à filer et à observer le lendemain pour tenter de trouver celui qu'ils devaient ramener avec eux. Avant de quitter, le jeune homme jeta un dernier regard à la jeune femme derrière le comptoir. Il l'avait observé à la dérober plusieurs fois dans la soirée, espérant croiser son regard sans attirer l'attention de son mentor. En fait, il aurait aimé la voir sourire de nouveau, elle avait sourit toute la soirée, ayant un caractère joyeux et amical avec les clients, des habitués qui communiquaient avec elle mais il aurait aimé qu'elle lui fasse don d'un sourire, à lui seul. Alors qu'il passait le porche, elle lui fit un demi-sourire et hocha la tête comme pour le remercier d'avoir consommé dans son établissement. Ce n'était pas exactement ce qu'il désirait mais c'était déjà ça. Il la gratifia d'un plein sourire, charmeur, enjôleur à la limite mais qu'il voulait sincère, ce n'eut pas entièrement l'effet escompté. Il fut tiré si vite dehors par la poigne ferme de son aîné qu'il ne vit pas comment avait réagi la jeune femme à son sourire qui les faisait toutes tomber.
Ils avaient loué une petite chambre dans un motel minable, infesté de plus de bestioles que pouvait en contenir un insectarium. Le loueur les avait regardé d'un ?il suspicieux lors de leur arrivée, heureusement que ni l'un ni l'autre n'avait remarqué que l'homme pensait visiblement qu'il s'agissait d'un couple recherchant quelques endroits sordides pour accomplir quelques fantasmes innommables. Ils l'auraient bien tué sur le champ, simplement pour avoir pu penser une telle chose, les Avada Kedavras auraient plut sur lui plus vite que ne fuyaient les coquerelles à la lumière. Leur petite chambre comportait deux lits jumeaux qui reçurent un sortilège de nettoyage à fond par l'aîné des deux alors que le plus jeune levait le nez, visiblement choqué de l'état de la pièce. La salle de bain adjacente subie également un grand ménage magique. L'aîné avait pris possession du lit près de la fenêtre alors que le plus jeune avait du se contenter de celui près du mur mitoyen. La veille, il n'avait pu fermer l'?il, entendant constamment les nombreux déplacements de la vermine à l'intérieur, ce soir par contre, il allait dormir à poings fermés trop fatigué pour prêter attention à ces sales bestioles.
Après une douche rapide mais froide, le jeune homme qui n'avait revêtu qu'un simple boxer, s'étendit sur son lit, de nouveau nettoyé et désinfecté par son mentor et ferma les yeux. L'air climatisée, sensée être un luxe, devait se payer des vacances, car elle ne fonctionnait pas, il faisait une chaleur insoutenable dans la chambre. Heureusement, le plus vieux des deux ajusta magiquement la température pour qu'elle soit plus confortable. Les deux hommes, épuisés et éreintés s'endormirent rapidement. Ils profitèrent d'une nuit de sommeil qu'ils voulaient réparateur mais mal leur en pris, les voisins de palier avaient décidé de faire la rumba toute la nuit. Le jeune homme du retenir son aïeul d'aller leur régler leur compte, ils ne pouvaient prendre la chance d'être repérés. Une fois calmé, un sort d'insonorité fut lancé et ils purent retourner à leurs rêves.
Au réveil, le soleil était déjà haut dans le ciel, plombant de nouveau, annonçant une autre journée infernale. Après avoir rapidement mangé un petit déjeuner, ils se séparèrent les « suspects » et convirent de se retrouver à la même buvette le soir même pour mettre en commun leurs observations. Ils se séparèrent en passant devant le locateur qui leur jeta un regard qui en disait long sur ses pensées. Le plus vieux prit à gauche, alors que le plus jeune filait vers la droite, il devait se rendre dans un petit magasin qui disait vendre « tout le nécessaire pour mage ». En marchant dans la rue, le jeune homme ne pu s'empêcher de remarquer que son habillement ne passait pas vraiment inaperçu, porter un pantalon et une chemise noir par la chaleur qu'il faisait n'était pas l'idée du siècle. Son regard était justement attiré par un magnifique bermuda bleu acier. Sa main se porta automatiquement à son porte-monnaie, on lui avait expliqué le fonctionnement et l'équivalence des billets de banque moldus. Pourquoi pas après tout, il devait passer pour un parfait moldu non ? Il entra dans la boutique et en ressorti avec le bermuda et une camisole blanche qui moulait les muscles de son torse, ses cheveux maintenant courts et une petite barbe naissance, ajoutait au look du parfait sportif moldu, tombeur de ses dames. Un sac à la main, contenant ses autres vêtements, il reprit son chemin.
La petite échoppe de son « suspect » numéro un, le fit sourire. Absolument rien dans ce magasin n'était susceptible d'avoir une quelconque utilité magique potentielle. Il s'agissait que d'un autre illuminé, croyant au supranaturel sans même en saisir l'essence même. Le jeune homme ressortit quelques instants plus tard, ayant fait mine de réfléchir à l'achat d'une réplique d'une Witchball, petite sphère en verre supposée repousser les mauvais esprits. Le suivant sur sa liste était un vieil homme excentrique qui s'avéra être un névrosé, fêlé de l'esprit qui vivait avec une meute de chats infestés de puces.
La journée avançait rapidement, la liste des « suspects » diminuant à mesure que le temps passait. Aucune des personnes ciblées ne semblaient être celui qu'ils recherchaient, aucun n'affichaient de détails particuliers ou semblaient posséder des dons réels pour la sorcellerie. Le soir venu, ils se retrouvèrent de nouveau à la taverne de « la maîtresse de Merlin » où ils mangèrent un bon repas en sirotant de bonnes bières moldues en échangeant sur leurs « cas ».
Le jeune homme avait été déçu de ne pas revoir sa belle ce soir-là, elle n'était pas derrière son comptoir, seule la serveuse officiait. Elle les avait d'ailleurs gratifié de son plus beau sourire et ne se gênait pas pour montrer et mettre ne valeurs ses attributs plus que voyant. Il y avait peu de monde ce soir là dans la buvette, bien moins que la veille. Néanmoins, ils repartirent avec une nouvelle liste de nouveaux « suspects ». De nouveau la petite routine reprit.
Le lendemain, ils se divisèrent de nouveau la liste. Cette fois ce fut au tour de l'aîné d'arrêter pour faire des achats personnels. Il avait la veille lever les sourcils en apercevant l'attiquement de son protégé mais avait du s'avouer qu'il avait du avoir bien moins chaud que lui. Par contre, ses goûts vestimentaires n'étant pas ceux du jeune homme, le résultat fut moins élégant. Un bermuda à carreaux et une chemise lignée ne faisaient pas nécessairement bon ménage, n'empêche que ça lui permettait de mieux respirer que tout vêtu de noir.
Lorsque la serveuse à la poitrine généreuse les vit arriver pour une troisième soirée d'affilée, elle en déduit qu'elle avait fait mouche avec au moins l'un deux et elle redoubla ses efforts sur le plus âgé. Ce dernier se concentrait pour rester poli et aimable mais il n'avait qu'une idée en tête, l'envoyer balader à des milles et des milles de l'endroit où il se trouvait. Leur récolte d'informations n'avait pas été bien meilleure cette journée là, ils s'étaient promenés d'un bout à l'autre de la ville pour enfin revenir bredouille à leur point de départ. Ils commençaient tous les deux à désespérer et à broyer du noir. Un rayon de soleil perça tout de même jusqu'au c?ur du jeune homme lorsqu'il vit la jeune sourde et muette prendre place derrière le comptoir. Elle les gratifia d'un sourire poli et s'informa avec l'ardoise de ce qu'ils désiraient boire.
À plusieurs reprise cette soirée là, elle surprit le regard du plus jeune des deux posé sur elle, toujours il détournait les yeux lorsqu'elle s'en apercevait. Dans son esprit, il l'avait baptisé Morgan, après tout, Morgan était dans la légende la nièce de Vivian et ils se trouvaient bien dans l'antre de « la maîtresse de Merlin ». Souvent lui laissait ses yeux glisser de son visage espiègle à sa gorge blanche et invitante qui portait si gracieusement un magnifique collier. Un ouvrage artisanal d'une grande qualité et d'une plus grande beauté. Ce dernier allait particulièrement bien avec la chemise de lin froissé beige qu'elle portait dur une jupe longue magenta. Elle portait des vêtements s'inspirant vaguement de la mode du moyen âge, comme le voulait l'endroit où elle travaillait, ce qui lui allait à ravir. Il se prit même à imaginer ses longues jambes, cachées sous cette jupe.
À la fin de la soirée, exaspéré, l'aîné trouva le courage d'enfin se renseigner ouvertement. Il aborda la serveuse qui était visiblement ravi de l'attention qu'il lui portait enfin. Il lui fit un discours brodé de fils blancs comme quoi il aimerait bien trouver un bon endroit où il pourrait trouver quelques items insolites à consonance magique. La femme lui répondit d'une voix enjouée qu'elle connaît bien une telle place tout près en plus. Il s'agissait d'une échoppe un peu plus au fond de la ruelle où se trouvait sa taverne, fréquentée par « les grands » comme elle les appelait. Là ils devraient trouver ce qu'ils cherchaient, ils n'auraient qu'à dire que c'était elle qui les envoyait, le propriétaire les accueillerait bien selon elle.
Il était trop tard ce soir là pour rendre visite à ce marchand mais dès les premières heures le lendemain, les deux hommes s'y rendirent. Il s'agissait d'une petite boutique sombre et retirée des regards indiscrets, elle aurait très bien eut sa place sur l'allée des embrumes sur le chemin de traverse. À l'intérieur, plusieurs pots tous emplis de substances plus ou moins identifiables, ils en reconnurent tout de même quelques unes et se dirent que finalement, ils étaient peut-être tombés à la bonne place. Un petit homme tout replet vint à leur rencontre, le regard suspicieux de voir débarquer dans son antre deux étrangers. Le plus vieux lui affirma être là sous les recommandations de Nath, la serveuse. Aussitôt le vendeur devint moins méfiant mais on pouvait déceler en lui tout de même encore un peu de suspicion. Le plus jeune marchait dans le magasin, observant tout ce qui s'y trouvait, reconnaissant effectivement quelques instruments qu'ils utilisaient dans son monde ainsi que quelques ingrédients utiles et pratiques.
Alors que l'aîné de deux discutait avec le vendeur, le plus jeune fut attiré par un petit présentoir tout au fond de l'échoppe. Il s'agissait de plusieurs bijoux artisanaux plutôt bien fait, il reconnu différents talismans qui pouvaient être magiques si bien fait mais surtout, si fait par un sorcier d'expérience. Juste en dessous, dans une vitrine scellée, se trouvait quelques athamés de différentes grandeurs et conception. Ces genres de coutelas étaient très utiles aux sorciers et étaient utilisés en plusieurs occasions. Lui-même n'en possédait pas un en particulier mais savait comment s'en servir. Son regard était attiré sans cesse vers l'un deux, une magnifique dague de style traditionnelle, double tranchant, entièrement noir sauf pour les minces fils d'argent qui parcourait son manche. Les deux hommes qui parlaient ensemble se rapprochaient de lui mais le jeune homme ne pouvait détourner son regard de l'objet. Lorsque son mentor vint se poster derrière lui pour regarder ce qu'il observait ainsi, ses yeux revêtirent une lueur de surprise. Le vendeur aussi apparemment fut surpris car sa voix était soudainement moins sûre :
« - On disait autrefois que les athamés choisissaient leur propriétaire et non pas le contraire. Peut-être voudriez vous vérifier si l'un d'eux vous est destiné jeune homme ? »
Sans même attendre la réponse, le petit homme déverrouilla le présentoir et sortit avec beaucoup de précaution le cousin de velours bleu sur lequel reposaient les coutelas. Le regard du jeune homme n'avait pas quitté un seul instant la dague noire et c'est une main hésitante qu'il avança au dessus du présentoir. Aussitôt, la dague en question se mit à frétiller, comme animée par des spasmes spontanés. Les trois hommes en restèrent bouche bée, le vendeur fut le premier à reprendre ses esprits, il se saisit de la dague et la mit dans les mains du jeune homme qui lui faisait face, refermant avec précaution les doigts sur le coutela. Les deux plus vieux échangèrent un regard alors que le jeune homme fixait toujours l'objet qu'il tenait. Une voix le tira de sa contemplation :
« - Je me doutais aussi lorsque vous êtes entrés que j'avais affaire à des initiés. Cet athamé vous a choisit jeune homme, elle est à vous maintenant, prenez en soin, c'est une ?uvre d'une grande qualité. Elle est unique.
Cet objet, commença le mentor, c'est vous qui l'avez fabriqué ?
Moi, non pas du tout, jamais je n'aurais pu créer quelque chose comme cela. Cet un objet qui est bien au-delà de mes capacités de conception.
Sauriez-vous qui l'a fabriqué alors ? tenta de nouveau l'homme.
On m'avait averti que vous viendriez un jour mais plus les années passaient plus je croyais qu'il s'était trompé.
Qui ?, demanda un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
Son père. Le père de l'artisan qui a fait cet objet et ceux qui sont là également. »
Le vendeur montrait de la main le présentoir à bijoux. L'aîné des deux clients se saisi d'un pendentif et jetant un dernier regard à l'homme derrière le comptoir, il sortit de sa poche arrière sa baguette et prononça une formule inconnue au plus jeune. Ce dernier avait redouté la réaction du vendeur mais ce dernier ne parut même pas surpris de voir faire l'homme devant lui. Le jeune homme retourna son attention à l'amulette qui avait maintenant une lueur bleutée qui l'entourait. Le sorcier rangea sa baguette et remis le pendentif sur son présentoir, il inspira longuement puis se retourna vers le vieil homme qui avait fermé les yeux, attendant le verdict. L'étranger commença d'une voix mal assurée :
« - L'artisan. vous savez où on peut le trouver ?
Oui, répondit d'une voix mate le vendeur. D'abord, dites moi pourquoi vous tenez tant à connaître son identité.
Nous croyons qu'il peut nous aider à vaincre un mage malveillant, nous avons en fait de grands espoirs en ses dons.
Pour qui travaillez-vous ? »
La question du vendeur pouvait être mal interprété mais l'homme qui discutait avec lui compris de suite et répondit une réponse qui sembla satisfaire le vieil homme :
« - Une communauté en entier et bien plus dans peu de temps, j'en ai bien peur.
Vous savez, je crois que vous avez sans doute trop d'espoir en ses dons, ils ne sont pas encore à point, il lui faudra travailler encore plus dur pour arriver à combler vos attentes.
Croyez-vous qu'il s'agit bien de la personne que l'on recherche ? demanda de nouveau l'homme soudain moins sûr de lui.
Oui mais il vous faudra être patient.
Tu temps, on risque d'en manquer.
Alors ne perdons plus de temps, suivez moi je vous prie. »
Le vendeur alla verrouiller la porte de son commerce et fit signe à ses clients de la suivre. Le jeune homme tenant toujours l'athamé mais ne semblant pas s'en apercevoir, l'aîné réfléchissant à toute vitesse et le vieil homme prenant beaucoup de précaution, descendirent au sous-sol de l'échoppe par un escalier de pierre. Lorsqu'il avait ouvert la trappe permettant d'accéder aux fondations de l'édifice, les deux étrangers avaient senti une rafale d'air chaud les envahir. Des bruits de choses s'entrechoquant se fit entendre et à mesure qu'il descendait, ils subissaient les effets d'une chaleur suffocante, sentirent l'odeur particulière de métaux fondu et virent un épais nuage de vapeur envelopper une silhouette penchée sur ce qui devait être une enclume. Ils distinguait un genre de marteau s'abattant avec force sur un matériel quelconque, faisant retentir dans tout l'espace autour d'eux des bruits infernaux.
Le vieil homme leur fit signe d'attendre près des marches, se qu'ils firent sans poser de question. Le vendeur s'avança alors dans le genre de brouillard qui englobait l'artisan et son petit univers. Dans le fond de la pièce composée uniquement de pierres, ils distinguaient un immense foyer, semblable à ceux qu'utilisaient les forgerons, où un feu de braise était allumé. Cela ne faisait même pas quelques minutes qu'ils étaient là que déjà la chaleur leur était insupportable. Comment faisait cet homme pour travailler dans de telles conditions. Ils virent le vieil homme s'arrêter à quelques mètres de l'artisan mais n'entendirent pas ce qui se dit par la suite, l'homme arrêta son travail et se retourna vers le nouvel arrivant mais comme il avait déposé don ouvrage dans un sceau rempli d'eau avant de se retourner, ils ne virent pas ce qui suivit à cause de la vapeur qui avait tout envahi autour d'eux. Une petite fenêtre très haute, près du plafond faisait sortir peu à peu le surplus de vapeur et leur vision redevint presque normale au bout d'un moment. Ils remarquèrent que l'artisan suivait le vieil homme qui revenait vers eux d'un pas lent.
Les deux étranger faillir s'étouffer tellement leur surprise était grande lorsqu'ils virent correctement l'artisan. De loin, il leur avait apparu comme étant assez grand et ils s'était imaginé qu'il était musclé pour effectuer un tel travail. En fait, le il était une elle, elle était effectivement grande mais sa musculature n'enlevant rien à sa féminité. Le jeune homme déglutit avec difficulté en reconnaissant la jeune femme de la taverne, « sa Morgan ».
La jeune femme les regardait curieusement tout les deux, aucun d'eux n'arrivait à formuler quelque chose d'intelligent. Un malaise était perceptible de part et d'autre, c'est finalement le vieil homme qui prit la parole, s'assurant d'être bien vu de la part de la jeune femme pour qu'elle puisse lire sur ses lèvres.
« - Messieurs, voici Orlane, l'artisane que vous vouliez voir, chère voici messieurs.
Euh, Rogue, Severus Rogue et voici.
Draco Malfoy », répondit le jeune homme qui venait de retrouver l'usage de la parole.
Il avait tendu une main dans la direction de la jeune femme en oubliant ce qu'il tenait. Elle le vit et questionna du regard le vieil homme qui lui fit une série de petits signes totalement inconnus aux deux hommes en face d'eux. Elle lui répondit pareillement et le vendeur voulut bien leur traduire leurs propos :
« - Elle désespérait qu'un jour cet athamé trouve preneur. C'est en fait le tout premier qu'elle fit et elle y tenait beaucoup. Elle est heureuse qu'il vous aille même si elle est triste de s'en départir.
Dites moi, monsieur, qui est réellement cette jeune personne ?
Orlane est la fille d'un vieil ami, aujourd'hui décédé. Il m'avait demandé de prendre soin d'elle jusqu'au jour où vous viendriez la chercher.
C'est que nous devons ramener le descendant d'une grande lignée, un homme avec des dons depuis longtemps oubliés. Il doit y avoir erreur.
Non, il n'y a pas d'erreur, Orlane est celle que vous chercher. Votre prophétie parle d'un descendant au sens large du terme, pas nécessairement d'un homme. »
Rogue faillit défaillir en entendant les propos du vendeur, comment pouvait- il être au courant de la prophétie qui l'avait amené lui et Draco dans ce lieu sordide. S'il avait raison, son esprit lui criait qu'il avait raison, car l'art de la forge magique n'était pas oublié mais plus pratiqué selon les anciennes traditions et à ce qu'il pouvait constater, le travail de la jeune femme était en tout point fidèle aux traditions celtiques. Il observait la jeune femme sans même cligner des yeux, comme si la réponse ou la confirmation de ses pensées se trouvait quelque part sur son visage. Les paroles prononcées par le vieil homme le ramenèrent à la réalité :
« - Orlane ne connaît pas le destin qui est sien, son père étant décédé alors qu'elle était trop jeune pour comprendre la porté et le poids de tels révélations. Pour ma part, je n'ai jamais eu le courage de lui dire ce que je savais, c'est-à-dire très peu. Je me suis contenté de lui aménager cet endroit, le reste, c'est elle-même qui l'a fait, elle est autodidacte. Elle m'a toujours dit que quelque chose de puissant la guidait, la forçait presque à créer tout ce qu'elle fait.
La prophétie parle de descendant. de quelle famille parlons-nous ?, demanda Rogue.
Orlane porte le nom de Roy depuis sa naissance. Son père s'appelait également ainsi mais je crois que si vous remontez leur arbre généalogique, vous croiser plusieurs grandes familles sorcières de votre pays, quelques unes de celui-ci mais vous risquez de trouver bien mieux, beaucoup plus haut.
Quelle est sa scolarité sorcière ? demanda de nouveau Rogue.
Nulle, les dons qu'elle possèdent ne se développent pas complètement comme ceux des sorciers normaux, du moins si j'ai bien compris. Cela ne fait que quelques années qu'elle s'est aperçue de ses pouvoirs et elle apprend à tous les jours un peu plus sur eux, apprenant à les maîtriser mais surtout à conjuguer avec.
Si elle ne sait pas qui elle est, ni quel est son destin, elle ne sait pas pourquoi nous sommes ici alors ?, demanda Draco qui n'avait cessé de fixer la jeune femme.
Non, en effet. »
Le vieil homme regarda sa protégée qui avait un air indéchiffrable sur le visage, son regard était profond, elle ne souriait pas, respirait calmement et semblait réfléchir ardemment. Elle inspira profondément et leva les mains pour échanger dans cette langue gestuelle qui ressemblait à un jeu de mime pour les non-initiés. Le vendeur hocha simplement la tête et se mit lui aussi à parler avec ses mains, il devait expliquer les bouts manquants à la jeune femme.
Draco en profita pour mieux l'observer, elle portait un jean délavé et usé et un t-shirt moulant blanc couvert d'un épais tablier de cuir noir, brûlé à certains endroits. Ses cheveux étaient remontés en un chignon serré impeccable mais il le trouvait bien plus séduisant que celui que portait en tout temps Mc Gonnagall. Si eux transpiraient à grosses gouttes, elle semblait fraîche comme la rosée du matin, seulement un peu de sueur perlait de son front mais pratiquement rien à comparer au déluge que produisaient les trois hommes. Le jeune homme passait justement une main sous le col de son chandail qui lui enserrait le cou, elle du le voir faire car elle lui sourit et leur fit signe de remonter, là où l'air était moins lourd.
Dans l'arrière boutique, ils s'assirent tous à une petite table où le vieil homme leur servi des rafraîchissements qui furent les bien venus. D'un coup de baguette magique, Rogue se redonna un peu de convenance, effaçant les marques de sueur de ses vêtements, et faisant disparaître toutes les gouttes qui perlaient sur son front et ailleurs. Le jeune Malfoy aurait aimé pouvoir en faire autant mais il ne pouvait toujours pas se servir de la magie en dehors de Poudlard et encore moins dans un pays étranger sans permis spécial. Il implora presque son mentor de venir à son aide mais ce dernier était dans une grande discussion avec le tuteur de la jeune femme et ne s'aperçu même pas de l'état de Draco.
Quelqu'un d'autre avait remarqué cependant, la jeune femme se pencha légèrement vers lui, ce qui le fit sursauté d'abord puis il fut subjugué par le regard qu'elle avait. Sans le quitter des yeux, elle leva sa main qu'elle plaça sous sa bouche et souffla une douce brise vers lui qui le fit frissonner de la tête aux pieds et ce dans tous les sens du terme. Son souffle était frais, presque froid et la température du corps du jeune homme chuta d'un seul coup. Il en fut ébahi, il la fixait toujours alors qu'elle se retournait vers son tuteur pour lui prodiguer le même traitement
« - Merci mon c?ur, lui dit le vieil homme avant de continuer son échange avec Rogue.
Comment. », trouva la force de demander Draco.
Il du le lui redemander car elle ne l'avait pas vu prononcer le mot et n'avait pu lire sur ses lèvres. Pour toute réponse elle se contenta de lui sourire narquoisement en levant les sourcils. Il lui souriait tel un idiot, complètement sous son charme.
Pendant plusieurs minutes, les deux aînés échangèrent, la jeune femme tentant de saisir leurs propos, Draco lui l'observant sans en avoir l'air. Puis Rogue donna le signal de départ au grand regret du jeune Malfoy qui serait rester ainsi à l'observer pendant des années. Ils avaient convenu qu'ils repassaient le lendemain s'enquérir de la réponse de la jeune femme à qui tout serait exposé en détail. Draco aurait voulu qu'elle lui sourit pour lui dire au revoir mais la jeune femme lui tournait le dos, elle s'était contenter d'hocher poliment la tête avant leur départ et il avait du s'en contenter.
Ils retournèrent à leur chambre de motel, retrouver leur colonie de bestioles ainsi que leurs voisins fêtards. Un compte-rendu détaillé fut envoyé à Dumbledore par un procédé inconnu au jeune homme puis ils passèrent le reste de la journée assis chacun sur leur lit, révisant certaines leçons du jeune homme. La nuit tombée, Draco Malfoy se mit au lit en étant certain de faire de très beaux rêves, d'ailleurs il avait rêvé éveillé toute la journée, subissant sans cesse les remontrances de son mentor. Peu lui important, pour la première fois de sa vie, un petit de joie pointait en lui, une joie qui lui était toute personnelle, qui n'appartenait qu'à lui, qui ne lui avait été imposé par personne.