Disclaimer : Les lieux et les personnages appartiennent à JK Rowling, l'histoire appartient à Ashwinder et la traduction m'appartient.
Note : Bonjour à tous ! Quand j'ai dit "peut-être à l'année prochaine" dans ma dernière note je ne croyais pas si bien dire. Cela doit faire environ un an que vous n'avez pas entendu parler de moi. Cette note sera la dernière, à moins que je ne décide un jour d'écrire des fanfictions, qui sait... Mais ne vous inquiétez pas pour la traduction. Je passe le relais à quelqu'un qui a actuellement plus de motivation et de temps que moi pour finir ce travail. Vous trouverez donc à l'avenir la suite de cette traduction sur la page d'Haydi-chan. Cette décision a été prise en accord avec l'auteure, Ashwinder. Merci à tous de m'avoir suivie aussi longtemps, et de m'avoir soutenue malgré mes longues absences. Ce rôle de traductrice a été important pour moi et je ne l'oublierai jamais. Je m'excuse de n'avoir pas pu mener mon projet à son terme mais j'espère vous laisser entre de bonnes mains. Comme à mon habitude, je souhaiterais remercier tous particulièrement ceux qui ont reviewé le dernier chapitre : torllusque, skai, virg05, The Rattlesnake, heronary, ginnylie, Lunenoire, Christie, atchoum16, raundi, Bartiméus, Chris, haryytrotter, Noel noir pour les Riches, Haluna, FloetDou, miss-Potter-Weasley. Au revoir. Lyra Granger
The Long Road Home, Chapitre Vingt
Ginny pouvait se sentir glisser. Elle ouvrit les yeux juste un peu plus et fixa les runes se trouvant sur la page devant elle, mais son cerveau refusa de les analyser. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Il faisait sombre l'hiver à Durmstrang, et la luminosité changeait peu malgré les heures qui passaient.
Elle n'était plus très sûre du nombre de jours qui s'étaient écoulés depuis son arrivée. L'endroit était vide. Victor lui avait dit que tout le monde était rentré chez soi pour les vacances de Noël, et Ginny pouvait comprendre pourquoi. Les seules choses qu'on était certain de trouver ici étaient le froid et l'obscurité, et malgré le fait que le château soit plus petit que Poudlard, il était oppressant et sans vie.
Elle frissonna et se blottit un peu plus sous la couverture qu'elle avait enroulé autour d'elle pour avoir un peu plus de chaleur, étant donné qu'il n'y avait pas de cheminée dans le petit salon, qui faisait partie des appartements de Viktor. En réalité, il ne semblait pas y avoir beaucoup de cheminées du tout d'après ce qu'elle avait vu du château, ce qui la poussait à se demander comment les étudiants parvenaient à apprendre quoi que ce soit dans cet environnement. Au moins ils manquaient la plus grande partie de l'hiver, puisque les vacances de Noël duraient presque jusqu'à la fin du mois de janvier.
"Qu'est-ce que tu fais debout ? Est-ce que tu t'es seulement couchée ? »
La question abrupte de Viktor fit sursauter Ginny, et elle se rendit compte qu'elle avait dû s'endormir malgré le froid. Le livre qu'elle avait été en train de lire lui avait glissé des mains pour tomber sur les larges planches du parquet. Elle leva les yeux et le vit se tenant là dans sa robe de chambre et ses chaussons, venant manifestement juste d'émerger de sa chambre.
"Désolée, je voulais juste terminer ça. Quelle heure est-il ? "
" Il est six heures du matin. Tu n'as pas beaucoup dormi depuis que nous sommes arrivés ici."
"Je n'ai pas besoin de beaucoup dormir. Je pourrai dormir lorsqu'on aura terminé."
Elle lui avait raconté toute l'histoire le jour où elle était arrivée à l'école. Viktor avait été choqué lorsqu'il avait compris ce qu'Harry avait fait pour le monde magique, mais il y avait aussi eu de l'ébahissement dans sa réaction. "Je n'en avais aucune idée," s'était-il dit presque à lui même. "Vraiment aucune. Comment qui que ce soit peut faire ça. Je ne pourrais pas. Je ne connais personne qui en soit capable."
"Alors tu ne connais pas vraiment Harry," lui avait dit Ginny. "Il devait le faire ou mourir en essayant. Il aurait utilisé tous les moyens possible, jusqu'à y laisser la vie. Dans les faits, il a renoncé à ses pouvoirs, mais il a choisi de le faire. S'il n'avait pas fait ça finalement, il n'aurait plus été capable de se regarder dans un miroir, parce qu'il savait que c'était la bonne chose à faire. C'est dans sa nature."
"Et maintenant tu serais prête à tout pour l'aider à retrouver ce qu'il a abandonné," avait répondu Viktor.
"Oui. Tout."
Et Viktor avait accepté de l'aider, disant qu'il avait toujours admiré Harry depuis qu'il l'avait rencontré en quatrième année. Il pensait que c'était quelque chose de terrible que quelqu'un d'aussi doué en vol et avec une telle passion des airs ne soit plus jamais en mesure de s'envoler, mais que le fait qu'il ait renoncé à tout cela de son plein gré était admirable. Harry méritait de retrouver cela si c'était possible. Et ce n'était pas juste voler ; c'était tout; Harry avait manifestement possédé un talent magique incroyable pour être capable de participer au Tournoi des Trois Sorciers et de le gagner à quatorze ans, et il méritait de récupérer tout ce qu'il avait perdu.
Viktor croisa les bras sur son torse et eut l'air sceptique. "Tu ne seras pas assez en forme pour voyager si tu ne te reposes pas," lui dit-il à présent, alors qu'elle baillait malgré elle. "Tu n'as aucune idée de ce que tu auras à faire d'autre, en plus. Ça ne va pas être facile, tu sais. Ce genre de choses ne l'est jamais. On va demander beaucoup, et même si on obtient ce qu'on veut, il y aura un prix à payer. Tu sais cela, n'est-ce pas ?"
"Quoi que ce soit, ça vaudra le coup."
"Et si c'est quelque chose de physique ? Seras-tu prête pour ça ? Tu manges à peine. Tout ce que tu fais depuis que tu es arrivée c'est des recherches."
"J'étais obligée. Tu le sais bien. Nous devons être sûrs que c'est le seul moyen, non ?"
Ils avaient eu une longue conversation sur les autres possibilités quelques jours auparavant; Viktor lui avait montré ce qu'il avait découvert, mais il lui avait dit alors que ça semblait assez irréaliste. Ils avaient envisagés quelques autres pistes, et Ginny avait expliqué comment Hermione et elle avaient passé l'automne précédent à parcourir tous les livres dans la bibliothèque de Poudlard, sans rien trouver d'utile. Quand Ginny avait mentionné la page arrachée, Viktor avait parlé de la possibilité d'utiliser un Retourneur de Temps pour remonter dans le passé et savoir ce qui avait été écrit. Ginny avait déjà parlé de cette possibilité avec le portrait du Professeur Dumbledore, et l'idée avait été rejetée. L'ancien directeur lui avait expliqué que plus quelqu'un remontait dans le temps pour modifier les événements, et plus grande était la possibilité qu'un désastre survienne. De plus, elle devrait alors revivre environ neuf mois de sa vie, sans être vue du tout pendant ce temps là. Les Retourneurs de Temps ne marchaient que dans un sens : en arrière; ils ne pouvaient pas être utilisés pour revenir dans le présent.
"Je pense que nous avons déjà établi que c'est le cas, non ?" disait Viktor. "Tout ce qu'il reste à faire est de partir, mais nous n'allons nulle part tant que tu ne t'es pas reposée et rassasiée."
"Tu es pire que mes frères, tu sais. Que ma mère aussi."
"Il faut bien que quelqu'un s'occupe de toi, parce que toi, en tout cas, tu ne le fais pas. Tu t'es regardée dernièrement ? Tu es trop maigre, tu as des cernes sous les yeux, tu n'as pas ton étincelle habituelle…"
Il s'arrêta subitement et baissa les yeux, tirant sur les revers de sa robe de chambre sur sa poitrine, comme s'il venait juste de réaliser qu'il se tenait devant elle a moitié déshabillé. Ginny avait envie de rire face à cette réaction. Ses frères n'avaient jamais fait cas de sa sensibilité ; elle les avait vus moins couverts sans que cela la gêne plus que ça. Elle avait même vu Harry en pyjama lors de ses visites au Terrier en été avant qu'ils ne sortent ensemble. Elle devait donc en conclure que les Bulgares se préoccupaient beaucoup plus des apparences. Viktor n'avait pas été particulièrement à l'aise avec le fait qu'elle séjourne dans ses appartements, même si c'était dans une chambre d'amis et que le reste de l'école était vide.
"Je vais m'habiller. Je veux que tu ailles te coucher, et je ne veux pas te voir avant midi au plus tôt."
"Mais…"
"Pas de mais. Nous ne pouvons pas partir aujourd'hui, et de toute façon nous ne le ferons pas tant que tu ne te seras pas restaurée et reposée."
Ginny lutta contre l'envie de se mettre au garde à vous, mais elle savait qu'il avait raison. Ils étaient sur le point d'entreprendre un autre long voyage, et bien qu'elle ait maintenant quelqu'un avec elle qui pourrait faciliter ce voyage, ils ne savaient toujours pas combien de temps cela prendrait pour atteindre leur but final.
Elle se leva du fauteuil et entra dans la petite chambre d'amis, avec salon attenant. Elle était assez confortable avec son lit moelleux recouvert d'une couette épaisse. C'était exactement ce qu'il fallait pour l'hiver nordique dans ce château plein de courants d'air. Elle se déshabilla rapidement, frissonnant dans la pièce froide, et se rendant compte alors que Viktor devait être habitué aux conditions difficiles ici. Sa robe de chambre n'avait pas été si épaisse que ça, et il n'avait pas eut l'air d'avoir froid du tout. Elle ne pouvait pas imaginer qu'on puisse s'habituer au froid et à l'obscurité continuels. Enfilant une chemise de nuit chaude en flanelle, et jetant un sort de réchauffement supplémentaire sur le lit, elle plongea sous la couette et s'endormit.
Un coup à la porte la réveilla plusieurs heures plus tard. Il faisait toujours noir dehors, mais cela ne voulait pas dire qu'elle avait dormi toute la journée. "Qu'y a-t-il ?" demanda-t-elle.
"Je suis désolé de te réveiller, mais c'est presque l'heure du dîner. Nous ne savons pas si nous aurons d'autres occasions de manger des repas chauds une fois notre départ. Il vaut mieux qu'on en profite tant qu'on peut."
"Très bien, j'arrive."
Claquant des dents alors qu'elle quittait la chaleur du lit, elle attrapa ses vêtements, les mettant aussi vite que possible. L'odeur de quelque chose de chaud et de rassasiant l'accueillit lorsqu'elle émergea de sa chambre. Ils prenaient tous leurs repas dans les appartements de Viktor, étant donné qu'ils étaient seuls dans l'école. Ginny avait vu peu du reste du château en dehors de la bibliothèque.
"Je n'arrive pas à croire que j'ai dormi si longtemps," dit Ginny, alors qu'elle s'asseyait en face de lui.
"Tu en avais besoin. Tu n'as même pas bougé lorsque je suis venu…" Viktor s'arrêta, mais Ginny avait dans l'idée qu'il avait été sur le point de dire qu'il était venu voir si elle allait bien. Elle faillit demander si c'était le cas, mais elle eut la distincte impression qu'il était trop embarrassé pour le reconnaître, alors elle changea de sujet.
"Alors, est-ce qu'on part demain matin ?"
"Tu es impatiente, n'est-ce pas ?"
"Je veux en finir avec ça. J'ai interrompu mes études pour ça. Je vais déjà rater le début du trimestre. Quel jour sommes-nous d'ailleurs ?"
"Le deux janvier."
Ginny haussa les sourcils. "Nous avons manqué le Nouvel An, et je ne m'en suis même pas rendue compte." Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à Harry et de se demander ce qu'il avait fait deux soirs auparavant. Elle l'avait laissé seul. "Mais il y a peut-être une chance…"
"Pour quoi ?"
"Pour que je sois de retour à l'école à temps pour le début du trimestre."
"Tu n'as plus que deux jours avant que ton trimestre ne commence. Tu penses vraiment que nous pourrons trouver l'endroit et faire ce que nous avons à faire en deux jours ?"
"Non, probablement pas." Elle reporta son attention sur son assiette de nourriture. C'était chaud au point d'émettre de la fumée, et c'était tout ce qui lui importait. "Mais je veux quand même rentrer dès que possible. Je ne veux pas prendre du retard dans mes cours de nouveau."
"Je ne pense pas que nous devions foncer tête baissée là-dedans."
Ginny posa sa fourchette. Hier encore ils étaient arrivés à la conclusion que c'était le meilleur moyen. "Pourquoi ? Nous en avons déjà parlé."
"Je ne sais pas. C'est une impression que j'ai. Quelque chose cloche. Il y a quelque chose de malhonnête…"
"Je ne t'ai pas menti," dit rapidement Ginny.
"Non, je le sais. Ce n'est pas toi. C'est ça qui est bizarre. C'est… c'est dans le texte."
"Tu peux savoir si quelque chose écrit sur une page est un mensonge ?"
"C'est ça le truc. Je ne suis pas censé en être capable. Je dois avoir la personne devant moi pour pouvoir la lire, et cela demande un effort conscient. C'est la première fois que ça m'arrive."
"Comment as-tu appris à faire ça… Tu sais, à lire les gens."
"Karkaroff avait des soupçons," dit Viktor avec dégoût. "Après le tournoi, il m'a fait passer des tests."
"Mais tu n'aurais pas dû savoir que Karkaroff était du mauvais côté à ce moment-là ?" Ginny avait appris quelque chose sur les Sondeurs d'Ame l'année précédente dans un livre sur les talents magiques rares qu'Hermione l'avait obligée à lire. "Tu n'aurais pas dû t'en douter ?"
"J'aurais dû le savoir, n'est-ce pas ? Je ne l'ai jamais aimé, et il s'est avéré que c'était justifié."
"Et tu n'aurais pas dû soupçonner que quelque chose clochait chez Maugrey Fol-Oeil ?"
"J'aurais pu si j'avais eu plus de contact avec lui. Karkaroff a essayé de nous tenir éloignés des autres élèves et professeurs autant que possible."
"Mais tu as réussi à rencontrer Hermione."
Viktor baissa les yeux vers son assiette, évitant le regard de Ginny. "Je sentais quelque chose chez elle. Je peux habituellement distinguer le bon chez les gens plus facilement que le mauvais. Je suppose que c'est ce qui m'a attiré vers elle…" Il s'arrêta un moment avant de poursuivre. "Quoi qu'il en soit, Karkaroff m'a emmené voir quelqu'un et il m'a fait entraîner. Il voulait que j'utilise mon talent pour le Seigneur des Ténèbres, mais j'en avais assez qu'il me contrôle à ce moment-là. Je suis parti et suis allé voir Dumbledore. Il m'a donné un travail à Poudlard, mais cela ne m'a pas empêché d'utiliser mon talent pour Lucius Malefoy."
"Ce n'était pas ta faute. Tu n'as pas fait ça de ton plein gré."
"Non, j'étais sous contrôle. Et j'aurais dû voir que le professeur Grubbly-Plank n'était pas ce qu'elle semblait être, aussi, mais elle était un cas difficile. Elle n'agissait pas totalement de son plein gré, elle non plus. Elle était sous la contrainte. Elle n'était pas maléfique, et je n'ai pas essayé de regarder dans son coeur. Peut-être aurais-je dû, mais je ne l'ai pas fait. J'ai suivi mon instinct en ce qui la concernait."
Il s'arrêta et respira profondément. "J'ai été contrôlé par quelqu'un d'autre pendant la plus grande partie de ma vie." Il changeait de sujet, et Ginny dut alors se demander si les événements de l'année précédente pesaient toujours sur son esprit. "J'adorais voler, tu sais. Lorsque je volais j'étais libre. Je pouvais faire ce que je voulais. Je n'avais pas à suivre les ordres de qui que ce soit. Mais Karkaroff a même réussi à retourner ça contre moi. J'étais doué au Quidditch, vois-tu. Et j'adorais le jeu au début. Mais alors ils m'ont forcé à jouer et à m'entraîner jusqu'à me prendre ma dernière échappatoire. Ou du moins ils ont essayé. Je leur ai montré à quelques reprises durant des matchs. J'étais Attrapeur. Je contrôlais l'issue du jeu."
Ginny se souvint tout à coup de la finale de la Coupe du Monde de Quidditch, lorsque Viktor avait attrapé le Vif d'Or alors même que son équipe avait pris trop de retard pour pouvoir compenser l'écart dans les scores et gagner. Ses frères avaient discuté de l'issue en détail dans la tente après le match et à bien d'autres occasions, et elle se souvint qu'Harry avait dit que Krum avait mis fin au match à sa façon. Peut-être était-ce ce à quoi Viktor faisait référence.
"Je pense que je vois ce que tu veux dire," dit Ginny. "Ma famille m'a mis des restrictions toute ma vie. Ils te disent toujours ce que tu peux – mais surtout ce que tu ne peux pas faire – lorsque tu es la plus jeune et la seule fille."
"Ce n'est pas vraiment la même chose. Ta famille à fait cela par amour et par inquiétude pour toi. Karkaroff m'utilisait à ses propres fins."
"Et Lucius Malefoy ne m'a pas utilisée l'année dernière ?"
"Si… si il l'a fait. C'est ce qui arrive quand on a un talent. Les gens veulent profiter de toi."
"Ça ne sert à rien au fond, de toute façon. Je ne veux pas utiliser mon talent. Je n'en veux pas. C'est trop épuisant, et maintenant que la guerre est terminée, quel bien est-ce que ça peut faire ? Je suis reconnaissante d'avoir pu faire un talisman pour Harry. Ça lui a sauvé la vie. Mais au-delà de ça, à quoi mon talent peut-il bien servir à qui que ce soit?"
"A peu près autant que le mien m'a jamais servi."
"Tu es un professeur maintenant. La faculté de pouvoir savoir si tes élèves te mentent doit tout de même être utile."
Viktor sourit légèrement à cela. "Et bien, oui, ça sert dans ces cas là. Mais ça m'a tout de même apporté plus d'ennuis qu'autre chose."
"Pourquoi tu n'as pas recommencé à jouer au Quidditch cette année ? Tu aurais pu."
"Oui, j'aurais pu, mais c'était à moi de prendre cette décision. J'ai décidé d'enseigner. Et maintenant que Karkaroff est parti, je sais que je peux contribuer à améliorer cette école."
"Tu crois que tu pourrais convaincre le directeur d'installer un système de chauffage plus performant ?" demanda Ginny, sentant un sourire se dessiner sur son visage. "Peut-être le persuader de laisser les gens allumer des feux ?"
"Ça vaudrait le coup d'essayer."
Ils partirent le matin suivant, frissonnant dans l'obscurité alors qu'ils avançaient péniblement sur les immenses terres, sous la neige qui tombait, vers la petite auberge - dont Viktor lui avait dit que le nom se traduisait par Troll et Dragon - dans le village voisin, d'où ils étaient sortis une semaine plus tôt. Ginny ajusta son sac sur l'épaule alors qu'elle se répétait le nom de leur destination tout bas. Elle avait dû mémoriser une autre destination suédoise au nom imprononçable, et elle devait être sûre de ne pas se tromper. Elle avait eu de la chance de ne rien avoir mal prononcé en arrivant ici, et elle ne voulait certainement pas se perdre cette fois-ci. Pas alors qu'ils avaient effectivement un but à atteindre.
Ils avaient revu leur plan définitif le soir précédent, alors qu'ils mettaient dans leurs bagages tout ce dont ils auraient besoin, avant que Viktor n'insiste pour qu'elle aille se coucher. Ils allaient Cheminer jusqu'à la côte sud de la Suède, puis à partir de là, ils devraient prendre leurs balais, qu'ils avaient rapetissés et empaquetés par magie, pour traverser en direction du Danemark. À partir de ce moment-là, ils devraient se fier à leurs intuitions est aux indices trouvés sur place pour atteindre leur destination finale.
Le Troll et Dragon, lorsqu'ils l'atteignirent, semblait être fermé à double tour. Ginny n'en fut pas très surprise. Le village devait fermer ces portes tous les ans à cette période, avec l'école qui fermait pour les vacances. Elle ne pouvait pas imaginer que qui que ce soit puisse vouloir venir ici pour prendre un verre ou faire ses courses de la même façon que les sorciers et les sorcières se rendaient à Pré-au-Lard pour la journée. Au coeur de l'hiver, il ne pouvaient pas y avoir de clients passant la nuit à l'auberge.
Viktor dut frapper à la porte un long moment avant que le maître des lieux ne descende et ne la leur ouvre. C'était un homme plus âgé, vêtu d'une chemise de nuit qui battait autour de ses jambes nues et rachitiques. Ils leur lança un regard noir à tous les deux un certain temps, de toute évidence irrité d'avoir été tiré du lit, avant d'aboyer quelque chose de concis à Viktor en suédois. Viktor répondit d'un ton calme, sortant sa bourse de sa cape et en retirant quelques Mornilles.
Le comportement du propriétaire de l'auberge changea immédiatement, et il adressa à Ginny et Viktor un sourire édenté en les faisant pénétrer dans le petit bar. La cheminée était pleine de cendres des nuits précédentes, et le propriétaire la pointa de sa baguette en s'écriant "Incendio !". Ils se dirigea alors vers le dessus de la cheminée et offrit à Viktor et Ginny une pincée de poudre de Cheminette qui se trouvait dans un pot fêlé.
Comme il l'avait fait à Bergen, Viktor passa en premier, criant leur destination et disparaissant dans une explosion de flammes vertes. Ginny le suivit, se concentrant sur ce qu'elle devait dire. "Den Blonda Gudinnan !" cria-t-elle, et elle fut immédiatement emportée dans les entrailles du Réseau de Cheminette. Elle tourna longtemps, faisant attention de garder ses coudes contre elle et passant devant beaucoup de cheminées avant de se sentir ralentir. Gardant bien ses yeux ouverts pour pouvoir voir Viktor, elle sortit finalement en trébuchant dans un autre pub miteux. Viktor l'attendait dans la pièce faiblement éclairée, mais au moins il semblait y avoir un lever de soleil ici. Une grisaille humide pénétrait dans la pièce déserte où elle se trouvait maintenant.
Lorsqu'ils eurent atteint la rue au-dehors, Ginny s'aperçut qu'ils étaient en plein milieu d'une ville Moldue. Il était encore tôt, mais des gens en route pour aller travailler passaient. Monter sur leurs balais et s'envoler était hors de question à ce moment-là. Les Moldus auraient pu les voir trop facilement. Ils allaient devoir marcher jusqu'à ce qu'ils trouvent un endroit où ils pourraient rejoindre le ciel sans être vus. Ginny ajusta son sac plus haut sur son épaule et s'empressa de suivre Viktor, qui semblait avoir une idée de là où il allait.
Cela sembla prendre une éternité d'atteindre la périphérie de la ville. Le soleil avait effectué la moitié du chemin vers le zénith, et il faisait moins froid que plus au nord, c'était déjà quelque chose. Mais Ginny avait tout de même mal aux pieds et elle était fatiguée lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin. Ils étaient bien à l'extérieur de la ville, et les alentours étaient vides. Ils pouvaient maintenant sortir leurs balais de leurs sacs et leur faire retrouver leur taille normale en toute sécurité pour pouvoir voler le reste du chemin.
Ginny enleva immédiatement le sac de son épaule et sortit l'Éclair de Feu, ignorant les protestations de ses jambes et pieds douloureux. Elle serait bientôt dans les airs, et ses pieds pourraient alors se reposer. Viktor la regarda intensément. "Tu ne crois pas que nous devrions faire une petite pause ?" demanda-t-il. "Cela fait si longtemps que nous marchons, nous en avons besoin."
Ginny soupira. Elle était impatiente de partir. "D'accord, mais pas trop longtemps. Nous ne savons pas combien d'heures de lumière du soleil il nous reste. Une fois qu'il fera nuit, nous ne pourrons plus voir les repères."
"Ginny, repose-toi cinq minutes. S'il te plait ?"
"Cinq minutes," accorda-t-elle, "et ensuite nous devrons partir."
Viktor extirpa une petite bourse de son sac et en sortit du pain et des fruits séchés. "Tu peux manger quelque chose en attendant. Nous n'avons pas pris de petit déjeuner."
Ginny n'avait pas particulièrement faim - elle était trop pressée d'être sur la route de nouveau - mais elle prit un morceau de pain, et quelques abricots secs, et les fit passer avec quelques gorgées d'une bouteille d'eau afin de faire taire Viktor. Elle était habituée à cela d'une certaine façon; elle l'avait fait bien assez souvent par le passé. C'était comme faire semblant de manger pour faire plaisir à sa mère.
"Est-ce qu'on est au point sur ce qu'on cherche ?" demanda Viktor, entre deux bouchées.
Ginny résista à la tentation de faire remarquer à Viktor qu'il retombait dans son rôle de professeur à présent. "Oui. On vole au-dessus du détroit pour atteindre Helsingor, on tourne vers le sud-ouest puis on suit l'autoroute jusqu'à ce qu'on arrive à un grand lac. Nous saurons que c'est le bon lac si on voit une ville avec un palais à côté, et alors nous chercherons le signe sur le bord à l'ouest du lac."
"Et nous allons devoir espérer que le signe est toujours évident."
"C'est censé être assez facile à voir depuis les airs si on sait ce qu'on cherche."
"Il y a mille ans, oui. Qui sait ce qu'il en reste maintenant ?"
"Il sera là," insista Ginny. "Il doit l'être. C'est notre dernière chance."
"Alors partons et allons voir ce qu'on peut trouver," répondit Viktor. Il n'avait pas l'air content, et Ginny dut se demander s'il espérait qu'ils ne pourraient pas trouver ce qu'ils cherchaient.
Une fois qu'ils furent en l'air, cela ne leur prit pas longtemps d'atteindre le Danemark et le côté inhabité du lac. Le problème qu'ils devaient affronter maintenant était une recherche le long de six miles de berge, ce qui, dans des circonstances normales, n'aurait pas dû poser trop de difficultés. Ils montaient tous les deux des balais de course, et ils ne couraient que très peu de risques d'être vus. Mais ils ne savaient même pas si le symbole en runes serait toujours là où les livres l'avaient décrit. La topologie des terres avait sans doute changé en mille ans. En fait en arrivant, il fut immédiatement évident qu'ils avait été chanceux d'avoir entrepris cette tâche en hiver. Des arbres caduques recouvraient le sol jusqu'à la berge, et en été un amas de feuilles aurait caché tous les signes, rendant leur recherche bien plus difficile.
Ils volèrent pendant des heures, commençant haut dans le ciel et passant plus près du sol chaque fois, cherchant le symbole. Le temps était plus doux ici qu'il ne l'avait été à Durmstrang, ou même en Norvège le jour ou Ginny avait traversé la mer du Nord, mais il y avait quelque chose de pénétrant dans le froid qui s'insinuait de plus en plus profondément au fur et à mesure qu'ils y restaient exposés. Le soleil avait aussi débuté sa descente vers l'horizon, et Ginny commençait à désespérer de pouvoir trouver ce qu'ils voulaient dans la lumière restante. S'ils n'y parvenaient pas aujourd'hui, ils devraient recommencer le lendemain, mais cela signifierait un autre jour de perdu, et ils devraient attendre le lever du soleil suivant pour tenter de mettre leur plan à exécution.
Les ombres des arbres nus étaient longues sur le lac, pointant vers l'est où se trouvaient les régions peuplées, lorsque Ginny le vit enfin. Elle cria et descendit un peu plus bas pour être sûre, mais il était là. Il y avait une clairière entre les arbres, comme tant d'autres qu'ils avaient passées, mais celle-ci avait une grosse pierre au milieu, et sur la pierre apparaissait une forme d'un faible relief mais assez étendue qui ressemblait à un X. Mais Ginny savait que ce n'était pas vraiment un X; c'était la rune Gebo. Gebo pour Gefinn.
Ginny dirigea l'Éclair de Feu vers le sol sans même vérifier pour voir si Viktor la suivait. Elle savait qu'il le ferait. Se posant sur la pierre, elle vit à cette distance que la marque était en fait deux fissures qui se rejoignaient au centre du rocher. Après plus de mille ans elles auraient dû être plus érodées, mais Ginny pouvaient voir qu'elle étaient profondes, si profondes qu'elle ne pouvait savoir s'il n'y avait qu'une pierre ou s'il y en avait quatre qui s'emboîtaient comme un puzzle.
"Tu es sûre que c'est le bon endroit ?" demanda Viktor en se posant.
"Ça doit l'être. Il correspond trop bien à la description, et nous n'avons rien vu d'autre qui y ressemble."
"C'est justement le problème. Ça correspond trop bien. Ça ne devrait pas être le cas. Pas après tout ce temps."
"Je ne sais pas," répondit Ginny. "C'est comme si nous étions entrés dans un autre temps en nous posant ici."
Elle ne savait pas d'où étaient venus ces mots, mais elle les dit, et elle sut qu'ils étaient vrais. Regardant autour d'elle, elle put voir que les arbres environnant - il semblait y avoir un mélange de frênes et d'ormes - avaient pris un aspect tout à fait différent. Ils étaient bien plus épais qu'ils n'avaient semblé l'être depuis le ciel, et alors même qu'elle les observait, il lui semblait qu'ils resserraient les rangs autour de la pierre, et que si elle essayait de passer entre eux ils l'en empêcheraient. Un frisson involontaire la parcourut, et elle regarda vers le haut pour se rassurer. Le ciel était toujours un oval ouvert d'un bleu de plus en plus foncé au-dessus d'eux. Il était toujours possible de s'échapper.
"Je n'aime pas ça," dit Viktor. "Quelque chose cloche dans cet endroit."
"Peut-être que c'est parce que tu n'es pas..." Ginny s'arrêta, ne sachant pas vraiment comment le formuler.
"Quoi ? Une vierge ?"
"Et bien, oui," répondit Ginny, en rougissant. "C'est une déesse des vierges. Peut-être qu'elle te perçoit comme un intrus."
Viktor laissa échapper un rire amer. "Et bien c'est dommage. Je n'aime pas cet endroit, et il n'est pas question que je te laisse rester ici toute seule. Tu ne la sens pas ?"
"Quoi ?"
"L'animosité."
"Non," répondit Ginny, et ce n'était pas un mensonge. Elle ne sentait pas l'animosité autant qu'elle sentait... la captivité. Mais il n'y avait rien qu'elle puisse faire contre ça. Elle devrait soit suivre le plan soit repartir et admettre la défaite. "Écoute," continua-t-elle, essayant de voir la situation sous un meilleur jour. "Est-ce que tu as un peu étudié les runes ?"
"Pas beaucoup. Seulement assez pour savoir qu'il y avait quelque chose à propos de tout ça dans la bibliothèque. Je n'aurais pas été capable de déchiffrer comment trouver cet endroit comme tu l'as fait."
" Est-ce que tu sais ce que veut dire Gebo ? Elle a un sens symbolique."
"Non."
"Elle veut dire don, en général, ou du moins en surface. Elle a d'autre sens qui sont secondaires. Union, échange, amour, harmonie, un carrefour, des décisions... Mais Gefinn veut dire 'donneuse'."
"Tu sais qu'un don implique un échange pour les anciens Scandinaves, n'est-ce pas ?"
"Oui. C'est là qu'intervient le sens d'échange. C'est donner et recevoir. Je n'ai jamais pensé que j'aurais ce que je demandais sans rien en échange. Tu le sais. Tu n'arrêtes pas de remettre ça sur le tapis."
"Et si on te demande quelque chose que tu ne peux pas donner ?"
"Je me poserai cette question lorsque j'y arriverai. Pour le moment, il n'y a pas grand chose que je ne sois pas prête à donner."
Viktor la regarda vivement, et elle sut qu'il essayait de la lire, pour voir exactement jusqu'où elle serait prête à aller pour Harry. Elle le laissa regarder; peu lui importait qu'il le sache.
"Installons le camp alors," fut tout ce qu'il dit après un long moment. C'était tout ce qu'ils pouvaient faire pour l'instant. D'après les textes, ils ne pourraient pas approcher la déesse avant l'aube.
La pierre était bien plus haute et raide qu'elle ne paraissait l'être depuis le ciel, de telle sorte que Ginny dut basculer et glisser sur son côté, tombant quasiment contre Viktor lorsqu'elle atteint la base. Il mit ses mains sur ses épaules pour la stabiliser alors qu'elle s'arrêtait sur le sol. De cet endroit, il n'y avait aucun signe d'une marque sur le dessus de la pierre. Elle ressemblait simplement à une partie d'un relief rocheux en plein milieu de la forêt.
Ginny pouvait voir un renfoncement sur le côté de la pierre. La profonde fissure qui ressortait sur sa partie haute était visible là, et elle s'élargissait en descendant, formant une ouverture. Son instinct lui dit qu'elle n'aurait qu'à y entrer lorsque le soleil se lèverait le matin suivant pour atteindre son but final. elle se demanda si elle parviendrait à dormir cette nuit.
Ginny passa une nuit blanche sur leur camp. Malgré un sac de couchage épais avec sa cape étendue par dessus et de nombreux sorts de réchauffement, elle avait froid. Le sort de matelassage qu'elle avait jeté sur le sol avant de s'allonger n'avait pas non plus semblé fonctionner aussi bien que d'habitude. C'était comme si une autre magie était à l'oeuvre dans cet endroit, une magie qui surpassait la sienne.
Apparemment, Viktor ne s'en était pas beaucoup mieux sorti. Durant la majeure partie de la nuit, elle avait été consciente qu'il tournait et se retournait de l'autre côté de la couverture qu'ils avaient attaché au milieu de leur tente pour donner à Ginny un peu d'intimité. Elle avait le sentiment que même si Viktor avait été assez à l'aise pour trouver le sommeil, il aurait fait un effort pour rester réveillé. Quelque chose lui disait qu'il aurait fait le guet la plus grande partie de la nuit de toute façon.
Tout semblait calme à ce moment, alors que Ginny mettait sa cape et s'extrayait de la tente. Les eaux du lac étaient bordées de glace et pourtant elles reflétaient le ciel d'un bleu profond au-dessus, qui contenait quelques étoiles. Elles s'éteignaient une par une alors que l'est s'éclairait de l'aube approchante.
Ginny jeta un coup d'oeil à sa montre. Il était environ sept heures du matin. Son coeur commença à battre d'anticipation et d'appréhension. Bientôt. Bientôt elle saurait. Il y avait encore une chose dont elle avait besoin. Jetant un sort de réchauffement pour ramollir le sol gelé, elle prit une poigné de terre et la mit dans sa poche.
Elle trouva un coin isolé où se soulager et prit un moment pour se laver les mains dans le lac glacé. Se passer un peu d'eau sur le visage la fit réprimer un petit cri à cause de sa froideur, mais cela la réveilla complètement. Retournant à la tente, elle trouva Viktor sortant la tête, semblant sur le point de lui demander où elle avait été. Il trouva manifestement la réponse par lui-même l'instant suivant, car il hocha simplement la tête avant de partir lui même, alors que Ginny fouillait dans leurs sacs pour trouver de quoi manger un petit déjeuner.
"Est-ce que tu es sûre de vouloir continuer ?" demanda-t-il en revenant alors que Ginny lui tendait de quoi manger.
"Bien sûr. Tu as toujours un mauvais pressentiment à propos de cet endroit ?"
Viktor regarda autour d lui, et Ginny vit ses yeux se diriger vers l'entrée de la grotte. "Je ne sais pas. Le pressentiment a changé. Je sens de la curiosité maintenant plus que quoi que ce soit d'autre."
Ginny ne l'aurait pas admis, mais elle était soulagée de l'entendre dire ça. Son propre sentiment était que l'atmosphère autour d'eux s'était allégée. Les arbres autour d'eux semblaient moins menaçants ce matin.
Ginny mangea un peu plus en silence, alors qu'elle regardait le ciel s'éclairer progressivement au-dessus du lac. Lorsque le premier rayon de soleil aveuglant passa au-dessus de la ligne d'horizon, elle se leva. Il était temps.
Ginny se retourna et se dirigea vers la grotte, entendant Viktor se lever et la suivre. Elle s'arrêta à l'entrée, cherchant l'inscription en runes, qui confirmerait qu'elle était au bon endroit. Elle la trouva et la traduit pour elle-même.
Entre, mortel, mais fais attention,
Tes besoins doivent justifier tes ambitions.
Ceux qui prennent mais ne donnent pas
Le paieront cher jusqu'à leur trépas.
Si le chemin que tu cherches tu as trouvé
Soit prêt; tu devras payer.
Retournes-t-en ou tu perdras
La partie de toi qui me plaira
"Ne devrais-je pas entrer seule ?" demanda Ginny, réprimant un frisson et se retournant pour voir Viktor juste derrière elle.
"Non, je ne pense pas."
"Mais... Écoute, Viktor, je ne veux pas mettre mes chances en péril, et tu vois, c'est la déesse des femmes qui ne sont pas mariées. Tu ne corresponds pas à la description."
"Peut-être pas," répondit Viktor, les coins de sa bouche montant légèrement. "Mais bien qu'elle soit une déesse des vierges, elle n'est pas tout à fait chaste elle même, n'est-ce pas ?"
"Non, mais... je ne sais pas. Je ne sais pas comment cela va fonctionner."
"Je resterai en arrière, d'accord ? Mais je ne te laisserai pas enter là-dedans toute seule."
"Oui, monsieur," renvoya Ginny, avec un petit salut. Viktor la réprimanda du regard. "Reste ici à l'entrée, s'il te plait ?" Viktor ne semblait pas très content de l'idée, mais il acquiesça. "Très bien. Alors vas-y avant qu'il ne soit trop tard."
Le soleil s'était presque complètement levé à présent, et Ginny sentait leur fenêtre temporelle leur glisser entre les doigts. Elle ne voulait pas avoir à attendre un autre jour. Elle alluma sa baguette et entra dans la grotte, se pressant dans le passage étroit jusqu'à ce qu'il débouche sur une sorte de galerie. Il y avait un cercle de pierres blanches au centre, et Ginny sut ce qu'elle avait à faire.
Agissant rapidement, elle alluma un feu magique dans le cercle de pierres et fit un pas en arrière. Sortant de sa poche la poignée de terre, elle la jeta au feu alors que les flammes commençaient à s'élever, puis elle y jeta aussi une pincée de pensées, ferma les yeux, se concentra, et récita une incantation. Lorsqu'elle ouvrit ses yeux de nouveau rien ne sembla se produire dans un premier temps, et Ginny jura tout bas, se demandant si elle avait mal prononcé quelque chose.
Mais alors, sous ses yeux, les flammes commencèrent à monter plus haut, à changer de couleur, jusqu'à atteindre le plafond de la grotte. Elles brûlaient si aveuglément que Ginny dut fermer les yeux, voyant rouge sang alors que le feu devenait si intense que sa lumière pénétrait ses paupières fermées. Elle sentit de la sueur émaner de son corps dans cette chaleur.
Puis subitement le rouge derrière ses paupières disparut, et la chaleur avec lui. Ginny ouvrit ses yeux pour trouver une femme blonde la regarder de haut dans le cercle de pierres. La femme était habillée de vêtements somptueux, qui laissaient voir un décolleté quasiment indécent. Un collier de gros maillons en or reposait sur sa poitrine. Ses yeux bleu glacé brillaient en observant Ginny avec dédain.
"Qui es tu, et que veux-tu ?" demanda la femme froidement.
Le premier instinct de Ginny fut de répondre aussi impoliment qu'on venait de lui parler, mais elle était suffisamment sensée pour ne pas éveiller la colère de la déesse. Elle ne voulait pas que sa requête soit rejetée, après tout. "Je suis Ginny Weasley. Etes-vous Gefinn ?"
"Bien entendu ! Qui d'autre veux-tu que je sois ? Alors qu'est-ce que tu veux ?"
Ginny pris une grande inspiration. Elle ne pouvait pas laisser le comportement de la déesse l'atteindre. "Je suis venue vous demander votre aide. Vous voyez, il y a un sorcier qui se nomme Harry Potter, et il a vaincu un sorcier maléfique qui voulait contrôler notre monde, mais ce faisant, il a perdu tous ses pouvoirs. Ils les a sacrifiés en connaissance de cause pour vaincre le Seigneur des Ténèbres. Je pensais que vous pourriez peut-être m'aider à les récupérer pour lui."
"Qu'est-ce qui te fait croire que ça m'intéresse de rendre ses pouvoirs à un petit sorcier dont je n'ai jamais entendu parler ? Qui est-il pour toi pour que tu viennes me déranger avec ça ?"
"C'est l'homme que j'aime."
Le rire de Gefinn retentit dans la caverne. "L'homme que tu aimes ? Qu'est-ce que tu sais de l'amour ? Si tu as pu me convoquer, ça veut dire que tu es toujours vierge. Pourquoi ne t'es-tu pas donnée à lui ?"
Ginny fut interloquée. C'était une question très personnelle.
Gefinn rit de nouveau. "Tu trouves que je suis trop curieuse, n'est-ce pas ? Mais tu ferais aussi bien de répondre. Je peux lire dans ton coeur."
"Alors pourquoi prendre la peine de me le demander ?"
"Ne sois pas insolente ! Je veux savoir si tu connais toi-même la réponse. Pourquoi ne t'es tu pas offerte ?"
"Je... Je l'aurais fait. C'est... C'est juste que... Mon frère est un idiot ! Et ma mère..." Gefinn avait raison. Elle devait réfléchir à ça. Plus elle remontait loin dans leur relation, et plus les choses devenaient compliquées. "Il voulait attendre au début. Il avait d'autres choses à faire d'abord. Il avait peur de devoir me quitter. Et après cela les choses n'ont simplement pas marché pour nous. Il a traversé une période difficile lorsqu'il a perdu ses pouvoirs, et après j'ai dû retourner à l'école."
Lorsqu'elle avait pour la première fois entendu parler de la possibilité de faire appel à Gefinn, Ginny avait en fait été heureuse que les choses n'aient pas marché. Elle avait même été prête à pardonner Ron d'avoir été un tel idiot. Mais elle n'en était plus si sûre à présent.
"Oui, je vois maintenant," dit Gefinn. "Tu es amoureuse de ce garçon depuis ton enfance. C'est ton véritable amour, et tu risquerais tout pour lui. Mais est-ce pareil pour lui ? Ferait-il de même pour toi ?"
"Il dit qu'il m'aime, mais il a grandi sans savoir ce qu'était l'amour. Peut-être qu'il ne sait toujours pas. Mais il y a une chose que je sais. Il donnerait sa vie pour moi."
"C'est un bon début. Vous devez être égaux. Au moins toi, tu fais ta part dans tout ça. Tu vas lui monter le vrai sens de l'amour." Gefinn leva soudainement la tête et regarda derrière Ginny. "Quelqu'un d'autre est ici. Qui as-tu amené avec toi ?"
Ginny voulut jeter un sort à Viktor et à son instinct protecteur. Il était aussi gênant que ses frères, peut-être même pire. Elle n'était pas trop sûre de la façon dont se passaient les choses avec Gefinn en ce moment, et elle n'avait pas besoin qu'il vienne gâcher ses chances.
"Qui est là ?" cria Gefinn. "Je te laisserai enter. Montre-toi "
Viktor fit un pas en avant, l'air énervé, sortant de l'ombre. "Mon nom est Viktor Krum," dit-il.
"Donc tu n'es pas la personne pour qui cette fille demande de l'aide ?"
"Non."
"Alors pourquoi es-tu venu ?"
"Pour qu'elle ne voyage pas seule."
Ginny n'aima vraiment pas le sourire entendu qui passa sur les traits de la déesse. "Je vois," dit Gefinn après un long moment, pendant lequel elle avait observé Viktor. Puis elle se retourna vers Ginny. "Qu'est-ce qui te fait croire que je veux t'aider ?"
"Vous êtes censée être une déesse des soins, n'est-ce pas ? Je vous demande de soigner Harry. De lui rendre ses pouvoirs."
"Je n'ai pas demandé si tu pensais que je pouvais t'aider. J'ai demandé ce qui te faisais croire que voudrais le faire."
"Parce que vous êtes la donneuse. C'est ce que veut dire votre nom."
Gefinn joua avec son collier en or. "Je ne donne jamais rien sans quelque chose en retour. Qu'es-tu prête à me donner ?"
"J'ai un don spécial. Je peux fabriquer des talismans protecteurs."
"Pourquoi aurais-je besoin d'un talisman protecteur ? Je suis immortelle !"
Ginny avait dit à plusieurs occasions qu'elle ne voulait pas avoir à revivre la souffrance de produire une autre pierre, mais si c'était ce qu'il fallait pour rendre à Harry ses pouvoirs, ça vaudrait le coup. Elle prit une grande inspiration et fit son offre. "Je peux vous fabriquer une pierre magique qui ira avec votre collier."
"Qu'est-ce qui ne va pas avec mon collier ? Est-ce que tu sais ce qu'il m'a coûté ?"
Ginny savait que Gefinn, d'après la légende, s'était prostituée pour l'avoir, mais elle n'allait pas dire cela tout haut. "Il un peu quelconque, non ? Il serait plus joli avec un cristal serti dedans."
Gefinn inspectait ses ongles sans expression. "Je n'ai pas besoin d'un cristal."
"Je peux vous donner mon don. Je l'abandonnerais et ne pourrais plus l'utiliser."
Gefinn la regarda à travers des paupières à moitié fermées, et Ginny eut la nette impression d'être évaluée. "D'accord. Je vais y réfléchir. Mais avant de décider, je veux savoir ce que tu peux faire. Fabrique-moi une pierre, et alors nous en discuterons."
Et sans un autre mot la déesse disparut.
A suivre...
Note de l'auteure : Pas d'Harry dans ce chapitre, mais si vous y réfléchissez un peu, il n'est pas très difficile de comprendre où il est allé. Vous le saurez dans le prochain chapitre, de toute façon.