Entre Lune et Etoile
Disclaimer : Comme si quelqu'un en doutait…
40 – Frères de Maraude
Les paroles lui parvinrent alors qu'il sortait de la salle de bain, où une douche réparatrice avait chassé une partie de la fatigue de la nuit et du malaise du réveil en fanfare par un Rogue hors de lui.
« Alors… ta décision est prise », demandait Harry d'une voix étrangement blanche.
« Oui, Harry », répondait Cyrus avec une gravité inhabituelle.
« …. »
Instinctivement, Remus s'immobilisa dans le couloir. Par la porte entrouverte, il distinguait Cyrus avachi sur le canapé. L'enfant se redressa un peu en expliquant :
« Je ne peux pas le laisser tout porter… tout faire comme cela…comme si je savais pas combien c'est difficile… comme si je savais pas les doutes et les décisions qu'il affronte… comme s'il n'avait pas besoin d'aide ! »
« Mais… mais Papa a… enfin…Remus a… a toujours dit qu'on t'avait volé huit années de ta vie et que… » - dit Harry. Lupin ne le voyait pas, mais il sentait combien il essayait de prendre une voix raisonnable, de cacher les émotions contradictoires qui l'assaillaient, pour discuter une décision qu'il ne pouvait partager.
« On ne me doit rien, Harry » coupa Cyrus de sa petite voix – à peine plus grave et posée que d'habitude. « Non… On ne m'a rien volé… Je me suis jeté tête baissée dans le plus stupide des pièges….Je n'ai pas fait confiance à mes amis… je me suis cru assez fort pour tout porter tout seul… tellement fort… Tu vois ce que je veux dire… »
« Oui » souffla Harry. Lupin entendit le désespoir et les reproches que son fils se faisait encore à propos de Quirrell et du labyrinthe.
« Et bien, tu as eu la chance de l'apprendre maintenant Harry… avec des gens qui t'aiment autour de toi qui pouvaient intervenir… Moi, je l'ai appris adulte à Azkaban… Trop tard… ». Là encore, les regrets étaient palpables. L'enfant qui s'appelait encore Cyrus s'assit sur le canapé pour conclure : « Bref, je ne peux pas regarder Remus porter tout cela sur ces épaules sans pouvoir l'aider… le tribunal, Fudge, les Malefoy, Rogue… Je dois en prendre ma part…. il aura plus de temps pour lui, pour toi, pour être amoureux… et ce sera ça la justice, Harry »
« Je vois que tu y as beaucoup réfléchi… » - commenta Harry après un instant. Son ton parut là encore plus grave et sérieux que d'habitude à Remus qui se demanda de nouveau s'il devait se faire voir. Il se sentait ridicule dans ce couloir à les écouter même s'il pensait que c'était à Cyrus de faire une telle déclaration. C'était la preuve même qu'il n'était plus un enfant.
« Beaucoup…. Oui… Sans arriver pourtant à une réponse claire… mais ce matin,… je me suis dis je ne peux le laisser se faire engueuler par Rogue à ma place… je ne peux plus ! »
« Oh… ce genre de chose ne te gênait pas avant », intervint Remus avec un léger sourire, tout en poussant la porte. L'essentiel avait été dit.
L'enfant aux yeux noirs rencontra calmement son regard.
« Disons que… j'ai grandi ? »
« Sans doute » répondit Lupin en s'asseyant avec eux devant la cheminée, avec une fausse décontraction. Sentant le regard brûlant d'Harry sur lui, il se tourna vers son fils mais ne sut pas quoi lui dire. Cyrus sentit ce léger malaise.
« Je … Harry… pour nous, ça ne change rien… on est toujours frères, hein ? »
Harry hocha gravement la tête, luttant contre l'envie de s'enfuir loin de cette conversation qui atteignait le maximum des émotions qu'il était capable de gérer.
« Tu verras Harry… fais-moi confiance… »
Remus posa sa main sur l'épaule de Cyrus comme pour lui conseiller de ne pas insister.
« C'est ta décision ? » lui demanda-t-il.
« Oui »
« Sans regret ? »
« Je ne perds te pas, hein ? »
Remus sourit puis ajouta doucement. « Tu le sais ».
« Oui… j'en suis sûr… Oui, je suis prêt… je suis prêt ».
Remus le dévisagea un instant avant de se lever et de dire.
« Je ne sais pas si c'est le meilleur moment pour en parler à Severus… »
« Oh… ça le changera de colère » commenta Cyrus avec philosophie.
Remus rie doucement. « Je vois en effet que tu es prêt… Et bien, Harry… je te présente TON parrain… celui qu'aucun obstacle n'effraie… celui que James avait sans doute choisi pour être sûr de faire le poids face à Lily… »
Cyrus lui lança un regard noir. Lupin le soutint en souriant, puis il se leva et se dirigea vers la porte.
« Bien il ne me reste plus qu'à me déguiser en directeur et à aller affronter mes chers collègues… » Sur le pas de la porte, il s'arrêta. « Hum… quand même… Harry… ça ne pourra pas se reproduire, hein ? …Je ne veux pas te voir me chercher une autre fois pendant la pleine lune… »
« Mais je pourrais devenir un animagus et alors… » - plaida Harry avec passion.
« Oh… un animagus… bien sûr… c'est très difficile, tu sais… »
« Même P… » - commença Cyrus mais sa voix se brisa. Son regard et celui de Lupin se lièrent en silence dans un même chagrin. « Je pourrais l'aider », finit-il par ajouter.
« Oh ça j'en doute pas » répondit Remus en levant les yeux au ciel. « Sans doute… pourquoi pas… le temps que tu y arrives de toutes façons… mais ce n'est pas la question, pas pendant l'année scolaire, Harry, plus jamais et en aucun cas, c'est entendu ? »
« Oui… oui papa » soupira Harry avec une certaine mauvaise grâce.
« Je te fais confiance » répondit Lupin en souriant pourtant. « Et je te répète que je ne vous en veux pas… sincèrement…je ne suis pas en colère…c'était… c'était un très beau cadeau… et … et je serai heureux de recommencer… mais pas ici… pas dans l'école… Severus a malheureusement raison… »
Harry acquiesça, la gorge serrée par l'émotion contenue dans la voix de son père. Tous trois avaient encore en tête l'affolement qui les avait saisis lorsque Harry avait commencé à se retransformer. Les aboiements angoissés de Cyrus, l'effort qu'il avait alors fallu à Lupin pour s'éloigner pendant que Cyrus refaisait le charme. La difficulté qu'il avait eu à le faire, ses forces magiques lui manquaient… redevenir Animagus avait presque été impossible Le moment trop long où ils avaient tous les trois cru que le rêve allait tourner au cauchemar. Ils étaient rentrés peu de temps après, épuisés moins par la course que par l'émotion. Oui, il comprenait ses peurs… Mais il comprenait aussi que Remus n'avait rien demander à Cyrus parce que dans sa tête… il était déjà en partie redevenu Sirius… et Harry se demanda combien de temps il lui faudrait pour accepter cette décision.
+++
Tout Poudlard ne parlait plus que de ça.
Tout Poudlard était sous le choc.
L'enfant aux yeux noirs qui leur avait joué des tours, avait ri de leurs blagues, hurler son soutien à toutes les équipes de Quidditch - sauf celle des Serpentards… cet enfant, si enfant… était SIRIUS BLACK – celui dont le nom depuis dix ans avait à peine moins fait tremblé que celui Voldemort.
Poudlard donc savait.
Parce que Remus avait repoussé toutes les objections.
Oui, le scandale serait sans doute énorme.
Oui, il jouait son poste – si ce n'était pas à court terme, ce serait plus tard, mais Fudge ne lui pardonnerait jamais ça.
Oui, il allait passer pour un dangereux fou. « Nous finirons tous à Azkaban à cause de toi… » - avait grondé Severus. « Voici une pensée peu agréable dont les Détraqueurs ne sauront que faire » - avait répondu Remus avec un imperceptible haussement de sourcil qui avait fini de faire exploser son adjoint.
Non, ça coûterait ce que ça coûterait.
Mais ce serait toute la vérité ou rien.
Aucune demi-vérité ne fonctionnerait.
Il en était convaincu.
Comment expliquer que l'enfant avait disparu ?
Où Black se serait-il caché pendant deux ans alors que toutes les polices magiques le cherchaient ?
De nouveaux mensonges ? Quelle histoire pourrait être assez crédible ? La vérité elle-même paraissait incroyable.
Non.
On ne pouvait se targuer de défendre la magie blanche en travestissant sans cesse la vérité.
Il avait répété cela sans relâche.
Et tous avaient fini par se ranger à son avis.
Donc Fudge et Poudlard et La Gazette du Sorcier avaient tous appris la vérité le même jour. Le soir même du jour où Sirius avait pris l'antidote et s'était allongé dans l'Infirmerie pour entreprendre sa re-croissance sous la constante vigilance de Popy et le regard furieux mais passionné de Severus.
Ils avaient tous su et la tempête avait commencé.
Les lettres d'insultes et les beuglantes couvraient le ciel de la Grande Salle de Poudlard tous les matins. Des dizaines d'élèves étaient déjà partis, rappelés en urgence par des parents hystériques qui semblaient d'un seul coup se souvenir que Lupin était un loup-garou. Les Serpentards étaient partis les premiers – Draco Malefoy en tête - mais l'hémorragie touchait toutes les maisons. Cho Chang et son amie Marietta étaient venues faire leurs adieux à d'Harry qui n'avait rien trouvé à leur dire. Beaucoup de Gryffondors ne lui parlaient plus sans qu'il puisse réellement saisir ce qu'ils lui reprochaient.
« Les gens ont toujours peur de ce qu'ils ne comprennent pas » avait sombrement commenté Hermione. « Le mieux est de les ignorer »
« Quand même Harry… t'en as d'autres comme ça ? Comment tu fais pour cacher tellement de choses ? » - avait demandé Ron en secouant la tête. « Quand il avait dit l'héritier… j'ai pensé qu'il était son fils… son fils naturel… enfin tu vois… »
Pour se faire pardonner, Harry leur avait raconté la vraie histoire de l'album de famille. « Tonks ? » avait murmuré Ron incrédule. « Comment fait-elle ça ? » avait demandé Hermione tout de suite intéressée par les aspects techniques.
La presse était partagée. Les éditorialistes s'étripaient sur le bien fondé de la clémence du Ministère. Mais pour ou contre, ils étaient tous aux portes de Poudlard pour être les premiers à voir l'héritier des Black qui allait en sortir. Toutes sorties des élèves au Pré-au-lard étaient suspendues jusqu'à nouvel ordre pour des raisons de sécurité – qui tenaient essentiellement au souci de Remus de ne pas voir ses élèves donner des commentaires à la presse à tort et à travers. Parfois Harry se demandait ce qui aurait pu être pire que cette attente explosive. Ca lui rappelait ces westerns qu'adoraient les Dursley, lorsque les Rangers attendaient sous un soleil de plomb l'attaque des Indiens dans un fortin isolé. Sauf, que le soleil printanier de Poudlard paraissait étrangement léger et indifférent à l'angoisse du moment.
Et si Sirius ne retrouvait pas tous ses souvenirs, si comme le craignait Severus il ne restait que Cyrus perdu dans un corps d'adulte ? Ou pire si cet adulte n'avait qu'un esprit vide de tout souvenir ? Harry avait trouvé de nouveaux motifs d'insomnie.
Seuls, Lupin et Dumbledore semblaient prendre les évènements avec calme et espoir. « Fais lui confiance, Harry, fais confiance à Sirius », ne cessait de répéter le premier. « Vous ne trouvez pas que Cornélius a un peu maigri ces derniers temps ? » demandait Dumbledore avec bonhomie quand, chaque soir, il venait s'enquérir de l'évolution de cette re-croissance. Harry se forçait à les croire et à afficher la même décontraction lorsqu'un de ses camarades se risquait à l'interroger sur les risques de cette transformation. Mais il se sentit brusquement pâlir lorsque Lupin vint le chercher au milieu d'un dîner avec ce commentaire laconique : « Allez viens… c'est le moment »
Harry pouvait sentir les regards de tous ses camarades de Gryffondors sur lui, en plus loin de toute l'école. Nul ne doutait des raisons de Lupin à ce moment là. Toute l'école guettait un signe qui aurait pu indiquer le résultat. Harry se leva un peu pâle, avec un sourire faible et sans entendre les encouragements de Ron et Hermione.
+++
L'infirmerie avait rarement été plus calme. De fait, il n'y avait qu'un seul patient mais il avait de nombreux visiteurs. Minerva, Severus, Poppy, Flitwick et Dumbledore formaient un mur humain, en demi-cercle au pied d'un des lits. Harry sentit sa gorge se serrée un peu plus – chose qu'il aurait cru impossible - mais Remus le poussa gentiment pour qu'il continue à avancer.
« Ah, Harry, Remus ! » - s'exclama Dumbledore en se tournant vers eux. « Nous allons peut-être vous laisser…n'est-ce pas ? A tout à l'heure Sirius ! »
Les autres adultes acquiescèrent un peu nerveusement et quittèrent la pièce derrière lui. Certains murmurèrent un au revoir, d'autres eurent juste un petit geste d'amitié pour Harry. Ils semblaient tous très émus et Harry eut tout d'un coup très peur.
« Tout va bien Harry… tout va bien, sinon je te l'aurais dit avant » murmura Remus à son oreille comme s'il lisait dans son esprit et en le poussant de nouveau vers le lit.
Un homme y était couché. Il semblait immensément long dans ce lit d'infirmerie. « Sans doute plus grand que papa », songea Harry. Ses cheveux noirs mi-long étaient attachés dans sa nuque. Son visage mince était couvert d'une légère barbe – et Harry songerait plus tard que c'était sans doute ce qui l'avait le plus gêné. Ses yeux sombres étaient un peu inquiets mais quand son sourire illumina son visage, Harry ne put que le reconnaître.
« Harry ! » L'homme ouvrit ses bras mais les referma en comprenant que celui-ci était incapable de lui rendre son étreinte. Remus dans son dos le poussa une nouvelle fois, il vint tout contre le lit.
« Salut » articula difficilement Harry incapable de décider comment l'appeler – Cyrus ? Non ce corps est celui de Sirius, essayait la partie la plus logique de son cerveau. Mais son cœur se rebellait. Je ne connais pas ce corps, il m'a pris Cyrus ! « Comment… comment te sens-tu ? » ajouta-t-il néanmoins après un court silence.
« Moi ?... oh, un peu faible encore… immensément grand, non ? »
Harry ne put s'empêcher de rire.
« Oui… très grand » reconnut-il sans difficulté.
« Hum… et toi, ça va ? »
« Oh moi… oui… tout le monde me prend comme le plus dissimulateur des Gryffondors… mais bon… »
« Tu n'aurais pas fait un très bon Serpentard, Harry, je te rassure » commenta Lupin. Harry tourna une nouvelle fois un regard mi-admiratif mi-agacé vers cet homme qui l'avait élevé et qui semblait toujours comprendre tous les sous-entendus. Il haussa les épaules en signe d'acceptation de son jugement. Mais quand il se retourna vers cet autre homme, si étrangement familier tout en étant très différent du Cyrus qu'il connaissait, son angoisse revint, intacte. Sirius prit sa main.
« Tu m'en veux toujours ? »
« Je ne t'en veux pas » grommela Harry sans trop savoir si c'était vrai.
« Mais si… et c'est normal…. C'est à moi de te montrer que ça ne change rien… bien sûr, je ne me promènerais plus avec toi la nuit dans le château… » Il eut un petit sourire furtif. « Mais nous aurons d'autres moments, je te le promets… Tu pourras toujours m'écrire, venir me voir… quand tu en auras marre de ce raisonneur » ajouta-t-il avec un petit geste de menton vers Remus qui leva les yeux au ciel, faussement fâché.
Harry sourit bravement, un peu dans le vide. Pourquoi son cœur battait-il si fort ? Pourquoi ses yeux brûlaient-ils tant ? N'aurait-il pas dû se réjouir comme ces deux hommes qui représentaient tant pour lui – son père adoptif, son parrain ?
« Je t'emmènerais à tous les matchs de Quidditch… on ira on Brésil… » - commença Sirius avec enthousiasme.
« Tu m'aideras à devenir un animagus ? » demanda soudain Harry.
« Quand tu veux » répondit son parrain avec un grand sourire. « Enfin s'il est d'accord » ajouta-t-il rapidement en croisant le regard de Remus. « Ne me regarde pas comme ça, Lunard ! C'est trop tôt, je me rappelle encore du temps où j'étais ton fils… ça me gèle les entrailles, un regard pareil ! » -protesta-t-il.
Harry rie avec plus de facilité qu'il s'en serait cru capable
« Espérons que cet heureux souvenir perdure encore un peu ! » commenta Lupin avec légèreté. Il se leva avant que le silence ne s'installe. « Bon, de toutes façons, je vous laisse… je ne veux SURTOUT pas savoir ce que vous ferez sans moi ! »
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Fudge se leva avec gaucherie quand il les vit. Il allait même venir à leur rencontre quand le regard de Malefoy le retint. Dumbledore se leva lui aussi et leur sourit. Remus et Sirius n'attendirent pas pour s'approcher du bureau. Ils le firent d'un même pas, d'une foulée étonnamment identique, sans avoir besoin de se regarder pour savoir ce que l'autre pensait. Ils le vérifiaient depuis deux jours, leurs réflexes de maraudeurs étaient bien revenus.
« Cornélius, laissez-moi vous présenter Sirius Black » commença Dumbledore avec une évidente intention de détendre l'atmosphère.
« Bien… Bonjour, Black, bonjour » dit Fudge avec empressement. « Je suis ravi de faire enfin votre connaissance »
« Je ne sais pas si je partage votre ravissement, M. le ministre » commença Sirius les yeux perdus dans le vague « mais toute journée loin d'Azkaban est en quelque sorte une bonne journée »
Lupin réprima un sourire fugace et Malefoy laissa échapper un petit reniflement de mépris.
« Vous ne mesurez pas votre chance Black ! Innocent ou pas, vous et vos amis avez foulé aux pieds assez de règles de la communauté magique pour épargner nos oreilles avec vos persiflages ! »
« Lucius ! Mon cher cousin ! » Sirius s'était tourné brusquement vers lui comme s'il venait de l'apercevoir. « Comme je suis ravi que vous soyez venu m'accueillir dans le monde libre et merveilleux des adultes ? Pas trop déçu, j'espère ? »
Malefoy blêmit légèrement sous le regard perçant de Sirius.
« Je… je n'ai jamais cru, moi, que cet enfant soit le fils de Lupin… »
« Quelle perspicacité, mon cher Lucius » répondit Sirius avec acidité « c'est sans doute le respect sans relâche des règles de notre chère communauté magique qui… »
Lupin et Dumbledore s'interposèrent d'un même élan. Le premier posa discrètement sa main sur l'épaule de son ami au moment où le second posait la sienne sur l'avant-bras de Malefoy.
« Sirius ! Lucius ! Je pense que personne n'a rien à gagner d'un tel affrontement… la vie vous a emmenés sur des chemins différents… mais nous travaillons tous aujourd'hui au renforcement de la communauté magique… les comptes ont déjà été réglés » asséna le président d'un Wizengamot avec autorité. Fudge manifesta son assentiment d'un grand signe de tête.
« Oui » ajouta-t-il « nous ne sommes pas là pour remuer un passé… douloureux »
Sirius indiqua d'un haussement de sourcils ce qu'il pensait de la qualification du passé par le ministre. Mais Dumbledore intervint de nouveau.
« Cornélius, nous sommes tous ici parce que nous en sommes conscients… Il s'agit maintenant de…»
«… de tourner la page » proposa Fudge, qui semblait toujours avoir du mal à maîtriser cette conversation.
Malefoy haussa les yeux au ciel, regrettant visiblement le manque de combativité du Ministre de la magie.
« Tourner la page impliquerait qu'elle soit blanche… » - commença-t-il doucereusement
Lupin inspira discrètement. Ca allait être le moment. Il sentit, sans avoir besoin de se tourner vers lui, le regard de soutien que Sirius posait sur lui.
« Voici quelque chose que nous avons en commun Lucius » dit-il doucement, jouissant de la surprise de son interlocuteur. « Moi aussi, je pense que c'est un bon moment pour un renouveau… pour changer de vie notamment… » Puis, se tournant vers Fudge qui se tenait pétrifié, la bouche entrouverte sur sa stupéfaction, il ajouta en sortant de ses robes un parchemin : « J'ai donc l'honneur M. le ministre de vous prier humblement de me soulager de la charge que vous m'avez confiée il y a maintenant trois ans... Je ne crois plus que Poudlard ait besoin de moi… »
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« La tête de Fudge !»
« Et celle de Malefoy ! »
« Oui, c'est vrai… je ne sais pas laquelle m'a fait le plus rire ! »
« Rire ? »
« Tu as raison… rire jaune… mais bon hein…tu les as bien eu ! Quand Dumbledore a dit qu'il te recrutait pour animer la coopération magique…»
« Toi aussi… Patmol ! Quand Lucius a su qu'il allait devoir expliquer à Narcissa que toute la fortune Black te revenait ! »
Ils se sourirent et trinquèrent en levant bien haut leurs pintes de Guiness. Ils ne s'étaient sans doute pas sentis aussi légers depuis longtemps. Depuis qu'ils avaient dix-sept ans… quand la vie emblait s'ouvrir sans limites devant eux…
« Que vas-tu faire de ton immense fortune ? » demanda Remus après un moment.
Sirius soupira en reposant sa pinte de bière.
« Je ne sais pas… prendre le temps… essayer d'être utile, je crois… »
« Y'a de quoi faire ! »
« Oui papa » répondit Black avec un petit sourire en coin qui disparut quand il sentit que Lupin ne savait pas quoi lui répondre.
« Cyrus te manque ? » demanda-t-il presque timidement.
« Un peu… oui… comme tu me manquais… ça fait douze ans que tu me manques, Sirius » Leurs regards se mêlèrent. L'émotion était trop forte pour la laisser aux mots. Ils finirent leur bière sans rien dire de plus et sortir du pub. Ils marchèrent d'un accord tacite jusqu'au port et regardèrent les bateaux de pêche moldus que la marée avait posés sur la grève.
« On a une sacrée responsabilité, hein… » - commença Sirius.
« C'est toujours ce qu'on a voulu, non ? »
« Oui… mais… on s'est déjà tellement tromp »
Remus soupira.
« On s'est trompé… quand on a oublié qu'on ne pouvait réussir qu'ensemble… » -murmura-t-il d'une voix étranglée.
Sirius pesa longuement cette phrase qui semblait venir du plus profond de son ami, de celui qui l'avait pardonné, qui l'avait protégé, qu'il lui avait offert une nouvelle vie… Il se rapprocha de lui et passa son bras sur son épaule et souffla.
« Tu m'as appris ça… »
« Non, Sirius… Ca aussi, nous l'avons appris ensemble… »
« Comme des frères » dirent-ils en même temps..
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Super dur le point final…. C'est sans doute pour cela que j'ai mis tant de temps…Mais là je crois que j'ai fait le tour… J'aime assez que certaines questions restent en l'air… Mais si vous avez beaucoup de questions, beaucoup d'idées… ça repartira peut-être…
Pour l'instant je vais me concentrer sur l'alternative « In Stellis Memoriam » - allez, j'avoue, c'était ma première idée, même si beaucoup de choses ont changé entre le fil de juin et où nous en sommes aujourd'hui. Il y a aussi la traduction de Promesses tenues… et puis aussi Ruptures d'un processus linéaire qui mériterait quand même une suite…
Que ça ne vous empêche pas de m'écrire surtout !