Je viens de finir la retape à l'instant, donc risque de coquilles !

Bonne lecture !


Malgré leurs différences d'âges et de maison, Frodon, Sam, Merry et Pippin s'assuraient de se réunir une fois toutes les semaines, au moins.

Ils se connaissaient depuis toujours, Sam étant le fils du jardinier qui s'occupait des terres de la famille Sacquet qui avait adopté Frodon à la mort de ses parents, pendant que les deux autres étaient cousins.

Ils étaient très proches et ce n'était pas l'école qui allait les séparer !

Cette fois, c'était aux cuisines. Heureusement pour eux, leurs salles communes respectives (Poufsouffle et Serpentard) étaient pratiquement au même niveau.

Lorsque Frodon parvint au lieu de rendez-vous, il était le dernier, ses cousins ayant gaiement attaqué les provisions des Elfes de maison. Il ne chercha même pas à s'excuser et s'installa avec eux, sauvant quelques denrées de la voracité de sa famille pour son propre bien.

- Alors, où en est le cousin Bilbon ?

- Il fait ses devoirs, pour le moment, répondit Merry. Comme tous les soirs, rien de nouveau de ce côté.

- Il ne déroge jamais à sa routine, fit remarquer Peregrïn à ses côtés. C'est très simple de savoir où il se trouve et ce qu'il y fait.

- Aucune tentative de la part de l'héritier Durin ?

- Rien que nous n'ayons vu, en tout cas, regretta Sam. Mais Gryffondor et Poufsouffle partagent peu de temps libre, donc on l'aurait su, d'une manière ou d'une autre.

Un court silence se fit alors que Frodon réfléchissait et que les mâchoires s'agitaient.

Il y avait une petite activité qui tenait presque du sport familial, par chez eux. Les rumeurs. Et, pire encore, les histoires de cœur.

Et, maintenant que les derniers rejetons en âge d'entrer à Pourdlard s'y trouvaient, il était hors de question de perdre la tradition familiale !

C'était donc dans ce but qu'ils se réunissaient, bien qu'ils en profitaient pour prendre de leurs nouvelles et s'amuser en toute innocence.

L'affaire qui les occupait actuellement était le cousin Bilbon et sa situation amoureuse.

C'était déjà une préoccupation pour les adultes qui observaient cet orphelin si fantasque, si peu respectable pour les Sacquet et si peu original pour la branche Touque. Il était trop et pas assez pour entrer dans les cases prédéfinies des deux familles.

Les contrats de fiançailles étaient sélectionnés entre la conception et les premières années de scolarité puis le contrat de mariage était débattu vers les quatorze ans du plus vieux des promis.

Mais les seules demandes en ce sens avaient été réparties entre les autres héritiers et aucune ne le désignait explicitement.

Quitter Poudlard sans avoir la bague au doigt, sans être un déshonneur, ça restait une surprise amère. On était pointé du doigt, on chuchotait sur votre passage…

Il fallait de bonnes raisons pour repousses les alliances : un promis trop jeune, des devoirs trop contraignants… Que l'aîné Durin soit dans les mêmes conditions, par exemple, n'était guère surprenant. Bien que c'était à la mère de gérer ces alliances, il fallait l'aval du chargé de famille. Et vu l'état actuel de Thráin, ils avaient de la marge, bien que le sort de Dís était sur les rails…

- Il n'y a pas beaucoup d'héritiers disponibles, soupira Merry aux alentours de sa trentième gaufre. Oncle Bilbon ne va plus avoir beaucoup de choix, parti comme il est.

- Il reste les veufs et les aînés, compta Sam en levant ses doigts, les nobles désargentés qui n'ont pas assez de ressources pour attirer les favoris des gobelins, les roturiers sans atout majeur et les né-moldus.

- Ça fait beaucoup de monde, quand même ! Fit remarquer Pippin en essuyant sa moustache de chocolat.

- Ce sont des alliances sans valeur pour la plupart, pointa Frodon.

Sa voix froide et posée tranchait avec celles plus émotives de ses compères, rappelant pourquoi il avait été réparti chez les serpents.

La mort de ses parents alors qu'il était en bas-âge l'avait fait mûrir plus vite, à l'instar de son oncle et cousin Bilbon dont il était très proche. Mais si celui-ci s'était réfugié dans des rêveries et dans les livres d'aventures, lui avait préféré faire face à la réalité, ce qui l'avait rendu plus froid et détaché.

- Ce qui lui conviendrait le mieux serait le célibat, bien sûr, mais c'est très mal vu, soupira-t-il enfin en s'affalant sur son coude.

Cette option lui plaisait beaucoup, à lui aussi, mais il n'avait guère voix au chapitre, hélas.

Il jeta un œil en direction des trois autres qui s'étaient tus, perdus dans leurs pensées.

Eux non plus n'étaient pas mieux lotis. Meriadoc et Peregrïn devaient hériter des titres de leurs familles, sans parler de leurs rentes et des terres associées, ce qui faisaient d'eux des cibles de choix. Selon les rumeurs, leurs mères étaient noyées de propositions depuis leurs dixièmes anniversaires et leurs inscriptions à Poudlard.

Samsagace, lui, provenait d'une famille plus modeste qui s'occupait de l'entretien des terres des Sacquet. Il n'était donc pas concerné par ce ballet des alliances, mais il craignait que la sorcière dont il était épris lui échappe. Pourquoi le regarderait-elle, de toute façon ?

L'ambiance avait bien vrillé avec sa dernière intervention et il était évident qu'ils allaient couper court et rejoindre leur salle commune, se barricader derrière les rideaux de leurs lits à baldaquins.

Frodon avait manqué de tact en rappelant cette issue impossible pour eux, réveillant leurs mémoires, ce destin dicté et le poids de cette bague semblable à celle d'entraves. Mais c'était aussi ce qui le différenciait des siens.

Quand ce sera à son tour, il n'hésitera pas à envoyer bouler les marieuses et les alliances en pagailles. Le célibat n'était aussi terrifiant que le prétendaient les vieilles filles. Surtout avec l'héritage qui dormait à Gringott's.

- Je pars le premier, j'ai cours en première heure, lança-t-il en attrapant quelques gâteaux qu'il glissa dans ses poches.

- Bonne nuit m'sieur Frodon, à demain, sourit Sam.

- À demain les gars !

Il se retrouva seul dans les couloirs vides du château, pas un bruit.

La partie basse était souvent calme. Les tableaux et les armures étaient absents dans ce coin, quand aux fantômes, il n'y avait bien que ceux de Poufsouffle et de Serpentard, respectivement Tom Bombadil et Beren Erchamion, mais ils préféraient rôder dans les étages et rejoindre les autres.

C'était généralement silencieux, avec quelques élèves allant et venant depuis leurs salles communes, en direction de l'ensemble de l'édifice, où se trouvait le reste.

Ses pas résonnaient entre les murs de pierre, ce qui était légèrement angoissant. Il fallait bien une année au moins pour s'y habituer, à apaiser son rythme cardiaque et respiratoire et à ne plus regarder derrière son épaule.

Lorsque le mur s'ouvrit à l'entente du mot de passe, il s'engouffra en vitesse dans cette espèce de cachot puis rejoignit sa chambre où il s'enferma jusqu'au lendemain, réfléchissant à la situation de son cousin. Et à la sienne.

Il avait encore cinq ans pour découvrir le meilleur moyen pour créer sa propre vie, il n'échouera pas ! Il ne devait surtout pas rater son futur…

L'idée de porter une alliance le rendait malade.


- Bilbon, mon vieil ami !

- Gandalf !

- Je ne t'ai pas vu depuis un moment, comment vas-tu ?

Ils se rapprochaient l'un de l'autre, pour se retrouver au milieu du couloir, occultant les autres élèves qui se pressaient autour d'eux, rejoignant leurs salles de cours.

- Tu es libre, rassure-moi ? Rajouta-t-il.

- Comme si tu l'ignorais, s'amusa son ami. Je me porte bien, je t'en remercie, et toi ? Confiant pour tes examens ?

Ils badinèrent paisiblement, reprenant leur marche pour rejoindre la bibliothèque où ils s'installèrent à la table où étudiaient déjà Bard et Smaug, se fusillant du regard par-dessus leurs ouvrages.

L'inimitié entre leurs familles remontait à deux ou trois générations mais elle paraissait reprendre en ampleur avec ces deux-là. Heureusement, Serdaigle et Gryffondor partageaient peu de cours les cinq premières années mais les rencontres étaient inévitables durant les options et à partir de la sixième année.

Les professeurs s'arrachaient les cheveux et n'avaient qu'une hâte : qu'ils soient diplômés.

- Bonjour tous les deux ! Vous révisez ?

- Comme si c'était nécessaire, renifla hautainement le préfet.

- Si c'est pour être aussi désagréable, quitte les lieux, grinça son adversaire. Tout le monde n'a pas ta mémoire absolue.

- Certains n'ont pas de mémoire du tout…

L'intensité de leur duel de regards augmenta et ils cessèrent de se cacher par derrière leurs manuels pour se faire réellement face.

- Smaug, s'il te plaît, reprends-toi, l'apaisa Bilbon.

Il appuya sa main sur son épaule en s'asseyant, attirant son attention.

- Tu m'as promis de ne pas faire de vague, c'est la dernière ligne droite, lui rappela-t-il. Quelques mois et tu pourras quitter Poudlard.

Il lui offrit son plus beau sourire encourageant.

- Tu parles, une fois dehors, je me retrouverai entouré d'esprits si lents… de véritables idiots…

- Toi aussi, tu vas me manquer, le taquina son ami.

Cette réplique eut le mérite de moucher le Serdaigle qui se cacha derrière son livre sans répliquer, ignorant les ricanements de Bard et le petit sourire amusé de Gandalf.

Il n'y avait bien que le cinquième année pour parvenir à le faire taire et à le contrôler. Dans son dos, on le surnommait « le dompteur de dragons ». Pas qu'il parviendrait à se venger si on le lui disait en face, bien sûr, mais ça finirait forcément aux oreilles de son insupportable ami qui, lui restait terrifiant.

- Tu as déjà réfléchi à ton avenir ? Reprit Gandalf. Les entretiens commencent dans quelques mois.

- Ma famille me prédestine à un poste de libraire. Ils sont en pourparlers avec Irmo pour que j'entre en apprentissage durant mes dernières années. Pour les vacances, par contre, j'ai le choix pour mon stage entre une des nombreuses entreprises familiales et un commerce extérieur.

- Que vas-tu choisir ? L'interrogea Bard à son tour.

- J'ai très envie de tenter ma chance auprès de Monsieur Peredhil, le propriétaire de « la vallée d'Imladris ». Sa librairie est un véritable enchantement !

Ses yeux bleus brillaient de joie, mais autant Bard n'y vit que du feu, autant les deux autres avaient conscience que c'était un complet mensonge.

Quand ils seront diplômés, Bilbon se retrouvera seul, pratiquement.

Malgré la puissance de sa famille, il n'était que peu approché en-dehors des besoins scolaires. C'était heureux que ses cousins avaient fait leurs rentrées, mais ce ne sera pas assez pour le sortir de sa solitude.

La conversation ne repartit pas et ils se plongèrent tous dans leurs livres, Smaug pour s'occuper, Bard révisant son Histoire de la Magie, Bilbon rédigeant son devoir de métamorphose et Gandalf effectuait des recherches en runes avancées pour son projet scolaire.

Mais malgré la charge de travail que son devoir nécessitait, il ne put s'empêcher d'observer son ami concentré, le scrutant attentivement.

Il n'y avait aucune romance entre eux, Gandalf l'avait pratiquement adopté en tant que frère cadet, le protégeant des vils aînés hormonaux et plein de doigts qui voulaient uniquement se repaître de chair fraîche et candide, sans oublier d'empocher l'héritage rondelet.

C'est pour cette raison que le Gryffondor s'était fait la promesse de trouver l'âme qui conviendrait le mieux pour accompagner celle de Bilbon.

Ça, et le fait qu'il adorait jouer les marieuses, au grand damn de Galadriel qui le fixait toujours avec une moue amusée dans ces moments-là.

Ces derniers temps, son ami avait l'air plus réjoui que d'habitude. Son sourire atteignait ses yeux ! C'était un fabuleux progrès ! Il était donc hors de question d'étouffer cette fragile étincelle par les noirs desseins d'une famille.

Il le sauvera, dussé ce qui lui en coûtera !


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