Le prompt « écrivez sur un fandom que vous connaissez mais que vous n'avez jamais exploité » a été proposé par Marina Ka-Fai sur la Bibliothèque de Fictions.
Note de l'auteur : si vous ne connaissez pas ce film qui est un pur chef-d'œuvre foncez le voir, il est l'une des meilleures comédies de tous les temps (ce n'est pas moi qui le dit mais des spécialistes), un classique du cinéma américain.
Joe et Jerry n'auraient jamais imaginé tomber sur un règlement de compte entre mafieux, même si ils vivaient à Chicago et que c'était la Prohibition. Alors ils avaient dû se transformer en Joséphine et Géraldine, non, Daphné, finalement Jerry n'aimait pas beaucoup Géraldine. Les deux musiciens avaient intégré un orchestre de femmes, au moins là-bas les truands ne viendraient pas les chercher.
Seulement ils n'avaient pas prévu deux choses : que Joe alias Joséphine tomberait sous le charme de la belle Alouette la chanteuse du groupe, et que Osgood Fielding III tomberait fou amoureux de Daphné. Le vieil homme se moquait bien qu'au final Daphné soit un homme, comme il l'avait si bien dit « personne n'est parfait », car même si Jerry avait fait son possible pour lui dire qu'ils ne pouvaient pas se marier, le milliardaire s'en moquait complètement, il ne démordait pas de son idée de mariage.
Le drôle de quatuor était à présent sur le yacht d'Osgood, Joe et Alouette étaient plus amoureux que jamais. Ils avaient demandé à Osgood de pouvoir se marier à bord, et ce dernier avait accepté. À présent le couple convolait en justes noces, c'était un peu comme si cette croisière était pour leur voyage de noces. De son côté le milliardaire essayait toujours de convaincre Jerry de se marier eux aussi mais ce dernier avait repris ses esprits : il n'était pas une femme, il était un homme et deux hommes ne se mariaient pas ! Dommage, il aurait bien aimé aller aux Chutes du Niagara pour leur voyage de noces. Osgood s'approcha de son ancienne fiancée :
-Alors, c'est toujours non pour le mariage ? Vous seriez gâté et aimé.
-C'est très gentil mais ce n'est pas possible enfin Osgood, soyez raisonnable.
-Je ne l'ai jamais été !
Le contrebassiste soupira et se passa une main dans les cheveux. Il ne savait plus quoi dire pour faire comprendre que ce mariage était complètement impossible. Joe arriva avec le bras autour de la taille d'Alouette :
-Alors comment ça va les amoureux ?
-Oh s'il te plaît Joe ne l'encourage pas ! J'ai beau faire de mon mieux Monsieur Fielding ne veut pas comprendre que deux hommes ne peuvent pas se marier.
-Vous n'êtes pas obligés de vous marier pour être ensemble.
-Je sais mais je n'ai pas envie qu'on soit ensemble. J'aime les femmes.
Alouette le regarda en riant, ils partaient vers le Brésil, personne ne viendrait les rechercher là-bas. Les trois musiciens prirent leurs instruments et jouèrent un petit quelque chose, la route allait être un peu longue jusqu'au Brésil. Jerry était mal à l'aise de voir que son ancien fiancé était toujours fou de lui, qu'il le regardait avec de tels yeux. Il n'oubliait pas que le milliardaire lui avait pincé les fesses dans l'ascenseur la première fois qu'ils s'étaient vus.
Le petit groupe arriva enfin au Brésil. Osgood était gentil, il dépensait sans compter même pour Joe et Alouette. Il avait donc acheté une maison pour les jeunes mariés et une pour Jerry et lui. Le brun avait beau répéter que ça le mettait mal à l'aise qu'ils partagaient la même maison, malheureusement le musicien n'avait pas les moyens de se payer son propre domicile. Il devait donc partager la maison, mais par précaution il fermait toujours bien la porte à clé quand il dormait ou qu'il prenait sa douche. Il n'avait pas envie qu'Osgood le surprenne d'une quelconque manière car ça commençait par un pincement des fesses et après Dieu seul savait quoi. En attendant Jerry était content d'être dans ce nouveau pays, au moins ici il ne souffrirait plus du froid glacial de Chicago en hiver. Il aimait le soleil et avait trouvé une place de professeur particulier de contrebasse. Rejouer dans un orchestre était trop dangereux pour les deux hommes, mais donner des cours éveillerait moins les soupçons si par hasard les mafieux les recherchaient à l'étranger.
Osgood tomba gravement malade, et Jerry devait avouer que ça le rendait vraiment triste. Le brun resta à son chevet, il se sentait réellement concerné. Osgood le regarda en souriant :
-Comment ça va ?
-Ce n'est pas à moi qu'il faut demander ça. Comment ça va vous ?
-Je suis triste qu'on ait pas pu se marier. Je crois qu'on aurait été vraiment bien ensemble.
-Mais vous allez guérir, ne vous en faites pas.
-On sait tous les deux que non, les médecins sont très pessimistes.
-Ils peuvent se tromper.
Le brun se passa une main dans les cheveux et prit la main d'Osgood dans la sienne :
-Tout ira bien, je vous le jure.
Il se pencha et déposa un baiser sur le front du milliardaire. Celui-ci lança d'une voix faible :
-Vous aurez tout mon argent, j'ai fait en sorte que vous soyez mon légataire majoritaire. J'ai bien entendu léguer une part de mon argent à Joe et Alouette, je les aime beaucoup ils le méritent. Sachez simplement que habillé comme une femme ou comme un homme, vous aurez été le dernier amour de ma vie, mais aussi le meilleur.
Jerry sentit une larme couler sur sa joue, ce que disait Osgood était beau. Jamais Jerry ne s'était senti aussi aimé, il devait avouer que le milliardaire était un homme bon. Il sentait qu'Osgood était sur le point de partir, ses forces étaient en train de le quitter lentement. Jerry se pencha et déposa un baiser sur ses lèvres, il lui devait bien ça. Le milliardaire sourit, lui caressa la joue et ferma les yeux une dernière fois. Jerry ne put retenir son chagrin, même si son amour pour Osgood avait été platonique et plutôt une amitié, il devait avouer qu'il avait de la peine de le voir partir ainsi. Il avait été un homme bien, il ne méritait pas d'avoir eu cette fichue maladie. Le brun se servirait de l'argent d'Osgood à bon escient, il respecterait la mémoire du milliardaire et ferait même en sorte de lui faire une statue ou qu'un établissement porte son nom. Finalement cette relation allait lui manquer, et Osgood avait eu tort : lui il avait été parfait.
Fin.