Disclaimer :
Les lieux et les personnages appartiennent à JK Rowling, l'intrigue appartient à Ashwinder et la traduction m'appartient.Note :
Cette histoire est maintenant A/U (Alternate Universe) pour les anglophones puisque le tome 5 est sorti, mais elle reste possible pour les francophones jusqu'à décembre.L'auteure dédie cette histoire à Maid Marian, et nous fait savoir qu'elle a écrit un bon bout de ce chapitre, car l'auteure n'arrivait pas à continuer. Plus de renseignements à la fin.
Autre Note :
Merci à tous pour vos reviews du dernier chapitre de Ginny's Gift. J'espère vous avoir manqué puisque cela fait un moment que je n'ai rien posté. Mais souvenez-vous que je vous avais prévenu, maintenant, les chapitres seront beaucoup plus espacés. J'espère que celui-ci vous plaira.J'en profite aussi pour passer un appel, comme les chapitres ne seront plus postés régulièrement, certains d'entre vous aimeraient peut-être être prévenus quand j'en met un en ligne, alors laissez l'adresse dans votre review.
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The Long Road Home, Chapitre Un
Harry se leva tard le premier jour entier qu'il passa au Terrier. Quand il ouvrit finalement les yeux, l'angle du soleil lui dit que la matinée était déjà plus qu'à moitié écoulée, mais il ne fit aucun mouvement pour sortir du lit. Il resta étendu et regarda le plafond orange au-dessus de lui, ne voulant pas vraiment se lever. S'il faisait ça, il pourrait y avoir des questions auxquelles il ne voulait pas répondre.
Il n'avait toujours pas parlé aux Weasley les plus âgés des conséquences du sort qu'il avait utilisé pour bannir Voldemort, mais il allait probablement devoir faire ça aujourd'hui. Il ne pouvait pas espérer cacher le fait qu'il ne possédait plus maintenant aucun pouvoir magique. Non, s'il se levait, les jumeaux lui demanderaient peut-être de jouer au Quidditch dans le verger, et il serait obligé de leur dire qu'il ne pouvait plus voler.
Il balaya rapidement cette idée. Il ne voulait pas penser à voler pour le moment. Il ferma les yeux pour ne pas avoir à regarder les Cannons de Chudley marquer un autre but spectaculaire. C'était quelque chose qu'il aurait peut-être aimé essayer lui-même - le Quidditch professionnel. Mais c'était hors de question maintenant.
En fait, il ne savait pas ce qu'il allait faire de sa vie maintenant qu'il avait fini l'école. Il savait qu'il ne pourrait pas vivre ici au Terrier indéfiniment. Il était censé être un adulte maintenant ; il était censé être indépendant. Il était censé faire quelque chose d'utile. Mais que pouvait-il bien faire maintenant ?
Il pensa à tout l'or dans son coffre à Gringott's et se demanda combien d'années il durerait. Il y en avait bien moins maintenant qu'il y en avait eu la première fois qu'il avait posé les yeux dessus à l'âge de onze ans. Sept années de cours à Poudlard et de fournitures avaient entraîné ça. Et maintenant il allait être responsable de louer un appartement, de se nourrir, de s'habiller...
Il repoussa les couvertures avec un soupir de frustration. Autant qu'il se lève si ses pensées allaient continuer à le trahir comme ça. La pièce était vide comme il s'y était attendu. Ron avait dû se lever des heures auparavant.
Harry enfila rapidement quelque vêtements et passa un peigne dans ses cheveux sans même prendre la peine de regarder dans le miroir. Il ne voulait pas voir son reflet non-rasé le regarder. Inconsciemment il leva la main et se gratta le menton. Il allait devoir aller au village à un moment ou à un autre s'il voulait se débarrasser de cette barbe. Elle le démangeait ; elle ne faisait rien pour améliorer son apparence ; et plus important encore, c'était un rappel quotidien qu'il avait perdu ses pouvoirs.
Harry avança dans la direction de la cuisine. La maison était étonnamment calme étant donné le nombre de personnes y habitant en ce moment. Les jumeaux étaient revenus à la maison pendant que le village de Pré-au-Lard était reconstruit, et, Harry l'avait découvert la veille en arrivant, George avait amené sa petite amie, Pauline, avec lui. Elle s'était installée dans la chambre de Ginny, mais maintenant que l'année était terminée, Ginny et Hermione était aussi entassées dedans.
Bill était là, aussi, établi dans la chambre de Percy. D'après ce qu'Harry avait pu comprendre de la conversation du dîner d'hier soir, Bill n'était pas sûr de ce qu'il allait faire dans un futur proche. Il avait quitté son travail à Gringott's pour rejoindre les forces de l'Ordre, et même s'il était inactif pour le moment, il pouvait être rappelé à son devoir à n'importe quel moment. On espérait que le sort d'Harry avait définitivement renvoyé Voldemort, mais une surveillance importante était tout de même gardée. On essayait aussi d'attraper les Mangemorts restant. Sirius et Remus était tous deux impliqués dans ça, cherchant activement Peter Pettigrow. Bill pensait qu'il pouvait toujours être appelé en mission active, bien que cette possibilité semblât diminuer avec chaque jour qui passait.
Avec tous ces gens dans la maison, ce fut une surprise pour Harry de trouver la cuisine vide en y entrant. Mr Weasley était au Ministère, bien entendu, mais les autres ne devaient pas être bien loin. "Tout le monde doit être dehors," se dit-il. "C'est tout aussi bien. Je n'ai pas faim de toute façon."
Un bruit le fit s'arrêter en plein milieu de la cuisine. Quelqu'un arrivait, et Harry remarqua qu'il se tenait devant la cheminée, au-dessus de laquelle était accroché un miroir. Un souvenir soudain le frappa, un qui datait de six ans, quand il avait était surpris par ce même miroir le grondant pour ne pas avoir rentré sa chemise. Il se conduisait maintenant comme n'importe quel miroir dans le monde Moldu, restant accroché en silence et s'abstenant de commenter son apparence débraillée. Et pour empirer les choses, il y avait un autre témoin du silence du miroir, car Pauline venait juste d'entrer dans la pièce.
Harry n'était pas certain d'avoir imaginé l'air de curiosité qui était passé sur son visage, tellement il était léger. "Où est tout le monde ?" demanda-t-il rapidement, plus pour éviter les questions qu'autre chose.
"Bonjour à toi aussi, bien que la matinée soit presque terminée maintenant. Pour répondre à ta question, tout le monde est dehors. À placer des Champs de protection." Elle n'avait pas l'air particulièrement contente de lui.
"Des Champs de protection ?" répéta Harry, alarmé. "Que se passe-t-il ?"
"Rien d'apocalyptique. Seulement des journalistes."
Harry jura pour lui-même. Bien entendu cela n'aurait pas nécessité beaucoup d'intelligence pour deviner où il logeait. Et maintenant les Weasley allaient être harcelés. Il aurait dû savoir qu'il ne pouvait pas rester ici... Il n'avait même pas été ici vingt-quatre heures, et ils étaient déjà à ses trousses, essayant d'apprendre tous ses secrets.
Le comportement de Pauline s'adoucit légèrement à la réaction d'Harry. "Ne t'inquiète pas. Fred et George sont en train de bien s'amuser à protéger cet endroit. Ils ont eu quelques idées, et bien, intéressantes pour piéger la propriété afin que personne dont nous ne voulons pas ne puisse s'approcher trop près."
Harry s'obligea à sourire. Ce genre de tâche était tout à fait du domaine des jumeaux. Il s'avança vers la porte.
"Ils devraient finir bientôt," ajouta Pauline.
Le bruit d'une porte se fermant se fit de nouveau entendre, et Harry se tourna pour voir Ron et Hermione entrer dans la cuisine.
"Harry, mon pote. T'es réveillé," dit Ron. Il avait l'air d'être de bien meilleure humeur qu'Harry.
"Harry, est-ce que tu as bien dormi ?" demanda Hermione. "Nous ne voulions pas te réveiller. Tu dormais si paisiblement."
"Oui, et je suis toujours fatigué. Je vais peut-être remonter," dit-il. Il ne voulait vraiment plus être avec personne. Même pas avec ses meilleurs amis.
"Non, aucune chance de ce côté-là, gars," blagua Ron. "Maman a dit que tu devais manger. Elle s'est plainte toute la matinée que tu sois trop maigre. Et cette barbe... C'est presque aussi mauvais que la boucle d'oreille de Bill d'après ce qu'elle raconte."
"Je ne vois pas pourquoi tu ne me laisse pas..." commença Hermione, mais elle s'arrêta alors qu'Harry et Ron la regardaient tout deux d'un air furieux.
Harry remarqua que Pauline les regardait, et il se fichait de l'expression qu'elle avait. Elle semblait sentir que quelque chose se passait et essayer farouchement de comprendre ce que c'était. Ça ne lui prendrait pas longtemps pour ajouter deux et deux. Il allait devoir dire quelque chose aux Weasley ce soir ; il n'y aurait plus moyen de l'éviter maintenant.
"Comment vous en sortez vous avez les barrières de protection, Ron ?" demanda abruptement Harry, espérant détourner l'attention de Pauline.
"Elles sont presque toutes mises. Fred et George ont réussi à entourer tout le périmètre du Terrier. Bill fait le tour pour voir s'il y a des trous ou des endroits faibles. Je lui ai dit, que pendant qu'il y était, il ferait tout aussi bien d'utiliser un spray contre les insectes. Nous ne voulons pas prendre de risques, si ?"
Pauline suivait la conversation avec un intérêt évident. "Pauline, est-ce que tu peux m'aider dans la chambre de Ginny ?" lui demanda Hermione. Harry avait l'impression qu'elle essayait de se débarrasser de Pauline, et il lui fut reconnaissant d'y avoir pensé. "C'était un peu étroit hier soir, peut-être qu'on pourrait l'agrandir un peu."
L'expression faciale de Pauline leur dit à tous qu'elle savait ce qu'ils essayaient de faire, mais elle ne protesta pas. "Bien sûr, Hermione, allons le faire maintenant."
Quand il fut confiant sur le fait que personne d'autre ne pouvait les entendre, Harry se tourna vers Ron. "Que s'est-il passé avec les journalistes ? Est-ce que quelqu'un est venu ici ?"
"Non, Hermione et moi sommes allés au village. Elle voulait utiliser le fêlétone pour appeler sa mère et son père."
"Téléphone, Ron," le corrigea Harry.
"Je sais, mais ça énerve tellement Hermione," répondit Ron, avec un grand sourire.
"Comment vont les Granger ?"
"Ils vont bien, ils s'installent. L'appartement au-dessus de leur cabinet est petit. Seulement une chambre, alors Hermione va rester ici un moment."
"Je peux voir à quel point cela te contrarie," le taquina Harry.
"Oui, et bien, ça va être dur pendant un moment, mais je suis sûr que je pourrais le supporter." Ron mit la main sur son coeur en disant ça. "Pendant que nous étions dans le village, nous avons entendu un raffut. Au début j'ai cru que c'était des Mangemorts, étant donné qu'ils portaient des capes noires. En fait c'était des journalistes. Hermione à dit qu'ils ressemblaient à une nuée de sauterelles. Ils ont commencé à poser des questions, et les flashs, venant des appareils photos, nous aveuglaient. Et, bien entendu, qui crois-tu qui était en tête de la troupe ?"
"Rita Skeeter," dit catégoriquement Harry.
"Dans le mille, mon pote. Hermione devrait faire la première page de la Gazette demain," dit-il, l'admiration évidente dans son ton. "Elle a farouchement rembarré Skeeter."
"Comment vous êtes-vous échappés ? Est-ce qu'ils vous ont suivis jusqu'ici ?"
"Non, maman s'était assurée que nous ayons un Portoloin, tu sais, juste au cas où. Nous sommes revenus ici sans problèmes. Tout le monde s'est mis à travailler sur les barrières immédiatement."
"Merci. Je suis désolé," dit-il lamentablement.
"Pourquoi ?"
Harry ne put pas répondre, car à ce moment-là Mrs Weasley entra dans la cuisine.
"Harry, mon chéri. Comment te sens-tu ? Est-ce que tu as faim ? Assieds-toi, et je vais te préparer quelque chose." Ses questions sortaient si rapidement qu'Harry n'avait pas l'opportunité de répondre.
"Mrs Weasley, je..."
"Ne t'aventure pas par là, Harry. C'est perdu d'avance."
"Tu quoi, mon chéri ?"
"Je suis toujours un peu fatigué. Je ne pense pas pouvoir manger quoi que ce soit," dit-il en espérant qu'elle comprendrait.
"Idioties, tu es fatigué parce que tu ne manges pas correctement. Assieds-toi et mange, alors tu pourras remonter à ta chambre pour faire une sieste." C'était étonnant comme elle pouvait réussir à avoir l'air affectueuse et autoritaire en même temps.
À contrecoeur, Harry fit ce qu'on lui demandait. Il se sentait un peu mieux après manger, mais il remonta tout de même dans la chambre de Ron pour faire une sieste.
Harry fit semblant de dormir plusieurs fois ce jour-là. Il n'était pas en état de parler à qui que ce soit, et il se retrouva à se languir de son lit à baldaquin à l'école, où il pouvait fermer les rideaux et se couper du monde. Il n'aurait plus jamais ce plaisir. Hermione avait dû soupçonner qu'il faisait semblant, et elle réussit à avoir une conversation entière avec lui sans qu'il ne réponde une seule fois.
Alors que l'après-midi laissait place à la soirée, Harry entendit les Weasley dans le jardin, installant des tables pour le dîner. Ils seraient au moins douze à manger ce soir, étant donné que Mrs Weasley avait invité Percy et Pénélope à les rejoindre. C'était un moyen de célébrer la fin des cours pour les plus jeunes membres de la famille, en même temps que la fin probable de la guerre. Il savait qu'ils devraient manger dehors. Il espérait que les champs de protections seraient suffisant pour garder les journalistes éloignés.
Les pensées d'Harry dérivèrent jusqu'à la première fois où il avait mangé dans le jardin pendant l'été avant sa quatrième année. Bill et Charlie avaient fait un combat de tables, pendant que le pompeux Percy avait été en train d'écrire son maintenant fameux rapport sur les fonds de chaudrons. Cela avait été avant que les choses ne deviennent vraiment sombres, avant le tournoi des Trois Sorciers, avant la renaissance de Voldemort. Ça avait été avant les attaques de Mangemorts, mais surtout, ça avait été avant la mort de Charlie. Harry se demandait comment Bill se débrouillait avec ça. Après tout, lui et Charlie étaient les plus près en âge, ils avaient aussi combattu ensemble pendant la guerre.
Penser à Charlie amenait inévitablement à penser à d'autres qui avaient perdu la vie. Il n'avait même pas vraiment pensé une seule fois au Professeur Dumbledore, qui s'était occupé de Voldemort en premier. On ne le saurait peut-être jamais avec certitude, mais Dumbledore avait peut-être fait quelque chose pour affaiblir le Seigneur des Ténèbres, pour que ce soit possible pour quelqu'un d'autre de le vaincre complètement. Et puis il y avait les autres. Des élèves et des professeurs...
Harry devait arrêter avec ces souvenirs. Ça ne lui ferait aucun bien de songer à des choses, qu'il n'avait pas le pouvoir de changer, et ça n'allait certainement pas l'aider à trouver un moyen de parler au Weasley de son manque de pouvoirs magiques. Il savait qu'il allait devoir descendre bientôt. Il ne pouvait pas se cacher dans la chambre de Ron pour le reste de l'été.
Finalement quelqu'un d'autre que Ron, Hermione ou Ginny allait remarquer qu'il n'utilisait pas la magie. Il était sûr que Pauline soupçonnait quelque chose maintenant ; elle devait être une fille intelligente pour être responsable de la bonne marche de Zonko. D'après quelque chose qu'elle avait mentionné la veille au soir, il réalisa qu'elle avait été une Serdaigle quand elle était à Poudlard. Il allait devoir leur dire à tous lui-même. Ce ne serait pas correct envers eux de le leur laisser découvrir autrement.
Il fut sorti de ses pensées par le bruit de pas dans les escaliers.
"Harry ?" appela une voix douce. C'était Ginny. Mince, il avait réussi à l'éviter la plupart du temps depuis qu'il s'était réveillé à l'infirmerie. Que pouvait-elle bien lui vouloir après tout ? Il n'était plus aussi bien qu'avant, et elle méritait mieux. Il ne lui répondit pas.
Elle entra dans la pièce malgré son silence. "Harry, c'est l'heure du dîner. Maman veux que tu descende maintenant."
"J'arrive dans une minute," marmonna-t-il, ne prenant même pas la peine de se tourner et de la regarder.
"Harry, tu ne peux pas t'enfermer ici pour toujours, tu sais."
"JE SAIS !" Il n'avait pas voulu crier - ça lui avait seulement échappé - mais peut-être que c'était mieux comme ça. Il garda ses yeux fixés sur le sol. N'importe où sauf sur elle. Il ne voulait pas voir son expression blessée.
Mais quand elle répondit, son ton était tout sauf blessé. "Très bien. Sois comme ça ! Mais si tu ne descends pas dîner, je t'enverrais maman."
Il se tourna pour voir si elle était vraiment aussi fâchée qu'elle en avait l'air, mais tout ce qu'il vit fut son dos alors qu'elle quittait la pièce. Il pensa l'entendre émettre un son un peu étranglé de rage dans sa gorge, et le bruit des ses pieds martelant les marches en descendant résonnèrent dans les étages supérieurs de la maison. Il enfonça sa tête dans ses mains, chuchotant, "Mince !"
Plusieurs minutes plus tard, il se retrouva dans le jardin des Weasley. C'était une nuit fraîche, et une légère brise soufflait. Il espérait que quelqu'un avait pensé à mettre un Sort de Silence autour du Terrier aussi. La pensée de leurs voix étant portées jusqu'aux arbres alentours mettait Harry mal à l'aise.
Alors qu'il approchait, il entendit Mr. Weasley et Percy parlant de la dernière capture de Mangemorts. Certains des Mangemorts restant s'étaient démasqués et s'étaient rendus dès que Voldemort avait disparu, mais pas tous. Les plus loyaux du lot cherchaient sûrement un moyen de faire revenir leur maître pour pouvoir continuer leur règne de terreur. Le Ministère était très anxieux d'arrêter le reste d'entre eux pour les juger, et aussi pour s'assurer que Voldemort était bel et bien parti pour de bon.
Il y avait toujours deux places de libre à table, et elles étaient au bout près de Ron et Hermione. Harry prit l'un des sièges, ne faisant pas très attention à qui manquait. Puis Ginny sortit de la maison avec un plat de nourriture, et il réalisa qu'elle allait occuper la place restante à la table... à côté de lui. Il leva la tête vers elle avec réticence et vit sa bouche se contracter en une ligne fine, alors qu'elle évaluait la situation. Il savait qu'elle ne dirait rien qui causerait une scène, mais il remarqua alors qu'elle s'asseyait, qu'elle éloigna sa chaise de la sienne.
Mrs Weasley tendit à Harry une assiette pleine de nourriture, et la conversation embraya sur la reconstruction de Pré-au-Lard. On espérait que le village pourrait être reconstruit rapidement en utilisant la magie pour restaurer autant de bâtiments que possible. Beaucoup des résidents mettaient leurs forces en commun dans l'effort pour ramener le village à la vie, et même des gens n'y habitant pas avaient proposé leur aide. Les jumeaux avaient l'intention de Transplaner sur le site le jour suivant pour voir ce qu'ils pouvaient faire pour aider.
"C'est le moins que nous puissions faire," dit Fred.
"Oui," renchérit George. "C'est de notre faute si le village est dans un tel état, après tout."
"Vous ne faisiez que ce que vous aviez à faire, mes chéris," remarqua Mrs Weasley. "La guerre demande des sacrifices de notre part à tous, non ?"
Elle fit un bruit qui donnait l'impression qu'elle ravalait un sanglot, et Harry sut qu'elle pensait à Charlie. Il bougea inconfortablement alors que ses mots le touchaient un peu trop, même si elle n'avait aucun moyen de le savoir. Jetant un coup d'oeil à toute la tablée, ils vit Ron et Hermione le regardant tous deux fixement, leurs expressions indéchiffrables. Il pouvait voir qu'ils attendaient qu'il informe la famille d'un autre sacrifice que cette guerre avait requis. Mais il garda le silence pendant la majeure partie du repas.
"La reconstruction va être la partie facile," fit remarquer Pauline. "Les commerçants ont tous perdus des marchandises aussi, et ils vont devoir les remplacer. Nous avons tous perdu des bénéfices l'année dernière avec la guerre et la sécurité renforcée. Je ne suis pas sûre que tous les commerces de Pré-au-Lard pourront revenir après ça. Et ça rendra les choses plus difficiles pour le reste d'entre nous..."
Alors que la conversation continuait à tourner autour de la guerre et de l'incertitude quant au fait qu'elle était terminée ou pas, Harry eut l'impression que les Weasley évitaient de mentionner son rôle dans la dernière bataille. Personne ne l'avait questionné sur son duel avec Voldemort depuis son arrivée, bien qu'il était certain qu'ils étaient tous au courant. Il savait qu'ils attendaient qu'il aborde lui-même le sujet, et il réalisa qu'il devrait être reconnaissant pour leur discrétion. Mais il y avait quelque chose d'irritant dans leur silence aussi. Était-il si fragile qu'ils devaient marcher à pas feutrés autour de lui ? Les Weasley les plus âgés ne savaient même pas qu'il y avait une bonne raison de le faire, après tout.
Mais aucun moment ne semblait approprié pour en parler. Même s'ils parlaient de la guerre, Harry avait l'impression que les autres étaient plutôt contents. Oui, Charlie était parti - Mrs Weasley jetait de temps à autre des regards à sa place à la table - mais Harry savait que les choses auraient pu être bien pires pour eux tous, tellement plus auraient pu être tués. Et apparemment tout était fini maintenant. Malgré toutes leurs pertes, ils avaient effectivement de quoi être contents.
Subitement la voix de Percy s'adressa aux adolescents de l'autre bout de la table. "L'un de vous a-t-il déjà réfléchi à son avenir ? Je pourrais en parler au Ministère..."
"Ils n'ont pas encore leur résultats des ASPICs, Perce," dit Fred. "Comment peux-tu t'attendre à ce qu'ils sachent s'ils ont assez bien réussi pour une position au Ministère ou pas ?" Il donnait vraiment l'impression que de ne pas avoir d'assez bons résultats aux ASPICs pour un poste au Ministère était un véritable avantage.
"Non, bien sûr que non, mais ils doivent se douter de leurs performances. Je sais que c'était mon cas, et ça n'avait rien à voir avec ces stupidités de Divination."
Harry fut assez surpris pour intervenir. "C'est toi qui m'a recommandé de prendre Divination le premier."
Percy se tortilla légèrement sur son siège. "J'ai changé d'avis sur ce sujet."
"Sans vouloir t'offenser, Perce," dit Ron, "je ne me vois vraiment pas consacrer le reste de ma vie à des fonds de chaudrons." Harry sentit un mouvement à côté de lui alors que Ron grimaçait. Hermione avait dû lui donner un coup sous la table.
Percy, pendant ce temps-là, répliquait sur un ton assez coléreux. "Je te ferais savoir que mon rapport sur les chaudrons était une avancée importante vers un standard international. Et tu sais que nous avons eu à nous occuper d'autres choses depuis."
Bill leva les yeux au ciel. "Arrêtez un peu, d'accord ?"
"Et bien, je ne me vois pas rester assis derrière un bureau pour le reste de ma vie." Ron s'arrêta et regarda du coin de l'oeil sa petite amie. "Ça pourrait intéresser Hermione, par contre."
"Qu'est-ce que tu te vois faire alors ?"
"Je pensais pouvoir essayer une formation d'Auror..." Il y eut un autre mouvement, alors qu'Hermione l'avait sûrement frappé de nouveau, mais pendant un moment Harry ne comprit pas pourquoi cette déclaration pouvait valoir à Ron une réprimande de sa petite amie.
"C'est charmant, mon chéri," dit Mrs Weasley vivement. "Toi et Harry pourriez essayer cela ensemble."
Harry vit Ron et Hermione échanger un regard extrêmement mal à l'aise. "Je pense que j'aimerais reprendre du poulet," dit Hermione très rapidement.
Mrs Weasley sembla confuse un moment avant de répondre, "Bien entendu, ma chérie."
Harry ne pouvait rien faire contre l'irritation grandissante qu'il ressentait contre ses meilleurs amis. Il comprenait maintenant pourquoi Hermione avait essayé de faire taire Ron quand il avait parlé de la formation d'Auror. Elle avait essayé d'épargner les sentiments d'Harry, comme s'il était fragile. Comme s'ils devaient tous marcher sur des oeufs autour de lui.
"Si tu intègres une formation d'Auror," continuait Percy, "tu va devoir passer ton test de Transplanation aussi rapidement que possible. Je pourrait t'aider pour ça. J'ai l'impression d'avoir passé mon test rapidement parce que je me suis entraîné chaque jour, tu sais. Je n'ai pas raté une seule occasion de Transplaner quand je le pouvais."
"Oui," dit Fred. "Transplaner dans la cuisine tous les matins pour le petit déjeuner était un peu trop, tu ne crois pas ?"
"La fois où il a Transplané dans les toilettes alors que j'étais toujours dedans c'était un peu exagéré," remarqua George sur un ton de confidences, provoquant un rire de Bill, Fred et de son père. Mrs Weasley s'efforçait de sembler stoïque, mais ne s'en sortait pas très bien. Personne se trouvant au bout de la table où était assis Harry ne trouvait le tour qu'avait pris la conversation amusant, pourtant, et Harry réalisa que ça allait devenir difficile pour eux de cacher leur malaise grandissant.
Une fois de plus, Mrs Weasley le sortit de ses pensées. "Harry, mon chéri, puis-je te resservir ?"
"Non, merci, Mrs Weasley, je pense que je suis calé," dit il prudemment.
"Juste une autre assiette chéri. Tu dois vraiment reprendre des forces."
"Maintenant Molly, laisse le garçon tranquille," intervint Mr Weasley. "Il a déjà l'air beaucoup mieux."
"Bien sûr," ajouta Fred.
"Et bien, excepté pour sa barbe désordonnée," plaisanta George.
Du coin de l'oeil, il vit Ron, Hermione et Ginny échanger un regard gêné.
"C'est un peu idiot, mon chéri," remarqua Mrs Weasley. "Tu as l'air beaucoup mieux sans..."
La tension venant du bout de la table où était Harry devenait de plus en plus évidente. "Qu'est-ce qui ne va pas avec vous quatre ?" demanda subitement Mrs Weasley.
"Rien," dit Ron trop rapidement. "Rien du tout."
"C'est bon," dit Harry. "Je devrais le leur dire à un moment ou à un autre. Autant que ce soit maintenant."
"Nous dire quoi, mon chéri ?" demanda Mrs Weasley.
Harry sentit le poids combiné de leurs regards sur lui. Il ne voulait soudainement plus les voir le regarder avec choc et pitié alors qu'il leur dirait ce qu'il avait fait, mais il n'avait plus d'autre choix maintenant que d'y aller. Sous la table il sentit Ginny prendre sa main et donner une pression rassurante. Elle ne lâcha pas.
Il hésita un moment, figé par son geste après la façon dont il l'avait traitée. Puis il prit une grande inspiration. "Avant que je vous dise quoi que ce soit, je dois être sûr qu'il est absolument impossible qu'on soit entendus."
Hermione saisit l'allusion immédiatement et jeta un Sort de Silence sur l'endroit. Même si Rita Skeeter ou un autre journaliste avait réussit à pénétrer la barrière Harry était sûr que son histoire n'apparaîtrait pas dans la Gazette du Sorcier du lendemain.
"Ce que je vais vous dire doit être gardé totalement secret. Je ne veux pas que ça soit connu par tout le monde..." Il rencontra chacun de leurs regards alternativement, recevant une assurance muette qu'aucun d'entre eux ne soufflerait mot de cela. "Une fois que je vous l'aurais dit, je ne le raconterais qu'à une seule autre personne, et ce sera Sirius. Après ça, je ne veux plus jamais avoir à répéter ça." Et comme il l'avait dit à Remus, Ron et Ginny à l'infirmerie - cela n'avait-il eu lieu que quelques jours auparavant ? Ça semblait faire une éternité - il conta aux Weasley assemblés l'histoire entière de comment le moyen de vaincre Voldemort avait été découvert. À ce moment-là il regarda Hermione et reconnut que ça avait dû beaucoup lui coûter de devoir garder cette information secrète. Puis il leur dit comment il en était arrivé à sa confrontation finale en sachant totalement ce qu'il devrait sacrifier.
Mrs Weasley s'exclama quand Harry leur dit pourquoi Ron avait demandé la baguette de Charlie. L'un des jumeaux poussa un léger sifflement. Bill dit, comme pour lui-même, "Et dire que c'est la baguette de Charlie qui a détruit Voldemort."
"Nous ne pouvons que l'espérer," dit Mr Weasley, avec une note de fierté dans son ton.
Un silence complet s'abattit sur la table comme un linceul alors qu'Harry terminait son récit, expliquant que Lucius Malefoy avait essayé de le tuer une fois qu'il était allongé impuissant sur le sol, mais que le talisman l'avait sauvé. Il n'ajouta pas qu'il regrettait presque qu'il ait marché. Mrs Weasley pleurait silencieusement, alors que Mr Weasley passait une main sur son épaule. Les autres, comme il l'avait prédit, avaient des expressions de choc et de pitié mêlés. Harry pouvait dire qu'ils étaient tous submergés de questions et n'osaient pas les poser. Il pouvait facilement imaginer Percy se demandant se qu'Harry avait l'intention de faire pour le reste de sa vie maintenant qu'il ne possédait plus du tout de magie. Harry baissa les yeux et vit que Ginny tenait toujours sa main. Sa prise était presque douloureuse, mais Harry l'accueillait.
Mrs Weasley brisa finalement le silence. "Harry," commença-t-elle d'un air secoué, "tu auras toujours une maison ici avec nous. J'espère que tu sais cela."
"Oui, et bien, merci. Mais ce n'est pas comme si je pouvais trouver un travail et contribuer effectivement à quoi que ce soit."
"Je ne serais pas si sûr de ça," dit Mr Weasley. "Je suis certain que le Ministère..."
"Je ne veux pas que quelqu'un m'offre un travaille parce qu'il a pitié de moi, d'accord ?" Harry commença immédiatement à rougir de honte de son explosion, car il savait que Mr Weasley avait dit cela avec de bonnes intentions.
"Je comprends, Harry, mais peut-être qu'on peut faire quelque chose. Personne n'aurait besoin de connaître ta situation," ajouta rapidement Mr Weasley avant qu'Harry ne puisse protester de nouveau.
"Tu devrais au moins y penser, Harry, mon chéri," dit Mrs Weasley. "Nous ne voulons pas... Et bien, nous ne voulons pas te perdre de vue, n'est-ce pas ?"
Mais Harry savait ce qu'elle voulait vraiment dire. Elle voulait dire qu'elle ne voulait pas le perdre du tout. Il savait d'après ce qu'elle avait dit au mémorial de Charlie qu'elle le considérait comme l'un de ses enfants. Il l'avait su dans son coeur depuis plus longtemps encore. Il n'arrivait pas à mettre le doigt sur quand c'était arrivé, mais à un moment ou un autre durant ses dernières années, elle avait commencé à le traiter comme l'un de ses propres enfants.
Il avala et hocha la tête une fois. "Quoi qu'il en soit," dit-il finalement, brisant le silence qui était de nouveau tombé sur la tablée, "je vais devoir aller m'acheter quelques objets Moldus au village demain."
"Oui, bien entendu," dit Mrs Weasley, "mais peut-être que quelqu'un peut y aller à ta place. Si un de ces journalistes ne fait même que t'apercevoir..."
Harry savait qu'elle avait raison. Au même moment Mr Weasley retrouva le moral. "Peut-être que tu pourras utiliser certaines choses de ma collection. Tu y es autorisé, tu sais. Tu n'auras pas besoin de prises ou de piles, si ?"
Harry sourit malgré lui. "Euh, non, en fait. Ce dont j'ai vraiment besoin c'est un rasoir."
Mr et Mrs Weasley semblèrent tous deux un peu plus contents.
Le reste du repas et la soirée qui suivit furent assez calmes après cela. Quand ce fut l'heure de partir pour Percy et Pénélope, Harry fut assez surpris quand Percy lui serra solennellement la main. Il fut encore plus surpris quand les jumeaux firent la même chose, et ils semblaient tout à fait sérieux. George lui donna une tape sur l'épaule et la pressa. Personne ne savait quoi dire, apparemment, mais Harry pouvait lire la gratitude dans leurs yeux tout de même.
Les autres rentraient à l'intérieur. Ginny lui lança un regard pénétrant en passant. Il pouvait dire qu'elle n'était pas contente de son comportement plus tôt, et pourtant il y avait de la compréhension dans ce regard, comme si elle savait qu'il essayait de la repousser et pourquoi. Il sentit les poils sur ses bras se redresser, alors qu'il réalisait qu'elle n'allait pas rester plantée là et le laisser faire ce qu'il voulait. Elle lutterait de toutes ses forces pour ça.
La dernière à l'approcher fut Pauline. "Je suis désolée si j'ai eu l'air fâchée contre toi ce matin," commença-t-elle. Puis elle hésita un moment avant de continuer. "J'ai seulement sacrifié mon commerce, et il peut être reconstruit..." Elle ne finit pas sa pensée, mais Harry devinait assez bien ce qu'elle n'avait pas dit.
Note : L'auteure accueille ici les lecteurs à ce qu'elle appelle son festival de 'angst'. Elle s'attend à ce que les premiers chapitres soient difficiles à lire, comme à écrire. Elle annonce que cette histoire sera très différente de celle qui l'a précédée. L'ennemi dans cette histoire sera bien plus interne qu'une incarnation extérieure du mal. Elle a l'intention d'utiliser plus d'un point de vue cette fois. Elle remercie une nouvelle fois son amie Marian, et nous dit que c'est la seule personne qu'elle connaisse qui soit capable de lui crier dessus et de la mettre en pleurs dans la même review. Marian est aussi une personne et une amie géniale. J'ajouterais, personnellement, pour avoir lu le reste de l'histoire que c'est aussi une auteure de grand talent.